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  • La Radio Deutsche Welle

    La Radio Deutsche Welle

    Le
    nombre de chaînes radio étrangères qui ont diffusé des émissions en langue
    roumaine au fil du temps est assez conséquente. Parmi celles-ci, l’une s’était
    distinguée à l’époque de la guerre froide notamment : la radio publique
    allemande, la Deutsche Welle. Cette chaîne commence à émettre depuis Bonn, la
    capitale de l’Allemagne de l’Ouest, le 3 mai 1953. Dans son discours d’inauguration,
    le président allemand d’alors, Theodor Heuss, avait résumé la mission de la
    nouvelle radio publique allemande en utilisant le terme, en français, de
    détente. Cette volonté de réconciliation s’affirmait ainsi d’emblée et marqua par
    la suite l’histoire de ce porte-voix de la République fédérale d’Allemagne.


    Dix
    années plus tard, en 1963, la Deutsche Welle allait
    inaugurer ses émissions en langue roumaine. L’historienne Tatiana Korn avait
    quitté la Roumanie en 1962 pour s’établir en Allemagne fédérale, après avoir épousé
    un Saxon originaire de Roumanie. Reconvertie au journalisme, elle fit partie de
    la rédaction roumaine de Deutsche Welle de 1963 et jusqu’en 1993. Interviewée
    en 1998 par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine sur son
    expérience de journaliste au sein de la rédaction roumaine de la radio publique
    allemande, Tatiana Korn racontait :


    « La Deutsche Welle était la voix de l’Allemagne d’après
    la guerre, censée présenter les réalités de ce pays dans toute leur diversité. Evidemment,
    il était impossible de lancer tout de suite des émissions dans les différentes
    langues étrangères, à destination de ces publics. Les premières rédactions en
    langues étrangères visaient les transmissions vers le continent noir, vers les
    pays africains, puis vers l’Asie, l’Amérique, l’Amérique latine. Au fil du
    temps et à fur et à mesure que la guerre froide devenait de plus en plus
    chaude, la Deutsche Welle a pris la décision de fonder la rédaction de l’Europe
    de l’Est, à commencer par la section soviétique, suivie de près par la section
    destinée à la Yougoslavie, à la Hongrie, enfin à la Roumanie et à la Bulgarie,
    fondées début 1963.
    »


    Mais
    les débuts d’une entreprise d’une telle envergure sont forcément difficiles. Tatiana
    Korn :


    « L’on
    était tout d’abord à court de ressources humaines, des gens qui puissent
    travailler dans la rédaction roumaine de radio Deutsche Welle. On avait ainsi démarré
    avec seulement une demi-heure de transmission quotidienne en langue roumaine. Il
    fallait maîtriser parfaitement les deux langues : le roumain et l’allemand.
    Il fallait parler un roumain sans accent. Parler sur les ondes en utilisant un
    roumain avec un fort accent bavarois était impensable. Il fallait aussi avoir
    des qualités de speakerine radio. Vous savez, cela va peut-être voue étonner,
    mais il n’y a pas grand monde qui soit capable de parler correctement à la
    radio. Et puis, il y avait des difficultés d’ordre technique. Transmettre sur
    les ondes courtes à de telles distances, en l’absence d’antennes relais, s’apparentait
    semble-t-il à une mission impossible. »



    En dépit de ces
    embûches inhérentes, la section roumaine s’était progressivement étoffée, même
    si au départ les bénévoles, qu’il s’agisse des traducteurs spécialisés en technologie,
    en médecine, en culture ou en politique avaient endossé un rôle significatif. Des
    journaux édités en Roumanie atterrissaient sur la table de la section roumaine,
    car ses rédacteurs se devaient d’être mis au courant du langage et du style
    utilisés par la presse officielle roumaine de l’époque. Par ailleurs, la
    politique de ressources humaines de la radio Deutsche Welle éliminait la
    possibilité à ce que d’anciens membres ou sympathisants nazis ou communistes puissent
    rejoindre la rédaction. De ces premiers rédacteurs en langue roumaine que la
    radio Deutsche Welle allait consacrer, rappelons les noms de Nadia Șerban, Ioana
    Exarhu, Elisabeta Panaitescu, Mihai Negulescu, Virgil Velescu. Une fois passées
    les maladies d’enfance, le programme en langue roumaine de radio Deutsche Welle
    allait couvrir 3 émissions d’une heure chacune au quotidien.

    Le programme comprenait
    dix minutes d’actualités, suivies d’émissions culturelles, scientifiques, de chroniques
    diverses, que Tatiana Korn aimait se rappeler avec nostalgie :

    « La
    première transmission du jour démarrait à midi. Ce n’était pas idéal pour l’audience
    qui nous visions. Toutefois, l’on s’était rendu compte que ces émissions
    touchaient tous ceux qui n’étaient pas actifs, les retraités notamment. Et ces
    derniers parlaient autour d’eux de ce qu’ils entendaient sur nos ondes, suscitant
    l’intérêt de leur entourage. En fait, nous ne pouvions pas émettre à d’autres
    heures, à cause de la grille de répartition des fréquences. Mais cela s’était
    finalement avéré une bonne chose, d’autant que la qualité de la réception était
    meilleure le jour que le soir, c’est une caractéristique des transmissions sur
    ondes courtes. Vous savez, les satellites et tout cela, on n’en connaissait pas
    à l’époque
    ».




    Parmi les chaînes
    radio occidentales qui ont transmis en langue roumaine durant la guerre froide,
    radio Free Europe a occupé une place particulière dans le cœur des auditeurs qui
    se trouvaient enfermés derrière le rideau de Fer. Mais radio Deutsche Welle a
    été la voix de l’Allemagne occidentale de l’après-guerre. Une voix forte,
    distinctive et décente, articulée par de grands professionnels du journalisme d’expression
    roumaine. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Radio Deutsche Welle

    Radio Deutsche Welle


    The German public broadcaster Deutsche Welle has a special chapter in the history of Romanian-language radio stations. The station aired its first broadcast on May 3, 1953 in Bonn. Deutsche Welle was Germanys apologetic voice in the wake of WWII. In his inaugural speech in the opening broadcast, the president of the Federal Republic of Germany, Theodor Heuss, said the mission of the German public radio station is best summarized by the French word deténte. The relaxation and reconciliation policy was a complex process, of which peace was an inherent component.



    10 years after its inauguration, the Romanian-language department was set up at Deutsche Welle. Historian Tatiana Korn worked for ten years here, from 1963 to 1993. In 1962, Tatiana Korn left Romania after marrying a German national from Romania, and moved to West Germany to work as a journalist. In a 1998 interview for the Center of Oral History of Radio Romania, Tatiana Korn briefly outlined the history of Deutsche Welle:




    “Deutsche Welle was created with the purpose of promoting Germany and everything German worldwide. Obviously, the foreign-language departments came later, first addressing countries in Africa, then in Asia, North America and Latin America. It was only later, when the Cold War intensified, that Deutsche Welle opened up to Eastern Europe, first in the Soviet Union. Then the station created Yugoslav and Hungarian departments, and finally, in 1963, the Romanian and Bulgarian services.”



    As expected, the early days of the Romanian Service were difficult. Staff that would meet the appropriate requirements was scarce, Tatiana Korn says:



    “Romanian-language editors were in great demand. We started out with a half-hour broadcast. We had two challenges to deal with. First, the possibility of broadcasting on shortwave to Eastern Europe, which was a difficult task for a relay station. Second, finding the suitable staff for our team, proficient in both German and Romanian. Their mastery of the Romanian language had to be flawless. Similarly, Germans who spoke with a Bavarian accent were not accepted, as newly hired staff had to speak perfect German. The same was required of foreign-language departments. Romanian staff had to speak without German or Hungarian accents, which was very hard to find. Besides, they also had to have a good radio voice. Not everyone can be a radio host or produce radio content.”




    Efforts to find competent journalists paid off. At first, the Romanian language broadcasts also benefited from the voluntary support of people who offered their services as translators specialised in technology, medicine, culture, politics. The Romanian language department also got its information from Romanian publications, taking out subscriptions for various magazines for it was interested in the language used. The first editorial teams included names such as Nadia Șerban, Ioana Exarhu, Elisabeta Panaitescu, Mihai Negulescu and Virgil Velescu. It was the stations policy not to hire people who had supported fascism or communism. In the beginning, the programmes were shorter and then they bacame longer and increased in number. The Deutsche Welle used to broadcast in the Romanian language one hour three times a day. A broadcast featured 10 minutes of news, followed by a press review, topical issues, reviews from the world of science, technology, medicine and culture. Tatiana Korn explains:



    “In the beginning, the broadcast started at 12 noon here, so 1 pm in Romania. We knew it wasnt the best time in terms of ratings, meaning the people we were interested in would not have been at home. Pensioners, however, did listen to us and they promoted us to others. And that was important, they passed on our messages to others. We couldnt broadcast at a different time, it was a matter of how frequencies were distributed. Secondly, short wave conditions were better in the day than during the night. And the technical means we have today, with satellites, etc, did not exist back then.”



    Many compared the Deutsche Welle with Radio Free Europe. The difference was that the latter was an American radio station that reflected the politics of the Romanian emigrates in Europe, while the Deutsche Welle was Germanys radio station – indeed, a station with its own identity and personality that fulfilled its ethical and professional mission at the highest standards.