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  • Mais pourquoi ?

    Mais pourquoi ?

    Depuis lors, réunis en fin de semaine, membres de lassociation, enfants et parents font le tour des musés de la capitale. Raluca Bem Neamu, présidente de lassociation « Mais pourquoi? » explique lorigine de cette appellation: « Cest la question que les enfants de 2 à 10 ans posent le plus souvent. Je pense surtout aux plus petits, avides de connaître le pourquoi du comment. Les programmes que nous proposons se déroulent dans des établissements culturels, des musées notamment, car les enfants aiment bien cet univers riche de sens. Si ces programmes sont interactifs et quils tiennent compte de lâge et de lintérêt des petits, ils leur procurent des expériences tout à fait extraordinaires. Aucun autre espace noffre tant de significations et de possibilités de jouer et dinteragir avec les objets culturels. »



    En partant de lidée que lexpérience des enfants est plus agréable et profonde en compagnie des parents, lAssociation « Mais pourquoi? » sadresse aux familles avec des enfants de 2 à 10 ans, auxquelles elle propose un programme chaque fois différent. Nous avons voulu savoir pourquoi les musées sont plus attractifs pour les petits visiteurs et en quoi leur perception des musées diffère de celle des adultes: « Nous avons commencé par le Musée du paysan roumain, le plus attractif, à notre avis, du point de vue des objets exposés. Nous avons également visité le Musée du village, le Musée national dhistoire, plusieurs maisons musées, dont celles de Vasile Grigore et de George Enescu. Cela fait trois ans déjà que nous collaborons avec cette dernière, qui propose des programmes de musique et de mouvement. En fait, ce sont les seuls musées qui reçoivent des groupes denfants, les autres nétant pas préparés pour cette expérience. Et pour cause: à lentrée dans un musée, les enfants ont besoin dun petit bout de temps, histoire de sadapter à lespace, dont ils perçoivent autrement les dimensions. Voilà pourquoi tous nos programmes débutent par un jeu, censé les rendre à laise dans cet espace. Grâce à la présence des parents, les choses se passent plus naturellement. Ce nest quaprès que commence le tour du musée. Les enfants sont très ouverts et curieux. Dépourvus de préjugés et de craintes, ils accueillent et acceptent lart beaucoup plus facilement que les adultes. »



    A lintention des enfants entre 4 et 8 ans, des programmes déducation visuelle ont été mis en place à lexposition du photographe français Philippe Ramette. Intitulée « Le monde à lenvers », elle est organisée par lInstitut français de Bucarest et accueillie par le Centre des arts visuels – Multimédia de Bucarest. Cette activité vise à faire découvrir aux petits lart contemporain en général, et lapproche de lartiste en particulier, affirme notre interlocutrice Raluca Bem Neamu: « Le message principal de ce programme, cest que lartiste rend la réalité selon sa volonté et ses idées. Nous les aidons à comprendre lart, qui nest pas la copie dun coin de la nature, mais une transposition qui met en évidence lidée et le message de lartiste. Après la visite de lexposition, les discussions et les jeux imaginés autour de celle-ci, dont des tests déquilibre, les enfants sont invités à des ateliers de création. Avec pour point de départ lapproche du monde à lenvers que propose lartiste français Philippe Ramette, ils tenteront de créer des collages qui défient les lois de la physique, puisque tout y est de travers. Ces collages devraient en fait transmettre un message personnel. Nous visons à leur faire comprendre lart non pas par le biais dune définition, mais par lintériorisation du concept. Or, le fait de jouer aux artistes pendant la visite de lexposition les aide à mieux assimiler ce message ».



    Ce printemps, lAssociation « Mais pourquoi? » propose aussi des ateliers de philosophie « Autrement dit». Destinés aux enfants de 4 à 8 ans, ces activités partent dune histoire pour aboutir à des discussions sur la vie. Il y a aussi des ateliers qui supposent des sorties dans la nature pour découvrir les plantes et les arbres. « Fleurs, filles et … plantes », cest le titre dun atelier sadressant aux filles.



    Prévu pour le 8 mars, il jouit de la présence de Iulia Iordan, auteure du « Voyage à travers les plantes et la lumière » et de Cristiana Radu, lillustratrice du livre. « LAtelier de larbre », cest le titre dune autre activité de découverte du milieu naturel. Organisé à lintention des familles avec des enfants de 4 à 8 ans, il invite à plonger dans lunivers fascinant de la forêt.



    Bref, au fil du temps et avec chaque atelier, la question « Mais pourquoi ? » acquiert de nouvelles significations.


    (trad. Mariana Tudose)

  • Espace Minoux

    Espace Minoux

    Un demi sous-sol plein de charme, avec vue sur de larges horizons en général et la rue en particulier, ouvert aux expériences gourmet, ateliers et formations en tout genre, aux dégustations de vins et d’histoires. Ainsi pourrait-on résumer en quelques mots l’endroit qui nous accueille aujourd’hui.



    Nous sommes rue Spătarului, tout près de Calea Moşilor, une des principales artères de la capitale roumaine, au demi sous-sol d’un bâtiment datant de 1886. L’endroit, appelé Espace Minoux, est destiné aux rencontres restreintes mais mémorables. Il a été créé dans le but affirmé de mettre sur le plan de la ville un lieu pas comme les autres, ouvert notamment à ceux qui savent dire « Bonjour », « S’il vous plaît » et « Merci ».



    Răzvan Voiculescu est photographe professionnel et notre guide d’aujourd’hui: « Espace Minoux est un espace culturel de très petites dimensions, aménagé dans un bâtiment classé mais qui était dans un état tout à fait déplorable lorsque je l’ai acheté. Un bâtiment squatté par des gens qui l’on pratiquement détruit. J’ai décidé de le restaurer entièrement. Je précise: je ne l’ai pas réparé, j’ai réussi à le restaurer, à sauver des éléments d’origine, tels que les poêles et les voûtes en briques sur lesquelles les anciens locataires avaient collé de grands morceaux de carton… J’ai également récupéré la mosaïque du demi sous-sol de la maison. C’est là que je veux organiser de petits événements culturels, de sorte que l’endroit devienne connu et qu’il soit fréquenté notamment par des personnes qui apprécient sa beauté. »



    Cela fait à peine deux ans que Răzvan Voiculescu a ouvert les portes en verre du rez-de-chaussée de sa maison. Ceux qui en ont franchi le seuil ont découvert une véritable galerie d’art, avec une exposition permanente réunissant une vingtaine des meilleurs sculptures en bronze d’Anca Sârbulescu. Une mini-exposition entrée dans le circuit artistique bucarestois grâce aux efforts de Răzvan Voiculescu et de ses invités.



    Au demi sous-sol, 35 chaises, très exactement, attendent le public tous les jours de la semaine. Les 35 chanceux de chaque soirée se réunissent pour les différents ateliers et débats qui y sont organisés. Ou bien ils ont l’occasion d’écouter, presque en tête-à-tête, de grands artistes de musique folk roumaine. Des concerts comme entre amis, sans micro ni projecteurs.



    Et ce n’est pas tout, comme nous le dit Răzvan Voiculescu: « Il y a de petites sociétés qui louent notre espace. Si j’aime le concept et l’idée que quelqu’un veut mettre en place, j’accepte. Par exemple, on y organise tous les mois des classes d’éducation parentale. En tant qu’hôte, j’écoute les débats et je constate qu’ils sont très pertinents. Le psychologue qui anime ces cours élargit l’horizon des parents, il leur explique où ils font des erreurs et pourquoi. Des fois il n’y a que les parents qui y participent, d’autres fois, ils emmènent aussi leurs enfants dans l’espoir d’arriver à une relation harmonieuse. »



    Et puis il y a les soirées réservées aux gourmands. Răzvan Voiculescu nous en dit davantage. «Je choisis un chef qui ne doit pas forcément avoir des étoiles Michelin, mais du véritable talent. Le premier que j’ai invité vient de Zalău et s’appelle Mircea Groza. Il est lui-même tout un personnage. Côté cuisine, tout ce qu’il prépare est absolument divin. Il n’utilise jamais de produits du commerce. Il a ses propres producteurs qui lui préparent le formage, même la charcuterie — des dizaines de kilos par jour, tout fait manuellement, sans aucun outillage, qu’ils distribuent aux restaurants désireux d’avoir dans leur menu de la charcuterie de qualité. Il en va de même pour la viande. Sans oublier les légumes, qu’il achète chez des fournisseurs qui ont leur propres potagers. On voit que les légumes sont imparfaits, mais on sait qu’ils sont naturels, cultivés uniquement avec de l’eau, c’est pourquoi ils ont un goût extraordinaire. Mircea est un poète de la gastronomie et pas en dernier lieu une personne très cultivée. C’est un véritable plaisir de l’écouter parler de la gastronomie et de l’histoire de sa région natale, celle de Zalău. C’est un plaisir de passer toute une soirée en sa compagnie et d’écouter ses histoires.»



    Vous vous demandez peut-être comment on peut réserver une place pour participer à une soirée de ce genre. Rien de plus simple : sur la page Espace Minoux de Facebook il y a une liste des prochains événements. Mais il faut se dépêcher, pour être parmi les 35 premiers demandeurs. Il n’y a que de petites exceptions, explique Răzvan Voiculescu: « Il y a des gens qui m’écrivent : « Je veux 2 billets ». Point. Je ne réponds pas à de tels messages. « Je veux » tout court, sans dire au moins « bonjour », ou un salut quelconque, sans dire « merci » — cela me donne un sentiment très désagréable. De telles personnes n’existent pas pour moi. Elles n’ont pas de place dans mon club. Heureusement, la plupart de nos visiteurs savent dire « merci », « est-ce que pourrais » ou n’importe quelle autre formule de politesse et je les invite chez moi les bras ouverts, je leur dis: oui vous pouvez occuper une de mes 35 places. Et j’ai plein de demandes, au moins 200 par événement. Je respecte l’ordre chronologique des inscriptions, avec la seule exception que je viens de mentionner: ne réponds pas aux personnes qui ne savent pas s’exprimer poliment ».



    Ce n’est pas vraiment un bar, ce n’est pas vraiment un club… c’est Espace Minoux. Avec un peu de chance vous pouvez le visiter vous-mêmes si vous êtes de passage à Bucarest. (trad.: Valentina Beleavski)

  • Ateliers de cinéma pour les enfants

    Ateliers de cinéma pour les enfants

    « Le cinéma, c’est l’art le plus populaire, mais aussi le moins présent dans la vie des enfants. Malheureusement, les cinémas se limitent à la liste d’animations et de films d’amusement de date récente, les chaînes de télévision n’ont pas de programmes spéciaux à l’intention des enfants, où le cinéma et les arts visuels aient une place, tandis que les écoles, elles ne consacrent aucune classe à l’éducation cinématographique », dit Ileana Bârsan, journaliste et critique de film, expliquant comment l’idée des ateliers destinés aux enfants entre 7 et 14 ans lui était venue.



    En plus, ce n’est pas sa première expérience de ce type. Elle a participé, en tant que formatrice, au projet inédit dans l’enseignement roumain, L’Education à l’image, projet lancé par l’Ambassade de France en Roumanie, la Société culturelle Next et la cinéaste française Vanina Vignal. L’Education à l’image a commencé en Roumanie en 2009 et a réussi à ramener les lycéens plus près du cinéma, par des projections et des débats en marge des films qui ont marqué l’histoire de cet art.



    Un autre programme qui a compté pour Ileana, c’est EducaTIFF, initialement appelé Programme d’éducation médiatique et cinématographique, lancé dans le cadre du festival international de film Transilvania.



    Ileana Bârsan: « Vu que j’écris depuis quelques années sur le film, et à un moment donné la critique spécialisée en cinéma a commencé à déchoir, et j’ai pensé qu’il n’y avait plus de gens avec lesquels échanger en marge de cet art. la critique de cinéma n’est pas discréditée en ce moment seulement en Roumanie, c’est un phénomène assez général. En plus, les revues dans lesquelles j’aurais pu écrire ont disparu, et les spectateurs ne se pressent pas dans les cinémas. On arrive dans le meilleur des cas à 200.000 spectateurs, donc je me suis dit qu’il fallait en quelque sorte les former. Bien entendu, c’est un plan de longue haleine, il s’agit d’enfants qui commencent à peine à visionner des films, à être intéressés par cet autre moyen de raconter une histoire, et d’essayer de comprendre ces histoires par leur propre expérience. Je me suis rendu compte que cela pourrait être une solution, de former des spectateurs qui pensent au cinéma comme un moyen de raconter une histoire, et qui puissent faire des corrélations entre le cinéma et d’autres arts ».



    Ileana Bârsan raconte également la manière dont se déroulent les ateliers : « Le module introductif dure cinq semaines, avec une séance par semaine, pendant le week-end. La projection et les discussions durent environ deux heures. Dans le module introductif je présente aux enfants des fragments de films de moins de dix minutes. Et eux, ils essaient de comprendre les images en mouvement, le jeu des acteurs, le rôle de la mise en scène, de la lumière, l’abc du cinéma. On évite de théoriser et ce sont les enfants qui découvrent par eux-mêmes la manière dont on construit une scène, quelle est la contribution de l’acteur et du réalisateur, combien il est visible dans toute cette affaire. Dans ce même module introductif, ils découvrent la technique du montage, en partant d’une photo et arrivent au cinéma et au montage. Je peux dire qu’ils ont été très heureux de découvrir qu’étaient eux aussi capables à penser en images » .



    Mais les ateliers de cinématographie organisés par le critique et journaliste Ileana Bârsan ont comme point de départ une expérience moins professionnelle : « J’ai constaté qu’ils étaient utiles en regardant mes propres enfants, et notamment ma fille aînée de presque 13 ans. Le cinéma est le moyen le plus efficace et le plus rapide de communiquer puisqu’en regardant un film, les réactions sont presque instantanées. C’est ainsi que naît une idée, un dilemme. Et les enfants non seulement réagissent immédiatement, mais leur réaction est sincère. Ils expriment directement ce qu’ils ressentent lorsqu’ils regardent une histoire. C’est pourquoi, ces cours aident aussi à stimuler la créativité des enfants. Du coup, ils proposent des idées, ils analysent ce qu’ils voient sur l’écran, ils avancent d’autres variantes, pour donner naissance à un débat et finalement ils arrivent à se poser eux mêmes des questions, ce qui est important. »



    « Depuis la photographie aux images en mouvement. Mémoire, imagination et histoire. A quoi servent les films ? » et « Qui raconte l’histoire ? Le réalisateur ? Le narrateur ? Le personnage ou le spectateur ? Qu’est ce que doit suivre ensuite ? Comment a été le film ? » ce ne sont que quelques unes des questions que le critique de film Ileana Bârsan propose à ses petits élèves. (trad. Ligia Mihaiescu)