Category: Club Affaires

  • Les Poêles à bois, de véritables objets d’art

    Les Poêles à bois, de véritables objets d’art

    Il y a plus de 100 ans, en 1906, le Saxon Gref Iulius créait la fabrique de terre cuite de Mediaș, en Transylvanie. Entre 1938 et 2015, la fabrique a changé plusieurs fois de propriétaire, étant détenue, entre autres, par l’Etat roumain. Depuis 2015, elle appartient à nouveau à un entrepreneur saxon, Uwe Draser. Après 111 ans, la fabrique Teracota Mediaș produit, selon le mode traditionnel, les mêmes carreaux peints utilisés dans la construction des poêles en terre cuite des temps jadis. La fabrique a gardé les fours anciens, la même technologie et le même nombre d’employés et elle respecte la recette originale pour les mélanges de terre servant de matière première. A part les 5 éléments importants qui constituent l’extérieur d’un poêle, on y produit aussi des pièces strictement ornementales – piliers, arcades, médaillons, étagères, bordures, frontons – dont on embellissait jadis les poêles des manoirs ou des maisons de boyards.

    Radu George Stelian, directeur de la fabrique de Mediaş, nous raconte l’histoire de ce métier artisanal d’autrefois, ravivé de nos jours: « Nous essayons de perpétuer la tradition, nous utilisons de nos jours comme matière première le même mélange qu’en 1906 et les mêmes fours. Nous faisons un travail artisanal, les carreaux sont fabriqués par pressage manuel, alors que les autres producteurs sur le marché utilisent le pressage mécanique. Ce fut un pari fou, car, dans ces conditions, il est difficile de faire face à la concurrence sur le marché. Pour vous faire une idée des différences entre les deux technologies, je vous dirai que chez nous un ouvrier fabrique par pressage manuel environ 800 carreaux par mois, alors que, si l’on avait utilisé le pressage mécanique, on aurait réalisé 7 à 8 mille carreaux par jour. La différence est énorme. »

    L’art de fabriquer manuellement des carreaux en terre cuite a été presque oublié au début du 20e siècle, lorsque les poêles ont été remplacés par des systèmes modernes de chauffage. Malgré leurs nombreux avantages, ces systèmes n’ont pourtant pas réussi à remplacer la beauté des poêles ou des cheminées en terre cuite peinte, ni l’ambiance particulière qu’ils créent dans une maison. Radu George Stelian nous explique comment ils ont réussi à résister sur le marché. « Nous avons voulu faire quelque chose de différent ; nous avons eu des clients qui ont souhaité contribuer à la réalisation de leur poêle, mettre dans les carreaux quelque chose d’eux-mêmes et alors nous leur avons offert la possibilité de faire eux-mêmes le pressage des carreaux et de les peindre. Si une famille constituée de la mère, du père et de trois enfants viennent pour se faire construire un poêle tout à fait particulier, nous pouvons faire le pressage et vernir les carreaux, qu’ils peuvent peindre eux-mêmes dans notre fabrique et ils sauront par la suite quels carreaux ils ont réalisé chacun. Nous avons de nombreux clients qui choisissent de le faire. Il y a aussi des clients qui apportent le dessin d’un carreau sur une feuille de papier. Nous coulons le carreau dans des moules en plâtre et quand le poêle est prêt, ils emportent le poêle et les moules et leur poêle sera une pièce unique. Nous pouvons également restaurer de vieux poêles, pour ceux qui souhaitent les garder – et c’est là une autre différence par rapport à d’autres producteurs. C’est la niche que nous avons trouvée pour faire face à la concurrence. Ce n’est pas facile, mais nous avons eu la chance de collaborer avec de bons partenaires de Bucarest, de Viscri, du Musée Astra de Sibiu, du musée de la ville de Mediaş. A présent nous avons ouvert une exposition à l’église fortifiée de Viscri, pour essayer de montrer aux gens qu’un poêle en terre cuite n’est pas uniquement un objet utilitaire, il peut être aussi un objet d’art. »

    L’archive de la fabrique réunit des carreaux et des moules de carreaux transylvains, y compris des reproductions de poêles anciens exposés au Musée Astra de Sibiu. Radu George Stelian: « Nos archives comptent plus de 300 modèles de carreaux. Une de nos collègues, Iulia Costescu, fait un mastère en peinture et nous produisons donc nos propres carreaux, ainsi que des répliques de carreaux anciens provenant du musée Astra ou d’autres musées du pays. Alors, l’offre est très variée. Le client peut choisir en fonction de la région où il habite. A nos clients de Bucovine, par exemple, nous proposerons des carreaux anciens spécifiques de cette contrée, à ceux de Transylvanie, de même. En Transylvanie, les carreaux sont blancs, avec des peintures en bleu, en Bucovine, les ornements sont plus chargés et ils sont en rouge, en vert et même en jaune. Si le client souhaite des carreaux modernes, nous pouvons leur proposer un tel design. Il faut dire qu’à présent, un poêle en terre cuite n’est plus ce qu’il était jadis. A un poêle que nous vendons peuvent être connectés 10 à 15 calorifères, il est une véritable mini-centrale thermique. »

    La fabrique vend une trentaine de grands poêles et une centaine de poêles préassemblés par mois. Elle compte une trentaine d’ouvriers et elle peut être visitée. Les touristes peuvent participer à la fabrication des carreaux, ils peuvent faire eux-mêmes le pressage de carreaux en miniature, qu’ils peuvent emporter. Tous ceux qui le souhaitent peuvent ainsi connaître ce vieil art traditionnel, perpétué à Mediaş. (Trad. : Dominique)

  • Les fonds européens, toujours essentiels pour le développement de la Roumanie

    Les fonds européens, toujours essentiels pour le développement de la Roumanie

    Pour prendre un exemple, des 28 Etats de l’Union européenne, la Roumanie occupe l’avant-dernière place dans le classement rapporté au PIB par tête d’habitant, selon les dernières informations publiées par le Fonds monétaire international. Dans l’espace économique européen, seule la Bulgarie est derrière. Aussi, le FMI attribuait à la Roumanie un PIB de 10.372 dollars par habitant en 2017, soit 10 fois inférieur à celui du leader européen en la matière, le Luxembourg. Quant aux indicateurs de référence pour mesurer le niveau de vie, tels le niveau du salaire moyen ou encore le niveau du pouvoir d’achat, la Roumanie demeure encore à la traîne.

    Pourtant, et en dépit de ces statistiques décevantes, le décalage entre la Roumanie et les autres pays européens ne cesse de diminuer, notamment grâce à la croissance économique soutenue enregistrée par la Roumanie ces dernières années Mugur Isărescu, le gouverneur de la Banque centrale ne manque pas de le souligner: « Nous nous sommes approchés de la moyenne européenne, mais cela n’est pas nécessairement vrai pour l’ensemble du pays, mais bien pour certaines régions. Malheureusement, le déficit en termes d’infrastructures freine le développement de certaines régions, et le risque de faire pérenniser ce décalage est bien réel. Le déficit d’infrastructures commence à poser un problème même en termes de sécurité nationale ».

    En effet, les statistiques le montrent clairement : c’est bien Bucarest et sa périphérie qui tiennent le haut de l’affiche en matière de développement régional. Un progrès évident et bien marqué a été dernièrement également enregistré en Transylvanie et dans le Banat, toutes les deux situées à l’Ouest de la Roumanie, donc plus proches géographiquement du Centre de l’Europe. Les moins développées demeurent en revanche les régions situées dans la moitié Est de la Roumanie, et notamment la Moldavie. Ce sont les régions les plus touchées par la pauvreté, les moins dotées en infrastructures de santé ou d’éducation, les moins industrialisées aussi. Pire encore, ces régions bénéficient de très peu d’investissements étrangers.

    En 2016, c’est la région de Bucarest et le département d’Ilfov tout proche qui s’étaient taillés la part du lion. En effet, ces deux régions voisines avaient engrangées près de 60% du total des investissements étrangers enregistrés au niveau national. Par comparaison, la Région Nord-Est n’avait alors bénéficié que d’un milliard six cent mille euros d’investissements étrangers directs, c’est-à-dire 25 fois moins.Dans ces conditions, les politiques européennes qui prônent la réduction des décalages entre les différents pays membres et entre les différentes régions, et on se réfère là à la politique de cohésion européenne, trouvent tout leur sens.

    La politique de cohésion suit principalement la création et la mise en œuvre des stratégies de développement, intervenant dans des domaines précis, tels l’infrastructure, le niveau d’occupation, l’éducation, l’environnement d’affaires et bien d’autres domaines encore. L’intervention a lieu grâce aux politiques régionales, voire locales, basées sur des investissements publics dans les domaines mentionnés. Néanmoins, mener à bien ces politiques relève aussi de la capacité d’absorption des fonds européens de chaque Etat membre.

    La région de Bucarest avait ainsi à sa disposition plus de 22 de milliards d’euros d’investissements pour l’exercice budgétaire européen 2014/2020, alors que, jusqu’à maintenant, elle n’a réussi à absorber qu’un seul milliard, c’est-à-dire moins de 5% du montant alloué, met en exergue Mugur Isărescu, le gouverneur de la Banque centrale roumaine. Il s’épanche notamment sur ce que représenterait une meilleure capacité d’absorption des fonds européens. Selon le FMI, un taux d’absorption de 95% des fonds européens mis à la disposition de la Roumanie équivaut à un plus de croissance de près de 1.7 % du PIB jusqu’en 2022, ce qui conduirait à un taux d’accroissement moyen en base annuelle de 5% ».

    Mais avec la croissance économique soutenue des dernières années on a assisté à une croissance, cette fois peu désirable, du déficit de compte courant. Plus encore, la monnaie nationale a atteint au mois de janvier passé un plus bas historique par rapport à la monnaie unique européenne.Mugur Isărescu, à la tête de la Banque centrale, fait ainsi valoir l’importance des fonds européens dans tous ces domaines « Dans une perspective macro économique, attirer des fonds européens représente la manière la plus désirable de financer le déficit de compte courant, assurant ainsi la stabilité d’ensemble de l’économie roumaine, la stabilité du système financier et encore la stabilité du taux d’échanges, dont nous sommes tellement concernés, me semble-t-il ».

    Mais, pour ce faire, la Roumanie a besoin d’un renforcement de sa capacité administrative. Et, même si l’Union européenne consent à faire des efforts réels pour soutenir les autorités roumaines dans ce domaine, tant au niveau central que local, la Roumanie demeure, semble-t-il, à la traîne.

  • Le trésor caché de la mer Noire

    Le trésor caché de la mer Noire

    Les premiers gisements de gaz et de pétrole ont été découverts en 1980 et le régime communiste en avait alors commencé l’exploitation par ses propres moyens, même si les résultats se sont avérés quelque peu décevants. Au début de l’actuel millénaire, les nouvelles technologies du domaine ont permis de mieux évaluer le potentiel de ces ressources naturelles, et les résultats ne se sont pas fait attendre, surtout pour ce qui est du gaz naturel. Les majeurs du domaine se sont rués sur l’aubaine, et l’on voit ainsi le premier joueur mondial, Exxon Mobil, scellant, en 2008, son partenariat avec OMV Petrom, la principale compagnie roumaine active dans l’extraction des hydrocarbures.



    Le deuxième pas fut réalisé en 2009, lorsque la Roumanie a réussi à faire valoir ses droits sur le plateau continental de la mer Noire face à l’Ukraine, auprès de la Cour internationale de Justice de la Haye. La Roumanie a récupéré ses droits sur une superficie de 9.700 de kilomètres carrés, c’est-à-dire sur 80% de la zone convoitée. A partir de ce moment, les compagnies internationales ont commencé à s’impliquer massivement. Si on ne prenait que le partenariat Exxon Mobil/OMV Petrom, par exemple, on compterait déjà 1,5 milliards de dollars investis. Les années suivantes, les résultats se sont avérés spectaculaires. Le consortium annonçait en 2012 la découverte d’un gisement de gaz entre 42 et 84 milliards de mc, situé dans une zone de grande profondeur. Trois ans plus tard, un autre consortium, dirigé par le russe Lukoil cette fois, découvrait à son tour un gisement de près de 30 milliards de mc.



    Il existe à l’heure actuelle dix concessions dans la partie roumaine du plateau continental de la mer Noire. Les sociétés impliquées ont constitué l’Association roumaine des concessionnaires offshore à la mer Noire. Exploiter au mieux le potentiel économique de la zone constitue le principal objectif de l’association, dans le respect, je cite, « des meilleurs standards en matière de protection de l’environnement et dans le respect de la sécurité de tous ceux qui sont impliqués dans les activités d’extraction en haute mer ».



    L’association avait récemment commandé à la compagnie Deloitte une étude sur la place des investissements de type offshore, déroulés en mer Noire, dans l’économie roumaine. Les conclusions de cette étude, présentées par l’ancien ministre de l’Energie, Răzvan Nicolescu, actuellement expert chez Deloitte, met en exergue les possibles retombées de l’exploitation de ces ressources pour la Roumanie, qui pourrait ainsi rejoindre le top des pays européens les moins dépendants d’un point de vue énergétique. Ecoutons Răzvan Nicolescu:



    « Des 28 Etats membres de l’UE, il n’y a que l’Estonie et le Danemark qui seraient capables de faire mieux. Et même cette 3e place, qui est déjà plus qu’honorable, on pourrait, je crois, l’améliorer. »



    Selon des responsables de l’Agence nationale des ressources minières de Bucarest cités par Răzvan Nicolescu, le sous-sol de la mer Noire recèlerait près de 200 milliards de mc de gaz. L’étude commanditée par les concessionnaires réunis estimait quant à elle ce potentiel à 170 milliards de mc. Le document précise que près de 65% de cette quantité serait destiné à couvrir les besoins internes, alors que les 35% restants serait exportés, ce qui raffermirait la place qu’occupe la Roumanie sur le marché énergétique européen. Quoi qu’il en soit, jusqu’en 2040, l’année de référence du rapport, les retombées économiques attendues semblent plus que prometteuses. Mais, car il y a toujours un « mais » dans ce genre d’affaires, pour exploiter ces ressources, des investissements conséquents sont à prévoir, détaille Răzvan Nicolescu, spécialiste chez Deloitte.



    « Nous prévoyons qu’avec un investissement de 15 milliards, on pourrait atteindre une production de 170 milliards de mc. 8,9 autres milliards devraient être investis dans des travaux, disons, collatéraux, en lien avec l’exploitation, mais pas dans l’exploitation elle-même. Les retombées de ces investissements réunis seraient de 42 milliards de dollars, à étaler sur cette période de 23 ans, et à rajouter au PIB roumain sur la période. »



    Mais pour pouvoir atteindre ces objectifs, au-delà de certains impondérables, tels la quantité de gaz qui sera réellement exploitée et les prix fluctuants du marché, d’autres facteurs sont à prendre en considération, tel le cadre législatif, qui devrait garantir une sécurité accrue aux investissements consentis, et puis la capacité de l’économie roumaine à tirer au mieux profit de la manne gazière.


    Trad. Ionut

  • Pour une meilleure transparence dans les accords commerciaux de l’UE

    Pour une meilleure transparence dans les accords commerciaux de l’UE

    2017 a été lannée de lentrée en vigueur du CETA – lAccord commercial largement compréhensif conclu avec le Canada. Estimation est faite que le volume des relations commerciales bilatérales va augmenter de manière significative grâce à cet accord. Il semble que lon assistera, par exemple, à une hausse annuelle de 23% du volume des exportations européennes vers le Canada. Aussi, la progression annuelle du PIB au niveau de lUE serait denviron 11,6 milliards deuros. Les exportations de blé, de farine et de vin sur le marché canadien se dérouleront dorénavant sans frais de douane. En même temps, les tarifs à lexportation dans le domaine des constructions mécaniques qui sélevaient à 9,5% seront supprimés suite à la mise en œuvre de lAccord CETA.


    En revanche, le succès des négociations entre lUnion européenne et les Etats-Unis a été bien plus mitigé. La partie américaine a freiné les avancées enregistrées dans les négociations pour la conclusion du Partenariat transatlantique de commerce et dinvestissement, le TTIP, après larrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis.


    Aussi, il convient de remarquer que, alors que les accords commerciaux négociés ou conclus par lUnion européenne ont bénéficié dun soutien manifeste de la part des institutions européennes, ils ont été fortement malmenés et critiqués à lintérieur de lUnion.


    Des représentants des agriculteurs, des associations actives dans le domaine de la protection de lenvironnement ou des organisations syndicales ont protesté ouvertement, parfois violemment, à lencontre des accords négociés par Bruxelles.


    Leurodéputé roumain Iuliu Winkler est vice-président de la Commission du Commerce international du Parlement européen et il est également membre du Parti populaire européen. Selon lui, la principale préoccupation concernant la manière dont la négociation de ces accords commerciaux est menée, cest labsence danalyses dimpact au niveau des régions de lUnion européenne.


    Iuliu Winkler: « Prenons le rapport coûts – bénéfices dans le cadre dun accord commercial… Cest un élément souvent ignoré à Bruxelles. Alors, lorsque je rappelle ce principe au sein de la Commission du Commerce international du PE, mes collègues ne sont pas très contents. Pour être plus clair : qui est chargé de produire une analyse du rapport coûts/bénéfices dun accord commercial entre lUnion et ses partenaires au niveau régional ? Parce que cest quelque chose qui na jamais été réalisé. On dit : « On va gagner autant de milliards, on va dégager autant de milliers demplois » ? Mais doù cela viendra-t-il? Et alors, le gros problème cest que lorsque lon conclut par exemple le volet agricole dun accord commercial, ou le volet export de technologie, lorsquon discute de laccès à un marché, donc quand on réalise ces types danalyses on constate que, malheureusement, une bonne partie des bénéfices se situe dhabitude en Europe Occidentale. Donc on voit les bénéfices dun accord qui vont sans exception vers les régions de lOuest ou encore du Nord de lEurope. Cest là que sont basées les multinationales européennes, les grandes entreprises commerciales, les grands exportateurs. Le plus grand exportateur européen est, évidemment, lAllemagne, qui exporte aussi des produits à grande valeur ajoutée, et à la pointe de la technologie. Alors que les frais de ces accords sont malheureusement souvent assumés par les pays de lEst tels la Roumanie. Au moment où des négociations ont lieu avec la Chine… La Roumanie a dû restructurer son industrie métallurgique à la fin des années 90, cétait lune des conditions de pré adhésion imposée par lUE. Nous avons réduit les surcapacités de production héritées de lépoque communiste, et donc on a déjà fait les frais de cette restructuration. Cela est tout aussi vrai pour lindustrie sucrière ou pour lindustrie chimique, pour ne donner que ces exemples. Or, actuellement, il paraît que, à nouveau, si on savérait incapables de protéger nos industries européennes face aux surcapacités de la production métallurgique chinoise, par exemple, nous allons faire les frais une seconde fois. Car cest bien de nous quil sagit. Qui est-ce qui possède encore des capacités de production de ce type en Europe? Très peu de pays. Mais, en plus, on manque de compétitivité à lEst, et alors cest nous qui allons faire les frais de ces accords commerciaux. »



    Un deuxième élément qui fait débat dans le contexte, cest labsence de transparence lors du processus de négociation. Le député européen Iuliu Winkler pense néanmoins que le temps est passé où ce genre daccords pouvait se négocier derrière des portes fermées.


    Iuliu Winkler : « On assiste à la naissance dune nouvelle ère dans le domaine du commerce international. Dans le temps, il est vrai, ce genre de négociations était mené derrière les portes fermées, car il sagit déléments caractérisés par une grande complexité au niveau technique, et cela devenait impossible pour quelquun qui nétait pas un spécialiste de pouvoir suivre et comprendre les tenants et les aboutissants. Alors les experts se retiraient derrière les portes fermées et… ils négociaient. A lheure actuelle, cela nest plus soutenable. La société, les médias, les ONGs réclament de la transparence. Ils veulent comprendre. Ils veulent connaître le mandat avec lequel les experts sont investis. Pourquoi négocier le TPI, si on le négocie ? Pourquoi avoir réfuté laccord pour combattre la contrefaçon, ACTA, et pourquoi avoir approuvé laccord commercial conclu avec le Canada et quels en seront les bénéfices ? Le besoin dun plus de transparence est légitime. Dans cette nouvelle ère commerciale il faut pouvoir défendre non seulement la liberté du commerce, mais aussi son équité. »



    Loffensive économique de la Chine ainsi que les nouvelles orientations des Etats-Unis en matière commerciale dans le mandat du président Donald Trump sont autant de défis pour lUnion européenne dans les années à venir. Et dans ces conditions, il faudrait suivre de près dans quelle mesure les négociations commerciales déjà entamées par lUnion européenne avec ses principaux partenaires vont pouvoir répondre de manière adéquate aux exigences en matières de compétence, déquité et de transparence, ainsi quaux attentes de ses citoyens. (Trad.: Ionut Jugureanu)

  • Quelles perspectives pour l’infrastructure ferroviaire en Roumanie?

    Quelles perspectives pour l’infrastructure ferroviaire en Roumanie?

    Le transport ferroviaire a une histoire de 150 ans en Roumanie. La première ligne ferroviaire a été inaugurée le 20 août 1854, dans la région du Banat, à l’époque partie de l’Empire d’Autriche-Hongrie. Elle reliait la ville d’Oravita à celle de Bazias, port danubien. D’une longueur de 62,5 km, elle a servi tout d’abord exclusivement au transport du charbon. Ce n’est que deux années plus tard, plus précisément le 1er novembre 1856, que cette première ligne de chemin de fer a été ouverte au trafic des passagers, selon le site cfr.ro.

    Selon la même source, entre 1864 et 1880, la construction du chemin de fer prend son essor également sur le territoire de ce qu’était alors le Royaume de Roumanie, celui que formaient à l’époque la Valachie et la Moldavie. Aussi, la première ligne de chemin de fer du Royaume de Roumanie relie toujours un port danubien, Giurgiu cette fois, à la capitale du royaume, Bucarest. Elle est inaugurée en grande pompe le 26 août 1869. Il s’ensuit un développement rapide des voies ferrées en Roumanie, à l’instar de ce qui se faisait à l’époque dans les autres pays européens.

    A la suite de la Grande Union de 1918, entre le Royaume de Roumanie et les anciennes provinces d’Autriche-Hongrie ou de Russie habitées majoritairement par des Roumains, telles la Transylvanie, le Banat, la Bessarabie et la Bucovine, le réseau ferroviaire de ces provinces rejoint le réseau du Royaume de Roumanie. Avec l’avènement du communisme après la Deuxième Guerre mondiale, le réseau s’étoffe, élément indispensable à l’industrialisation effrénée du pays, souhaitée et mise en œuvre par le régime communiste. La hausse du trafic ferroviaire, la construction de nouvelles lignes, y compris dans les régions rurales, l’électrification des voies existantes occupent une place importante dans les plans économiques quinquennaux du parti.

    Lors du changement de régime fin 1989, la Roumanie pouvait s’enorgueillir de disposer d’un des réseaux de chemin de fer les plus denses d’Europe. Bientôt pourtant, dans le contexte de la transition à l’économie de marché, la compagnie nationale des chemins de fer, CFR, éclate en plusieurs entités : CFR S.A., surnommée « CFR Infrastructure », car administrant le chemin de fer, puis CFR Voyageurs et CFR Fret. Une longue et éprouvante période de déliquescence s’en est suivie. De nombreuses liaisons ferroviaires sont passées à la trappe. Sur de milliers de kilomètres, il n’y a que des restrictions de vitesse pour éviter le pire. Lucian Bode, député du principal parti d’opposition, le PNL, et président de la Commission Transports de la Chambre des députés, fait un état des lieux du transport ferroviaire de nos jours en Roumanie: « Le secteur du transport ferroviaire est aux abois. La situation est très compliquée, alors que nous enregistrons une vitesse moyenne de seulement 18 km/heure pour le fret et de 45 km/heure pour le transport de passagers. Et l’on enregistre, selon les données disponibles sur les 9 premiers mois de l’année 2017, des retards quotidiens de plus de 12.500 minutes, sur l’ensemble du réseau. Lorsque, pour traverser le pays, de la ville côtière de Constanta et jusqu’à la frontière hongroise, le fret prend 7 jours, alors que dans les années 30 du siècle précédent il parcourait la même distance en seulement 4 jours, qu’est-ce que cela donne? Nous enregistrons des pertes économiques énormes. Les utilisateurs du rail souffrent, qu’ils soient opérateurs publics ou privés. Et puis, aussi, on enregistre des pertes de vies humaines, notamment aux passages à niveau. 71 passages à niveau ont été modernisés, sur les 5080 que compte le réseau dans son ensemble. Faites le calcul ».

    Les problèmes que rencontre l’infrastructure ferroviaire ont également été au centre des récentes protestations syndicales. Radmilo Felix, le secrétaire général de la Fédération des mécaniciens de locomotive, aborde cet aspect: « Cela fait des années que nous tirons la sonnette d’alarme. La législation est obsolète et doit être révisée. Par ailleurs, des investissements massifs dans l’infrastructure sont indispensables. On doit moderniser l’infrastructure, accroître la vitesse des trains. Il y a cinq ans, pas un sou n’était investi pour le maintien de l’infrastructure aux paramètres techniques nécessaires. Pendant les cinq dernières années, le gouvernement a commencé à comprendre que cela devenait intenable et a alloué une partie des fonds nécessaires pour l’entretien et les réparations. Actuellement l’enveloppe budgétaire s’élève à près d’un milliard de lei, soit environ 215 millions d’euros. On a réussi à moderniser la ligne vers le littoral, Bucarest – Constanta, et là on peut rouler à 120 à l’heure, mais cela a pris dix ans. »

    Marius Sorin Bota, vice président de la Commission Transports de la Chambre des députés et membre du PSD, parti au pouvoir, avance une explication: « En Roumanie, tout le monde se plaint de la lenteur des travaux, parfois aussi de leur qualité. Dans le domaine ferroviaire, nous ne pouvons pas avancer à ce rythme. Il n’est pas concevable que pendant dix ans rien ne bouge ou presque, et même ce qui a été fait n’a pas été finalisé. Au mois de mai, le gouvernement viendra avec une nouvelle loi d’attribution des marchés publics pour simplifier les procédures. J’espère que cela puisse nous aider à accélérer les choses. »

    Il existe pourtant des solutions pour revitaliser et moderniser l’infrastructure ferroviaire roumaine. Lucian Bode, député du principal parti d’opposition, le PNL, et président de la Commission Transports de la Chambre des députés, suggère quelques pistes de réflexion: « Nous avons cet accès aux fonds européens. Nous avons donc des ressources à disposition ! CFR S.A., la société en charge de l’infrastructure, dispose d’un budget de 1,1 milliards d’euros pour 2018. Lors du collectif budgétaire de l’année dernière, le budget de la société à été diminué de 305 millions de lei, soit de 70 de millions d’euros. Mais nous avons l’argent de l’Europe. Plus de 6 milliards de fonds européens sont destinés à l’ensemble des travaux d’infrastructure. Nous comptons 1,2 milliards d’euros du mécanisme Connect Europe Facility… Et, en réalité, nous sommes parvenus à moderniser seulement 400 kilomètres de chemin de fer en 12 ans… Vous savez, au Kenya, en trois ans, ils avaient réussi en faire autant : 400 Km… Aussi longtemps que lors des appels d’offres, le seul critère pris en compte est le prix le plus bas, la procédure est d’emblée en situation d’échec et la qualité des travaux s’en ressent. Il faut arrêter cela : le prix ne peut plus être le seul et unique critère. Si on arrivait à moderniser les 3.600 Km que compte le réseau ferroviaire principal, les trains pourront se déplacer à 160 à l’heure. Certes, on sera encore toujours loin des vitesses de 540 km/h du TGV français, mais ce sera déjà un acquis ». (trad. Ionut Jugureanu)

  • Investir dans les aires naturelles protégées

    Investir dans les aires naturelles protégées

    Aussi, pour mieux préserver son patrimoine naturel, beaucoup de ces zones sont protégées par la loi à l’heure actuelle. Les parcs naturels sont comptés en premier, et ils sont aussi les plus importants en termes de superficie occupée. C’est que la Roumanie dispose aujourd’hui de 13 parcs nationaux, auxquels s’ajoutent 18 parcs naturels, et le delta du Danube, Réserve de la Biosphère.

    Beaucoup d’investisseurs sont donc forcément attirés par la beauté des lieux et, conséquemment, par leur potentiel touristique, et cela dans une approche de développement durable. Mircea Vergheleţ, le directeur du Parc national de Piatra Craiului, souligne combien opportuns demeurent les investissements touristiques réalisés à proximité des aires naturelles protégées: « Le tourisme, pour autant qu’il se développe dans le respect des plans de management de ces aires protégées et des règlements en vigueur, demeure une activité bénéfique. C’est une activité qui est encouragée par ceux qui gèrent ces zones, car il s’agit d’utiliser de cette manière les ressources existantes, sans pour autant les abîmer, les épuiser ou les dégrader. Le tourisme écologique attire, d’une part, l’attention des gens sur l’importance de préserver correctement ces zones. D’autre part, en attirant des touristes, il représente un moteur économique d’importance pour les communautés locales. Ceux qui envisagent démarrer une affaire dans le domaine du tourisme écologique vont évidemment profiter de l’intérêt suscité par la proximité éventuelle d’une aire naturelle protégée, par l’attraction que cette dernière exerce, par les activités qui peuvent être proposées grâce à cette proximité. C’est bien dans l’intérêt commun, autant de l’administration de l’aire naturelle protégée que dans celui du futur propriétaire de l’infrastructure touristique de promouvoir, au-delà du confort, une offre d’activités dans la nature, des randonnés, du vélo et ainsi de suite. Donc, des activités qui n’appellent pas à des investissements conséquents et spécifiques. »

    En fait, chaque aire protégée appelle à certains types d’activités. Mircea Vergheleţ, le chef de l’administration du Parc national de Piatra Craiului, détaille l’idée: « Il existe une distinction entre les parcs nationaux et les parcs naturels. En général, les parcs nationaux ne peuvent pas comprendre de zones habitées. Alors, le développement des infrastructures touristiques n’est possible que dans les localités qui jouxtent le parc, mais qui demeurent situées en dehors de l’aire naturelle protégée. En revanche, pour ce qui est des parcs naturels, là où l’objectif principal réside dans la conservation du paysage au sens large, y compris, par exemple, de l’unité architecturale des villages de montagne, des investissements sont permis à l’intérieur même du parc. Tant pour les uns que pour les autres, la conservation de l’architecture traditionnelle de la zone demeure prioritaire. Pour prendre l’exemple du Parc national de Piatra Craiului, là où je travaille, nous avons deux villages à l’intérieur du Parc. Avec le soutien de l’Ordre des architectes de Bucarest, nous sommes parvenus à développer un règlement auquel tout nouveau chantier doit obéir. Il s’agit de prendre en compte plusieurs chapitres, de disposer d’une certaine superficie minimum de terrain pour pouvoir y bâtir, le régime de hauteur, les matériaux de construction utilisés, la nature de la toiture et ainsi de suite. Pour cela, l’administration du Parc fait appel à deux professionnels, membres du Conseil scientifique. C’est à ce dernier que l’on soumet toute nouvelle proposition pour de tels investissements. En travaillant de concert avec les pouvoirs locaux, nous souhaitons préserver le caractère traditionnel de ces constructions. »

    Existe-t-il en revanche des avis spécifiques à obtenir pour pouvoir construire à l’intérieur ou à proximité des aires naturelles protégées ? Mircea Vergheleţ: « Pour ériger un nouveau bâtiment à l’intérieur d’une aire protégée, vous avez toujours et sans exceptions besoin de l’avis de l’administration du Parc. A l’extérieur, en revanche, cela n’est pas nécessaire. Evidemment, il faudrait, quoi qu’il en soit, adapter vos plans aux règlements d’urbanisme en vigueur dans la zone, et il faut aussi que le terrain soit intra muros ».

    Une question nous vient naturellement à l’esprit : dans quelle mesure toutes ces règles sont-elles observées? Mircea Vergheleţ répond : « En général, surtout ces dernières années, les propriétaires, les habitants des communautés locales ont pris connaissance des règlements, des plans d’aménagement en vigueur, et les respectent. A plus forte raison qu’une bonne partie de nouveaux projets d’investissement sont réalisés à l’aide de fonds européens. On dénombre encore un certain nombre d’illégalités, des constructions érigées en l’absence d’avis nécessaires, mais dans ce cas on applique tout simplement les mesures prévues par la loi ». (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Comment promouvoir le littoral roumain de la mer Noire?

    Comment promouvoir le littoral roumain de la mer Noire?

    La capitale, Bucarest, est devenu un haut lieu du tourisme de dépaysement, sans pour autant être boudée par les touristes qui sont à la recherche d’objectifs culturels ou historiques. La province de Transylvanie avec ses cités médiévales, ses églises fortifiées, situées dans les anciennes régions habitées par la minorité allemande, les Saxons, représentent un autre élément incontournable. A cela s’ajoutent le Delta du Danube, avec sa biodiversité pour le moins spectaculaire, ou bien le Nord de la Moldavie et ses monastères d’une remarquable beauté.Une autre zone d’intérêt demeure le littoral de la mer Noire. En été, trouver une place d’hébergement relève du parcours du combattant.

    En pleine saison, les plages sont bondées dans la journée, alors que la nuit, les boîtes sont pleines à craquer. Mais il s’agit, pour la plupart, de tourisme interne, la proportion de touristes étrangers étant marginale. Une des causes de cette réalité pourrait être l’insuffisance de la promotion du littoral roumain au-delà de nos frontières. Pour palier à cela, la mairie de Constanta, la plus grande ville-port de la côte roumaine de la mer Noire, a publié une stratégie de développement et de promotion qui vise notamment la station touristique de Mamaia, partie prenante de sa zone métropolitaine. Nous avons abordé à ce sujet avec l’ancien ministre du Tourisme et actuel député de Constanta, Mircea Titus Dobre. Où devrait-on porter notre attention en priorité ? « Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il faudrait promouvoir un seul aspect. Nous avons besoin d’une promotion générale. Nous parlons du littoral, et il faut partir de ce qui se fait. C’est pour cela qu’à mon avis la stratégie de promotion et de développement de la ville de Constanta, de celle de Mamaia aussi, peuvent constituer des exemples pour les autres zones du littoral roumain. Je parle là de Mangalia, des villes de Costinesti ou d’Eforie, des autres mairies qui gèrent des villes touristiques d’intérêt national ou local. »

    Mais comment fait-on cette promotion, dans le concret, au-delà des frontières ? Mircea Titus Dobre nous détaille ces actions: « A l’Organisation mondiale du tourisme, il existe une zone des membres affiliés où la Roumanie n’est pas encore représentée. En tant que ministre, j’avais promu un projet à travers lequel la Roumanie accède au Comité exécutif de l’Organisation, ce qui s’est réalisé en 2017. Le pas suivant aurait dû être fait par le ministère du Tourisme de Bucarest qui amène à la table des grands, des membres affiliés, les organisations patronales et les administrations publiques locales ayant au moins quatre objectifs touristiques d’intérêt national sur leur territoire. Parce que si nos entreprises touristiques privées ne sont pas assises à la même table que leurs consoeurs de l’étranger, je ne suis pas sûr que l’on puisse parler d’une promotion cohérente et efficace. Ce premier pas est un pas important. »Il y avait dans le temps les fameux « Bureaux pour l’information et la promotion du tourisme en Roumanie », ouverts dans plusieurs grandes capitales du monde. Que sont-ils advenus, qui a repris le flambeau, comment réalise actuellement la Roumanie sa promotion à l’étranger? « Cette mission a été dévouée aux attachés économiques des ambassades de Roumanie. Moi, j’avais très bien collaboré avec ces derniers pendant mon mandat de ministre. Les attachés économiques ont un statut de diplomates et représentent les intérêts de la Roumanie sur le plan économique dans le cadre des relations bilatérales. Le tourisme en fait partie et les attachés représentent très bien l’Etat roumain. Les Bureaux auxquels vous faites référence ont été supprimés à cause de leur fonctionnement déficitaire, mais ils seront réorganisés pour que, dès cet été, on puisse avoir des bureaux de promotion du tourisme sous la forme des attachés diplomatiques au tourisme. A l’instar des attachés économiques, par exemple. ».

    Quelle serait, dans le concret, la mission d’un attaché au tourisme ? L’ancien ministre du Tourisme, Mircea Titus Dobre, explique: « En premier lieu, l’attaché va s’occuper du public. Ensuite seulement, de la relation entre les compagnies, entre les tour-opérateurs roumains et étrangers. Pensez aux moments de crise traversés avec certains tour-opérateurs : à chaque fois, les touristes roumains qui se trouvaient en difficulté dans un pays ou un autre ont dû être pris en charge par notre ambassade ou notre consulat. Dorénavant, ce sera la mission dévouée à l’attaché au tourisme. Il se chargera du touriste roumain qui passe ses vacances dans le pays respectif. Puis, évidemment, il devra s’occuper de la promotion adressée au grand public, parce que ces bureaux de promotion doivent orienter leur activité vers les ressortissants des pays où ils travaillent, parce qu’il s’agit de la promotion de la Roumanie. En même temps, l’attaché se chargera de faciliter des contacts directs entre des tour-opérateurs roumains et étrangers. », nous confiait l’ancien ministre roumain du Tourisme, Mircea Titus Dobre.

  • Le Brexit vu depuis Bruxelles (II)

    Le Brexit vu depuis Bruxelles (II)

    La sortie du Royaume Uni de l’UE, que les Britanniques ont décidée par référendum en 2016, est un défi sans précédant pour la communauté européenne. La négociation d’un accord pour une séparation à l’amiable est un processus difficile, comportant de nombreux volets qui s’annoncent compliqués. Le réseau européen de radio Euranet Plus, dont la Radio roumaine est un des membres fondateurs, a récemment organisé un débat avec Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE pour le Brexit. Nous en avons déjà présenté, récemment, plusieurs éléments concernant le cadre des négociations et certains aspects importants, dont les droits des citoyens européens résidant au Royaume Uni et des Britanniques vivant sur le territoire de l’UE, ainsi que des questions liées à la libre circulation des personnes, aux capitaux et aux services après le Brexit. Aujourd’hui nous poursuivons notre survol. Les responsables européens et des hommes d’affaires européens sont préoccupés par l’éventualité qu’après le Brexit on se voit confronté, sur le plan économique, à des politiques de concurrence déloyale promues par Londres.


  • Le Brexit vu depuis Bruxelles

    Le Brexit vu depuis Bruxelles

    L’UE, que la Roumanie a rejointe en 2007, doit relever, d’un jour à l’autre, de nouveaux défis. Le plus grand en est, peut-être, la sortie du Royaume-Uni, une des principales puissances économiques et politiques d’Europe et du monde. Le réseau européen de radio Euranet Plus, dont la Radio roumaine est un des membres fondateurs, a récemment organisé un débat avec Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE pour le Brexit.



  • La saison estivale, un défi à relever pour le tourisme roumain

    La saison estivale, un défi à relever pour le tourisme roumain

    Qu’il s’agisse des vacanciers friands de littoral, de soleil et de baignades ou encore des visiteurs habitués, c’est toujours à l’été que les chiffres du tourisme, et surtout le nombre des touristes étrangers, explosent.

    Nous avons abordé le sujet avec le président de la Fédération de l’Industrie hôtelière de Roumanie, Călin Ile, qui nous a d’abord présenté les destinations de choix et d’élection des touristes étrangers en Roumanie: « Je commencerais par vous parler du delta du Danube, un vrai symbole. Dans le delta, le tourisme de masse est exclu mais, pour nous, le delta demeure un symbole fort et représentatif de la Roumanie. Puis, je ne saurais manquer de mentionner la Transylvanie, dont la fréquentation est en hausse constante, et où l’on remarque une amélioration au niveau de la gestion de certaines attractions touristiques. Puis, les grandes villes du pays, là où l’on peut faire des sorties de week-end, et qui se font remarquer par une offre variée et attrayante. L’on compte donc, tout d’abord, sur ces trois types de destinations. Une deuxième catégorie, c’est le tourisme de masse, ciblant le tourisme balnéaire, le tourisme de montagne ou encore le tourisme sur la côte de la mer Noire, très convoitée pendant les deux, trois mois d’été. Comme vous pouvez le constater, nous avons beaucoup à offrir. Pourtant, notamment à cause de l’absence d’infrastructures adaptées, aucune de ces destinations n’arrive à concrétiser au maximum son formidable potentiel.»

    Dans les statistiques actuelles, c’est Bucarest, la capitale, qui est la plus recherchée. Călin Ile l’explique: « La ville de Bucarest est devenue très convoitée dernièrement. L’année dernière, elle a dépassé pour la première fois la barre des deux millions de touristes. Environ 45% des touristes étrangers se rendent à Bucarest. En fait, la ville profite de son air d’authenticité, de sa spécificité par rapport aux autres capitales européennes. Les touristes ont hâte de le découvrir, pour son mode de vie, pour le brassage des cultures, pour son hospitalité. Puis, il s’agit, pour les touristes étrangers, d’une destination relativement nouvelle, qui attise leur curiosité. C’est vrai que par comparaison du moins à d’autres capitales européennes, Bucarest est peut-être moins riche en termes de patrimoine. D’un point de vue architectural par exemple, il serait difficile de prétendre pouvoir surpasser des villes telles que Paris, Prague, Vienne ou Budapest. Mais Bucarest profite de ce qui le singularise. Par exemple la gastronomie, l’accueil, les hôtels récemment construits et vraiment confortables, et puis, surtout, le mode de vie, sa vie de nuit. Enfin, si l’on y rajoute les musées et les attractions plus classiques, on arrive à pouvoir passer trois jours bien remplis et extrêmement agréables dans la capitale roumaine. Peut-être que viser des séjours de sept jours serait encore un peu tôt. Mais il faudrait penser à cela, à condition de développer une offre conséquente, de générer des programmes adaptés et de lancer des campagnes d’information ».

    Quelle serait la meilleure manière de promouvoir les destinations roumaines ? Calin Ile, le président de la Fédération de l’Industrie hôtelière de Roumanie, apporte son éclairage : « Les stratégies sont du ressort des autorités publiques centrales, mais, ensuite, chaque destination devrait bâtir sa propre stratégie, une stratégie locale qui puisse intégrer la stratégie globale. Personnellement, je salue l’idée de créer des organismes de management d’une destination, et l’on plaide pour que cette initiative, qui est actuellement à l’étude, aboutisse. J’espère qu’elle aura des retombées positives, qu’elle sera adoptée et qu’elle deviendra fonctionnelle. Ces organismes de management devraient parvenir à nouer des partenariats public-privé, afin que tant les acteurs privés que les pouvoirs publics s’investissent à promouvoir la destination respective. Ce ne serait pas une pratique nouvelle, on la retrouve aussi ailleurs en Europe. Et puis, chez nous, elle disposerait d’un levier financier qui consiste en la taxe collectée d’ores et déjà auprès de nos touristes. Il ne reste plus qu’à l’utiliser de manière plus efficace pour promouvoir les destinations touristiques». (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le marché automobile roumain à l’ère de l’électrique

    Le marché automobile roumain à l’ère de l’électrique

    A cette occasion, les visiteurs ont pu admirer 20 marques et plus de 150 modèles d’automobiles, mais aussi de 2 et de 3 roues. Pour autant que l’avenir appartienne à l’éco mobilité, les modèles hybrides, alimentés à l’hydrogène ou encore les modèles 100% électriques ne pouvaient pas louper cette fête. Il s’agit bien du dernier cri en matière de technologies de pointe visant la réduction de la pollution dans les grandes villes que l’industrie auto a dévoilé pour l’occasion.Ce que représente plus exactement le Salon automobile bucarestois en termes économiques pour l’industrie de ressort nous détaille George Grigorescu, le président de l’Association des producteurs et des importateurs d’automobiles de Roumanie, également organisateur de l’événement : «Il s’agit d’un événement censé relancer l’intérêt du public et le contact direct entre les constructeurs automobiles et les passionnés. C’est l’élément qui fait la différence entre notre Salon et les autres foires organisées les dernières années, mais dont aucune n’a l’ampleur du Salon international auto Bucarest, le SIAB. Et puis, le degré de participation des constructeurs est la preuve de leur confiance dans le marché roumain, alors que la dynamique du marché justifie pleinement cet intérêt ».

    Le président américain Donald Trump a récemment annoncé son intention de taxer les importations d’aluminium et d’acier. Dans quelle mesure cette décision pourrait-elle affecter la production roumaine de composantes automobiles ? George Grigorescu, le président de l’APIA, nous répond : « Les composantes automobiles roumaines sont généralement destinées au marché européen, il est rares qu’elles s’adressent au marché américain. Les principaux producteurs de voitures et les fabricants de composantes, tel Continental, qui est aussi l’employeur le plus important en Roumanie, le groupe allemand Inna Schaeffler, Hutchinson, qui produit des ceintures de sécurité dans la région de Brasov, cette industrie horizontale, donc, basée notamment dans les régions de Braşov, de Sibiu, de Timişoara, est une industrie qui a pour client l’industrie automobile européenne. J’ignore quelle est la proportion exacte de cette production qui arrive sur le marché américain. Donc le changement de la politique américaine dans le domaine pourrait avoir des répercussions, mais ce serait plutôt sur le volume des échanges entre l’Europe et les Etats-Unis. Je ne pense pas qu’il ait un impact direct sur l’industrie automobile roumaine. »

    Au niveau mondial, on parle de plus en plus de véhicules verts, écologiques. En Europe, c’est bien la Norvège qui détient la palme dans ce domaine. Les ventes mondiales de véhicules hybrides et électriques ont totalisé 3,8 millions d’unités. Sur le podium, on retrouve les voitures à essence avec 62 de millions d’unités vendues, ensuite, loin derrière, les véhicules diesel, avec près de 14 millions d’unités. En 2017, le constructeur automobile national, Dacia, a écoulé plus de 655.000 véhicules, en hausse de 12,2% par rapport à l’année précédente. Pour ce qui est de l’évolution du marché automobile vert, voici ce que George Grigorescu constate : « Je regarde l’évolution de ce marché avec un certain intérêt. Il y a cette prime à l’achat d’un véhicule 100% électrique ou hybride, par l’entremise du programme Rabla (le Taquot) Plus. En Europe, nous sommes un des pays munis de programmes extrêmement ambitieux dans ce domaine. Le problème ne vient pas d’ici ni même de la réticence des acheteurs potentiels. Ces derniers sont de plus en plus nombreux et, en 2018, on va certainement enregistrer une hausse des ventes dans le segment des voitures électriques et hybrides. Là où le bât blesse c’est au niveau de l’infrastructure, et cela concerne l’absence des stations d’alimentation. Je discutais d’ailleurs dernièrement avec monsieur Brezuică, de l’administration du Fonds pour l’environnement, qui mène un programme ambitieux d’investissements pour installer des stations de chargement rapide sur les principaux axes routiers de Roumanie. Ce sera un élément encourageant mais, d’un autre côté, je suis mi- inquiet mi- découragé par l’actuelle capacité de chargement des batteries à domicile. Si on regarde les difficultés, les coûts, la bureaucratie attachés à l’installation d’une ligne de tension d’une cinquantaine de mètres, et puis, aussi, les capacités tellement limitées du réseau, on se rend compte que l’on n’a pas vraiment beaucoup de chance.»

    « Le comportement au volant, entre responsabilité et systèmes d’assistance ». Quel est le type du chauffeur roumain ? Est-il capable de s’autoévaluer ? C’est de cela que nous parle le président de l’APIA, George Grigorescu, pilote de courses et moniteur de conduite défensive. « Tous mes collègues moniteurs qui travaillent dans le domaine de la conduite défensive, en fait de la conduite correcte, parce que nous apprenons nos élèves à conduire correctement d’abord, tous mes collègues, donc, se heurtent aux questions de la performance des chauffeurs. Mon constat, et je le dis avec regret, c’est qu’une partie non négligeable des conducteurs auto sont bêtes et méchants. Il s’agit d’un mélange explosif, d’un cocktail à la roumaine qui génère 2.000 morts chaque année sur nos routes. Et je ne parle là que de morts. On compte aussi des blessés, surtout des piétons. Parce que l’on pense que dans nos véhicules super-performants rien ne peut nous arriver. Les chauffeurs bêtes et méchants font toujours confiance à leurs ABS, ESP, AFU, TSC, toutes ces merveilles technologiques, à leurs pneus surdimensionnés, et ils pensent que rien ne peut leur arriver. Pourtant, les lois de la physique restent les mêmes, et cette confiance aveugle les fait surévaluer leurs capacités à pouvoir maîtriser le véhicule quand ils sont confrontés à une situation critique. Et de là jusqu’aux accidents graves il n’y a plus qu’un pas. De toute manière, on est les premiers en Europe en nombre d’accidents routiers mortels rapportés à mille habitants, au nombre de voitures immatriculées et ainsi de suite. Et puis, je ne pense pas que la situation s’améliore. », a conclu sur une note pessimiste le président de l’APIA, George Grigorescu.

    (Trad Ionut Jugureanu)

  • Quelles perspectives pour l’infrastructure ferroviaire en Roumanie?

    Quelles perspectives pour l’infrastructure ferroviaire en Roumanie?

    La première ligne ferroviaire a été inaugurée le 20 août 1854, dans la région du Banat, à l’époque partie de l’Empire d’Autriche-Hongrie. Elle reliait la ville d’Oravita à celle de Bazias, port danubien. D’une longueur de 62,5 km, elle a servi tout d’abord exclusivement au transport du charbon. Ce n’est que deux années plus tard, plus précisément le 1er novembre 1856, que cette première ligne de chemin de fer a été ouverte au trafic des passagers, selon le site cfr.ro. Selon la même source, entre 1864 et 1880, la construction du chemin de fer prend son essor également sur le territoire de ce qu’était alors le Royaume de Roumanie, celui que formaient à l’époque la Valachie et la Moldavie. Aussi, la première ligne de chemin de fer du Royaume de Roumanie relie toujours un port danubien, Giurgiu cette fois, à la capitale du royaume, Bucarest. Elle est inaugurée en grande pompe le 26 août 1869. Il s’ensuit un développement rapide des voies ferrées en Roumanie, à l’instar de ce qui se faisait à l’époque dans les autres pays européens. A la suite de la Grande Union de 1918, entre le Royaume de Roumanie et les anciennes provinces d’Autriche-Hongrie ou de Russie habitées majoritairement par des Roumains, telles la Transylvanie, le Banat, la Bessarabie et la Bucovine, le réseau ferroviaire de ces provinces rejoint le réseau du Royaume de Roumanie.

    Avec l’avènement du communisme après la Deuxième Guerre mondiale, le réseau s’étoffe, élément indispensable à l’industrialisation effrénée du pays, souhaitée et mise en œuvre par le régime communiste. La hausse du trafic ferroviaire, la construction de nouvelles lignes, y compris dans les régions rurales, l’électrification des voies existantes occupent une place importante dans les plans économiques quinquennaux du parti.Lors du changement de régime fin 1989, la Roumanie pouvait s’enorgueillir de disposer d’un des réseaux de chemin de fer les plus denses d’Europe. Bientôt pourtant, dans le contexte de la transition à l’économie de marché, la compagnie nationale des chemins de fer, CFR, éclate en plusieurs entités : CFR S.A., surnommée « CFR Infrastructure », car administrant le chemin de fer, puis CFR Voyageurs et CFR Fret. Une longue et éprouvante période de déliquescence s’en est suivie. De nombreuses liaisons ferroviaires sont passées à la trappe. Sur de milliers de kilomètres, il n’y a que des restrictions de vitesse pour éviter le pire. Lucian Bode, député du principal parti d’opposition, le PNL, et président de la Commission Transports de la Chambre des députés, fait un état des lieux du transport ferroviaire de nos jours en Roumanie. Ecoutons-le : « Le secteur du transport ferroviaire est aux abois. La situation est très compliquée, alors que nous enregistrons une vitesse moyenne de seulement 18 km/heure pour le fret et de 45 km/heure pour le transport de passagers. Et l’on enregistre, selon les données disponibles sur les 9 premiers mois de l’année 2017, des retards quotidiens de plus de 12.500 minutes, sur l’ensemble du réseau. Lorsque, pour traverser le pays, de la ville côtière de Constanta et jusqu’à la frontière hongroise, le fret prend 7 jours, alors que dans les années 30 du siècle précédent il parcourait la même distance en seulement 4 jours, qu’est-ce que cela donne? Nous enregistrons des pertes économiques énormes. Les utilisateurs du rail souffrent, qu’ils soient opérateurs publics ou privés. Et puis, aussi, on enregistre des pertes de vies humaines, notamment aux passages à niveau. 71 passages à niveau ont été modernisés, sur les 5080 que compte le réseau dans son ensemble. Faites le calcul ».

    Les problèmes que rencontre l’infrastructure ferroviaire ont également été au centre des récentes protestations syndicales. Radmilo Felix, le secrétaire général de la Fédération des mécaniciens de locomotive, aborde cet aspect. Ecoutons-le: « Cela fait des années que nous tirons la sonnette d’alarme. La législation est obsolète et doit être révisée. Par ailleurs, des investissements massifs dans l’infrastructure sont indispensables. On doit moderniser l’infrastructure, accroître la vitesse des trains. Il y a cinq ans, pas un sou n’était investi pour le maintien de l’infrastructure aux paramètres techniques nécessaires. Pendant les cinq dernières années, le gouvernement a commencé à comprendre que cela devenait intenable et a alloué une partie des fonds nécessaires pour l’entretien et les réparations. Actuellement l’enveloppe budgétaire s’élève à près d’un milliard de lei, soit environ 215 millions d’euros. On a réussi à moderniser la ligne vers le littoral, Bucarest – Constanta, et là on peut rouler à 120 à l’heure, mais cela a pris dix ans. »

    Marius Sorin Bota, vice président de la Commission Transports de la Chambre des députés et membre du PSD, parti au pouvoir, avance une explication: « En Roumanie, tout le monde se plaint de la lenteur des travaux, parfois aussi de leur qualité. Dans le domaine ferroviaire, nous ne pouvons pas avancer à ce rythme. Il n’est pas concevable que pendant dix ans rien ne bouge ou presque, et même ce qui a été fait n’a pas été finalisé. Au mois de mai, le gouvernement viendra avec une nouvelle loi d’attribution des marchés publics pour simplifier les procédures. J’espère que cela puisse nous aider à accélérer les choses. »

    Il existe pourtant des solutions pour revitaliser et moderniser l’infrastructure ferroviaire roumaine. Lucian Bode, député du principal parti d’opposition, le PNL, et président de la Commission Transports de la Chambre des députés, suggère quelques pistes de réflexion: « Nous avons cet accès aux fonds européens. Nous avons donc des ressources à disposition ! CFR S.A., la société en charge de l’infrastructure, dispose d’un budget de 1,1 milliards d’euros pour 2018. Lors du collectif budgétaire de l’année dernière, le budget de la société à été diminué de 305 millions de lei, soit de 70 de millions d’euros. Mais nous avons l’argent de l’Europe. Plus de 6 milliards de fonds européens sont destinés à l’ensemble des travaux d’infrastructure. Nous comptons 1,2 milliards d’euros du mécanisme Connect Europe Facility… Et, en réalité, nous sommes parvenus à moderniser seulement 400 kilomètres de chemin de fer en 12 ans… Vous savez, au Kenya, en trois ans, ils avaient réussi en faire autant : 400 Km… Aussi longtemps que lors des appels d’offres, le seul critère pris en compte est le prix le plus bas, la procédure est d’emblée en situation d’échec et la qualité des travaux s’en ressent. Il faut arrêter cela : le prix ne peut plus être le seul et unique critère. Si on arrivait à moderniser les 3.600 Km que compte le réseau ferroviaire principal, les trains pourront se déplacer à 160 à l’heure. Certes, on sera encore toujours loin des vitesses de 540 km/h du TGV français, mais ce sera déjà un acquis ».

  • L’économie mise à mal par les jeux politiques

    L’économie mise à mal par les jeux politiques

    Cette année le gouvernement de Bucarest a pris une série de mesures, dont notamment la majoration des salaires dans le secteur public et la réduction d’une série de taxes, dont l’impôt sur le revenu qui passe ainsi de 16 à 10%. En même temps, on remarque une hausse de l’inflation et une fragilisation de l’équilibre budgétaire. La Commission européenne a déjà tiré la sonnette d’alarme, avertissant le gouvernement de Bucarest quant au déficit public, qui s’approche dangereusement du seuil fatidique de 3% du PIB.

    Le président roumain, Klaus Iohannis, avait à son tour averti sur la baisse significative des rentrées fiscales, en rejetant la responsabilité sur l’équipe gouvernementale dirigée par Mme Viorica Dăncilă. A deux occasions, pendant les deux dernières semaines, le président a sollicité la démission de la première ministre. Les tensions politiques entre le la présidence de l’Etat et le gouvernement ne font que s’aggraver. Mais quel est le risque d’impact économique de ces tensions dans les hautes sphères de la politique de Bucarest ? L’universitaire Mircea Coşea, économiste réputé, ancien membre des cabinets réformistes des années 1990 et un des architectes des réformes implémentées à l’époque, explique : « Le problème c’est qu’on a créé un environnement dommageable pour l’économie. Parce que, selon moi, cette situation politique, que certains appellent « instabilité politique», d’autres « dispute », d’autre « bagarre politique », chacun y va allégrement de sa définition, cette situation donc se mue en une période d’angoisse, d’absence de prédictibilité, d’incertitude. L’on perd confiance dans l’économie roumaine, dans cette économie de marché fonctionnelle, à cause d’un scénario bien connu et prouvé en Roumanie : la période de pré-campagne électorale. Et puis, pendant la campagne, c’est pire, l’économie chute à chaque fois. Et on compte trois rendez-vous électoraux au cours des deux prochaines années. Selon moi donc, la bataille électorale a déjà débuté, mais son niveau est bas, on ne parle pas d’une lutte de projets ou de principes, ce sont des disputes assez primitives. »

    L’économiste Adrian Mitroi détaille les effets des tensions politiques sur le climat économique : « Nous nous sommes habitués à vivre dans une certaine prospérité économique, en faisant fi de ce qui se passait sur la scène politique. Mais si ce différend entre le président et la première ministre continue, on risque de voir les marchés agir à leur manière habituelle, plutôt sans scrupules. Plus précisément, des taux d’intérêt supérieurs et une pression sur le taux de change des devises. C’est leur manière de noter la performance politique. La meilleure manière de contrer cet état de choses reste, comme toujours et jusqu’à un certain point, la loi du marché, qui a ses propres mécanismes d’auto régulation. L’économie de marché, dans le cadre de laquelle nous opérons actuellement et que l’on considère comme le meilleur moteur de la prospérité au bénéfice de tous, détient ces mécanismes d’auto régulation ».

    Toutefois, ce sont les chiffres qui devraient nous avertir, précise encore l’économiste Adrian Mitroi : « Lorsque l’économie se trouve en plein boom, lorsque l’on a une croissance de 7%, il va presque de soi que cela s’accompagne d’une inflation, bien que temporaire, de 5%. Les choses vont probablement se calmer et on va compter un taux d’inflation de 3%. Alors, si vous regardez ces chiffres, ils ont l’air raisonnable, cela dénote un certain équilibre d’une économie un peu surchauffée. Et lorsque tout fonctionne bien, il n’y a que deux types d’actions : la politique monétaire de la banque centrale qui, en augmentant les taux d’intérêt, met un terme à l’exubérance économique prématurée, ou alors, l’autre variante, via la politique fiscale, en stoppant les majorations salariales et en augmentant les impôts. La Roumanie est extrêmement compétitive d’un point de vue fiscal. Elle a une TVA assez basse, des hausses salariales. Il y a beaucoup de choses qui se sont accumulées. Nous avons un taux d’inflation plutôt bas, si on y réfléchit. Il y a un mix de facteurs sur fond de croissance économique. Le consommateur roumain est optimiste, confiant en l’avenir, il économise plus qu’il ne le faisait il y a dix ans. Et je pense que le potentiel d’investissement représente une donnée extrêmement importante. La productivité augmente, et cet apport significatif de productivité trouve son origine dans le secteur des nouvelles technologies. Mais l’agriculture aussi est en plein processus de rattrapage. On voit donc ces deux moteurs économiques exceptionnels qui nous font avancer et dont le progrès repose sur des gains de compétitivité. A mon avis, nous devrions donc oublier nos inquiétudes, car elles me semblent infondées », achevait son intervention l’économiste Adrian Mitroi. (Trad Ionut)

  • Le marché du travail en Roumanie sous la pression

    Le marché du travail en Roumanie sous la pression

    Membre depuis 2007 de l’UE, la Roumanie et surtout les Roumains demeurent, si on se fie aux sondages d’opinion, d’enthousiastes défenseurs de la construction européenne. Le principal argument invoqué, celui de la mobilité au sein du marché commun, a permis à des centaines de Roumains de trouver du travail dans les Etats membre de l’Union, en bénéficiant des salaires souvent bien supérieurs à ce qu’ils pouvaient trouver, à conditions égales, en Roumanie. Néanmoins, ce mouvement d’ampleur d’une partie importante de la force de travail de la Roumanie n’a pas fait que des heureux. En effet, le départ d’un nombre toujours croissant de Roumains a provoqué un déficit croissant en termes de force de travail sur le marché intérieur. Liviu Rogojinaru, le secrétaire général du Conseil des PME et vice président du Conseil économique et social de Roumanie est formel. Ecoutons-le: « Malheureusement, beaucoup de nos compatriotes vont chercher du travail hors de nos frontières, alors que les compagnies roumains sont en déficit de main d’œuvre. Depuis deux, trois ans beaucoup d’entrepreneurs actifs sur le marché roumains se voient confronter à une crise de la main d’œuvre, qu’il s’agisse du personnel hautement qualifié ou moins qualifié. Cela commence à poser vraiment problème ».

    Corina Gonteanu, directrice marketing de l’agence d’intérim Manpower, abonde elle aussi dans la même direction: « Le problème du déficit de la force de travail et du déficit des talents, c’est-à-dire des personnes qui marient d’un point de vue professionnel la qualification que l’on cherche aux bonnes compétences, n’est pas un problème singulier et spécifique à la Roumanie. Il tient la tête d’affiche dans à peu près toutes les rencontres internationales. Donc, au-delà des causes qui tiennent de la situation particulière du marché de travail roumain, il s’agit d’un problème auquel est confronté la majeure partie des pays développés et émergents. On remarque, d’une part, surtout à l’Ouest de l’Europe, ces changements démographiques qui se produisent sous nos yeux, un phénomène de vieillissement accéléré de la population, d’où la nécessité d’investir davantage pour attirer, aussi bien des talents que de la main d’œuvre peu qualifiée. D’autre part, cela relève de la liberté retrouvée et en plein essor de l’individu, de la personne humaine qui, actuellement, a beaucoup plus de facilités pour partir à la recherche d’un emploi à l’étranger qu’il y a 25, voire même 10 ans. »

    L’Agence nationale roumaine de l’emploi a récemment organisé une Bourse de travail au niveau national. 45.000 emplois du secteur privé cherchaient preneur auprès des demandeurs d’emploi, dans près de cent villes du pays. Quant aux résultats, écoutons Corina Scarlat, responsable de communication au sein de l’Agence nationale de l’emploi: « La bourse de travail est un événement annuel que l’on organise le printemps et qui s’adresse à tous ceux qui sont à la recherche d’un lieu de travail. Plus de 13.000 demandeurs d’emploi ont été sélectionnés à cette fin, et ils devront soutenir l’interview avec l’un ou l’autre des employeurs présents. Le premier mois de cette année, notre Agence a réussi à placer 42.000 personnes, l’année passée on a trouvé un emploi à plus de trois cent mille demandeurs d’emplois ».

    Si les résultats semblent dépasser les attentes les plus optimistes, il faut toutefois remarquer que, lors de l’édition de cette année de la Bourse de travail organisée par l’Agence, seuls 816 demandeurs d’emplois ont trouvé de suite chaussure à leur pied. Le plus grand nombre d’embauches a été enregistré dans les domaines de l’hôtellerie et de l’Horeca, puis dans les industries du bâtiment et dans l’agriculture. Ces résultats somme toute médiocres montrent de fait le peu d’attractivité des emplois proposés. Le problème principal tient souvent aux niveaux salariaux. Cristian Pârvan, le secrétaire général de l’Association des hommes d’affaires, détaille les contraintes salariales qui s’imposent souvent aux employeurs roumains privés : « Désirer être payé davantage est légitime. C’est normal. Mais le problème vient de ce que nous travaillons à des prix qui nous sont imposés. L’impossibilité de payer davantage vient de là. Et puis, nos clients savent que les niveaux salariaux sont plutôt bas en Roumanie. Car on fait souvent de la sous-traitance, et les clients qui basés à l’Ouest nous disent : Voilà, c’est le prix que l’on peux payer pour cela. Tu es d’accord ? OK, sinon on va en Ukraine, on va en Moldova, on va ailleurs. Evidemment, il y a parmi les entrepreneurs des types qui savent valoriser le travail, qui savent valoriser leurs employés. Et il est vrai aussi que nous, on essaye à notre tour d’expliquer que c’est les salariés qui font le richesse d’une entreprise, d’un business. Qu’il faut payer les gens à leur juste valeur pour qu’ils soient aussi productifs et aussi dédiés que possible, car c’est bien grâce à eux que l’on fait du profit. »

    Selon les données officielles, le taux de chômage ne s’élève en Roumanie qu’à 3,94% et, qui plus est, il suit une pente descendante. Dans les régions les plus pauvres, telles l’Olténie (dans le Sud-est de la Roumanie) ou la Moldova (à l’Est), les chiffres peuvent monter au grand maximum jusqu’à 8, 9%. Mais c’est bien ces régions qui constituent le principal réservoir de cette émigration économique tant décriée, de ceux qui vont partir à l’étranger pour trouver un emploi et une meilleure vie.

    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • L’économie roumaine sous la loupe de la Commission européenne

    L’économie roumaine sous la loupe de la Commission européenne

    La Commission européenne vient de publier le Rapport par pays de la Roumanie. Réalisé dans le cadre du système appelé le « Semestre européen », le document évalue principalement les progrès enregistrés par la Roumanie dans l’application des réformes structurelles, ainsi que dans la prévention et la correction des déséquilibres macroéconomiques.

    Le Rapport commence par souligner le fait qu’en l’absence des réformes structurelles et d’une consolidation du budget et des finances, l’économie roumaine risque de se voir confrontée à un « atterrissage forcé ». Car la croissance enregistrée actuellement est notamment basée sur la seule consommation intérieure, alors que « l’investissement public est en baisse pour la deuxième année consécutive », selon la Commission. Si la croissance économique a maintenu un rythme soutenu en 2017, la Commission table sur une décélération en 2018. Ainsi, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) réel s’est-elle accélérée en 2017, atteignant son pic de la période post crise, sur fond de consommation des ménages effrénée, stimulée par les hausses salariales enregistrées d’abord dans le secteur public et ensuite dans le privé, et par les baisses d’impôts.

    La Commission constate la trajectoire ascendante du déficit public, à cause notamment de la réduction des charges patronales et de l’augmentation des retraites et des salaires. Les taxes indirectes ont baissé en 2017, alors que le taux d’imposition des revenus a diminué au mois de janvier 2018. Les dépenses publiques, la masse salariale et les dépenses pour financer les retraites du régime public ont en revanche augmenté de manière significative en 2017, et l’on estime des tendances similaires en 2018. D’où le constat d’une augmentation conséquente des déficits budgétaires, autant du déficit nominal que du déficit structurel. Lors de la présentation du Rapport, Angela Cristea, la représentante de la Commission européenne à Bucarest, a souligné que « le déficit approche dangereusement le seuil des 3%, alors que le déficit structurel poursuit sa tendance à la hausse, dépassant allègrement son objectif de 1%. Déjà en 2016, on le retrouvait à 2,2%, en 2017 il s’est élevé à 3,3%, alors qu’en 2018 on risque de le voir dépasser la barre des 4%. C’est la raison pour laquelle la Roumanie se voit soumise à la procédure de déviation significative de l’objectif de correction de son déficit structurel. »

    Lors de l’événement organisé par la Commission à Bucarest, à l’occasion du lancement de ce rapport, le ministre roumain des Finances, Eugen Teodorovici, s’est exprimé sur le risque de voir la Roumanie dépasser le déficit de 3%, en affirmant que « Je suis bien obligé de regarder l’ensemble des chiffres. Déjà notre objectif assumé, celui de 2,97% pour 2018, était trop proche de la barre des 3%. Alors il s’agit d’une question de responsabilité et de bon sens que de faire attention à ce que les choses ne dérapent pas. Mais je suis intimement convaincu que, de ce point de vue, du moins pour ce qui est des objectifs assumés et des bases sur lesquelles le budget a été construit cette année, tout sera conforme aux prévisions. Et alors même si je suis persuadé que nous n’allons pas dépasser les 2,97% prévus de déficit, je prends mes responsabilités, en tant que ministre des Finances, et je ferai de mon mieux pour que les dépenses et le déficit baissent. C’est un souci de tous les jours de tout ministre des Finances et de tout gouvernement. »

    En outre, toujours en 2017, le taux d’occupation de la main d’œuvre a enregistré une hausse de 0,7%. Angela Cristea, la représentante de la Commission européenne en Roumanie, nous offre donc aussi de bonnes nouvelles, en affirmant que « nous avons ces bons chiffres du chômage qui enregistre une baisse record en Roumanie, et qui a atteint son plus bas niveau depuis 20 ans, bien en deçà de la moyenne européenne. Le corollaire de cette situation c’est que l’on voit apparaître un déficit de main d’œuvre, suite au vieillissement de la population et à un mix entre une mobilité interne réduite et une mobilité externe élevée. » Par ailleurs, la Roumanie a réalisé des progrès limités dans la mise en œuvre des recommandations adressées par la Commission, dans le précédent Rapport par pays. Il n’y a pas eu de progrès dans la mise en œuvre du cadre fiscal et budgétaire national, tandis que les progrès dans la consolidation de la conformité fiscale et dans l’amélioration de la collecte des impôts ont été très limités.

    Concernant la réforme du cadre fiscal, le ministre des Finances, Eugen Teodorovici, précise que « j’avoue que notre politique à l’égard des modifications apportées au code fiscal et au code de procédure fiscale pourrait paraître un peu incohérente. On a, en effet, enregistré un certain nombre de modifications l’année précédente et, dans une moindre mesure, cette année. Il s’agit néanmoins de modifications qui ont pleinement leurs raisons d’être, qui ont été attendues et souhaitées par les acteurs économiques. Pour ma part, j’avais proposé d’attendre jusqu’à la fin du premier semestre, pour lancer une analyse du Code fiscal et de celui de procédure fiscale, d’abord au ministère des Finances et ensuite avec tous les acteurs concernés, pour jauger ensuite les articles un par un, et proposer des modifications ou des simplifications, là où ce serait justifié. L’idée est d’avoir un cadre fiscal aussi efficace que celui des autres Etats européens. Donc, je proposerai de lancer ce débat public à partir du mois de juillet pour que, vers la fin de l’année, l’on puisse mettre la dernière touche et présenter une version finale de ces codes. Je souhaiterais qu’au 1er janvier 2019 l’on puisse disposer d’un cadre fiscal que les gens comprennent, acceptent et savent appliquer, et donc de mettre un terme, disons, à cette incohérence. »

    Le Rapport par pays note encore le niveau élevé de la pauvreté et l’absence d’un dialogue social réel, soulignant les défis qui attendent le système de protection et d’inclusion sociale. L’inégalité des chances demeure un problème sérieux, notamment dans les zones rurales. Les écarts salariaux restent trop élevés et l’effet de redistribution du système fiscal, via les prestations sociales, est inférieur à la moyenne européenne. La Commission enregistre en revanche certains progrès dans le système des acquisitions publiques, dans la lutte contre le travail au noir ainsi que pour combattre le système des pots-de-vin dans le secteur des soins de santé. (Trad. Ionut Jugureanu)