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  • Jean-Marie Monplot (France) – fromages roumains les plus connus et exportés

    Jean-Marie Monplot (France) – fromages roumains les plus connus et exportés

    La Roumanie a aussi ses fromages, différents des fromages français. Les meilleurs sont faits en montagne, dans la région de Sibiu du centre du pays, mais d’autres régions ont aussi leurs fromages. Nous avons un fromage typique qui est celui de « burduf » (outre), que certains producteurs traditionnels placent dans de l’écorce de sapin. C’est un type de fromage pétri, préparé traditionnellement dans les bergeries de montagne.



    Nous avons ensuite le « caş » (fromage à la pie), dont un, celui de Năsal, est unique au monde. Au Moyen-Age, quelques paysans serfs affamés sont entrés dans l’histoire, dit la légende : ils ont volé le fromage du noble local, et l’ont savouré dans une grotte. Plus le fromage vieillissait, et meilleur il était. Ils n’ont pas pu s’empêcher d’en parler à l’estaminet du village. Le noble les a attrapés, et a constaté que son fromage, après maturation dans ladite grotte, avait acquis une croûte de moisissure et un goût divin. L’histoire ne dit pas si le noble a profité de sa trouvaille.



    La liste alphabétique se poursuit par le « caşcaval » (sorte de fromage à pâte pressée) fait à différents endroits du pays, chacun avec ses propres caractéristiques. Les Roumains aiment beaucoup aussi le fromage « telemea », dont celui de la région de Sibiu est le plus apprécié, mais c’est un autre qui est le premier fromage roumain à Appellation d’Origine Protégée. La Commission européenne a approuvé, en mars dernier, la demande déposée par les autorités roumaines pour la « telemea d’Ibăneşti ». C’est une spécialité traditionnelle, produite à base de lait de vache dans trois localités de Transylvanie, s’égrenant sur la Vallée de Gurghiu. Le fromage est salé avec la saumure provenant des fontaines d’eau salée d’une localité de la région. L’odeur et la saveur en sont délicates, agréables, et s’intensifient pendant la maturation, avec des arômes spécifiques aux alpages. Les vaches qui donnent le lait sont nourries uniquement de fourrages fibreux provenant de l’aire géographique délimitée, sans fourrages concentrés. Les prés et pâturages sont entretenus et fertilisés uniquement avec des engrais naturels. La Roumanie a trois produits qui ont obtenu la protection au niveau de l’Union européenne : le « magiun (marmelade) de Topoloveni », le « salami de Sibiu » et le fromage « telemea d’Ibăneşti ».



    Nous avons ensuite un autre type de fromage qui s’appelle « urda » ; avec une texture molle, qui est similaire au ricotta. L’urda peut être de vache ou de brebis, comme les autres fromages sauf la telemea d’Ibăneşti. Avant, il y avait beaucoup de bufflesses en Roumanie, et on produisait des laitages de leur lait. Cette tradition s’est perdue avec le temps, mais elle renaît maintenant, notamment en Transylvanie.



    Dernièrement, le fromage de chèvre est de plus en plus recherché en Roumanie, donc si vous venez par ici, vous pourrez déguster tous ces types de fromage. Et le marché des laitages bio gagne de plus en plus de terrain aussi. Pour ce qui est de les exporter, certains producteurs y arrivent, mais vous en trouverez à coup sûr dans les magasins à spécifique roumain. Bon appétit !

  • Un cadeau en cadeau…

    Un cadeau en cadeau…

    Il y a deux ans, la branche roumaine d’une fondation internationale amenait en Roumanie plusieurs dizaines de vaches irlandaises de race Holstein — Friesian, réputées pour leur production de lait et pour la grande capacité à s’adapter aux différentes conditions climatiques. Leur voyage par avion allait faire les délices de la presse qui s’empressa de titrer en gros caractères «les vaches volantes». Beaucoup plus ancienne que ça, l’histoire de ces vaches irlandaises vaut un regard plus attentif, même en ce moment assez éloigné de la «descente» dont on parlait tout à l’heure.



    Don de la part de fermiers irlandais, qui n’en sont pas à leur première oeuvre caritative, ces animaux ont été distribués à des familles démunies du village de Râşca du comté de Cluj. Les bienfaiteurs ont également apporté la nourriture nécessaire pour la période d’acclimatation des bêtes. Ovidiu Spânu, directeur de la fondation Heifer, affirme que cette donation s’appuie sur le principe du «partage de dons» : « Sur ce premier transport de vaches, une partie est allée chez les orphelins institutionnalisés de Sântandrei, près d’Oradea, une autre partie – au projet intitulé Du lait pour les orphelins”. Le foyer des orphelins Felix abrite 270 enfants. L’établissement possède aussi une ferme de quelques 150 animaux. Bien des pensionnaires de l’orphelinat qui ont atteint l’âge de la majorité travaillent à la ferme. Ils font des travaux de menuiserie, conduisent le tracteur ou nourrissent les animaux. Les enfants de l’orphelinat reçoivent du lait et des laitages produits là-même. Les Irlandais ont convenu avec les fermiers de Râşca que la première génisse, ainsi que 300 litres de lait, soient donnés aux orphelinats et aux enfants issus de familles pauvres du comté de Cluj. Nous avons dressé une liste de plusieurs orphelinats auxquels nous livrons du lait presque chaque mardi. Notre camion frigorifique s’arrête aussi dans la localité de Patarât. Le lait est destiné aux 350 enfants de la communauté rom qui vit là, tout près d’une déchetterie de la ville de Cluj. Je me souviens que lorsqu’on leur a offert des bananes et des oranges, ils se sont mis à les manger sans les éplucher, signe qu’ils n’étaient pas habitués à ces fruits. Par contre, le Coca et les sucreries leur étaient familiers. »



    Cet automne, 20 génisses nées des premières vaches apportées d’Irlande et parfaitement acclimatées ont été offertes à d’autres familles d’une zone beaucoup plus pauvre. Cette action ne fut pas ponctuelle. De tels projets se déroulent en Roumanie depuis une vingtaine d’années, avec le concours de donateurs des Etats-Unis et d’Europe Occidentale, mais aussi avec des fonds provenant des sociétés multinationales locales.



    La même fondation a apporté des chèvres angora et des chèvres laitières, dont elle a fait don à des communautés pauvres. Et les choses ne se sont pas arrêtées là. Peu à peu, la nouvelle s’est répandue et les gens ont commencé à venir demander des bêtes pour sortir de la pauvreté. Il faut pourtant dire que ce mécanisme n’est pas régi par la seule loi de l’offre et de la demande : « Les communautés où nous travaillons sont des îles de normalité. Nous y agissons sur plusieurs plans : nous leur fournissons une éducation, nous leur donnons des bêtes et l’instruction nécessaire pour s’en occuper correctement et surtout, nous tâchons de les connecter au marché. Nous ne démarrons pas un projet là où notre analyse montre que la zone n’est pas propice aux vaches. C’est inutile de vouloir posséder une vache si la zone, la terre, le climat, les traditions et la vie de la communauté ne sont pas propices à cette espèce. Nous avons de nombreux autres projets, qui visent à offrir des poules, des abeilles, des truites et des cochons, pourtant, là où il y a des cochons, il doit y avoir des céréales… Nous commençons donc par analyser le potentiel de la zone et les besoins des gens et nous leur offrons, en réponse à leur demande, des animaux qui y trouveront des conditions favorables et pour lesquels ils trouveront un marché — comme ce fut le cas avec les chèvres et les Roms.».



    Bien que Heifer soit perçue, à première vue, comme une organisation qui s’occupe des animaux, selon Ovidiu Spânu, la zootechnie n’est pas le principal objet d’activité de sa fondation : « Nous sommes en fait une organisation qui travaille avec les gens. Notre activité n’est pas ciblée sur la zootechnie, elle est ciblée sur le développement. A mesure que les gens se sortent un peu de leurs privations et bénéficient des facilités que nous leur offrons, ils commencent à aspirer à une vie meilleure et s’habituent à une autre qualité de la vie. Ils se nourrissent mieux, ils gagnent davantage, ils commencent à gérer leurs affaires autrement, à tenir compte du marché, ils sont plus gentils les uns avec les autres et leur état de santé commence, lui aussi, à s’améliorer. Dans une communauté où les enfants ont des problèmes de dents, ils commencent à consulter le dentiste, on commence à voir des enfants qui portent des lunettes — ce qui n’arrivait pas avant. Le progrès est général. Pratiquement, nous nous efforçons d’élever la communauté à un autre niveau, sur tous les plans. »



    Après 22 ans durant lesquels elle a bénéficié de fonds extérieurs, provenant des Etats-Unis et d’Europe Occidentale, pour acheter des animaux et les offrir aux familles pauvres de Roumanie, la fondation Heifer Roumanie s’est proposé cette année de recueillir plus de fonds de donateurs locaux. Cette nouvelle orientation s’explique par le contexte économique actuel et par le fait que les grands donateurs étrangers s’orientent à présent vers des zones considérées plus pauvres ou en proie à des problèmes sociaux et politiques plus graves.



    Les fonds européens continuent, eux aussi, d’être une source financière pour cette fondation, qui n’offre pas aux gens des poissons déjà pêchés, mais des cannes et des cours de pêche. (trad.: Mariana Tudose, Dominique)