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  • De nouveaux points de sécurité en Europe

    De nouveaux points de sécurité en Europe


    Dans le contexte de l’invasion russe en
    Ukraine, la Suède et la Finlande ont récemment pris la décision d’abandonner
    leur politique de neutralité et d’adhérer à l’OTAN, dans une recherche éperdue
    de garanties de sécurité que seule l’Organisation du Traité de l’Atlantique
    Nord peut offrir. Aussi, les deux États nordiques ont officiellement déposé
    leurs candidatures auprès des instances de l’Alliance. Pour que leur démarche
    aboutisse, il leur faudra néanmoins disposer de l’accord unanime des États membres,
    alors que la Turquie n’hésite pas à faire part de ses réserves, en prétextant
    des sanctions imposées par les deux pays candidats à l’encontre d’Ankara, et du
    soutien apporté par ceux-ci au soi-disant « terrorisme kurde ».
    Malgré tout, l’OTAN se dit confiante que ces accrocs seront bientôt dépassés,
    et que le processus d’adhésion ne prendrait ensuite pas plus que quelques
    semaines avant d’aboutir. Enfin, par la suite, il faudrait que le processus de
    ratification de ladite décision par les parlements des membres de l’Alliance ne
    prenne pas plus d’un an. Mais qu’apporterait une éventuelle adhésion à l’OTAN
    des deux États candidats ?

    Virgil Bălăceanu, général en réserve et ancien représentant de
    la Roumanie auprès du commandement de l’OTAN, à Bruxelles, pense que l’adhésion
    de la Suède et de la Finlande sera bénéfique pour toutes les parties intéressées.

    Il s’agit de deux Étatsimportants, qui sont d’ailleurs assez
    proches de l’OTAN et qui se sont montrés parmi les partenaires les plus motivés
    de l’Alliance. Des partenaires clef. Leur stratégie militaire est basée sur la
    défense du territoire national. C’est vrai notamment dans le cas de la
    Finlande, mais aussi de la Suède. En adhérant à l’OTAN, ces deux Étatsne
    manqueront pas de renforcer l’Alliance, et plus particulièrement son flanc
    nord. Raffermie par ces deux nouveaux alliés qui, avec la Pologne et les Étatsbaltes,
    forment ce flanc nord, l’OTAN sera plus à même de répondre à quelque défi
    sécuritaire que ce soit, y compris à la menace potentielle représentée par la Fédération
    de Russie. Par la suite, nous verrons que c’est bien le flanc sud-est de
    l’Alliance qui est le plus périclité dorénavant. Mais dans l’ensemble,
    l’adhésion des deux Etats va renforcer l’OTAN et je ne dirais pas non plus que
    cela représente une menace pour la Fédération de Russie. Cette dernière avait
    d’ailleurs longuement hésité avant de prétendre que cela puisse advenir. D’un
    autre côté, l’on voit bien que la guerre russe contre l’Ukraine provoque une
    réaction inverse de celle désirée par le Kremlin lorsqu’il l’avait commencée. En
    effet, la Fédération de Russie avait envahi l’Ukraine dans le but déclaré de
    tenir l’OTAN à distance, alors que maintenant elle constate que cela a produit un
    effet contraire : deux pays industrialisés et puissants en matière de
    capacités et de traditions de défense ont rejoint l’Alliance que la Russie
    pensait pouvoir affaiblir par la guerre qu’elle avait déclenchée contre l’Ukraine.
    Vivement que le processus d’adhésion aboutisse rapidement et que la Turquie ne
    s’y oppose plus.


    La
    Suède et la Finlande seront à coup sûr de pourvoyeurs de sécurité dans la
    région. Car elles sont d’ores et déjà dotées de forces armées modernes et
    efficaces, qui travaillent de concert avec l’OTAN, comme l’explique, pour radio
    Free Europe, Doug Klain, directeur adjoint du centre
    Eurasie du Conseil de l’Atlantique. Pourtant, et malgré la puissance militaire que
    ces deux États peuvent faire valoir, ils demeuraient frileux à l’égard de la
    Fédération de Russie. Selon Douglas Klain, si les deux États ont les mêmes
    inquiétudes, la Finlande, qui partage une longue frontière commune avec la
    Russie, demeure la plus vulnérable. Les dernières années, des avions russes ne
    se sont pas gênés d’approcher l’espace aérien finlandais, dans leur tentative
    d’intimider les voisins. Dans ce contexte, la Suède avait opté de poser sa
    candidature pour ne pas se retrouver isolée dans une péninsule scandinave dont
    elle demeurerait le seul pays neutre, hors de l’OTAN, alors que la Norvège et
    le Danemark avait rejoint l’Alliance dès sa création, en 1949. Mais quels
    seraient les conséquences de l’adhésion de ces deux États pour cette alliance
    qui ne cesse de s’agrandir, faisant de la mer Baltique presque lac
    intérieur ?L’analyste militaire Radu Tudor précise :


    Ce qu’il se passe c’est à l’opposé de ce que M. Poutine avait désiré.
    Vu le nombre d’erreurs stratégiques qu’il avait commises, ce n’est pas
    étonnant. En l’absence de cette guerre sanglante, l’adhésion des deux pays,
    leur sortie de l’état de neutralité qu’ils affectionnaient depuis belle lurette,
    auraient été improbable. Mais la Russie avait une nouvelle fois apporté la
    preuve de son agressivité, de toute absence de prédictibilité la concernant, de
    la menace qu’elle représente pour l’ensemble du monde libre. Dans ce contexte,
    la Suède et la Finlande sont arrivées à la conclusion que seul le parapluie
    sécuritaire de l’OTAN constituait une barrière suffisamment solide devant
    l’appétit agressif de la Russie. Ces deux Étatsviennent toutefois au sein de
    l’Alliance avec une riche expérience de lutte contre la Russie, car ils s’y
    sont souvent confrontés. Ils avaient étudié la stratégie russe, ils la
    connaissent bien pour s’y être souvent frottés. Et avec leur adhésion, la
    question de la sécurité du flanc nord de l’Alliance est assurée, car nous y trouvons
    la Pologne, la Suède, la Finlande, la Norvège, le Danemark, des pays avec
    lesquels on ne badine pas et qui apportent une contribution significative à
    l’Alliance.


    Selon l’analyste militaire Radu Tudor, c’est
    dans la zone du sud-est de l’Alliance que nous devrions assister à un
    développement accéléré de l’infrastructure et des capacités de l’OTAN. La zone
    de la Roumanie autrement dit. (Trad. Ionuţ Jugureanu)