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  • Impasse politique en République de Moldova

    Impasse politique en République de Moldova

    Les forces de l’ordre de la République de Moldova ont annoncé avoir déniché un groupement paramilitaire qui préparait des attaques contre les principales institutions publiques et imaginait des scénarios insurrectionnels similaires à ceux de l’Ukraine voisine. Les policiers moldaves ont procédé à une série de perquisitions et d’arrestations dans plusieurs localités du nord de la république, mais aussi dans la capitale, Chisinau.

    Précisons que le leader de l’organisation terroriste et plusieurs autres membres étaient originaires de l’est russophone et russophile ukrainien et étaient tous connus des services de police. Il serait possible que l’on assiste à un scénario élaboré par la Fédération de Russie afin de déstabiliser la République de Moldova, opine l’analyste politique Oazu Nantoi. Or, un incident violent pourrait servir d’argument à l’opposition pro-moscovite qui ne cesse d’annoncer l’échec de l’actuel gouvernement et réclame le départ de tous les responsables pro-occidentaux.

    Le leader de Chisinau, Nicolae Timofti, a prévu pour vendredi une nouvelle série de consultations avec les partis parlementaires afin de trouver un candidat aux fonctions de premier-ministre. Pourtant, tout le monde s’avère plutôt sceptique quant à un dénouement heureux, à même de servir aux aspirations européennes de la république. Au sein de la même coalition pro-occidentale, aux côtés des démocrates-libéraux et des libéraux, les démocrates mènent des négociations avec les socialistes et les communistes en opposition. Issu des rangs des rouges, l’ancien chef de l’Etat, Vladimir Voronin plaide en faveur d’une coalition gouvernementale de gauche entre le PC, le PS et le PD qui détiendrait une majorité confortable: 64 des 101 mandats de députés.

    Le leader socialiste, Igor Dodon réclame pour sa part des élections anticipées, sûr de la victoire de son parti. D’ailleurs, en cas de non validation d’un nouveau cabinet d’ici fin janvier, la République de Moldova devra organiser des élections anticipées. Elle est dirigée à présent par un gouvernement intérimaire mis en place après la destitution, le 29 octobre, de l’ancien premier ministre libéral-démocrate, Valeriu Strelet, suite à une motion de censure initiée par les socialistes et les communistes et votée aussi par les parlementaires démocrates.

    Les partenaires occidentaux de Chisinau se déclarent choqués par l’actuelle crise politique que traverse un pays qui, une année auparavant, signait le Traité d’association et de libre-échange avec Bruxelles et espérait se voir intégrer l’Union en 2020. « Mettez-vous à la table des négociations sans plus poser des conditions! » a appelé le président de la Commission de politique étrangère du Parlement européen, Elmar Brok les leaders des partis moldaves pro-occidentaux.

    La situation politique est décevante et les partis au pouvoir ont fait preuve de lâcheté et de dilettantisme, en gaspillant la confiance de la population – ont accusé à leur tour d’autres responsables communautaires. De l’avis du politologue et député européen roumain, Cristian Preda, derrière la crise politique de la république voisine se trouvent trois facteurs: l’influence russe sur l’opinion publique, le pouvoir démesuré des oligarques qui contrôlent les partis politiques et enfin, la corruption qui a fragilisé les institutions de l’Etat de droit.

  • Nouveaux projets de coopération roumano-moldave

    Nouveaux projets de coopération roumano-moldave

    La priorité absolue de Bucarest c’est la République de Moldova, déclarait début septembre le premier ministre Victor Ponta, lors de la réunion annuelle des diplomates roumains, auxquels il avait demandé de promouvoir les intérêts de l’Etat voisin comme ils le font pour leur propre pays. Auparavant, plus précisément le 27 août, quand la République de Moldova célébrait les 24 ans écoulés depuis la proclamation de son indépendance à l’égard de Moscou, le chef du cabinet de Bucarest s’était rendu en visite à Chişinău.

    L’occasion de s’entretenir avec le président moldave Nicolae Timofti et avec son homologue, Valeriu Streleţ, qu’il a assurés à nouveau du soutien de la Roumanie aux aspirations européennes de Chişinău. Mardi, à Neptun, sur la côte roumaine de la mer Noire, Victor Ponta a fait savoir l’intention de la Roumanie d’accorder à la République de Moldova un crédit remboursable de 150 millions d’euros, pour une période de cinq ans, ainsi que des financements non-remboursables pour des projets futurs. Il a précisé que l’interconnexion des réseaux nationaux d’énergie et de gaz est une démarche stratégique qu’il faut continuer, de sorte que le pays voisin puisse obtenir son indépendance énergétique. En ce sens, a-t-il souligné, il est encourageant l’intérêt des sociétés roumaines de s’investir dans les privatisations du secteur énergétique moldave.

    A son tour, le premier ministre moldave Valeriu Streleţ, a espéré que la Roumanie deviendrait le principal investisseur en République de Moldova et promis des facilités pour les compagnies roumaines qui s’y impliqueraient. Sans désigner de façon explicite la Russie, le chef du gouvernement moldave a affirmé que le fait de ne pas dépendre d’un seul fournisseur, permettrait à son pays de se débarrasser du statut de prisonnier d’un système obsolète. Tandis que se déroulait la séance gouvernementale commune, plusieurs centaines de personnes rassemblées à Neptun réclamaient l’union des deux pays.

    Parmi leurs revendications figuraient précisément l’interconnexion énergétique, mais aussi l’adoption d’une seule monnaie, celle roumaine, le leu, une politique étrangère et de défense commune. Les leaders des manifestants ont été reçus par le ministre roumain des affaires étrangères, Bogdan Aurescu, et celui du dialogue social, Liviu Pop. Les deux officiels ont promis de les inviter en tant que représentants de la société civile aux futures séances gouvernementales. Si auparavant les discussions des deux Cabinets avaient lieu dans une ambiance qualifiée par leurs protagonistes d’exubérante et de fraternelle, cette fois-ci le dialogue a été assombri par les problèmes politiques internes de part et d’autre.

    Renvoyé lundi devant les juges pour corruption, le premier ministre roumain devra faire face la semaine prochaine à une motion de censure. Dans la capitale moldave, Chisinau, plusieurs milliers de personnes réclament chaque dimanche la démission du cabinet Streleţ, installé il y a à peine deux mois. Déclarée pro-occidentale, la coalition gouvernementale tripartite a été gravement décrédibilisée suite à la disparition mystérieuse d’un milliard de dollars du système bancaire moldave, ce qui équivaut à près de 15% du PIB du pays.

    Rien d’étonnant donc à ce que les unionistes rassemblés à Neptun aient demandé aussi que les procureurs anticorruption de Roumanie franchissent la frontière moldave pour y apporter leur expérience. (trad. Mariana Tudose)