Tag: stérilisation

  • Politique raciale et eugénisme en Roumanie

    Politique raciale et eugénisme en Roumanie

    L’attitude des sociétés à l’égard des
    ceux considérés comme différents a depuis toujours constitué un sujet sensible pour
    l’historiographie contemporaine. Si des voix s’élèvent pour demander justice face
    aux crimes et aux abus du passé, l’on sait pertinemment que, le temps aidant,
    la probabilité que les vrais coupables soient encore punis pour leurs méfaits
    passés, devient de moins en moins vraisemblable.


    Le fascisme et le communisme, ces deux
    totalitarismes qui ont empoisonné l’histoire du vingtième siècle ont aussi
    donné la mesure de la démesure avec laquelle les hommes peuvent traiter, ou
    plutôt maltraiter, leurs semblables. Car ces deux régimes recèlent en eux le gène
    de la répression et du génocide. Le nazisme et le communisme, même s’ils se
    situaient à l’opposé d’un point de vue idéologique, se sont souvent inspirés l’un
    l’autre dans l’usage de la force, de la violence, de l’arbitraire, jusqu’à en
    arriver aux camps d’extermination nazis et au Goulag soviétique. En Europe et même
    en Amérique du Nord, le vingtième siècle a vu apparaître des courants de pensée
    qui justifiaient la stérilisation obligatoire des personnes handicapées. Et la
    Roumanie est loin d’avoir été épargnée par ces idées mortifères. Des
    propositions de politiques publiques de stérilisation ont visé à un moment ou à
    un autre non seulement les personnes handicapées, mais encore les juifs, les
    roms, ou les homosexuels. Des médecins, des biologistes, des anthropologues,
    des scientifiques de diverses spécialisations ont rejoint les idéologues d’extrême-droite
    pour appuyer de tout le poids que la science pouvait offrir les folies mortifères
    promues par ces derniers. Et, dans ce cadre, l’eugénisme s’était érigé comme la
    seule et véritable « science », destinée à écarter des communautés humaines
    tous ceux que la pensée dominante appréciait comme étant différents, « défectueux »
    de naissance.


    Le Palais du Parlement de Bucarest a
    récemment accueilli une réplique du procès intenté à l’un des plus importants
    promoteurs de l’eugénisme en Allemagne nazie,Ernst Rüdin. Il s’est agi d’une réplique du procès intenté
    au scientifique suisse au siège des Nations-Unies le 31 janvier 2023 et
    organisé par le Social Excellence Forum pour des jeunes de 15 à 24 ans, issus de
    différents pays, dont la Roumanie. Ernst Rüdin qui
    a vécu entre 1874 et 1952, fut un psychiatre, généticien et eugéniste d’origine
    suisse, considéré par les historiens comme étant le père de l’eugénisme nazi. En
    2023, il ne s’agissait bien évidemment pas d’un vrai procès en justice du
    généticien suisse, mort depuis belle lurette, mais plutôt d’une mise en scène
    symbolique réalisé au bénéfice des plus jeunes.

    Marius Turda, professeur en histoire
    de la médecine à l’université Brooks d’Oxford, en
    Angleterre, et l’un des plus réputés historiens de l’eugénisme, répondait à la
    question de savoir si ce dernier a été juste une forme isolée d’expression du
    nazisme ou s’il ne s’était plutôt inscrit dans un courant de pensée bien plus
    vaste que cela.


    « Des lois de stérilisation de diverses
    catégories ont été en vigueur dans plusieurs pays à l’époque. Les Etats-Unis
    ont procédé à des stérilisations forcées bien avant l’Allemagne nazie. Mais les
    Etats-Unis ne s’étaient pas dotés d’une loi fédérale pour ce faire. Chaque Etat
    régissait en la matière comme il l’entendait. Mais sachez qu’avant 1933, l’année
    de l’arrivée au pouvoir d’Hitler, 30 Etats américains s’étaient déjà dotés des
    lois prévoyant la stérilisation obligatoire. On estime à près de 80.000 le
    nombre de gens stérilisés de force entre 1910 et 1980 aux Etats-Unis
    ».


    Marius Turda s’est aussi penché sur le rôle joué par les médecins et les
    scientifiques roumains dans la mouvance de l’eugénisme international de l’époque,
    et dans la promotion de la stérilisation obligatoire :


    « En effet, des scientifiques roumains ont joué
    un certain rôle dans la promotion de cette approche. En 1935, la Société
    roumaine pour l’eugénisme et l’étude de l’hérédité, fondée et dirigée par le
    célèbre savant Gheorghe Marinescu, s’est constitué en tant que membre fondateur
    de la Fédération latine des sociétés d’eugénique. Certains scientifiques
    roumains se montrent favorables aux stérilisations obligatoires. Dès 1912 déjà,
    le gynécologue Constatin Andronescu suggère l’introduction du certificat
    prénuptial, et la stérilisation des malades mentaux. En 1921, Ioan Manliu, un
    autre médecin roumain, acquis aux théories eugéniques allemandes et états-uniennes,
    suggérait la stérilisation obligatoire de tous ceux qu’il appelait les
    dégénérés roumains. En 1931, le même médecin suggère qu’il faudrait stériliser
    entre 5 et 6 millions de Roumains, avant de pouvoir constater une amélioration
    visible de la « race ». Et la même année, le Congrès neurologique,
    psychologique, psychiatrique et endocrinologique, dont les travaux ont été
    dirigés par le professeur Constantin Parhon, avait proposé au ministre de la
    Santé de l’époque l’introduction d’une loi de stérilisation volontaire. Enfin,
    en 1940, c’est le tour des populations roms d’en être visées.
    »

    La cour de justice symbolique érigée
    au sein du palais du Parlement roumain a condamné Ernst Rüdin à la perpétuité, déclaré
    coupable des trois des quatre chefs d’accusation qu’on lui imputait. Et avec
    lui, espère-t-on, les idées mortifères qui ont fait souffrir des centaines de
    milliers de gens innocents. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • A la une de la presse roumaine 28.03.2018

    A la une de la presse roumaine 28.03.2018

    Des dédommagements versés aux détenus pour leurs conditions de vie dans les prisons roumaines- le journal Adevarul en parle en détail en ce mercredi à sa une de son édition en ligne. C’est là une initiative aux répercussions budgétaires, s’alertent les journalistes. Pour sa part, Romania libera annonce que la municipalité souhaite offrir de l’aide à la procréation assistée à toutes les femmes prêtes à faire une fertilisation in vitro. Et puis, Cotidianul annonce une flambée des prix de la viande d’agneau avant les fêtes pascales de cette année!