Tag: Grande Guerre

  • Nicolae Titulescu et la diplomatie roumaine dans l’Europe des années ’30

    Nicolae Titulescu et la diplomatie roumaine dans l’Europe des années ’30

    Les enjeux de la diplomatie

     

    Il vaut mieux que les diplomates, et surtout les diplomates qui représentent les intérêts de petits Etats, soient agiles, fin prêts à déceler bien avant les autres la tournure que peuvent prendre les événements, de déchiffrer la volonté des Grandes Puissances et tout risque d’un possible changement du rapport des forces existant. Pour y parvenir, les petites nations ont donc tout intérêt à propulser les plus brillants de leurs diplomates dans des postes clés au niveau international. Ce fut ainsi la position de la diplomatie roumaine dans la période de l’entre-deux-guerres, une diplomatie qui propulsa à deux reprises l’un de ses plus brillants diplomates, Nicolae Titulescu (1882-1941), à la tête de la Société des Nations.

     

    A la fin de la Grande Guerre

     

    La fin de la Grande Guerre fut loin de marquer le début d’une ère de concorde universelle. Les Etats vaincus, l’Allemagne en premier, étaient loin en effet d’adhérer de bon cœur aux conditions du traité de Versailles, matérialisées par de lourdes pertes territoriales et de coûteuses réparations de guerre. La création en 1919 de la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU d’aujourd’hui, représenta un moment l’espoir de pouvoir négocier et résoudre les différends qui séparaient les nations autour d’une table et non plus sur le champ de bataille. La Roumanie, bénéficiaire du traité de Versailles, avait bien entendu tout intérêt à faire fonctionner la nouvelle architecture européenne agencée autour de la Société des Nations.

     

    Nicolae Titulescu

     

    Juriste de formation, Nicolae Titulescu est né à Craiova, capitale de l’Olténie, région historique située au sud de la Roumanie d’aujourd’hui. Il fera sa carrière politique au sein du parti Conservateur-démocrate, position qui lui offre la possibilité de soutenir l’entrée de la Roumanie dans la Grande Guerre aux côtés de la France. Après la guerre, on le retrouve ministre plénipotentiaire à Londres, avant de prendre les manettes de la politique extérieure de la Roumanie, entre 1928 et 1936, au sein de plusieurs gouvernements de Bucarest. Dès 1921, Nicolae Titulescu est nommé délégué permanent de la Roumanie auprès de la Société des Nations. Aussi, à deux reprises, en 1930 et en 1931, il sera élu à la tête de la principale institution internationale de l’entre-deux-guerres.

     

    Iosif Igiroșianu a été un des diplomates roumains formés par Nicolae Titulescu. Dans son interview enregistrée en 1997 et conservée par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Igiroșianu explique l’influence étonnante dont jouissait à l’époque le dignitaire roumain.

     

    Les mérites de Titulescu

     

    Iosif Igiroșianu: « Vous savez, la Roumanie a été le seul Etat qui avait pu ouvrir une légation à Genève auprès de la Société des Nations. Le gouvernement suisse avait donné son accord en signe de reconnaissance pour Nicolae Titulescu. Parce que Titulescu avait fait de la Suisse la plaque tournante de la diplomatie mondiale. Il parvenait à organiser la plupart des réunions et des conférences internationales en Suisse, et c’est bien lui qui a donné une assise internationale à la ville de Genève. »  

     

    Aussi, dans la hiérarchie du ministère des Affaires étrangères de Bucarest, le représentant de la Roumanie auprès de la Société des Nations occupait une place singulière. Habilité de négocier directement avec les Grandes Puissances, Bucarest attendait à ce qu’il se crée un solide réseau personnel parmi les hommes politiques et les diplomates les plus influents du moment. Une influence personnelle dont la nation dont il était issu pouvait bénéficier directement ou de manière plus subtile.

     

    Titulescu, un médiateur international respecté

     

    Mais Titulescu s’avère être bien davantage que le représentant de la Roumanie auprès de la Société des Nations, parvenant à s’ériger en un médiateur international unanimement respecté. Ami de Pierre Laval, premier ministre de la France de l’époque, Titulescu avait été convié de trouver un arrangement lors d’une dispute qui risquait d’empoisonner les relations entre Londres et Paris, dont les vues divergeaient de plus en plus au sujet de la question des garanties de sécurité que les deux capitales devaient exiger de Berlin. Jusqu’alors, depuis la fin de la Grande Guerre, les gouvernements français et britannique avaient été sur la même longueur d’onde sur le sujet. La signature des Accords de Locarno, imposée à l’Allemagne en 1925, était censée assurer la sécurité collective en Europe et les frontières des voisins de l’Allemagne. Mais la Grande-Bretagne plaidait désormais pour un assouplissement des conditions imposées à Berlin, un assouplissement auquel la France, craignant de voir une résurgence du militarisme allemand, s’y refusait à tout prix. La situation risquait de s’empoisonner davantage entre Londres et Paris, la première soupçonnant à son tour la capitale française de visées expansionnistes, de vouloir dominer l’Europe plus encore que ne pouvait le faire Berlin en l’état.  Et c’est dans ce climat délétère qui risquait de s’installer entre les deux capitales qu’apparaît la figure lumineuse de Nicolae Titulescu.

     

    Iosif Igiroșianu : « Ni Londres, ni Paris ne souhaitaient initier des négociations directes. Aucune partie ne voulaient être perçue par l’autre partie comme demandeuse. Elles avaient donc besoin d’un intermédiaire qui puisse prendre le pouls des uns et des autres, qui puisse négocier et proposer un arrangement, rapprocher les points de vue divergents. Or Titulescu, qui avait été ambassadeur à Londres pendant de longues années et qui s’était bâti une solide réputation auprès de l’establishment anglais, était la personne idéale dans le contexte. »

      

    La carrière brillante du diplomate roumain prend fin en 1936, lorsqu’il se voit déchargé de ses responsabilités et limogé par le roi Carol II, qui lui demande de quitter le pays. Il s’établit d’abord en Suisse, puis vit en France. Même en exil, Titulescu continue à travers des conférences et des articles de plaider pour conserver la paix. Il meurt à Cannes en 1941 des suites d’une longue maladie. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Les désertions dans l’armée roumaine pendant la Première Guerre Mondiale

    Les désertions dans l’armée roumaine pendant la Première Guerre Mondiale

    La désertion, pas une lâcheté, mais un effet du stree post-traumatique

     

    L’historienne Gabriela Dristaru de l’Institut d’histoire “Nicolae Iorga” de Bucarest s’est longuement penché sur le phénomène de désertion de l’armée roumaine pendant la Première Guerre mondiale, dans une approche comparative.

    « Dans l’espace anglais, les recherches sur le sujet ont débuté dans les années 1980, avec la déclassification de documents qui étaient jusqu’alors inaccessibles aux chercheurs, par souci de protection de la vie privée des accusés et de leurs familles. Les historiens et les chercheurs ont conclu que la désertion pendant la Grande Guerre n’était pas le résultat des lâchetés individuelles, comme on le croyait à l’époque, mais plutôt l’effet du stress post-traumatique. Par conséquent, les 321 exécutions pour désertion au sein de l’armée de l’Empire britannique avaient été des actes d’injustice, qui appelaient à des réparations morales. »

     

    La Roumanie dans le contexte géo-politique de l’époque

     

    L’armée roumaine entre dans la Première Guerre mondiale en août 1916. Après une première phase offensive couronnée d’exploits au nord et à l’est, le long des Carpates, elle est stoppée par les armées germano-austro-hongroises. Au sud, la défaite de l’armée roumaine face à l’armée bulgaro-allemande met la capitale en grand danger. Bucarest est finalement occupée en décembre 1916, alors que le gouvernement et l’administration se réfugient en Moldavie, dans la ville de Iasi. En 1917, l’armée roumaine, avec le soutien de la mission militaire française dirigée par le général Henri Berthelot et de l’armée russe, encore alliée, parvient à renverser la vapeur lors des batailles épiques de Mărăști, Mărășești et Oituz. La révolution bolchevique de l’automne 1917 et la désintégration de l’armée russe ne permettent cependant plus à la Roumanie d’envisager la résistance possible. La Roumanie signe l’armistice au mois de mars 1918 avec l’Allemagne et ses alliés.

     

     

    Les premières désertions sont apparues dans l’armée roumaine après la chute de Bucarest et la retraite en Moldavie.

     

    Une retraite précipitée, parfois chaotique, selon les récits laissés par les témoins oculaires. Les historiens roumains se sont penchés sur les archives militaires et compilé des statistiques. Jusqu’au 1er juin 1918, deux tiers des causes jugées par les cours martiales des différentes unités de l’armée roumaine concernaient la désertion et les délits associés. La justice militaire roumaine, organisée sur la base du Code de justice militaire français de 1857, distinguait entre les différents types de désertion : désertion à l’intérieur du pays, désertion à l’intérieur du pays en temps de guerre, désertion devant l’ennemi, désertion à l’ennemi, désertion dans un pays étranger. La désobéissance à la conscription et à la mobilisation, l’insubordination, les insultes envers les supérieurs et l’automutilation étaient également considérées comme des désertions en temps de guerre.

     

    Des sanctions sévères

     

    Pour mieux observer le phénomène de désertion, Gabriela Dristaru a consulté les archives des cours martiales de deux grandes unités, la 5e et la 13e division. Alors que les sanctions en cas de désertion étaient sévères, allant depuis la peine de mort et jusqu’à la dégradation militaire, il s’est avéré que les juges militaires ne prenaient pas leurs décisions à la hâte et sans le recul nécessaire.

     

    Gabriela Dristaru : « Alors que le crime de désertion à l’intérieur du pays en temps de guerre était passible des travaux forcés à perpétuité, voire de la peine de mort, seules 3 condamnations aux travaux forcés à perpétuité et 3 autres condamnations à la peine de mort ont été prononcées. Les 6 cas concernés et frappés par des peines maximales avaient des circonstances aggravantes : meurtre, vol, faux en documents publics, insulte au supérieur. Par ailleurs, la plupart des arrêts rendus pour le crime de désertion en temps de guerre avaient été des acquittements. »

     

    Déserter pour retrouver sa famille

     

    Il s’avère aussi que les raisons qui poussaient les militaires à la désertion n’étaient pas tant la peur devant les risques inhérentes au front, comme on pourrait le penser, mais surtout le besoin irrépressible de retrouver leur foyer, leur famille, le désir de dire à leurs proches qu’ils étaient en vie, la peur de les laisser seuls sous l’occupation de l’ennemi. La grande majorité des déserteurs ont regagné de leur propre chef leurs unités par leurs propres moyens après une absence de plusieurs semaines. Une autre raison de désertion était le mécontentement à l’égard des dirigeants militaires et politiques. Les désertions furent encore plus nombreuses en 1917, favorisées par l’esprit de défaitisme qui avait gagné l’armée russe et encouragées par la propagande austro-allemande.

     

    Gabriela Dristaru : « Marcel Fontaine, membre de la mission militaire française, notait que la majorité des commandants roumains était d’avis que les déserteurs étaient déjà trop nombreux pour être exécutés, et que les punitions sévères n’auraient fait qu’aggraver la situation. Devant la désintégration de l’armée russe, le défaitisme gagnait aussi bien les grades supérieures et les commandements militaires roumains qu’une bonne partie de la troupe. Les gens sentaient la fin imminente de la guerre. Les moyens utilisés dans la propagande de l’ennemi pour renforcer cet état d’esprit au sein de l’armée roumaine ne faisait qu’aggraver la situation. Les autorités militaires roumaines ont réagi devant les désertions en masse en procédant au remplacement des unités formées par des militaires originaires de la Valachie, occupée par l’ennemi, par des unités moldaves sur la ligne du front. Car les moldaves avaient tout intérêt de continuer à défendre leurs chaumières devant les coups de boutoir de l’ennemi. »   

     

    Le phénomène de désertion en temps de guerre et la manière dont il avait été abordé par les autorités et par la justice militaire de l’époque n’arrête pas de susciter le débat au sein des sociétés européennes 100 ans après la fin de la Grande Guerre. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Invalides, orphelins et veuves de guerre dans la Roumanie de l’entre-deux-guerres

    Invalides, orphelins et veuves de guerre dans la Roumanie de l’entre-deux-guerres

    A la fin de la Grande Guerre, le royaume de Roumanie
    venait de doubler aussi bien son territoire que sa population. Mais la victoire
    dans les tranchées a été payée au prix fort. L’un des plus douloureux revers de
    la médaille a sans doute été l’énorme cortège d’orphelins, de veuves et d’invalides
    de guerre, une population s’élevait à près de 12% de ce qu’était la population
    de la Grande Roumanie d’après la Première Guerre mondiale. Certes, l’Etat se
    sentait redevable à ces victimes collatérales d’une guerre sans pitié, mettant
    en place des dispositifs censés améliorer leur sort.


    Maria Bucur,
    professeure à l’université Indiana
    de Bloomington, aux Etats-Unis, spécialiste en histoire, en études de genre, et
    tout particulièrement en histoire de la guerre et en histoire de l’eugénie,
    pense que cette population nombreuse des victimes collatérales de la Grande Guerre
    avait changé les mentalités et le concept de citoyenneté dans la Grande
    Roumanie de l’entre-deux-guerres. Maria Bucur : « L’Etat roumain a
    été transformé de manière radicale, après avoir pris des décisions en faveur
    des vétérans, des veuves et des orphelins de guerre. De nouvelles institutions
    sont apparues, de nouvelles politiques publiques ont été mises en œuvre. Par
    ailleurs, dès 1919, l’on voit apparaître le vote universel. Et ces forces
    conjuguées changent radicalement le discours public au sujet de la citoyenneté
    notamment. L’on voit apparaître de nouvelles revendications, de nouvelles
    attentes de la part de ces citoyens qui veulent que l’Etat prenne ses
    responsabilités. Et le succès ou l’échec de ces politiques publiques a à son
    tour généré de nouvelles dynamiques au sein de lu champ politique, au sein de l’espace
    public. »


    Malheureusement,
    les statistiques manquent, et le nombre exact des personnes touchées par ces
    politiques publiques demeure encore inconnu pour les chercheurs d’aujourd’hui. Maria
    Bucur : « Vous savez, après
    la guerre, la population du royaume avait presque doublé. Les vétérans des
    territoires rattachés à la Roumanie à la suite du traité de Trianon figurent
    dans les statistiques du nouvel Etat roumain. Mais leur nombre exact demeure un
    mystère. Les Etats qui avaient juridiction sur ces territoires avant 1919
    utilisaient des formules de calcul différentes que celles qu’allait utiliser la
    Roumanie de l’entre-deux-guerres. Les statistiques que l’on utilise nous,
    chercheurs, sont les statistiques roumaines du début des années 20. Et puis,
    vers 1935, la commission spécialement mandatée pour vérifier l’exactitude des
    chiffres est arrivée à conclure que les statistiques officielles d’alors étaient
    inexactes. Selon mes estimations, la Roumanie devait comprendre près d’1,5
    millions de vétérans, dont 200.00 invalides, et je me réfère à la définition de
    l’invalidité qui prévalait dans l’époque, auxquels s’ajoutent plus de 700.000 veuves
    et orphelins de guerre confondus. »


    Mais quels
    ont été au fond les effets de ces politiques publiques mises en place par
    l’Etat roumain censées réparer les torts occasionnés par la guerre à ces
    victimes collatérales ? Maria Bucur : « Il faut dire que
    la générosité des autorités roumaines envers ses anciens combattants, ses
    invalides, ses orphelins et ses veuves de guerre a été plutôt exemplaire. Il y
    a eu certes un régime d’allocations qui a été mis en place, mais en sus de cela,
    la législation permettait à toutes ces catégories l’accès gratuit à l’éducation,
    aux soins médicaux, au transport ferroviaire, au bois de chauffage. La réforme
    agraire entamée à la fin de la Première guerre mondiale avait également
    privilégié l’accès à la terre des anciens combattants. Grâce à cette
    législation, ils avaient en outre un accès privilégié à certains monopoles d’Etat,
    prendre en gestion les kiosques dans les gares ou se faire embaucher dans
    certaines administrations publiques, par exemple. Si l’on regarde de près, l’on
    se rend compte que l’ensemble de ces dispositifs dépassait en ampleur ceux mis
    en œuvre par l’Etat français au bénéfice de ces mêmes catégories, alors que la France
    avait constitué un modèle de bonnes pratiques pour la Roumanie lors de la
    conception de ses dispositifs ».



    La « loi
    de la reconnaissance », telle qu’avait été connue cette loi dans l’époque,
    avait surtout pris soin de ne pas faire de discrimination entre les citoyens de
    la Roumanie d’avant-guerre et ceux provenant des provinces rattachées à la
    Roumanie à la suite du traité de Trianon. Maria Bucur : « La reconnaissance
    publique n’a fait déjà aucune distinction entre les soldats qui avaient
    combattu sous le drapeau roumain, et ceux qui avaient combattu sous d’autres
    étendards. Même ceux qui avaient combattu contre la Roumanie jouissaient des
    mêmes droits, pour autant qu’ils avaient acquis la citoyenneté roumaine, prouvant
    ainsi leur attachement à cet Etat. Voyez-vous, en Yougoslavie par exemple, il
    en allait autrement. Les anciens combattants croates ne jouissaient pas des
    mêmes droits que leurs homologies serbes. »



    Maria Bucur pense
    toutefois que l’élan de générosité de l’Etat roumain avait aussi d’autres
    raisons que celles déclarées. Ecoutons-la : « La Roumanie avait
    choisi d’aborder de manière pragmatique cette question. Evidemment, beaucoup de
    roumanophones de Transylvanie avaient combattu sous le drapeau austro-hongrois.
    Mais ils n’avaient évidemment pas le choix. Or, se refuser d’intégrer cette
    population de vétérans aurait entraîné des conséquences catastrophiques, provoquant
    une rupture entre les provinces nouvellement rattachées et l’ancien royaume de
    Roumanie d’avant la guerre. La classe politique l’avait compris et a agi en
    conséquence. Un autre aspect de la question était constitué par le droit des
    minorités nationales. Personnellement, j’interprète l’esprit de cette loi comme
    un sorte de pacte d’intégration, une main tendue par le législateur à tous les
    citoyens roumains, de quelques origines qu’ils soient. Un pacte qui tente de forger
    une citoyenneté solidaire, loyale et engagé. »


    Les
    dispositifs mis en place par l’Etat roumain pour dédommager les victimes
    collatérales de la Grande Guerre sans doute été un modèle à succès. Il n’empêche
    que dans sa mise en œuvre, certaines faiblesses de l’administration ont pu diminuer
    l’exemplarité de la lettre et de l’esprit de cette loi. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Titus Gârbea, un témoin privilégié de l’histoire scandinave

    Titus Gârbea, un témoin privilégié de l’histoire scandinave

    Au long de
    la vie, les hommes arrivent à connaître des lieux et des endroits, à être
    témoins de choses des plus inattendues. Ce fut aussi le cas de l’ancien
    général, devenu centenaire, Titus Gârbea, celui que
    l’on pourrait surnommer le Roumain du cercle polaire. Né en 1893 et mort à
    l’âge de 105 ans, en 1918, Titus Gârbea combattit au front durant la Grande
    Guerre, devint attaché militaire à Berlin entre 1938 et 1940, puis à Stockholm et
    Helsinki, de 1940 à 1943, avant d’aller à nouveau au front durant la seconde
    partie de la Deuxième Guerre mondiale. Décoré pour bravoure au combat, il passe
    en réserve en 1947. Mais c’est depuis son poste de diplomate que Titus Gârbea
    avait croisé certaines personnalités célèbres de l’époque, tel le roi de Suède,
    Gustave V, ou encore la première femme ambassadeur au monde, la soviétique Alexandra
    Kollontai.








    Le Centre
    d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine avait interviewé le général Titus
    Gârbea en 1994, à ses 101 ans : « La Finlande est un petit pays de 4
    millions d’habitants. Mais de braves gens, des hommes de parole. Un jour, notre
    roi Carol II m’appelle et me demande si je ne voulais pas prendre un poste
    auprès de notre représentance dans les pays scandinaves. A l’époque j’étais en
    poste à Berlin, un poste difficile, parce que notre ambassade étendait ses
    compétences sur Berne, en Suisse, et puis aussi sur les Pays-Bas. Je
    réponds : « Sire, je peux certes assumer cette charge, seulement les
    déplacements, que j’allais devoir faire entre Berlin et les pays scandinaves, vont
    coûter une fortune ». Mais bon, le roi me nomme attaché militaire auprès des
    pays nordiques, puis des Etats baltes, j’étais donc attaché dans cinq ou six
    capitales, en sus de ma mission initiale. Cela dit, je m’y suis éclaté et je
    suis parvenu à glaner toute une série d’informations très utiles à nos
    services, au service de mon pays, car chez nous aussi le danger fasciste
    commençait à pointer. »








    Une fois familier de l’esprit nordique,
    l’attaché militaire Titus Gârbea fait la navette entre les capitales suédoise
    et finlandaise. Seulement, dans les pays baltes, déjà occupés par les
    Soviétiques à l’époque, l’atmosphère est bien différente.






    Titus Gârbea : « Je devais aller
    avec une certaine régularité à Stockholm, mais aussi en Finlande. Ce n’était
    pas très fastidieux, car Berlin régnait sans partage sur toute l’Europe. J’avais
    été chargé des relations avec ces quatre pays nordique : le Danemark, la
    Suède, la Finlande et la Norvège. Qui plus est, je devais m’occuper des trois
    pays baltes, où nous, les Roumains, étions regardés de travers par les
    Soviétiques. Certains de mes amis estoniens m’avertissaient : Ne sortez
    pas la nuit, les Russes sont partout et ils sont capables de tout. Eh bien, je
    m’en suis quand même tiré sain et sauf, mais j’étais en quelque sorte leur bête
    noire ».









    A la veille de la Seconde Guerre
    mondiale, Titus Gârbea se trouvait sur la ligne de démarcation entre les
    Polonais et les Soviétiques, ces derniers étant prêts à envahir la Pologne.
    C’est là qu’il ressentit la profonde méfiance des Soviétiques à l’égard des
    Roumains.






    Titus Gârbea : « En 1939, quand
    l’Allemagne d’Hitler et la Russie de Staline allaient écraser la Pologne de
    concert, je me trouvais là, sur la ligne de démarcation. Je suis allé à
    Brest-Litovsk, où l’on attendait les Russes. Selon le Pacte germano-soviétique,
    la ville devait tomber dans l’escarcelle de l’URSS, puis, tout ce qui se
    trouvait à l’ouest de la ville, c’était pour l’Allemagne. Et lorsque je suis
    arrivé à Brest, je suis entré en contact avec les Russes qui se trouvaient là.
    J’étais diplomate, ce qui ne les avaient quand même pas empêchés de me
    lancer : « Ce sera bientôt votre tour !». Il m’avait menacé
    directement. Comment pouvais-je répondre à cet officier, à ce colonel ? Au
    fond, il a eu raison. Notre heure allait sonner bientôt. »








    Dans cette terrible année 1940, Gârbea
    se trouve en Suède lorsque la guerre explose entre l’URSS et la Finlande. La
    petite Finlande faisait preuve d’un héroïsme sans pareil devant le colosse
    soviétique qui l’avait envahi par traîtrise. Gârbea tient à rendre hommage à la
    bravoure des Finlandais, et parle de la sympathie que leur résistance farouche
    avait soulevée à travers le monde entier : « A l’époque, j’étais
    basé à Stockholm et puis j’allais quelquefois en Finlande. C’est de là que je
    suivais les opérations militaires. Un hiver rude, extrêmement rude. Ce fut la
    chance, l’allié naturel des Finlandais. Mais au printemps, grâce au dégèle,
    l’écrasante supériorité numérique des Russes et le nombre de leurs avions ont
    fait que les Finlandais se sont trouvés sous le rouleur compresseur soviétique.
    La Finlande ne comptait que 4 millions d’habitants. C’était le moustique qui
    combattait le lion, voyez-vous. Cela ne pouvait pas tenir. L’Europe entière
    était outrée de voir l’éléphant russe attaquer la petite Finlande, c’était pour
    l’écraser complètement. Une saloperie tellement russe, tellement
    caractéristique. Le même genre de saloperies qu’ils avaient utilisé contre
    nous, et cela encore depuis 1877. »








    Titus Gârbea a été le témoin privilégié
    d’un moment particulièrement dramatique de l’histoire européenne, mais une
    histoire tellement actuelle à certains égards. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le centenaire des relations entre la Roumanie et la Pologne

    Le centenaire des relations entre la Roumanie et la Pologne


    A la fin de la Grande Guerre, la carte de l’Europe avait été modifiée en profondeur.
    Les empires ottoman, austro-hongrois et russe avaient sombré. Des Etats
    nationaux, plus petits ou plus grands, sont nés sur les ruines de ces empires
    multiethniques. La Grande Guerre, avec plus de 10 millions de morts, avait fait
    un carnage jamais connu jusque-là, dans l’histoire de l’humanité. Malgré tout,
    après la guerre, les vaincus ne songeaient qu’à prendre leur revanche, alors
    que les Etats victorieux tentaient de mettre sur pied des systèmes d’alliance,
    qui garantissent la pérennité des nouvelles frontières.


    La Roumanie et la Pologne faisaient
    partie de ces Etats. Leur nouvelle frontière commune avait ravivé des liens
    historiques, remontant au Moyen Âge. L’historien Ioan Scurtu passe en revue
    l’historique de cette relation bilatérale, à partir de 1921.


    « La convention signée entre nos deux Etats au
    mois de mars 1921 était surtout un accord militaire, prévoyant de l’aide
    réciproque en cas d’attaque de la frontière orientale des deux pays, celle avec
    l’Union soviétique. Après la fin officielle de la Première guerre mondiale, l’Etat
    polonais avait dû affronter tant les troupes soviétiques que les troupes
    ukrainiennes. La Pologne était demandeuse d’un tel traité. Elle avait besoin
    d’un allié dans une telle occurrence, à sa frontière sud, tout comme nous
    avions besoin d’un allié à notre frontière nord. Nos intérêts se rejoignaient.
    Et, d’ailleurs, la Moldavie et la Pologne avaient été des Etats voisins, il y
    avait une histoire commune. »



    Qui plus est, la Roumanie
    agrandie et la Pologne nouvellement reconstituée avaient toutes deux un besoin urgent
    d’asseoir leur reconnaissance internationale. Et cela passait forcément par une
    politique de coopération régionale. Les deux Etats appuyaient par ailleurs l’autorité
    de la Société des Nations, principal garant de la paix en Europe. Mais, se
    préparer pour la guerre garantit parfois mieux que jamais la paix. La
    convention militaire signée entre Bucarest et Varsovie, renouvelée en 1926,
    impliquait un certain degré de coopération militaire. L’historien Ioan
    Scurtu :


    « La
    Convention annonçait l’élaboration d’un document censé réglementer la coopération
    militaire entre la Roumanie et la Pologne. Les états-majors de nos deux nations
    se sont réunis à plusieurs reprises pour définir les tenants et les
    aboutissants de cette coopération. Dans la nouvelle mouture de la Convention,
    celle qui sera signée en 1926, il était prévu que les deux pays réagissent
    militairement de concert, dès que l’un d’entre eux était attaqué. Il n’y avait
    plus de référence à la frontière est. C’était une garantie réciproque et
    générale, offerte mutuellement contre toute menace militaire externe. Il
    fallait donc étendre la collaboration militaire au-delà de la collaboration
    défensive sur la frontière orientale, celle avec l’URSS
    . »


    Pourtant, l’alliance
    militaire, aussi prometteuse qu’elle fût, allait bien vite se heurter à des
    problèmes insurmontables. Ioan Scurtu détaille les sources de ces
    derniers :


    « En fait, la Pologne était aux prises d’une
    dispute territoriale avec la Tchécoslovaquie, devenue elle aussi l’alliée de la
    Roumanie, grâce au traité fondateur de la Petite Entente. Alors, l’alliance
    militaire avec la Pologne est passée un peu au second plan. On avait dû mettre
    un coup d’arrêt aux projets militaires communs, aux exercices militaires
    communs, que la Convention laissait présager. Les leaders politiques tchécoslovaques
    et polonais n’arrivaient pas à s’entendre ni à dépasser les points
    d’achoppement entre leurs deux Etats. La Roumanie avait, certes, essayé de
    concilier leurs vues divergentes, afin de créer une alliance régionale globale.
    Le ministre roumain des Affaires étrangères, Take Ionescu, avait d’ailleurs proposé,
    dès 1919, une alliance en mesure de relier la mer Baltique à la mer Noire. Mais
    cette proposition avait reçu une fin de non-recevoir de la part des dirigeants
    des deux pays. Il est vrai aussi que la région de Silésie de Cieszyn, disputée
    autant par la Pologne que par la Tchécoslovaquie, détenait d’importants
    gisements de charbon, essentiel pour l’économie de l’époque. En outre, la
    Tchécoslovaquie se trouvait aux prises avec la Hongrie, alors que la Pologne
    n’avait aucune envie d’attirer l’ire de cette dernière. Et alors, dans ces
    conditions, la Pologne était peu attirée par une possible alliance avec la
    Tchécoslovaquie, ça va de soi.
    »


    Dans les années 30, la France et la Grande-Bretagne,
    les deux puissances garantes des traités de paix de la fin de la Grande Guerre,
    commencèrent par ailleurs à mener une politique de désescalade à l’égard d’une Allemagne,
    qui, elle, devenait de plus en plus agressive. La Pologne, prise en étau entre
    l’Allemagne nazie et l’Union soviétique, héritière de la Russie impériale, soit
    les deux puissances qui l’avaient écrasée en 1795, se voyait acculée. Elle
    sentait le danger qui le guettait de toutes parts et essaya d’y réagir. Ioan
    Scurtu :


    « La diplomatie polonaise était parvenue à
    amadouer l’Union soviétique, arrivant jusqu’à conclure avec cette dernière un
    pacte de non-agression. Avec l’Allemagne, pareil, la Pologne arrive à conclure
    un tel pacte en 1934. L’Allemagne et la Pologne s’engageaient à mettre en
    application la Convention de Paris de 1928, qui prévoyait d’exclure la guerre
    comme moyen de règlement des différends entre les Etats. Sur ce plan, le
    colonel Beck, le ministre polonais des Affaires étrangères, avait mené campagne
    contre le roumain Nicolas Titulescu, à l’époque président de la Société des
    Nations, qui plaidait pour un système de sécurité collective, qui voie
    l’Allemagne partie prenante. Par la suite, l’évolution des événements avait
    montré combien la politique polonaise s’était trompée de cible. La Pologne sera
    envahie par l’Allemagne nazie le 1er septembre 1939 et par l’Union
    Soviétique le 17 septembre. La deuxième guerre mondiale venait de commencer. »



    Malheureusement, les deux pays, la Roumanie et la
    Pologne, tomberont victimes du Pacte germano-soviétique, scellé à Moscou le 23
    août 1939. La Pologne fera, la première, les frais du pacte, quelques jours
    seulement après sa signature. Le tour de la Roumanie viendra à l’été 1940. Dans
    l’intervalle, le dernier gouvernement de la Pologne libre, une partie de son
    armée défaite et le trésor national polonais ont pu malgré tout trouver refuge en
    Roumanie ou la transiter vers l’Ouest.(Trad. Ionut Jugureanu)





  • La présence russe sur le territoire roumain durant la Grande Guerre

    La présence russe sur le territoire roumain durant la Grande Guerre


    La première
    guerre mondiale a vu la Roumanie rejoindre le camp des Alliés à
    l’été 1916. Défaite vers la fin de la même année par les
    Puissances Centrales, l’armée roumaine se voyait obligée
    d’abandonner la partie sud du territoire national, soit l’ancienne
    province historique de Valachie, avec la capitale, Bucarest, pour se
    retirer vers l’Est, en Moldavie, où elle comptait poursuivre le
    combat, aux côtés du million de militaires russes, mobilisés pour
    l’occasion. L’année suivante pourtant, en 1917, la Russie était
    frappée par des troubles internes qui allaient déboucher sur la
    Révolution bolchévique du mois d’octobre. L’armée russe,
    secouée à son tour par ces bouleversements, était dans un état de
    déliquescence.


    L’historien
    Șerban Pavelescu, chercheur à l’Institut d’études politiques
    de Défense et d’Histoire militaire, et auteur du volume intitulé
    « L’allié ennemi », vient d’éditer les mémoires
    inédits des deux généraux russes, Nikolai A. Monkevitz și
    Aleksandr N. Vinogradski, participants au front roumain durant les
    années 1917- 1918. A travers la plume de ces généraux se dessine
    l’atmosphère qui régnait pendant ces années-là, et c’est
    l’occasion d’apprendre beaucoup de choses sur la nature des
    relations humaines qui avaient cours en cette période, ou encore sur
    les nouvelles du front. Șerban Pavelescu explique la délicate
    position tenue par la Roumanie, prise en tenaille entre deux géants,
    l’ennemi allemand et l’allié russe : « La
    Roumanie s’était montrée d’emblée réticente à s’allier à
    la Russie. Il y avait un certain passif, issu de l’histoire de
    cette relation compliquée. La Roumanie s’était d’abord liée
    par un pacte secret à l’Autriche-Hongrie et à l’Allemagne en
    1883, l’objectif en étant de contrer justement le poids de ce
    voisinage menaçant que représentait le colosse russe. D’un autre
    côté, une fois la Première guerre mondiale éclatée, nous
    voulions nous allier à la France et à la Grande-Bretagne et, à
    partir de là, par le jeu des alliances, la Roumanie s’est vu
    obligée à s’allier aussi avec la Russie. »


    L’aventure
    d’une alliance pas comme les autres, qui évoluait sur la corde
    raide, parfois sous respiration artificielle, maintenue en vie grâce
    aux pressions de la France, qui avait besoin de cette alliance sur le
    front de l’Est. Șerban Pavelescu : « Les
    relations entre les deux commandements militaires, roumain et russe,
    ont été correctes au départ, même si elles n’ont pas été
    dépourvues d’aléas. Mais l’alliance militaire avait plutôt
    bien fonctionné, sans défection majeure, et cela jusqu’à la
    révolution russe du mois de février 1917. Certes, la présence et
    les démarches entreprises en ce sens par la Mission militaire
    française, dirigée par le général Henri Mathias Berthelot, ont
    compté pour beaucoup. Car la Mission française avait, d’une part,
    entrepris de former les contingents de l’armée roumaine, mais elle
    faisait beaucoup aussi en matière de bonnes offices, pour faire
    fonctionner au mieux l’alliance roumano-russe. La Mission française
    surveillait le transport des équipements, des munitions et des
    fournitures militaires, qui devaient nourrir le front, en arrivant
    par une route détournée, qui traversait la Russie, depuis la
    ville-port de Mourmansk.
    Et
    des membres de la Mission françaiseétaient
    présents tout au long de cette route, à chaque nœud ferroviaire,
    s’inquiétant de ce que le matériel arrive au complet à
    destination. »

    Malgré
    tout, les suspicions roumaines et l’arrogance russe, qui
    entichaient cette alliance de raison, n’avaient pas disparu comme
    par enchantement pour autant. Șerban Pavelescu :« Lorsqu’ils
    étaient entrés en guerre, les Russes l’avait dit haut et fort aux
    Français : pour eux, le front roumain était un non-sens, car
    indéfendable. La demande roumaine et l’engagement pris par les
    Alliés de maintenir en vie le front sud leur semblaient carrément
    intenables. Les Russes avait d’ailleurs fixé leur ligne de front
    idéale le long de la rivière Siret, excluant du coup le territoire
    roumain. Ensuite, il est clair que l’armée russe avait réagi avec
    beaucoup de lenteur, au moment où l’armée roumaine était aux
    prises avec les armées ennemies dans les Carpates, ensuite pour
    tenir le front sur les rivières Jiu et Olt. Qui plus est, les Russes
    montrèrent tardivement le bout de leur nez lors de la bataille de
    Bucarest, alors que pour la défense de la Dobroudja ils n’avaient
    envoyé que quelques unités de sacrifice, parmi lesquelles s’était
    notamment distinguée l’héroïque division serbe, qui a perdu la
    moitié de ses effectifs, sans pour autant arrêter l’avancée de
    l’ennemi. »


    Et
    s’il était évident que l’alliance roumano-russe n’était pas
    toujours au beau fixe, les volumes de mémoires des deux généraux
    montrent la bonne préparation des militaires russes engagés sur ce
    front, une armée qui disposait, paraît-il, de nourriture,
    d’armement et de munitions, et qui avait été préservée des
    conséquences des pandémies de grippe espagnole et de typhus ayant
    sévi à l’époque. Mais la révolution du mois de février 1917
    allait tout bouleverser. La propagande bolchévique avait commencé à
    faire son lit parmi les soldats russes, conduisant à la
    désorganisation des unités et de la chaîne de commande, sur fond
    de délitement de la discipline militaire. Et c’est ainsi que
    l’offensive lancée par les armées allemande et austro-hongroise à
    l’été 1917 sera arrêtée finalement par les efforts surhumains
    déployés par la seule armée roumaine, alors que dans le Nord, en
    Ukraine, des unités entières de l’armée russe désertaient et
    rendaient leurs armes face à l’ennemi. Șerban Pavelescu décrit
    l’impact de la révolution russe sur les relations entre les deux
    alliés, devenus très vite ennemis :« L’armée
    russe devient du jour au lendemain un allié très peu fiable et peu
    sûr pour les Roumains. Pas plus tard qu’à l’automne 1917,
    l’armée russe arrive à être carrément perçue comme armée
    ennemie par les autorités roumaines. En effet, une grande partie des
    troupes russes se trouve derrière le front, concentrée près de la
    ville de Iaşi, dans la zone de Nicolina. Et là, les agissements des
    bolcheviques, des comités révolutionnaires qu’ils avaient montés
    suite à la révolution d’octobre 1917, menaçaient directement les
    structures politiques et l’administration roumaine, refugiés dans
    la ville de Iasi, après l’occupation de Bucarest par les troupes
    des Puissances centrales, fin 1916. L’hiver 1917/1918 verra les
    troupes roumaines obligées de réagir à l’encontre de son ancien
    allié, pour le forcer à quitter le territoire national, et
    l’empêcher d’emporter les armes et les munitions destinées au
    front. Et c’est ainsi qu’en 1918, l’armée roumaine mènera
    plusieurs opérations de guerre contre des bandes de soldats russes,
    devenues entre temps des milices révolutionnaires, occupées à
    mettre à feu et à sang les zones qu’elles occupaient. »


    La
    fin de la guerre trouvera la Roumanie et la Russie, anciennement
    alliées, épuisés. Mais elle les retrouvera surtout engagées dans
    des voies de société différentes. L’une s’engagera sur la voie
    de la dictature communiste, l’autre sur celle de la démocratie
    libérale. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • L’occupation de la Roumanie pendant la Grande Guerre…

    L’occupation de la Roumanie pendant la Grande Guerre…

    Le rôle essentiel de toute propagande, dont notamment de celle menée en temps de guerre, est de mobiliser au mieux les ressources denthousiasme et de foi en la victoire finale au sein de la population. Mobiliser à la fois lEtat et la population civile. En effet, un nombre incalculable détudes, publiées au fil du temps, a mis en exergue limportance de la propagande en général et de la propagande de guerre en particulier, pour la réussite des opérations. Et toutes ces études nont eu de cesse de mettre en évidence le rôle essentiel de limage et de lusage multiple que lon peut en faire, quil sagisse de glorifier les succès remportés par son propre camp sur le champ de bataille, ou de diminuer limage de la force de ladversaire, voire même, le plus souvent, de le rendre pénible et ridicule aux yeux de sa population.



    La Roumanie entre dans la sarabande meurtrière de la Grande Guerre en août 1916, aux côtés de lEntente, après deux années de neutralité et moult négociations, soldées par des promesses territoriales conséquentes de la part des Alliés, en cas de victoire. Pourtant, très vite et en dépit dune poussée initiale prometteuse en Transylvanie, la Roumanie se voyait contrainte à abandonner au profit de ladversaire, fin décembre 1916, des pans entiers du territoire national, soit les provinces historiques de Valachie, dOlténie, ainsi que la Dobroudja. La capitale même, Bucarest, se retrouvait ainsi occupée par les armées conjointes des Puissances centrales, soit par les troupes allemandes, austro-hongroises, bulgares et turques, à lissue de 4 mois de combats acharnés, dans lesquels pas moins de 300.000 soldats roumains avaient perdu la vie. Pendant lhiver 1916/1917, le gouvernement et les autorités roumaines, retranchés à Iaşi, dans une province de Moldavie exsangue, mais toujours sous contrôle militaire roumain, ont préparé leur revanche, avec lappui de la mission militaire française et de larmée russe. Une revanche éclatante pendant la campagne de 1917, grâce aux victoires remportées à Mărăști, Mărășești et Oituz.



    Mais loccupation du sud de la Roumanie forçait au même moment la population civile de la zone occupée à subir un régime économique fait de réquisitions et de restrictions, auquel se sont ajoutés les effets démoralisants de la propagande menée tambour battant par loccupant. Sous cette occupation honnie, la vie semblait reprendre néanmoins, petit à petit, son cours, et lapparence dune certaine normalité, surprise parfois par lœil des appareils photo. Mihail Macri, collectionneur et cartophile invétéré, raconte :



    « Les armées doccupation avaient commencé à faire éditer leurs propres cartes postales. Il y avait, par exemple, la bien connue Poste bulgare de Roumanie. Lorsque les Bulgares ont débarqué à Bucarest, ils avaient retrouvé des cartes postales, quils avaient confisquées, et y ont apposé leurs propres timbres. Ces cartes sont aujourdhui très recherchées par les collectionneurs et les philatélistes. Ensuite, dans larmée allemande, chaque régiment, parfois chaque bataillon disposait dun photographe attitré. Et vu que larmée allemande ne disposait pas dun système de cartes postales propres, ils avaient pris lhabitude de se faire prendre en photo, par exemple aux côtés dune jolie demoiselle roumaine, cela seulement sils nétaient pas mariés, et denvoyer ensuite la photo, sous la forme dune carte postale, chez eux, en Allemagne. Evidemment, sils étaient mariés, ils choisissaient plutôt un autre modèle à côté duquel ils allaient se faire prendre en photo. Il valait mieux pour eux ».



    En 1916, le royaume de Roumanie comptait près de cent ans depuis quil sétait progressivement affranchi de linfluence ottomane, et après avoir connu un demi-siècle de développement accéléré, sous le règne du roi Carol Ier. A lentrée en guerre, la Roumanie pouvait ainsi senorgueillir de compter un réseau ferroviaire qui couvrait la quasi totalité du territoire national, une industrie pétrolière florissante et un essor urbanistique notable, dont la capitale avait bénéficié en premier, mais aussi les villes de Iaşi, de Craiova, de Ploieşti, ou encore les villes portuaires situées le long du Danube, et la ville-port de Constanţa, au bord de la mer Noire. Malgré tout, la grande majorité de la population vivait toujours, plutôt dans la pauvreté, à la campagne, grâce à lagriculture de subsistance. La propagande ennemie na dès lors pas hésité à épingler les réalités contradictoires de la société roumaine de lépoque. Mihail Macri :



    « Ce sont les Allemands qui ont commencé à éditer des cartes postales en prenant pour cible des réalités roumaines peu reluisantes. La carte postale représentative de Bucarest, éditée par leurs soins montrait, par exemple, la devanture misère dune paillotte située en périphérie, dans le quartier de Colentina. Ce quartier nen était même pas un à lépoque, cétait juste un village situé à proximité de Bucarest. Lon apercevait le toit du bâtiment immortalisé, tenir grâce à une sorte déchalas, puis quelques tables minables en terrasse. Devant la paillotte, lon voyait un cochon qui se vautrait dans la boue, au beau milieu de la rue. Cétait une image très malveillante, ils voulaient simplement montrer quils avaient occupé un pays arriéré, quils allaient probablement civiliser. Dans ces cartes postales allemandes, lon naperçoit aucune présence féminine, qui soit belle ou élégante, lon naperçoit même pas une charrette, un théâtre, le palais royal, un seul bâtiment ou un seul paysage qui vaille un tant soit peu. Tout ce quils avaient surpris dans ces cartes postales avait un caractère tout simplement minable ».



    Mais la propagande allemande avait tout de même, volontairement ou non, surpris aussi des pans du quotidien des Roumains de lépoque. Mihail Macri :



    « Les seuls instantanés qui présentent un certain intérêt ce sont les images en gros plan des foires. Il existe deux ou trois foires immortalisées de la sorte. Lon voit les commerçants de lépoque, les artisans, qui brandissaient leurs outils pour être reconnus plus facilement par les clients potentiels, par ceux qui avaient besoin de leurs services. Par ailleurs, notre propagande a vite fait dutiliser les mêmes armes. Nos plus belles cartes postales, celles qui ont été éditées durant la guerre, avaient pour sujet des thèmes anti bulgares. Même chose du côté des Bulgares : leurs cartes les mieux éditées, cétait de la propagande anti-roumaine. Ainsi, le roi roumain Ferdinand 1er y apparaissait sous la forme dune souris aux grandes oreilles, laissant plutôt penser à un âne. Quant au tsar bulgare, la propagande roumaine laffublait dun nez immense, et on ladmirait recevant le plus souvent un coup de pied dans le derrière. Avec cela, plus besoin de texte, le message nétait que trop évident. Plus à lOuest, en France notamment, les cartes postales avaient en revanche illustré aussi les affres de la guerre, mais toujours dans le but de mobiliser la population autour du sentiment patriotique. »



    Quoi quil en soit, limage de la Roumanie sétait retrouvée fortement malmenée par la propagande de guerre, notamment par celle allemande, trop contente de pouvoir présenter ce pays comme un territoire arriéré, habité par des sauvages. Raccourcis grossiers sans doute, mais que serait la propagande, sinon?


    (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Le typhus exanthématique dans la Roumanie de la Grande Guerre

    Le typhus exanthématique dans la Roumanie de la Grande Guerre

    Le typhus exanthématique a marqué la triste histoire que les pandémies avaient écrite dans l’espace roumain pendant les années sombres de la Grande guerre. Selon les statistiques, l’épidémie de typhus exanthématique a fait bien plus de victimes que le conflit militaire en tant que tel, soit 350 mille militaires et 450 mille civils pendant le seul hiver 1916/1917. Pour rappel, la Roumanie est entrée en guerre au mois d’août 1916 aux côtés de l’Entente, les armées roumaines traversant les Carpates et lançant leur offensive en Transylvanie, province à majorité roumanophone, appartenant encore, à l’époque, à l’empire d’Autriche-Hongrie. La contre-offensive lancée par les empires centraux au nord, par les Bulgares, appuyés par les Allemands, au sud, ont contraint pourtant bien vite l’armée roumaine à la défensive ; après quatre mois de combats acharnés, elle s’est repliée en Moldavie. Au mois de décembre 1916, Bucarest se retrouvait ainsi occupé par les forces militaires allemandes, bulgares et austro-hongroises, qui n’hésitèrent pas à instaurer un régime militaire d’occupation sévère, marqué par les réquisitions et des restrictions en tout genre.

    Mais cette occupation militaire de la capitale roumaine s’est accompagnée par la montée d’un nouveau fléau : le typhus exanthématique. C’est à la fin du mois de décembre 1916 que les premiers cas d’infection sont signalés à Bucarest, parmi les couches populaires d’abord, avant que l’épidémie ne s’étende comme une traînée de poudre dans toute la population. C’est que la guerre et ses conséquences sociales lui ont fait le lit. Un second foyer, bien plus terrible celui-là, fit son apparition en Moldavie, où le typhus fut amené par l’armée russe.

    L’historienne Delia Bălăican, chercheuse à la Bibliothèque de l’Académie roumaine, a étudié l’impact provoqué par l’épidémie du typhus exanthématique sur la population roumaine de l’époque.

    Delia Bălăican : « D’abord, c’est quoi une épidémie de typhus exanthématique ? La cause, c’était la présence des poux, c’est donc lié à la pauvreté, à la misère, à l’absence d’hygiène, aussi bien parmi les troupes que dans la population civile. En Roumanie, le typhus est arrivé par les troupes russes et, de façon plus sporadique, en provenance des Balkans. Et puis, avec les mouvements des troupes dans la région de Moldavie, la maladie s’est étendue comme une traînée de poudre, à la campagne et dans les villes. La situation est arrivée à un tel point que l’on enregistrait un taux de mortalité de l’ordre de 30% au sein de la population civile, et de 40% parmi les médecins, au mois de mars 1917. »

    En dépit du chaos provoqué par la situation au front, les autorités réagissent face au défi, et conçoivent un plan censé combattre efficacement l’épidémie. Delia Bălăican précise : « Au mois de janvier 1917, la présence de l’épidémie avait été officiellement actée, mais le pic n’a été atteint que pendant le mois de mars. Dans le Bucarest occupé, l’Institut de bactériologie était toujours dirigé par le célèbre scientifique Victor Babeș. A Iași, suite aux appels de la Croix rouge française, les services médicaux ont été réunis sous la direction du docteur Ion Cantacuzino (Jean Cantacuzène). Dans ses laboratoires de Bucarest, Victor Babeș produisait des vaccins, car il faut dire que le typhus exanthématique n’était pas la seule épidémie qui faisait des ravages à l’époque. Pendant la guerre, on avait encore signalé des foyers de peste et de malaria. Mais le typhus exanthématique venait juste d’apparaître dans l’espace roumain, et il n’y avait pas de vaccin connu qui puisse le prévenir ».

    Pourtant, comme cela arrive souvent dans les situations-limite, des gens d’exception se font remarquer et sortent du lot. L’un des héros, qui s’est bien élevé à la hauteur du moment, a été le docteur Jean Cantacuzène. Delia Bălăican : « Selon les mémorialistes et les archives qui sont parvenues jusqu’à nous, le docteur Cantacuzène a accompli un véritable miracle à Iași. En très peu de temps, il est arrivé à isoler les malades du typhus exanthématique. A l’aide d’une équipe de 150 ingénieurs, il a vite fait d’ériger des baraquements, où il était parvenu à mettre en quarantaine les malades. Les baraques étaient en bois, c’était une sorte d’hôpital de campagne, où étaient internés, sans distinction aucune, militaires et civils ensemble, sans se soucier de différences d’âge ou de sexe. Le problème principal résidait dans les conditions de vie qui prévalaient dans les villages. Les gens vivaient souvent dans des cabanes en torchis, privés de lumière naturelle, et où l’absence d’aération et l’humidité excessive favorisaient grandement l’épidémie. Ainsi, les malades ont pu être exfiltrés de leurs villages, et des conditions draconiennes d’hygiène ont été imposées. Des campagnes d’extermination des poux ont été menées tambour battant. Il fallait prendre soin de son hygiène personnelle, de l’hygiène de ses vêtements et des objets intimes. Les vêtements infestés étaient brûlés ou mis dans des fours, censés tuer les satanées petites bêtes. Si cela n’était pas possible, on employait le pétrole ou le vinaigre pour en venir à bout. C’étaient des produits à portée de main pour l’époque. En même temps, des mesures similaires ont été prises à Bucarest. A Iași, le défi principal posé aux autorités a été celui de pouvoir maintenir la propreté de la ville. Cette année-là il y a eu un hiver rude, et la présence massive de la neige avait rendu les opérations encore plus pénibles. En effet, l’une de ces opérations pénibles était justement celle de ramasser les cadavres tombés dans les rues ».

    Parmi les personnages qui se sont élevés à la hauteur du moment, notons les souverains de la Roumanie, le roi Ferdinand et la reine Marie. La reine Marie notamment qui, par son attitude et par ses actes posés, avait réussi à frapper à jamais la mémoire de ses contemporains.

    Delia Bălăican : « La reine Marie a été l’un des personnages clé de la guerre, mais aussi de cet épisode terrible de l’épidémie de typhus exanthématique. L’image qui nous est arrivée d’elle, traversant les époques, est celle où l’on voit la reine au chevet des malades. Elle est intervenue personnellement pour améliorer leur sort, elle est intervenue auprès des missions étrangères présentes à Iasi, auprès des ambassades française, américaine, britannique, plaidant la cause de ces malheureux, pour améliorer un tant soit peu leur quotidien. La reine Marie a été exemplaire, et son geste avait constitué un véritable exemple à suivre pour toute la haute société roumaine de l’époque, et les dames de l’élite se sont empressées de lui emboîter le pas. La mobilisation de tous a été exemplaire, et les récits présents dans les mémoires laissées par les contemporains ont toujours le don de nous émouvoir. L’image de la reine Marie – je ne parle que d’elle, mais il y a eu des milliers d’exemples de courage et d’abnégation -, représente un symbole de cette lutte de toute une société contre l’épidémie, une image extrêmement lumineuse, dans un moment plutôt sombre de l’histoire nationale ».

    Les mesures prises de cette manière résolue ont très vite prouvé leur efficacité, car dès le mois de juin 1917, l’épidémie a été contenue. C’était aussi un moment charnière de la guerre, car les luttes de Mărăști, Mărășești et Oituz présageront de la victoire finale, qui ne tardera pas à suivre l’année d’après, en 1918. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Marta Trancu-Rainer, la première chirurgienne de Roumanie

    Marta Trancu-Rainer, la première chirurgienne de Roumanie

    Parmi les personnalités qui ont marqué le début du XXe siècle en Roumanie, ce sont les hommes – surtout ceux qui ont fait carrière dans la politique ou l’armée – qui sont cités le plus souvent. Toutefois, l’activité des femmes remarquables de l’entre-deux-guerres commence aussi à être étudiée.

    Monica Negru, qui travaille aux Archives nationales de la Roumanie, note l’intérêt croissant pour la contribution féminine au progrès du pays au début du 20e siècle. La plus connue de ces femmes reste évidement la reine Marie, épouse du roi Ferdinand qui dirigeait la Roumanie en 1918, au moment de la création de l’Etat national unitaire roumain. Monica Negru précise « heureusement, ces dernières années il existe un intérêt grandissant pour la famille royale et pour les reines roumaines. C’est pour cela que les chercheurs s’intéressent à nouveau à la manière dont la reine Marie, par exemple, a manifesté sa préoccupation constante pour les hôpitaux du front, à sa manière d’accompagner les souffrants, les soldats blessés, mais aussi à sa manière de défendre les idéaux nationaux. Mais l’attention dont bénéficie la reine Marie ne compense pas le fait que les vies de tant d’autres femmes ont été jetées dans l’oubli. Et ce malgré l’extraordinaire esprit de sacrifice dont leurs activités font preuve. »

    Marta Trancu-Rainer a été une des proches collaboratrices de la reine Marie dans son activité médicale et caritative pendant la Grande Guerre. Epouse de l’intellectuel et anthropologue Francisc Rainer, Marta Trancu a été la première femme chirurgienne de Roumanie. Elle fait ainsi partie du groupe des pionnières qui, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, ont commencé à intégrer des domaines jusqu’alors réservés aux hommes, comme les sciences et le droit. L’historienne de l’art Oana Marinache esquisse une biographie du médecin Marta Trancu : « Elle a vécu entre 1875 et 1950. Née à Târgu Frumos dans une famille d’origine arménienne, elle suit les cours de la Faculté de médecine de Iași à compter de 1893. Elle déménage ensuite à Bucarest pour étudier l’anatomie pathologique, son rêve étant de faire la connaissance du spécialiste en bactériologie Victor Babeș. Mais elle fait une autre rencontre avant cela : celle du chef du service d’anatomo-pathologie de l’hôpital Colțea de Bucarest, Francisc Rainer. C’est lui qu’elle épousera en 1903. Finalement, elle se spécialise en chirurgie, ainsi qu’en gynécologie. Son nom apparaît assez souvent dans les mémoires de la reine Marie, ainsi que dans celles d’autres personnalités féminines de la famille royale. Marta Rainer faisait partie de l’entourage des reines et des princesses de Roumanie, car elle était chargée de leur santé. Elle a participé à la Première Guerre mondiale en tant que médecin militaire. Elle a même atteint le grade de commandant et a dirigé trois hôpitaux militaires. Il y avait l’hôpital Colțea, un hôpital temporaire de campagne qu’elle avait organisé dans le Palais royal, sur demande de la reine Marie, et un troisième hôpital aménagé à l’intérieur de l’Ecole des ponts et chaussées de Bucarest. »

    Dans le volume « Pages de journal », le docteur Trancu-Rainer raconte la méfiance et le dédain qu’elle a éprouvés dans les hôpitaux au début de sa carrière. Ce manque de confiance a entièrement disparu au moment de la guerre, à mesure des preuves, de plus en plus nombreuses, de sa compétence. Voilà sa description de la journée du 6 octobre 1916, dans un Bucarest marqué par l’entrée de la Roumanie en guerre dans le courant de l’été : « Je n’ai pas arrêté d’opérer à Colțea. J’ai fait une pause à 16h20 pour aller visiter un malade au Palais dont j’avais fait l’ablation de l’os iliaque. Il n’y avait rien d’inquiétant […]. Surprise à Colțea. Beaucoup de pansements. Je suis passée par Eforie, et de là je suis allée au Palais, où j’ai opéré quelqu’un qui avait été touché par une balle au cou. J’ai amputé un doigt du pied et j’ai fait une arthrotomie de l’articulation tibio-tarsienne. De retour au Palais, des pansements, des opérations. J’ai extrait un éclat d’obus d’une jambe. Le soir est tombé. »

    Toutefois, ses efforts et mérites ont été reconnus dans le temps. En 1919, Marta Trancu-Rainer reçoit l’Ordre de la reine Marie et, en 1953, elle intègre l’Académie de médecine et la Société de biologie.

    (Trad. Elena Diaconu)

  • La Roumanie dans la Grande Guerre

    La Roumanie dans la Grande Guerre

    La Première Guerre Mondiale est également connue sous le nom de Grande Guerre, car le monde navait plus vécu jusque là des atrocités aussi grandes. A linstar de tous les autres pays, la Roumanie sy était engagée avec un grand enthousiasme, mais celui-ci nallait pas tarder à seffilocher. Au bout de deux ans de neutralité, en août 1916, larmée roumaine entrait en guerre du côté de lEntente. Elle pénétrait en Transylvanie, province de lEmpire austro-hongrois, habitée majoritairement par des Roumains. 4 mois plus tard, en décembre 1916, la capitale, Bucarest, était occupée et les institutions de lEtat se virent contraintes de déménager en Moldavie. En 1918, la Roumanie, qui se retrouvait dans le camp des vainqueurs, passait de lagonie à lextase.



    Les témoignages puisés dans les archives de la Radiodiffusion roumaine font découvrir limage dun pays en état de guerre et dont le peuple avait fait de son mieux pour vivre dans un monde meilleur. Dans une interview datée de 2001, le général Titus Gârbea se rappelait latmosphère exubérante qui régnait dans la société roumaine à la veille de la guerre: Mon père était un descendant de Tudor Vladimirescu, de Gorj, ma mère était originaire de Făgăraş. Mon grand-père maternel avait fait des études à Vienne, puis en Italie. Comme il ne pensait quà son Italie, il avait fait apprendre litalien à ses propres enfants et à son épouse. Une atmosphère de grand patriotisme régnait dans la maison. Je me souviens des moments où mon père nous amenait faire nos prières devant les icônes représentant les martyrs du peuple roumain: Horia, Cloşca et Crişan et Michel le Brave, bien sûr. Nous entonnions des chants et priions le bon Dieu pour quil préserve leurs âmes. Sur le mur den face trônait le portrait du roi Carol, car nous étions très royalistes, adeptes fervents de la monarchie. On chantait même « Vive le roi ». Les intellectuels contribuaient pour beaucoup à entretenir cet esprit.



    Le général Constantin Durican a, lui, combattu comme infirmier: En 1914, jai été appelé à lhôpital aménagé dans les locaux du lycée Petru Rareş. On ma attribué la charge dinfirmier sur une voiture équipée dun brancard. Il y avait deux sections dauto-brancards: lune dirigée par le général Prezan, lautre par le général Averescu. Lauto – brancard est une voiture destinée à transporter les blessés depuis les premiers points de premiers secours jusquà un des hôpitaux de Piatra Neamţ, qui fonctionnaient dans les écoles.



    Le politicien Constantin Moiceanu a été membre du Parti Social Démocrate, le parti anticommuniste de Constantin Titel-Petrescu. En 2000, il se remémorait les réalités du front près de sa commune natale et les relations des civils avec les Russes, alliés des Roumains: Le front était tout près. Personne navait plus envie de célébrer les fêtes. Mes frères et dautres habitants revenaient le soir, quand le calme sinstallait sur le front et nous apportaient des nouvelles sur les combats et les blessés. Nous avions lavantage de connaître le terrain. A un certain moment, on a vu venir les troupes russes. Des rumeurs couraient comme quoi les Russes étaient réputés bon viveurs et enclins à la bagarre. Les miens étaient assez aisés à lépoque. Ils possédaient un lopin de terre et un jardin. En plus, la cave de la maison regorgeait de fûts remplis de vin et deau-de-vie. Le jour où lon a eu vent de larrivée des Russes, les villageois ont vidé tous les fûts, craignant la réaction des soldats russes ivres.



    Gavril Vatamaniuc a été lunique survivant du groupe de résistance anticommuniste de Bucovine. En 1993, il évoquait le souvenir dun compagnon dorigine française, détenu dans la prison de Gherla. Il avait combattu comme volontaire aux côtés des Roumains et choisi de ne plus quitter la Roumanie après la guerre: Je ne peux pas oublier ce que ma raconté cet homme, âgé de plus de plus de 70 ans. Jeune officier français, il était venu en Roumanie en 1916, comme volontaire, pour se joindre à larmée roumaine qui luttait contre lAllemagne. Blessé, alors quil se trouvait sur le front de Moldavie, il fut amené à lhôpital de Iasi et soignée par une jolie jeune femme, Maricica de son nom. Une fois guéri et sorti de lhôpital, il décida de lépouser. Il vendit tous ses biens de France et sinstalla en Roumanie comme petit fermier. Seulement voilà quà lavènement des communistes, notre petit fermier fut anéanti.



    Un siècle après la Grande Guerre, lEurope garde encore un vif souvenir du conflit ayant marqué laube dun nouvel âge, lui aussi jalonné de tragédies, dexploits ou dactes de lâcheté, despoirs comblés ou brisés. (trad. Mariana Tudose)

  • 11.11.2018 (mise à jour)

    11.11.2018 (mise à jour)

    Célébrations – Le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, a participé,
    ce dimanche, aux côtés d’autres dirigeants du monde, aux célébrations du
    centenaire de l’armistice de la Grande Guerre, qui ont eu lieu sous l’Arc de
    Triomphe de l’Etoile, à Paris. Quelque 70 chefs d’Etat et de gouvernement, dont
    la chancelière allemande Angela Merkel, le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir
    Poutine, ont donné cours à l’invitation adressée par le président français
    Emmanuel Macron. Le 11 novembre 1918, à 11 heures (heure française), les armes
    se sont tues sur le front de l’ouest, mettant ainsi fin à 4 ans de conflit, qui
    ont coûté la vie à plus de 10 millions de personnes. Le programme de ce
    dimanche, 11 novembre 2018, a aussi inclus un Forum de la paix, initiative d’Emmanuel
    Macron, qui se propose d’encourager la mise en œuvre de projets concrets, en
    faveur de la paix dans le monde.








    Le Centenaire de la fin de la Première guerre mondiale
    a également été marqué ce dimanche dans le monde entier. En Australie, une
    cérémonie a été organisée au Mémorial national de la guerre, dans la capitale
    Canberra. Des coups de canons ont été tirés en Nouvelle Zélande, des événements
    spéciaux ont eu lieu au Royaume Uni ainsi qu’aux Etats-Unis.






    Commémoration – La Journée des vétérans a été marquée, par des cérémonies
    militaires et des services religieux ce dimanche en Roumanie, hommage aux militaires roumains qui ont participé à des missions sur des
    théâtres d’opérations à l’étranger. Un buste du maréchal Alexandru Averescu,
    commandant de l’Armée roumaine pendant la Grande Guerre et un des plus
    brillants chefs militaires roumains de l’histoire, a été inauguré à Bucarest.
    La Journée des vétérans rappelle l’armistice de la première conflagration
    mondiale, signé par les puissances de l’Entente et l’Allemagne, ainsi que le décès
    du sous-lieutenant Iosif Silviu Fogoraş, premier militaire roumain tombé en Afghanistan,
    le 11 novembre 2003. Entre 1996 et 2018, la Roumanie a perdu 29 militaires et
    180 autres ont été blessés dans des missions sur des théâtres d’opérations à l’étranger.
    Dans un message à l’occasion de la Journée des vétérans, la première ministre
    roumaine Viorica Dăncilă rappelle le fait que le sacrifice des soldats roumains
    avait rendu possible la réalisation de la Grande Union de 1918, dernière étape
    de la construction de l’Etat roumain national unitaire. « Nous rendons
    également hommage aux militaires roumains présents, ces dernières années, sur
    les théâtres d’opérations internationaux, sous mandat de l’OTAN, de l’ONU ou de
    l’UE. C’est la nouvelle génération de vainqueurs », affirme également la
    première ministre Viorica Dăncilă dans son message à l’occasion de la Journée
    des vétérans.










    Attaque – Dix personnes, dont deux enfants, ont été hospitalisés
    ce dimanche, à Brăila (sud-est de la Roumanie), après avoir été blessées dans
    une attaque à la voiture, dont l’auteur présumé est originaire de la même ville.
    Le jeune homme, âgé de 20 ans, est accusé d’avoir poignardé un autre homme, à
    cause d’un conflit lié à une voiture, et d’avoir ensuite foncé dans son
    véhicule sur un groupe de passants, pour s’arrêter après un impact avec la
    devanture d’un supermarché. Lorsqu’il a été interpellé, le jeune homme,
    visiblement sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue, s’était mis à crier « qu’il
    fallait faire couler du sang dans ce pays ! ». Une enquête pénale est
    en cours.








    Handball – Le club champion de handball féminin
    de Roumanie, CSM Bucarest, a eu raison, ce dimanche, en déplacement, de l’équipe
    hongroise FTC-Rail Cargo Hungaria, au score de 34 à 28, dans un match comptant pour le
    groupe D de la Ligue des Champions. Deux autres équipes, Kristiansand (Norvège) et Bietigheim, d’Allemagne, font
    aussi partie du même groupe. Les 3 premières équipes classées seront qualifiées
    dans les groupes principaux. Egalement ce dimanche, l’équipe de handball
    féminin SCM Craiova, détentrice de la Coupe EHF, a vaincu en déplacement, au
    score de 19 à 17, l’équipe allemande Borussia Dortmund, en match aller du troisième
    tour préliminaire de la compétition. Le match retour aura lieu à Craiova, le 18
    novembre prochain.

    Météo – Lundi, en Roumanie, les températures diurnes
    continueront d’être supérieures aux normales de saison en Transylvanie et dans
    le sud-ouest. Dans le reste du territoire, elles seront à la baisse. A la
    mi-journée, le thermomètre affichera des valeurs entre 7° et 20°.

  • 11.11.2018

    11.11.2018

    Célébrations – Le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, participe,
    aujourd’hui, à Paris, aux célébrations du Centenaire de l’armistice de la
    Grande Guerre. Quelque 70 chefs d’Etat et de gouvernement, dont ceux des
    Etats-Unis, de l’Allemagne et de la Russie, sont présents à cet événement,
    organisé par la présidence de la République Française. Le 11 novembre 1918, à
    11 heures (heure française), les armes se sont tues sur le front de l’ouest,
    mettant ainsi fin à 4 ans de conflit, qui ont coûté la vie à plus de 10
    millions de personnes. Le président roumain Klaus Iohannis participera
    également à l’ouverture du Forum de la paix, accueilli par la ville de Paris, une
    initiative de son homologue français Emmanuel Macron, qui se propose d’encourager
    la mise en œuvre de projets concrets, conçus dans l’esprit du multilatéralisme
    et de la coopération. Le Forum se propose aussi de promouvoir la paix à travers
    une meilleure gouvernance mondiale et de mettre en avant des initiatives qui
    feraient baisser les tensions internationales.

    Le Centenaire de la fin de la Première guerre mondiale
    est marqué aujourd’hui dans le monde entier. En Australie, une cérémonie a été
    organisée au Mémorial national de la guerre, dans la capitale Canberra. Des
    coups de canons ont été tirés en Nouvelle Zélande, des événements spéciaux sont
    organisés au Royaume Uni ainsi qu’aux Etats-Unis.


    Commémoration – La Journée des vétérans est marquée ce dimanche en
    Roumanie. Une journée « portes-ouvertes » a lieu dans toutes les
    garnisons du pays, des couronnes de fleurs sont déposées aux cimetières et monuments
    des héros, pour rendre hommage aux militaires roumains qui ont été présents sur
    les théâtres d’opérations étrangers. Un buste du maréchal Alexandru Averescu,
    commandant de l’Armée roumaine pendant la Grande Guerre et un des plus
    brillants chefs militaires roumains de l’histoire, est inauguré à Bucarest. La
    Journée des vétérans rappelle l’armistice de la première conflagration mondiale
    signé par les puissances de l’Entente et l’Allemagne, ainsi que le premier
    décès d’un militaire roumain en Afghanistan, le sous-lieutenant Iosif Silviu Fogoraş, tombé le 11 novembre
    2003. Entre 1996 et 2018, la Roumanie a perdu 29 militaires et 180 autres ont
    été blessés dans des missions sur des théâtres d’opérations à l’étranger.




    Réaction – Le ministère des Affaires étrangères de Bucarest ne
    reconnaît pas la légitimité des soi-disant « élections » du 11
    novembre 2018, prévues dans les régions contrôlées par les séparatistes de
    Donetsk et Lugansk, sur le territoire de l’Ukraine, et condamne fermement leur
    organisation, qui contrevient gravement à l’ordre constitutionnel ukrainien et
    aux arrangements assumés aux accords de Minsk, le format agréé qui vise une
    solution pacifique du conflit. Bucarest réitère, en même temps, son soutien à
    l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine
    dans ses frontières reconnues au niveau international et condamne toute
    tentative d’ignorer les normes internationales et qui mine les efforts de
    réalisation de la paix dans l’est de l’Ukraine.


    Jeunesse – C’est la ville de Iaşi qui portera du
    2 mai 2019 au 1-er mai 2020 le titre de Capitale de la jeunesse de
    Roumanie. L’annonce a été faite lors de la 3-e édition du Sommet des
    jeunes, accueilli ces jours-ci par Baia Mare (nord), ville qui détient
    actuellement ce titre. La ville désignée gagnante obtient un prix de 50.000
    euros, une enveloppe destinée à financer différents projets. Le programme
    Capitale de la jeunesse de Roumanie fonctionne à partir de principes similaires
    avec ceux de la Capitale européenne de la jeunesse. La première édition a eu
    lieu en 2016. Dans le même temps, le maire de Baia Mare, Cătălin Cherecheş, a annoncé que sa ville était candidate
    au titre de Capitale européenne de la Jeunesse pour 2022.




    Handball – Le club champion de handball féminin
    de Roumanie, CSM Bucarest, affronte aujourd’hui, en déplacement, les Hongroises
    de FTC-Rail Cargo Hungaria, dans un match comptant pour le groupe D de la Ligue
    des Champions. L’équipe hongroise se classe première dans la hiérarchie du
    groupe, avec 6 points, suivie par les Roumaines, avec 4 points, Kristiansand (Norvège) et Bietigheim,
    d’Allemagne, chacune avec 3 points. Les 3 premières équipes classées
    seront qualifiées dans les groupes principaux. Par ailleurs, jeudi, dans la
    Ligue des Champions de handball masculin, Dinamo Bucarest a vaincu à domicile
    les Espagnols d’Ademar Leon, dans un match du groupe D. Dinamo Bucarest s’est
    ainsi adjugé 10 points et se trouve désormais en tête du classement de son
    groupe. Les principales contre-candidates pour la qualification dans les
    play-offs sont Ademar Leon, 9 points, Wisla Plock (Pologne) et
    Elverum (Suisse), chacune avec 8 points.

    Météo – Le temps continue d’être
    doux en Roumanie, les températures de la mi-journée, supérieures aux normales
    de saison, se situent entre 9 et 19°. A Bucarest, il y en avait 13 et du soleil
    à midi.

  • 09.11.2018

    09.11.2018

    Armistice – Le président roumain Klaus Iohannis participe ces samedi et dimanche à Paris, à l’invitation de son homologue français, Emmanuel Macron, à plusieurs événements marquant le Centenaire de l’Armistice qui a mis fin à la Première Guerre mondiale. Aux côtés des leaders des pays ayant participé à la Grande Guerre et de ceux qui ont soutenu les efforts de la guerre, le chef de l’Etat roumain participera à la cérémonie de célébration du Centenaire de l’Armistice, à l’Arc de Triomphe. Il sera également présent à l’ouverture du Forum de Paris sur la Paix, une initiative du président français, qui se propose de mettre sur pied des projets concrets dans l’esprit du pluralisme et de la coopération contemporaine au service de la paix. Lors de sa visite à Paris, Klaus Iohannis rencontrera également des étudiants, masterands et doctorants roumains spécialisés dans la recherche scientifique. Cette réunion organisée par l’Ambassade de Roumanie à Paris se propose de mettre en lumière la contribution roumaine au développement de la science et de la technique dans l’année du Centenaire de la Grande Union des Principautés roumaines.

    Déficit – Le déficit commercial de la Roumanie a augmenté de plus d’un milliard d’euros au cours des 9 premiers mois de cette année, a fait savoir l’Institut national de la Statistique. Par conséquent, la différence entre la valeur des importations et celle des exportations approche actuellement les 10 milliards d’euros. Cette année, ce sont les automobiles et les équipements de transport qui ont occupé une place importante dans la structure échanges commerciaux de la Roumanie.

    Militaires – Le ministre roumain de la Défense, Mihai Fifor, et son homologue canadien Harjit Singh Sajja visitent ce vendredi la base aérienne 57 de Mihail Kogalniceanu (sud-est). Selon le ministère de la Défense de Bucarest, les deux responsables rencontreront le détachement canadien déployé en Roumanie formé de 135 militaires canadiens et d’aéronefs CF 188 Hornet qui participent aux missions renforcées de la Police de l’air de l’OTAN. Selon le ministère, les missions conjointes contribuent au développement de la capacité de réaction et de découragement, aidant à renforcer aussi l’interopérabilité entre les Forces aériennes roumaines et L’Aviation royale canadienne.

    Colectiv – Les 25 premiers témoins du dossier de l’incendie de la discothèque bucarestoise Colectiv ont été cités aujourd’hui par le Tribunal de Bucarest pour faire des déclarations au sujet de cette enquête démarrée il y a 3 ans. Rappelons – le, le 30 octobre 2015, un incendie survenu pendant un concert rock a causé la mort de 64 personnes, alors que 200 autres avaient été blessées. Les patrons de la discothèque Colectiv et le maire de l’époque du 4e arrondissement de la capitale sont accusés d’avoir encouragé et permis l’accès d’un nombre trop grand de personnes à l’intérieur du club qui, en plus ne disposait pas de plusieurs sorties de secours. Ils sont également accusés d’avoir permis l’organisation d’un spectacle pyrotechnique dans un espace qui n’était pas aménagé pour de telles activités. Par ailleurs, des survivants de l’incendie ont discuté jeudi avec la ministre de la Santé, Sorina Pintea, de la création d’un mécanisme pour l’intervention immédiate en cas d’accident impliquant des grands brûlés.

    Handball – Le club champion de handball féminin de Roumanie, CSM Bucarest, affrontera dimanche les Hongroises de FTC-Rail Cargo Hungaria, dans un match comptant pour le groupe D de la Ligue des Champions. L’équipe hongroise se classe première dans la hiérarchie du groupe, avec 6 points, suivie par les Roumaines, avec 4 points. Les 3 premières équipes classées seront qualifiées dans les groupes principaux. Par ailleurs, jeudi, dans la Ligue des Champions de handball masculin, Dinamo Bucarest a vaincu les Espagnols d’Ademar Leon, sur le score de 35 à 30, dans un match du groupe D. Dinamo Bucarest s’est ainsi adjugé 10 points et se trouve désormais en tête du classement de son groupe.

    Météo – Nous avons une nouvelle journée ensoleillée aujourd’hui en Roumanie, avec des températures trop élevées pour cette période de l’année, les maxima allant de 12 à 18 degrés. 12 degrés et du soleil à midi à Bucarest.

  • La France et la Grande Roumanie

    La France et la Grande Roumanie

    Cent ans après la fin de la Grande Guerre, nous revivons la période tumultueuse comprise entre la fin du conflit de 14/18 et la signature du Traité de Trianon, au Banat et en Transylvanie, territoires censés passer sous souveraineté roumaine. Mais aussi le rôle joué par un officier d’exception, le général Henri Mathias Berthelot, et par les troupes françaises dans la pacification de la zone pendant cette période de toutes les incertitudes et de tous les dangers.

    Souvent, les études et les cours d’histoire des relations internationales ont mis sur le compte de la France l’architecture des frontières dessinées en Europe Centrale et de l’Est, après la Grande Guerre. Ce qui est parfaitement vrai, en bonne partie du moins. C’est parce que les Etats qui se forment à l’issue de la première guerre mondiale doivent, en effet, leur existence à la France. La Pologne, la Roumanie, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie sont les Etats qui naissent, renaissent ou se redessinent, après que l’Entente a défini les conditions par lesquelles la Grande Guerre prend fin.

    Fin 1918, rien n’est encore joué. Des territoires, situés encore en Autriche-Hongrie, majoritairement roumanophones ou historiquement habités par d’autres ethnies, se trouvent toujours en dispute. Ce n’est que l’habileté de chaque « joueur » politique, les arguments qu’il saura trouver, qui feront la différence. Dans ce contexte d’incertitude, la France aura un rôle décisif, par la personne du général Henri Mathias Berthelot qui plaida sans relâche la cause roumaine.

    L’historien Aurel Ardelean de l’Université de l’Ouest « Vasile Goldiș », de la ville d’Arad, nous fait revivre la complexité de ces jours fébriles de 1918: « Cela remuait ferme à la fin de l’année 1918 et au début de 1919, dans la région occidentale de la Roumanie. Car, si au début de la guerre, le royaume de Roumanie avait acquit des garanties fermes quant à la souveraineté de cette zone, une bonne partie de cette dernière se trouvait de facto sous l’occupation militaire serbe à la fin de la guerre. Ion C. Brătianu, qui concentrait à l’époque aussi bien les prérogatives de premier ministre que ceux de ministre des Affaires étrangères, envoya, le 22 décembre 1918, un télégramme à l’ambassadeur français, le comte de Saint-Aulaire, où il faisait état des exactions commises par l’armée serbe à l’encontre des Roumains du Banat. Par ailleurs, la ville d’Arad était assaillie de réfugiés. L’administration serbe de la ville de Timișoara avait ordonné la dissolution du Conseil national roumain du département de Timiș, ainsi que des gardes nationales roumaines. « Le peuple roumain tout entier est terriblement vexé par l’attitude de l’armée serbe, qu’il avait tant admirée aux heures sombres de la Grande Guerre », écrivait Bratianu »

    Arrivé en Roumanie au mois d’octobre 1916, à la tête de la mission militaire française, le général Berthelot fut obligé de rentrer en France en mars 1918, au moment où la Roumanie venait de signer l’armistice largement défavorable de Buftea, avec les Puissances centrales. Il revient en Roumanie en octobre 1918, à la tête d’une mission militaire française renouvelée, et se déplace sans tarder dans la région du Banat et dans la Transylvanie de l’Ouest, pour constater sur place la réalité des faits réclamés.

    L’historien Aurel Ardelean explique: « L’installation de l’administration roumaine dans ces zones rencontre de la résistance. « Le martyre des Roumains de Transylvanie ne m’est que trop connu. Que l’amour fraternel qui nous unit vous rassure. Nous vous assurons de tout notre appui, et nous ferons de notre mieux pour asseoir, une fois pour toutes, les frontières de la Grande Roumanie », résonnaient les paroles adressées par le général Berthelot, commandant des troupes de l’Entente sur le Danube, et chef de la mission militaire française en Roumanie, à Vasile Goldis, qui se trouvait à Bucarest, à la tête de la délégation roumaine, venue remettre au roi Ferdinand de Roumanie, les patents de l’Union. Ces paroles caractérisent bien l’esprit de la visite du général français à Arad et dans l’Ouest de la Roumanie dans les années 1918 et 1919. La presse du temps, et notamment le journal « Le Roumain », « Românul », relate la visite du général, déroulée dans une période où l’administration roumaine peine à asseoir son autorité à Arad, en Transylvanie et dans le Banat. »

    La visite du général Berthelot était censée pacifier une zone profondément marquée par les années de guerre, les animosités accumulées, les frustrations des populations mélangées.

    Aurel Ardelean : « A la veille de l’arrivée de général français, des irrédentistes magyars ont attaqué les Roumains venus accueillir le général. Des coups de feu ont éclaté, les drapeaux roumains ont été jetés à terre et des bousculades ont provoqué de nombreuses victimes. « Que ces énergumènes le sachent : Ce ne seront pas les démonstrations de ces cinglés qui décideront du sort politique des Roumains et des Magyars, mais le Congrès de Paix. D’ici là, les uns et les autres devront garder leur sang froid. La Cour internationale fera justice ». C’est la position officielle, pacifiste, des Roumains, qu’exprime en ces termes le journal « Le Roumain ». D’ailleurs, le général français n’en demandait pas mieux et, pour pacifier la zone et afin d’éviter les conflits ethniques, les troupes françaises ont occupé la zone ».

    Le rôle de ces troupes n’était autre que de calmer les esprits, et le général Berthelot, leur commandant, l’accomplit brillamment. Selon l’historien Aurel Ardelean : « En feuilletant la presse du temps, on remarque la détermination du général français. Dans l’édition du 23 décembre 1918, dans la revue « L’Eglise et l’Ecole », on apprend que : « Les troupes françaises sont au Banat. Suite à des manifestations sanglantes, les troupes françaises du général Berthelot sont arrivées à Arad hier, pendant la nuit, pour assurer l’ordre public mis en péril par les agissements des éléments irrédentistes. Des sentinelles françaises montent actuellement la garde au siège de la rédaction du journal « Le Roumain ». » Plus loin l’on pouvait lire encore : « L’armée roumaine occupera Oradea Mare, Arad et Sighetul Marmației. Un colonel français a remis au gouvernement hongrois une mise en garde de la part du général Berthelot, signifiant que l’Armée roumaine était en droit de passer outre la ligne de démarcation actuelle et qu’elle pouvait occuper les villes de Cluj, Dej, Satu Mare, Oradea, Radna, Arad, Marghita ainsi que Sighetul Marmației. » Cette opération se déroulera avant l’arrivée des troupes françaises ».

    Les traités de paix ultérieurs ont consacré des frontières tracées conformément aux aspirations des nations assoiffées de liberté et aux contours du mosaïque ethnique de l’époque. La Roumanie assit ses frontières à la fin de la Grande Guerre sur leur emplacement actuel grâce à l’aide indéfectible de son grand allié, la France. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • 07.08.2018

    07.08.2018

    Finances – Le ministère roumain des Finances a finalisé le projet du premier collectif budgétaire de cette année, qui prévoit un déficit de 2,97 % du PIB. Les résultats économiques sont encourageants et soutiennent la croissance de 5,5% sur laquelle repose la loi du budget de lEtat 2018. La Santé, l’Education, l’Agriculture, les Transports, les Affaires Intérieures se verront accroître les enveloppes budgétaires, tandis que les Services roumains de renseignement, l’Administration présidentielle et les ministères de l’Environnement, des Affaires Etrangères et de l’Energie se verront diminuer les fonds. Le décret portant rectification sera adopté dans la seconde moitié du mois d’août.



    Peste – La peste porcine africaine continue de se propager en Roumanie. Dans une centaine de localités de huit départements à travers le pays, on dénombre déjà près de 580 foyers. Plus de 78.000 cochons des exploitations professionnelles et des élevages individuels ont été abattus. Les autorités poursuivent les mesures censées limiter la propagation de la maladie. Les sangliers porteurs du virus seront chassés, tandis quaux points de passage de la frontière seront mis en place des centres de désinfection, y compris pour les moyens de transport routier. Les propriétaires des animaux sacrifiés seront dédommagés et le prochain collectif budgétaire prévoit des fonds supplémentaires destinés au programme déradication de cette maladie.



    Commémoration – Le Mausolée de Mărăşeşti, localité du comté de Vrancea, dans lest de la Roumanie, a accueilli lundi des cérémonie de commémoration des héros de la Première Guerre Mondiale tombés au champ dhonneur. Membres du gouvernement roumain, ambassadeurs et attachés militaires accrédités à Bucarest ont observé un moment de recueillement, déposé des gerbes et assisté à un concert symphonique. Ce ne sont que quelques-uns des événements marquant les 101 ans écoulés depuis la bataille de Mărăşeşti, soit lopération militaire la plus importante menée par larmée roumaine pendant la Grande Guerre. Considéré comme un des monuments les plus somptueux du pays, le Mausolée de Mărăşeşti a été érigé à lendroit même où à lété 1917 larmée roumaine a réussi à stopper, au terme dâpres combats, lavancée des troupes allemandes et austro-hongroises. Une victoire due au sacrifice de 480 officiers et de plus 21.000 soldats roumains.



    Lettre – Le sénateur américain républicain John McCain et celui démocrate Christopher Murphy ont récemment adressé une lettre au premier ministre roumain, Mme Viorica Dăncilă. Ils se disent préoccupés par la révocation de ses fonctions du procureur en chef de la Direction nationale anticorruption et demandent au gouvernement de Bucarest de poursuivre la lutte contre la corruption. Les deux sénateurs ont également précisé que, en tant que défenseurs des relations roumano-américaines, ils avaient regretté que le président Klaus Iohannis ait été obligé, par une décision de la Cour Constitutionnelle, de destituer Laura Codruţa Kövesi. Par ailleurs, une analyse de la publication « New Europe », dont le siège social est basé à Bruxelles, révèle que cette destitution offre à la Roumanie la possibilité déliminer les abus commis par le passé. Les journalistes de cette publication mentionnent le fait que les droits de lhomme sont souvent enfreints en Roumanie et que des procureurs anticorruption ont été enregistrés pendant quils discutaient des tentatives de fabriquer des preuves.



    Météo – Il fait chaud surtout dans louest et le sud du pays. Des pluies à verses sont attendues localement dans le sud, le sud-est et sur le relief. Les températures maximales iront de 25 à 34°. Dans les régions du sud et du sud-est, lindice humidex dépassera le seuil critique des 80 unités. Il faisait 30° à midi dans la capitale, Bucarest.