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  • Timișoara

    Timișoara

    Après avoir été Capitale européenne de la culture en 2023, Timișoara continue d’attirer les visiteurs. Avec une infrastructure touristique bien développée, la ville propose cette année aussi de nombreux événements destinés aux touristes de Roumanie et de l’étranger, destinations promues d’ailleurs lors des grands salons du tourisme à l’étranger.

     

    Une ville multiculturelle

     

    Timișoara, la plus grande ville de l’ouest de la Roumanie, se trouve à proximité des frontières serbe et hongroise. Elle compte près de 340 000 habitants, et sa zone métropolitaine dépasse les 465 000 résidents. Mentionnée pour la première fois dans des documents en 1211, la ville s’est dotée de remparts au XVe siècle avant de passer sous le contrôle de l’Empire ottoman en 1552. Elle est restée sous domination ottomane jusqu’en 1716, date à laquelle cette ville et la région du Banat ont été intégrées dans l’Empire autrichien pour les deux siècles suivants. Sous administration autrichienne, la forteresse a été reconstruite, la rivière Bega, qui traverse la ville, a été assainie et canalisée, et de nombreux bâtiments ont été édifiés, figurant aujourd’hui sur la liste des monuments historiques.

     

    Timișoara a également été l’une des premières villes du monde à introduire un réseau de tramways à chevaux, dès 1869. Plus récemment, c’est là qu’a éclaté, en décembre 1989, la Révolution qui a conduit à la chute du régime communiste en Roumanie.

     

    Un printemps riche en événements

     

    Simion Giurcă, conseiller stratégique du président de l’Organisation de Management de la Destination Timișoara, évoque les festivités prévues pour le début du printemps dans l’ancienne Capitale européenne de la culture :

    « Nous allons bientôt inaugurer le Marché de Pâques, qui prend cette année une importance particulière, car les Pâques orthodoxe et catholique sont célébrées à la même période. Ceux qui bénéficient de congés dans leurs pays respectifs peuvent venir passer Pâques chez nous et découvrir de plus près les traditions orthodoxes. Nous leur recommandons vivement de visiter notre marché de Pâques. Nous les invitons également à assister à l’une des nombreuses manifestations culturelles organisées à cette occasion. Cette année encore, nous accueillerons une biennale de grande envergure avec des attractions majeures. Avec l’arrivée du printemps, de nombreux événements en plein air seront proposés, allant des festivals gastronomiques et de street food à des expériences gastronomiques plus raffinées, accompagnées d’un riche programme culturel. »

     

    Parmi les lieux emblématiques qui accueilleront ces événements, le Parc des Roses occupe une place spéciale. Créé à la fin du XIXe siècle, son aménagement paysager actuel date de 1929. Grâce à ses parcs multicolores qui fleurissent au printemps, Timișoara s’est vu attribuer le surnom de « ville des roses ».

     

    Simion Giurcă souligne également l’importance du cadre urbain :

    « Avec l’arrivée du printemps, Timișoara se pare de verdure et fleurs. Il ne faut pas oublier que c’est la ville des fleurs et des roses, un titre dont nous sommes fiers et que nos visiteurs peuvent constater dès le mois de mars. A part cette richesse naturelle, nous disposons d’une multitude de terrasses, cafés et restaurants où l’on peut profiter d’un moment agréable. Avec le retour du soleil, les visiteurs peuvent s’installer en terrasse et admirer les magnifiques bâtiments. Et la bonne nouvelle, Timișoara se refait : de véritables joyaux architecturaux émergent peu à peu derrière les anciennes façades grises et négligées, révélant leurs couleurs éclatantes et leurs éléments décoratifs, rendant ainsi la ville toujours plus resplendissante. »

     

    Timișoara invite également à la découverte de son patrimoine fluvial. Simion Giurcă:

    « Nous encourageons nos visiteurs à profiter d’une promenade sur le canal Bega à bord de nos célèbres navettes fluviales, typiques de la ville. Et surtout, nous les incitons à faire un détour par le Mémorial de la Révolution roumaine, un lieu essentiel, car c’est ici qu’a commencé en 1989 la transformation moderne et européenne de la Roumanie. »

     

    Une ville entre patrimoine et dynamisme culturel

     

    Surnommée la « petite Vienne » en raison du style architectural de ses bâtiments historiques, Timișoara est également connue sous le nom de « ville sur la Bega », la rivière et le canal navigable qui la traversent. La ville se distingue aussi par ses trois théâtres d’Etat, où les spectacles sont joués en roumain, en allemand et en hongrois.

  • Timisoara, une ville effervescente

    Timisoara, une ville effervescente

    Une ville qui ne cesse d’attirer les touristes

     

    Capitale européenne de la culture en 2023, Timișoara, la plus grande ville de l’ouest de la Roumanie, ne cesse d’attirer les visiteurs. L’infrastructure touristique bien développée de la ville et les événements culturels ont continué d’être un point fort. Lors du Salon du tourisme de Vienne, qui s’est tenu du 16 au 19 janvier, les touristes ont découvert ce que cette destination avait à offrir. A noter que le Salon du tourisme de Vienne est l’un des plus grands événements dans son domaine, attirant à la fois les professionnels du tourisme de loisir et du tourisme d’affaires.

     

    Laura Boldovici, directrice de l’Office du tourisme de Timișoara, affirme que la présence de la ville au Salon était nécessaire pour promouvoir davantage une destination déjà très appréciée des touristes.

    « Mes collègues viennent de rentrer du Salon du tourisme de Vienne, un événement de quatre jours, auquel nous avons rencontré un véritable succès pour notre ville. Le nombre de visiteurs a été encore plus élevé qu’en 2024, ce qui confirme l’intérêt des Autrichiens pour les destinations touristiques uniques. Nous avions un stand commun avec les villes d’Oradea et Sibiu, et les visiteurs ont manifesté un vif intérêt pour notre ville. Beaucoup d’entre eux s’ étaient déjà rendus à Timișoara et avaient envie d’y retourner. Nous étions prêts à accueillir le public avec du matériel promotionnel en allemand. Nous étions accompagnés des conférenciers allemands sur le stand afin de pouvoir répondre à toutes les questions et présenter Timișoara de manière professionnelle. Nous ne comptons pas en rester là. Nous allons participer à un autre salon, cette fois-ci avec un stand unique pour Timișoara. Ce salon aura lieu sous peu à Budapest. »

     

    L’Autriche – un marché clé pour le tourisme de Timișoara

     

    Pourquoi se présenter au Salon de Vienne ? Parce que l’Autriche est un marché clé pour le tourisme de Timișoara. Ainsi, jusqu’au printemps, tous les voyageurs qui passent par les aéroports de Vienne ou Budapest pourront voir un panneau extérieur de 40 mètres carrés qui les invite à visiter Timișoara.

     

    t la promotion ne s’arrête pas là, comme nous l’explique Laura Boldovici, directrice de l’Office du tourisme de Timișoara: 

     « Nous faisons la promotion de la ville à travers tout ce qu’elle représente, qu’il s’agisse d’éducation, d’investissements ou d’emploi. Nous allons travailler sur plusieurs niveaux, tout comme l’année dernière. Nous participons également à des salons du tourisme. J’ai mentionné Budapest en février, mais nous nous rendrons aussi à Berlin, Londres, Barcelone, Rimini, Francfort. Cette année, nous voulons également ouvrir un musée interactif pour enfants, unique dans la région. De cette manière, nous voulons faire de Timișoara une destination familiale et conviviale pour petits et grands. »

     

    Des rues piétonnes à découvrir en toute tranquilité

     

    On le sait déjà, en 2023, la ville a reçu le titre de Capitale européenne de la culture, ce qui confirme sa place en tant que scène culturelle effervescente, explique Laura Boldovici, directrice de l’Office du tourisme de Timișoara :

     « Pour tous ceux qui souhaitent participer à des événements mais aussi découvrir des lieux uniques et intéressants, Timișoara est LA destination que nous recommandons. Son centre-ville dispose d’une très grande zone piétonne, probablement la plus grande de Roumanie. Nous avons également le plus grand nombre de monuments historiques du pays. Nous encourageons les visiteurs à commencer leur promenade par le centre-ville, par la place de la Victoire, qui est reliée à la place de la Liberté et ensuite à la plus belle, selon moi, la place de l’Union. Nous avons donc trois places reliées par des rues piétonnes, des terrasses, des endroits où l’on peut s’arrêter et admirer les environs. Ensuite, pour les plus curieux et bien sûr pour ceux qui ont le temps, Timișoara a plusieurs quartiers historiques, qui valent la peine d’être visités et qui sont très intéressants. Il y a également des régions viticoles dans les alentours. Non loin de là, si vous disposez d’un moyen de transport, il y a d’autres villes qui valent aussi le détour : Oradea, Sibiu. Mais Timisoara vaut vraiment la peine d’être visitée, rien que le temps d’un week-end et je vous promets que vous ne vous ennuierez pas. »

     

    Une architecture riche et surprenante

     

    La ville impressionne par la diversité de son architecture dans les styles baroque viennois, néo-byzantin et Art nouveau. Sur ses 15 000 bâtiments, 13 000 sont classés monuments historiques. C’est aussi la seule ville d’Europe à posséder trois théâtres en trois langues – roumain, hongrois et allemand. Il y a un opéra, une salle de concert philarmonique, un théâtre pour les jeunes et un théâtre de marionnettes. Bref, c’est une ville riche en institutions culturelles.

     

    Une vie culturelle effervescente

     

    Mais, l’architecture n’est pas le seul point fort de cette ville de l’ouest de la Roumanie. Plusieurs musées mettent en avant le passé de Timișoara. Vous pouvez visiter, par exemple, le musée du Banat, qui organise ses expositions dans le bastion Teresia, qui fait partie des anciennes fortifications de la ville. Parmi les musées préférés des touristes, mentionnons le Banat Village Museum qui se trouve à la périphérie de la ville. Il expose des maisons typiques des villages de la région du Banat, témoignant du mode de vie des différents groupes ethniques vivant dans cette partie du pays. On y trouve des maisons et des foyers traditionnels roumains, allemands, hongrois, serbes, slovaques et d’autres minorités. Sans oublier le Musée d’art, qui présente des expositions d’art européen et art du Banat, et dont l’exposition permanente présente le travail de l’artiste Corneliu Baba.

     

    Laura Boldovici, directrice de l’Office du tourisme de Timișoara poursuit :

     « En ce moment, on vous propose l’exposition du Musée national d’art qui réunit des peintures de Caravage et de ses disciples. Elle est ouverte jusqu’à la fin du mois de février. Ensuite, les festivals sont une attraction touristique en soi, vous les retrouverez sur notre site internet visit-timișoara.com. Nous gérons également le centre d’information touristique et, plus récemment, nous avons ouvert une boutique de souvenirs où les touristes peuvent trouver des créations des artistes de la ville. Les visiteurs que nous avons rencontrés se disent surpris par Timișoara, par l’atmosphère qui règne dans les rues, par l’hospitalité des habitants et ils sont étonnés de constater qu’ils n’avaient jamais entendu parler de nous avant. Nous vous invitons donc à visiter Timișoara. Vous ne serez pas déçus, c’est promis ! C’est une ville glamour, où le passé se mêle au présent et l’avenir à l’innovation. En 2023, nous avons été la Capitale européenne de la culture et Timișoara reste une destination dynamique, prête à offrir des expériences inoubliables. Venez donc sentir l’énergie de Timișoara et croyez nous, vous partirez avec la ferme intention d’y revenir. »

     

    Une balade en bateau et en tram touristique pour compléter le séjour

     

    Avant de terminer notre balade dans l’ouest du pays, disons aussi que Timișoara est traversée par la rivière de Bega, que l’on peut parcourir en bateau grâce aux transports publics. Il existe également un tramway pour les touristes, qui part de la place de la Liberté le week-end et fait le tour de toute la ville. Une destination unique à ne pas manquer pour les amateurs d’histoire, d’architecture ou simplement pour les petits et grands curieux, c’est bien Timisoara ! (Trad : Charlotte Fromenteaud)

     

  • 35 années depuis le début de la Révolution roumaine

    35 années depuis le début de la Révolution roumaine

     

    Sur la révolution roumaine du mois de décembre 1989 qui a mené à la chute du régime communiste dirigé à l’époque par Nicolae Ceausescu l’on a écrit des bibliothèques. Considérée comme le moment 0 de l’histoire récente de la Roumanie, même son interprétation a déclenché les passions.

     

    La révolution éclate le 16 décembre 1989 à Timisoara

     

    C’est que le 16 décembre 1989, la ville de Timișoara se voit gagner par un mouvement de proteste qui, aussi timide qu’il a pu être d’abord, entraînera rapidement dans son tourbillon, telle une boule de neige qui se transforme en avalanche, la société roumaine toute entière. 6 jours plus tard, le 22 décembre 1989, Nicolae Ceaușescu et son régime à l’apparence inébranlable tombaient comme un jeu de cartes. La chute de ce régime honni laissera toutefois derrière elle près de 1.150 morts et 4.100 blessés. Les corps des premières 44 victimes tuées à Timișoara, le régime tentera de les faire disparaître. Transportés pour être brûlés en douce dans le Crématorium de Bucarest, les cendres de ces premiers héros de la révolution roumaine seront jetées dans les canalisations d’une commune de banlieue, Popești-Leordeni, dans le sud de Bucarest.

     

    Pourtant, le 16 décembre 1989, pendant les premiers moments de la révolte de Timisoara, peu nombreux étaient ceux qui pouvaient soupçonner combien cette révolte allait changer la face du pays.

     

    Retour sur le 16 décembre 1989

     

    Le journaliste Mircea Carp, ancien directeur de la section roumaine de radio Free Europe, remémorait ces jours fébriles du mois de décembre 89 lors d’une interview de 1997, conservée par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine :

    « Après la révolte ouvrière matée par le pouvoir en 1987 à Brasov, les années suivantes, 88-89, ont été marquées par ce sentiment de délitement du régime communiste dans la plupart des pays de l’Est. En effet, les événements se précipitaient en Allemagne de l’Est, en Pologne, en Hongrie, en Tchécoslovaquie. Chez nous, rien ne semblait bouger en revanche. Ceausescu semblait maître de la situation à tel point qu’il osera partir en visite d’Etat en Iran même après le début de la révolte de Timisoara. C’est dire combien il se sentait en confiance. »     

     

    Un moment inattendu

     

    Il est vrai pourtant que l’Europe de l’année 1989 était en ébullition. L’apparition du mouvement Solidarité sur la scène politique polonaise a représenté un moment fort pour tous les mouvements anti-communistes de l’Europe centrale et de l’Est. Avant le mois de décembre 1989, le vent du changement soufflait avec force, balayant sur son passage les régimes ossifiés voisins.

     

    Mircea Carp se rappelle pourtant combien le soulèvement de Timisoara a surpris tout le monde :

    « Il faut admettre que le moment et l’endroit où cela a commencé nous ont pris à dépourvu, même si, à radio Free Europe, nous nous doutions que cela devrait arriver, tôt ou tard. Mais les événements du 16 décembre, puis ceux du lendemain, nous ont surpris. Personnellement, j’étais en vacances. Le premier qui a parlé sur nos ondes de ce qui se passait à Timisoara a été mon collègue, Sorin Cunea. Mais à partir du 18 décembre, nous nous sommes organisés au sein de la rédaction par équipes de 3 ou 4 et avons commencé à transmettre 24/24. L’on avait été gagné par l’effervescence du moment et l’on préparait nos émissions à la hâte sur base des infos fournies par les agences de presse ou par des voyageurs de passage en Roumanie ».   

     

    Radio Free Europe, aux côtés des Roumains

     

    Les Roumains, isolés dans leur propre pays, étaient friands d’entendre ces voix de la liberté. Mircea Carp :

    « Radio Free Europe a été sur le coup dès le début du soulèvement populaire anticommuniste. Certes, ce fut le cas d’autres radios aussi, mais je crois que radio Free Europe a été parmi les premiers médias qui ont couvert à fond l’événement. Une chose est sûre : nous n’avons eu aucun rôle actif dans le déclenchement des événements du mois de décembre. Nous n’avons rien fait pour encourager activement le soulèvement populaire contre le régime. On aurait pu le faire pourtant. Je ne puis cependant évaluer l’impact qu’on aurait pu avoir. Quoi qu’il en soit, le gouvernement américain, par l’intermédiaire de ses radios, la radio Free Europe et la Voice of America, n’a rien fait en ce sens. Il ne pouvait probablement pas prendre le risque de provoquer un bain de sang, même au prix de la liberté. »    

     

    35 années plus tôt, le 16 décembre 1989, les premières lignes de l’histoire de la Roumanie postcommuniste commençaient à être écrites à Timisoara. Des lignes d’une histoire tellement proche et éloignée à la fois. (Trad Ionut Jugureanu)

  • 35 ans se sont écoulés depuis la révolution roumaine de 1989

    35 ans se sont écoulés depuis la révolution roumaine de 1989

    Installée à la fin de la Seconde Guerre mondiale par les troupes d’occupation soviétiques, la dictature communiste de Bucarest semblait inébranlable. En novembre 1989, le congrès du parti unique réélit à l’unanimité Nicolae Ceausescu au poste de Secrétaire général, qu’il occupe depuis près d’un quart de siècle. Bien que  septuagénaire, cela ne l’empêche pas de lancer des plans pour le développement “socialiste” de la Roumanie d’ici à l’an 2000. Son ambition de rembourser les dettes extérieures du pays avant leur échéance n’a quant à elle été payée que par le peuple roumain. Presque tout ce qui était produit en Roumanie était exporté. Dans le pays, les denrées alimentaires étaient en rupture de stock, les immeubles n’étaient pas chauffés et l’électricité pouvait être coupée inopinément à tout moment. Outre la faim et le froid, la peur régnait. La police politique du régime, la Securitate, avait cultivé le mythe de l’omnipotence, de l’omniprésence et de l’omniscience de ses agents, de sorte que la plupart des gens craignaient d’exprimer toute forme de contestation. 

     

    Les pays voisins de la Roumanie s’émancipent progressivement

     

    Dans un délire continu, l’appareil de propagande du régime – télévision, radio, journaux – a dépeint une réalité parallèle : Ceausescu était un génie, sa femme Elena était une scientifique de renommée mondiale et une mère aimante pour tout son peuple, et les Roumains vivaient dans le meilleur des mondes. Dans les pays voisins de la Roumanie, sous l’impulsion de la politique du dernier dirigeant soviétique, le réformateur Mikhaïl Gorbatchev, de gigantesques manifestations ont renversé les dictatures communistes. Varsovie, Prague, Berlin-Est, Budapest et Sofia connaissaient déjà la liberté après près d’un demi-siècle de tyrannie. Les historiens affirment que ce n’est pas un hasard si l’étincelle de la révolution roumaine a été allumée à Timisoara, la plus grande ville de l’ouest du pays, cosmopolite et multiethnique, où la télévision de Hongrie et de l’ex-Yougoslavie était facilement accueillie. 

     

    Timisoara, l’étincelle qui embrase la Roumanie

     

    Le 16 décembre 1989, la solidarité de quelques paroissiens avec le pasteur hongrois protestant Laszlo Tokes, que la Securitate voulait expulser de Timișoara, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. De plus en plus de personnes se sont rassemblées autour de la maison paroissiale et ont fini par protester ouvertement dans les rues de la ville. L’appareil répressif a réagi immédiatement et a ouvert le feu. Jusqu’au 20 décembre, de nombreux civils non armés sont tués, après quoi l’armée a fraternisé avec les manifestants et s’est retirée dans les casernes. Ce jour-là, Timisoara devient la première ville de Roumanie à se libérer du communisme. La révolution s’étend rapidement à tout le pays et culmine à Bucarest le 22 décembre, lorsque Ceausescu s’enfuit en hélicoptère du siège du comité central du parti unique, assiégé par des centaines de milliers de manifestants. Capturés et jugés sommairement par un tribunal improvisé, les époux Ceausescu sont exécutés le 25 décembre. La révolution a fait plus d’un millier de morts. La Roumanie est le seul pays de l’ancien bloc soviétique dans lequel la libération s’est faite dans un tel bain de sang.

     

  • La ville de Timişoara

    La ville de Timişoara

    Capitale européenne de la culture en 2023, Timişoara accueille des visiteurs en toute saison, se distinguant par ses trois places urbaines, chacune avec un style architectural particulier. Nous l’explorons aujourd’hui, guidés par Simion Giurcă, conseiller stratégique du président de l’Organisation de gestion de Timişoara. Simion Giurcă nous a donné plein de recommandations, surtout en ce qui concerne les événements organisés dans la ville :

    « Le Festival Codru a eu lieu cette année du 30 août au 1er septembre dans la forêt de Pădurea Verde à Timișoara. Nous aurons également, bien sûr, nos célèbres spectacles à la Philharmonie de Timișoara, à l’opéra et dans nos trois théâtres. Je vous rappelle que Timișoara est la ville avec trois théâtres nationaux qui jouent en plusieurs langues – roumain, hongrois et allemand. Par ailleurs, vous pouvez aussi visiter plein de musées. Je recommande fortement le Musée de la Révolution de 1989, qui a été enrichi suite aux recherches sur la Révolution roumaine. Nous invitons donc tous ceux qui apprécient la liberté dont bénéficie aujourd’hui la Roumanie à découvrir ce qui s’est passé à Timișoara en décembre 1989. Je tiens à mentionner tout particulièrement que oui, nous aurons un Marché de Noël ! Notre marché commence tôt et se termine tard, car, en plus de notre Noël et de celui de la minorité allemande, nous célébrons également le Noël serbe, qui selon le calendrier julien a lieu en janvier. C’est pourquoi c’est le Marché de Noël de Roumanie qui reste ouvert le plus longtemps. »

    La ville est impressionante de par une architecture diversifiée, dans les styles baroque viennois, néo-byzantin et Art nouveau. Simion Giurcă, conseiller stratégique du président de l’Organisation de gestion de Timișoara, a continué la présentation de Timișoara :

    « Nous avons la plus grande zone piétonne de Roumanie, où se trouvent de nombreuses terrasses, restaurants, bars et clubs, permettant à chacun de se sentir comme dans une station balnéaire, en toute tranquillité, sans le stress des voitures, des klaxons, etc. Au-delà des spectacles dans les théatres, la ville de Timișoara est un spectacle en soi, avec ses musées, ses expositions, ses événements se déroulant directement dans la rue, et ses festivals, qu’ils soient longs ou courts, de gastronomie. La ville a pour objectif de promouvoir et de se développer de plus en plus en tant que destination gastronomique. Nous devons donc offrir des échantillons de cuisine. Notre cuisine est fusion par essence, nous avons 21 nationalités qui résident et vivent à Timișoara, dont des Roumains, Allemands, Serbes, Hongrois, Juifs etc. Notre cuisine s’est développée, adaptée et a évolué avec le temps, et nous avons beaucoup de choses à offrir. Je recommande à nos invités, s’ils se rendent à Timișoara, de demander les crêpes Ana Lugojana, des crêpes flambées incroyable. Nous sommes fiers aussi de nos charcuteries locales ! Enfin, je recommande aux Roumains qui sont juste de passage à Timișoara, surtout s’ils ont des enfants, de monter à bord d’un vaporetto, notre moyen de transport public sur le Canal Bega. Pour un parcours de quelques kilomètres, à un prix minime d’environ 2 lei (environ 40 centimes), ils pourront faire une promenade en bateau sur la rivière du Bega. »

    En espérant vous avoir persuadés de visiter la ville de Timișoara. A bientôt pour une nouvelle destination !

    (Trad. Rada Stănică)

     

  • Timisoara, lue!

    Timisoara, lue!

    Mettre la ville à l’honneur

     

    A l’origine du projet l’on retrouve Patricia Lidia, notre invitée d’aujourd’hui, originaire elle-même de Timisoara. Elle avait déjà organisé plusieurs événements culturels, tels un club de lecture au Pénitencier de Timisoara, le premier de ce type en Roumanie, ou encore des ateliers créatifs pour enfants et la liste n’est pas terminée. Nous lui avons donc demandé de nous expliquer sa nouvelle idée :

     

    Patricia Lidia : « Son nom est un mélange ludique du verbe « lire » et du nom de la ville de Timisoara. On se propose de promouvoir les écrivains de la vile et leurs textes sur Timisoara, puisque souvent on a l’impression de se trouver à distance des autres zones du pays, de la capitale, et on pense que nos écrivains restent dans l’ombre et ne sont pas connus à leur juste valeur dans leur propre pays. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé cette initiative il y a 4 ans. Concrètement, il s’agit de rencontres non-formelles, des discussions plutôt que des présentations classiques de livres. L’idée c’est de voir surtout comment Timisoara se reflète dans les pages de écrivains nés dans cette ville. »

     

    Des rencontres informelles, par amour de la ville 

     

    Les écrivains qui participent à ces rencontres informelles, ont aussi d’autres métiers, ajoute notre invitée qui nous explique plus en détail le sens de ces débats :

     

    « Chacun d’entre nous a découvert l’histoire de Timisoara en faisant des recherches pour son livre. Et nous avons tous constaté que tous les endroits de cette ville – la Place de la Liberté, les bâtiments en style baroque, les restaurants huppés de la Citadelle, la Place Trajan ou le quartier Fabric – qui n’est plus qu’une ruine malheureusement – tous ont derrière des histoires beaucoup plus captivantes que nous ne l’avions imaginé et dont, malheureusement, nous n’étions pas du tout au courant. Puisque souvent les gens ont plutôt tendance à glorifier les villes qu’ils visitent durant leurs vacances, de voir seulement le beau côté des vacances passées ailleurs, tout en oubliant que l’on vit dans une très belle ville, avec une belle histoire et un charme à part, une ville que les touristes viennent visiter. Ainsi avons-nous découvert les trésors cachés de notre propre ville et ce qui nous unit, c’est ce désir de montrer la ville aux autres, avec sa riche histoire encore méconnue. Et pour cause : Timisoara ne se limite pas à une collection de vestiges de l’époque des Habsbourg, c’est aussi une destination culturelle, un endroit où des événements historiques importants ont eu lieu, mais dont on ne parle pas dans les cours d’histoire à l’école et qu’il faudrait faire connaître aux jeunes aussi pour qu’ils comprennent le contexte dans lequel Timisoara s’est développée. » 

     

    Une idée qui ne cesse d’attirer du monde

     

    Faire connaître l’histoire oubliée de cette belle ville, c’est une démarche 100 % culturelle et totalement apolitique, nous assure Patricia Lidia :

     

     « Nous, on ne fait pas de politique, on n’a rien à vendre. On veut tout simplement pouvoir rencontrer périodiquement des écrivains et des lecteurs de Timisoara, des gens passionnés par cette ville, de pouvoir discuter librement et simplement, comme si on était entre amis, sur les recoins de Timisoara qui ont captivé notre attention, d’écouter des fragments des livres que ces endroits ont inspirés, des passages lus par les écrivains mêmes qui les ont découverts. Tout a commencé donc par un groupe d’amis, de 6-8 personnes environ, qui se réunissaient pour échanger. Et lors de notre dernière rencontre on était plus de 35. A notre joie et surprise, pour la première fois, on a dû aller chercher de chaises chez nos voisins, car il n’y avait plus de place pour tous les participants, tellement ils étaient nombreux. Sachez aussi que nos rencontres ont lieu à deux endroits : la librairie Cărturești Mercy, au centre-ville, et AmPam, un resto du quartier Fabric. Récemment, on a démarré une collaboration avec la boutique d’un antiquaire de Timisoara (Anticariatul Queen), qui lancera bientôt l’étagère des écrivains de Timisoara ».

     

    Des faits méconnus, mis au jour

     

    Mais quels sont concrètement les trésors cachés dans ces livres ? Notre invitée nous donne quelques exemples :

     

    « Un des livres les plus importants que j’ai découverts à cette occasion est signé par Cristian Vicol et s’intitule « Une courte histoire de Timisoara avant 1716 ». Il ramène au premier plan non seulement d’importantes données historiques, mais il les garnit d’histoires et d’images captivantes, en offrant un nouvelle perspective sur l’histoire et les mythes de la ville. C’est dans ce livre que j’ai appris par exemple l’histoire du fameux roi magyar Charles Robert d’Anjou, vaincu et obligé à fuir après la célèbre bataille de Posada de 1330. A l’école on étudie cette bataille, mais on ne nous dit pas que Charles Robert d’Anjou avait sa résidence à Timisoara, qui à l’époque faisait partie du Royaume de Hongrie, et que c’est ici qu’avait démarré cette opération militaire. » 

     

    Une nouvelle génération d’écrivain très prometteuse

     

    Patricia Lidia se félicite du succès de ces rencontres littéraires et historiques et se dit confiante quant à l’avenir de la lecture et des écrivains de Timisoara, pour une très bonne raison :

     

    « Hormis les auteurs consacrés, bien qu’ils soient des amateurs, nous tentons de cultiver la passion pour l’écriture et pour la ville de Timisoara chez les enfants. Par conséquent, nous avons déjà des écrivains en herbe. D’ailleurs, je suis fière d’avoir pu contribuer à la parution d’un volume coordonné par la professeure Elena Manolache, qui dirige une merveilleuse classe du collège nr 25 de Timisoara, dont les enfants sont déjà des écrivains. Leur volume s’intitule « La vie de tous les jours dans la lecture ». C’est dire que les futures générations d’écrivains de Timisoara sont déjà en train de se former et je vous garantis que nous aurons de merveilleuses surprises à l’avenir ! »  

     

    Bref,25 le message que notre invitée souhaite transmettre pourrait se résumer ainsi : donnons une chance aux auteurs locaux et à leurs livres et n’oublions pas de regarder de plus près notre propre ville.  (trad. Valentina Beleavski)