Tag: Grande Guerre

  • Artistes plasticiens durant la Première guerre mondiale

    Artistes plasticiens durant la Première guerre mondiale

    La Grande Guerre a été aussi la première conflagration richement illustrée par des images cinématographiques, des photographies et des dessins. Les plasticiens de différents pays en guerre se sont retrouvés en première ligne soit par initiative personnelle, soit parce qu’ils avaient été appelés par leurs patries à illustrer les combats et l’atmosphère générale du front. Ce fut également le cas de la Roumanie. Le 23 juin 1917, lorsque la Roumanie était en guerre contre les Puissances centrales, le général Constantin Prezan a émis un ordre de mobilisation des peintres, illustrateurs et sculpteurs pour réaliser des œuvres qui allaient par la suite être exposées dans un futur musée militaire. Au sujet des artistes appelés par leur patrie pour manier non pas les armes, mais les pinceaux et le carnet de croquis, écoutons Adrian Silvan Ionescu, directeur de l’Institut d’histoire de l’art de Bucarest : « Un service cinématographique et photographique de l’armée existait déjà en Roumanie, mais les responsables militaires de l’époque ont jugé que la vibration transmise par les plasticiens pourrait s’avérer plus intense que la présentation sommaire et très réaliste que produisait l’appareil photo. C’est sous les couleurs du drapeau que toute une série d’artistes ont créé ; ils étaient déjà officiers en réserve, mais aussi des personnes qui n’avaient aucun rang dans l’armée, des Roumains qui n’avaient même pas effectué leur service. Ils avaient reçu le rang honoraire de lieutenant et la solde à laquelle ils avaient droit. Parmi eux, les sculpteurs Ion Iordanescu, Ion Jalea, Cornel Medrea, Oscar Han, mais aussi les peintres Teodorescu-Sion, Traian Cornescu, Camil Ressu, Alexis Macedonski, Nicolae Dărăscu, Petre Bulgărăş et d’autres. Tous ces plasticiens ont disposé de peu de temps pour créer des œuvres. Ils ont commencé début juin et déjà en septembre une exposition était inaugurée à l’Ecole des beaux-arts de la ville de Iasi, dans le nord-est.»

    Afin de surprendre le mieux possible le caractère dramatique des combats, mais aussi les efforts des soldats, ces plasticiens se sont rendus en première ligne du front. Certains ont été même victimes des échanges de tirs. Ce fut le cas du grand sculpteur Ion Jalea, qui, sur le front de Marasesti, dans l’est de la Roumanie actuelle, là où il réalisait quelques croquis, a été atteint par un obus et il a perdu son bras gauche. Mais quelles étaient les créations de ces artistes ? Le drame quotidien et la vie tourmentée des soldats dans les tranchées a constitué le point commun de toutes les œuvres réalisées par les plasticiens roumains », affirme l’historien de l’art Adrian Silvan Ionescu. « Les scènes émanant de la force, le combat mené jusqu’au paroxysme ne sont pas celles qui dominent, mais plutôt celles illustrant le quotidien des tranchées, la lecture de la presse, le transport des blessés aux hôpitaux, la marche des prisonniers. Les artistes n’osent plus illustrer d’amples scènes de combats, avec des charges de cavalerie, des explosions d’obus, des attaques à la baïonnette sans précédent, comme ce fut le cas des conflits antérieurs, marqués par une solennité martiale. Glorifier la guerre n’est plus l’objectif de ces artistes, qui cherchent désormais le réalisme dans leurs œuvres. »

    Les artistes convoqués par le général Prezan n’ont pas été les seuls à exercer leur vocation sur le front roumain de la Première Guerre mondiale. Nombre de peintres ont travaillé indépendamment des services spécialisés de l’armée. Parmi eux, Iosif Iser. Même si officiellement il combattait au sein du service géographique de l’armée et réalisait des cartes militaires, et aussi des cartes de menu pour les diners des officiers supérieurs, Iosif Iser trouvait le temps de peindre et de dessiner des scènes du quotidien des tranchées. Parmi ces artistes qui ne se retrouvaient pas sous le haut patronage du Grand Quartier Général figurait aussi Costin Petrescu, le créateur de la grande fresque qui décore l’intérieur de l’Athénée roumain.

    L’historien de l’art Adrian Silvan Ionescu passe en revue d’autres artistes de cette catégorie : « Victor Ion Popa, un admirable dessinateur, une personnalité culturelle, a collaboré avec la presse de l’époque et produit des illustrations humoristiques, mais aussi des œuvres d’une grande force expressive. Un autre plasticien à ne pas faire partie du groupe créé au sain du Grand QG a été Sabin Popp. Détaché auprès de la flotte aérienne déployée à Barlad, il a même survécu à un incident aéronautique. Lors d’un virage très serré effectué par le pilote, Sabin Popp fut carrément éjecté du cockpit. A la dernière minute, il réussit à s’accrocher à une des ailes et l’avion se posa avec lui hors de son siège. Il échappa ainsi à une mort horrible, car à l’époque les aviateurs ne portaient pas de parachute. Sabin Popp a été initialement attaché à un régiment d’infanterie pour être ensuite redéployé à la flottille aérienne, où il a peint les portraits de ses camarades officiers et de ses subordonnés. »

    Les œuvres de ces artistes illustrant la tragédie de la Grande Guerre peuvent être admirées dans une exposition récemment inaugurée au Musée national d’art de Bucarest.

  • La Roumanie en 1918, entre l’extase et l’agonie

    La Roumanie en 1918, entre l’extase et l’agonie

    Occupée par les armées des Puissances centrales et avec une image ternie dans les yeux de ses alliés pour avoir conclu une paix séparée en mars 1918, la Roumanie s’efforçait, à l’automne 1918, de sortir du mieux qu’elle le pouvait d’une situation désespérée. Le changement du rapport de forces entre les Puissances centrales et l’Entente à l’automne 1918 a fait qu’à la fin de la guerre la Roumanie se trouve dans le camp des vainqueurs. La récompense fut l’apparition de la Grande Roumanie par l’union de la Bessarabie, de la Bucovine et de la Transylvanie avec l’ancien Royaume de Roumanie. Cela n’a pas été facile, pourtant. Jusqu’en 1920, l’élite politique et la société dans son ensemble ont dû dépasser les obstacles à la reconnaissance internationale du nouvel Etat.

    L’historien Ioan Scurtu sur la Roumanie entre l’extase et l’agonie dans les années de guerre 1916-1918 : «Théoriquement, la Roumanie aurait dû être prête parce qu’elle est entrée en guerre en 1916, soit deux années après le commencement de la grande conflagration mondiale. Normalement, elle aurait dû en profiter pour armer ses contingents, préparer son arsenal de guerre et constituer ses réserves. Malheureusement, elle n’a rien fait de tout cela. Une fois éteint l’enthousiasme du départ à la guerre quand les soldats sont partis sur le front en chantant, les armes ornées de fleurs et acclamés par la foule comme s’ils allaient faire la fête, le désastre s’est installé lors de la bataille de Turtucaia. C’est à ce moment-là que les responsables roumains ont compris l’ampleur de la situation. En novembre, les troupes se sont retirées de Transylvanie pour qu’en décembre, la capitale soit placée sous l’occupation en forçant le gouvernement à se retirer à Iasi. En plus, une épidémie de choléra éclatée dans la région s’est soldée par des milliers et des milliers de victimes. Et comme si tout cela ne suffisait pas, un accident ferroviaire s’est produit près de Iasi quand un train a déraillé en provoquant la mort de plus d’un millier de personnes ».

    Mais, en 1917, l’armée roumaine enregistre enfin ses premiers moments de gloire, à Marasesti, Marasti et Oituz où elle arrive à bloquer l’avancée des troupes allemandes et austro-hongroises. Pourtant, suite à la révolution bolchevique, la Roumanie dépose les armes et se voit placer sous l’occupation russe. Même si son trésor fut à jamais perdu en Russie, même si elle a fait la paix avec ses adversaires et même si elle s’est vu forcer de tenir tête aux révolutions bolcheviques de Russie et de Hongrie, la Roumanie a pourtant réussi à surmonter toutes ses grandes difficultés.

    Tout cela, grâce à une élite politique visionnaire, selon Ioan Scurtu : « Evidemment que ce fut un succès, et tous ces obstacles ont été surmontés grâce à une classe politique roumaine de valeur. Je me réfère avant tout à I.C. Bratianu, le président du PNL, qui a participé aux événements et qui a joué un rôle important dans la Grande Union. Les habitants de Bessarabie ainsi que ceux de Bucovine et de Transylvanie ont envoyé à Iasi leurs émissaires. Lesquels se sont entretenus, avant la proclamation de l’Union, avec le roi Ferdinand, avec Ion C. Bratianu et d’autres hommes politiques sur les voies à suivre en vue de la mobilisation pour l’Union. I.C. Bratianu a dirigé la délégation roumaine à la Conférence de paix de Paris. C’est là qu’il a rencontré les grands noms politiques de l’époque, à commencer par le président américain Wilson jusqu’au premier ministre britannique. Ce fut finalement une victoire vu que les documents de l’union de Chisinau, Cernauti et Alba Iulia ont été ratifiés par les traités de paix de 1919 – 1920.»

    Ce sont les deux monarques de la Roumanie, Ferdinand Ier et Marie, qui ont mobilisé les énergies de la nation. Ioan Scurtu : « Le roi Ferdinand était Allemand et il avait été officier dans l’armée allemande. Lorsque le Conseil de la Couronne s’est déclaré en faveur de l’entrée de la Roumanie en guerre contre son pays, en fait, contre sa famille, en disant « oui », le roi a fait un sacrifice personnel et un acte d’une grande importance pour la Roumanie. La Conseil de la Couronne une fois achevé, l’homme politique Petre P. Carp fit remarquer au roi qu’il avait oublié sa nationalité allemande, en vertu de laquelle il n’aurait pas dû prendre une telle décision. Ferdiand lui répondit qu’il savait très bien qu’il était Allemand : « Si les intérêts de mon pays avaient concordé avec ceux de la Roumanie, c’est avec grande joie que j’aurais fait autrement. » – lui dit le roi. »

    Pourtant, il se considérait aussi Roumain, roi des Roumains, et a agi dans l’intérêt du pays à la tête duquel il se trouvait. Le sacrifice de la nation était aussi celui du couple royal, et les caractères forts, on les reconnaît dans les moments de difficulté maximale.

    L’historien Ioan Scurtu : « La reine Marie a été dès le début l’adepte de l’entrée de la Roumanie dans la Guerre aux côtés de l’Entente. Elle était Britannique et elle a joué un rôle important dans la démarche visant à convaincre Ferdinand de faire ce sacrifice personnel, dans l’intérêt du peuple roumain. Pendant la guerre, le roi et la reine sont restés en permanence aux côtés des Roumains, de l’armée, des principaux leaders politiques. Au moment où il fut question de quitter la ville roumaine de Iasi pour trouver refuge à Odessa, face à une possible occupation allemande de toute la Moldavie, le roi Ferdinand a refusé de partir. I.C Bratianu a fait de même. Ce geste a mobilisé la conscience publique, y compris certains hommes politiques qui s’étaient empressés à quitter le pays pour gagner l’Ukraine, dans des villes loin de la ligne du front ».

    La Grande Roumanie a été l’objectif de la génération au début du 20e siècle. Un objectif qui a été atteint par tous ceux qui y ont cru, en suivant certains modèles et principes, en dépassant des émotions et des hésitations, par une volonté puissante… (trad. : Ligia Mihaiescu, Dominique)

  • La reine Marie de Roumanie

    La reine Marie de Roumanie

    Née en 1875 à Eastwell Park, dans le Kent, en Angleterre, en tant que Marie Alexandra Victoria de Saxe-Cobourg-Gotha, petite-fille de la reine Victoria, la future reine Marie de Roumanie épouse, le 29 décembre 1892, Ferdinand de Hohenzollern-Sigmaringen, prince héritier de la couronne de Roumanie. Son immense popularité est due à l’énergie avec laquelle elle s’est mise au service de son pays d’adoption. Pendant la Première Guerre Mondiale, elle a été diplomate, soldat et, surtout, infirmière.

    L’historien Alin Ciupală de l’Université de Bucarest a raconté comment Marie est descendue au milieu des gens, même avant de monter sur le trône et de devenir souveraine : « La reine a eu le rôle principal dans tout ce qui a signifié l’effort de guerre de la société roumaine et, surtout, celui des femmes, qui ont organisé des établissements de soins pour les militaires blessés dans les combats et l’aide aux familles des soldats partis sur le front. La reine Marie a fait son apprentissage avant la Première Guerre Mondiale, pendant la deuxième guerre balkanique de 1913, à laquelle la Roumanie a participé. À l’époque princesse héritière, Marie a été celle qui a géré le service sanitaire au nord du Danube, ainsi que sur le théâtre d’opérations de l’armée roumaine en Bulgarie. En 1913, une épidémie de choléra a foudroyé beaucoup de vies parmi les soldats roumains. Devant le risque que l’épidémie s’étende en Roumanie aussi, Marie agira avec beaucoup de courage et organisera ce cordon sanitaire qui a stoppé la maladie. »

    En 1914, la Roumanie est restée neutre, par rapport au conflit. Deux ans plus tard, elle ne pouvait plus se tenir à l’écart, mais la guerre allait être un fardeau trop lourd à porter et la toute nouvelle reine s’est montrée digne de sa position.

    Alin Ciupală : « Grâce aux relations qu’elle avait dans les milieux diplomatiques et à ses liens de famille, elle va réussir à obtenir un important appui financier et logistique pour la Roumanie. Cela lui a permis d’organiser des services alternatifs d’ambulance, des hôpitaux de campagne, de s’impliquer dans l’aide aux orphelins restés sans abri, après l’occupation allemande du sud du pays et le refuge à Iasi (est de la Roumanie). De même, la reine a continué à faire des efforts dans l’organisation d’un système sanitaire qui dépendait d’elle et de sa capacité à trouver les moyens financiers. La présence physique de la reine Marie, son exemple personnel ont eu un pouvoir extraordinaire. Les témoignages parlent sans équivoque de l’effet extrêmement positif de sa présence sur la population : dans les hôpitaux, dans les localités situées derrière la ligne du front et même sur le front. La reine Marie n’a jamais reculé devant rien ; quelques fois, elle est allée parmi les combattants, en assumant tous les risques. »

    Une reine Marie victorieuse et son époux, le roi Ferdinand, étaient couronnés souverains de la Grande Roumanie, en 1922, à Alba Iulia. Dans son testament, Marie de Roumanie écrivait: « Je te bénis, ma Roumanie aimée, pays de mes bonheurs et de mes douleurs, mon beau pays, qui as vécu dans mon cœur et dont les chemins je les ai tous connus. Beau pays que j’ai vu recomposé et dont j’ai eu la grâce de voir s’accomplir le destin. Que tu sois pour toujours riche, grande et comblée d’honneurs, que tu tiennes ta tête haute parmi les nations pour toujours, que tu sois estimée, aimée et capable. Je suis convaincue de vous avoir bien compris : je n’ai pas jugé, j’ai juste aimé.». (Trad. Nadine Vladescu)

  • La commémoration de la Grande Guerre en perspective

    La commémoration de la Grande Guerre en perspective

    Dans ce deuxième volet des émissions sur la Première Guerre mondiale, nous nous penchons plus particulièrement sur la commémoration de la Grande Guerre en Roumanie. En effet il existe des variations très sensibles entre les premières années du communisme pendant lesquelles cette tragédie est considérée comme le produit d’un impérialisme occidental et les dernières années où elle n’est plus qu’un événement parmi d’autres dans une logique de glorification de Ceausescu et de sa rhétorique.




  • La commémoration de la Grande Guerre en perspective

    La commémoration de la Grande Guerre en perspective

    Le café des francophones revient sur cette tragédie qui a marqué le début du XXe siècle. Dans cette première émission, nous reviendrons sur le contexte de la guerre. Les forces en présence pensaient-elles vraiment créer le premier conflit d’ampleur mondial ? La guerre était-elle évitable ? Comment le conflit s’est-il produit ? C’est à ces questions que nous répondrons avec l’historienne Claudia Dobre.



  • Le centenaire de la Grande Guerre

    Le centenaire de la Grande Guerre

    En ce mois d’août 2017, les Roumains marquent les cent ans écoulés depuis la bataille de Mărăşeşti, pendant la Grande Guerre, lorsque l’armée roumaine a réussi à stopper, au terme d’âpres combats, l’avancée des troupes allemandes et austro-hongroises. Pour rendre hommage aux héros tombés au champ d’honneur, les autorités de Bucarest ont organisé dimanche des cérémonies impressionnantes au Mausolée de Mărăşeşti, dans l’est du pays.



    Plusieurs milliers de personnes, hauts dignitaires, représentants des autorités publiques, du Corps diplomatique, des partis politiques et des cultes ont rendu hommage aux plus de 25.000 soldats roumains morts, blessés ou portés disparus à l’été 1917.



    Le président Klaus Iohannis a déclaré que l’année 1917 a représenté pour la Roumanie la période la plus difficile de son histoire moderne, car le pays était menacé tant par les armées étrangères que par le danger du bolchevisme. L’avenir de la Roumanie a été sauvé grâce à l’héroïsme de l’armée et à la cohésion de la société autour d’un projet censé aboutir à un pays uni, plus démocratique et plus inclusif, a souligné le chef de l’Etat.



    Il a également évoqué le mérite du roi Ferdinand et de la reine Marie, du gouvernement et des hommes politiques de l’époque qui ont animé la nation. Les décisions prises en ces temps-là sont autant de modèles à suivre en matière de responsabilité et d’accomplissement du devoir jusqu’au sacrifice, a ajouté le président Klaus Iohannis.



    Il a également rappelé avec reconnaissance l’appui de la mission militaire française dirigée par le général Berthelot, qui a contribué de manière significative aux victoires de l’été 1917. Dans ce contexte, Klaus Iohannis a également rendu hommage aux soldats russes tombés dans la bataille de Mărăşeşti, aux côtés des soldats roumains. Le fait que la Roumanie soit actuellement un Etat puissant, sur lequel les alliés et les partenaires peuvent compter, et un pilier de la sécurité régionale – nous le devons, dans une large mesure, à la contribution de l’armée roumaine aussi, a précisé le président Klaus Iohannis.



    Et lui d’ajouter qu’aujourd’hui, lorsque les valeurs de l’UE sont minées par le populisme et la démagogie, remémorer la Grande Guerre est une occasion de mettre en exergue sa signification dans le contexte du tournant que vit à présent l’Europe et le monde. Klaus Iohannis : « Entre les aspirations de la nation roumaine et la vision des pères fondateurs de l’Europe unie il y a une parfaite concordance. Elle repose sur le respect de la liberté et sur l’aspiration vers une société où la loi soit égale pour tous. »



    Le président du Sénat, Călin Popescu-Tăriceanu, a lui évoqué les sacrifices et l’héroïsme de l’armée roumaine : « Mărăşeşti restera dans la conscience nationale comme le symbole de la détermination du peuple roumain, comme il sera aussi inscrit à jamais dans notre patrimoine de gloire militaire. »



    A Săvârşin (ouest du pays), les membres de l’ex-famille royale de Roumanie ont organisé une cérémonie religieuse à la mémoire des héros de Mărăşeşti. La princesse Margarita de Roumanie, dépositaire de la couronne, a déclaré que les jeunes doivent connaître leur histoire et en saisir l’importance pour la vie qu’ils mènent actuellement. (trad. : Mariana Tudose)

  • 05.08.2017 (mise à jour)

    05.08.2017 (mise à jour)

    Canicule – Les météorologues roumains ont prolongé la vigilance code rouge à la canicule pour ce dimanche aussi, mais elle ne concerne que deux départements du sud-ouest, où les températures dépasseront les 40 degrés. Pourtant, trois quarts du territoire fait toujours l’objet d’une alerte orange en raison des températures extrêmes allant jusqu’à 39 degrés à l’ombre. Les minimas iront de 22 à 25 degrés. La vague de chaleur qui s’est installée en Roumanie à partir de vendredi persistera dans les jours à venir et l’indice humidex dépassera le seuil critique de 80 unités, pouvant arriver à 82-84 unités dans les régions de plaines. Par ailleurs, à partir de dimanche après-midi et le long de la nuit de dimanche à lundi des pluies torrentielles, des orages et des chutes de grêle sont attendues notamment sur la moitié nord du territoire. La canicule sévira aussi le long de la semaine prochaine dans les régions méridionales. En raison des températures extrêmes, deux personnes sont décédées et plusieurs centaines ont souffert des coups de chaleur. Dans toutes les grandes villes, des tentes de premiers secours ont été aménagées dans la rue, où les gens peuvent boire un verre d’eau et se reposer. A cause de la chaleur, des restrictions de circulation ont été imposées sur la voie ferrée pour éviter les accidents, et d’autres sont en cours sur les routes nationales aussi.

    Saxons – Le président roumain, Klaus Iohannis a exhorté les Saxons réunis samedi à Sibiu dans le centre de la Roumanie à transmettre à la jeune génération les traditions et les valeurs de leur communauté. Le chef de l’Etat, lui-même ethnique Saxon originaire de Sibiu, s’est exprimé tant en roumain qu’en allemand et à assisté un défilé des costumes traditionnels. Sibiu accueille en cette fin de semaine la 27e et d’ailleurs la plus grande réunion des Saxons de Transylvanie jamais organisée après 1990. Y participent aussi des Saxons vivant en Allemagne, en Autriche et aux Etats Unis. Le programme de la réunion qui est intitulée « Chez soi dans le monde et avec le cœur en Transylvanie », prévoit aussi des expositions et des lancements de livres, des spectacles de musique et de danses saxonnes, sur les places médiévales de Sibiu. Les Saxons, population d’origine ethnique germanique, se sont établis en Transylvanie au milieu du 12e siècle.

    Kaboul – Un militaire roumain a été légèrement blessé à l’avant bras ce samedi suite à un échange de tirs en Afghanistan, suite à une attaque d’insurgents habillés d’uniformes de la police afghane, selon le ministère roumain de la défense. Les militaires roumains qui exécutaient une mission d’escorte d’une équipe de la coalition chargée de la formation des forces de securité afghanes, ont été attaqués près de Kandahar. Le militaire roumain a été soigné sur place avant d’être transporté dans un hôpital militaire. Son état est bon et la blessure n’a pas périclité sa vie. Il fait partie du Bataillon d’infanterie de Iasi, surnommé Les loups noirs et déployé en Afghanistan à partir de ce février. En 2017, 626 militaires roumains participent à la mission de l’OTAN Resolute support en Afghanistan. S’y ajoutent 300 autres militaires roumains déployés sous mandat de l’OTAN, de l’UE, de l’ONU et de l’OSCE.

    Héros – Poursuite en Roumanie des cérémonies de commémoration des héros tombés sur les champs d’honneur de la Première guerre mondiale. Les événements organisés en cette fin de semaine par le Ministère de la défense et par le Conseil départemental de Vrancea culmineront dimanche lors du centenaire de la bataille de Marasesti, la plus importante action militaire roumaine de la Grande Guerre, appelée aussi la Guerre de la réunification. Le Mausolée de Marasesti, un des monuments les plus impressionnants de Roumanie, a été érigé à l’endroit précis où, à l’été 1917, l’armée roumaine a tenu tête aux troupes allemandes, largement mieux équipées. 480 officiers et plus de 21.000 soldats roumains y ont laissé la vie.

    Untold – La troisième édition du festival de musique électro « Untold », le plus ample évènement en son genre organisé en Roumanie, se poursuit jusqu’à dimanche à Cluj-Napoca, ville du nord-ouest du pays. Les quelque 200 artistes qui évolueront sur les 10 scènes du festival délecteront le public avec une centaine d’heures de musique électrisante et des expériences inédites. La scène principale, également connue sous le nom de « nid du dragon », est la plus grande jamais aménagée en Roumanie. Elle mesure 100 mètres de large et plus de 35 mètres de haut. Parmi les surprises réservées aux participants, notons la roue d’observation, de 40 mètres de diamètre, appelée « l’œil du dragon ». Durant sa courte histoire, Untold est devenu un véritable phénomène international. Sa première édition de 2015, a été désignée Meilleur festival majeur aux Prix européens du festival. Une année plus tard, en 2016, Untold attirait pas moins de 300 mille spectateurs de Roumanie et du Monde.

    Canicule en Europe – Des températures extrêmes sont enregistrées ce week-end en Europe. Des alertes code rouge sont valables sur tout le territoire de plusieurs pays des Balkans : Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Monténégro ainsi qu’en Hongrie. Des vigilances milliaires ont également été instituées sur la plupart du territoire de la Slovénie, sur le sud de la Pologne, de la Slovaquie et de la Suisse, mais aussi sur le centre et le sud-est de l’Italie, ainsi que sur les îles de Sicile et de Sardaigne. En raison de la canicule et de la sécheresse plusieurs pays, européens du Portugal à la Turquie sont confrontés au risque d’incendies de végétation. Le Ministère roumain des Affaires Etrangères recommande aux ressortissants roumains d’éviter les régions où des alertes météorologiques sont en vigueur et rappelle que toute personne affectée par ces vigilances peut demander l’appui des missions diplomatiques de Roumanie.

  • L’Union de la Bessarabie avec la Roumanie

    L’Union de la Bessarabie avec la Roumanie

    Cet acte, qui se voulait une réparation de l’amputation territoriale de 1812, allait s’avérait la meilleure solution politique à l’époque instable de la Grande Guerre Première. Restée seule sur le front de l’Est après la sortie de la guerre de la Russie, la Roumanie avait demandé la paix et devait tenir tête d’une part à l’occupation des Puissances centrales, et, de l’autre, à l’évacuation de l’armée russe touchée par la fièvre révolutionnaire. Le médecin Daniel Ciugureanu a été un inconditionnel de l’union de la Bessarabie avec la Roumanie. C’est son fils, Gheorghe Ciugureanu, qui en a évoqué la personnalité, lors d’une interview accordée en 1993 au Centre d’histoire orale de la radiodiffusion roumaine. Issu d’une vieille famille de boyards moldaves de la comptée de Hotin, Ciugureanu a obtenu le titre de docteur en médecine à l’Université de Kiev.

    Pendant ses études universitaires, il a créé l’association culturelle Deşteptarea/L’éveil, en collaboration avec l’historien Ştefan Ciobanu, avec l’écrivain Alexe Mateevici, avec l’ingénieur Nicolae Codreanu et d’autres nationalistes. Voici ce que Gheorghe Ciugureanu affirmait dans son interview de 1993 au sujet de la composition politique du Conseil du pays de Bessarabie, acteur décisif de l’union de cette province avec la Roumanie : «En 1917, il avait participé à la création du Conseil du pays, soit le Parlement de l’ancienne République moldave, qui allait tenir sa première séance le 25 novembre 1917. Deux jours plus tard, on proclamait l’autonomie de la République démocratique moldave, qui continuait pourtant à faire partie de l’Empire russe. Le Conseil du pays était constitué de deux grandes factions politiques, opposées, ainsi que de certaines autres de moindre importance, organisées notamment sur des critères ethniques, dont l’Union des Allemands, l’Union des Gagaouzes, des Juifs, des Ukrainiens et des Polonais. Les deux groupes importants étaient la faction paysanne, dirigée par Ion Inculeţ, secondé par Pantelimon Erhan et Pantelimon Halippa, et puis les militants en faveur de l’autonomie de la Bessarabie, au sein de l’Empire russe. Ce dernier groupe, appelé le Bloc moldave, avait à sa tête Daniel Ciugureanu, Anton Crihan, Ştefan Holban, Dimitrie Bogoz et autres. »

    L’union n’a pas été facile, même si bon nombre de Bessarabiens se nourrissaient de convictions nationalistes. La période d’anarchie consécutive à l’installation du pouvoir soviétique à Saint-Pétersbourg allait susciter une vive inquiétude. Gheorghe Ciugureanu : «Dans un premier temps, le pouvoir était entre les mains de la faction paysanne ; Ion Inculeţ avait été élu président du Conseil du pays, tandis que l’Exécutif, dirigé par Pantelimon Erhan, se trouvait, en quelque sorte, dans le giron du gouvernement central de Saint-Pétersbourg. La première étape allait durer du 25 novembre 1917, date de la première séance du Conseil, jusqu’au 14 janvier 1918. C’est notamment dans ce laps de temps que l’on a assisté à une invasion massive de soldats russes qui désertaient le front moldave, suite à la révolution qui venait de commencer en Russie. Sur le chemin de retour, qui passait par la Bessarabie, ces soldats, de connivence avec la pègre locale, s’adonnaient à toute sorte d’exactions et de crimes. La situation alla en empirant jusqu’à devenir intenable, car, manipulés par les commissaires du peuple, ces gens – là commencèrent une véritable chasse aux dirigeants du mouvement patriotique roumain dont mon parrain, Simion Gurafa. Il fut acculé par une bande de déserteurs, alors qu’il se trouvait au vignoble de Hodorogea, un autre grand patriote roumain. C’est alors que mon père prit la décision de se cacher, pour sauver sa vie. »

    Face au danger évident de l’annéantissement, les leaders politiques de la Bessarabie ont demandé l’appui de l’armée roumaine pour qu’elle réinstaure l’ordre. Gheorghe Ciugureanu : « La crise était à son comble. En janvier 1918, début janvier en fait, des volontaires transylvains ont été massacrés dans la gare de Chisinau. Ils étaient venus à Chisinau pour aider les Bessarabiens dans leur lutte contre les bandes de brigands. Ces actions se sont soldées par une réunion secrète des chefs du Bloc moldave, à l’époque en opposition, réunion qui s’est tenue dans la maison de l’ingénieur Nicolae Codreanu, sous la présidence de mon père. Les participants ont décidé d’envoyer des émissaires à Iasi, pour demander l’aide du gouvernement roumain afin de mettre un terme à la série de massacres et de crimes. Les émissaires du Bloc moldave sont arrivés à Iasi où ils ont remis au gouvernement roumain la demande de déployer un corps d’armée roumain en Bessarabie. Le lendemain même, des troupes roumaines qui luttaient sur la ligne des Carpates sous le commandement du général Ernest Brosteanu furent retirées de la ligne du front et envoyées en Bessarabie. Trois jours plus tard, les militaires roumains traversaient la rivière Prut pour se diriger vers Chisinau. A ce moment-là, le Conseil du Pays et l’Exécutif de Bessarabie ont pris la décision insolite d’envoyer au gouvernement roumain de Iasi un télégramme, signé par les chefs des deux organismes, Ion Inculet et Pantelimon Erhan, où ils protestaient vivement contre l’entrée de l’armée roumaine en Bessarabie. »

    Réalisée en mars 1918, l’union de la Bessarabie avec la Roumanie n’a pas suscité, initialement, l’enthousiasme de tous les habitants de la province. Et pourtant, cette union a apporté la paix dans la région après quatre ans de guerre sanglante.

  • 100 ans depuis l’entrée de la Roumanie dans la Première Guerre mondiale

    100 ans depuis l’entrée de la Roumanie dans la Première Guerre mondiale

    100 ans après l’entrée de la Roumanie dans la Première Guerre mondiale, des commémorations ont eu lieu pour les plus de 300.000 héros tombés aux champs d’honneur. C’est le plus grand tribut de sang de toutes les nations belligérantes, par rapport à la population totale. Dès samedi, les militaires de la 2e Brigade d’Infanterie de l’armée roumaine ont symboliquement traversé, de nouveau, les Carpates, pour reconstituer les opérations de reprise, en 1916, du contrôle sur les voies d’accès stratégique vers la Transylvanie, afin de récupérer cette province historique. Une année plus tard, en 1917, de rudes combats avaient lieu à Mărăşti, Mărăşeşti et Oituz. C’est là que le slogan « Par ici, on ne passe pas » est entré dans l’histoire, car les attaques de l’armée allemande ont été rejetées par le sacrifice de plus de 27.000 soldats roumains.



    « Nous avons eu, déclarait samedi le ministre de la Défense, Mihnea Motoc, des hommes politiques et d’Etat visionnaires, des diplomates habiles durant toute la Première Guerre mondiale, mais ils n’auraient pas eu de fondement pour leur contribution à l’histoire du pays sans la contribution décisive de l’armée. La fin de la Première Guerre mondiale, le Traité de Versailles, ont mené à la réintégration de toutes les provinces historiques en un Etat unitaire des Roumains. »



    Dans l’ensemble du pays, des dépôts de couronnes de fleurs ont eu lieu aux monuments des héros, les noms de ceux tombés aux champs d’honneur ont été prononcés pour la première fois dans un cadre solennel et des services religieux ont été célébrés dans les églises. Une cérémonie nationale a eu lieu au Tombeau du Soldat inconnu de Bucarest. La commémoration de la Première Guerre mondiale donne l’argument le plus fort en faveur du projet européen, estimait, dans ce cadre, le président Klaus Iohannis. L’Union européenne nous a apporté plus d’une soixantaine d’années de paix, a déclaré le chef de l’Etat, soulignant que c’est le projet politique et culturel d’entente et de dialogue entre Européens le plus ample. Klaus Iohannis : « Maintenant plus que jamais, il faut nous engager à renforcer l’édifice européen, par un projet national moderne et étoffé. C’est un effort que nous avons le devoir d’assumer tous — politiciens, scientifiques et hommes de culture, des millions de Roumains — comme il y a cent ans. Il est de notre responsabilité de faire en sorte que ce projet ajoute de la force, de la substance et de l’unité à l’Europe et jette les fondements d’un développement de la Roumanie sur le long terme. »



    Le centenaire de l’entrée de la Roumanie dans la première conflagration mondiale a également été marqué à Paris, par une exposition de photos. La fraternité d’armes entre les deux armées, renforcée par la mission en Roumanie du général français Henri Mathias Berthelot, a ainsi été célébrée. D’ailleurs, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, fera une visite à Bucarest, au cours de laquelle est prévu un dépôt de fleurs au Monument aux soldats français tombés durant la Première Guerre mondiale. (trad. : Ligia Mihaiescu)

  • Les Roumains de l’extérieur de la Roumanie dans la Grande Guerre

    Les Roumains de l’extérieur de la Roumanie dans la Grande Guerre

    Même si la Roumanie est entrée en guerre en 1916, après deux années de neutralité, les pertes en vies humaines et les dégâts ont été significatifs. Même si larmée roumaine na lutté dans la première guerre mondiale que deux ans, les soldats roumains comptent pour 6% des pertes militaire totales de lEntente, alors que ceux des Etats-Unis par exemple ne comptent que pour 1% du total, après une participation aux combats de seulement une année. En chiffres nets, la Roumanie a perdu un demi-million de soldats et plusieurs centaines de milliers de civils suite à lépidémie de typhus exanthématique. A cela vient sajouter la perte du trésor national, envoyé en Russie en 1916, doù il ne fut jamais restitué.







    Mais les Roumains qui habitaient au delà des frontières de la Roumanie ont combattu pendant quatre ans dans la Première Guerre mondiale. Ressortissants de lAutriche-Hongrie, de la Russie et des autres pays balkaniques, ces Roumains se sont retrouvés là où le devoir envers les pays où ils vivaient les a appelés. Les Roumains des régions historiques de Transylvanie, du Banat et de Bucovine, soit des territoires appartenant à lépoque à lAutriche-Hongrie, ont combattu dès le début sur le front de la plus grande conflagration que lHumanité eut connue jusqualors. Des centaines de milliers de tels Roumains allaient perdre leur vie ou tomber prisonniers. Les Roumains de Bessarabie, territoire roumain appartenant à lépoque à lEmpire des Tsars, ont lutté contre les armées des Puissances centrales dans larmée impériale russe. Enfin les Roumains dAlbanie, de Grèce, de Bulgarie et de Yougoslavie ont également participé à la Guerre de 1914 – 1918.







    Mais les Roumains nont pas été les seuls à sêtre confrontés à la situation de lutter sur plusieurs fronts, parfois même contre leurs propres convictions. Les nationalités de lAutriche-Hongrie ont choisi la loyauté envers leur pays et leur Empereur. Si à la fin de la guerre, le fait que le sens de lhistoire a suivi une autre direction que celle quils simaginaient au début, cest à cause du changement des opinions et de lécroulement des anciennes valeurs.




    Lhistorien Ion Bulei est davis que les Roumains ont bénéficié dune situation un peu plus favorable : « Nous les Roumains, nous avions un Etat, ce que les Slovaques, les Tchèques et les Polonais navaient pas. Nous comptions, aux côtés des Serbes, parmi ces peuples heureux davoir un noyau, autour duquel il était plus facile de coaguler un Etat plus grand. Ce fut un avantage important que les Roumains ont eu, même si nous étions placés entre les Empires de lépoque : celui des tsars, des Habsbourg et lempire allemand. Les Roumains nétaient pas les seuls à se retrouver dans une situation spéciale, dautres se trouvaient dans une situation encore plus compliquée. Le nationalisme qui domine le 19e siècle, si virulent au début du 20e, sest manifesté en force durant la Première Guerre mondiale. Il se manifeste parmi tout cet amalgame de peuples, chacun dentre eux cherchant son propre chemin par le biais du nationalisme. Et les Roumains sétaient également inscrits dans cette quête dun Etat plus grand que celui quils possédaient à lépoque. »





    Le nationalisme a certainement constitué la motivation la plus importante pour lacharnement avec lequel ont été menés les combats de la Grande Guerre. Il a éveillé les sentiments de fraternité entre les locuteurs de la même langue, qui se trouvaient dans des camps opposés. Et les grands dilemmes sont intervenus justement lorsque les combattants avaient à choisir entre le sentiment du devoir et de lhonneur et les croyances personnelles. Dans la littérature roumaine, Liviu Rebreanu est lauteur dun roman émouvant : « La forêt des pendus », où les doutes, les révoltes, les confusions et les convictions du héros principal, Apostol Bologa, officier dorigine roumaine dans larmée austro-hongroise, se confrontaient à celles des autres. Lincertitude, le désir sévader de la folie de la guerre, lespoir en un monde meilleur appartiennent bien à Apostol Bologa et à tous ceux qui voient une fin apocalyptique de la guerre. A la fin de la première conflagration mondiale, tout a changé. Les Roumains qui avaient combattu dans des camps opposés se sont retrouvés au sein de la Grande Roumanie. En Transylvanie, au Banat et en Bucovine, les gardes nationales ont été formées de militaires roumains rentrés du front. Ce furent eux qui ont défendu les localités et rendu possible la Grande Assemblée Nationale dAlba Iulia qui a proclamé lUnion avec la Roumanie.




    Lhistorien Liviu Maior, auteur dun volume sur lhistoire des Roumains sujets dautres pays à avoir combattu dans la Grande Guerre, a affirmé quhormis les gagnants et les perdants, une guerre fait aussi un changement de perceptions et laisse derrière elle des traces irréparables : « Le début de la Grande Guerre prouve combien imprévue et combien imprédictible peut savérer une guerre qui a allait avoir des conséquences dramatiques sur lhumanité. Ce fut une guerre terrible. 77 mille Roumains habitant à lextérieur du Royaume de Roumanie ont péri aux champs dhonneur. Dautres ont souffert toute sorte de maladies et de malheurs que la guerre engendre. Tout a commencé dans les camps de prisonniers de guerre. Cest là qua eu lieu la radicalisation des anciens soldats et officiers et cela non seulement dans le cas des Roumains. La Transylvanie a accueilli des camps de prisonniers italiens et serbes. A Arad, par exemple, pas moins de 4 mille prisonniers serbes sont morts dans des conditions terrifiantes. Pour leur part, les Italiens étaient utilisés pour la construction des routes. »







    Après 1918, les nations ont formé leurs propres Etats et leurs habitants sont redevenus citoyens. Les Roumains qui avaient combattu des deux côtés de la barricade entre 1914 et 1918 ont été réunis dans la cadre de la Grande Roumanie, un projet national conforme aux tendances européennes de son époque. (Trad. Alex Diaconescu)

  • Lettres de la Grande Guerre

    Lettres de la Grande Guerre

    La première guerre mondiale, appelée aussi “la Grande guerre”, a été la conflagration qui profondément a changé le monde. Ce fut le plus grand déploiement de forces humaines et matérielles qui a provoqué des dégâts tels que lhumanité, lEurope en tout cas, sen ressent encore aujourdhui. Sur les champs de bataille, les adversaires ont vécu les mêmes traumatismes, ce qui a rendu dautant plus émouvants les moments de communion humaine. La correspondance est une source dinformations particulièrement importante, qui raconte le vécu personnel des combattants. Le Musée militaire national de Bucarest détient une collection denviron 120 lettres et cartes postales ayant appartenu aux militaires roumains engagés dans la Grande guerre.



    Lhistorienne et conservatrice Carla Duţă nous guide à travers le ressenti, la souffrance et lespoir de ceux qui, il y a cent ans, ont sacrifié leur vie pour préserver les valeurs auxquelles ils croyaient.



    Nous avons demandé à Carla Duţă à qui étaient adressées les lettres des militaires. « Les militaires roumains partis combattre écrivaient le plus souvent à leurs familles, aux épouses, aux mères, aux enfants. Voilà, par exemple, lalbum de lettres envoyées à son épouse Elena par le colonel Alexandru Stoenescu, du 10e Régiment dinfanterie. Cest un paquet de 12 cartes postales militaires, qui commencent toutes avec “Ma chère Lunca” et finissent par la formule “je vous embrasse tous, avec tout mon amour, Alexandru”. Les 12 lettres datent de 1916, lorsque le colonel Stoenescu avait participé aux combats du sud de la Dobroudja où il a été légèrement blessé. Je vais vous en lire un extrait: “Ma chère Lunca. Je suis en bonne santé, grâce à Dieu, le régiment sest distingué dans le combat que nous avons mené le 6 septembre 1916, et a été cité à lordre de larmée. Jai éprouvé une grande satisfaction, je vous ai écrit dans une autre carte postale quune balle a traversé mon oreille gauche. Ma blessure est maintenant complètement guérie. Je suis content que les enfants soient sages et suivent mes conseils. Comment faites-vous avec les zeppelins? Ici, nous sommes tout le temps sous les coups de lartillerie. Je vous embrasse tous, Alexandru ».



    Carla Duţă a énuméré les valeurs que défendaient ceux qui vivaient les pires privations sur le front : «Les sentiments, les pensées, les aspirations des militaires roumains partis sur le front étaient dabnégation pour lidéal (national) roumain mais aussi dinquiétude et de préoccupation pour les familles, dépourvues de soutien et vivant souvent dans la précarité; cest ce qui ressort de la correspondance envoyée par les familles. Voici quelques lignes de la lettre dun certain Pascal Rădulescu, participant à la bataille de Flămânda de 1916. “Je noublierai jamais cette image, lorsque à moitié dans leau, la mitraillette brisée par une balle, portant dans mes bras un sergent aimé et dévoué dont une balle avait transpercé la cervelle, jai donné au clairon lordre de sonner la charge. Pour partir ensuite à lattaque les mains vides.” Ces lettres nous transmettent aussi les sentiments de fierté, doptimisme et de foi en Dieu que les Roumains ressentaient en ces moments. Voici une autre citation: “Les Allemands et les Bulgares, morts de peur de la baïonnette, sefforçaient de courir. Mais malheur à celui rattrapé par la crosse du fusil du Roumain! »



    Lhistorienne Carla Duţă a reconstitué des scènes de guerre récupérées dans cette correspondance : « Nous avons des descriptions très intéressantes dans certaines lettres, les cartes postales ne permettant pas des textes dune telle longueur. Pourtant, de telles scènes de guerre, succinctes, apparaissent dans les cartes postales du colonel Alexandru Stoenescu, précitées; et jen cite. “Le 6 septembre 1916, le régiment est engagé dans la bataille. Un combat acharné, comme on nen avait pas connu. Le régiment a perdu la moitié de ses effectifs. Dieu ma protégé. 20 officiers sont blessés, le champ est couvert de cadavres de Bulgares, nos charges soutenues les ont découragés et ils se retirent. Nous avons occupé leurs positions, où il y a plein de cadavres bulgares.” Ensuite, les scènes de guerre sont plus détaillées, les images suggérées sont plus complètes et dautant plus impressionnantes. Voici ce que raconte un militaire qui se trouvait dans les tranchées de Moldavie, en 1917. “Les Allemands vont mal, il y en a tout le temps qui passent à nous. Ils disent quils nont rien à manger. A peine sortent-ils la tête des tranchées que nos fantassins leur tirent dessus. Les boulets, trois je dirais, viennent tout juste de passer. Cest la guerre ».



    Quel regard portaient les Roumains sur la présence sur le front? Carla Duţă lit un extrait de la lettre, envoyée depuis Galaţi en 1917, par un père à son fils, le soldat volontaire Vasile Florescu : « Mon cher garçon, cest aujourdhui que monsieur Niculescu ma apporté ta lettre. Vas-y, mon cher fils, en croyant dur comme fer que tu seras vainqueur. Noublie pas qui étaient tes ancêtres et honore le nom de Roumain. Cest ton devoir que de lutter pour que nous puissions revoir nos terres, qui saignent sous loccupation des ennemis. Ne te soucie pas de ta vie, qui nappartient plus quau Roi et à ton pays. Que lidée dêtre les créateurs de la Grande Roumanie élève ton âme et chasse le dernier doute. Car mourir pour la patrie cest mourir en héros. Chasse donc de ton esprit toute pensée autre que celle de la cause sacrée de la victoire. Montre-nous un comportement à la hauteur de ton écriture et mon cœur de père te bénira. Ta mère et tes frères souhaitent te voir rentrer victorieux et noublient jamais de prier Dieu pour toi et pour le salut de notre cher pays. Salue tes camarades darmes pour moi et que Dieu vous protège! Vasilică, mon fils, noublie pas quil ny a pas eu de lâche dans ta famille et que lhonneur a toujours été sa devise ».



    Les grandes victoires demandent de leffort et du sang versé. Cest ce que prouve parfaitement aussi la correspondance des militaires roumains ayant lutté dans la première guerre mondiale. (Trad. Ileana Taroi)

  • “La Grande Guerre. La neutralité (1914 – 1916)”

    “La Grande Guerre. La neutralité (1914 – 1916)”

    Le Musée National d’Histoire de Roumanie a inauguré la série d’événements consacrée au centenaire de la Première Guerre Mondiale par l’exposition La Grande Guerre. La neutralité (1914 – 1916)”. Ouverte du 31 juillet jusqu’à la fin de l’année, cette exposition peut être visitée sur la terrasse du musée donnant sur l’Avenue de la Victoire, au centre de la capitale.



    Selon le commissaire d’exposition Cornel Constantin Ilie, le projet en question part de l’idée que la Roumanie et les Roumains ont été impliqués dans la guerre dès l’an 1914: “Nous avons voulu montrer le fait que, durant les deux années de neutralité, les décideurs politiques ne sont pas restés les bras croisés. Au contraire, il s’est passé bien des choses qui ont finalement abouti à l’entrée en guerre effective de la Roumanie. La période 1914 — 1916 a été non seulement très tourmentée et compliquée, mais aussi et surtout très importante pour l’histoire du peuple roumain. Sur le plan interne, il y a eu une véritable guerre des déclarations entre les gouvernants, qui promouvaient la neutralité, en raison de certains intérêts politiques et diplomatiques, et ceux qui souhaitaient voir le pays entrer en guerre du côté de l’Entente ou des Puissances Centrales. Enfin, les Roumains de Transylvanie, de Bucovine et de Bessarabie, provinces roumaines occupées à cette époque-là par les Empires austro-hongrois et tsariste, se sont engagés dans la guerre dès 1914. Voilà pour une image très juste de la signification de cette période de neutralité dans l’histoire de la Roumanie ”.



    L’Exposition La Grande Guerre. La neutralité (1914 – 1916)” présente, entre autres, la situation du Royaume de Roumanie d’avant l’éclatement du conflit, sa politique étrangère au début du XXe siècle, la période de la neutralité proprement-dite, les pourparlers diplomatiques menés par le gouvernement de Bucarest avec l’Entente et la Triple Alliance, le Conseil de la Couronne du 14 août 1916, lors duquel on a décidé de l’entrée en guerre aux côtés des pays de l’Entente.



    Une bonne partie de l’exposition est dédiée aux événements qui ont eu lieu au-delà des frontières. Plusieurs photos des archives du Musée National d’Histoire de Roumanie saisissent les préparatifs des belligérants, le quotidien des soldats sur les différents fronts, ainsi que les horreurs de ce que l’on a par la suite appelé « le grand carnage ».



    Le commissaire d’exposition, Cornel Constantin Ilie poursuit sa présentation: “C’est une exposition de photographie documentaire. On y retrouve articles de presse, documents puisés dans les archives diplomatiques, photos, cartes postales, dont beaucoup à caractère inédit et présentés au public pour la première fois. Nous avons tenté de la rendre attractive aux yeux d’un public pas forcément avisé ou passionné d’histoire, en lui faisant découvrir, par exemple, des caricatures parues dans la revue Furnica” « La Fourmi », très amusantes et révélatrices pour le message qu’elles transmettaient.



    Cornel Constantin Ilie nous a également fourni des détails sur le site Internet www.marelerazboi.ro, (www.lagrandeguerre.ro), lancé parallèlement à l’exposition “La Grande Guerre. La neutralité (1914 – 1916)”: “C’est un projet amb itieux du Musée National d’Histoire de Roumanie. Nous envisageons de mettre en place une base de données en ligne comportant des documents en tout genre: documents d’archives et de presse, photos, cartes postales consacrées à la Grande Guerre. Nous avons également établi une série de partenariats avec des institutions importantes, détentrices d’un patrimoine culturel particulièrement précieux. Il s’agit des Archives Nationales de Roumanie, des Archives du Ministère des affaires étrangères, de certains autres musées et de plusieurs bibliothèques à travers le pays. Notre objectif est de transformer ce site en une source très utile pour ceux qui souhaitent apprendre le plus de choses possible sur la Roumanie à l’époque de la Première Guerre Mondiale. (trad.: Mariana Tudose)

  • 04.08.2014 (mise à jour)

    04.08.2014 (mise à jour)

    Grande Guerre — L’Europe a commémoré à Liège le centenaire de l’invasion du territoire belge par les troupes allemandes, le 4 août 1914. Une cérémonie internationale du souvenir a été organisée lundi, 4 août, en présence des chefs d’État et de gouvernement de plus de 80 pays dont le roi Felipe VI dEspagne, les présidents français et allemand, François Hollande et Joachim Gauck, et le prince William, représentant du Royaume-Uni, accompagné de son épouse Kate. LAutriche, lArménie, lIrlande, la Serbie, le Monténégro, la Bulgarie et lAlbanie ont été également représentés par leurs présidents. La Roumanie y a été représentée par le chef de l’Etat, Traian Basescu. Selon le correspondant Radio Roumanie, le souverain belge a prononcé une allocution douverture axé sur la solidarité des alliés envers la Belgique au moment où la Grande Guerre éclata partout en Europe.



    Finances — A Bucarest, le Conseil d’administration de la Banque centrale a abaissé ce lundi le taux directeur annuel de 3,5% à 3,25%. Selon un communiqué remis à la presse, la mesure entrera en vigueur à partir du 5 août. La Banque centrale a également décidé de maintenir à 12% le taux des réserves minimales obligatoires appliquées aux passifs en lei et à 16% le taux des celles en devises. Dans le même communiqué, la Banque centrale affirme avoir révisé à la baisse ses prévisions d’inflation pour la fin 2014, de 3,3% à 2,2%.

  • 04.08.2014

    04.08.2014

    Première Guerre Mondiale — Le président roumain, Traian Băsescu, participe ce lundi en Belgique à la cérémonie de commémoration du centenaire de l’invasion de ce pays par les troupes allemandes dans la Première Guerre Mondiale. Il sera présent à Liège, à la célébration qui se déroulera au Mémorial interallié de Cointe, en présence du roi Philippe. Dimanche, les présidents français et allemand, François Hollande et Joachim Gauck, se sont rencontrés sur le site de Hartmannswillerkopf, dans le nord-est de la France, pour rendre hommage aux soldats français et allemands de la Grande Guerre. Un musée commun français et allemand, qui ouvrira ses portes en 2017, sera consacré aux plus de 9 millions de morts et disparus dans la Première Guerre Mondiale.



    Ministres – Le président roumain Traian Băsescu attend que le premier ministre Victor Ponta fasse de nouvelles propositions pour les portefeuilles de ministre de la Culture et de ministre délégué au Budget. Pour sa part, le chef du cabinet de Bucarest a annoncé qu’il n’allait pas nommer d’autres personnes à ces fonctions, si le président ne rejetait pas officiellement les noms déjà avancés. Le chef de l’Etat considère comme inadéquates les candidatures de Rozália Biró, de l’Union démocratique des Magyars de Roumanie, à la tête du ministère de la Culture et de Claudiu Manta, du Parti Social Démocrate, au Budget. Rozália Biró, élue en 2012 sénatrice dans une circonscription où la majorité de la population est d’ethnie magyare, fait l’objet d’une enquête d’abus de fonctions. Claudiu Manda, quant à lui, est actuellement vice président de la Commission de Budget de la Chambre des Députés de Bucarest.



    Handball — La Roumanie a remporté le Championnat du monde de handball féminin juniors déroulé en Macédoine, après avoir vaincu l’Allemagne en finale, 32 à 21. C’est le premier titre mondial des juniors remporté par la Roumanie après la médaille de bronze obtenue en 2006 au Canada. Au palmarès de l’équipe roumaine de la même catégorie d’âge mentionnons le titre européen en 1999 et deux médailles d’argent remontant à 2003 et 2005.