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  • L’économie roumaine sous le règne du roi Carol Ier

    L’économie roumaine sous le règne du roi Carol Ier

    Carol Ier, membre de la famille princière de Hohenzollern-Sigmaringen, souverain des Principautés Unies de Roumanie, à compter de 1867, proclamé roi de Roumanie le 10 mai 1881, est considéré comme la personnalité la plus marquante entre toutes celles qui ont dirigé le pays tout au long de son histoire. C’est pendant son règne de 48 ans que la Roumanie a acquis son indépendance, qu’elle est devenue monarchie constitutionnelle et que les bases de l’Etat roumain moderne ont été jetées.



    Sur le plan intérieur, Carol Ier a été un facteur d’équilibre, qui a instauré un climat de discipline et de rigueur, digne du descendant d’une vieille famille royale, élevé dans l’esprit prussien. Carol Ier a également soutenu la modernisation de l’économie d’un pays qui, au milieu du XIXe siècle, fonctionnait encore comme une société médiévale. C’est donc cet esprit germanique en matière d’organisation que le roi Carol Ier imprima au demi-siècle couvert par son règne et auquel nous devons la modernisation accélérée de la Roumanie. Grâce à son habileté politique exceptionnelle, le monarque allait faire alterner les gouvernances libérales et conservatrices, de sorte qu’aucun des deux camps ne parvienne à miner son autorité.



    A peine arrivé au pays, Carol 1er démarre une importante réforme monétaire, en mettant en circulation la monnaie nationale, le leu. Ainsi se fait-il que la Roumanie impose sa propre monnaie en 1867, alors qu’elle n’était pas encore indépendante. Dans un premier temps, les pièces étaient frappées en métal. Ce n’est qu’en 1880, date à laquelle allait être créée la Banque nationale, que l’on émet aussi des billets. Avec l’aide de cette banque et des capitaux privés, le nombre des institutions financières roumaines ira en croissant ; au début du 20e siècle, on en recensait déjà 24, auxquelles sont venues s’ajouter 20 autres avant 1914.



    Pendant le règne de Carol Ier, l’économie roumaine était essentiellement agricole. Plus de la moitié des paysans possédait des terrains agricoles de moins de 5 hectares, alors que pour subvenir aux besoins d’une famille, il en aurait fallu jusqu’à 10 hectares. C’est justement pour soutenir l’agriculture en ces temps troubles que l’on a vu apparaître et se développer les “banques populaires”. Leur essor est dû notamment au fait qu’elles étaient dirigées par les habitants des lieux, lesquels connaissaient bien les conditions économiques locales et les débiteurs. La majeure partie de la production agricole était assurée par les grands propriétaires fonciers et destinée à l’exportation. Sur les 40 premières années du règne de Carol Ier, la production agricole du pays s’est multipliée par 6.



    L’industrie a elle aussi pris son envol. L’extraction et le raffinage du pétrole connaissent un essor particulier, tandis que le nombre des fabriques des industries textile et agroalimentaire a doublé. Pourtant, l’influence des capitaux étrangers n’a pas tardé à entraîner la polarisation de l’industrie dans certaines régions du pays, au détriment du reste du territoire qui est ainsi à la traîne du progrès industriel. Les Allemands contrôlaient l’industrie à hauteur de 35%, suivis par les Britanniques – 25%, les Néerlandais – 13%, les Français – 10% et les Américains – 5,5%. La part des capitaux roumains y était de seulement 5,5%. C’est entre 1903 et 1914 que voit le jour la majorité des grandes compagnies. Elles allaient dominer l’industrie pétrolière de Roumanie jusqu’à l’éclatement de la Seconde Guerre Mondiale.



    Pour davantage de détails, nous avons invité Alin Ciupală, maître de conférences à la faculté d’histoire de l’Université de Bucarest: « Durant le règne du roi Carol Ier, l’économie roumaine est une économie agraire, telle qu’elle l’avait été avant 1866. Et elle restera agraire aussi à l’entre-deux-guerres. Pourtant, des changements ont lieu. Vers la fin du 19e siècle, plusieurs ressources naturelles importantes commencent à être exploitées, notamment le pétrole. Celui-ci a constitué pour la Roumanie une chance extraordinaire et le début de son exploitation a fait venir en Roumanie les plus grandes compagnies pétrolières au monde : allemandes, néerlandaises, américaines et britanniques. Le pétrole allait changer le visage de la Roumanie puisque suite à son exploitation conjointement par l’Etat roumain et les compagnies étrangères, des sommes importantes d’argent sont entrées en Roumanie. Le gouvernement du pays a utilisé ses fonds notamment dans la construction de l’infrastructure qui manquait terriblement. La première grande loi censée encourager le développement de cette branche économique en Roumanie a été promulguée en 1887. Cependant, malgré ces nombreuses nouveautés, avant la Première Guerre mondiale, l’économie roumaine est une économie agraire, les principaux revenus étant fournis par l’exploitation de la terre. Il existe aussi un problème social important parce que le monde rural est dominé par l’existence des grands propriétaires terriens. C’est pourquoi le développement de l’agriculture a été plutôt lent parce que l’intérêt de réaliser des investissements majeurs dans ce secteur était plutôt réduit, vu que les propriétaires disposaient d’une main d’œuvre très bon marché. »



    Les villes roumaines ne pouvaient pas absorber la population excédentaire, comme ce fut le cas dans les pays européens fortement industrialisées, parce que la Roumanie ne disposait pas d’une industrie solide. La pression sociale ne cessait d’augmenter, provoquant en 1907 un mouvement social sans précédent : une révolte des paysans qui a révélé au monde entier les échecs de ce règne. Elle a éclaté moins d’une année après l’inauguration de l’exposition jubilaire de 1906, qui devrait montrer à l’Europe les progrès enregistrés par l’économie roumaine pendant le règne du Roi Carol Ier. (trad.: Mariana Tudose, Alex Diaconescu)

  • L’or blanc de la Vallée du Trotus

    L’or blanc de la Vallée du Trotus


    Chers amis, nous vous proposons aujourd’hui une nouvelle édition de notre rubrique Radio Tour consacrée au jeu concours organisé par RRI, « Les salines de Roumanie ». Nous irons cette fois-ci dans l’est du pays, sur la pittoresque vallée du Trotuş, dans le comté de Bacău. C’est là que se trouve la mine de sel de Târgu Ocna. Son moderne centre de soins, situé à 240 mètres de profondeur, offre d’excellentes conditions tant pour la détente que pour les cures indiquées dans le traitement des maladies respiratoires.Au cœur de la montagne d’or blanc, terme désignant le sel, le visiteur peut également se recueillir dans une église. Dans ce décor fascinant, on trouve aussi un lac à l’eau salée et une chute d’eau.


    Invitée au micro de RRI, l’ingénieur géologue Carmen Maria Ţintaru nous fournit des détails sur l’historique de cet objectif touristique et la base de loisirs de la mine de sel de Târgu Ocna : « L’exploitation du sel, appelé autrefois l’or blanc de la terre, y date de plus de 500 ans. Toute l’activité de la région gravite autour de cette ressource minérale.Du XVe jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’extraction a concerné des zones peu étendues, appelées mines de sel. Après, on est passé à la méthode plus efficace des galeries trapézoïdales, utilisée d’abord dans la mine de Moldova Veche, également connue sous le nom de Carol Ier et qui a été fonctionnelle de 1870 à 1941. Ensuite, entre 1936-1968, cette méthode allait être reprise par la mine de sel de Moldova Nouă. Depuis 1967, on applique à Târgu Ocna une nouvelle méthode d’exploitation. »


    A part l’extraction du sel, la préparation et la commercialisation des produits à base de sel, la mine de Târgu Ocna offre aussi des services de tourisme, poursuit notre invitée, l’ingénieur géologue Carmen Maria Ţintaru : « Les débuts de la base de loisirs de la mine de Târgu Ocna remontent à 1974. En 1992, on a construit la première église orthodoxe souterraine d’Europe, creusée dans le sel. Située au neuvième niveau, cette sainte demeure est placée sous le vocable de Sainte Barbe, patronne des mineurs. En 2005, plus précisément le 11 juillet, le neuvième niveau de la mine, situé à 240 mètres de profondeur, allait devenir la principale attraction touristique du site. »


    Voici ce que l’ingénieur géologue Carmen Maria Ţintaru nous a appris à propos de l’accès dans la base de loisirs de la mine de Târgu Ocna : « On y accède grâce à des cars ou des minibus que la saline met à la disposition des visiteurs. Le trajet, qui suit un plan incliné, en spirale, compte plus de 3 km. La différence de niveau entre l’entrée et le neuvième étage souterrain est de 136 mètres. Inédit, détente, santé et découverte, voilà ce que nous proposons à nos visiteurs. Le traitement des maladies de l’appareil respiratoire y est très efficace grâce à l’effet bénéfique des aérosols. Côté loisirs, je mentionnerais les aires de jeux pour les enfants, équipées de balançoires, toboggans, la possibilité de jouer au billard, au basket, au tennis ou au badminton. Nous avons aussi un musée du sel ; les objets exposés évoquent les débuts de l’exploitation du gisement de sel à Târgu Ocna. Je ne saurais oublier de mentionner le lac souterrain à l’eau salée et ses jets d’eau. Enfin, le touriste peut entrer dans le magasin de souvenirs ou bien siroter un thé ou un café sur une terrasse, aux tréfonds de la montagne de sel. »


    Quiconque découvre cet univers souterrain ne manquera pas d’y revenir, affirme Carmen Maria Ţintaru : « Au début, nous avons eu des visiteurs de Roumanie, qui ont découvert ce merveilleux coin de pays et de nature. Ensuite, nous avons reçu la visite de touristes étrangers dont Anglais, Français, citoyens de l’ex-URSS, Américains, Chinois, Japonais. Nous leur réservons un accueil chaleureux et leur fournissons des détails sur l’exploitation du sel à Târgu Ocna et sur le potentiel touristique de notre contrée. »


    Le monastère de Măgura Ocnei compte lui aussi parmi les attractions touristiques de la zone. Erigé entre 1750 et 1757, il a également abrité un complexe touristique. Après l’époque communiste, durant laquelle la vie monastique avait été mise entre parenthèses, le monastère allait recouvrer sa vocation. L’actuelle église du monastère a été bâtie par les soins d’Epifanie Bulancea, archimandrite et supérieur de cette sainte demeure : « Les travaux ont démarré en 1991 et duré deux ans. La saline de Târgu Ocna nous a beaucoup aidés, nous mettant à disposition les outillages. Plus tard, lorsqu’il a été question de dresser une église creusée dans le sel, au cœur de la mine, ils m’ont désigné comme architecte. En 1993, nous avons achevé la construction de l’église du monastère, dont on a par la suite réalisé la peinture entre 1993 et 1997. Il a fallu construire des cellules pour les quelque cent nonnes qui y étaient arrivées entre temps. Les gens ont ardemment souhaité avoir cette église. »


    Réalisée à l’huile, suivant la technique de la fresque, la peinture murale de cette église n’est pas sans attirer l’attention. Le cadre naturel, soit une forêt épaisse, à 550 mètres d’altitude, rajoute au charme envoûtant des lieux. (trad.: Mariana Tudose)