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  • Attractions touristiques dans le comté de Satu Mare

    Attractions touristiques dans le comté de Satu Mare

    Nous découvrirons quelques-unes des raisons pour lesquelles prévoir une visite dans cette contrée serait une bonne idée. Pataki Csaba, président du Conseil départemental de Satu Mare, affirme que le comté et la ville de Satu Mare, situés à la frontière de la Roumanie avec la Hongrie et lUkraine, constituent une Europe en miniature, compte tenu des spécificités multiculturelles.



    « Depuis des siècles, Roumains, Magyars, Souabes, Ukrainiens et Juifs ont vécu ici ensemble. Nous affirmons quils ont construit ensemble lune des régions les plus importantes et les plus intéressantes dEurope centrale et de lEst. La forteresse de la ville était au carrefour de plusieurs routes dune importance particulière au Moyen Âge. Cest par là que le sel était transporté vers lOuest. Aujourdhui, Satu Mare est le pôle économique, social et culturel du comté, une ville dynamique, avec des bâtiments monumentaux, en différents styles, allant du néobaroque au style Sécession (Art nouveau). Lun des bâtiments les plus anciens de la ville, cest une forteresse, également appelée Vécsey, où lacte de paix entre les Habsbourg et ceux qui se sont rebellés contre eux en 1711 a été signé. À la suite de cet événement, les Souabes ont été colonisés sur ces terres, pendant 300 ans, et ils confèrent une couleur particulière à cet endroit. »



    Dans la ville de Satu Mare, vous remarquerez la Tour des sapeurs-pompiers, qui était le bâtiment le plus haut jusquen 1904, et qui est devenu un symbole de la ville pour les 100 dernières années. Les lieux de culte sont eux aussi particuliers. Pataki Csaba, président du Conseil départemental de Satu Mare, poursuit :



    « Dans la ville, il y a aussi une cathédrale importante, dont la construction a commencé en 1798, avec un autel en marbre de Carrare. La peinture de lautel a été réalisée voici 200 ans et elle représente lAscension. Ensuite, vous pouvez visiter la cathédrale catholique des Archanges Michel et Gabriel, bâtie au début du 20e siècle. A la même époque, une belle cathédrale orthodoxe a été construite, celle de la Dormition de la Vierge. Toutes ces églises ont été réhabilitées ces dernières années à laide de fonds européens. Nous avons également un bâtiment de style Sécession qui a reçu un prix spécial à lExposition universelle de Paris de 1905. Cétait lun des plus beaux bâtiments, qui abritait un hôtel et un casino au début du XXe siècle. Il est en rénovation maintenant. En outre, le Théâtre en pierre, comme on lappelle, est du 19e siècle et a récemment été rénové aussi avec des fonds européens. Cest même un joyau darchitecture. »



    A seulement 36 km de Satu Mare, la deuxième municipalité du comté, cest Carei. Pataki Csaba, président du Conseil départemental de Satu Mare, nous parle de ses attractions touristiques :



    « Nous avons un château qui a été construit, dans une première variante, pendant le règne du roi Mathias Corvin, puis il est entré en possession de la famille Károlyi, qui la remis à neuf au 17e siècle. Ce château a également été rénové avec des fonds européens et a plus de 50 000 visiteurs par an, ce qui est considérable même au niveau national en termes de tourisme culturel. Près de Carei, il y a le village de Căpleni, attesté au 12e siècle, où la famille Károlyi a créé sa crypte, dans léglise Saint Antoine de Padoue. Là, lenterrement est en sarcophages ; ils ont une broderie spéciale, en style baroque, préféré par la noblesse du Moyen Age. Nous avons une autre belle cité à Ardud, construite au 15e siècle. Malheureusement, une seule tour a été rénovée, également à laide de fonds européens. Maintenant, elle accueille deux expositions permanentes, et lafflux de touristes est important. »



    Nous continuons notre voyage et arrivons à la vallée de la rivière Someş. Là, il existe une véritable tradition de transformation des métaux précieux des monts Maramures. Nous nous arrêtons à Medieşu Aurit. Ecoutons notre interlocuteur, Pataki Csaba :



    « Nous avons ici le château Lónyai, qui est devenu une ruine après la Seconde Guerre mondiale, mais cest une construction imposante. Près de ce château, lon retrouve des traces des 2e et 4e siècles après J.-C. 104 fours daciques ont été conservés et le mode de vie des gens qui y vivaient il y a 2000 ans y est représenté. Puis, dans la vallée de la rivière Crasna, se trouve une église imposante, bâtie en style romantique précoce, en 1175, réhabilitée en partenariat par le Conseil départemental de Satu Mare lannée dernière. Nous avons réussi à préserver cet édifice dil y a 800 ans. Il convient aussi de remarquer le monastère spécial de Bixad, dans la partie montagneuse du comté. Dans ce département, nous avons des zones qui sont à 200 mètres en dessous du niveau de la mer et aussi des montagnes hautes de 1 200 mètres. Une autre attraction est à retrouver dans la région dOaş, cest le Musée du Pays dOaş. Cest là que des maisons traditionnelles des derniers siècles de lensemble du département de Satu Mare peuvent être visitées. Vous y trouverez également une église en bois, comme nos ancêtres avaient lhabitude de les construire voici 200-300 ans. »



    Cette année une nouvelle station touristique sera inaugurée dans le comté de Satu Mare : Luna Şes. Elle aura une piste de ski de 1 800 mètres de long, mais ce ne sera pas la seule attraction, dit Pataki Csaba, président du Conseil départemental de Satu Mare.



    « Elle part du pic Pietroasa, à une altitude de 1 200 mètres, et la différence de niveau est supérieure à 500 mètres. Cest donc une pente attrayante, dans une région pittoresque et vierge. Elle nest pas encombrée de constructions. Le terrain est situé à proximité dune réserve naturelle. Ainsi, nous souhaitons la promouvoir comme une station touristique ouverte toute lannée. Au cours des deux dernières années, nous avons également fait homologuer 12 itinéraires touristiques qui peuvent être parcourus à partir de la base de cette pente. Il y a des trajets qui peuvent aussi être empruntés par les familles avec de jeunes enfants, comme par des semi-professionnels, allant de 30 minutes à six, sept heures. En les parcourant, vous découvrirez de véritables monuments de la nature, comme le Sphinx de lOaş, une forme étrange de roche volcanique, située sur le sommet de Pietroasa. »



    Dans le comté de Satu Mare, vous trouverez également de nombreux centres avec des eaux thermales, reconnus à la fois pour la récupération médicale, mais aussi comme destinations de loisirs. Bonne visite ! (Trad. : Ligia Mihaiescu)

  • L’architecte Paul Smărăndescu

    L’architecte Paul Smărăndescu

    Adepte du style néo-roumain, fondé au XIXe par Ion Mincu, Paul Smărăndescu confère une touche personnelle à ce courant qui mélange des éléments dart traditionnel et du style brancovan. Outre les projets darchitecture, Paul Smărăndescu a aussi conçu du mobilier ou des éléments décoratifs pour les façades des maisons. Il est né à Bucarest le 26 juin 1881 et les trois maisons de la famille Smărăndescu se trouvent toujours sur la rue Mântuleasa, dans le centre de la capitale roumaine. Cest dailleurs un quartier qui tient une place à part dans limaginaire collectif de la ville, notamment grâce à la prose fantastique de Mircea Eliade, qui y a grandi. Oana Marinache, historienne de lart, sest penchée sur la vie et le travail de Paul Smărăndescu. Ecoutons-la :



    « La famille Smărăndescu, en plus de larchitecte, aura aussi deux filles : Constanța et Elena. Constanța épousera lingénieur Teodor Săvulescu et leur fils sera lui aussi architecte. Ces trois maisons appartenant à la famille montrent que le père souhaitait que ses enfants vivent près de lui. Les bâtiments sont plutôt modestes et se trouvent du côté de la rue avoisinant lartère commerçante Moșilor. Cest dû au fait que la mère était parente de la famille renommée de commerçants Solacolu. Et voilà que cette famille qui faisait partie de la classe moyenne pourra envoyer le fils, Paul, étudier à lécole de garçons de la rue Mântuleasa – également fréquentée par Mircea Eliade – et, plus tard, au lycée. A la fin du lycée, Paul sera admis premier à lEcole supérieure darchitecture de Bucarest, en 1899. Insatisfait, probablement, de léducation quil recevait à Bucarest, Paul Smărăndescu quitte son école pour sinscrire directement en deuxième année détudes à Paris. Il sera un étudiant brillant. Entre 1899 et 1902 il réussit tous ses examens et il obtient même des médailles dans les compétitions universitaires. Par la suite il voyage, il fait des esquisses et des dessins de divers bâtiments antiques, il entre en contact avec des repères architecturaux du monde français, allemand ou italien. Bien évidemment, tout cela joue dans la formation du jeune architecte. »



    De retour à Bucarest, Paul Smărăndescu devient le disciple de larchitecte Dimitrie Maimarolu, qui a conçu le bâtiment qui fut jusquen 1996 le Palais de la Chambre des députés et qui est aujourdhui le Palais patriarcal roumain. Ensuite, pendant trois ans, Smărăndescu a occupé le poste darchitecte du ministère de la Culture. De 1912 et jusquà la fin de sa carrière, en 1939, Paul Smărăndescu a été larchitecte-en-chef du ministère de lIntérieur. Il avait également un cabinet privé, où il a dessiné quelques 300 immeubles, dont plus dune centaine ont vu le jour. Oana Marinache nous parle du travail de Paul Smărăndescu :



    « Au ministère, il navait pas forcément la chance de concevoir des bâtiments, il corrigeait plutôt des plans, vérifiait les devis ou surveillait des chantiers. Récemment, nous avons eu la surprise de découvrir quon lui devait un des bâtiments appartenant à lEcole centrale de filles de Bucarest. LEcole est connue comme une réalisation notable de Ion Mincu, le premier à concevoir le style néo-roumain. Mais au début du XXe, Smărăndescu conçoit une nouvelle dépendance appelée « la salle de gymnastique et linternat ». Limmeuble existe toujours, mais il est beaucoup transformé. Cest son collègue plus jeune, Horia Creangă, qui le modifie à la fin des années 30. Et aujourdhui, le bâtiment abrite une des salles du Théâtre Bulandra, un établissement renommé de la capitale roumaine. »



    Un autre de ses édifices de grande valeur est le Palais Universul, conçu au départ comme le siège du quotidien du même nom. Plusieurs rédactions y ont travaillé au fil des ans et maintenant limmeuble, restauré depuis peu, accueille des salles de spectacle, des bars et des bureaux. Paul Smărăndescu a aussi conçu des habitations standard pour les fonctionnaires du ministère de lIntérieur. Les immeubles étaient situés à lest de Bucarest, à lépoque à la périphérie de la ville. Cest toujours lui qui a commencé, à linitiative du roi Carol II, à dessiner un nouveau siège du ministère de lIntérieur. Il a dû délaisser le projet en raison de son âge et de son départ à la retraite. Mais dautres architectes ont repris les plans et le résultat est limposant édifice qui fait face à lancien Palais royal, aujourdhui le Musée national dart. Cest là que le Parti communiste roumain a installé son comité central et là aussi, après la Révolution, que le Sénat a choisi de siéger. Alors quil est connu comme adepte du style néo-roumain, Paul Smărăndescu a abordé plusieurs styles dans sa carrière. Oana Marinache :



    « Avant la Première Guerre mondiale, il sadaptait aux commandes privées quil recevait. Il a même dessiné des bâtiments dans le style éclectique français, car il sortait de lécole dart de France, où il avait vu tous ces hôtels particuliers somptueux. Mais il abandonnera cette influence pour se concentrer sur le style néo-roumain. Dailleurs, ses immeubles sinscrivent dans la lignée Smărăndescu du style néo-roumain. Ce sont des édifices massifs, des résidences somptueuses à un ou deux étages, richement décorées avec des bas-reliefs en pierre aux motifs végétaux, où le bois est très présent à lintérieur. On remarque un changement pendant lentre-deux-guerres – ce nest pas forcément un tournant stylistique, il vient plutôt du besoin de changement de la ville et du parcellement des terrains. On préfère alors les immeubles plus hauts, qui remplissent une double fonction – commerciale et locative, et Paul Smărăndescu réussit à en faire plusieurs pour des compagnies dassurances dans le centre de Bucarest. »



    Les bâtiments de Paul Smărăndescu ne se trouvent dailleurs pas uniquement à Bucarest, mais aussi dans dautres villes de Roumanie. Larchitecte avait une résidence secondaire à Sinaia, à deux heures au nord de la capitale. Aujourdhui, dix villas conçues par Paul Smărăndescu sont encore debout.


    (Trad. Elena Diaconu)






  • L’Architecte Nicolae Ghika-Budeşti

    L’Architecte Nicolae Ghika-Budeşti

    Nicolae Ghika-Budeşti a également été un remarquable restaurateur de monuments historiques. Né il y a 150 ans, le 22 décembre 1869, à Iaşi, il était le descendant de deux illustres familles de boyards — Ghica et Cantacuzène — qui ont donné au fil des siècles aux Principautés roumaines plusieurs princes régnants. Nicolae Ghika a grandi dans un milieu artistique. L’historienne de l’art Oana Marinache explique :



    « L’architecte Nicolae Ghika-Budeşti est né dans l’une des familles de boyards les plus célèbres de Moldavie. Il faut savoir qu’en général, pour se distinguer entre elles, les différentes branches des vieilles familles comptant beaucoup de membres adoptaient un deuxième nom, indiquant le domaine dont elle provenait. Il y avait ainsi les Ghika-Comăneşti, les Ghika-Deleni et, en l’occurrence, les Ghika-Budeşti. Le futur architecte a eu la chance de naître d’un père talentueux. Eugen Ghika-Budeşti a été un peintre moins renommé, mais qui s’est quand même fait connaître à l’étranger. Sa mère provenait des Cantacuzène et elle était proche parente du peintre George Pallady et de l’architecte George Matei Cantacuzène. Elle était donc la descendante d’une famille qui a donné au monde de l’art et de l’architecture de grandes personnalités. L’appartenance de Nicolae Ghika-Budeşti à une famille de boyards de Moldavie allait influencer son architecture, la plupart des bâtiments de Bucarest qui lui sont dus étant de style néo-roumain, avec une touche architecturale moldave. »



    Cette particularité, cette originalité de son style s’explique par l’influence de l’architecture des églises et des monastères de Moldavie, érigés sous les règnes d’Etienne le Grand et de Petru Rareş, aux 15-16e siècles. Oana Marinache :



    « Il s’agit d’une réinterprétation de cette architecture, de certains éléments néogothiques ornant l’encadrement des fenêtres et des portails de ces édifices religieux, ainsi que de motifs décoratifs provenant notamment de la céramique traditionnelle émaillée et colorée. Pourtant, Nicolae Ghika-Budeşti n’a pas été à 100% tributaire à ces influences. Il a également réinterprété certains éléments de l’architecture spécifique à la Valachie. Les constructions publiques ou privées qu’il a conçues ont presque toutes un élément de verticalité impressionnant — et je pense notamment à la tour belvédère dont il embellit les institutions publiques ou les villas dont il a conçu les projets. Il utilise également beaucoup l’arc en fer à cheval, élément définitoire de l’architecture moldave appliquée au style néo-roumain. »



    L’ouvrage d’architecture le plus connu de Nicolae Ghika-Budeşti reste l’agrandissement du bâtiment de l’Université bucarestoise, un des symboles de la capitale roumaine. La partie centrale du palais a été projetée par l’architecte Nicolae Orăscu et les travaux de construction ont commencé le 10 octobre 1857, et ont été achevés à peine le 14 décembre 1869. Au fil du temps, le nombre d’étudiants et de spécialisations ayant augmenté, le bâtiment eut besoin d’un agrandissement, qui fut réalisé au début du 20e siècle. Oana Marinache précise :



    « Ce projet d’agrandissement fut entamé avant la Première Guerre mondiale, pourtant, la conflagration mondiale allait l’arrêter pour un certain temps. Cette première étape visait l’aile longeant la rue Academiei. Cette partie du bâtiment, Nicolae Ghika-Budeşti la réalise en collaboration avec son plus jeune confrère, le futur grand architecte Duiliu Marcu, à l’époque à peine de retour à Bucarest après des études à Paris. Les travaux allaient reprendre en 1924, lorsque fut construite l’aile longeant la rue Edgar Quinet et qui allait accueillir la Faculté de Lettres, achevée en 1928. »



    Parallèlement, Nicolae Ghika-Budeşti donne des cours à la Faculté d’Architecture et il publie de nombreux études et ouvrages spécialisés, dont le plus remarquable est « L’Evolution de l’architecture en Valachie et en Moldavie ». En 1930, il est élu membre d’honneur de l’Académie roumaine. Il a également travaillé comme restaurateur, entre 1906 et 1943, en tant qu’architecte en chef du Service technique et ensuite comme consultant au sein de la Commission des monuments historiques. Oana Marinache :



    « Par le biais de la Commission des monuments historiques, il a été présent sur de nombreux chantiers de restauration. Il a voyagé à travers le pays, pour coordonner et évaluer les travaux de restauration de différents monuments religieux. Nicolae Ghika-Budeşti compte parmi les personnalités de l’enseignement universitaire et de la restauration de monuments historiques les plus importantes. Il a fourni conseil pour la plupart des interventions sur ces monuments. N’ayant plus le temps de coordonner lui-même les chantiers de construction, il réalisait les projets des édifices, qui étaient mis en œuvre notamment par des constructeurs italiens. »



    L’architecte et restaurateur Nicolae Ghika-Budeşti s’est éteint le 16 décembre 1943, à Bucarest. Parmi les créations qu’il nous a léguées comptent aussi des projets de décorations intérieures et des pièces de mobilier d’inspiration byzantine.


    (Trad. : Dominique)

  • Michel Beine (Belgique) – L’histoire de la ville de Bucarest

    Michel Beine (Belgique) – L’histoire de la ville de Bucarest

    Une légende dit que Bucarest doit son existence et son nom au berger Bucur qui aurait fondé un village sur les bords de la Dambovita. Attestée pour la première fois en 1459 par un document signé par le prince régnant Vlad Tepes, Vlad l’Empaleur, la ville fut jusqu’au XVIIIème siècle résidence des princes valaques avant de devenir, en 1862, capitale des Principautés Unies de Moldavie et de Valachie. Si en 1789, la ville recensait seulement 30.000 résidants, le recensement de 2011 a montré que leur nombre a dépassé un million 800.000 habitants. Bien sûr qu’une fois obtenu le statut de capitale, Bucarest a commencé à connaître un grand épanouissement, en attirant de plus en plus d’habitants. Les documents attestent du fait que la population de la ville a augmenté surtout à partir de la seconde partie du XIXème siècle quand une nouvelle période d’essor urbain avait commencé.

    La richesse architecturale et l’air cosmopolite ont valu à la capitale roumaine le surnom de Petit Paris. D’ailleurs, nombre d’édifices qui font la célébrité de Bucarest, on les doit à des architectes français. A titre d’exemple : le Palais de la Caisse de dépôts et consignations réalisé par l’architecte français, Paul Gottereau, l’Athénée roumain dont le projet porte la signature d’Albert Galleron ou encore le Palais de la Justice que l’on doit à l’architecte Albert Ballu, celui qui a réalisé d’ailleurs aussi les plans du Palais de Justice de Charleroi.

    Malheureusement, nombre d’édifices médiévaux ayant survécu jusqu’au XXème siècle ont été détruits par le régime Ceausescu. Celui-ci avait démarré en 1977, juste après un terrible séisme soldé par quelque 1500 victimes, un processus de systématisation de la ville. Du coup, il a fait démolir nombre de monuments, la plupart religieux, datant des siècles passés. Les édifices ayant survécu au plan de Ceausescu se trouvent pour la plupart au centre ville, dans le quartier de Lipscani. Si un jour vous y êtes de passage, je vous conseille de faire un tour des ruines de l’ancienne Cour princière et de visiter par la suite les anciennes auberges de Manuc et de Gabroveni.

    Il convient de mentionner qu’à la fin du Moyen Âge, ce quartier était le cœur du commerce à Bucarest. Dès les années 1970, la zone a connu le déclin urbain et de nombreux bâtiments historiques sont tombés en ruine. En 2005, la zone de Lipscani a été rendue piétonne et à présent on y trouver nombre de terrasses, cafés et restos. Il convient de mentionner que le patrimoine culturel et architectural de Bucarest a subi de nombreuses pertes au fil du temps et continue à le faire. La faiblesse des lois du patrimoine, le nombre restreint d’immeubles inscrits sur la liste du Patrimoine historique, ainsi que la corruption ont fait du mal à cette ville.

    De nombreuses constructions ont remplacé ou mis dans un cône d’ombre des maisons, jardins, villas ou palais qui constituaient une richesse architecturale et culturelle unique. En plus, n’oublions pas que pendant la Seconde Guerre mondiale, Bucarest souffre à la fois des bombardements anglo-américains (pendant le régime Antonescu, allié du Troisième Reich) et allemands (après que la Roumanie ait rejoint les Alliés). A tout cela s’ajoute le régime de Ceausescu qui a démoli et détruit des quartiers entiers de la ville. Pourtant, le touriste qui nous rend visite aura le plaisir de découvrir une ville avec des édifices surprenants renvoyant à des styles architecturaux des plus divers.

    Et puisque Michel Beine voudrait connaître quelques exemples d’édifices bucarestois, prenons le Palais Cantacuzène, qui abrite le Musée national George Enescu. Sur Wikipedia, on apprend que le bâtiment a été construit sur les plans de Ion D. Berindey dans un style baroque de l’époque Louis XVI, pour Gheorghe Grigore Cantacuzino, président du Conseil des Ministres. Surnommé « le Nabab » en raison de sa richesse fabuleuse, celui-ci laisse l’édifice à son fils Mihai qui est mort en 1929, puis à Maruca, la fille de ce dernier, remariée en décembre 1939 avec le musicien George Enescu. L’édifice a été le siège du Conseil des Ministres avant la deuxième guerre mondiale. Un autre monument à ne pas rater si vous êtes de passage à Bucarest est le Palais Kretzulescu qui domine par sa silhouette majestueuse le jardin de Cismigiu.

    Construit selon les plans de l’architecte Petre Antonescu en style Renaissance français, l’édifice a été cédé en 1972 à l’UNESCO pour son Centre Européen pour l’enseignement supérieur. La liste peut se compléter par le Palais Sutu, un bâtiment en style néogothique datant de 1835 et qui accueille le Musée d’Histoire de la ville ou encore par la Maison Vernescu, bâtie en 1820 et classée monument historique. Une balade sur l’avenue de la Victoire sera une excellente occasion d’admirer quelques-uns des plus beaux édifices de Bucarest. Le mieux serait de commencer votre tour au centre ville, dans le quartier de Lipscani. Puis, vous pourriez emprunter l’avenue de la Victoire jusqu’à ce qu’elle croise la Place homonyme. Votre promenade pourrait continuer sur l’avenue Kisselef bordée de très beaux édifices et pourrait se terminer en toute beauté par une halte au Musée du village et dans le parc de Herastrau. Bien sûr, ce n’est pas un tour d’un seul jour, sauf si vous envisagez de participer au marathon.

    La ville de Bucarest n’est pas une capitale trop verte, d’ailleurs elle affiche un degré de pollution à faire froid dans le dos. Le touriste qui s’y rend pour la première fois sera généralement surpris par les bruits de la ville, les coups de klaxon, le trafic d’enfer, le nombre de restaurants et de bistros et les gens qui parlent généralement très fort dans la rue. Pourtant, les amateurs de balades dans la nature pourront prendre une bouffée d’oxygène dans le jardin de Cismigiu, situé très près du siège de notre radio, dans le parc de Herastrau au bord du lac homonyme, dans le Jardin botanique en face du Palais de Cotroceni, siège de la présidence roumaine, dans le Parc Carol ou encore dans celui dit du Cirque puisqu’il se trouve en face de celui-ci.

    Si le temps vous le permet, vous pourriez réserver quelques heures pour une visite sur le domaine de Mogosoaia, dans la banlieue bucarestoise. Vous y trouverez un immense palais en style brancovan construit en 1702 par le gouverneur de la Valachie, Constantin Brancovan, au cœur d’un parc absolument magnifique où les enfants adoreront courir et jouer. Comme toute capitale qui se respecte, Bucarest propose de nombreuses formules d’hébergement pour toutes les bourses. Nous avons aussi bien des hôtels de 5 étoiles que des chambres d’hôtes.

    La ville s’anime pas mal la nuit, surtout au centre ville où les restaurants, les terrasses et les bistros débordent de monde. En été, nous avons pas mal de terrasses dont certaines ouvertes dans les jardins publics tels Cismigiu, Herastrau ou Carol. Les restaurants et les bars ferment très tard dans la nuit. Vers minuit en semaine et vers 2 ou 3 heures du matin en week-end. Les boîtes de nuit ont les portes ouvertes jusqu’à l’aube. Une fois à Bucarest, vous serez surpris de constater le nombre assez important de centres commerciaux qui à presque n’importe quelle heure de la journée sont assez peuplés, malgré un niveau de vie en berne.