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  • Les dangers du stress pour l’organisme humain

    Les dangers du stress pour l’organisme humain

    Le stress, une partie intégrante de la vie quotidienne

     

    Le stress fait partie intégrante de notre rythme de vie et constitue dans une certaine mesure un facteur de protection. Mais les problèmes surgissent au moment où l’on a à faire au stress chronique, qui dure trop longtemps, jusqu’à ce qu’il arrive à provoquer des dysfonctionnements métaboliques, qui affectent le bon fonctionnement du système immunitaire, ce qui nous rend vulnérables face aux infections et à d’autres maladies. Mais le stress constitue un facteur déclenchant ou aggravant pour bien d’autres affections : l’hypertension artérielle, le diabète, les maladies digestives et cardiovasculaires.

     

    La professeure des universités, la doctoresse Diana Păun détaille les conséquences que peut avoir le stress chronique sur l’organisme :

    « Le stress chronique fait monter la production de cortisone. Il s’agit d’une hormone très utile, indispensable à la vie. Le problème c’est que lorsqu’elle est produite en excès, en continu, cela provoque des effets indésirables, qui mènent à des pathologies tels l’accroissement du niveau cholestérol, l’hypertension artérielle, le diabète, l’obésité, cette dernière associée à son tour à un risque accru d’apparition d’autres maladies cardiovasculaires. Le stress chronique provoque ce que l’on appelle le syndrome métabolique. Toutes ces conséquences nous affectent la qualité de vie et l’espérance de vie. C’est pourquoi il est impératif de prendre du recul, se détacher, se reposer. »   

     

    Les effets du stress chronique

     

    La cortisone est une hormone synthétisée par les glandes surrénales, libérée en situation de danger et censée aider l’organisme à mieux faire face à ce genre de situations, explique Diana Păun. Mais sous l’effet du stress chroniques, ces glandes perdent leur boussole. Diana Paun :

    « Il s’agit d’une sorte de mécanisme de désadaptation qu’avait été décrit par des endocrinologues roumains, et qui aujourd’hui s’identifie à ce terme à la mode : le burnout. Car après une longue période de travail, d’effort, de stress, la glande surrénale ne veut plus réagir et s’endort tout simplement. Pratiquement, cela se traduit par une fatigue chronique de l’organisme, ressentie sous la forme de la dépression ».   

     

    Alimentation saine, sport, repos

     

    Aussi, pour maintenir un niveau optimum de la cortisone dans l’organisme il faut s’assurer une alimentation saine, pratiquer du sport et garder du temps pour se reposer et se relaxer. Des techniques de yoga ou de respiration profonde peuvent également nous aider à réduire le niveau de stress et à diminuer la quantité de cortisone libérée par les glandes surrénales. Diana Păun :

    « La production de la cortisone suit le rythme circadien. On en produit davantage le matin, au réveil, lorsqu’on doit se mobiliser pour une nouvelle journée de travail. Ensuite, au fil des heures, le niveau de la cortisone diminue. Le soir, vers 21h00, on se trouve près du gouffre. Ce rythme de production de la cortisone s’installe très tôt, vers l’âge de deux ans, et doit se maintenir pendant toute notre vie. Le maintien de ce rythme de production de la cortisone est signe du bon fonctionnement du système endocrinien. Le biorythme que suit la production de la cortisone s’apparente au biorythme des phases réveil/sommeil, au biorythme de la lumière et de la nuit, dont la principale hormone est la mélatonine. Une hormone naturelle, essentielle au sommeil, et encore trop peu étudiée malheureusement. »    

     

    En effet, ajoute Diana Păun, le stress que nous subissons au quotidien nous perturbe le sommeil, nous perturbe ces biorythmes qui règlent le bon fonctionnement de l’organisme et dont le rôle dans la prévention du déclenchement des maladies est essentiel. Une bonne hygiène de vie est censée prévenir près de , 80% des maladies chroniques non transmissibles. La nutrition correcte, des activités physiques régulières, un sommeil réparateur, le bon management du stress, s’abstenir de consommer des substances nocives et des connexions sociales positives constituent les 6 composantes d’une excellente hygiène de vie. (Trad Ionut Jugureanu)

     

  • A quel rythme vieillit-on ?

    A quel rythme vieillit-on ?

    « La jeunesse c’est synonyme d’optimisme, c’est baigner dans un état de bien-être et avoir un but pour lequel lutter », était le credo d’Ana Aslan, gériatre roumaine de renommée mondiale. Connue pour ses études portant sur la longévité et pour la découverte de la vitamine H3, commercialisée sous la dénomination de Gerovital H3, Ana Aslan a toujours mis l’accent dans ses traitements visant l’accroissement de la longévité sur la vie saine, la prévention et l’innovation. Elle fonde ainsi dans les années 50, à Bucarest, l’Institut national de gériatrie et de gérontologie, le premier centre d’excellence de ce type au monde, qui prendra en 1992, après la mort de sa fondatrice, son nom.

     

    L’Institut national de gériatrie et de gérontologie Ana Aslan

    L’héritage d’Ana Aslan continue d’inspirer de nouvelles générations de chercheurs et de médecins décidés à poursuivre ses recherches sur l’allongement de l’espérance de vie et la vie de qualité fut-ce pendant le grand âge. L’un de ceux-là est le médecin et professeur des universités Luiza Spiru, présidente de la fondation Ana Aslan International, membre d’un groupe de travail de l’OMS sur le vieillissement actif. Les normes internationales posent l’âge de 65 ans comme seuil pour le début du processus de vieillissement. La réalité est tout autre cependant, nous assure Luiza Spiru. Ce processus peut débuter en effet bien plus tôt. Et malheureusement, l’on assiste au niveau mondial au vieillissement cérébral précoce, causé notamment par le stress chronique, l’anxiété et les dépressions.

     

    L’apparition des maladies neuro-dégénératives

    L’absence de l’exercice intellectuel et cérébral, les angoisses, la haine, les pensées négatives mènent tout droit à l’apparition des maladies neuro-dégénératives, et cela à un âge de plus en plus jeune. Luiza Spiru :

    « Nous avons redéfini le concept de bien vieillir, centré antérieurement sur l’individu. Parce que l’être humain vit au sein d’un écosystème, au milieu des facteurs de stress. Alors, cette nouvelle philosophie met l’accent sur une approche holistique, en intégrant les besoins de l’individu au sein de son écosystème. La Roumanie devrait par ailleurs améliorer sa capacité de screening, améliorer son approche préventive à l’égard des maladies chroniques, car nous avons encore bien du chemin à parcourir à cet égard. Car il ne s’agit pas seulement de changer notre paradigme au niveau mondial, mais de travailler au niveau national et local, ne fut-ce qu’en améliorant la formation des professionnels de la santé, pour implémenter des politiques portant sur le vieillissement actif, en éduquant les usagers des services médicaux. Car seul un pays éduqué à cet égard pourra jouir d’un bon état de santé. »    

     

    Le rôle de l’éducation

    L’éducation est la clé, martèle Luiza Spiru, qui souligne que nous disposons de nos jours de capacités capables d’évaluer le rythme de vieillissement de l’organisme humain mais aussi le risque de développer diverses maladies chroniques. Luiza Spiru :

    « Il faut tout d’abord savoir nous prendre en charge, apprendre à nous aimer. Certains se demandent : à quoi bon ? Est-ce bien d’être égoïste ? Cela dit, oui, il faut être un peu égoïste, mais dans le bon sens du terme. Prendre soin de ses propres besoins, ne pas attendre jusqu’au dernier moment pour aller consulter. Chacun de nous porte la responsabilité première pour son état de santé, pour son bien-être. Je souhaite beaucoup à ce que la Roumanie intègre la « zone bleu » sur la carte du monde. En 2021 j’ai pris part au tournage d’un documentaire réalisé par Digi World. Ce fut l’occasion de côtoyer des centenaires, des gens dont le style de vie semble être à mile lieues du style de vie des générations actuelles, abreuvées au numérique. Des gens qui ont fait la guerre, qui ont affronté des périodes terribles. Mais qui n’ont pas ployé sous le fardeau, qui ne se sont pas laissé aller. Et qui sont toujours des êtres éminemment sociaux, qui n’arrêtent pas de s’intéresser au monde, qui se soignent, qui mangent sainement, qui se réjouissent de la vie, qui en profitent, même si la vie n’a pas été toujours aussi généreuse avec eux. Des gens heureux lorsqu’ils se lèvent au matin, lorsqu’ils peuvent aller à la messe, des gens qui ne fuient pas leurs responsabilités et qui ont fait leur devoir. La responsabilité est l’une des caractéristiques communes de tous ces centenaires, de tous ceux qui ont la chance de connaître le grand âge et de savoir en profiter ».   

    Si l’espérance de vie augmente, il faut encore savoir nous concentrer sur la qualité de vie au grand âge. « Vivre plus longtemps, vivre mieux et de manière autonome constitue sans aucun doute le souhait que chacun d’entre nous chérit dans son cœur », conclut Luiza Spiru.

     

  • Les désertions dans l’armée roumaine pendant la Première Guerre Mondiale

    Les désertions dans l’armée roumaine pendant la Première Guerre Mondiale

    La désertion, pas une lâcheté, mais un effet du stree post-traumatique

     

    L’historienne Gabriela Dristaru de l’Institut d’histoire “Nicolae Iorga” de Bucarest s’est longuement penché sur le phénomène de désertion de l’armée roumaine pendant la Première Guerre mondiale, dans une approche comparative.

    « Dans l’espace anglais, les recherches sur le sujet ont débuté dans les années 1980, avec la déclassification de documents qui étaient jusqu’alors inaccessibles aux chercheurs, par souci de protection de la vie privée des accusés et de leurs familles. Les historiens et les chercheurs ont conclu que la désertion pendant la Grande Guerre n’était pas le résultat des lâchetés individuelles, comme on le croyait à l’époque, mais plutôt l’effet du stress post-traumatique. Par conséquent, les 321 exécutions pour désertion au sein de l’armée de l’Empire britannique avaient été des actes d’injustice, qui appelaient à des réparations morales. »

     

    La Roumanie dans le contexte géo-politique de l’époque

     

    L’armée roumaine entre dans la Première Guerre mondiale en août 1916. Après une première phase offensive couronnée d’exploits au nord et à l’est, le long des Carpates, elle est stoppée par les armées germano-austro-hongroises. Au sud, la défaite de l’armée roumaine face à l’armée bulgaro-allemande met la capitale en grand danger. Bucarest est finalement occupée en décembre 1916, alors que le gouvernement et l’administration se réfugient en Moldavie, dans la ville de Iasi. En 1917, l’armée roumaine, avec le soutien de la mission militaire française dirigée par le général Henri Berthelot et de l’armée russe, encore alliée, parvient à renverser la vapeur lors des batailles épiques de Mărăști, Mărășești et Oituz. La révolution bolchevique de l’automne 1917 et la désintégration de l’armée russe ne permettent cependant plus à la Roumanie d’envisager la résistance possible. La Roumanie signe l’armistice au mois de mars 1918 avec l’Allemagne et ses alliés.

     

     

    Les premières désertions sont apparues dans l’armée roumaine après la chute de Bucarest et la retraite en Moldavie.

     

    Une retraite précipitée, parfois chaotique, selon les récits laissés par les témoins oculaires. Les historiens roumains se sont penchés sur les archives militaires et compilé des statistiques. Jusqu’au 1er juin 1918, deux tiers des causes jugées par les cours martiales des différentes unités de l’armée roumaine concernaient la désertion et les délits associés. La justice militaire roumaine, organisée sur la base du Code de justice militaire français de 1857, distinguait entre les différents types de désertion : désertion à l’intérieur du pays, désertion à l’intérieur du pays en temps de guerre, désertion devant l’ennemi, désertion à l’ennemi, désertion dans un pays étranger. La désobéissance à la conscription et à la mobilisation, l’insubordination, les insultes envers les supérieurs et l’automutilation étaient également considérées comme des désertions en temps de guerre.

     

    Des sanctions sévères

     

    Pour mieux observer le phénomène de désertion, Gabriela Dristaru a consulté les archives des cours martiales de deux grandes unités, la 5e et la 13e division. Alors que les sanctions en cas de désertion étaient sévères, allant depuis la peine de mort et jusqu’à la dégradation militaire, il s’est avéré que les juges militaires ne prenaient pas leurs décisions à la hâte et sans le recul nécessaire.

     

    Gabriela Dristaru : « Alors que le crime de désertion à l’intérieur du pays en temps de guerre était passible des travaux forcés à perpétuité, voire de la peine de mort, seules 3 condamnations aux travaux forcés à perpétuité et 3 autres condamnations à la peine de mort ont été prononcées. Les 6 cas concernés et frappés par des peines maximales avaient des circonstances aggravantes : meurtre, vol, faux en documents publics, insulte au supérieur. Par ailleurs, la plupart des arrêts rendus pour le crime de désertion en temps de guerre avaient été des acquittements. »

     

    Déserter pour retrouver sa famille

     

    Il s’avère aussi que les raisons qui poussaient les militaires à la désertion n’étaient pas tant la peur devant les risques inhérentes au front, comme on pourrait le penser, mais surtout le besoin irrépressible de retrouver leur foyer, leur famille, le désir de dire à leurs proches qu’ils étaient en vie, la peur de les laisser seuls sous l’occupation de l’ennemi. La grande majorité des déserteurs ont regagné de leur propre chef leurs unités par leurs propres moyens après une absence de plusieurs semaines. Une autre raison de désertion était le mécontentement à l’égard des dirigeants militaires et politiques. Les désertions furent encore plus nombreuses en 1917, favorisées par l’esprit de défaitisme qui avait gagné l’armée russe et encouragées par la propagande austro-allemande.

     

    Gabriela Dristaru : « Marcel Fontaine, membre de la mission militaire française, notait que la majorité des commandants roumains était d’avis que les déserteurs étaient déjà trop nombreux pour être exécutés, et que les punitions sévères n’auraient fait qu’aggraver la situation. Devant la désintégration de l’armée russe, le défaitisme gagnait aussi bien les grades supérieures et les commandements militaires roumains qu’une bonne partie de la troupe. Les gens sentaient la fin imminente de la guerre. Les moyens utilisés dans la propagande de l’ennemi pour renforcer cet état d’esprit au sein de l’armée roumaine ne faisait qu’aggraver la situation. Les autorités militaires roumaines ont réagi devant les désertions en masse en procédant au remplacement des unités formées par des militaires originaires de la Valachie, occupée par l’ennemi, par des unités moldaves sur la ligne du front. Car les moldaves avaient tout intérêt de continuer à défendre leurs chaumières devant les coups de boutoir de l’ennemi. »   

     

    Le phénomène de désertion en temps de guerre et la manière dont il avait été abordé par les autorités et par la justice militaire de l’époque n’arrête pas de susciter le débat au sein des sociétés européennes 100 ans après la fin de la Grande Guerre. (Trad. Ionut Jugureanu)