Tag: cours

  • Les diplômes d’études délivrés par l’Institut français de Bucarest

    Les diplômes d’études délivrés par l’Institut français de Bucarest

    Directeur de cours à l’Institut français de Bucarest depuis septembre dernier, Virgile Prud’homme se bataille de toutes ses forces pour faire la promotion dans les rangs des jeunes, des certificats délivrés et des cours organisés par l’Institut. Et pour cause : à l’heure où l’on parle, la France reste pour les Roumains, le pays qui se fait la fierté d’accorder le plus grand nombre de bourses d’études. Du coup, on a invité Virgile Prud’homme au micro de RRI pour nous parler de cette campagne de sensibilisation qu’il mène depuis quelques mois dans les établissements scolaires de Bucarest.

    La deuxième partie de l’émission sera diffusée d’ici deux semaines.

  • 22.07.2018

    22.07.2018

    DNA — Le ministre roumain de la justice, Tudorel Toader, a déclaré dimanche que pas un dossier n’avait encore été déposé en vue de la sélection des candidats pour le poste de procureur en chef de la Direction nationale anticorruption, devenu vacant après la révocation de Laura Codruta Kovesi. Lundi c’est le dernier jour de dépôt des dossiers de candidature. Rappelons que le 9 juillet dernier, le chef de l’Etat Klaus Iohannis a signé le décret portant révocation des es fonctions de Laura Codruţa Kovesi, un mois après la décision en ce sens de la Cour Constitutionnelle. La révocation avait été demandée par le ministre de tutelle. Suite au refus du président de donner cours à cette sollicitation, qu’il considérait comme non fondée, les juges de la Cour ont constaté l’existence d’un conflit juridique de nature constitutionnelle.



    Débat – Michèle Ramis et Cord Meier-Klodt, les ambassadeurs de France et respectivement d’Allemagne à Bucarest, conseillent à la Roumanie de renoncer aux luttes internes et de saisir les opportunités qui lui seront offertes par la présidence du Conseil de l’Europe qu’elle assumera au premier semestre de 2019. Michèle Ramis et Cord Meier-Klodt ont participé, aux côtés de Hans Klemm, l’ambassadeur des Etats-Unis à Bucarest, à un débat sur la place de la Roumanie en Europe et dans le monde, qui a eu lieu dans le cadre du Festival du film de Râşnov (centre). Les ambassadeurs français et allemand ont souligné le fait que la Roumanie dispose du potentiel lui permettant de jouer un rôle crucial dans la région, dans un contexte international marqué par maints défis. Ils ont par ailleurs mis en garde contre les défis internes et externes qui se posent aujourd’hui devant l’UE. Parmi eux, le terrorisme, l’immigration, le scepticisme, la violation des lois internationales. L’ambassadeur américain a apprécié les efforts déployés par la Roumanie avant et après son adhésion à l’OTAN. Selon Washington, la Roumanie occupe une place importante dans l’Alliance, étant le quatrième contributeur, considéré du point de vue des effectifs, à la mission “Resolute Support” en Afghanistan.



    Cours — L’Université de Bucarest organise, du 23 juillet au 6 août, la 58e édition des Cours d’été de langue, culture et civilisation roumaines, auxquels participeront 28 étudiants d’Europe et des Etats-Unis. L’édition de cette année est dédiée au Centenaire de la Grande Union de 1918 et à la commémoration du poète roumain Nichita Stănescu. Hormis les cours intensifs de roumain, seront également organisés ateliers de travail, conférences, événements culturels et visites des musées. A l’intention des apprenants débutants en langue roumaine, seront organisés, pour la première fois, deux nouveaux ateliers à savoir « Médias et publicité » et « Bandes dessinées ». D’autres éléments du programme: rencontres avec des écrivains et des critiques littéraires, débats sur les films du réalisateur Cristian Mungiu, soirée musicale à l’Athénée roumain.



    Cinéma — Le gouvernement roumain souhaite appuyer l’industrie cinématographique par le biais des aides financières. C’est ce qu’a déclaré le vice – premier ministre, Mme Ana Birchall, présente, du 19 au 21 juillet, en Italie, au festival Ischia Global Film&Music Fest. Elle a précisé que les aides financières non remboursables s’élèveront à 35% des frais que suppose la réalisation d’un film, même plus si la production cinématographique respective promeut une zone géographique ou une ville de Roumanie. Mme Ana Birchall s’est entretenue en Italie avec des personnalités de l’industrie cinématographique, producteurs et représentants de grands studios internationaux de cinéma, qu’elle a invités à investir en Roumanie et à mettre en valeur les opportunités locales.



    Tennis — Au tournoi de tennis WTA de Bucarest, les Roumaines Irina Begu/Andreea Mitu rencontrent ce dimanche dans la finale la paire Danka Kovinic (Monténégro) /Maryna Zanevska (Belgique). Begu et Mitu ont remporté la victoire samedi, dans une des demi-finales, contre le duo Jaqueline Cristian/Gabriela Ruse. Dans l’autre demi-finale, Danka Kovinic/Maryna Zanevska ont éliminé la paire roumaine Mihaela Buzărnescu/Raluca Olaru Andreea.



    Météo — Le temps reste instable en Roumanie et les températures de la journée iront de 24 à 34°. Les météorologues ont lancé deux alertes jaunes à l’instabilité atmosphérique accentuée. La première, valable jusqu’à lundi matin concerne plusieurs comptés du sud et du sud-ouest, où l’on attend des pluies orageuses et localement des chutes de grêle. La seconde, en vigueur de lundi jusqu’à mardi soir, concerne la moitié sud du pays, y compris la capitale, Bucarest, ainsi que l’est et le centre du territoire. La quantité d’eau tombée pourrait atteindre 30 l/m2, voire 50 à 60 l/m2 par endroits. Cette météo instable perdurera toute la semaine prochaine, précisent les spécialistes.



  • Mais pourquoi ?

    Mais pourquoi ?

    Depuis lors, réunis en fin de semaine, membres de lassociation, enfants et parents font le tour des musés de la capitale. Raluca Bem Neamu, présidente de lassociation « Mais pourquoi? » explique lorigine de cette appellation: « Cest la question que les enfants de 2 à 10 ans posent le plus souvent. Je pense surtout aux plus petits, avides de connaître le pourquoi du comment. Les programmes que nous proposons se déroulent dans des établissements culturels, des musées notamment, car les enfants aiment bien cet univers riche de sens. Si ces programmes sont interactifs et quils tiennent compte de lâge et de lintérêt des petits, ils leur procurent des expériences tout à fait extraordinaires. Aucun autre espace noffre tant de significations et de possibilités de jouer et dinteragir avec les objets culturels. »



    En partant de lidée que lexpérience des enfants est plus agréable et profonde en compagnie des parents, lAssociation « Mais pourquoi? » sadresse aux familles avec des enfants de 2 à 10 ans, auxquelles elle propose un programme chaque fois différent. Nous avons voulu savoir pourquoi les musées sont plus attractifs pour les petits visiteurs et en quoi leur perception des musées diffère de celle des adultes: « Nous avons commencé par le Musée du paysan roumain, le plus attractif, à notre avis, du point de vue des objets exposés. Nous avons également visité le Musée du village, le Musée national dhistoire, plusieurs maisons musées, dont celles de Vasile Grigore et de George Enescu. Cela fait trois ans déjà que nous collaborons avec cette dernière, qui propose des programmes de musique et de mouvement. En fait, ce sont les seuls musées qui reçoivent des groupes denfants, les autres nétant pas préparés pour cette expérience. Et pour cause: à lentrée dans un musée, les enfants ont besoin dun petit bout de temps, histoire de sadapter à lespace, dont ils perçoivent autrement les dimensions. Voilà pourquoi tous nos programmes débutent par un jeu, censé les rendre à laise dans cet espace. Grâce à la présence des parents, les choses se passent plus naturellement. Ce nest quaprès que commence le tour du musée. Les enfants sont très ouverts et curieux. Dépourvus de préjugés et de craintes, ils accueillent et acceptent lart beaucoup plus facilement que les adultes. »



    A lintention des enfants entre 4 et 8 ans, des programmes déducation visuelle ont été mis en place à lexposition du photographe français Philippe Ramette. Intitulée « Le monde à lenvers », elle est organisée par lInstitut français de Bucarest et accueillie par le Centre des arts visuels – Multimédia de Bucarest. Cette activité vise à faire découvrir aux petits lart contemporain en général, et lapproche de lartiste en particulier, affirme notre interlocutrice Raluca Bem Neamu: « Le message principal de ce programme, cest que lartiste rend la réalité selon sa volonté et ses idées. Nous les aidons à comprendre lart, qui nest pas la copie dun coin de la nature, mais une transposition qui met en évidence lidée et le message de lartiste. Après la visite de lexposition, les discussions et les jeux imaginés autour de celle-ci, dont des tests déquilibre, les enfants sont invités à des ateliers de création. Avec pour point de départ lapproche du monde à lenvers que propose lartiste français Philippe Ramette, ils tenteront de créer des collages qui défient les lois de la physique, puisque tout y est de travers. Ces collages devraient en fait transmettre un message personnel. Nous visons à leur faire comprendre lart non pas par le biais dune définition, mais par lintériorisation du concept. Or, le fait de jouer aux artistes pendant la visite de lexposition les aide à mieux assimiler ce message ».



    Ce printemps, lAssociation « Mais pourquoi? » propose aussi des ateliers de philosophie « Autrement dit». Destinés aux enfants de 4 à 8 ans, ces activités partent dune histoire pour aboutir à des discussions sur la vie. Il y a aussi des ateliers qui supposent des sorties dans la nature pour découvrir les plantes et les arbres. « Fleurs, filles et … plantes », cest le titre dun atelier sadressant aux filles.



    Prévu pour le 8 mars, il jouit de la présence de Iulia Iordan, auteure du « Voyage à travers les plantes et la lumière » et de Cristiana Radu, lillustratrice du livre. « LAtelier de larbre », cest le titre dune autre activité de découverte du milieu naturel. Organisé à lintention des familles avec des enfants de 4 à 8 ans, il invite à plonger dans lunivers fascinant de la forêt.



    Bref, au fil du temps et avec chaque atelier, la question « Mais pourquoi ? » acquiert de nouvelles significations.


    (trad. Mariana Tudose)

  • Jean-Marc Olry (France) – La religion dans les écoles roumaines

    Jean-Marc Olry (France) – La religion dans les écoles roumaines

    Bannie et critiquée par les communistes, la religion a connu un retour en force en Roumanie après le renversement du régime Ceausescu. Interdite pendant un demi-siècle, après 1989, la religion est devenue très vite omniprésente et même omnipotente. Et ce vu que le rôle de l’Eglise orthodoxe roumaine, majoritaire, est incontestable. Sinon, comment expliquer le nombre absolument impressionnant d’églises qui ont été dressées et continuent à être construites dans un pays où le nombre d’écoles et d’hôpitaux est à la baisse?



    Introduite au programme dans les années ’90, au lendemain de la chute du régime communiste, la religion est enseignée sans discontinuer depuis lors. D’ailleurs, c’est l’unique discipline scolaire, à part le roumain, enseignée jusqu’à la terminale. Pourtant, même si à première vue elle semble obligatoire, cette discipline a un statut pour le moins ambigu. La législation européenne défend la liberté religieuse. Obligée donc d’en tenir compte, la loi de l’Education nationale stipule que les écoles publiques de Roumanie doivent offrir des classes de religion sans que les enfants soient pourtant forcés d’y participer. Jusqu’il y a un an, les parents qui ne voulaient pas que leur enfant intègre la classe de religion devaient remplir un formulaire en ce sens.



    En réalité, la situation est bien différente. La plupart des parents ignorent complètement cette option et la plupart des professeurs préfèrent garder le silence et présenter la religion comme une discipline obligatoire.



    La raison ? L’école n’assume pas la responsabilité de surveiller les enfants qui ne suivent pas ce cours. Dans la plupart des cas, les parents n’ont pas le choix, car ils ne peuvent pas les emmener avec eux et puis les écoles ne proposent pas d’autres activités pour occuper le temps de l’enfant qui ne fréquente pas les classes de religion. Les écoles publiques n’ont pas assez de salles de classe ou de personnel pour s’occuper de ces élèves.



    En plus, la rémunération des professeurs est influencée par le nombre de classes effectivement tenues. Du coup, si le nombre d’élèves diminue, ils risquent de se voir diminuer aussi le nombre de classes, et donc leur traitement, voire leurs emplois. Alors, bon nombre d’écoles roumaines ne dévoilent pas aux parents le caractère optionnel de cette discipline.



    Mais voilà que depuis quelques années, la société civile, plusieurs ONGs et surtout de plus en plus de parents ont commencé à faire des pressions auprès du ministère de l’Education pour défendre le caractère laïc des établissements scolaires de Roumanie. Leur principal argument et sujet de révolte: le contenu des manuels de religion qui transforme cette discipline en un véritable cours de catéchisme avec bien au centre, l’Eglise orthodoxe roumaine.



    Pire encore, les manuels abondent en exemples d’enfants punis par la divinité pour différentes raisons dont la principale reste la non participation aux activités religieuses organisées dans les paroisses. Je me souviens d’un dessin dans le manuel de ma fille avec un petit garçon renversé par une voiture et donc sérieusement blessé pour ne pas avoir prié le soir, avant de s’endormir. Et la liste continue et les exemples sont des plus stupéfiants et des plus durs.



    Après moult débats dans les médias et sur les réseaux sociaux et suite à une saisine officielle, la Cour constitutionnelle de Roumanie a finalement tranché la question de l’enseignement de la religion dans les écoles publique roumaines : depuis le 6 mars dernier, c’est aux parents des élèves qui souhaitent intégrer les classes de religion d’avancer une demande en ce sens.



    Où est le changement, vous allez dire ? Eh bien, c’est une question de nuance, si vous voulez. Une demande, on l’avance pour faire quelque chose et non pour refuser cela, a argumenté la Cour sa décision qui est définitive et obligatoire. La réaction du Patriarcat n’a pas tardé : c’est une décision discriminatoire et humiliante, peut-on lire dans un communiqué officiel. Et surprise, la réaction des professeurs aussi. Non pas ceux de religion, mais leurs collègues qui, une fois de plus, ont essayé de plaider en faveur des cours de religion, en invoquant de nouveau l’argument suprême des écoles roumaines surpeuplées : que faire avec ceux qui ne participeront pas aux classes de religion ? Qui s’occupera d’eux ? Un argument qui, surtout dans le cas des gamins, a bien fonctionné, en poussant les parents à préférer une heure de catéchisme à une heure passée dans le couloir.



    Pourtant, le problème le plus important reste toujours d’actualité : les manuels n’ont pas été modifiés. Les menaces sont toujours là, la religion se résume à l’orthodoxie, les punitions y abondent. Finalement, c’est une question de chance de tomber sur un professeur doux et gentil qui refuse l’endoctrinement et présente la religion selon les préceptes qu’elle se propose de prêcher. Mais ces professeurs se font plutôt rares, surtout que pour enseigner cette discipline, il faut être agréé par le Patriarcat roumain. Pas de chance donc de remplacer le cours existant par un autre, disons, d’histoire des religions.



    D’ailleurs, cette idée avancée par la société civile a provoqué une réaction des plus dures de la part des représentants de l’Eglise orthodoxe roumaine qui ont invoqué comme argument suprême le pourcentage important de Roumains orthodoxes du pays : 86% du total de la population du pays selon un recensement de 2013. Les données statistiques recueillies après le dépôt des demandes d’inscription en classe de religion révèlent que plus de 90% des élèves appartenant aux 18 cultes religieux reconnus par l’Etat roumain ont opté pour ce cours. Comment cela, allez-vous dire ? Pourquoi étudier l’orthodoxie, si on n’est pas orthodoxe ? Par la simple bonne raison que, quelle que soit l’appartenance religieuse de leurs élèves, les écoles publiques roumaines se confrontent toutes aux mêmes problèmes : elles ne proposent aucune alternative aux enfants qui ne suivent pas ce cours. Et dans la plupart des cas, elles ne cherchent pas non plus à en trouver une.

  • L’éducation à domicile

    L’éducation à domicile

    L’Education à domicile ou homeschooling, légalisée dans certains pays, est pratiquée en Roumanie aussi, même si elle n’est pas stipulée expressément dans la loi sur l’enseignement. Il existe, cependant, des solutions légales à cela, plutôt similaires à l’enseignement à distance. Ainsi l’enfant peut-il être scolarisé dans un pays étranger, où l’éducation à domicile est légiférée ou bien qui autorise l’enseignement par correspondance pour les élèves de primaire, de collège et de lycée.



    Magdalena Balica, experte à l’Institut des sciences de l’éducation, détaille les motivations de ce choix: « Depuis un certain temps, nous constatons l’intérêt accru pour cette option des parents mécontents de notre système éducatif. Pourtant, légiférer le droit à l’enseignement à domicile est un sujet délicat. A mon avis, les parents qui décident de garder leurs enfants à la maison, tout en se proposant de leur offrir un environnement propice à l’instruction, assument une grande responsabilité ».



    C’est le cas de Gabriel Curcubet, pasteur de l’Eglise presbytérienne de la ville d’Odorheiu-Secuiesc, père de quatre enfants, âgés de 13 à 18 ans, tous instruits à domicile: « En tant que pasteur presbytérien, j’ai aussi une approche chrétienne et sociale. Je pense aux acquis de l’enfant en milieu social et à la conduite qu’il devrait y adopter. Or, à la maison, l’enfant s’approprie mieux certaines règles de comportement ou différents principes éthiques que l’école ne parvient pas à lui inculquer. Nous avons adopté plusieurs méthodes d’enseignement. Par exemple, nous nous sommes chargés de l’éducation à domicile de l’aîné jusqu’à ses 13 ans, après quoi, nous l’avons inscrit à des écoles à l’étranger, respectivement aux Etats-Unis et en Hongrie. Dans cette dernière, il pouvait suivre des cours par correspondance ou via Skype. Il s’est préparé tout seul pour les examens de langue SAT et TOEFL. Ses résultats ayant été des meilleurs, il peut maintenant postuler pour une université étrangère. Nos trois autres enfants sont inscrits dans un établissement scolaire des Etats-Unis, mais c’est toujours nous, les parents, qui prenons en charge l’essentiel de leur instruction. Enfin, nous ne leur enseignons pas toutes les disciplines. Certaines choses, ils les apprennent tout seuls ou à l’aide de logiciels dédiés».



    Comme les méthodes de l’enseignement à domicile diffèrent de celles utilisées dans les écoles, il est naturel que les moyens d’évaluation soient eux aussi différents. Gabriel Curcubet: « Les tests ne ressemblent point à ceux des établissements publics. Dans ces derniers, l’évaluation débouche sur une note. Si un enfant ne maîtrise pas telle ou telle connaissance, il reçoit une mauvaise note et la leçon continue. Notre approche est toute différente. Nous pensons que les enfants doivent vraiment s’approprier les connaissances respectives et pour ce faire nous prenons tout notre temps. D’ailleurs, l’éducation à domicile permet par exemple de parcourir en une seule semaine la géographie de CM2. A l’école, les enfants sont facilement distraits. En plus, il faut mettre un bon bout de temps pour aller en classe et puis pour rentrer chez soi. Bref, un quart d’heure d’instruction à la maison avant le petit-déjeuner profite beaucoup plus à l’enfant qu’une heure de classe».



    Toutefois, la question que se posent certains sceptiques est celle de savoir si ces enfants ne se sentent pas isolés. La réponse de Gabriel Curcubet est négative et argumentée par la multitude d’activités de bénévolat et par les sports d’équipe auxquels ses enfants participent. Les spécialistes en éducation estiment pourtant que l’interaction avec les enfants du même âge est propice tant au jeu et à la socialisation qu’à l’apprentissage.



    Voici les explications de Magdalena Balica, experte à l’Institut des sciences de l’éducation: « A mon sens, maintenant que nous disposons d’immenses ressources grâce aux nouvelles technologies, l’école n’a plus l’apanage de la diffusion des savoirs. Je ne crois pas qu’un enfant non scolarisé n’ait pas assez de chances d’atteindre son potentiel maximum. Il n’est pas moins vrai, cependant, que l’apprentissage institutionnalisé a des composantes sociales importantes aussi. Certaines théories récentes révèlent qu’un enfant se trouvant devant une discipline d’étude peut atteindre son potentiel maximum en apprenant tout seul. Pourtant, l’interaction avec un individu du même âge pendant l’apprentissage lui permet de faire un saut, connu sous le nom de zone proximale de développement”. En clair, la perception de l’enfant sur l’objet de l’apprentissage est confrontée avec celle d’une autre personne. Faire des comparaisons, rapporter sa compréhension des choses à celle des autres, cela suppose une réflexion à même de produire des bonds extraordinaires de l’apprentissage. »



    Les cas individuels mis de côté, Magdalena Balica estime que la Roumanie n’est pas prête à légiférer cette alternative éducationnelle, étant donné l’important taux d’abandon scolaire dans ce pays: « Adopter du jour au lendemain une loi permettant l’éducation à l’école dans n’importe quelles conditions serait une grande perte puisque ces parents en situation difficile pourraient l’interpréter comme une excuse en plus de ne plus envoyer leurs enfants à l’école. C’est un risque que nous ne pouvons pas assumer. Au contraire, ces catégories sociales ont besoin d’appui pour envoyer leurs enfants à l’école. Les pays qui ont légiféré cette option possèdent des systèmes d’évaluation des connaissances des enfants très bien mis au point et capables de reconnaître les différentes capacités des enfants. En Roumanie, il y a encore des choses à faire pour améliorer le système d’évaluation des compétences de chaque enfants à un certain âge. Probablement qu’à l’avenir l’option de l’instruction à domicile fonctionnera dans la mesure où nous réussissons à utiliser les nouvelles technologies. Et de ce pont de vue, à présent, la situation de la Roumanie n’est pas des meilleures. »



    Et pourtant Gabriel Curcubet, par le biais de l’ONG qu’il représente, à savoir l’Association Home Schooling Romania, a contacté déjà près de 300 familles roumaines qui pratiquent l’éducation à domicile. Et le nombre de personnes qui prennent en compte cette alternative serait encore plus important, affirme M Curcubet. Mais les négociations avec les représentants du Ministère de l’Education pour la légiférer ont échoué jusqu’ici. (trad.: Mariana Tudose, Alex Diaconescu)