Tag: théâtre yiddish

  • 30.05.2019

    30.05.2019

    Pape François – Le Pape François effectuera une visite en Roumanie du 31 mai au 2 juin. Sa visite commencera à Bucarest, vendredi, puis le Souverain Pontife se rendra à Iasi (nord-est), à Blaj et à Sumuleu Ciuc (centre). Parmi les mesures de sécurité prises à Bucarest, mentionnons le fait que les cours des écoles ont été suspendus vendredi et il est interdit aux voitures de stationner sur le trajet que le Pape doit parcourir. Rappelons aussi que la Roumanie a été, en 1999, le premier pays à majorité orthodoxe jamais visité par un souverain pontife, le Pape Jean-Paul II.

    Ministres – A Bucarest, les ministres de l’Intérieur, Carmen Dan, et des Affaires Etrangères, Teodor Melescanu, ont déclaré qu’ils ne démissionneraient pas, malgré les insistances du chef de l’Etat, Klaus Iohannis. Ce dernier les accuse d’une mauvaise organisation du scrutin européen pour la diaspora, en raison de laquelle des dizaines de Roumains vivant à l’étranger n’ont pas pu voter bien qu’ils aient attendu leur tour pendant de longues heures devant les bureaux de vote. Mme Carmen Dan, ministre de l’Intérieur, affirme que son institution a rempli toutes ses obligations en ce qui concerne l’organisation des élections euro-parlementaires de dimanche dernier. A son avis, les affirmations selon lesquelle le vote de la diaspora aurait été fraudé ne sont pas fondées. A son tour, le chef de la diplomatie roumaine, Teodor Melescanu, déclare n’avoir rien à se reprocher quant à ce sujet. Dans ce contexte, le président Iohannis a décidé de créer une commission mixte au niveau de l’Administration présidentielle, dont la mission sera d’identifier les problèmes majeurs survenus au scrutin de dimanche et de proposer des solutions aux autorités qui puissent les mettre en œuvre.

    Langue yiddish – A l’occasion de la Journée de la langue et du théâtre yiddish, le président roumain, Klaus Iohannis, a trasnsmis un message de félicitation à « tous ceux qui se préoccupent pour garder vif l’héritage culturel de la communauté juive de Roumanie ». « La langue et le théâtre yiddish enrichissent le patrimoine culturel de notre pays et de l’humanité, alors que le Festival du Théâtre Yiddish, organisé annuellement à Bucarest par le Théâtre Juif d’Etat, est un excellent moyen de montrer à la jeune génération les valeurs de la cohabitation, des valeurs qu’ils doivent chérir, cultiver et défendre », écrit encore le président roumain.

    Commémoration – La ville de Sighetu Marmatiei (nord-ouest) organise aujourd’hui des manifestations de commémoration des Juifs déportés de Transylvanie et du Maramures (nord) il y a 75 ans, lorsque ces deux provinces roumaines se trouvaient sous occupation hongroise. Y participent des représentants de l’Administration présidentielle, des diplomates et des membres des communautés juives de Roumanie. Au printemps 1944, 131.600 Juifs – hommes, femmes et enfants – ont été déportés de cette région dans les camps de concentration d’Auschwitz et Birkenau, où la plupart ont trouvé la mort. Un des survivants de l’Holocauste originaire de Sighetu Marmatiei est Elie Wiesel, lauréat du Nobel de la Paix. Une maison musée a été aménagée en sa mémoire dans sa ville d’origine.

    Bookfest – La 14e édition du Salon international du livre Bookfest a se poursuit à Bucarest, avec pour invité d’honneur, la Grande Bretagne. A cette occasion, l’ambassadeur britannique à Bucarest, Andrew James Noble affirme que pour son pays, cette participation est une opportunité de célébrer la diversité littéraire et de réitérer le rôle de la culture dans le dialogue entre le pays et les différentes identités. « Nous avons l’occasion précieuses de célébrer la liberté de lire et la liberté d’écrire ce que nous désirons, en cette 30e année depuis la chute du communisme en Roumanie », a encore affirmé l’ambassadeur britannique à Bucarest. Ouvert mercredi, dans la capitale, le Salon international du livre Bookfest réunit des dizaines de maisons d’édition et fermera ses portes le dimanche, 2 juin. La Maison d’édition de la radiodiffusion roumaine, Casa Radio, y participe avec plus de 150 titres.

    Universités – 24 universités roumaines présentent leur offre éducationnelle à Washington, jusqu’au 31 mai, dans le cadre de la conférence et de l’exposition annuelle NAFSA, l’événement international le plus prestigieux du domaine, informe le Conseil national des présidents d’universités de Roumanie. Y sont présents plus de 10.000 participants et 3.500 établissements universitaires de plus de 100 pays. La Roumanie offre un milieu d’études de qualité, approprié et sûr, des facilités de niveau européen dans les campus des universités, à des coûts compétitifs par rapport à d’autres pays européens, est-il affirmé dans un communiqué du Conseil national des présidents d’universités de Roumanie.

    Tennis – La joueuse de tennis roumaine, Simona Halep, (n° 3 mondiale) rencontre aujourd’hui la Polonaise Magda Linette (n° 87 WTA), au second tour de Roland Garros, le 2e tournoi du Grand Chelem de l’année. Ce jeudi toujours, la Roumaine Sorana Cîrstea (n° 84 WTA) joue contre Aliona Bolsova d’Espagne (n° 137 mondiale), alors que sa compatriote, Irina Begu (n° 116 WTA) aura pour adversaire Karolina Muchova de République tchèque (n° 73 WTA).

    Météo – La Roumanie est placée jusqu’à samedi, dans la matinée, en vigilance à l’instabilité atmosphérique. C’est notamment dans l’ouest, le nord, le centre et en altitude, que l’instabilité sera accentuée. Des orages feront leur apparition et des pluies torrentielles sont attendues, accompagnées de grêle et de fortes rafales. Les températures maximales de ce jeudi iront de 19 à 30 degrés. 24 degrés à midi, à Bucarest.

  • 07.10.2018 (mise à jour)

    07.10.2018 (mise à jour)

    Référendum -
    Près de 19 millions d’électeurs roumains, y compris les expatriés, étaient attendus
    aux urnes ces samedi et dimanche dans le cadre d’un référendum. Ils devaient se
    prononcer sur un amendement constitutionnel prévoyant d’inscrire dans la Loi
    fondamentale la définition de la famille en tant qu’union entre un homme et une
    femme pour remplacer le syntagme d’union entre deux époux. Selon les données
    fournies par le Bureau central électoral, la présence aux urnes, dimanche, en
    Roumanie, était de 20,41%, la plupart des électeurs ayant voté en milieu
    urbain. Les expatriés roumains se sont vus mettre à leur disposition 378
    bureaux de vote au total dont la plupart ouverts en Italie, Espagne, République
    de Moldova, Etats-Unis, Royaume Uni ou encore en France. Ils ont commencé à
    voter le vendredi soir, en Nouvelle Zélande et les urnes ferment lundi à 7 heures du matin, heure de Bucarest, sur la Côte ouest des Etats-Unis et au Canada. Voté déjà par le
    Parlement, le projet de révision de la Constitution repose sur une initiative
    citoyenne qui a collecté plus de 3 millions de signatures favorables à cette
    nouvelle définition. Pour être validé, le référendum devait avoir une
    participation d’au moins 30% des électeurs et 25% des votes valables. Les
    réactions n’ont pas tardé, le chef du Parti National Libéral, d’opposition, Ludovic Orban, a
    déclaré que la raison principale pour laquelle les Roumains n’ont pas voté
    était le fait que cette consultation populaire avait été « confisquée »
    par le leader social démocrate Liviu Dragnea. Pour sa part, le Parti Social Démocrate, par la voix de son
    secrétaire général adjoint, Codrin Stefanescu, a affirmé que ce référendum
    n’était pas de nature politique, mais tout simplement une action civique. Selon
    l’AFP, « les sociaux-démocrates, au pouvoir, comptaient sur ce scrutin pour
    mobiliser la Roumanie rurale et conservatrice, le cœur de leur électorat, alors
    que le parti est en perte de vitesse, accusé de vouloir affaiblir la lutte
    contre la corruption et de contrôler la justice qui a épinglé nombre de ses
    élus. Les résultats définitifs du référendum sont attendus lundi et le même
    jour, Liviu Dragnea doit comparaître pour son procès en appel dans une affaire
    d’emplois fictifs qui lui a valu trois ans et demi de prison ferme en première
    instance ».

    Lettre – Dans une lettre envoyée aux responsables de Bucarest, la Commission Européenne pose plusieurs questions au sujet des évolutions législatives dans le domaine roumain de la justice. L’information a été confirmée par l’Exécutif communautaire suite à plusieurs rumeurs à ce sujet véhiculées par la presse roumaine. « La Commission suit de près les évolutions de Roumanie, principalement les évolutions législatives visant les lois de la justice et les lois du Code pénale et du Code de procédure pénale. Nous sommes en train d’examiner les amendements proposés du point de vue de leur conformité avec les lois européennes et nous avons transmis aux autorités roumaines des questions précises et détaillées portant sur ces problèmes importants », a précisé dimanche un porte-parole de la CE pour l’agence de presse roumaine AGERPRES. Cette lettre survient dans le contexte où, le 3 octobre dernier, il y a eu un débat au Plénum du PE de Strasbourg, consacré à la situation de l’Etat de droit en Roumanie, avec la participation de la première ministre roumaine, Viorica Dancila. A cette occasion, le premier vice-président de la Commission, Frans Timmermans, avait averti Bucarest que l’Exécutif communautaire serait dur, si nécessaire, dans son évaluation de la Roumanie. Pour sa part, Mme Viorica Dancila avait assuré que l’Etat de droit était respecté en Roumanie et que rien ne pouvait éloigner le pays de son parcours européen.

    Théâtre – Des troupes de théâtre de 6 pays, groupes et interprètes de musique klezmer de renommée internationale se réunissent du 7 au 14 octobre à Bucarest pour la 3e édition du Festival international de théâtre yiddish – TES FEST. Organisée par le Théâtre Juif d’Etat, cette manifestation marque le 70e anniversaire de l’institution et les 142 ans écoulés depuis la création du premier théâtre professionnel en langue yiddish au monde, à Iasi, dans l’est de la Roumanie, en 1876, par l’écrivain Abraham Goldfaden. A l’affiche du festival : troupes de théâtre des Etats-Unis, d’Israël, de France, de République de Moldova, d’Autriche et de Pologne. Plusieurs événements connexes sont prévus : ateliers de culture yiddish, rencontre thématiques, projections de film et deux expositions consacrées à l’histoire et l’activité du Théâtre Juif de Roumanie.

    Handball – L’équipe roumaine de handball AHC Dobrogea Sud Constanta affronte ce dimanche les Tchèques de Talent Robstav MAT Plzen, dans leur second match du deuxième tour préliminaire de la Coupe EHF de handball masculin. Samedi, les Roumains avaient vaincu les Tchèques sur le score de 28 buts à 21. Par ailleurs, dans la localité roumaine de Chiajna, l’équipe roumaine CSA Steaua Bucarest a gagné le match contre Maccabi Srugo Rishon Lezion (Israël), score 25 buts à 23 dans la première manche du 2e tour préliminaire de la Coupe EHF de handball masculin.

    Météo – Les météorologues annoncent du beau temps en Roumanie dans les prochaines 24 heures, avec quelques gouttes de pluie sur l’ouest du territoire. Les températures maximales iront de 17 à 25 degrés.

  • Abraham Goldfaden et les débuts du théâtre yiddish de Roumanie

    Abraham Goldfaden et les débuts du théâtre yiddish de Roumanie

    Auteur d’une quarantaine de pièces de théâtre, Goldfaden s’est totalement identifié avec un domaine artistique auquel allaient se rapporter de nombreuses générations de dramaturges. Non – conformiste, adepte de l’éducation et de la culture mises au service du peuple et de la rigueur, Godlfaden a été une personnalité difficile à cataloguer. Né en 1840, en Ukraine, qui, en ces temps-là, faisait partie de l’Empire russe, Godlfaden était le fils d’un horloger juif. Formé dans l’esprit de l’éducation traditionnelle juive, dans une école rabbinique, il maîtrisait aussi plusieurs langues étrangères. A l’âge de 26 ans, il s’installe en Roumanie, à Iasi, ancienne capitale de la province historique de Moldavie. Il avait déjà publié quelques pièces de théâtre, des poésies et des articles de critique littéraire, dans la presse culturelle de langue yiddish de Russie et de l’Empire austro-hongrois.

    Camelia Crăciun enseigne la culture yiddish à l’Université de Bucarest. Elle est également conseillère littéraire au Théâtre juif d’Etat de Bucarest. Selon elle, à l’arrivée en Roumanie d’Abraham Goldfaden, toutes les conditions étaient réunies pour démarrer l’aventure du théâtre yiddish : « A Iaşi, au dernier quart du 19e siècle, les conditions étaient favorables à la création de la première troupe de théâtre et de la première troupe professionnelle de langue yiddish. Ce fut le point de départ d’un véritable phénomène international, qui n’a cessé de prendre de l’ampleur jusqu’à devenir, aux Etats-Unis, une culture avec un public extraordinaire. Il y a eu, dans la culture juive d’avant l’Holocauste, une certaine tension entre les deux langues, l’hébreux et le yiddish. L’hébreux était l’apanage de l’élite et des hommes, étant utilisé dans l’administration, dans les espaces religieux et juridique. Le yiddish, lui, a toujours été perçu comme une langue moins prestigieuse, malgré les tentatives de lui conférer le statut de seconde langue des Juifs. Les premiers écrivains d’expression yiddish ont choisi des pseudonymes afin d’éviter que leurs familles soient compromises et pour ne pas s’attirer l’opprobre du public. Abraham Goldfaden a toujours nourri la conviction que sa mission était celle d’éduquer les masses. Adepte de la haskala, courant de pensée juif du XVIII e et XIX e siècle, fortement influencé par le mouvement des Lumières, Abraham Goldfaden était ouvert à la modernité. Il s’est donné la tâche très difficile de jeter les bases d’une institution nouvelle, en l’absence de toute aide. »

    Passionné de culture et poussé par son credo, celui de dispenser une éducation en yiddish à l’intention des masses de Juifs, Goldfaden s’investit corps et âme dans son projet théâtral novateur. Camelia Crăciun : « La question qui se pose est de savoir d’où lui était venue l’idée de fonder un théâtre et une troupe de théâtre professionnelle de langue yiddish. Il y a trois personnes impliquées qui se sont dit dans leur droit de s’en adjuger la paternité. La première c’était Itzok Librescu, chargé des abonnements. Il raconte que, lors d’une conversation avec Goldfaden, sa femme aurait eu l’idée de ”détourner” le projet de celui-ci portant sur la création d’une publication à Iaşi, ville habitée à cette époque-là de 40 % de Juifs locuteurs de yiddish. La femme de Librescu aurait affirmé qu’il serait bon que les Juifs aient un théâtre à eux comme les Roumains. Le théâtre roumain de Iasi comptait déjà plusieurs décennies d’existence et était fréquenté par nombre de Juifs. Le deuxième protagoniste, Goldfaden, a une autre opinion. En allant à la découverte de la vie culturelle des Juifs de Iasi, il constate que beaucoup des poésies qu’ils avait publiées dans la presse yiddish ont été mises en musique par des chanteurs ambulants. C’était d’ailleurs devenu une tradition que les chanteurs ambulants aillent dans les bistrots égayer les gens avec leurs sketchs. Goldfaden pensait donc que ce serait une bonne idée que d’inclure dans un programme plus ample ses poésies et les chansons à succès qu’elles avaient inspirées. La troisième personne impliquée c’était Israel Grodner, un chanteur ambulant, très populaire à Iasi, qui interprétait des poésies de Goldfaden. Lui aussi, il affirmait que l’idée lui appartenait, car il aurait fait venir Goldfaden à une de ses représentations et lui aurait proposé de monter un projet plus ample. »

    L’ambition de Goldfaden et ses efforts visant à motiver ceux qui l’entouraient allaient porter leurs fruits. La représentation du premier spectacle de théâtre yiddish monté à Iasi, une première absolue dans l’histoire des Juifs d’Europe aussi, s’est avéré un succès encourageant. Camelia Crăciun : « Ce premier spectacle a été présenté par le grand poète Mihai Eminescu, considéré, de ce fait, par les historiens comme le signataire du certificat de naissance du théâtre yiddish. Le 20 août 1876, Eminescu publie une chronique théâtrale dans le journal Courrier de Iaşi. Comme il était locuteur d’allemand et originaire d’une contrée habitée par une forte communauté de Juifs parlant le yiddish, Eminescu n’a pas eu de difficulté à comprendre les spectacles de théâtre en yiddish et à rédiger la première chronique théâtrale en cette même langue. Une chronique positive, sauf une remarque à l’égard du texte littéraire. Le poète semble agréablement impressionné par le spectacle et surtout par l’impact sur le public. »

    Ayant vite connu le succès, le théâtre d’Abraham Goldfaden devient itinérant et fait des tournées en Europe centrale et de l’Est. Il s’est rendu compte du fait que son projet allait dépasser les frontières nationales pour devenir un bien des Juifs de partout. Goldfaden a quitté la Roumanie en 1896 pour s’établir à New York, où il a continué à monter des pièces de théâtre et à travailler dans la presse yiddish jusqu’à sa mort, survenue en 1908. (Trad. Mariana Tudose)