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  • Le culte des héros

    Le culte des héros

    En 2014, l’Europe marquait le centenaire du début de la première guerre mondiale, le tournant qui allait bouleverser pour la première fois, et radicalement, la vie de la planète et toute l’histoire du 20e siècle. Une centaine d’années qui allait voir mises en œuvre les idées que le siècle antérieur avait, au moins partiellement, échoué à traduire en des faits concrets, des idées issues des tourments de la Révolution française et des dernières années troubles du 18e siècle.

    Le socialisme et le nationalisme, doctrines généreuses qui, au départ, s’étaient fixé comme objectif l’émancipation individuelle et sociale, étaient entrés dans une phase de radicalisation. Lors de la première guerre mondiale (1914-1918), l’humanité avait noyé dans le sang une partie des énergies du radicalisme déchaîné, mais tout un capital de frustration restait encore en attente et il allait être lourdement exploité par la conflagration mondiale ayant conclu la première moitié du 20e siècle.

    Les héros de la modernité, ceux auxquels nous rendons hommage de nos jours, sont notamment les produits de ces guerres ayant passé l’Europe au crible, dans l’histoire récente du continent. Femmes et hommes avec des conditions sociales des plus diverses sont alors partis combattre avec enthousiasme, au nom des idées qu’ils chérissaient. Les Roumains n’y ont pas fait exception et des centaines de milliers de victimes sont, aujourd’hui, la preuve de leur détermination. En 1918, les héritiers des quelque 10 millions de morts faits par quatre ans de guerre ont inscrit dans les traités de paix leur souhait que ce sacrifice ne soit jamais oublié. C’est ainsi qu’apparaît le culte des héros, revêtant une forme grandiose, monumentale.

    En Roumanie, c’est la reine Marie, la figure féminine locale la plus marquante de la première moitié du 20e siècle, qui devient la gardienne de ce culte patriotique. L’historien Daniel Gheorghe explique le contexte de ces hommages institutionnalisés : « Suite à la première guerre mondiale, le traité de paix de Versailles consacre le culte des héros comme une mesure de rapprochement et de réconciliation politique, sociale et morale des peuples qui venaient de s’affronter. La Roumanie est un des premiers pays européens qui assume cette responsabilité ; elle mettra à l’honneur ses propres héros de même que ceux ayant d’autres origines, morts au combat sur le territoire roumain en luttant contre la population locale. Le 4 mai 1920, le roi Ferdinand Ier institue par décret le Jour des héros, soit un mois avant le traité de Trianon qui allait acter l’union des provinces roumaines de décembre 1918, après trois ans de combats sur le front et deux ans de tractations diplomatiques. A Paris, la reine Marie avait joué un rôle politique et diplomatique déterminant dans la reconnaissance de cette union ».

    Les communautés humaines ont toujours mis à l’honneur ceux qu’elles ont appelé leurs héros. Qu’est-ce que la modernité et notamment la dimension étatique ont-elles apporté à ces célébrations ? L’historien Daniel Gheorghe : « Le culte des héros était déjà actif pendant le règne du roi Carol Ier, avec des hommages nationaux pour les combattants de la Guerre d’indépendance de 1877-1878 ou encore pour ceux de la bataille de Dealul (la colline de) Spirii, contre les Ottomans, du 13 septembre 1848. Lors de la première guerre mondiale, la Roumanie perd quelque 960.000 de ses citoyens, la plupart à cause des ravages des maladies, des épidémies et de la disette. Au moins 350.000 Roumains meurent au combat, dont 30.000 seulement dans la bataille de Mărăşeşti de juillet-août 1917 ; plus de 6.000 Roumains seront tués seulement lors du jour le plus meurtrier. Le sacrifice avait été lourd et ce mécanisme d’hommage des héros était envisagé comme une sorte de reconnaissance de la patrie ».

    Toute une mémoire de cet effort sera mise en place dans les années qui s’ensuivent. De nombreux cimetières, ossuaires, monuments et croix votives sont créés, et plusieurs grands édifices, construits. Les plus symboliques sont le mausolée de Mărăşeşti (est), la Tombe du soldat inconnu de Bucarest ou encore l’ensemble monumental la « Voie des héros » de Târgu Jiu (sud), œuvre du sculpteur Constantin Brâncuşi. Daniel Gheorghe: « Ce culte est régi, à ce moment-là, par la Maison royale et l’Eglise orthodoxe roumaine. Une Société des tombes des héros voit également le jour, ayant à sa tête le métropolite Miron Cristea, figure intellectuelle de poids de l’époque. Des centaines de cimetières sont créés pour rassembler les héros roumains, mais aussi allemands, russes, britanniques, américains, français, hongrois, bulgares et polonais tombés sur les champs de bataille lors de la première et de la seconde guerre mondiale. L’administration de ces cimetières avait été confiée à une Société des Héros morts au combat, se trouvant sous le haut patronage de la reine Marie. Celle-ci avait dirigé la Croix rouge roumaine et elle était considérée comme la figure royale plus proche des souffrances des soldats sur le front. Elle avait une attention particulière et œuvrait incessamment pour une place de choix accordée au culte des héros, telle une mère endeuillée ».

    A présent, le Jour des héros met également à l’honneur les Roumains ayant perdu la vie pour que la démocratie et la liberté retrouvent leurs droits dans leur pays. Le mois de décembre a, de ce fait, une importance particulière en Roumanie, car c’est alors qu’en 1989 elle se débarrassait du régime communiste. L’historien Daniel Gheorghe : « Le Jour des héros coïncide avec la fête de l’Ascension du Seigneur, dans le calendrier religieux. Il rend hommage aux héros et aux martyrs tombés pour le pays et la liberté, lors des deux guerres mondiales, dans les prisons communistes, dans la résistance armée anti-communiste ou en décembre 1989. Ce jour met à l’honneur le sacrifice qui sauve, libère et glorifie. Au début du siècle dernier, le patriotisme était une valeur fondamentale – une société sans valeurs nationales était inconcevable. En Roumanie, il y a eu toute une génération de l’idéal national de 1918 ».

    Le culte des héros est le dernier hommage rendu par les héritiers de ces gens qui ne sont pas allés au champ d’honneur pour mourir, mais pour défendre des idées dans des temps intéressants et exceptionnels. Toutefois, comme le leader réformateur chinois Deng Xiaoping disait jadis, « que Dieu nous garde de vivre des temps intéressants ». (Trad. Andrei Popov)

  • 06.10.2014 (mise à jour)

    06.10.2014 (mise à jour)

    Diplomatie – Le chef de la diplomatie roumaine, Titus Corlăţean et son homologue tchèque, Lubomir Zaoralek, ont signé lundi à Bucarest un accord portant sur les sépultures de guerre. Par ce document, les deux pays s’engagent à préserver les tombes des héros de l’autre pays. Les discussions entre les deux ministres ont également porté sur les relations bilatérales, sur de sujets de l’agenda international, avec un accent particulier mis sur les évolutions au Moyen Orient, sans pour autant oublier les évolutions de sécurité dans le bassin de la Mer Noire. Dans ce contexte, Titus Corlăţean a réaffirmé le soutien de la Roumanie pour la poursuite du parcours européen des pays qui ont signé l’accord d’association politique et économique avec l’UE, notamment la République de Moldova, l’Ukraine et la Géorgie. La visite officielle en Roumanie du ministre tchèque des affaires étrangères a lieu dans le contexte du 20 anniversaire de la signature du Traité d’amitié et de coopération entre les deux pays.



    Première voiture — Le gouvernement de Bucarest vient de lancer le programme “La première voiture”, afin de permettre aux jeunes de se procurer une nouvelle automobile. Pour pouvoir en bénéficier plusieurs critères sont requis, comme par exemple avoir moins de 35 ans et ne pas posséder d’autre voiture. L’avance minimum est de 5 à 10% de la valeur totale du crédit qui s’étale sur une période maximum de 7 ans. En plus l’intérêt se situera en dessous du niveau actuel de 10-12%. Les automobiles achetées par le biais de ce programme ne doivent pas dépasser les 12.400 euros. Le programme “La première voiture” entrera en vigueur le 1er novembre.



    Dépenses — En Roumanie, deux tiers des dépenses d’une famille sont destinées à la nourriture, au transport et aux factures — eau, électricité, téléphonie et gaz. Selon les données publiées lundi par l’Institut national de la statistique, une famille roumaine alloue moins de 5% de ses revenus aux soins de santé, alors que les sommes destinées à l’éducation et à la récréation sont encore plus réduites. En même temps, environ 10% de l’argent d’un foyer est dépensé pour acheter des cigarettes et de l’alcool et pour de sorties au restaurant. Selon l’Institut national de la statistique une famille roumaine utilise en moyenne un peu plus de 5% de ses dépenses mensuelle pour se procurer des vêtements et des chaussures.

  • “La Roumanie de votre cœur”

    “La Roumanie de votre cœur”

    A la mi-septembre,« La Croix des héros de la nation » au sommet du mont Caraiman, dans les montagnes de Bucegi, a accueilli un événement unique dans l’histoire de la musique composée pour la flûte de Pan et de la musique en général. Il s’agit du concert en hommage aux héros nationaux tombés sur le champ d’honneur pendant les deux guerres mondiales. Les protagonistes de l’événement ont été Nicolae Voiculet, virtuose de la flûte de Pan, son orchestre et plusieurs invités de marque.



    La Croix de Caraiman figure dans le Livre des Records comme étant la plus haute construction de ce genre érigée à près de 2285 mètres d’altitude. Le spectacle mentionné a fait partie de la tournée intitulée “La Roumanie de votre cœur” et qui, tout au long de l’année, avait mené Nicolae Voiculeţ à travers le pays et le monde. Le titre de cette tournée exhorte tout Roumain à ouvrir son âme et sa conscience aux valeurs authentiques: héros, histoire, racines, royauté, foyer, famille.



    Flûte de Pan, tourisme et logo du pays vont de paire. La Roumanie est la patrie de cet instrument musical, le plus ancien au monde. Or, les touristes qui nous rendent visite sont attirés non seulement par les différentes contrées du pays et l’hospitalité des habitants, mais aussi par les traditions et coutumes, par l’art, autant d’aspects qui définissent l’identité d’un pays. « A l’aide de la flûte de Pan, nos prières s’élanceront plus près du ciel », déclare l’artiste Nicolae Voiculeţ, qui a composé et adapté plusieurs mélodies expressément pour cet événement.



    A près de 2300 m d’altitude, Nicolae Voiculeţ a accueilli avec beaucoup d’enthousiasme ses invités : Nous sommes honorés et émus de jouer en hommage des héros — martyrs de la Roumanie et pour les Roumains de partout, en cette journée de fête qu’est l’Elévation de la Sainte Croix. C’est une grande joie d’avoir à mes côtés ces personnes vraiment merveilleuses, qui viennent de la commune d’Avram Iancu, des Monts Apuseni. Et j’ai nommé les joueuses de cor des Alpes. Aux cotés de l’orchestre avec lequel je joue depuis une vingtaine d’années, elles font résonner aux quatre coins du monde les vibrations de la nation roumaine. Nous voilà tous ici, dans ce véritable autel, ce lieu de convergence entre les provinces de Transylvanie et d’Olténie. Puisque mon orchestre représente la Grande Roumanie, on y retrouve aussi un homme extraordinaire de Chişinău. Nous interprétons ensemble la plus belle, la plus émouvante et la plus exaltante des chansons de ce peuple, à savoir l’hymne de la Roumanie. Ce moment, nous vous le dédions, en vous remerciant de nous avoir rejoints”.



    Le répertoire du concert a comporté des morceaux représentatif du patrimoine musical roumain, dont Căluşul, Ciocârlia et Doina Speranţei.



    Emanoil Savin, le maire de la ville de Buşteni et hôte de l’événement, a fait savoir aux invités les événements culturels les plus récents organisés dans la contrée : Ces deux dernières semaines, nous avons accueilli plusieurs événements. Parmi eux, je mentionnerais la célébration des 125 ans d’existence de l’Eglise princière de Buşteni, érigée par les soins de la reine Elisabeth et du roi Carol 1er. Au jour même de la fête de la Croix a également eu lieu la consécration du Monastère de Caraiman, ce monastère d’Athos des Roumains, comme nous l’avions nommé en 2000, lorsque, avec le père supérieur Puiu Gherontie, nous posions la première pierre de la petite église située dans la cour du monastère. C’est un endroit édénique, qui respire la foi. 5000 personnes ont assisté à la cérémonie de consécration de la Grande Eglise du Monastère de Caraiman. Quant à la petite église, elle accueillera, à partir de l’année prochaine, des services religieux à l’intention des pèlerins qui viennent voir la Croix au sommet de Caraiman. Ce monument, nous espérons le restaurer bientôt et envisageons de le promouvoir, d’autant plus qu’il figure dans le Livre des Records. Le Monument des Héros a été construit entre 1926 et 1928 par les soins de la reine Marie, surnommée « la mère des blessés». Moi, qui suis venu à maintes reprises fleurir ce monument, je n’ai jamais vu autant de monde rassemblé devant la Croix des héros de la nation ”.



    Les joueuses de cor des Alpes de la commune d’Avram Iancu, du comté d’Alba, le groupe folklorique de danseurs de Caracal et les invités ont accédé à la Croix au sommet du mont Caraiman par la télécabine, puis à bord de voitures tout terrain. Le soir, les artistes ont également participé au gala caritatif organisé au château des Cantacuzène de Buşteni. Le concert de charité a visé la collecte de fonds pour la bourse « Fănică Luca », à l’occasion du 120 anniversaire de la naissance du premier professeur de flûte de Pan de Roumanie.



    Fin septembre, la tournée “La Roumanie de ton cœur” est arrivée en Transylvanie. L’artiste Nicolae Voiculeţ et son orchestre ont donné un concert dans la Citadelle de Făgăraş, à l’honneur des combattants de la résistance anticommuniste. Le choix de cette citadelle n’a pas été le fruit du hasard, puisque de 1948 à 1960 elle a servi de prison. C’est là qu’ont été incarcérés ceux qui avaient opposé une résistance courageuse, l’arme à la main, au régime communiste. (Aut. Ana-Maria Cononovici; trad. Mariana Tudose)