Tag: Bucarest

  • La langue française et les professeurs de français – à l’honneur à Bucarest

    La langue française et les professeurs de français – à l’honneur à Bucarest

     

    La Roumanie occupe une place centrale dans la francophonie. Récemment, le 4ème congrès européen de la FIPF, la Fédération Internationale des Professeurs de Français, s’est déroulé à Bucarest, à l’Université Polytechnique. Avec près de 700 participants, dont des professeurs, des chercheurs, des étudiants, des médias, ou encore des éditeurs, le congrès visait à promouvoir la langue française en organisant un « forum des pratiques innovantes ». Léa Marest Buisson, stagiaire à RRI, était sur place. Voici son reportage.

     

  • Les « mahalas / faubourgs » Flămânda et Sfânta Ecaterina

    Les « mahalas / faubourgs » Flămânda et Sfânta Ecaterina

    Bien qu’avoisinant la Place Unirii, soumise à des démolitions d’immeubles et à des transformations radicales sous le régime communiste, la zone située derrière la colline de la Métropolie, à l’Est de Bucarest, a préservé son aspect historique, classique, et même celui d’origine. Or, justement, l’origine de deux de ces quartiers est liée au passé de la métropolie ou du patriarcat orthodoxe d’aujourd’hui.

     

    Le quartier de la métropolie

     

    Ana Rubeli, chercheuse et autrice du livre « Mahalale de patrimoniu / Des mahalas de patrimoine. Sfânta Ecaterina et Flămânda », esquisse l’histoire des lieux : « Si nous nous plaçons géographiquement dans le périmètre de la métropolie, à la base de la colline se trouve l’église Sfânta Ecaterina (Sainte Catherine), qui a jadis été un monastère et dont les données historiques remontent à l’année 1650, environ. C’est l’église qui a donc donné son nom au faubourg (la mahala), puisque l’histoire nous dit que les mahalale prenaient le nom soit de l’église ou du monastère autour desquels elles se coagulaient soit des familles de boyards auxquelles elles étaient liées. Mais le faubourg Sfânta Ecaterina s’est pratiquement formé sur la base de contrats d’emphytéose, le droit de jouir d’un bien-fonds d’autrui du fait d’un bail de longue durée entre l’église et les gens. L’église a donc décidé de donner des parcelles de terrain aux gens de sa proximité. Le monastère s’assurait ainsi des revenus, et les gens avaient un lieu pour vivre. L’emphytéose ressemblait à un contrat de location, d’habitude sur 99 ans, qui pourrait rester en famille ou être vendu. »  

     

    L’architecture des immeubles parle du statut social des habitants.

     

            Le tissage humain de la mahala a changé à travers le temps, avec même une évolution socio-économique d’une génération à une autre. Si, au début, les habitants en étaient des petits commerçants, avec le temps leurs familles ont fini par comprendre des architectes, des musiciens, des avocats ou des médecins. L’architecture des immeubles parle également du statut social des habitants. Mais quel était la maison-type de la mahala Sfânta Ecaterina, un modèle que l’on peut trouver encore aujourd’hui ? Ana Rubeli répond à cette question. : « En général, c’est le type de maison-wagon, légèrement étroite vers la rue et qui se développe pour ainsi dire sur la profondeur de la parcelle. L’agrandissement et l’évolution financière de la famille entraînent l’apparition de nouvelles ailes ajoutées à l’immeuble principal qui donne sur la rue. Ce sont des maisons avec un rez-de-chaussée surélevé, dont les ornements attestent le statut financier de la personne qui avait décidé de les bâtir. Certains immeubles ont été dessinés par des architectes connus, ils ont des éléments distinctifs tels que des mascarons ou des visages protecteurs aux fenêtres. Ce sont ces esprits qui protègeraient  l’intimité de la maison. D’autres maisons ont des marquises vitrées, sont enveloppées dans de la vigne ou du chèvrefeuille, des éléments de végétation typiques de la mahala et du sol, puisque nous sommes ici au pied de la colline de la Métropolie, appelée jadis la colline des Vignes, mais aussi près de la rivière Dâmbovița, dans une zone inondable donc très fertile. »

     

    Bâtiments de patrimoine

     

            Dans cette zone verte et pittoresque, on trouve toujours des bâtiments de patrimoine créés par des architectes tels que Paul Smărăndescu, Ștefan Ciocârlan, Gheorghe Simotta, Arghir Culina. Dans la proximité immédiate de la mahala Sfânta Ecaterina il y avait Flămânda, une des zones les plus pauvres de la capitale avant 1900, et dont les habitants étaient pour la plupart des tailleurs, des cordonniers, des fabricants et vendeurs de savon ou des ferblantiers. Cette mahala s’est elle aussi coagulée autour d’une église, raconte Ana Rubeli : « En fait, ce fut un projet de la métropolie, puisque nous sommes ici à la limite entre son périmètre et celui du monastère Sfânta Ecaterina, plus à l’Est. L’idée était de convaincre les estropiés et les pauvres d’aller mendier près d’un ermitage en bois, qui a fini par être connu sous le nom de « Flămânda/Crève-la-faim » ou « Săraca/L’Indigente » et mentionné ainsi dans les documents d’époque. L’ermitage a pratiquement repris la charge émotionnelle de la métropolie et la communauté formée autour de lui a bien évolué dans le temps, mais elle a gardé son nom du commencement, bien qu’elle ne fût plus ni pauvre ni affamée. »

     

    Les deux quartiers aujourd’hui

     

    De nos jours, un petit nombre de propriétaires des maisons pavillonnaires de Sfânta Ecaterina et de Flămânda connaissent l’histoire de leurs quartiers respectifs, car peu de descendants des familles locales y habitent encore. Le changement démographique a eu lieu pendant le communisme, qui a nationalisé les immeubles et les a remplis de locataires. Après 1990, ces immeubles sont redevenus des propriétés privées, mais tous ne sont pas habités par les familles d’origine. Les propriétaires actuels peuvent néanmoins apprendre l’histoire des lieux en lisant le livre d’Ana Rubeli « Les mahalas» Flămânda et Sfânta Ecaterina », sorti aux Editions Vremea. (Trad. Ileana Ţăroi)

     

  • « La personnalité de Theodor Aman. Inscriptions, fantaisies et autres excentricités ».

    « La personnalité de Theodor Aman. Inscriptions, fantaisies et autres excentricités ».

    Clin d’oeil sur Theodor Aman

     

    L’exposition est intitulée « La personnalité de Theodor Aman. Inscriptions, fantaisies et autres excentricités ».

    Theodor Aman (1831-1891) était un peintre, graphiste, sculpteur, pédagogue et académicien roumain, fondateur des premières écoles roumaines des Beaux-arts de Bucarest et de Iași (nord-est). Il était également l’initiateur des premiers salons d’art en Roumanie. Il est considéré comme le premier artiste moderne dans l’histoire de l’art roumain.

     

    La commissaire de l’exposition, l’historienne de l’art Greta Șuteu nous explique :

    « L’exposition-événement de cette année au Musée Theodor Aman est une première, car elle ne porte pas l’attention du public sur les créations de Theodor Aman, mais tente de mettre en valeur certains aspects qui peuvent révéler l’homme qu’était Aman. »

     

    Une exposition d’objets personnels

     

    Greta Șuteu nous raconte aussi comment l’exposition a été mise en œuvre :

    « Heureusement le patrimoine du musée contient divers objets personnels de l’artiste et de sa famille, laissés par Mme Aman dès 1904, lorsqu’elle a cédé la maison et toute la collection d’art pour ouvrir le musée. Grâce à ces objets, dont la grande majorité étaient gardés dans les dépôts, nous avons pu reconstituer différentes hypostases de l’homme Aman, à partir desquelles nous pouvons tenter de révéler différents profils. »

     

    Un artiste aux multiples facettes

     

    Quelles sont les facettes de la personnalité de l’artiste Theodor Aman que l’on peut découvrir dans l’exposition et comment sont-elles présentées au public ? Greta Șuteu nous explique :

    « En ordre chronologique, je commencerais par l’enseignant Aman. Il se révèle dans l’exposition en tant que fondateur de l’Ecole des Beaux-Arts et professeur de nos premiers maîtres de la fin du 19e et du début du 20e siècle, surtout à travers des textes, à savoir des fragments de correspondance entre lui et ses élèves, fragments qui sont absolument charmants. Ainsi découvre-t-on un professeur sérieux, mais aussi très proche de ses élèves et de certains élèves fascinés par lui, qu’ils aiment et respectent énormément. Le poète Aman est moins connu par le public. Il a publié quelques poèmes dans « Noua Revistă Română » (Le nouveau magasine de Roumanie). Qui plus est, nous avons été surpris de constater qu’en plus de peindre, Aman était aussi sculpteur. Le musée révèle aussi son activité de musicien puisqu’il jouait du violoncelle. Un autre aspect intéressant est la personnalité d’Aman. L’homme du monde Amman organisait des soirées musicales, mais aussi des bals, généralement masqués, dans cette maison spectaculaire, auxquels tout le gratin de la capitale était invité et qui étaient évoqués dans les journaux du monde entier. Nous disposons de fragments de ces journaux dans lesquels les événements qui se sont déroulés ont été évoqués avec des détails somptueux. Un autre aspect intéressant est le collectionneur Aman. Nous possédons une importante collection d’objets orientaux. Sans oublier Aman le propriétaire, celui qui avait construit cette maison spectaculaire. Enfin, n’oublions pas la personnalité d’Aman, qui s’est révélé être un pilier de la société dans laquelle il a vécu. Le plus important est que nous avons exposé le projet de Theodor Aman pour la couronne royale de Roumanie, à savoir la couronne d’acier. »

     

     

    L’histoire de la couronne royale de Roumanie est fascinante. Le premier roi de la Roumanie après la Guerre d’Indépendance (1877-1878), Carol I, a souhaité une couronne d’acier, et pas une d’or, pour symboliser le courage des soldats roumains dans la Guerre d’Indépendance. Une commission a délégué Theodor Aman de faire le projet de la couronne, qui a été ensuite construite à partir d’un char capturé pendant la bataille de Plevna (30 août 1877).

     

    Le public est attendu à l’exposition jusqu’au 30 mai 2025 de dimanche à mercredi, de 10 à 18 heures. Le site du musée offre plus d’informations sur la maison de Theodor Aman : https://muzeulbucurestiului.ro/muzeul-theodor-aman.html

     

     

  • L’AUF en Roumanie :  3 décennies au service de la francophonie universitaire

    L’AUF en Roumanie : 3 décennies au service de la francophonie universitaire

    En 2024, l’AUF, opérateur direct de l’OIF, a marqué les 30 ans écoulés depuis l’ouverture de son bureau à Bucarest. Si 1994,  le réseau comptait seulement 7 universités, aujourd’hui il y en a 144 dans 23 pays. C’est dire que ces 3 dernières décennies ont porté leurs fruits.

     

    Pour célébrer ces 30 ans passés en Roumanie au service de la francophonie universitaire, le bureau de Bucarest a organisé fin juin la Conférence régionale des recteurs des établissements membres de l’AUF en Europe centrale et Régionale et un Atelier consacré à la Francophonie universitaire dans la même zone. Une cinquantaine d’universités de 15 ont répondu à l’appel et envoyé les recteurs des leurs universités francophones à Bucarest pour célébrer et échanger.

     

    Ce fut l’heure du bilan d’une longue expérience, mais aussi un moment de réfléchir aux défis actuels de la francophonie, des nouvelles manières d’attirer les jeunes générations vers la langue française et vers des carrières en langue française et sur les défis du monde actuel, avec leurs conséquences sur la francophonie.

     

    A cette occasion, Ileana Taroi s’est entretenue sur place avec  Mohamed KETATA, le Directeur régional de l’AUF en Europe Centrale et Orientale. Approchant la fin de son mandat en Roumanie, celui-ci a parlé des réussites de l’AUF et de ses futurs défis, avec un accent mis sur l’importance de la Roumanie dans les actions francophones à tous les niveaux. Il n’a pas oublié non plus de nous faire part de ses propres impressions sur notre pays. Ecoutons Mohamed KETATA au micro d’Ileana Taroi.

     

     

  • Les 30 ans de l’Agence Universitaire de la Francophonie en Roumanie

    Les 30 ans de l’Agence Universitaire de la Francophonie en Roumanie

    En 2024, l’AUF, opérateur direct de l’OIF, a marqué les 30 ans écoulés depuis l’ouverture de son bureau à Bucarest. Si 1994,  le réseau comptait seulement 7 universités, aujourd’hui il y en a 144 dans 23 pays. C’est dire que ces 3 dernières décennies ont porté leurs fruits.

    Pour célébrer ces 30 ans passés en Roumanie au service de la francophonie universitaire, le bureau de Bucarest a organisé fin juin la Conférence régionale des recteurs des établissements membres de l’AUF en Europe centrale et Orientale et un Atelier consacré à la Francophonie universitaire dans la même zone. Une cinquantaine d’universités de 15 ont répondu à l’appel et envoyé les recteurs des leurs universités francophones à Bucarest pour célébrer et échanger.

    Ce fut l’heure du bilan d’une longue expérience, mais aussi un moment de réfléchir aux défis actuels de la francophonie, des nouvelles manières d’attirer les jeunes générations vers la langue française et vers des carrières en langue française et sur les défis du monde actuel, avec leurs conséquences sur la francophonie.

    A cette occasion, Ileana Taroi s’est entretenue sur place avec Slim KHALBOUS, le recteur de l’AUF. Celui-ci a parlé du rôle de l’AUF, de la place de la francophonie à l’heure actuelle, de l’impact des conflits actuels sur la mission de l’Agence avec un œil plein d’espoir vers l’avenir.

     

  • MoBU 2024, l’art contemporain à l’honneur

    MoBU 2024, l’art contemporain à l’honneur

    Cinq jours durant, 50 stands d’art contemporain s’étalant sur 22.000 mètres carrés, ont proposé au public toute sorte d’objets d’art et de patrimoine, parallèlement à des expositions, des tours guidés ou de programmes de médiation culturelle. L’édition de cette année a été couronnée de succès, selon son ambassadeur, Mihai Zgondoiu.

    „A la différence de l’année dernière, la Foire de cette année a été plus grande, avec deux fois plus de stands qu’en 2023. Le public a pu y admirer des objets de patrimoine, des tableaux appartenant aussi bien à des peintres célèbres tels Tonitza ou Luchian, qu’à des peintres émergeants. Côté recettes, la situation a été très bonne, côté qualité aussi, reste à espérer que ce contexte perdure pour la troisième édition aussi. Les premiers retours ont été gratifiants. Le public a remarqué le progrès par rapport à l’édition de l’année dernière. Tout le monde sait que lorsqu’il s’agit d’une foire, d’un festival ou d’un événement, la première édition a toujours des failles. Mais nous avons fait des efforts pour améliorer les conditions offertes aussi bien aux collectionneurs, qu’au public pour booster les ventes et soutenir de cette manière, l’art contemporain”.

     

    L’art contemporain a le vent en poupe

     

    Petru Lucaci, à la tête de l’Union des artistes plasticiens remarque le moment propice que traverse actuellement l’art contemporain de Roumanie:

    Elles se font de plus en plus nombreuses les initiatives qui se proposent d’intégrer dans l’art contemporain des mouvements artistiques en tout genre, appartenant à des artistes de toutes les générations, aussi bien de Roumanie que d’ailleurs. Je salue cette foire qui offre la chance au public d’admirer les oeuvres des artistes contemporains. C’est magnifique de concentrer au même endroit, différentes manifestations artistiques, chacune avec ses propres défis, mais qui coexistent et qui mettent en lumière un potentiel d’expression très intéressant, capable de changer complètement le paysage de l’art contemporain. Il s’agit pour la plupart, des galeries où exposent les jeunes artistes, extrêmement compétitifs, capables de changer radicalement le paysage de  l’art contemporain. A part toutes ces galeries nouvellement ouvertes, je signale l’existence en Roumanie de plusieurs écoles de Beaux arts qui renouvellent en permanence les moyens d’expression artistique”.

     

    Le projet “No limit” de Francisc Chiuariu, à l’affiche de l’édition MoBU

     

    Francisc Chiuariu est l’un des artistes visuels contemporains invité à participer à la Foire MoBU. Il nous présente en grandes lignes son projet d’exposition:

    J’ai participé à la deuxième édition de la Foire MoBU avec „No Limit”, un projet complètement nouveau, issu d’une de mes passions plus anciennes, à savoir la géométrie. C’est un projet qui m’a permis de recourir à des formes géométriques, des parallélépipèdes, des cercles pour mettre en lumière la nécessité d’un départ à zéro de notre monde. La société actuelle a besoin d’une sorte de mise à jour et c’est ce que j’ai essayé de montrer, en créant un espace virtuel qui laisse la place à la métaphysique. Mon projet permet à chaque visiteur de trouver ses propres ressorts intérieurs et sa propre vision”.

    Francisc Chiuariu a salué l’importance de la Foire MoBU pour les amateurs d’art contemporain:

    Le public roumain est en cours de mûrissement, mais c’est un processus qui nécessite du temps. Or, de telles foires comme celle dont il est question en ce moment permettent aux consommateurs d’art d’affiner leur regard et leur culture visuelle. Et je pense aussi bien aux consommateurs avisés, qu’à ceux en herbe. Les deux peuvent devenir de véritables collectionneurs d’art”.

     

    L’artiste visuelle ATOMA expose à Bucarest et à Brasov 

     

    Parmi les coups de coeur de l’édition de cette année, mentionnons la présence de l’artiste visuelle ATOMA, connue au public roumain pour  son exposition „Sevraja 2.0”, en place à Brasov, dans le centre de la Roumanie:

    Une partie des œuvres exposées à MoBU, à Bucarest, sont issues de l’exposition temporaire „Sevraja 2.0”, en place au Musée des Beaux Arts de Brasov, au rez-de-chaussée. C’est une exposition qui traite du thème de la dépendance, notamment de la dépendance envers les technologies. J’aimerais bien faire de ce projet une exposition itinérante afin  que le message touche le plus de monde possible. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle je me suis mise à faire du street art, car l’art urbain a la force de communiquer directement avec le public. C’est ce que je me propose de faire à travers mes oeuvres, à savoir, communiquer avec le plus de gens possible pour que mon message se propage plus loin. Pourquoi 2.0? Parce qu’il s’agit d’une deuxième étape, intermédiaire, de mon projet consacré aux dépendances, qui comporte trois nouvelles oeuvres exposées à Brasov. J’ai commencé à travailler avec de la résine et je compte approfondir cette technique pour une prochaine exposition, encore plus détaillée”.

  • Le compostage en ville

    Le compostage en ville

    L’esprit civique de
    la ville ne se manifeste pas uniquement par l’expression du mécontentement ou
    la saisine des autorités quand les choses vont mal. Par exemple, le Groupe
    d’initiative civique Cismigiu a invité les habitants de l’immeuble Liric, situé
    à la bordure du célèbre parc bucarestois a formé ensemble une communauté, par
    le biais du compostage. Cette collaboration a mené à l’installation de trois
    bacs spéciaux dans la cour intérieure de l’immeuble où chacun peut venir
    déposer ses restes alimentaires afin d’en faire de l’engrais naturel. Alex
    Oprița, le coordonnateur de ce groupe d’initiative civique considère que cette
    action collective peut aider les gens à socialiser et peut-être même par la
    suite à passer du bon temps ensemble. Alex Oprița explique: Nous avons commencé à nous occuper du jardin de l’immeuble en 2017. Il y a une
    parcelle dans la cour intérieure et une parcelle devant l’immeuble. Nous avons
    amené des plantes et nous avons essayé de penser l’ensemble afin qu’il soit le
    plus résilient possible face au changement climatique, qu’il nécessite peu
    d’eau et un faible niveau d’intervention. Une partie du compost va surement
    être utilisée dans les espaces publics, les jardins du quartier, et l’autre
    partie sera utilisée par les habitants pour leurs plantes d’appartement parce
    que c’est un très bon engrais naturel.

     

    L’installation des
    bacs à compost a été suivi d’une leçon de compostage dispensée par Gabriela
    Iordan, la coordonnatrice des projets Académie du compost et Livada Comunitară
    Mărțișor. (le Verger communautaire martisor). Voici ce qu’elle nous a dit: Le compostage, c’est-à-dire le fait de collecter les
    déchets organiques séparément du reste des déchets que nous générons chaque
    jour, les déchets végétaux, fait que chaque type de déchet sera plus propre et
    arrivera plus rapidement dans la zone où il va pouvoir être transformé de
    nouveau en matériau utile pour le processus de production. Concernant la
    collecte séparée des déchets végétaux en zone urbaine où nous pratiquons le compostage
    communautaire, nous encourageons une recette très simple. Nous séparons les
    épluchures de légumes, de fruits, les pelures, le marc de café, les restes de
    thé ou les fleurs d’intérieur du reste et nous les broyons soigneusement au
    moins une fois par semaine. Il s’agit d’un processus respectueux de
    l’environnement, car nous réduisons la quantité de déchets envoyés dans les
    décharges qui ne sont pas conformes et qui devraient être fermées de toute
    façon. Deuxièmement, les déchets végétaux deviennent un engrais naturel que
    nous utilisons à la fois dans nos jardinières et dans nos jardins d’immeubles
    en tant qu’apport vitaminique et minéral pour les plantes et les arbres afin de
    les maintenir en vie.

     

    A l’heure actuelle,
    sept autres lieux de compostage existent dans les immeubles de Bucarest. Mais
    le phénomène s’est aussi étendu jusqu’aux quartiers résidentiels. Gabriela
    Iordan affirme que: Il y a beaucoup de bacs de compostage
    désormais, et bien sûr que les gens qui habitent dans des maisons ont commencé
    à réaliser leur propre compost, notamment les gens qui ont un petit bout de
    terrain où ils peuvent transformer ces restes végétaux en compost en quelques
    mois seulement. C’est sûr que c’est plus compliqué dans les immeubles, ainsi
    les stations de compostages situées dans les immeubles ne sont pas
    exclusivement réservées aux habitants de l’immeuble mais à tous les gens du
    quartier qui souhaitent participer et n’ont pas encore dans leur immeuble ce
    type de station. Nous souhaitons vraiment étendre le réseau. Dans le cadre du
    projet l’Académie de compost, nous allons créer un prix pour les communautés
    qui désirent ouvrir une station de compostage. Plus il y en a, mieux c’est. Les
    personnes qui compostent commencent à se poser certaines questions, à réduire
    leur gaspillage alimentaire. Il faut comprendre qu’on ne résout pas la question
    du gaspillage par le biais du compostage. C’est un problème qui vient avant le
    compostage, au moment où on fait sa liste de course, où on évalue quelle
    quantité cuisiner par rapport à sa consommation. Comme je l’ai déjà dit, le
    compostage communautaire n’intègre que les restes de légumes et de fruits, le
    marc de café et les coquilles d’œufs.

     

    A quel point est-il
    facile de mobiliser une communauté autour d’un projet de ce genre ? Alex
    Oprița du Groupe d’initiative civique de Cismigiu précise que: Ce
    n’est pas simple. J’aimerais pouvoir dire que c’est simple mais nous vivons de
    fait dans une société dans laquelle nous ne sommes pas encouragés à nous
    intéresser à nos voisins ou aux personnes de notre entourage. Tout se passe
    tellement vite que nous nous rendons compte que nous n’avons même pas le temps
    de voir nos amis proches ou notre famille. C’est pour cette raison qu’il n’est
    pas facile de réunir les gens. Chez nous, dans l’immeuble Liric, ça s’est fait
    petit à petit. Ça fait 5 ans que nous organisons des événements communautaires
    dans le quartier, du jardinage, de l’ornithologie ou d’autre. Je crois que le
    fait d’avoir un canal de communication au sein de l’immeuble a constitué un
    point clé pour nous, depuis le début nous avons un groupe Facebook et
    progressivement les voisins se sont joints à nous. Il a commencé à y avoir des
    interactions entre nous, les gens connaissaient leur voisin de palier, se
    saluaient et échangeaient quelques mots. Les ateliers organisés pour la
    communauté sont une excellente occasion de rassembler les gens en dehors du
    cadre professionnel.

     

    Il y a actuellement 10 ménages au sein de l’immeuble
    Liric qui utilisent les bacs de compostage et les voisins des autres immeubles,
    entendant parler de cette initiative, ont commencé à venir eux aussi composter
    leurs déchets organiques.

     

  • 10.06.2024

    10.06.2024

    Elections en Roumanie – Des élections européennes et locales ont eu lieu le dimanche, 9 juin en Roumanie. C’est Nicușor Dan, le maire en fonction soutenu par l’Alliance de la Droite Unie (ADU), qui a remporté un nouveau mandat à la tête de la mairie générale de la capitale roumaine, Bucarest, avec près de 47 % des voix, loin devant la candidate sociale-démocrate et ex-maire de Bucarest, Gabriela Firea. Pour le Conseil général de la mairie de la capitale, le PSD (membre de la coalition à la gouvernance) et l’ADU sont à égalité, avec environ 27 % des suffrages. En ce qui concerne les Conseils départementaux, le PSD est en tête de liste, suivi par le PNL. Enfin, les élections européennes ont été remportées de manière détachée par l’alliance des deux partis au pouvoir, le PSD (Parti social-démocrate) et le PNL (Parti national libéral). Suit l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR, un parti populiste et ultranationaliste). En 3e position l’on retrouve l’ADU. Précisons que la Roumanie sera représentée à Bruxelles par 33 eurodéputés. Rappelons aussi que cette année, en Roumanie, des élections présidentielles sont prévues en septembre, suivies d’élections législatives en décembre.

     

    Elections européennes – Selon les résultats partiels des élections européennes qui se sont tenues du 6 au 9 juin, le groupe des Conservateurs européens est en tête, avec 191 sièges, soit 15 de plus qu’aux dernières élections. Les sociaux-démocrates occupent la deuxième place, avec 135 sièges, soit une baisse de 4 sièges par rapport à 2019. Le groupe Renew perd près de 20 sièges mais conserve sa troisième position. Les deux partis eurosceptiques d’extrême droite, à savoir le groupe des Conservateurs et Réformistes ainsi que le groupe Identité et Démocratie, occupent les 4e et 5eplaces. Les Verts perdent leur 4e position et se retrouvent 6e avec 53 sièges, contre 71 lors des élections de 2019. L’extrême gauche reste à la 7e place avec 35 sièges. Enfin, les indépendants obtiennent 50 sièges et les partis non affiliés en ont 45. Selon ces résultats partiels et les déclarations des dirigeants politiques de dimanche soir, la future majorité sera formée suite aux négociations entre les trois premiers groupes, à savoir les conservateurs, les sociaux-démocrates et le groupe Renew, précise la correspondante de Radio Roumanie à Bruxelles. Ensemble, ils détiennent une majorité confortable de 409 sièges sur un total de 720 au Parlement, de sorte que le vote pour la future Commission européenne ne devrait pas poser de problème. Les conservateurs souhaitent qu’Ursula von der Leyen obtienne un 2e mandat à la tête de la Commission, ce qui nécessite seulement 361 voix. Par ailleurs, les partis d’extrême droite et de droite radicale ont remporté les élections en France, en Autriche et en Italie, et se sont classés 2es en Allemagne et aux Pays-Bas. À la suite des résultats, en France, le président Emmanuel Macron a décidé d’organiser des élections anticipées dans trois semaines.

     

    Bucharest Tech Week – La capitale roumaine accueille cette semaine Bucharest Tech Week, le plus grand événement consacré à la technologie et à l’innovation en Europe centrale et orientale. Du 10 au 16 juin, la capitale roumaine devient l’épicentre de l’innovation technologique, attirant plus de 25 000 passionnés de technologie. Cette 8e édition de Bucharest Tech Week met l’accent sur la redéfinition de l’expérience humaine grâce à la technologie, inspirant à la fois les experts du domaine et les passionnés. Au programme : cinq jours de sommets d’affaires, suivis d’une exposition technologique en week-end ouverte au large public. Plus de 50 conférenciers locaux et internationaux sont attendus aux sommets, et une soixantaine d’entreprises partenaires présenteront aux participants plus de 450 solutions technologiques dédiées au monde des affaires. La cérémonie d’ouverture de ce grand événement se fera en présence de  Mircea Geoană, Secrétaire général adjoint de l’OTAN.

     

    B9 – Le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, participera mardi au sommet du Format Bucarest 9 (B9) à Riga, qu’il coprésidera aux côtés du président letton, Edgars Rinkevics, et du président polonais, Andrzej Duda. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, sera également présent à l’événement. Cette réunion a lieu un mois avant le sommet anniversaire de l’OTAN à Washington, qui marquera les 75 ans de l’Alliance. À Riga, les dirigeants auront l’occasion d’échanger sur les principaux objectifs et résultats attendus pour le sommet de Washington, en mettant l’accent sur le renforcement de la posture de dissuasion et de défense de l’OTAN sur le flanc est, ainsi que sur l’intensification du soutien à l’Ukraine, lit-on dans un communiqué de la présidence de Bucarest.

     

    Adhésion – L’Ukraine et la République de Moldova ont rempli les conditions nécessaires pour entamer les négociations en vue de leur adhésion à l’Union européenne, a annoncé la Commission européenne depuis Bruxelles. La première étape après ce moment consiste à obtenir l’approbation de la recommandation de la Commission par des États membres au sein du Conseil, puis la prochaine étape sera une première conférence intergouvernementale avec la République de Moldova et l’Ukraine. La Roumanie soutient ces deux pays voisins dans leur parcours européen.

     

    Commerce – Au cours des 4 premiers mois de cette année, le déficit de la balance commerciale de la Roumanie s’est élevé à un peu plus de 9,3 milliards d’euros, soit une augmentation de 440 millions d’euros par rapport à la période similaire de l’année précédente, selon les données de l’Institut national de statistique publiées ce lundi. Au cours de cette période, les exportations ont atteint près de 31,3 milliards d’euros, tandis que les importations ont dépassé les 40,6 milliards d’euros. D’après l’INS, la plupart des exportations et importations ont visé les machines et équipements de transport, ainsi que d’autres produits manufacturés. Les échanges de biens à l’intérieur de l’espace communautaire comptent pour environ 73 % du total des exportations et des importations.

     

    Population – Près de 12 000 enfants sont nés en Roumanie en avril 2024, soit une augmentation de 13,6 % par rapport à mars dernier, selon l’Institut national de statistique. Le nombre de décès, d’environ 19 000 personnes, a diminué de 2,3 % par rapport au mois précédent, mais il était toujours 1,6 fois plus élevé que celui des nouveau-nés vivants, ce qui a maintenu le solde naturel négatif. Environ 85 % des décès ont été enregistrés chez des personnes de plus de 60 ans, dont plus de la moitié étaient dus à des affections du système circulatoire. Toujours en avril 2024, au niveau national, 4 765 mariages ont été enregistrés, soit une baisse de 13 % par rapport à mars 2024. S’y ajoutent 1 735 divorces, soit 12 % de moins que le mois précédent.

     

    Météo –  La semaine démarre avec des températures caniculaires en Roumanie et un inconfort thermique accentué. En même temps, la météo est assez capricieuse d’abord sur l’ouest du territoire pour arriver ensuite dans le sud et l’est aussi. Ici les rafales du vent pourraient atteindre les 70-90 km./h et les précipitations pourraient s’accumuler jusqu’à 15-25 l/m², voire jusqu’à 50 l/m² à certains moments. Les maxima de ce lundi seront similaires aux températures de dimanche et iront de 25 à 37 degrés. Temps caniculaire à Bucarest aussi, avec une météo qui s’annonce capricieuse et avec une température maximale de 37 degrés.

     

  • Nouvelles courses aériennes cet été

    Nouvelles courses aériennes cet été

    Pour aller à New York 

     

    La compagnie aérienne roumaine HiSky propose à compter du 7 juin des vols direct Bucarest – New York. Les avions décoleront de l’aérport Henri Coanda de la capitale roumaine pour attérir sur l’aéroport John F. Kennedy 4 fois par semaine, tous les lundis, mercredis, vendredis et samedis. Il s’agit d’avions Airbus A330-200, soit le premier aéronef wide-body de la flotte de HiSky et le seul de ce type enregistré en Roumanie.

     

    Si vous vous trouvez à Cluj-Napoca (centre-ouest) et même à Chisinau (la capitale de la République de Moldova), ne vous inquiétez pas, vous pouvez toujours monter à bord de ces avions vers les Etats-Unis, puisque HiSky a adapté ses horaires de vol de sorte à permettre aux passagers de ces deux villes de faire escale à Bucarest. En plus le vol jusqu’à Bucarest depuis Cluj-Napoca ou Chisinau ne dure qu’une heure et 10 minutes. Et ce n’est pas tout, ces vols vers New York sont accessibles aussi aux passagers venant de Tel Aviv, en Israel. Cette connexion est possible tous les jeudis et les dimanches.

     

    A noter qu’en termes de passagers transportés, HiSky se classe 4e dans le top des compagnies aériennes qui opèrent des vols en Roumanie.

     

    Un terminal modernisé à Oradea

     

    Direction Oradea (nord-ouest) maintenant, puisque c’est ici que vient d’être inauguré un nouveau terminal. Elargi à 12 500 m², celui-ci peut accueillir désormais un nombre double de passager, pouvant arriver à 8000 personnes par heure. De plus, il a été doté des systèmes numérisés censés faciliter le traitement des bagages et son parking a été agrandi à 320 places.

     

    Des vols vers Budapest depuis Bucarest ou Brasov

     

    Par ailleurs, à compter du 17 juin les voyageurs qui doivent se rendre à Budapest, la capitale Hongroise, seront bien servis. La compagnie low-cost Wizz Air leur proposera des vols quotidiens Bucarest – Budapest. S’y ajoutent, à compter du 18 juin, 3 vols Brasov (centre) – Budapest par semaine : les mardis, jeudis et samedis. Enfin montez toujours à bord d’un vol Wizz air si vous voulez vous rendre à Leipzig, avec courses directes disponibles à compter du 20 juin.

     

    Davantage de connexions avec l’Italie

     

    On le sait déjà, l’Italie accueille la plus grande communauté de Roumains expatriés, et elle est aussi une des destinations de vacances préférées des Roumains. Rien d’étonnant, donc que les vols vers l’Italie sont d’un grand intérêt pour nos voyageurs.

     

    C’est pour mieux répondre à leurs besoins, que l’opérateur aérien Aeroitalia renforce son réseau en Roumanie à compter du 1er juillet, en proposant davantage de vols direct depuis l’aéroport George Enescu de Bacau (est) vers Rome et Milan-Bergamo. Il s’agit concrètement de courses quotidiennes aller-retour à Rome et de 6 vols par semaine à Milan (du lundi à samedi). Des variantes avec une escale sont possibles aussi pour aller à Palerme, Olbia, Alghero (tous les jours), à Catane (6 fois par semaine), à Perugia (5 fois par semaine) ou encore à Comiso (4 fois par semaine).

     

    Les propositions de FlyLili

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    Disons pour terminer qu’une autre compagnie roumaine, FlyLili annonce 5 nouvelles destinations internationales directes depuis l’aérpport de Sibiu (centre) à compter du 20 juillet. Ces courses vous feront voyager en Allemagne, à Nurnberg et à Stuttgart, en Italie – à Milan-Malpesa et à Rome-Fiumicino et aussi en Espagne, à Barcelone. (trad. Valentina Beleavski)

     

  • “Cvartal”, l’histoire des quartiers d'”immeubles rouges” de Bucarest

    “Cvartal”, l’histoire des quartiers d’”immeubles rouges” de Bucarest

    Eh bien, il faut dire que l’histoire de Bucarest, y compris celle plus récente de l’époque communiste, est désormais mieux connue de ses habitants. C’est le grand mérite, entre autres, de plusieurs jeunes historiens, qui ont décidé de ramener leur recherche académique plus près du large public par des conférences et des tours guidés à travers la ville. Leur projet le plus récent s’intitule « Cvartal » (Quartier) et il comporte un film documentaire et plusieurs brochures présentant plusieurs zones de Bucarest avec leurs mini-communautés qui vivent dans ce que l’on appelle les quartiers « d’immeubles rouges ». Ceux-ci doivent leur nom à leur ressemblance à l’architecture soviétique et aussi au fait qu’ils ont été bâtis dans les années 1950. Afin de faire connaître leur histoire et d’en éclaircir certains aspects architecturaux, l’historien Răzvan Andrei Voinea et le réalisateur Dan Mihai Radu ont créé le document « Cvartal/Qquartier ».

     

    Les débuts du projet

     

    Au micro de RRI, Dan Mihai Radu nous parle pour commencer des débuts de ce projet et de la manière dont il a été mis en œuvre :

    « Ce projet a démarré il y a une année et demie, mais, en fait, notre collaboration date d’il y a cinq ans environ. Notre mission c’est de faciliter l’accès à la recherche historique à un public aussi large que possible. C’est pourquoi nous avons réalisé une série de films courts, des documentaires, distribués via Internet, et basés sur les recherches faites par Răzvan Andrei Voinea sur les immeubles construits entre 1910 et 1945. Après, nous avons aussi créé une application mobile dotée de réalité augmentée pour présenter ces recherches à un public jeune et orienté plutôt vers les jeux. D’ailleurs, cette application mobile ressemble beaucoup à un jeu, car elle permet de se promener à travers les quartiers et d’en apprendre davantage sur leur histoire. Et lorsque nous avons atteint ce moment de l’étude ciblée sur les ensembles d’immeubles construits entre 1945 et 1958, nous avons décidé de faire un film documentaire et 10 livres pour raconter l’histoire comprimée de chacun des 10 quartiers de Bucarest que Răzvan Andrei Voinea et son équipe ont étudié ».

     

    Impact sur la vie quotidienne des habitants et sur l’identité des communautés locales

     

    Il s’agit en fait de quartiers bien connus de la capitale roumaine qui existent de nos jours encore. Par exemple : Panduri, Vatra Luminoasă, Bucureștii Noi, Olteniței, Drumul Sării, Drumul Taberei, Tei. Leur trait commun : ils sont tous construits en tant qu’ensembles d’immeuble, pas trop hauts, très similaires les uns aux autres, voire identiques, avec au centre une sorte de jardin intérieur, et qui donnent l’impression de vivre au sein d’une petite communauté. L’occasion d’explorer aussi l’impact de ces ensemble d’immeubles sur la vie quotidienne de leurs habitants et sur l’identité des communautés locales. Leur architecture est très semblable au style soviétique, mais, en fait, leur aspect a très peu à faire avec le style russe, puisqu’il a été conçu par de grands architectes roumains, dont certains s’étaient fait remarquer depuis déjà l’entre-deux-guerres. Sur la toile de fond de cette grande histoire de la ville viennent se superposer les histoires personnelles des habitants des lieux – toutes racontées dans le documentaire réalisé par Dan Mihai Radu.

     

    Un cinéma expérimental

     

    Dans sa tentative de donner la parole aux descendants, des premiers occupants, des immeubles rouges, celui-ci avoue s’être heurté à pas mal de difficultés. Dan Mihai Radu :

    « En général, les gens sont très ouverts. Durant la période de avant-production et de documentation du film, lorsque nous avons parcouru ces quartiers en disant aux habitants que nous avions l’intention de faire un film sur leur histoire, les gens se sont tout de suite ouverts et ont répondu à nos questions. Par la suite, lorsque nous avons voulu entrer dans les détails et nous leur avons demandé de filmer dans l’intimité et de leurs appartements une bonne partie d’entre eux n’ont plus été tellement ouverts. Peut-être, que c’est à cause du fait que nous vivons à présent sous l’assaut des contenus vidéo, ce qui amène les gens à s’ouvrir de moins en moins, et ceux qui acceptent de le faire sont moins authentiques. Du coup, devant la caméra, les gens commencent à changer de discours et à livrer leurs souvenirs d’une manière un peu différente que dans la vie de tous les jours. C’est ici que notre projet s’est heurté à plusieurs difficultés. Somme toute nous avons réunis une vingtaine d’heures de matériel vidéo uniquement pour les interviews et à un moment donné le film risquait d’entrer dans une zone de production du type « Talking Heads ». Ce qui n’est pas la chose la plus souhaitable pour un documentaire que l’on veut projeter dans une salle de cinéma. Alors, étant donné que tous ces ensembles d’immeubles sont aussi des expérimentations architecture, nous avons opté nous aussi pour une formule de cinéma expérimental pour notre documentaire ».

     

    Mission accomplie

     

    Résultat : un documentaire qui a été projeté à titre gratuit, dans tous les quartiers visés – soit en plein air dans les parcs, soit dans les petites salles de quartier qui existent encore – pour que ses habitants puissent le voir en toute tranquillité et mieux se familiariser avec l’histoire de l’endroit où ils ont passé la majeure partie de leur vie. Mission accomplie. Malgré les difficultés, les salles ont été combles et le documentaire de nos invités à réussi en fin de compte d’aider les Bucarestois à explorer le patrimoine culturel des quartiers de leur ville. Les projections sont désormais terminées, mais tous ceux qui souhaitent se familiariser avec l’histoire des « immeubles rouges » de leur quartier, peuvent se procurer en ligne, les brochures contenant toutes les données recueillies par nos invités. (trad. Valentina Beleavski)

  • Candidats différents à la Mairie de la Capitale

    Candidats différents à la Mairie de la Capitale

    Le docteur Cătălin Cîrstoiu, orthopédiste et directeur d’un grand hôpital de Bucarest, ne se portera plus candidat à la Mairie de Bucarest, puisqu’il a perdu le soutien des partis de la coalition au pouvoir Parti Social-Démocrate – Parti National-Libéral. Les leaders des deux partis ont adopté cette décision lundi en soirée, à l’issue d’une longue réunion. Pourtant, le docteur Cătălin Cîrstoiu était clairement en pertes de vitesse, car confronté à des accusations d’incompatibilité. En tant que directeur d’un hôpital public, il proposait aussi des consultations dans la clinique privée de son épouse. Qui plus est, les sondages lui attribuaient moins de 10 % des voix.

     

    Des candidats différents à la Mairie de la Capitale

    Et c’est dans ce contexte que la coalition a finalement décidé de présenter deux candidats différents à la Mairie de la Capitale, à savoir Gabriela Firea, ancienne maire générale et cheffe de la filiale du Parti Sociale Démocrate de Bucarest, et Sebastian Burduja, l’actuel ministre de l’Energie et également président de l’organisation bucarestoise du PNL. Les représentants des deux partis affirment qu’ils mobiliseront ainsi au maximum leurs propres électorats.

    Selon les sources politiques citées par la presse, les deux candidats ne s’attaqueront pas et mèneront une campagne constructive, ciblée sur des solutions pour Bucarest.

    Les candidatures par secteur restent les mêmes, tout comme les listes des candidatures pour les conseils locaux.

     

    Les sondages

     

    Selon les sondages, l’actuel édile en chef, l’indépendant Nicuşor Dan, soutenu par l’Alliance de la Droite Unie, qui réunit  l’Union Sauvez la Roumanie, le Parti le Mouvement Populaire et la Force de la Droite, ainsi que le maire populiste du cinquième arrondissement, Cristian Popescu Piedone, candidat du Parti Humaniste Social Libéral, sont les favoris des élections locales. Avec l’entrée de Gabriela Firea et Sebastian Burduja dans l’arène, la compétition se complique en théorie.

     

    Les défis des deux nouveaux candidats

     

    Rappelons-le, la solution de soutenir la candidature de Catalin Cîrstoiu est apparue dans le laboratoire politique de la coalition précisément parce que les candidats Gabriela Firea et Sebastian Burduja n’avaient pas de réelles chances de succès. Le mandat de Gabriela Firea avait été marqué par une absence de réalisations notables. Par ailleurs, Sebastian Burduja n’est pas perçu, même par l’électorat de droite, comme un concurrent sérieux. Les deux candidats sont confrontés à des missions presque impossibles : Gabriela Firea doit détourner l’électorat de gauche susceptible de voter Crisitian Popescu Piedone, et Sebastian Burduja doit convaincre l’électorat de droite qu’il mérite d’être élu.

    Les élections locales sont prévues pour le 9 juin et donc les nouveaux candidats ont peu de temps pour mener à bien leur mission. L’abandon de la candidature commune à la Mairie de Bucarest pourrait également affecter le vote pour le Conseil général. Dans ce cas, la liste Parti Sociale Démocrate – Parti National-Libéral, même si elle est la première des options, selon les sondages, a une petite avancée  face à l’Alliance de la Droite Unie. Les sociaux-démocrates et les libéraux veulent présenter l’image d’une coalition solide, avec des chances de devenir même une alliance politique. Et pourtant les attaques mutuelles, à travers le pays, ainsi que le récent fiasco de la candidature commune pour la Mairie de Bucarest mettent leurs intentions en danger.

    Par ailleurs, le 9 juin également, la coalition Parti Social-Démocrate – Parti National-Libéral a encore un test majeur à passer, celui des élections au Parlement européen. Elle a proposé une liste commune de candidats et a fixé comme objectif d’obtenir plus de la moitié des mandats du Parlement européen appartenant à la Roumanie.

  • La périphérie bucarestoise à travers le temps

    La périphérie bucarestoise à travers le temps

    Au fait, entourée d’un réseau de faubourgs, coagulés sur des terrains ayant appartenu à d’anciens villages, seule la zone centrale était devenue presqu’entièrement urbaine après la Grande Guerre. Cela explique pourquoi un style de vie rural a partiellement résisté dans ces « mahalale » jusqu’au début des années 1960, quand le régime communiste a lancé la systématisation de la ville justement dans ces zones. Les habitations vernaculaires et les immeubles de commerçants, avec la boutique au rez-de-chaussée et le logement à l’étage, ont été démolis pour laisser la place à des barres d’immeubles à plusieurs étages, la périphérie étant ainsi entièrement engloutie par des quartiers-dortoirs. Un film documentaire récemment découvert dans les archives du Musée municipal Bucarest – c’est en fait un enregistrement brut – nous montre la vie des Bucarestois le long des artères allant de la barrière de Vergu à la Place de la Victoire, c’est-à-dire entre la limite Est de la capitale et le début du boulevard bucarestois le plus important et le plus moderne, la  Calea Victoriei (l’avenue de la Victoire). Le film a retenu la vie quotidienne des gens qui habitaient à proximité des boulevards appelés de nos jours « Mihai Bravu », « Ștefan cel Mare » et « Iancu de Hunedoara ». Dans les années 1960, ces noms n’existaient pas, tandis que l’existence des habitants était inchangée depuis des dizaines d’années.

     

    Les « mahalale »

     

    Quel était le visage de ces « mahalale » (faubourgs) au XIXème siècle et comment vivaient les habitants de l’unité administrative appelée « sectorul de galben » (un des arrondissements de la capitale) ou littéralement « le secteur de jaune » ? C’est l’historien Adrian Majuru, directeur du Musée municipal Bucarest, qui répond à ces questions : « En 1838, ce secteur de jaune comptait 11.555 habitants et 2.449 habitations, il n’était donc pas trop peuplé. Et il y avait aussi des animaux de compagnie, pour ainsi dire, à savoir: 1063 chevaux, 444 bœufs, 245 vaches, 73 buffles, 193 cochons et 1542 chiens. Les volailles ne sont pas mentionnées dans les documents de l’époque, les chats non plus. Mais nous remarquons la présence d’animaux de trait: chevaux, bœufs, buffles. En ces temps-là, les cochons étaient bien différents de ceux que les paysans et les fermiers élèvent à présent. Ces cochons, représentés dans des lithographies du début du XIXème siècle, notamment des années 1830 – 1850, se déplaçaient librement et portaient des marques spécifiques. Par exemple, un licol triangulaire qui les empêchait de se glisser dans d’autres fermes, à travers les palissades. Vous voyez, donc, un monde rural qui changeait lentement. Ou pas du tout, du côté de la Chaussée Mihai Bravu. Toutefois, à un moment donné, une classe moyenne inférieure fait son apparition ; elle se compose de maîtres-artisans qui vivent des résultats de leur travail. Si vous avez votre atelier de cordonnier ou de fourreur ou de photographe, ou autre, du côté de la Chaussée (avenue) Ștefan cel Mare, où vous vendez ce que vous fabriquez, vous êtes quelqu’un de chanceux. Votre affaire pourrait s’étaler aussi dans les rues adjacentes, mais les gens n’y vont pas, car ces rues sont trop insalubres et relativement peu sûres à l’époque. L’atmosphère et le monde changent quand on change de mahala. Les immeubles sont différents. Il y existe aussi, bien-sûr, des zones industrielles, par exemple une fabrique de pain au nord et une autre au sud. (…) Le monde cosmopolite commençait Place de la Victoire ; derrière et autour d’elle, il y avait le monde rural. »

     

    Le quotidien des habitants des faubourgs bucarestois

     

    La situation change en 1961, année de la réalisation du film préservé au Musée municipal Bucarest et qui documentait justement ce changement. Mais quel était le quotidien des gens qui vivaient près de la barrière de Vergu (Piața Muncii ou Place du Travail d’aujourd’hui), aux confins de l’Est de la ville? Adrian Majuru nous donne des détails.  « Il y avait une expression à l’époque, qui disait: « Ma chère, s’il y avait aussi du gaz à acheter, ce serait comme pendant la guerre ». On achetait le pain avec des tickets de rationalisation, les confections valaient un ticket, attribué en fonction du niveau professionnel et de l’origine sociale saine, comme on disait à l’époque. La situation s’était quelque peu améliorée dans les années 1960, lorsque Gheorghiu-Dej était toujours le chef de l’Etat et du parti communiste et la dépendance de l’Union soviétique était encore forte. Pourtant, dans l’esprit des gens, le monde d’avant n’avait pas disparu. Des difficultés, il y en avait, mais ils vivaient dans les mêmes maisons, certains avaient même pu ouvrir de petits ateliers autorisés par le régime. Les choses commencent à changer en 1961, (…) et la population ne comprend pas ce qu’il se passe. Les adultes éprouvaient une grande tristesse, à cause de ce nouveau monde auquel ils ne savaient pas comment se rapporter. Ils quittaient des logements qui leur étaient familiers pour emménager dans d’autres, sur les boulevards Mihai Bravu ou Iancu de Hunedoara, ou ailleurs. »

     

    Un paysage humain transformé

     

    Bien évidemment, les démolitions et les nouvelles constructions transforment aussi le paysage humain. Des gens des campagnes viennent travailler en ville, des villageois viennent occuper les nouvelles barres d’immeubles et deviennent des citadins du jour au lendemain raconte Adrian Majuru.  « La réalité des années 1960 a un impact sur la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui, car elle marque le début de travaux de systématisation et d’une industrialisation de la périphérie de la ville, dont l’effet sera l’arrivée d’un très grand nombre de gens du monde rural et des petites villes. Leur contact avec l’urbain se réduisait à ça et ils n’en voulaient pas plus. Or, au moment où la masse critique d’intellectuels et de’ pratiquants de professions libérales diminue, la périphérie commence à se manifester aussi dans les zones centrales. Les démographies se mélangent et ce mixage se retrouve également à l’intérieur d’un immeuble, où habitent deux ou trois intellectuels et puis des ouvriers de l’usine Semănătoarea ou de petits fonctionnaires de l’Etat. L’homogénéité professionnelle fondatrice des quartiers et des grands boulevards de la ville n’était plus souhaitée. »

     

    Aujourd’hui, la zone comprise entre les repères historiques des barrières de Vergul et de Mogoșoaia (l’endroit où commençait la Calea Victoriei ou Calea Mogoșoaiei) a quasiment gardé le visage issu des transformations imposées par le régime communiste. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • La Roumanie en proie au vent très fort

    La Roumanie en proie au vent très fort

    Les météorologues ont placé mardi 17 départements et la capitale en alerte orange au vent très fort. Les rafales ont soufflé à 80, voir 85 km/h, en provoquant des dégâts dans 13 localités et à Bucarest. En altitude, la vitesse du vent est montée jusqu’à 120 km/h. Les fortes rafales ont balayé pratiquement tout le territoire de la Roumanie, en entraînant des coupures d’électricité, en déracinant des arbres et des poteaux électriques et en arrachant des toitures. Rien qu’à Bucarest, le coup de vent a nécessité au total presque 300 interventions de la part des sapeurs-pompiers. 29 autres interventions ont été enregistrées dans le département limitrophe d’Ilfov.

     

    Les puissantes rafales de vent ont perturbé également le trafic routier, plusieurs routes étant bloquées temporairement par des arbres déracinés. 

    Selon un rapport de l’Inspection pour les situations d’urgence, c’étaient principalement des arbres déracinés ou menaçant de l’être, des autos avariées, des parties de toiture arrachées ou encore des poteaux électriques tombés qui ont occupé les secours. Les puissantes rafales de vent ont perturbé également le trafic routier, plusieurs routes étant bloquées temporairement par des arbres déracinés. La circulation ferroviaire a été également ralentie. Le vent a entraîné des dégâts dans plusieurs fermes paysannes et a provoqué aussi des incendies. Des avions bombardiers d’eau des Forces aériennes roumaines ont épaulé les sapeurs-pompiers dans leur combat contre les flammes qui se sont propagées à grande vitesse, en raison du vent très fort. Des pannes d’électricité ont été signalées dans plusieurs localités à travers la Roumanie. Des équipes de techniciens sont intervenues pour remédier aux problèmes.

     

    Le maire de Bucarest, Nicusor Dan, a affirmé qu’il accélérera le rythme des travaux pour l’enterrement du réseau électrique de Bucarest.

    La capitale n’a pas été épargnée. Le maire de Bucarest, Nicusor Dan, a affirmé qu’il accélérera le rythme des travaux pour l’enterrement du réseau électrique de Bucarest. A ses dires, ces trois dernières années, presqu’un millier de kilomètres de fils sur les poteaux ont été remplacés par des câbles souterrains. Quant aux arbres déracinés, l’édile a affirmé que c’est une situation difficile à anticiper, en sachant que souvent, leurs racines sont coupées par mégarde par les ouvriers qui font des travaux urbains. Les météorologues prévoient pour les jours à venir des températures proches de la moyenne au mois d’avril. Le vent soufflera légèrement sur l’ensemble du relief et plus fort sur les sommets des Carpates, notamment des Carpates orientales.

  • Précisions avant les élections

    Précisions avant les élections

    Deux mois et demi seulement nous séparent des élections européennes et locales organisées simultanément en Roumanie. Le 9 juin, les Roumains ayant le droit de vote seront appelés aux urnes pour élire leurs représentants tant au Parlement européen qu’aux mairies et conseils locaux des villes et villages où ils résident.

     

    La stratégie des deux partis de la coalition gouvernementale*

     

    Pour les élections au Parlement européen, le Parti Social-Démocrate et le Parti Nation-Libéral, au pouvoir en Roumanie, ont décidé, il y a quelques semaines, de présenter une liste commune de candidats, malgré leurs divergences doctrinales et leur appartenance à des familles politiques européennes tout à fait différentes.

    Et pourtant, même si dans quelques localités les deux partis avaient initialement annoncé que chacun proposerait sa propre liste de candidats, dans d’autres villes le Parti Social-Démocrate et le Parti National-Libéral sont toujours à la recherche de candidats communs. C’est le cas de Bucarest, où, après de longues négociations qui, à un moment donné, semblaient être sur le point d’échouer, la coalition gouvernementale vient de décider de soutenir aux élections pour la Mairie générale le docteur Cătălin Cîrstoiu. L’actuel directeur de l’Hôpital universitaire de Bucarest ne rejoindra aucun des deux partis et sera soutenu comme candidat indépendant. Finalement, les présidents des organisations de Bucarest du Parti Social-Démocrate et du Parti National-Libéral, Gabriela Firea et respectivement Sebastian Burduja, devront se contenter de seulement coordonner  la campagne des deux partis, même si au début ils comptaient devenir eux-mêmes candidats à la Mairie Générale.

    Dans les jours suivants, tant les sociaux-démocrates que les libéraux annonceront également leurs candidats communs pour les six arrondissements de la Capitale. Selon certaines sources politiques, les libéraux proposeront des candidats dans les 1er et 6e arrondissements, tandis que les sociaux-démocrates cibleront les secteurs 2, 3, 4 et 5.

    Les candidats aux élections pour la Mairie Générale

     

    Médecin et directeur d’hôpital, mais illustre inconnu en politique, Cătălin Cîrstoiu se confrontera aux élections pour la Mairie Générale avec le très connu mais controversé Cristian Popescu Piedone, du Parti social-libéral humaniste ou avec Nicuşor Dan, le maire sortant de Bucarest. Le dernier est apprécié par les uns mais durement critiqué par les autres, soutenu par l’Alliance électorale de « La droite unie », composé de l’Union Sauvez la Roumanie, du Parti le Mouvement Populaire  et de la dissidence libérale appelée La Force de la droite.

     

     

    Feu vert pour l’Alliance de la Droite Unie

     

    D’ailleurs, l’Alliance de la Droite Unie pourra participer aux élections du 9 juin selon cette formule, après qu’elle ait été définitivement validée mardi dernier par la Haute Cour de Cassation et de Justice. A la fin de la semaine dernière, le Bureau Central Electoral avait rejeté le protocole de création de cette Alliance, parce que selon le Registre des partis politiques, le président du Parti le Mouvement Populaire était Cristian Diaconescu, alors que l’acte constitutif de La Droite unie a été signé par Eugen Tomac en tant que président du même parti. De l’avis des dirigeants des formations qui composent l’Alliance électorale, la décision de la Haute Cour de Cassation et de Justice est un acte de justice contre un abus inadmissible dans une démocratie.

  • Repères juifs sur Calea Victoriei (avenue de la Victoire)

    Repères juifs sur Calea Victoriei (avenue de la Victoire)

    Calea Victoriei, l’avenue de la Victoire, traverse la ville de Bucarest du nord au sud. Elle est une sublimation de l’histoire de la capitale de la Roumanie, bien-sûr, mais aussi de l’histoire de la Roumanie moderne elle-même, avec ses changements et ses continuités. A l’instar de toute agglomération urbaine importante, Bucarest s’est caractérisé par une diversité ethnique et culturelle de sa population, dont les traces sont encore visibles. Une avenue juive de la Victoire est un élément particulièrement important du Bucarest multiculturel, ainsi qu’une contribution majeure à l’histoire de la Roumanie multiculturelle à travers des personnalités et des lieux.

     

    L’immeuble Podgoreanu

     

    Felicia Waldman, qui enseigne l’histoire des Juifs de Roumanie à l’Université Bucarest, a documenté les repères juifs de Calea Victoriei. En remontant l’avenue depuis la Place de la Victoire, ces repères sont significatifs, dit-elle: « L’immeuble Podgoreanu, sis au 208 Calea Victoriei, près de la rue Frumoasă, a été projeté par l’architecte Jean Monda en 1940. Monda est né à Ploiești en 1900. Il s’est formé à l’Ecole Polytechnique de Milan, d’où il rentre en 1924, représentant de la formation à un art-déco auster ou bien à un modernisme modéré, typique des années 1920. Il s’établit à Bucarest et commence à recevoir un nombre croissant de commandes d’investissements dans l’immobilier de la part d’un grand nombre de Juifs au goût raffiné, suivant la mode occidentale. »

     

    128 Calea Victoriei

     

    A l’autre bout de la Calea Victoriei, donnant sur la Place des Nations Unies, et au-delà du pont qui enjambe la rivière Dâmbovița, un autre repère juif est aussi une création de deux architectes juifs, explique Felicia Waldman: « Appelé le bloc Victoria en raison de l’enseigne du magasin ouvert au rez-de-chaussée, disparu aujourd’hui, l’immeuble du 128 Calea Victoriei est un bâtiment moderniste. Des lignes droites, des balcons symétriques, autant de signes du modernisme. La construction a été imaginée par deux architectes juifs, Leon Hirsch et Dori Galin Golinger. D’ailleurs, celui-ci a été un architecte important de l’entre-deux-guerres. Un autre architecte juif, Leon Ștrulovici, raconte qu’il avait 13 ans lorsqu’il s’était fait embaucher au cabinet d’architectes de D. G. Galin et L. A. Hirsch. « C’était le beau monde qui y venait, on y parlait des langues étrangères », écrivait-il. »

     

    Jacques Elias a été l’un des grands donneurs de l’Académie roumaine.

     

    Sa maison, construite sur Calea Victoriei, a elle-même une histoire multiculturelle, ajoute Felicia Waldman: « Derrière l’hôtel Athénée Palace se trouve la fondation de la famille Menachem Haim Elias, installée dans la maison où avait habité Jacques Elias durant les dernières années de sa vie. L’immeuble a été acheté à l’époque de la première guerre mondiale. Sa propriétaire était Maria Braicoff, la veuve de Jean Braicoff, un entrepreneur de travaux publics néerlandais, installé à Bucarest. La maison avait été construite vers l’année 1900 par l’architecte suisse John Berthet. Un des rares reportages illustrés, réalisé à l’intérieur de l’immeuble et publié dans l’hebdomadaire Realitatea ilustrată en 1936, quand tous les éléments originaux étaient encore en place, montre des détails du bureau, du fumoir devenu salon pour recevoir les invités et même des détails de la mise en place les photos de famille. »

     

    L’Athénée roumain, un des repères de l’avenue

     

    L’Athénée roumain, siège de la Philharmonie George Enescu, est un des repères les plus importants de Calea Victoriei, qui garde l’empreinte de l’esprit juif, affirme Felicia Waldman: « Un bâtiment avec une contribution juive, sis sur Calea Victoriei, est l’Athénée. Il a été érigé en deux temps, entre 1893 et 1897. D’abord il y a eu l’investissement, mais l’argent a été insuffisant. Ensuite, il y a eu la fameuse campagne de collecte de fonds « dați un leu pentru Ateneu / Donnez un leu pour l’Athénée», qui a permis de finir les travaux. Cette seconde étape de la construction a enregistré la contribution de l’architecte juif Leon Schwartz, connu surtout sous le nom de Leonida Negrescu. C’est lui qui a réalisé ce véritable chef-d’œuvre qu’est l’escalier de marbre du foyer de l’Athénée, l’escalier principal, ainsi que les deux escaliers latéraux. »

     

    La Banque Marmoroch Blank

     

    Dans la zone commerciale de Calea Victoriei se dresse un des plus spectaculaire sièges bancaires de la ville, le bâtiment de l’ancienne Banque Marmorosch, Blank & Co., fondée par deux Juifs, explique Felicia Waldman: « Le bâtiment de la Banque Marmorosch Blank, dont a été Petre Antonescu l’architecte, a été érigé entre 1915 et 1923. Les matériaux utilisés ont été le granite, le porphyre, le marbre, la pierre de taille de Rusciuc, le fer forgé, tandis que le style dominant a été le néo-roumain avec des influences gothiques et byzantines. L’intérieur, imaginé dans les styles art nouveau et art-déco, inclut des peintures réalisées par Cecilia Cuțescu-Storck. Fondée en 1848 et transformée en société par actions en 1905, la Banque Marmorosch Blank a fait partie des initiateurs et actionnaires fondateurs de la compagnie Air France. D’ailleurs, la banque a aussi financé la guerre d’indépendance de la Roumanie de 1877-1878, la participation à la première guerre mondiale et de nombreux autres projets stratégiques nationaux. Elle était une institution réputée pour le financement de projets nouveaux, audacieux. Elle a aussi financé l’industrie du pétrole, l’industrie du sucre, tout ce qui était nouveau à l’époque. La Banque Marmorosch-Blank avait des filiales à Vienne, Paris, New York, Istanbul, faisait des affaires avec les compagnies maritimes américaines, elle était pratiquement présente dans le monde entier. »

     

    Les repères juifs sur Calea Victoriei sont liés à des gens qui croyaient en la liberté inaliénable  de leurs professions. Résidences privées, lieux publics, bâtiments monumentaux, styles artistiques – autant de matérialisations des idées issues d’esprits créatifs. (Trad. Ileana Ţăroi)