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  • Même les travailleurs des multinationales sourient

    Même les travailleurs des multinationales sourient


    Fin janvier 2013 à Bucarest. Passé 17h, la station de métro Pipera commence à se remplir de monde. Plusieurs milliers de gens passent par là tous les jours en chemin vers les sièges des multinationales. Pourtant, ceux qui se rassemblent maintenant sur la passerelle menant au quai ne semblent pas être des corporatistes. Ils sont jeunes, souriants, ils ont emmené des porte-voix et des pancartes portant des messages optimistes.






    Certains déroulent un tapis rouge au bout des marches du métro. Ils ont un plan, c’est bien clair, car aucun des travailleurs du métro ne semble surpris. Nous sommes en train d’assister à quelque chose de moins habituel.






    Les préparatifs ont lieu sous la coordination d’Andrei Tudose de l’ONG Delivering Life, qui se propose de rappeler aux gens qu’il faut aussi sourire. « Comme d’habitude, nous interrompons les moments de routine des gens, depuis leur sortie du bureau jusqu’à l’entrée du métro, pour leur donner des raisons de se sentir bien dans leur peau, pour leur faire prendre conscience qu’ils sont aussi des personnes et qu’ils peuvent être aimés et appréciés pour la simple bonne raison qu’ils existent ».






    Pour m’assurer d’avoir bien compris le but de l’agitation avant l’heure de pointe, je m’adresse à une jeune bénévole et je lui demande qu’est-ce qu’elle fait là. « Je suis venue partager de la joie. Moi, je suis quelqu’un de gai. Quand je prends le métro et que je vois des gens fatigués, qui après une journée de travail ne souhaitent plus que de rentrer chez eux, je n’aime pas. Avec mes camarades, nous resterons sur les marches et applaudirons les gens qui sortent, nous essaierons de les divertir, de leur montrer qu’il y a aussi des gens heureux, de les contaminer avec notre joie. La joie, c’est contagieux, tout le monde va sourire ».






    Les caméras de télévision apparaissent, les photographes aussi ; on dirait le Gala des Oscars bien que le contexte n’ait rien à voir avec le film. Comme par magie, la station de métro se transforme en un endroit pour accueillir les célébrités. « On t’aime ! », « Tu es notre héros », « On t’aime bien ! », « Allez, souris, quoi ! », peut-on lire sur les pancartes. Nous sommes prêts… à attendre les corporatistes. Lorsqu’ils commencent enfin à descendre les escaliers, des applaudissements et des hourrahs ! se font entendre des hauts-parleurs. Au début, ils sont étonnés, ils se gardent de marcher sur le tapis rouge, ils sautent par-dessus ou le contournent ; certains autres semblent ne pas le voir et marchent dessus sans le regarder. D’aucuns sont pressés, d’autres froncent les sourcils, quelques-uns sourient, s’arrêtent et parlent avec les reporters de télévision, se laissent prendre en photo. Quelques autres lancent des jurons…






    Un micro en carton à la main, Andrei Tudose joue les reporters :




    « Comment allez-vous ? »

    « Un peu fatigué après le travail, mais j’aime cette atmosphère dégagée».

    « Vous vous sentez mieux qu’au moment où vous êtes entré ? »

    « Oui ».

    « Parfait, c’est ça l’idée ».






    Florentina Ciobanu ne s’arrête pas. Elle ne veut pas entrer dans ce jeu et décide d’avancer au bras d’une autre amie. Cette action ne l’a pas enchantée et elle affirme que c’est trop de bruit pour rien : «Probablement dans leur tête c’était une idée originale, mais moi je crois qu’elle est copiée de l’étranger. Je ne fais pas trop confiance dans ces choses-là. Ce sont des événements inventés pour que des ONGs puissent dérouler certaines activités et demander ensuite l’argent de l’UE pour d’autres activités … Mois je suis suspicieuse. »






    Mais qui a été le sponsor de l’événement ? Qui a supporté ses coûts ? Andrei Tudose : « Les coûts n’existent pas ou s’ils existent, ils sont tout à fait infimes, et nous avons tous supporté : batteries, 2 mètres carrés de tapis rouge, pancartes… Les gens nous rejoignent parce que ce que nous faisons les inspire, parce qu’ils se sentent bien et choisissent eux aussi d’offrir quelque chose à d’autres personnes.»






    Malgré les suspicions, l’action fait des échos, les gens parlent de la soirée quand au métro les cadres de multinationales ont donné des autographes et ont remercié leurs parents et enseignants de les avoir aidé à arriver là où ils se trouvent à l’heure actuelle. Puis ils partent à la maison, un peu plus heureux qu’au moment de leur entrée au métro, trois minutes auparavant.




    De tels petits événements, censés interrompre la routine des personnes qui jouent le rôle de rouages de l’économie de marché, constituent d’excellents prétextes pour ceux qui y sont impliqués mais aussi pour le public de penser à ce qui se trouve derrière le moment qui passe.






    Aux dires d’Andrei Tudose, ce fut une expérience réussie : « Les gens ont participé à notre jeu. Les cols blancs ont signé, se sont amusés, puis ont levé leurs mains vers nous. A mon avis, la vie est un cadeau et je la traite en tant que tel. Je cherche les choses qui puissent me faire sentir mieux et à l’aide desquelles je peux influencer la vie de ceux qui m’entourent. J’ai moi-même remarqué que je suis le prisonnier d’une série de choses à faire et que les journées, les semaines, les mois et les années ne font que passer… J’ai reçu un jour une invitation qui marquait les 20 ans depuis la fin du lycée et je me suis dit : Mon Dieu, que le temps passe ! A mon avis il est essentiel de vivre l’instant présent. C’est ainsi que cette idée est apparue. »




    Prochaine rencontre avec Delivering Life : le 26 février à l’aéroport… ou dans un centre commercial plein de monde. Ou peut-être dans un autre endroit, inattendu. Ils vont apparaître avec des pancartes et des mégaphones à la main pour faire tout ce qu’ils peuvent pour vous arracher un sourire. Allez, souriez un peu, quoi ! (trad. : Ligia Mihaiescu)

  • Leçon 36 – Désirer, penser, lire, parler, regarder, sourire

    Leçon 36 – Désirer, penser, lire, parler, regarder, sourire

    Lecţia treizeci şi şase



    Dominique: Bună ziua!


    Alexandra: Bună dimineaţa!


    Alexandru: Bună seara!


    Valentina: Bună!


    Ce mai faceţi? Sunteţi bine? Faceţi progrese? Vous vous rappelez certainement le verbe a face — faire, un des verbes les plus importants, en roumain aussi, après les auxiliaires a avea — avoir et a fi — être. En étudiant les formes du verbe a face, nous les avons rapprochées de celles du verbe a tăcea — se taire. Pourtant, ces deux verbes ne se conjuguent que partiellement de la même façon. Il y a, par contre, des séries entières de verbes dont la conjugaison est identique.


    Aujourd’hui nous nous occupons d’une telle série. Ce sont des verbes en -i. Attention, tous les verbes en -i ne se conjuguent pas nécessairement suivant le mécanisme que nous allons découvrir ensemble. Mais en l’absence de règles très strictes dans la grammaire roumaine, nous essaierons plutôt de mettre à profit les ressemblances que de nous laisser détourner par les dissemblances.




    Prenons comme emblème de cette catégorie le verbe a dori — désirer, souhaiter — parce qu’il nous est une petit peu familier. Nous l’avons rencontré dans le refrain de la chanson de notre dernière leçon : Orice-ar fi, îţi doresc fericire — Quoi qu’il arrive, je te souhaite du bonheur. En plus, il nous servira à formuler des vœux à l’occasion des fêtes.


    Techniquement, pour obtenir les formes d’un tel verbe pour les différentes personnes, on commence par écarter le suffixe –i. La partie qui reste est le radical — un invariant linguistique auquel on ajoute les terminaisons. Pour le verbe a dori, l’invariant obtenu est dor-. Nous sommes censés y ajouter les terminaisons. Essayons de les découvrir ensemble.


    Alexandra: (Eu) doresc — je désire


    Alexandru: (Tu) doreşti — tu désires


    Valentina: (El) doreşte — il désire


    (Ea) doreşte — elle désire


    Alexandra: (Noi) dorim — nous désirons


    Alexandru: (Voi) doriţi — vous désirez


    Valentina: (Ei) doresc — ils désirent


    (Ele) doresc — elles désirent


    Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est plutôt le mécanisme qui nous permettra de construire, par analogie, les formes de tous les autres verbes qui se conjuguent de la même façon. Pour mieux nous débrouiller, nous allons faire une petite révérence à la poésie, la priant de nous aider avec ses rimes.


    Je vous propose 6 verbes très sympathiques, que nous étudierons deux par deux. Le premier couple sera constitué des verbes


    a dori — souhaiter (que nous connaissons déjà) a gândi — penser.


    Nous allons nous amuser à les faire rimer.


    Alexandra: eu doresc


    Alexandru: eu gândesc


    Alexandra: tu doreşti


    Valentina: tu gândeşti


    Alexandra: el doreşte


    Alexandru: el gândeşte


    Alexandra: noi dorim


    Valentina: noi gândim


    Alexandra: voi doriţi


    Alexandru: voi gândiţi


    Alexandra: ei doresc


    Valentina: ei gândesc



    Même exercice, mais un peu plus étoffé, avec les verbes


    a citi — lire a vorbi — parler


    Alexandra: Eu citesc. (Je lis)


    Eu citesc o poezie. (Je lis un poème).


    Alexandru: Eu vorbesc. (Je parle)


    Eu vorbesc româneşte.


    Valentina: Tu citeşti. Tu citeşti un roman.


    Alexandra: Tu vorbeşti. Tu vorbeşti bine.


    Alexandru: El citeşte. El citeşte un ziar (un journal).


    Valentina: Noi vorbim. Noi vorbim cu voi (avec vous).


    Alexandra: Voi citiţi. Voi citiţi bine româneşte.


    Alexandru: Voi vorbiţi. Voi vorbiţi repede (vite).


    Valentina: Ei citesc. Ei citesc o revistă.


    Alexandra: Ei vorbesc. Ei vorbesc cu Alexandru.



    Enfin, un dernier couple de verbes aujourd’hui:


    a privi — regarder a zâmbi — sourire


    Alexandra: Eu privesc şi zâmbesc.


    (Je regarde et je souris).


    Alexandru: Tu priveşti şi zâmbeşti.


    Valentina: El priveşte şi zâmbeşte.


    Alexandra: Noi privim şi zâmbim.


    Alexandru: Voi priviţi şi zâmbiţi.


    Valentina: Ei privesc şi zâmbesc.


    Reste la cerise sur le gâteau, le verbe


    a iubi — aimer


    Eu iubesc — ou tout simplement iubesc — comme vous entendrez Aurelian Andreescu dire dans sa chanson. Ce iubeşte el ? Il nous le raconte lui-même.



    LA REVEDERE !



    Aurelian Andreescu — Iubesc (J’aime)