Tag: violon

  • « Un Stradivarius dans les écoles »

    « Un Stradivarius dans les écoles »

    La musique classique vient à la rencontre des jeunes roumains à travers le projet éducationnel national « Un Stradivarius dans les écoles », composante d’un projet plus ample, initié par la fondation culturelle « Gaudium Animae » et intitulé « La musique nous inspire ». Le très apprécié musicien Răzvan Stoica et son violon Stradivarius, fabriqué en 1729, accompagnés par la pianiste Andreea Stoica,  se sont rendus dans des établissements scolaires des villes de Iași, Piatra Neamț, Suceava, Bucarest, Deva et Hunedoara. Cette tournée inhabituelle inclut vingt-sept récitals égrenés jusqu’à la fin de l’année, qui faciliteront la rencontre de plus de cinq mille personnes avec la musique classique. Élu meilleur violoniste européen de l’année 2013, Răzvan Stoica a offert au public venu l’écouter des morceaux de compositeurs emblématiques tels que Händel, Bach, Haydn, Mozart, Paganini, Ravel, Stravinski et Ciprian Porumbescu. Răzvan Stoica:

     

    « L’atmosphère des concerts a été fantastique et j’avoue que cette attention des enfants nous a beaucoup impressionnés, Andreea et moi. Ils ont vraiment participé à ce que nous leur avons proposé, ce qui compte énormément pour nous tous, puisque le projet « Un Stradivarius dans les écoles » a pour but de ramener la musique classique et le violon Stradivarius au plus près des élèves. Je vais vous raconter la naissance de ce projet, imaginé par la Fondation culturelle « Gaudium Animae ». Cătălina Pârvu, directrice de la Fondation, s’est appuyée sur le très bon retour des tournées habituelles, comme la Baroque Tour, durant lesquelles nous offrons 20% de la capacité de la salle et des billets gratuits pour les jeunes. Compte tenu des retours très encourageants, nous avons souhaité rencontrer des élèves intéressés par la musique classique. Car nous espérons les voir dans un avenir proche remplir les salles de concert pour se régaler de cette musique. »

     

    Une approche non-conventionnelle de la musique

     

    « Un Stradivarius dans les écoles » propose une approche non conventionnelle de la musique classique par le biais du contact direct avec le public jeune. Dans ses interviews, le violoniste Răzvan Stoica parle de l’importance de la compréhension, de la construction d’un lien intime avec la musique, or le projet « Un Stradivarius dans les écoles » exprime justement ce type d’ouverture à un domaine considéré comme moins accessible. Răzvan Stoica.

     

    « Je crois qu’en tant qu’artistes, nous avons l’obligation morale de faciliter l’accès des jeunes à cette musique. Je me souviens combien il était important pour moi, quand j’étais élève au Collège national de musique « George Enescu » de Bucarest, de pouvoir assister aux concerts grâce à l’accès gratuit à l’Athénée roumain et à la Salle de concerts de Radio Roumanie. Je crois que cela a fortement contribué à ma formation artistique. Or c’est ce que souhaitons offrir à ces jeunes et c’est un devoir pour nous, en tant qu’artistes, d’imaginer et de mettre en œuvre de tels projets. De plus, la joie que nous éprouvons à la fin d’un projet est unique. Je le dis très sincèrement, notre satisfaction est sans égal. »

    Le projet « Un Stradivarius dans les écoles » se poursuivra dans les années à venir. Mais il vient aussi d’être décliné dans une variante pour les universités, « Un Stradivarius dans les universités », également à l’initiative de la Fondation culturelle « Gaudium Animae ». (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Le violon roumain fête son 65e anniversaire

    Le violon roumain fête son 65e anniversaire

    65 ans se sont écoulés depuis la production industrielle du premier violon en Roumanie. Cet anniversaire a été marqué par la fabrique d’instruments de musique en bois de Reghin, dans l’est du pays, la seule de ce genre en Roumanie et la plus grande d’Europe, construite en 1951, pendant la période communiste.

    Après la Révolution anticommuniste de 1989, la fabrique de Reghin a été privatisée, le paquet majoritaire étant racheté par ses salariés. Elle est devenue le plus grand producteur d’instruments de musique en bois d’Europe, les sociétés de prestige du continent s’étant scindées ou ayant restreint leur activité.

    Avant la création, en 1951, de la fabrique d’instruments de musique en bois de Reghin, il n’y avait en Roumanie que quelques petits ateliers de lutherie. La nouvelle fabrique allait acquérir la reconnaissance internationale en 1959, suite à ses exportations de guitares, de violons et de violoncelles.

    L’ingénieur Nicolae Bâzgan, directeur de cette fabrique depuis 1967, nous raconte l’histoire du violon de Reghin : « Le violon est en fait le roi des instruments de musique. Il est construit en bois d’épicéa ; les éclisses et le manche sont en bois d’érable sycomore. Ce matériau ligneux est coupé beaucoup de temps avant d’être utilisé, pour qu’il puisse sécher lentement, de manière uniforme, permettant une homogénéisation des propriétés du bois. Le bois destiné à la fabrication d’un violon doit avoir les cernes annuels aussi réguliers que possible et être dépourvu de défauts, tels les nœuds ou les torsions. La fibre doit être droite, pour ne pas provoquer de distorsions dans la propagation du son. L’association de l’épicéa, pour la résonnance, et de l’érable sycomore est traditionnelle, elle a été adoptée par les premiers luthiers, il y a 6 siècles. »

    La passion est-elle nécessaire pour fabriquer des violons ? Nicolae Bâzgan : « Oui, il faut de la passion, de la patience et surtout du bon goût. Car le violon exprime la perfection. Si on le regarde, on peut le comparer au corps d’une femme, avec ses épaules, sa taille, ses hanches. Et c’est le style baroque qui a imposé cette forme du violon, que l’on n’a pas pu changer depuis des centaines d’années. »

    C’est le grand violoniste russe David Oïstrakh qui a apporté une des confirmations les plus prestigieuses de la qualité des violons fabriqués à Reghin, jouant d’un tel violon, lors du Festival international de musique George Enescu de Bucarest, en 1967.

    Les violons de Reghin sont très recherchés. Nicolae Bâzgan nous dit pourquoi : « Ils sont recherchés avant tout en raison de la qualité du bois que nous utilisons et de sa fabrication. Nous avons du bois en réserve pour fabriquer des violons pour les 10 prochaines années. Après avoir été coupé, le bois est déposé dans des entrepôts couverts où il sèche lentement, naturellement. Avant de l’utiliser, on procède également à un séchage artificiel, qui ramène le taux d’humidité à une valeur comprise entre 6 et 8%. Après ce séchage, l’instrument peut résister à tous les changements météorologiques auxquels il sera soumis. »

    C’est à 1986-1987 que remontent les premières tentatives de fabriquer des flûtes de Pan à Reghin. Abandonnées, elles ont été reprises il y a une quinzaine d’années. A présent on y produit des flûtes de Pan à partir de 10 espèces de bois. L’instrument le plus cher est en ébène et il coûte plus de 1000 euros à la porte de l’entreprise. Le grand virtuose de la flûte de Pan Gheorghe Zamfir utilise des instruments fabriqués à Reghin, tout comme, d’ailleurs, sa plus jeune disciple, Cornelia Tihon.

    A part les violons et les flûtes de Pan, à Reghin on produit 200 types d’instruments de musique et plus de 300 accessoires pour ces instruments, reconnus pour leur qualité en Roumanie et à l’étranger. Nicolae Bâzgan précise : « A Reghin nous produisons tous les types d’instruments à archer : violon, viole, violoncelle, contrebasse. A la variante classique de ces instruments s’ajoutent des variantes électroniques. Nous produisons des guitares classiques – y compris pour enfants, des guitares acoustiques et électriques. Nous fabriquons des instruments à percussion en bois, soit des xylophones – destinés aux enfants et aux professionnels – et des instruments à cordes frappées – soit des cymbalums (petits et de concert). S’y ajoutent des instruments à vent en bois : flûtes champêtres et flûtes de Pan. A part la flûte de Pan traditionnelle roumaine, nous fabriquons une flûte de Pan péruvienne et nous avons également développé une flûte de Pan hybride, très facile à accorder. Car, comme tout instrument à vent, la flûte de Pan doit être accordée à chaque fois que la température de l’environnement où l’on en joue change. Il ne nous reste qu’à continuer la tradition », conclut Nicolae Bâzgan. C’est sur cette idée que le directeur de la fabrique d’instruments de musique de Reghin achève son histoire. Une histoire sur la passion, l’abnégation et l’art de créer des valeurs. (Trad. : Dominique)