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  • La draisine au service

    La draisine au service

    « L’idée se nourrit de ma passion pour les petits trains électriques qui m’ont inspiré à mettre en place, en 2000, un business de revente de trains miniatures. Mais le marché s’est écroulé sur fond de crise et comme j’ai inventé un logiciel pour contrôler les petits trains et les maquettes, j’ai pensé en profiter pour me remettre sur les rails et ouvrir un café inédit. J’ai commencé par une petite terrasse où le service était assuré exclusivement par les trains depuis la commande jusqu’à la livraison ».



    Une fois dans le bar, plus la peine de chercher désespérément le regard du serveur pour passer une commande. Parce que les petits trains font belle figure et grande besogne, selon Mihai Craciun : « Une fois assis, le client appuie sur un bouton rouge pour que la draisine arrive et s’arrête près de la table. Chaque table porte le nom d’une gare de la Vallée de la Prahova ou du littoral roumain. Cela nous a permis de recréer l’illusion d’un voyage de plaisance, une escapade à Sinaia, par exemple, juste pour prendre un jus de fruits. Disons que vous avez pris la table Predeal. Au moment où vous avez choisi parmi les boissons inscrites sur de petits billets, prenez le composteur en miniature se trouvant devant vous et perforez un des tickets. Ensuite, rangez-le à l’intérieur de la draisine que vous remettez en marche en appuyant sur un bouton vert. L’engin regagne le bar, là où un barman prend le billet et met les boissons dans les rames jouets qui livrent la commande ».



    Le train chargé de verres et de boissons s’arrête près de la table du client. Attention, n’essayez pas de décharger la marchandise avant l’arrêt complet du train parce qu’il serait possible que la commande ne vous soit pas destinée. Une fois le train arrêté dans la gare, prenez les boissons et appuyez sur le bouton vert pour que l’engin se remette en marche. Pour une nouvelle commande, il suffit d’appuyer encore une fois sur le bouton rouge. Et pour que cette ambiance de dessin animé soit complète, les petits trains portent aussi des noms. Mihai Craciun : « Chaque train a son nom. La locomotive à vapeur s’appelle Vaporette, celle qui est électrique c’est la Musclée et puis la toute petite est l’Espiègle. Quant à la draisine, elle est tout simplement connue sous le nom de Draisine en chef. On est très heureux de voir les sourires de nos clients chaque fois qu’ils franchissent notre seuil. L’ambiance est dégagée et puisque l’affaire va bon train, on s’apprête à ouvrir un nouvel établissement prévu d’une terrasse pour les belles journées d’été ».



    Parmi les clients fidèles – des familles avec enfants qui déferlent à l’intérieur souvent sans crier gare, juste parce que les petits ont vu les trains circuler. Pourtant, les grandes personnes aussi se disent charmées de prendre le train pour boire un pot: « Si dans un premier temps, on pensait que ce type de bar attirerait notamment les ados, par la suite, on a remarqué qu’il cartonne auprès de toutes les catégories d’âge. Car tout le monde adore jouer et replonger dans l’univers de son enfance. Les petits trains sont en fait des trains de jardin, très populaires en Allemagne. Mais le système de commande et de contrôle est entièrement le nôtre à base d’un logiciel que j’ai imaginé pour contrôler les trains miniatures et les maquettes ».



    Un système complètement automatisé contrôlé par un ordinateur permet donc aux trains de circuler, de s’arrêter après avoir identifié la table et de s’éviter durant le trajet à parcourir. Pas d’accidents, pas de retard et jamais de grève. La seule interaction humaine est au moment où de payer l’addition car, comme le disent les passionnés des petits trains, l’argent est toujours une affaire de grands. (trad. Ioana Stancescu)

  • Mihaela Toma – Gourmet en Roumanie

    Mihaela Toma – Gourmet en Roumanie

    A ses 37 ans, Mihaela Toma, est spécialiste des explosions de joie. En effet, elle sait sur quel bouton appuyer pour nous faire sourire et oublier, ne serait-ce que pour un instant, les ennuis quotidiens, les diètes à suivre, les délais à respecter ou l’heure qu’il est. Le secret de sa réussite ? Pralines, thés, cafés exquis et confitures fines, autant de délicatesses joliment emballées en boîtes cadeaux, car Mihaela mise sur la capacité de ces petites merveilles à caresser nos sens.



    D’où viennent-elles ? Mihaela nous le dit dans les minutes suivantes : « Je suis toujours à la recherche de choses nouvelles, je visite régulièrement les sites Gourmet d’Europe et d’ailleurs. Je garantis la qualité des produits que j’importe. Par exemple, les délicieuses pralines belges, je les mets dans différentes boîtes, afin de ne pas dépasser le budget. Les thés et les biscuits me viennent d’Italie, les truffes de France, d’où j’importe aussi des spécialités provençales ».



    Les sommes destinées aux coffrets, paniers et boîtes cadeaux gourmet vont de 40 à plus de 400 lei, soit de 10 à 100 euros. Une commande minimale compte 10 cadeaux, mais il n’est pas rare que l’on reçoive des commandes allant jusqu’à 5000 cadeaux. L’art c’est de réussir à s’inscrire dans le budget prévu, sans pour autant sombrer dans la banalité. Les cadeaux gourmet, affirme Mihaela Toma, sont déjà perçus comme une coutume dans le milieu des affaires.



    Trois fois par an, Mihaela est vraiment débordée de travail : « La tradition veut qu’à l’occasion des trois grandes fêtes, les 1er- 8 mars, Pâques et Noël, on offre des cadeaux à ses meilleurs partenaires d’affaires. Pour l’instant, la mode est aux paniers cadeaux. Si, dans la semaine qui précède Noël, vous entrez dans le bureau du directeur des ventes de n’importe quelle compagnie, vous verrez partout de tels paniers. Ce sont des paniers d’osier, remplis de toute sorte de produits. Ces derniers sont achetés, pour l’essentiel, dans les supermarchés et amoncelés pêle-mêle dans le panier enrubanné dans du cellophane. C’est ça le cadeau. Vous savez comment cela se passe ? C’est un monsieur ou une dame du service de marketing qui s’en occupent, dans les limites d’un certain budget. Il ou elle doit donc faire avec. Alors ils prennent ce qui leur tombe sous la main, sans aucun souci d’originalité. Ainsi se fait-il qu’un directeur reçoive 10 à 15 paniers cadeaux contenant les mêmes produits : chocolat, whisky, vin, etc. »



    C’est justement cette situation que Mihaela souhaite éviter. C’est pourquoi elle est toujours en quête de boîtes cadeaux pas comme les autres. Son rêve : se voir proposer, ne serait-ce qu’une seule fois, de confectionner un cadeau extraordinaire. «J’aime les paniers cadeaux qui lancent des défis, des cadeaux qui vous fassent sortir de la torpeur. J’aimerais que quelqu’un vienne chez moi et me dise: c’est ça le budget, la personne à laquelle je veux offrir ce cadeau est celui-ci, à toi de l’imaginer et de le réaliser. C’est un genre de défi que personne ne m’a lancé jusqu’ici. »



    Mihaela veut donner aux produits autochtones la chance d’être inclus dans les cadeaux gourmet. Elle a même trouvé un fabricant de confiture qui détient aussi un laboratoire à Bucarest. Toutefois, l’emballage représente le principal problème des produits roumains. « Je pense qu’on a du potentiel et j’attends le produit créé par une personne prête à investir dans le design et la promotion. On peut avoir un produit de qualité dans un joli emballage et ne pas savoir que faire avec lui. Je prête toujours attention à ce qui se passe, par exemple au pays du Fagaras ou dans d’autres régions du pays. Les produits sont de très bonne qualité et je pense qu’on a des ressources ; toutefois, il faut encore travailler sur le design ».



    6 ans durant, Mihaela Toma a tenu boutique sur l’Avenue Dorobanti, une des artères commerciales de luxe de Bucarest. Etre propriétaire d’un tel magasin est une expérience fantastique, affirme Mihaela Toma : «Je pense qu’un écrivain serait content de l’avoir. On apprend pas mal d’histoires rien qu’en y passant du temps à vendre du chocolat. J’ai connu des ambassadeurs, des avocats célèbres, des hommes politiques, qui voulaient acheter du chocolat et ne partaient plus. Si l’on est un bon commerçant, les histoires s’ensuivent tout naturellement »



    Mihaela Toma s’est vu obliger à fermer la boutique, en raison de la crise économique de ces dernières années. Toutefois, elle continue son affaire, vu que des demandes il y en a toujours. « Mon chiffre d’affaires a doublé pendant la crise et le nombre des clients a augmenté. En effet, les budgets alloués aux cadeaux ont baissé, et j’ai eu quelques difficultés avec les paiements.. La crise a impacté les ventes du magasin, mais je ne comptais pas trop sur elles ».



    Qu’est-ce qui la stimule à aller plus loin, après avoir fermé boutique ? Ce sont justement ces explosions de joie dont on parlait en début d’émission : «Ce qui m’anime c’est la joie d’une personne au moment où elle reçoit le cadeau. Elle est heureuse de se voir offrir quelque chose de différent. Et puis, les messages et les coups de fil appréciatifs sont le sel et le poivre de la vie. Sans eux, ce serait encore pire. Mon activité m’apporte beaucoup de satisfaction, quels que soient les impôts ou le chiffre d’affaires».



    Et cette satisfaction se reflète dans tout ce qu’elle fait.