Tag: Uranus

  • Bucarest mis en boîte

    Bucarest mis en boîte


    Dans les années 1970-1980,
    l’histoire de la capitale roumaine, Bucarest, a été impactée par les démolitions
    brutales imposées par Nicolae Ceausescu afin de faire place à la construction
    pharaonique de son Palais du Peuple et d’autres immeubles modernes. Il est vrai
    qu’au fil des années, les villes et les villages changent et se modernisent,
    mais leurs transformations progressives ne doivent pas entraîner une crise du
    logement comme ce fut le cas suite à la destruction totale du quartier
    historique d’Uranus, l’un des plus beaux de la capitale roumaine. Un havre de
    paix verdoyant dont 90 % de la superficie a été détruite par les communistes, laissant de nombreuses
    familles sans domicile.


    Bucarest, telle qu’elle
    était à l’époque où ses habitants pouvaient encore arpenter les petites ruelles
    de la colline de Spirii, bordées de villas et d’immeubles chics, n’existe plus
    de nos jours. Les nostalgiques peuvent la ranimer en regardant des photos
    d’époque ou des documentaires d’archives ou bien, en feuilletant l’album « La
    ville mise en boîte. Une chronique affective de Bucarest », portant la
    signature de l’architecte Gabriela Tabacu. C’est un ouvrage qui invite les lecteurs
    à découvrir le Bucarest des années 1960 à travers le regard d’une fillette de
    10 ans, venue à Bucarest depuis Oradea, une ville du nord-ouest de la Roumanie.
    La romancière Tatiana Niculescu nous en dit davantage, tout en énumérant les
    aspects que l’architecte que Gabriela Tabacu met en lumière:


    « On trouve toute sorte
    d’endroits connus à l’époque, tels la piscine de Lido, le magasin Polar, les
    galeries Unic, la glace Parfait ou encore la reine des desserts, la profiterole,
    qui a fait à l’époque son entrée triomphale dans les adresses les plus chiques
    où les Bucarestois pouvaient déguster de délicieux gâteaux. Je me souviens du
    jour où j’ai goûté à ma première profiterole, ce fut quelque chose de
    fantastique, un moment de pur bonheur pour l’enfant que j’étais à l’époque. Le
    livre parle aussi des épiceries et de tous ces endroits qui marquaient le
    passage d’un monde d’autrefois, auquel les parents de cette fillette étaient
    habitués, à un autre en place dans ces années-là. On ne sait pas exactement
    comment le monde était avant, mais on observe une transition vers une réalité
    qui nous fait penser à celle d’après 1989. Une réalité de la transition, sans
    savoir encore vers quoi le monde se dirige.




    En fait, la ville a commencé
    à changer de visage, mais d’une manière brutale qui reste figée dans la tête de
    cette fillette de dix ans qui nous fait voir Bucarest à travers ses yeux. Tatiana
    Niculescu :




    « On change les noms des rues, on enlève des statues et on les
    remplace par d’autres, on modifie la structure du paysage urbain que cette
    fillette est en train de découvrir. La protagoniste nous fait découvrir son
    Bucarest à elle, un Bucarest de l’innocence et non de la nostalgie. Attention,
    l’ouvrage ne se propose pas de nous rendre nostalgiques des temps d’autrefois
    et d’ailleurs, c’est ce qui lui confère sa valeur documentaire. Il s’agit tout
    simplement d’un exercice descriptif d’un monde que cette fillette a connu. En
    faisant la lecture de l’album de Gabriela Tabacaru, je me suis souvenue du
    poète Cristian Popescu, mort très très jeune. Et lui, à un moment donné, il
    s’est mis à me raconter à quel point il détestait l’époque de Ceausescu qui
    était, selon lui, la période la plus noire de l’histoire roumaine. Mais, en
    même temps, c’était l’époque de sa jeunesse. Or, il m’est impossible de
    renoncer à ma jeunesse, disait-il. Voilà pourquoi, je regarderai toujours cette
    période de l’histoire à travers le regard de la jeunesse. C’est exactement ce
    que cet ouvrage fait : il présente une ville du point de vue d’une enfant qui
    se transforme en même temps que la ville
    .




    Avec le regard de
    l’adulte qu’elle est devenue, l’architecte Gabriela Tabacu explique aux
    lecteurs les images restées dans la mémoire de la fillette qu’elle était dans
    les années 1960. Les descriptions et les histoires s’accompagnent de
    photographies d’époque. Tatiana Niculescu nous explique :




    « Le livre est divisé en deux et la deuxième partie est sous la forme
    d’un album de photos. Avec sa voix d’adulte, l’architecte Gabriela Tabacu
    raconte l’histoire de tous les bâtiments dont la fillette nous parle dans un
    premier temps. C’est une lecture à faire de plusieurs points de vue, ou du
    moins, c’est ce que moi j’ai fait. Un des points de vue serait celui de la
    génération d’aujourd’hui, qui n’a pas connu le Bucarest de cette époque-là. Un
    autre serait celui de la génération des années 1980 impactée par toute la folie
    des thèses de juillet et des horreurs des années 80. Pour elle, le livre serait
    une occasion de ressusciter une certaine période de normalité et d’accalmie
    idéologique des années 1959-1971. Tandis que pour ceux qui ont vraiment vécu
    dans ces années-là, la lecture se fera avec une curiosité doublée du désir de
    se retrouver eux-mêmes dans les histoires racontées. »




    « La ville mise en
    boite. Une chronique affective de la ville de Bucarest » est un pont sur
    le temps que l’architecte Gabriela Tabacu a jeté pour empêcher que l’oubli
    s’installe et que les souvenirs s’effacent.





  • La mémoire d’un quartier disparu : Uranus

    Le centre actuel de
    Bucarest qui abrite notamment l’imposant bâtiment du parlement, la Place de la constitution,
    et les sièges des principales institutions de l’Etat a été érigé au début des
    années 80 selon les plans pharaoniques de Nicolae Ceausescu sur les ruines d’un
    quartier paisible, détruit à coups de pelleteuses et des bulldozers. En effet,
    il y a 40 ans, l’on pouvait encore parcourir ce charmant quartier Uranus,
    tellement typique du vieux Bucarest. L’on pouvait y voir les bâtiments du vieil
    Arsenal, un stade, des églises et de petites maisons pittoresques, bordant des
    ruelles pavées, étroites, érigées en pente. 90% de ce quartier partira en poussière
    dans les années 80 pour faire place nette à la dernière folie du régime
    communiste de Nicolae Ceausescu : bâtir le centre administratif de son
    pouvoir.


    L’historienne Speranța Diaconescu travaillait
    en 1975 à l’Office du Patrimoine culturel de Bucarest. Et c’est en cette
    qualité qu’elle avait pu suivre de près la destruction systématique du paisible
    quartier. Son interview, enregistrée en 1997, a été conservée par le Centre d’histoire
    orale de la Radiodiffusion roumaine. Ecoutons-la :


    « Uranus
    était un quartier historique de Bucarest. Le musée d’histoire de Bucarest avait
    voulu cartographier la zone. Il devait le faire, cela faisait partie de sa
    mission, car il fallait faire connaître aux générations futures ce qu’avait été
    en ce lieu. Et puis, les équipes de cartographes du musée ont étendu leur
    action pour couvrir toutes les zones qui allaient être démolies dans la ville
    de Bucarest selon le nouveau plan d’urbanisme concocté par le régime. Pour conserver
    la mémoire de ce qu’avait été Bucarest avant les destructions volontaires
    ourdies par le régime. Alors, voyez-vous, le musée d’histoire de Bucarest
    détient grâce à cela les fiches de tous les bâtiments démolis dans les années
    80 à Bucarest, qu’il s’agisse de simples maisons modestes ou de véritables hôtels
    particuliers. Les informations reprises dans ces fiches rendent aussi de la
    situation socio-professionnelle des propriétaires, des locataires. C’est une
    photographie, peut-être pas suffisamment détaillée, mais une photographie de ce
    Bucarest disparu. »


    Les urbanistes, les
    architectes de l’époque étaient bel et bien au fait de l’énormité de la
    démarche destructrice du régime. Certains ont bataillé ferme pour tenter de
    sauver ce qui pouvait l’être. Speranța Diaconescu :


    « Lorsque
    les travaux de démolition avaient démarré, nous agissions en vertu du décret-loi
    120 de 1981. L’on pouvait essayer de sauvegarder certains éléments de patrimoine,
    certains éléments de décoration. Un vitrail par exemple, une porte, des parties
    entières d’un bâtiment qui nous semblaient faire partie du patrimoine culturel.
    Mais l’on se trouvait devant le rouleau compresseur des ordres politiques. Il
    fallait faire vite. L’on nous disait : allez commencer à faire l’inventaire
    des bâtiments qui se trouvaient en tel endroit. On y allait, on commençait à
    faire l’inventaire, et puis les bulldozers se pointaient le lendemain, ou le
    surlendemain. Parfois, l’on n’arrivait même pas à accomplir les démarches
    administratives nécessaires pour commencer l’inventaire que les bâtiments que l’on
    devait répertorier étaient déjà à terre. Il était rare que l’on dispose d’une
    semaine pour effectuer notre travail. C’était tout bonnement insensé »
    .


    De fait, la folie
    destructrice du régime n’avait que faire des réticences des spécialistes. Speranța
    Diaconescu à nouveau :


    « Il
    m’est arrivé de faire l’inventaire de certains hôtels particuliers. C’étaient
    de véritables palais. Je me souviens encore de certains vitraux, des portes
    anciennes des miroirs ou que sais-je encore. Et si aujourd’hui, je parvenais à
    répertorier ce qu’il fallait sauvegarder, il n’était pas rare à ce que je
    constate que les démolitions avaient débuté le lendemain exactement là où j’aurais
    voulu conserver des choses. Et je me suis alors rendu compte que, grâce à nous,
    le régime se donnait bonne conscience, mais qu’en fait, nos efforts ne servaient
    à rien. L’on était mains et poings liés.
    »


    Après la chute du régime
    communiste fin 1989, Nicolae Ceausescu, renversé et tué pendant les heures terribles
    de la révolution, avait été tenu pour seul et unique responsable de la destruction
    des pans entiers du patrimoine architectural de la capitale roumaine. Pourtant,
    il n’aurait rien pu faire seul, en l’absence de la complicité de ses ouailles. Speranța
    Diaconescu :


    « Je
    suis navré, mais vous savez, pour ma part, Nicolae Ceausescu, aussi primitif et
    insensé qu’on a pu le voir, était un mec rusé. Suffisamment rusé pour qu’il
    signe les décrets qui devaient sauvegarder certaines parties de la ville de la
    destruction toujours après que ces les travaux de démolition avaient été réalisés
    sur le terrain. En fait, les décrets de démolition portaient généralement sur
    des superficies très vastes. Il revenait ensuite à ce qu’un autre décret
    exempte des effets du premier les monuments, les éléments de patrimoine. Et sur
    ce décret, Ceausescu apposait sa signature toujours trop tard, lorsque les
    démolitions avaient été déjà accomplies, lorsque tout avait été rasé. Or, ces
    manigances ne pouvaient s’accomplir en l’absence de la complicité de certains,
    prêts à tout faire pour mettre en œuvre au plus vite les désirs de destruction
    du dictateur.
    »


    De nos jours, seule
    une petite partie de l’ancien quartier Uranus, l’un de plus beaux quartiers du
    vieux Bucarest, peut encore être admirée par le passant. Mais l’image de ce
    quartier détruit par le régime communiste est sauvegardée encore dans la mémoire
    de ses anciens locataires, dans leurs albums photo, mais aussi grâce aux
    articles de presse, aux expositions et aux films qui ont été tournés dans ce
    lieu une fois paisible et poétique de la capitale roumaine. (Trad.
    Ionut Jugureanu)

  • Le quartier Uranus de Bucarest

    Le quartier Uranus de Bucarest

    Le plus regretté par les habitants de la capitale, le quartier Uranus a été démoli pour faire de la place à l’actuel Palais du Parlement et aux bâtiments adjacents. Ce périmètre comprenait plusieurs quartiers de petites dimensions qui faisaient partie de la vieille ville de Bucarest, situé au sud de la rivière Dâmboviţa. C’est ici, soit vers les collines du sud-ouest de la Capitale, que la ville s’est étendue depuis la zone du palais princier et du Centre historique d’aujourd’hui. Ce fut une zone propice à la construction de bâtiments officiels, vu qu’au 18e siècle, le sommet d’une des collines a été choisi pour y ériger une nouvelle Cour princière. Celle-ci a été malheureusement détruite par un incendie et des bâtiments militaires ont été construits à sa place. La plus importante construction de ce genre a été l’Arsenal de l’armée, érigé après 1863. C’est pourquoi cette colline, appelée Dealul Spirii (la Colline de Spirea), fut rebaptisée la Colline de l’arsenal. C’est ici qu’est né le quartier Uranus, déjà esquissé sur un plan détaillé de la ville de Bucarest datant de 1847.



    A l’époque, les constructions occupaient la moitié Est du périmètre, alors que l’autre moitié était toujours couverte de vignes. Passionné par les reconstructions digitales, mais aussi par l’histoire de la capitale, l’architecte Costin Gheorghe évoque l’histoire du quartier Uranus. « Les maisons sont apparues, pour la première fois, éparpillées au milieu des vignes, souvent les rues étaient sans issue. L’architecture était celle de la région de Valachie, avec des fondations en pierre, un rez-de-chaussée surélevé et un étage. Les maisons étaient construites soit en torchis soit en briques et leur aspect extérieur était similaire, étant presque toutes munies d’une véranda. Le quartier s’est fortement développé après 1900 et des bâtiments de style néo-roumain sont apparus pendant l’entre-deux guerres, sur des terrains encore non construit. Plusieurs véritables joyaux de l’architecture néo-roumaine n’ont fait que compléter le quartier. »



    Voici donc une association simple, mais caractéristique pour une ville tellement riche en contrastes que Bucarest : des maisons respectueuses de l’architecture rurale cohabitaient avec des villas plus ou moins somptueuses, dans des faubourgs qui, avec leurs propres magasins, troquets et cinémas, étaient de véritables villes dans la ville. Le quartier a préservé son aspect jusqu’à la fin des années 1970, lorsque les premières rumeurs relatives à d’éventuelles démolitions se font entendre. Costin Gheorghe : « Vers la fin des années 1970 et notamment après le tremblement de terre de 1977, la réorganisation de la ville a été amplement évoquée. Le premier concours de projets a été lancé vers 1979. Des dizaines de projets visant à systématiser le quartier furent imaginés et les premières démolitions ont démarré au début des années 1980. Tout ce qui était construit sur la Colline de l’Arsenal a été démoli et nivelé, pour faire de la place au sous-sol de la Maison du people. Les communiqués officiels parlaient d’une initiative qui visait à nettoyer la zone, à la rendre plus salubre et plus unitaire. En fait, les autorités de l’époque ont essayé d’effacer carrément l’histoire et la spécificité des lieux, qui étaient le noyau de la ville. Une nouvelle ville devrait être érigée sur les ruines de la Capitale. »



    La systématisation du vieux quartier était centrée sur l’actuel palais du Parlement, mais aussi sur d’autres bâtiments officiels et immeubles à plusieurs étages qui entouraient cette construction monumentale, formant un ensemble unitaire. S’y ajoute le prolongement de plusieurs boulevards avoisinants, les chantiers allant continuer après 1989 aussi. La systématisation a impliqué la démolition totale de toutes les constructions existantes sur un rayon de plusieurs kilomètres et le déménagement des habitants dans d’autres quartiers. Ces gens perdaient ainsi non seulement leurs maisons familiales, mais aussi leurs racines. Détails avec Costin Gheorghe :« L’ancien Arsenal de l’Armée se trouvait sur l’emplacement actuel de l’aile du Palais du Parlement qui accueille le siège du Musée d’art contemporain de Roumanie. Un autre monument remarquable a été l’église Spirea Veche, qui se trouvait là où l’on a aménagé le parking du Sénat. Quatre autres églises ont été démolies et une autre a été déplacée. Du monastère Mihai Voda, situé sur le terrain occupé actuellement par le parc Izvor, seule l’église et le clocher ont survécu, étant déplacés derrière les ministères de la place Constitutiei. Plusieurs établissements scolaires à l’architecture néo-roumaine ont également été démolis, comme ce fut le cas de l’école Romanescu. La Maison du Peuple proprement-dite, l’actuel Palais du Parlement, n’a pas nécessité la démolition de trop d’immeubles particuliers, parce qu’elle a été érigée sur l’emplacement de l’ancien Arsenal, où il n’y avait pas beaucoup de constructions. Très peu de rues de l’ancien quartier Uranus se trouvent sous le Palais. Par exemple, la fabrique de pain Steagul Rosu (le Drapeau rouge) se trouvait au coin nord-ouest. Le vieux visage du quartier Uranus a récemment été refait par un projet initié par Costin Gheorghe et appelé « Bonnes salutations depuis Uranus ».



    Il s’agit d’une exposition virtuelle de photographies d’époque et de dessins réalisées par un ancien habitant du quartier – Traian Badulescu Senior. C’est grâce à lui et à cette reconstruction numérique que le quartier Uranus peut être découvert par les jeunes générations. (Trad.Alex Diaconescu)

  • The former Uranus district of Bucharest

    The former Uranus district of Bucharest

    The Uranus district, made up of several smaller districts, belonged to the old Bucharest, lying in the southern part of the Dambovita River, an extension of the Princely Court area and of today’s historical center to the hilly area in the southwest of the capital. Apparently, the place was appropriate for the construction of official buildings.




    Another Princely Court was built on top of one the area’s hills in the 18th century. Unfortunately, the Court was destroyed by fire, making room for army buildings, such as the Army Arsenal, built after 1863. The hill was called the Arsenal Hill, later on known as the Spirii Hill. It is around that hill that the future Uranus district developed, being laid down in the 1847 blueprint of Bucharest. At that time, there were buildings in the east of the district, the remaining area being covered by vineyards. Architect Costin Gheorghe, who is fond of digital reconstructions and of Bucharest’s history tells us more about the Uranus district:




    Costin Gheorghe: “Houses were first raised here and there in the midst of vineyards; the streets were actually dead ends. The architectural style was typical of Muntenia. They had a stone foundation, a mezzanine and one storey. They were either mud houses or brick ones. They also had a verandah or a porch. The area developed a lot after 1900. The neo-Romanian style appeared in those empty spaces around the 1930s. The dwellings in neo-Romanian style were real gems.”




    In Bucharest, a city of contrasts, houses in a rural architectural style stood side by side with luxurious villas in slums taking the shape of small towns included in a bigger city, with their own schools, shops, pubs and cinema halls. The Uranus district was kept unaltered until the late 1970s when the first rumours about demolitions were spread. Architect Costin Gheorghe is back at the microphone with details:




    Costin Gheorghe: “In the late 1970s, especially after 1977, there was talk about the reorganization of the city. The first call for projects was launched in 1979. There were tens of projects aimed at changing the area completely. In the early 1980s, they started demolishing the district. The Arsenal Hill was cleared and leveled for the basement of the People’s House to be first built there. The official version, which was made public, was that the area had to be cleared to make it more salubrious and unitary. Actually, they tried to delete history and the characteristics of the place, which was the hub of Bucharest. They tried to build a new city.”




    According to the urban planning of the old neighborhood, in the center there was the huge Palace of Parliament, surrounded by blocks of flats and official buildings, everything being designed as an ensemble. Added to that was the extension of the nearby boulevards. The systematization meant razing all the old buildings on a radius of several kilometers, and the forced uprooting and displacement of all the inhabitants. To tell us about it, here is Costin Gheorghe:




    Costin Gheorghe: “Worth mentioning as part of the old neighborhood is the Army Arsenal building, which used to lie where we have now the back section of the Peoples House, which houses at present the Contemporary Art Museum. Another remarkable monument used to be the Spirea Veche Church, where now we have the Senate parking lot. Four more churches were demolished, and one was moved. It is the Nuns Skete Church. Also, from the Mihai Voda Monastery, the church and the church bell tower were saved, and were moved behind the ministry area close to Constitution Square. Also demolished were schools built in a superb Neo-Romanian architecture, such as the Romanescu School. The surface occupied now by the Peoples House did not have many houses because it was mostly occupied by the old Arsenal platform, which didnt have any buildings. Very few streets of the old neighborhood are now under the Peoples House. For instance, at the northwestern corner of the Peoples House there used to be the Red Flag Bread Factory.”




    The old Uranus district was recently reconstructed as part of a project initiated by Costin Gheorghe, including historical photos, as well as a series of drawings by a former inhabitant, Traian Bădulescu Sr. Thanks to him and to digital reconstruction, the Uranus neighborhood came to life in a virtual space.


  • Monseigneur Vladimir Ghika

    Monseigneur Vladimir Ghika

    Monseigneur Vladimir Ghika, prince, érudit, prêtre et martyr chrétien, a été béatifié à Bucarest, le 31 août dernier. Sa béatification a été considérée comme l’événement le plus important dans la vie de l’Eglise catholique de Roumanie, après la visite du Pape Jean Paul II, en 1999.



    Le prince et le haut prélat Vladimir Ghika est issu d’une famille qui a donné 9 princes aux Principautés roumaines de Valachie et de Moldavie. Né en 1873 à Constantinople, Vladimir a fait des études de théologie et de philosophie à Rome, avant d’être ordonné prêtre catholique en 1923. Il compte parmi les figures marquantes de l’histoire de l’œcuménisme roumain, étant proche du christianisme byzantin, qu’il a vu intégré à celui latin.



    Né orthodoxe, Vladimir Ghika, s’est converti au catholicisme en 1902. Après avoir essayé de suivre une carrière diplomatique, Vladimir se consacre à la mission apostolique et philanthropique. Il met en place un service d’ambulance durant la révolte paysanne de 1907 et fonde le dispensaire Bethléem Marie. Et ce fut toujours par ses soins que fut créé un sanatorium, dirigé par des sœurs de Saint Vincent de Paul. Nationalisé en 1948 par les communistes, ce sanatorium allait être transformé en hôpital.



    Même s’il a renoncé à la carrière diplomatique, Vladimir Ghika a mené une vie laïque très active. Décoré en 1913, après la deuxième guerre balkanique, il est le premier ambassadeur de Roumanie auprès du Saint Siège, entre 1918 et 1919. Vladimir Ghika déploie, pendant une grande partie de sa vie, une intense activité de missionnaire. Sa vocation de diffuser les préceptes chrétiens l’a mené aux quatre coins du monde, explique le prêtre Francisc Dobos : « Le Pape lui -même l’a qualifié de « vagabond apostolique », vu qu’il a sillonné tous les continents. Après son ordination, une mission que le Pape lui avait confiée allait le mener sur tous les continents. Il a participé à différents congrès eucharistiques internationaux, il est allé à Chypre, à Manille, au Japon, au Congo, à Buenos Aires. Ce fut là aussi une façon de faire connaître la Roumanie au delà des frontières nationales ».



    La preuve de sa vocation la plus forte, Vladimir Ghika l’a faite vers la fin de sa vie. Prêtre depuis 1939, il a figuré parmi les victimes de la machine infernale de la répression communiste: arrêté dans la rue en 1950, à l’âge de 79 ans, sous l’accusation d’espionnage- en fait une affaire montée de toutes pièces- il est incarcéré . Dans la prison, les tortures subies se sont avérées impuissantes face à la foi du martyr. Le prêtre Francisc Ungureanu s’est impliqué dans les démarches visant la béatification de Ghika au Vatican ; les documents lui ont fourni des détails sur les dernières années de sa vie : « Vladimir Ghika est mort en mai 1954, dans la geôle de Jilava, des suite des mauvais traitements subis dans cette prison et celle d’Uranus. Après une année d’enquête, il en a passé une autre en prison. Vladimir Ghika a raconté à Monseigneur Ieronim Menges les tortures endurées durant les enquêtes à Uranus. A en croire les documents officiels de la police politique Ghika n’aurait pas été soumis à des enquêtes trop dures, en raison de son âge. Or les histoires de Ieronim Menges prouvent le contraire et font état de tortures physiques et psychiques inimaginables. Parmi elles, la pendaison électrique — les tortionnaires passaient du temps à observer ce qui faisait peur au détenu, afin d’agir en ce sens. Vladimir Ghika craignait le plus la pendaison. Ils le menaçaient de le pendre tout nu dans le boulevard, mais ils le faisaient dans la prison. Il y avait un mécanisme composé de deux moitiés d’un anneau qu’on attachait au cou de Ghika; il était soulevé par la suite et suspendu. Puis, on provoquait un court-circuit, l’anneau s’ouvrait et Ghika tombait par terre. Ce procédé lui fut appliqué 80 fois. Il a même été soumis à une condamnation à mort et mis devant un peloton d’exécution. Vous imaginez ce que ce vieil homme de 80 ans a pu vivre ».



    Ce calvaire a été vécu par des centaines de milliers de personnes qui ont voulu garder intacts leur dignité humaine et leurs principes…(trad. : Alexandra Pop)