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  • Protéger les eaux de l’UE

    Protéger les eaux de l’UE

    La plupart des étendues d’eau de l’UE présentent un mauvais état écologique. C’est le résultat d’une étude de l’Agence européenne pour l’environnement menée entre 2010 et 2015, basée sur l’analyse de 130.000 sources d’eau. Et le rythme de dégradation des eaux européennes est alarmant. En Europe de l’Est, les rivières et les lacs sont plus propres qu’en Europe Occidentale, où la densité de la population et l’agriculture sont les deux principales causes de la pollution des eaux.

    Au niveau mondial, la situation est tout aussi alarmante. En l’absence de mesures immédiates, le monde se dirige vers une crise de l’eau potable, mettent en garde les spécialistes. Selon les calculs de l’ONU, environ 5 milliards de personnes vivront dans des zones ayant un accès réduit à l’eau d’ici 2050. Parallèlement, selon un rapport de la Banque Mondiale, environ 70 rivières importantes dans le monde se sont asséchées ces dernières années. En cause, leur exploitation par des systèmes d’irrigation et de la consommation excessive d’eau.

    Du côté de l’Union européenne, les Etats membres sont soumis à la Directive-cadre sur l’Eau pour régénérer les écosystèmes aquatiques pollués. Toutefois, un rapport récent constate que cette directive n’est pas mise en œuvre sur le terrain bien que la plupart des rivières et des eaux côtières et souterraines soient toujours polluées. Le mercure et le cadmium sont les polluants que l’y on retrouve le plus souvent.

    Pour mieux comprendre la situation concernant l’état des eaux sur le Vieux Continent, nous nous sommes adressés à Camelia Ionescu, coordinatrice nationale du Département des Eaux Douces chez WWF (Le fonds mondial pour la nature) Roumanie : « Seules 40% des eaux européennes sont dans un état bon ou très bon. Les critères d’évaluation des rivières sont fondés sur la législation en vigueur, sur la Directive-cadre sur l’eau et sur plusieurs autres actes normatifs associés à cette directive. Le rapport dont on parle a examiné les paramètres physiques et chimiques des eaux et l’impact de l’activité humaine sur les rivières, comme par exemple la construction de barrages etc…. Chaque pays a analysé ces paramètres au moment de l’évaluation de l’état de ses rivières. Cependant, on a constaté que de nombreux aspects ont été laissés de côté depuis la mise en application de la Directive, au début des années 2000. A ce moment – là, la directive établissait des objectifs clairs pour arriver à une meilleure qualité des eaux en 2015, et des éléments à cibler pour atteindre ce but. Mais de nombreux Etats membres ont adopté des dérogations, en prolongeant les délais. Cela témoigne d’un manque d’ambition, mais aussi de la manière inefficace dont a été évaluée et perçue cette nécessité d’investir dans la protection des rivières. La Directive précise que toutes les mesures doivent être prises avant 2027. C’est la date butoir pour avoir en Europe des rivières d’une meilleure qualité du point de vue écologique. »

    Concernant la Roumanie, le rapport de l’Agence européenne pour l’environnement affirme que la plupart des eaux du pays sont propres. Des investissements majeurs ont été faits dans ce domaine ces dernières années. 287 villes ont bénéficié de fonds pour réhabiliter ou élargir l’infrastructure d’alimentation et de traitement de l’eau. Sur la période 2014-2020, 2,7 milliards d’euros ont été alloués à ce secteur et 4 nouveaux projets ont été approuvés. Parmi ces projets, il y en a un qui concerne la capitale, Bucarest ; il est chiffré à 200 millions d’euros provenant de fonds européens.

    Camelia Ionescu précise: « La Roumanie est au-dessus de la moyenne européenne en ce qui concerne la qualité des eaux. Concrètement, nous avons encore des rivières en bon état, mais il existe aussi de nombreux risques liés aux sources de pollution parmi lesquelles les travaux agricoles. A mon avis, quasiment l’ensemble du territoire est sensible aux nitrates provenant de sources agricoles. De nombreuses sources sont inutilisables en tant que source d’eau potable. Nous devrions réviser la manière dont sont planifiées les activités agricoles, afin de protéger les ressources aquatiques. »

    La Directive-cadre sur l’eau est actuellement en train d’être révisée. Cette vérification, appelée « fitness check », analyse sa pertinence, son efficacité, sa cohérence et sa valeur ajoutée au niveau de l’UE. Ce processus de révision inclut aussi une consultation publique, lancée en septembre dernier. Une centaine d’ONG travaillent en ce moment sur la protection et le renforcement de la mise en œuvre de cette directive. Elles ont lancé une campagne demandant à la Commission européenne de s’assurer que la Directive-cadre sur l’eau reste inchangée, alors que plusieurs Etats membres de l’Union souhaitent l’affaiblir.

    Camelia Ionescu explique : « Ce processus d’évaluation permet aussi aux citoyens d’exprimer leur position, leurs idées en ce qui concerne la gestion des eaux. C’est le moment où les citoyens peuvent transmettre à la Commission Européenne, aux pouvoirs locaux et européens leur vision sur la mise en place des directives et sur la protection des rivières, dire si la législation est bonne ou s’il faut l’améliorer. Nous savons que cette directive cause beaucoup de problèmes à de nombreux utilisateurs et aux autorités de différents pays, c’est pourquoi ils souhaitent la voir changer. Nous craignons que ces transformations n’entraînent une diminution des objectifs et n’affaiblissent la manière dont sont gérées les eaux. »

    Notons pour terminer que cette consultation publique dure jusqu’au 4 mars 2019. C’est donc le moment d’agir ! (Trad. Valentina Beleavski)

  • Jean Barbat (France) – Y a-t-il beaucoup de sources d’eau minérale en Roumanie ?

    Jean Barbat (France) – Y a-t-il beaucoup de sources d’eau minérale en Roumanie ?

    Le directeur de la Société nationale des eaux minérales va même jusqu’à affirmer que « la Roumanie est le réservoir d’eau minérale de l’Europe ». En effet, elle détient environ 60% des gisements hydrominéraux d’Europe, et pour être encore plus exact, plus de 2000 sources. L’éventail très diversifié de ces eaux et le niveau bas de pollution fait que ces ressources aient une grande importance. La Roumanie est un des pays européens avec une riche tradition dans leur exploitation. Elle est 5e dans l’UE pour la production d’eaux minérales naturelles. La SNAM est une compagnie qui fonctionne sous l’autorité du ministère de l’Economie et c’est l’établissement le plus important dans le domaine de l’extraction et de la livraison des eaux minérales naturelles et thérapeutiques. Elle fournit environ 75% des volumes d’eau minérale naturelle mise en bouteille par les sociétés commerciales. Il va sans dire que les eaux minérales naturelles constituent un intérêt stratégique national. L’Etat veille à ce qu’elles soient exploitées de manière durable et raisonnable, car il n’y a pas d’alternative à l’eau. La plupart des eaux minérales tirent leur origine des précipitations, et leur genèse est une branche particulière du circuit de l’eau dans la nature.

    Même si la Roumanie est très riche en eaux minérales, le Roumain n’en consomme que 40 l/an en moyenne, par rapport à 120 l/an dans le reste de l’Europe. En 2016, un milliard de litres d’eau minérale en bouteille ont été vendus, dont 70% des eaux pétillantes et 30% des eaux plates.

    Quatre grandes compagnies se partagent ce marché, avec une part de marché de 65%, estimée à 350 millions d’euros. Le reste, ce sont des joueurs moyens. Comme l’eau est un marché très juteux, beaucoup de supermarchés et d’hypermarchés ont arrondi leurs revenus en présentant des « eaux de source » et des « eaux de table ». Elles échappaient aux contrôles stricts et se sont avérées être même de l’eau du robinet ou des eaux de qualité non attestée ou même carrément malsaines. Bien entendu, à moindre prix, mais avec des volumes importants, et qui rapportaient à ces enseignes, car elles étaient arrivées à une part de marché de 15%. Les eaux de source doivent être pures du point de vue microbiologique, mises en bouteille à la source et ne pas subir de traitement pour les rendre potables. Elles sont faiblement minéralisées et doivent uniquement satisfaire les exigences de la Directive de l’UE sur l’eau potable.

    Quant à elles, les eaux de table sont des eaux ordinaires, pouvant provenir d’eaux de surface ou souterraines. Ces sources ne doivent pas nécessairement figurer sur l’étiquette, et les eaux sont soumises à un traitement avant leur mise en bouteilles. Leur goût peut être modifié par des ajouts. En fait, ces eaux sont artificielles. C’est pourquoi, en 2016, l’Etat a publié la liste officielle des eaux minérales naturelles. Seules 68 eaux minérales naturelles sont reconnues. On entend par eau minérale naturelle une eau pure du point de vue microbiologique, qui tire son origine d’un gisement ou d’un aquifère souterrain et qui est exploitée par des émergences naturelles ou par forage. Bien entendu, elle a des caractéristiques relevant du contenu de sels minéraux dissous, d’oligo-éléments dissous. Pour les préserver, ces eaux souterraines doivent être protégées de tous les risques de pollution. Les propriétés qui font de l’eau minérale une eau saine sont constamment évaluées.

    Il existe aussi des eaux balnéaires, thérapeutiques. Le potentiel balnéaire est exploité depuis le temps des Romains, et des vestiges l’attestent. Les premières données scientifiques sur les sources d’eau minérale et leurs effets thérapeutiques portent sur des eaux de Transylvanie. Elles ont été publiées à Venise en 1687. En 1771, un médecin publie à Vienne un ouvrage sur des zones d’eaux minérales roumaines. Jusqu’au XIXe siècle, l’usage des eaux minérales à des fins thérapeutiques a été en développement. Presque toutes les stations balnéaires connues se modernisent, et l’étude des effets thérapeutiques des eaux minérales connaît un grand essor.

    La première installation de mise en bouteilles est mise en service en 1806 à Borsec, mais la connaissance de ces sources remonte au temps des Romains. L’eau était transportée et vendue dans des fûts en chêne ou dans des pots en céramique dès le XVIe s. Après que Borsec remporte la médaille d’or à la Foire internationale de Vienne, l’empereur François Joseph donne à cette eau le titre de « reine des eaux minérales ». Martin Riese, l’unique sommelier d’eau accrédité aux Etats Unis est le plus connu du monde actuellement. Dans son restaurant étoilé Michelin de Los Angeles, il a créé un menu spécial d’eau. Il a choisi d’utiliser de l’eau minérale roumaine et explique son choix en ces termes : « L’eau Aqua Carpatica provient des Carpates, d’une région ancienne et non affectée par la civilisation, l’agriculture ou l’industrie. L’eau a un goût riche et très propre, parfait pour être bue en tant que telle ou avec de bons vins blancs ou rouges. Pour moi, la plus grande surprise, c’est que l’eau minérale pétillante est sans nitrates détectables, un signe d’une source rare et incroyable. » Propos retenus par l’agence Mediafax.

    Une des eaux minérales les plus rares au monde est roumaine, et elle est vendue sous la marque Perenna. Qu’est-ce qui la rend si spéciale ? L’équilibre parfait de minéraux et un pH neutre ; à noter qu’au fil du temps, elle a été servie aux repas de la Cour impériale de Vienne. La source Călina dont elle provient, dans l’ouest du pays, est attestée depuis 1886. Cette eau minérale naturelle prend sa source dans un massif calcaire, et jusqu’à la surface, elle traverse plusieurs centaines de mètres dans des schistes cristallins – d’où ses propriétés à part. Perenna Premier a été désignée comme une des eaux minérales les plus rares existantes sur Terre, plus précisément parmi les dix premières, suite au concours international d’eaux minérales qui a eu lieu à Berkeley Springs, aux Etats Unis, en 2008. L’OMS a indiqué qu’elle est à 96% identique à l’eau d’Evian. En plus, en 2009, elle s’est vu attribuer deux étoiles à la compétition de Bruxelles, et elle est devenue la première eau minérale naturelle de Roumanie à figurer dans le Guide Michelin.

    Dans le contexte général de crise d’eau qui se préfigure, la Roumanie doit concevoir une législation censée protéger les ressources d’eau et assurer l’accès à ses citoyens à une eau propre et à un prix abordable.