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  • Theodor Aman, fondateur de l’Ecole d’art roumaine

    Theodor Aman, fondateur de l’Ecole d’art roumaine

    Le premier artiste roumain moderne

     

    Theodor Aman (1831-1891) a été un peintre, graphiste, sculpteur, pédagogue et académicien roumain, fondateur, aux côtés d’un autre grand artiste roumain Gheorghe Tattarescu, de la première école des beaux-arts de Bucarest. Dans l’histoire des arts plastiques roumains, Theodor Aman est le premier véritable artiste moderne, dont l’influence a accéléré l’ouverture à la modernisation culturelle et au développement artistique des institutions de culture des Principautés unies de Moldavie et de Valachie.

     

    Ouvrir une école des Beaux-Arts à Bucarest

     

    La muséographe Diana Șuteu, commissaire du Musée Aman, composante du Musée municipal Bucarest, raconte la naissance de l’idée d’ouvrir une Ecole des Beaux-Arts à Bucarest:

    « Aman a eu la chance, quand il n’avait que 19 ans, de sortir d’une Valachie sous influence ottomane et très, très en retard par rapport à l’Occident européen. Il a eu cette chance d’aller à Paris, qui, à l’époque, était la capitale de la culture et de l’éducation artistique. Donc, un enfant de 19 ans, parti de l’espace que j’ai mentionné, arrive à Paris où il découvre un monde développé selon des règles différentes et totalement inconnues. Et il s’y adapte, car il a tout de même reçu une éducation : il parle plusieurs langues, il fait de la musique, il a été un élève intelligent et appliqué. Il aurait dû retourner autour de 1855 dans l’espace qu’il avait quitté, mais il reçoit un message de Barbu Știrbei, livré par un neveu de celui-ci: « Dis à Aman d’attendre encore un moment avant de rentrer, car la situation n’est pas encore prête à l’accueillir ». Il reste à Paris jusqu’en 1858 et il profite pour apprendre tout ce qui était disponible dans son domaine d’intérêt. Il est évident qu’Aman a préféré suivre le modèle de l’artiste de la Renaissance, qui devait maîtriser un maximum de techniques. Quand il rentre au pays en 1858, il est travaillé par une idée très puissante: il est décidé de fonder une école. Il avait compris le point où se trouvait la société occidentale ainsi que le passé de la culture et de l’art européen dans un espace qui avait évolué normalement. Il avait compris qu’un peuple, une société ne pouvait pas évoluer sans éducation. Sa première option a donc été de créer une école. »

     

    Des efforts soutenus 

     

    Doina Șuteu explique comment Theodor Aman a finalement réussi à mener à bien sa démarche fondatrice:

    « A partir de 1858, il approche, sans succès, tous les officiels de son temps. Il demande tout simplement de recevoir un terrain sur lequel il veut faire construire une école privée, mais on ne l’entend pas. Et pourtant, il obtient l’autorisation en 1864. Alexandru Ioan Cuza, qui était à la tête de l’Etat, avait fondé en 1860 l’Université et l’Ecole d’art d’Iași. En 1864, Cuza signait le décret de création de l’Ecole des Beaux-Arts de Bucarest et c’est à ce moment-là que l’Université de Bucarest ouvre aussi ses portes. Aman fait toutes ces démarches avec son ami et confrère  Gheorghe Tattarescu, qui était de deux ans son aîné. Tattarescu avait étudié à Rome, mais ils se sont battus ensemble pour réaliser cet objectif. En 1864, lorsque l’école est inaugurée, Aman est nommé directeur, fonction qu’il assumera jusqu’à sa mort en 1891. C’est ainsi que les jeunes talentueux de l’espace roumain ont eu, eux-aussi, la chance d’étudier avec des gens qui s’étaient formés en Occident. »

     

    Theodor Aman, l’homme

     

    La muséographe Doina Șuteu dresse également un portrait du professeur Theodor Aman :

    Je l’ai dit à plusieurs reprises, Aman aurait pu ne rien créer de ce que nous voyons, c’est-à-dire son art, mais l’histoire de la culture aurait retenu son nom en tant que fondateur de l’école et de professeur. Car il a été un professeur exceptionnel, paraît-il. De nombreux témoignages parlent de sa relation avec les étudiants, qu’il aimait comme s’ils avaient été ses propres enfants et qui le lui rendaient bien. Des fragments de correspondance qui nous sont parvenus montrent des échanges affectueux, comme entre un père et ses enfants. Aman n’a pas eu ses propres enfants et ses étudiants avaient occupé cette place dans sa vie. La relation humaine était doublée d’une relation professionnelle remarquable, car, de par son éducation et sa formation, Theodor Aman était un professeur exceptionnel, mais aussi exigeant. Nos premiers artistes importants de la fin du XIXème siècle et du début du XXème ont été ses étudiants. »

     

    Theodor Aman est un repère dans l’histoire de l’art roumain. Son nom a bien sa place dans cette histoire grâce à son œuvre et à sa contribution à la fondation des premières Ecoles des Beaux-Arts de l’espace roumain. La maison-atelier, que l’artiste a dessinée, peinte et décorée lui-même, est aujourd’hui l’un des musées les plus beaux et les plus originaux de Bucarest, un lieu qui reflète la personnalité complexe du grand maître Theodor Aman. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • « La personnalité de Theodor Aman. Inscriptions, fantaisies et autres excentricités ».

    « La personnalité de Theodor Aman. Inscriptions, fantaisies et autres excentricités ».

    Clin d’oeil sur Theodor Aman

     

    L’exposition est intitulée « La personnalité de Theodor Aman. Inscriptions, fantaisies et autres excentricités ».

    Theodor Aman (1831-1891) était un peintre, graphiste, sculpteur, pédagogue et académicien roumain, fondateur des premières écoles roumaines des Beaux-arts de Bucarest et de Iași (nord-est). Il était également l’initiateur des premiers salons d’art en Roumanie. Il est considéré comme le premier artiste moderne dans l’histoire de l’art roumain.

     

    La commissaire de l’exposition, l’historienne de l’art Greta Șuteu nous explique :

    « L’exposition-événement de cette année au Musée Theodor Aman est une première, car elle ne porte pas l’attention du public sur les créations de Theodor Aman, mais tente de mettre en valeur certains aspects qui peuvent révéler l’homme qu’était Aman. »

     

    Une exposition d’objets personnels

     

    Greta Șuteu nous raconte aussi comment l’exposition a été mise en œuvre :

    « Heureusement le patrimoine du musée contient divers objets personnels de l’artiste et de sa famille, laissés par Mme Aman dès 1904, lorsqu’elle a cédé la maison et toute la collection d’art pour ouvrir le musée. Grâce à ces objets, dont la grande majorité étaient gardés dans les dépôts, nous avons pu reconstituer différentes hypostases de l’homme Aman, à partir desquelles nous pouvons tenter de révéler différents profils. »

     

    Un artiste aux multiples facettes

     

    Quelles sont les facettes de la personnalité de l’artiste Theodor Aman que l’on peut découvrir dans l’exposition et comment sont-elles présentées au public ? Greta Șuteu nous explique :

    « En ordre chronologique, je commencerais par l’enseignant Aman. Il se révèle dans l’exposition en tant que fondateur de l’Ecole des Beaux-Arts et professeur de nos premiers maîtres de la fin du 19e et du début du 20e siècle, surtout à travers des textes, à savoir des fragments de correspondance entre lui et ses élèves, fragments qui sont absolument charmants. Ainsi découvre-t-on un professeur sérieux, mais aussi très proche de ses élèves et de certains élèves fascinés par lui, qu’ils aiment et respectent énormément. Le poète Aman est moins connu par le public. Il a publié quelques poèmes dans « Noua Revistă Română » (Le nouveau magasine de Roumanie). Qui plus est, nous avons été surpris de constater qu’en plus de peindre, Aman était aussi sculpteur. Le musée révèle aussi son activité de musicien puisqu’il jouait du violoncelle. Un autre aspect intéressant est la personnalité d’Aman. L’homme du monde Amman organisait des soirées musicales, mais aussi des bals, généralement masqués, dans cette maison spectaculaire, auxquels tout le gratin de la capitale était invité et qui étaient évoqués dans les journaux du monde entier. Nous disposons de fragments de ces journaux dans lesquels les événements qui se sont déroulés ont été évoqués avec des détails somptueux. Un autre aspect intéressant est le collectionneur Aman. Nous possédons une importante collection d’objets orientaux. Sans oublier Aman le propriétaire, celui qui avait construit cette maison spectaculaire. Enfin, n’oublions pas la personnalité d’Aman, qui s’est révélé être un pilier de la société dans laquelle il a vécu. Le plus important est que nous avons exposé le projet de Theodor Aman pour la couronne royale de Roumanie, à savoir la couronne d’acier. »

     

     

    L’histoire de la couronne royale de Roumanie est fascinante. Le premier roi de la Roumanie après la Guerre d’Indépendance (1877-1878), Carol I, a souhaité une couronne d’acier, et pas une d’or, pour symboliser le courage des soldats roumains dans la Guerre d’Indépendance. Une commission a délégué Theodor Aman de faire le projet de la couronne, qui a été ensuite construite à partir d’un char capturé pendant la bataille de Plevna (30 août 1877).

     

    Le public est attendu à l’exposition jusqu’au 30 mai 2025 de dimanche à mercredi, de 10 à 18 heures. Le site du musée offre plus d’informations sur la maison de Theodor Aman : https://muzeulbucurestiului.ro/muzeul-theodor-aman.html