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  • Les élèves roumains et les évaluations internationales

    Les élèves roumains et les évaluations internationales

    La pandémie actuelle,
    désastreuse à bien des égards, a pris l’éducation roumaine de court, accentuant
    ses problèmes chroniques. TIMSS 2019, l’étude internationale consacrée aux
    mathématiques et aux sciences, avait déjà mis au jour quelques-unes des failles
    de l’éducation nationale en Roumanie.
    Cette enquête, qui se déroule tous les quatre ans, est conçue par l’IEA,
    l’Association internationale pour l’évaluation de la réussite scolaire. En
    Roumanie, c’est l’Université de Bucarest qui a été responsable de l’édition
    2019. Les résultats ne sont pas des meilleurs : les élèves roumains de 4e sont
    moins compétitifs que leurs collègues européens, obtenant un score moyen de 479
    points en mathématiques et de 470 en sciences par rapport à la moyenne
    internationale de 500 points. Le résultat est décevant, mais pas surprenant,
    selon les experts en éducation.








    Ce qui compte
    c’est de voir quelles sont les leçons à en tirer pour rectifier la situation,
    estime Dragoș Iliescu, professeur à l’Université
    de Bucarest et spécialiste en psychologie organisationnelle : « L’étude
    ne nous montre pas les causes de la situation actuelle. Bien sûr, nous
    regardons tous en arrière et disons que nous sommes probablement arrivés ici à
    cause de 30 ans de réformes qui ont manqué d’inspiration. Mais j’ai remarqué
    certains aspects où une intervention peut être mise en place relativement
    facilement, sans engendrer des coûts très élevés. Cette étude donne une
    notation, associée à certains aspects du système éducatif. Chaque élève inclus
    dans l’échantillon répond également à un questionnaire sur la façon dont il ou
    elle et ses parents traitent l’école, de la relation qu’il ou elle a avec les différents
    aspects de l’éducation nationale. Les professeurs de mathématiques et de sciences
    répondent également à un questionnaire, tout comme les directeurs d’établissements
    scolaires. Nous pouvons donc également regarder ces aspects contextuels qui
    peuvent ensuite nous aider à prévoir les performances des élèves. Nous avons
    identifié trois aspects importants : l’équité, les infrastructures et
    l’allocation des ressources dans le système éducatif ; viennent ensuite le
    climat scolaire, l’environnement et les expériences d’apprentissage ; et
    un troisième aspect est lié au recrutement et à la formation initiale et
    continue des enseignants et aux services de soutien, notamment aux
    enseignants. »








    Pour beaucoup
    d’enfants roumains, le contexte d’apprentissage est synonyme de pauvreté,
    d’iniquité sociale et de problèmes familiaux. Tout cela a aussi des effets sur les
    résultats scolaires, conduisant par exemple à l’analphabétisme fonctionnel.
    Selon TIMSS, 22% des élèves roumains sont analphabètes fonctionnels en
    mathématiques et en sciences, contre une moyenne internationale de 13%.








    Qui fait partie de
    ce pourcentage, nous le découvrons également avec Dragoș Iliescu : « Ces
    22%, sans exception, sont issus de milieux défavorisés, de familles qui vivent
    généralement à la campagne, dans des petites villes ou dans des quartiers
    défavorisés, ou bien ils se confrontent à d’autres problèmes comme des familles
    décomposées ou des parents partis travailler à l’étranger. Lorsque ces enfants
    finissent
    le collège
    le lycée – et
    entrent sur le marché de l’emploi, quelles sont leurs opportunités et quelle
    est la valeur ajoutée qu’ils peuvent apporter à la société ? Quels débouchés
    pour une main-d’œuvre non qualifiée, dont 22% ne parvient même pas à faire les
    calculs mathématiques les plus élémentaires ? Quel avenir ont ces enfants
    ? De toute évidence, ils ne pourront pas finir leurs études et ils ne passeront
    pas le baccalauréat. Il est évident que ces scores et ce manque de performance
    sévère sont associés au décrochage scolaire. Ces enfants n’iront pas à
    l’université et ne pourront faire que les emplois les plus simples et les moins
    qualifiés qui existent. »







    Les disparités
    socio-économiques sont évidentes aussi dans la pratique de laboratoire, autre
    aspect très incriminé par les élèves et les parents, car l’école roumaine
    semble contourner la pratique et privilégier la théorie.








    Dragoș Iliescu
    propose des explications : « L’existence d’un laboratoire dans une
    école rend les cours plus pratiques et mène à de meilleures notes et de
    meilleures performances dans les cours de sciences. Nous connaissons cet effet.
    Mais en même temps on ne sait pas si les performances proviennent exclusivement
    de l’existence d’un laboratoire. On sait en même temps que les écoles qui ont
    des laboratoires sont généralement fréquentées
    par les enfants des familles les plus aisées. Ce sont les écoles des zones
    urbaines et celles des zones urbaines privilégiées. Par conséquent, c’est très
    difficile de savoir s’il s’agit d’un effet réel de l’existence du laboratoire
    ou du fait que, par ailleurs, les écoles qui ont un laboratoire sont, de toute façon,
    fréquentées par de bons élèves et par des enfants issus de familles
    aisées. »









    Le contexte, dans
    lequel se déroule l’enseignement, et la méthode d’enseignement sont donc
    parfois plus importants que le contenu même des cours. Ce fait ressort clairement
    des tests de type TIMSS, conclut Dragoș Iliescu : « Ce que les études
    TIMSS nous montrent, en fait, c’est que le programme scolaire n’a pas tellement
    d’importance. Je m’explique. Les détracteurs de ces tests disent souvent que
    les élèves roumains n’y obtiennent pas de bons résultats parce que nous ne leur
    enseignons pas ces contenus. En d’autres termes, on leur enseigne autre chose
    que les notions testées par ces tests internationaux. Mais il est possible
    d’analyser chaque domaine testé et de voir quel pourcentage est enseigné dans
    un pays, en fonction des programmes nationaux. C’est ainsi qu’on découvre que
    la Roumanie est le pays avec la plus élevée couverture des notions contenues
    dans le test TIMSS à travers le monde. Nous avons une couverture de 88 %, 88%
    de ce qui est testé dans les études TIMSS. En Finlande, qui est le leader
    européen de cette enquête, seulement 41 % des notions des tests sont
    enseignées dans le programme scolaire. Voilà, peu importe ce que vous
    enseignez, c’est comment vous l’enseignez qui compte. La différence énorme
    entre la Roumanie et la Finlande n’est pas liée aux programmes scolaires. Nous
    aurions dû obtenir des scores nationaux beaucoup plus élevés, car nos enfants
    apprennent le contenu même qui est testé. C’est donc plutôt la qualité de
    l’enseignement qui compte, la création de compétences liées au raisonnement
    mathématique, pas le fait d’apprendre certaines formules par cœur. »,
    conclut Dragoş Iliescu, professeur à l’Université
    de Bucarest et spécialiste en psychologie organisationnelle. (Trad. Elena Diaconu)

  • Ce înseamnă analfabetismul funcţional

    Ce înseamnă analfabetismul funcţional

    Ce înseamnă să ştii să scrii, să citeşti, să
    socoteşti şi nu poţi, totuşi, înţelege un text literar sau ştiinţific de nivel
    mediu? Înseamnă, potrivit experţilor în educaţie, că eşti analfabet funcţional.
    Problema este atât de gravă şi de răspândită încât autorităţile UE au decis ca
    până în 2020, nivelul analfabetismului funcţional să fie redus până la 15%
    având în vedere că, în anii din urmă, media blocului comunitar se situează în
    jurul valorii de 20%. În România, însă, nivelul analfabetismului funcţional
    depăşeşte cu mult această medie, ajungând la 42% în rândul elevilor de 15 ani,
    potrivit Organizaţiei pentru Cooperare şi
    Dezvoltare Economică (OCDE). La acest procent, s-a ajuns, în 2015, după calcule
    minuţioase care înglobau rezultatele obţinute de elevii români: PISA, TIMSS,
    PIRLS, etc. Potrivit exclusiv testelor PISA (prin care se verifică atât nivelul
    de cunoştinte lignvistice, cât şi ştiinţifice) de anul trecut, analfabetismul
    funcţional al elevilor români ar fi doar de 38%. Dar cum se traduc în mod
    concret aceste cifre? Prin ce se
    caracterizează elevii consideraţi analfabeţi funcţionali? Ne spune Cristian
    Hatu. – membru fondator al Centrului de Evaluare şi Analize Educaţionale: Nu au capacitatea de a gândi cât de cât structurat şi de a face o analiză de
    un nivel cât de cât elementar. La matematică,
    de pildă, ei ştiu să adune, să înmulţească, dar dacă confruntaţi cu
    o situaţie concretă, nu prea ştiu ce
    operaţii artimetice elementare să folosească. Dacă ar fi trimişi să cumpere
    mochetă pentru o anumită încăpere, ei nu ştiu să calculeze suprafaţa sau nu
    ştiu să interpreteze un grafic simplu.


    La rândul lor, elevii observă, fie şi doar
    empiric, această situaţie şi îi găsesc explicaţii. Vlad Ştefan, preşedintele
    Consiliului Naţional al Elevilor, licean la Colegiul Naţional Andrei Şaguna din Braşov: Din
    păcate, sistemul educaţional din România a rămas ancorat în trecut şi nu a
    reuşit să se reformeze ca alte sisteme de învăţământ din Europa care au
    încercat să dezvolte la copii anumite competenţe de analiză, de studiu, de
    observaţie pe cont propriu. Din păcate, şcoala din România promovează doar
    ideea de a bifa informaţia şi de a o reproduce fără ca elevul să o
    înţeleagă în profunzime şi fără să selecteze ceea ce are nevoie, căci multe
    aspecte ale programei actuale sunt inutile şi doar o încarcă.


    Fiind, aşadar, o problemă care ţine de metoda de
    predare şi de conţinutul programelor şcolare, analfabetismul funcţional este
    răspândit în mod democratic în societate, indiferent că ne referim la oraşe
    sau la sate, consideră Cristian Hatu: Analfabetismul funcţional nu-l regăsim exclusiv în zonele defavorizate.
    Există o corelaţie redusă între statutul socio-economic şi performanţele
    elevului în privinţa nivelului de alfabetizare matematic, de pildă. Această
    corelaţie se situează undeva în jurul valorilor de 17%-19%.


    Pentru ca situaţia să se schimbe, este nevoie de o
    nouă paradigmă educaţională axată pe învăţarea centrată pe înţelegere. Ce
    înseamnă, aflăm de la Cristian Hatu: Să faci tu, ca profesor, efortul de a folosi instrumente didactice în
    aşa fel încât elevul să înţeleagă cât mai bine tema pe care tu o discuţi, fie
    că e o temă de fizică, o formulă matematică sau un text literar. Încerci să-i
    arăţi care sunt legăturile acelei teme cu viaţa lui de zi cu zi. La noi sunt,
    evident, profesori care fac lucrul acesta. Ei îşi dau seama că asta e miza şi
    atunci fac eforturi în sensul acesta pe cont propriu. Unii au mai urmat nişte
    cursuri, dar majoritatea nu pot singuri să perfecteze acest gen de instrumente.
    Pentru ei trebuie să se organizeze nişte
    cursuri pentru a preda la clasă în felul acesta. Pe cont propriu nu pot, decât
    în cazuri rare, să obţină abilităţi în această direcţie. Totul depinde de cei
    din zona de decizie.


    Schimbarea o reclamă, mai ales, cei direct
    afectaţi, căci analfabetismul funcţional, observabil mai întâi în şcoală,
    devine şi mai evident pe piaţa muncii. Vlad Ştefan, preşedintele Consiliului
    Naţional al Elevilor: Se observă când vine vorba de examene
    naţionale sau de bacalaureat sau de examene internaţionale care se axează şi
    mai mult pe cultura generală sau pe capacitatea elevului de a critica sau de a
    analiza o anumită situaţie dată. Elevii din România, fiind formaţi într-un
    sistem desuet, nu pot face faţă cerinţelor de pe piaţa românească sau de pe cea
    europeană.


    Transformările
    prin care a trecut piaţa muncii în ultimele decenii presupun un nivel de
    adaptabilitate care nu este deocamdată cultivat în şcoala românească. Cristian Hatu, membru fondator
    al Centrului de Evaluare şi Analize Educaţional: Oamenii au ajuns să-şi schimbe specializarea
    profesională de vreo 3-4 ori de-a lungul vieţii lor active, conform unui studiu
    al Băncii Mondiale pe care eu l-am citit în urmă cu câţiva ani. Apare
    întrebarea: ce face şcoala şi ce abilităţi îi formează unui elev pentru ca el,
    ulterior, în viaţa adultă, să-şi poată construi o altă specializare? Chiar dacă
    un om reuşeşte să-şi păstreze aceeaşi slujbă, el trebuie să se readapteze
    frecvent în funcţie de anumite schimbări fie tehnologice, fie din cele care ţin
    de strategia firmei. Sunt tot mai mult situaţii în care angajatul trebuie să
    abordeze raţional situaţii cu care nu s-a mai confruntat în trecut. Şcoala
    trebuie să-i formeze, mai ales, gândirea critică, abilităţile de rezolvare ale
    unor probleme, creativitatea…


    Prin urmare, într-o
    economie dimanică, forţa de muncă trebuie
    să se adapteze din mers. Pentru asta are nevoie de anumite abilităţi pe care
    numai şcoala i le poate forma, iar analfabeţii funcţionali tocmai din acest
    punct de vedere sunt cel mai puţin pregătiţi.