Tag: lecture

  • Lire ensemble

    Lire ensemble

    Pour marquer l’événement, l’association roumaine « Lire ensemble Roumanie » a attiré comme partenaires des écoles, des organisations sans but lucratif, une librairie et plusieurs bibliothèques départementales, ce qui a permis de réaliser des événements exceptionnels.

    Brandi Bates est née à Los Angeles, aux Etats-Unis. Il y a plus de 15 ans, elle a décidé de venir habiter avec son époux et leurs deux enfants en Roumanie, à Lupeni, petite localité minière située dans la Valée du Jiu.

    Brandi Bates, présidente de l’Association « Lire ensemble Roumanie » raconte comment elle est passée de la lecture en famille à la lecture publique : « Nous avons lu à nos filles beaucoup avant qu’elles ne soient en âge de comprendre. Cela faisait partie de notre stratégie en tant que parents. J’ai des souvenirs de mon père me lisant, mais c’est à peine à l’adolescence que je me le rappelle nous lisant à haute voix. Ma mère aussi nous lisait. Bien que la lecture n’ait pas nécessairement fait partie de mon éducation précoce, j’ai senti qu’elle serait importante pour nos enfants, surtout qu’ils parlent l’anglais à la maison et le roumain à l’école. C’est à peine il y a 3 ou 4 ans que nous avons pu constater, chez nos filles, les résultats de la lecture faite aux enfants dès leur naissance. Non seulement elles maîtrisent un riche vocabulaire, mais la lecture les a aussi aidées dans leur vie sociale et émotionnelle ».

    En vivant à Lupeni, petite ville de la Vallée du Jiu qui ne dispose pas encore d’une bibliothèque, Brandi a senti que les mères de cette communauté souhaiteraient lire à leurs enfants, mais elles en ont assez des quelques livres qu’elles possèdent. Alors, elle a lancé un club de lecture.

    Brandi Bates : « La première chose à faire était d’encourager la lecture à haute voix pour un petit groupe d’enfants, tout d’abord ici, à Lupeni. Nous avons commencé à acheter des livres ensemble, à collecter de l’argent pour les plus beaux livres et d’en bénéficier ensemble. Nous nous sommes proposé de nous rencontrer une fois par semaine, pour lire à haute voix. La première fois que j’ai invité une des mères à faire une lecture publique, ses mains étaient moites d’émotion et elle a lu si vite qu’au bout d’un moment les enfants se sont lassés. »

    Pourtant, peu à peu, les femmes qui lisaient ont compris que la lecture à haute voix devait accompagner l’imagination du lecteur au rythme d’un film. De sorte qu’à présent, l’association de Brandi Bates bénéficie des meilleures lectrices. Une trentaine d’enfants de tous les âges vient les écouter.

    L’association « Lire ensemble Roumanie » est à présent un groupe réunissant des auteurs de livres pour enfants, des illustrateurs, des éditeurs, des bibliothécaires, mais aussi des parents et des grands-parents qui partagent tous non seulement la passion des livres, mais aussi la joie de voir enfants et adultes lire ensemble.

    Depuis 2016, « Lire ensemble Roumanie » participe à la Journée mondiale de la lecture à haute voix organisée par Lit World. Le 16 février dernier, des sessions de lecture ont été organisées par Skype avec la participation d’auteurs roumains très connus de livres pour enfants.

    Brandi Bates explique : « La Journée mondiale de la lecture à haute voix n’est pas notre invention, elle a été initiée par l’organisation Lit World siégeant à New York. Je connaissais déjà cette fête depuis quelques années et nous avons décidé de l’utiliser pour lancer notre association dans l’espace public roumain, nous faire connaître et présenter notre mission. Je suis très heureuse d’avoir à mes côté une équipe constituée d’auteurs de livres pour enfants des plus aimés, d’illustrateurs et d’éditeurs de livres. L’année dernière déjà, nous avons organisé toute une série d’activités à la Bibliothèque nationale de Bucarest et à la ludothèque locale. Nous avons également organisé des activités dans la Vallée du Jiu et plusieurs à Cluj. Cette année, nous voulons élargir un peu notre activité, surtout que de nombreuses personnes intéressées souhaitent nous rejoindre pour lire avec nous. Nous sommes en quête de partenaires pour fêter la Journée mondiale de la lecture à haute voix. Nous avons besoin d’une vingtaine et nous avons reçu plus de 80 requêtes de participation, depuis les plus grandes jusqu’aux plus petites bibliothèques, écoles, organisations non-profit. Face à une réponse si enthousiaste, nous n’avons pu refuser personne. Nous les avons donc tous invités à nous rejoindre pour un partenariat informel, nous avons mis à leur disposition des « instruments » qu’ils ont la liberté d’utiliser ou pas, pour organiser le mieux possible des événements de lecture. »

    Au-delà de la participation à des événements publics, l’association « Lire ensemble Roumanie » recommande la lecture à haute voix au sein de la famille.

    Brandi Bates: « Lisez ensemble une vingtaine de minutes par jour, depuis la naissance de l’enfant et non après qu’il eut appris à lire tout seul. »

    Et cela parce que, selon notre interlocutrice, lire ensemble, adultes et enfants, est une des plus belles activités qui existent, surtout si on la fait de bon cœur et avec esprit de suite. (Aut. : Ana-Maria Cononovici ; Trad. : Dominique)

  • La Nuit de la lecture 2017

    La Nuit de la lecture 2017

    Les Bucarestois sont les lecteurs les plus assidus de Roumanie. Cela ne veut pas forcément dire des tonnes de bouquins – ils sont 63% à lire d’un à 5 livres par an, selon le dernier Baromètre de la consommation culturelle, qui prend en compte l’année 2015. A l’échelle nationale 57% des Roumains lisent jusqu’à 5 livres annuellement. A titre de comparaison, les Français sont, eux, en moyenne à 16 bouquins par an. Toutefois, la tendance est déclinante en Roumanie comme en France. Alors pour rappeler que la lecture c’est la pratique culturelle la plus accessible, le ministère français de la Culture et de la communication a créé, cette année, une Nuit de la lecture, qui se tiendra le 14 janvier, dans l’Hexagone. Un événement qui bénéficiera d’une version roumaine aussi, à Bucarest, grâce à la Librairie française Kyralina. Valentine Gigaudaut, directrice de Kyralina, lève le voile sur cet événement à la lumière des chandelles…




  • Le Festival international de littérature de Bucarest

    Le Festival international de littérature de Bucarest

    Au programme cette année – deux soirées de lectures publiques et de débats au Club du Paysan, ainsi qu’un événement consacré aux étudiants, réalisé en collaboration avec le Département des sciences de la communication de la Faculté de lettres de l’Université bucarestoise. La soirée de lectures publiques et de débats du 8 décembre a offert aux passionnés de littérature la chance de rencontrer les écrivaines Irina Teodorescu (France), Veronica D. Niculescu, Lavinia Branişte et Irina Georgescu Groza. La traductrice et écrivaine Veronica D. Niculescu nous raconte comment est né son roman « Vers les vallées de jade et d’ivraie » , paru cette année aux Editions Polirom. C’est le deuxième livre publié par Veronica D. Niculescu cette année, après « Hibernalia », une suite de la « Symphonie animalière » : « Le roman « Vers les vallées de jade et d’ivraie », que j’ai mis 3 ans à écrire, a été au début, une sorte de jeu. C’est l’histoire d’une très jeune fille qui écrit un livre. Or, mon personnage écrit un livre complètement différent de ce que j’écris, moi, normalement. J’ai choisi cette formule, car j’ai souhaité depuis toujours d’inclure, dans un livre que je suis en train d’écrire, le livre d’un personnage. Et j’attends d’ailleurs aussi le jour où je pourrais inclure dans un de mes livres les poèmes d’un personnage qui soit un homme ou un animal. Pour en revenir à l’histoire qu’écrit cette très jeune fille, il s’agit d’un conte de fées en vers. Au moment ou j’ai terminé ce conte, je ne savais même pas qu’il allait être intégré à ce roman. Après avoir fini de l’écrire, je me suis rendu compte que je souhaitais que mon roman soit l’histoire de cette fille. J’ai donc ébauché mon personnage à partir du conte en vers. »

    Lavinia Branişte a débuté par un volume de poésie, elle a continué par deux volumes de récits et un livre pour enfants. Comment en est-elle arrivée à écrire un roman, « Intérieur zéro », publié cette année aux Editions Polirom ? « J’ai été pendant longtemps une passionnée du récit – et je le suis encore. D’ailleurs, initialement, ce livre devait être un livre de récits. Pourtant, les différents fragments ont commencé à se lier les uns aux autres plus que je ne l’aurais imaginé et j’ai fini par accepter cette structure en train de se créer. C’est une histoire qui a traversé mon esprit pendant que je discutais avec un de mes amis, le poète Vasile Leac, qui se trouvait en Allemagne et qui récoltait des poireaux et des citrouilles. Moi, je le jalousais pour son expérience exotique sur laquelle j’étais sûre qu’il allait écrire. Le motto du livre a découlé de cette conversation avec mon ami ; c’est, en fait, une interrogation de Vasile Leac: « Pourquoi ne comprenons-nous pas la vie ? » La façon dont il a formulé sa question m’a beaucoup plu et alors l’idée m’est venue d’écrire un livre sur notre incompréhension de la vie. C’est que je me trouvais justement moi-même dans une situation où tout semblait bien se passer, j’étais un être accompli, pourtant j’étais horrifiée en pensant que c’était cela, le bien dans la vie. Et je ne comprenais pas si je devais, oui ou non, souhaiter autre chose. »

    Avec son livre « La malédiction du bandit moustachu », Irina Teodorescu a décroché en France le Prix André Dubreuil du premier roman. La version roumaine, que nous devons à la traductrice Mădălina Vatcu, a été publiée cette année aux Editions Polirom : « En France, ce roman a été très bien accueilli, notamment par la presse et la critique. Pourtant, j’ai également eu des réactions de lecteurs français, qui n’ont pas manqué de se sentir parfois perdus devant la multitude de noms roumains, la plupart inhabituels pour eux. Mes personnages auraient néanmoins pu exister n’importe où, car l’action du roman se déroule quelque part dans l’Est de l’Europe, il n’est précisé nulle part que c’est en Roumanie, les noms des personnages étant les seuls à le faire soupçonner. »

    Lors des soirées de lectures publiques organisées dans le cadre du Festival international de littérature de Bucarest, Irina Georgescu Groza a proposé un fragment de son premier livre : « Au-delà des fenêtres » – un volume de récits publié par la Maison de paris littéraires. Irina Georgescu Groza parle de son retour à la littérature : « L’envie d’écrire m’est revenue quand j’étais en Belgique, pays que j’ai habité, pendant un certain temps, avec ma famille. C’est peut-être à cause du fait que je n’avais pas d’amis, que j’avais assez de temps et mon travail ne m’attirait pas. Il m’arrivait même d’écrire de la littérature tout en étant au bureau. J’écrivais en roumain et mon chef flamand s’imaginait peut-être que ces longs emails étaient écrits pour sa corporation. De retour en Roumanie, j’ai décidé, à un moment donné, que le temps était venu pour moi de faire ce que j’aimais, c’est-à-dire d’écrire. J’ai participé à un atelier d’écriture créative organisé par la Revue de contes – un très bon cours consacré au récit. J’ai commencé à aimer le récit – alors que j’avais déjà écrit deux romans. J’ai rencontré des écrivains que je ne connaissais pas, j’ai beaucoup lu et j’ai commencé à écrire des récits. Et j’ai oublié la croissance économique qui hantait mes pensées lorsque je travaillais dans cette entreprise de Belgique. »

    Les lectures publiques durant lesquelles les écrivaines invitées dans notre émission ont présenté des fragments de leurs plus récents livres ont été suivies d’un débat sur « l’écriture féminine ». ( Trad.: Dominique)

  • Narativ – la lecture en bas âge

    Narativ – la lecture en bas âge

    Combien existe-t-il de méthodes de lire un conte? Pour répondre à cette question, pour la 2e année consécutive, l’Association Curtea Veche a invité enfants, parents et enseignants au Festival de Lecture pour enfants NARATIV. A l’affiche: 120 activités gratuites censées éveiller l’intérêt des petits pour la lecture et familiariser les parents avec la notion de « parenting » à l’aide de la lecture. Une évolution importante si l’on pense que la première édition du festival a comporté une quarantaine d’ateliers.



    Valentina Roman est chef du projet « Narativ» et directrice exécutive de l’Association Curtea Veche. Pour commencer, elle nous dit comment est né ce festival : « Cela fait deux ans que l’Association Curtea Veche se propose de promouvoir la lecture parmi les enfants, plus précisément la lecture par plaisir et pas par obligation. Suite à nos actions, déroulées en milieu rural et urbain, nous avons identifié deux problèmes. Le premier : en milieu rural, l’accès aux livres est pratiquement inexistant. Le second : en milieu urbain, où il y a plein de livres, de librairies, les enfants ont des livres à la maison, mais ils ne sont pas trop enthousiastes lorsqu’il s’agit de lecture. Les parents s’en soucient, parce qu’ils ne trouvent plus de stratégies pour déterminer les enfants à lire. Par conséquent, nous avons eu l’idée l’organiser un festival consacré à la lecture mais qui réunisse aussi toute sorte d’activités pour les petits. Nous essayons de les rapprocher des livres, de les aider à s’imaginer autrement les contes.»



    Parmi les activités proposées par le festival Narativ cette année figuraient des ateliers consacrés à la bande dessinée, aux contes de fées mis sur musique, ateliers de théâtre, de narration ou encore des ateliers où les enfants ont pu inventer leurs propres histoires. Le tout en partant de titres connus de la littérature universelle. Valentina Roman, chef de projet pour le festival Narativ, nous en dit davantage : « Nous avons imaginé des ateliers interactifs, en invitant les petits à créer la bande son d’un livre qu’ils aiment, une bande dessinée, une pièce de théâtre d’ombres et même à inventer des contes. Un atelier visait à familiariser les petits avec les lettres de l’alphabet. »



    Voici un autre exemple d’atelier, animé par Barna Nemethi, metteur en scène et photographe : «Mon atelier s’est intitulé « Journaliste de conte de fées ». En partant des questions fondamentales du journalisme, nous avons tenté de faire une enquête sur les contes de fées que nous lisons. Un des objectifs de cette activité était de montrer aux enfants qu’un livre ne sert pas uniquement à être lu. Par exemple, « Robinson Crusoé » est un livre pour enfants, mais en même temps c’est un traité de sciences politiques. Pratiquement nous tentons d’habituer les enfants à investiguer les plus possible ce qu’ils lisent. »



    Le Festival Narativ est aussi une très bonne manière d’étudier les habitudes de consommation en matière de lecture. Barna Nemethi : « Par exemple j’ai parlé du « Voyage au centre de la Terre » de Jules Verne, qui est un des premiers livres de science-fiction à être popularisés dans l’histoire du genre, et le débat a touché plusieurs sujets : ce qui se trouve au centre de la Terre, comment on peut le savoir, ce que Jules Verne connaissait du centre de la Terre. Soit un échange d’information très intéressant et captivant. »



    Gaspar György est spécialiste en conseil conjugal et familial. Dans le cadre du festival Narativ, il a animé des ateliers de parenting (éducation des enfants) à l’aide de la lecture, auxquels ont participé plus d’une centaine de parents : « Tout comme l’année dernière, cette édition a été une expérience à part, par ce qu’il existe des parents qui souhaitent vivement améliorer la relation entre leur famille et les livres. Ils souhaitent développer une relation d’amitié entre leurs enfants et la lecture. Ce fut une expérience de famille, qui a permis aux enfants et aux parents de profiter de nombreuses activités fondées sur l’importance de la lecture. Moi, je vois la lecture comme toute autre relation d’amitié de notre vie. Par conséquent, lorsqu’il s’agit de cultiver un comportement sain côté lecture, il est important que l’enfant ne soit pas forcé à lire. Il vaut mieux trouver d’autres stratégies pour encourager la lecture par plaisir. Pour ce faire, il est très important de lire des contes à un enfant dès les premiers mois sa vie, de communiquer avec lui autant que possible, parce que la lecture se fonde sur la capacité de l’enfant d’entendre des mots et de les comprendre.»



    Les enfants sont très inventifs, perspicaces et amusants à la fois. Leurs explications ne cesseront jamais de nous surprendre et de remettre notre sourire aux lèvres. Par exemple, une fillette a affirmé qu’elle aimait « Les Trois Mousquetaires » parce qu’en fait ils étaient quatre. Un autre enfant a expliqué, lui, qu’à l’intérieur de la Terre se trouvait une terre plus petite. Et ainsi de suite. Bref : jeu, découverte, savoir, amusement — le tout en partant d’un livre. C’est ça le festival Narativ. (Trad. : Valentina Beleavski)

  • Livre français et francophone en Roumanie

    Livre français et francophone en Roumanie

    Pour ce numéro estival, “Le Son des Mots” à invité à la Librairie française Kyralina de Bucarest, partenaire de ce programme littéraire de RRI, des professionnels du livre de Roumanie pour faire le point sur la présence de la littérature française et francophone dans le pays.



    Combien lus sont les auteurs français et francophones ? Quelle demande y a-t-il pour ce type de littérature et comment les éditeurs roumains s’y prennent ? Comment ce secteur littéraire est-il soutenu en Roumanie et en Europe ? Valentine Gigaudaut et Andrei Popov proposent des pistes de réflexion grâce à leurs invitées : Denisa Comanescu, directrice de Humanitas Fiction, Adina Dinitoiu, traductrice du français et journaliste au magazine culturel “Observatorul cultural” et Cyrielle Diaz, responsable du Bureau du livre à lInstitut français de Bucarest.



    Ne ratez pas les recommandation de lecture pour les vacances, en fin de programme!




  • L.I.R. – le livre de l’après-demain

    L.I.R. – le livre de l’après-demain

    Tentons de superposer les images suivantes – la tour bibliothèque du “Nom de la Rose” dUmberto Eco, la tour aux documents du film “Brazil” de Terry Gilliam et une ambiance frôlant lunivers de “Matrix” des frères Wachowski. Le résultat est L.I.R. Un acronyme qui veut dire “Livre In Room”, livre dans la pièce mais aussi et, surtout, “livre en présence”. Faire vivre un volume, rendre son utilisation contemporaine, mais de manière alternative par rapport aux livres audio ou sur liseuse, le projeter dans lavenir, cest lenjeu de ce projet multimédia au croisement entre la lecture, lart contemporain, le théâtre et le cinéma.



    Après avoir été présentée au salon du livre de Paris, la cabine immersive LIR est actuellement en tournée européenne, avec la Roumanie comme première étape. Du 25 mars au 19 juin, elle est à Bucarest, Cluj et Timişoara. Le livre non plus de demain mais de laprès-demain est-il né? Nous en parlons avec le créateur de LIR, Joris Mathieu, artiste pluridisciplinaire, directeur des théâtres lyonnais Nouvelle Génération CDN et Les Ateliers.






    L.I.R. en Roumanie


    25 mars – 22 avril – Bucarest


    23 mai – 04 juin – Cluj


    06 juin – 19 juin – Timisoara

  • La bibliothèque du tramway

    La bibliothèque du tramway

    Ville des grandes idées, de la première grande Union, du premier spectacle de théâtre en langue roumaine, du premier musée littéraire (maison-musée du conteur Ion Creangă) et du premier muséum d’histoire naturelle, Iaşi invite, depuis l’année dernière, à une nouvelle expérience culturelle. Les passionnés de lecture ne doivent plus, maintenant, faire le choix entre bibliothèque et tramway. C’est parce qu’à la fin de 2015, la deuxième bibliothèque dans un tram a été lancée, une bibliothèque mobile aménagée par plusieurs bénévoles dans un moyen de transport public.

    Adrian Mihai, porte-parole de la Régie de transport public de Iaşi, nous raconte l’histoire de cette démarche : « Le 4 décembre 2015, deux projets conçus séparément se sont réunis par l’intermédiaire de la Régie de transport public de Iaşi : le tram de la littérature, peint avec les figures des différentes personnalités littéraires de la ville, sur l’initiative de l’association Tramclub Iaşi, accueille depuis lors une partie du projet « Le livre sur un banc », lancé par M Eugen Benea, soit une petite bibliothèque. Le message transmis aux lecteurs, c’est : Lisez ! Donnez ! Laissez le livre sur le banc ! Et le projet est censé encourager la lecture et l’échange de livres par la bibliothèque mobile. Iaşi a été et continue d’être une ville culturelle, qui a créé en permanence l’atmosphère stimulant la création. De grands écrivains ont lié leurs noms et leur destinée à cette ville. C’est pourquoi nous invitons nos concitadins à se conduire en tant que tels et à revenir au plaisir de lire un livre. »

    Comment la bibliothèque du tram a-t-elle évolué ? Réponse avec Adrian Mitroi, porte-parole de la Régie de transport public de Iaşi : « Outre les livres offerts par M Eugen Benea, dans son projet, nous avons eu le plaisir de recevoir des donations de la part de certains concitadins qui ont embrassé cette idée. Bien entendu, les dimensions de la bibliothèque changent avec le temps. Nous espérons que cette démarche sera de bon augure. Les tramways circulent dans la ville sans avoir un trajet préétabli. Pour les trouver, il faut appeler le dispatch, qui vous informera par où circulent ces deux wagons avec la petite bibliothèque. »

    Nous avons été curieux de savoir quel accueil les habitants ont réservé à cette idée et s’ils ont l’intention d’élargir le projet : « L’idée a été embrassée par la majorité, surtout qu’il y a à Iaşi beaucoup d’étudiants qui empruntent les transports publics. Au moins le temps d’un voyage, beaucoup prennent un livre et le feuillettent. Nous serions contents de pouvoir étendre le projet aussi à d’autres wagons ; nous espérons qu’il pourra accomplir sa mission et nous concevons, avec les membres de l’association Tramclub Iaşi, d’autres projets tout aussi intéressants..»

    A Iaşi, sur la colline de Copou se trouve l’Université la plus ancienne de Roumanie, fondée en 1860 par le prince Alexandru Ioan Cuza. Le bâtiment principal, actuellement monument d’architecture, a été construit en 1896. C’est toujours à Iaşi que l’on trouve l’institution qui a continué la tradition de la première école supérieure d’ingénierie de Roumanie, à savoir l’Université technique Gheorghe Asachi. L’année dernière, sa bibliothèque figurait parmi les 10 bibliothèques les plus belles au monde, aux côtés d’autres institutions de prestige, comme celle du Collège Trinity de Dublin, la Bibliothèque Royale Portugaise de Rio de Janeiro, la Bibliothèque du Monastère d’Admont (réalisée en style baroque tardif), la Bibliothèque Nationale de Prague, la Bibliothèque Nationale de France ou encore celle du Congrès des Etats-Unis, à Washington.

    Mais cette bibliothèque n’est pas le seul espace unique de ce véritable palais universitaire. Dans la Salle des pas perdus de l’Université technique Gheorghe Asachi on peut admirer les fresques réalisées dans les années 1970 par le peintre roumain Sabin Bălaşa. De même, l’aula de cette université est réalisée dans le même style que le reste du bâtiment, le style éclectique, spécifique de l’époque de sa construction. Puis c’est toujours à Iasi qu’a été fondée la première école supérieure de musique de Roumanie, à savoir l’Université d’art George Enescu. S’y ajoutent l’Université de médecine et de pharmacie et celle des Sciences agricoles et Médecine vétérinaire. Enfin, sur la Place Eminescu de Iasi se trouve la bibliothèque universitaire la plus ancienne de Roumanie qui porte le nom du plus grand poète roumain Mihai Eminescu. Construite à l’entre deux guerre, elle abrite environ 3 millions de livres, dont certains sont très rares.

    C’est justement parce que Iasi est une ville si chargée d’histoire, que la Régie autonome des transports locaux a mis en circulation un tram d’époque qui fait découvrir aux visiteurs des trajets connus et moins connus. Adrian Mihai nous en dit davantage : «Nous avons un tram d’époque restauré que beaucoup de passionnés de tramways souhaitent prendre pour découvrir les endroits les plus connus de la ville et qui les aidera à se rappeler les personnalités qui ont fait la renommée de Iasi, comme le poète Mihai Eminescu ou l’écrivain Ion Creanga». Et même si le tram atetint son termimus, n’uobliez pas qu’à Iasi il y a plein d’autres endoits intéressants à visiter. Bon voyage! (Trad. Ligia Mihaiescu, Valentina Beleavski)

  • Narativ – le premier festival de lecture pour enfants

    Narativ – le premier festival de lecture pour enfants

    Selon les statistiques, le nombre de lecteurs – adultes ou enfants – est à la baisse en Roumanie, alors que le marché du livre a du mal à se développer. C’est d’ailleurs le marché le plus faible de l’UE, selon les statistiques. Rien d’étonnant donc, si la lecture n’est plus aussi populaire parmi les enfants roumains qu’elle était il y a quelques décennies. Surtout qu’à l’heure actuelle leur attention est captivée par des choses beaucoup plus interactives qu’un livre – jeux vidéo, tablettes, dessins animés en tout genre. Sur cette toile de fond, l’Association Curtea Veche, appartenant à la maison d’édition du même nom, a décidé d’organiser le premier festival de lecture consacré aux enfants de 8 à 14 ans : «Narativ » . Où en est la lecture en Roumanie aujourd’hui ? Comment ce festival s’est-il proposé à convaincre les enfants à ne plus éviter les livres ? Réponse avec Valentina, Alexandru et leur invitée: Valentina Roman, directrice exécutive de l’Association Curtea Veche.


  • Un nouveau livre audio lancé par la maison d’édition Casa Radio – Poémes de Lucian Blaga

    Un nouveau livre audio lancé par la maison d’édition Casa Radio – Poémes de Lucian Blaga

    Puisque le 9 mai dernier on a marqué les 120 ans écoulés depuis la naissance du poète Lucian Blaga, cette récente édition du livre audio bénéficie dune nouvelle conception graphique, dun nouvel appareil critique et dune préface portant la signature du poète et traducteur Dinu Flămând. “Quelle que soit lépoque à laquelle remonte lécriture de ces poésies, car notre sélection puise dans une matière fort diverse, depuis le premier recueil paru en 1919 jusquaux créations inédites, et dans quelque ordre quils soient présentés, on a limpression découter un volume indépendant, parfaitement unitaire et non pas une anthologie élaborée à tout hasard. Le liant des poèmes appartenant aux différentes périodes de création, assez variés dun point de vue thématique, cest justement cette voix oraculaire témoignant dune attitude dominatrice. Il y a dans ce récital un véritable éloge de la force du langage, lequel, par le biais de la poésie, parvient à saisir toute la complexité et la beauté du monde ” écrit Dinu Flămând.



    Voici les propos du critique Luigi Bambulea :“Je suis heureux dappuyer les initiatives de la maison dédition Casa Radio, visant à restituer un patrimoine culturel tout à fait extraordinaire. Cest étonnant de constater combien grand est le nombre des témoignages sonores sur les auteurs importants, conservés dans les archives de la Société Roumaine de Radiodiffusion et de voir que ces écrivains commencent à être mis en valeur. Nous vivons donc un moment privilégié, en participant à un spectacle sonore de la poésie, longtemps impossible à réaliser, pour des raisons relevant aussi bien de la technique que de lhistoire. Ma vraie rencontre avec la poésie de Lucian Blaga sest passée au cours de mes premières années de lycée, lorsque jai lu « La chronique et le chant des âges ». Jai tellement jalousé, pour la mythologie quil avait créée, ce poète qui, jusquà ses cinq ans, navait prononcé pas un mot! Ce poète qui, loin de tomber sous lemprise des mots, sétait approprié la langue comme sil navait pas à la partager avec les autres. Jai donc éprouvé une grande envie devant le profit quil avait tiré de ce détail biographique. Et là je cite Sénèque, qui écrivait dans sa lettre à Lucilius, “quand je pense à tout ce que jai pu dire dans la vie, je commence à envier les muets”. Moi aussi jai été jaloux de Blaga en lisant ce quil avait écrit sur le silence, en pensant que moi aussi jaurais dû me taire. Il est vraiment extraordinaire quun poète comme Lucian Blaga, qui na pas parlé si longtemps, ait par la suite puisé dans ce silence la force, la tension et lénergie de toute une œuvre”.



    “Ma vie a commencé sous le signe de labsence de la parole et jai beau chercher dans la mémoire les traces de ce silence initial. Je nai jamais réussi à mexpliquer cet étrange éloignement de la parole, durant les quatre premières années de mon enfance. Et encore moins la honte qui ma saisi lorsque, contraint par les circonstances et linsistance de ma mère, je me suis couvert les yeux de la main pour faire usage de la parole. Les mots, je les connaissais tous, mais lorsquils mentouraient jétais mal à laise, comme si je refusais dendosser le péché originel”, écrit Lucian Blaga dans « La chronique et le chant des âges ».



    Voici ce que déclarait le critique littéraire Luigi Bambulea à propos du récent livre audio sorti chez la maison dédition Casa Radio – « Poèmes de Lucian Blaga lus par lauteur lui-même ». : “Il a bien raison Dinu Flămând en affirmant que Lucian Blaga a choisi de lire ses poèmes dune manière très personnelle. Elle nous fait découvrir un Blaga paradoxal, spectaculaire, qui fait rehausser ses vers par la musicalité. Sa voix nest pas monotone, mais égale à elle-même, ce qui lui permet de rester fidèle à sa propre poésie. Un des grands débats philosophiques a justement porté sur la prééminence de la poésie sur la musique ou vice versa. Pour en revenir à notre livre audio, je dirais que la musique ou la musicalité et la poésie sy entremêlent, guérissant ainsi la blessure causée par la rupture entre lart du mot et celui du son”.



    Selon le poète et traducteur Bogdan Ghiu, les livres audio sortis chez la maison dédition Casa Radio proposent une nouvelle approche dun auteur et de son œuvre. Se référant au livre audio contenant la lecture que Lucian Blaga donne à ses propres poésies, Dinu Flămând nous livre toute une théorie de la voix enregistrée, affirme Bogdan Ghiu. :“La sortie de ce livre audio a été une grande surprise. A lintérieur de son appareil critique, on retrouve une interview sur lactivité de Lucian Blaga en tant que traducteur. Nous sommes habitués aux récitations théâtrales, mais les poètes ne récitent pas. Dans sa préface, Dinu Flămând fait aussi la théorie de lévolution de la lecture des poèmes, en précisant quà partir de la modernité la poésie devient lyrique, intériorisée. Le premier à être surpris est le poète lui-même, qui navait peut-être jamais lu à haute voix ses poèmes. Dinu Flămând remarque cette voix égale, presque détachée, sans emphase, pareille à un bruit de fond. La qualité de lenregistrement fait à la radio en 1954 est sans doute meilleure. Celui de 1960 est clandestin, car, à cette époque-là, tout enregistrement privé était considéré comme illégal. Enfin, noublions pas que durant les dernières années de sa vie Blaga a été forcé de se confiner au seul travail de traducteur, tout comme Gellu Naum.”



    La collection de livres audio intitulée « La bibliothèque de poésie roumaine » est un projet initié et réalisé par le Service « Patrimoine Culturel et Archives » de la radio publique roumaine. ( trad. Mariana Tudose)




  • Des livres accessibles à tous les porte-monnaies

    Des livres accessibles à tous les porte-monnaies

    Dans la Roumanie libérée du communisme et avide de récupérer la culture et la littérature jusqu’alors censurées, de nombreuses foires du livre sont organisées, depuis des années, à Bucarest et dans d’autres grandes villes du pays. « Bookfest », organisé en juin et « Gaudeamus », qui se tient en novembre, comptent parmi les plus connues et les plus fréquentées. La foire internationale du livre « Gaudeamus », lancée par la Radiodiffusion roumaine, est itinérante, des caravanes étant organisées tout au long de l’année à travers le pays. A cette occasion, les lecteurs peuvent acheter les plus récentes parutions, assister à des lancements de livres et à des conférences de presse, ils peuvent rencontrer les auteurs et acheter des livres à des prix promotionnels.



    Bien que le marché éditorial de Roumanie soit riche en publications, les ventes n’atteignent pas le niveau des tirages ni le nombre de titres publiés. La plupart des Roumains jugent le prix des livres trop élevé. Celui-ci va, en général, de 20 à 60 lei (soit de 5 à 16 euros), alors que le salaire net mensuel se monte à 1.700 de lei, soit 380 euros.



    Pour aider les lecteurs à se procurer leurs livres préférés à des prix accessibles, cela fait 10 ans qu’ à Bucarest est organisée la foire « Kilipirim », mot qui vient de « chilipir » – aubaine et qui propose aux visiteurs des livres à prix discount.



    Oana Boca-Stănescu, chargée des relations publiques de «Kilipirim», nous explique la spécificité de cette foire : « Nous avons d’autres foires du livre, comme, par exemple, « Bookfest » et « Gaudeamus », qui offrent également aux visiteurs des prix promotionnels. Pourtant, ces deux foires proposent surtout de nouveaux titres. A « Kilipirim » on trouve plutôt des titres plus anciens, que les gens ont l’occasion d’acheter à des prix cassés — alors que pour ces livres, les maisons d’édition ne pratiquent pas le discount aux autres foires. Sur les 24.000 titres publiés annuellement en Roumanie, un lecteur s’intéresse, peut-être, à une centaine. Et même ces 100 livres, il ne peut pas se permettre de les acheter tous. Il reste donc sur sa faim et garde dans sa tête — et dans son cœur — les titres laissés de côté. La raison d’être de « Kililiprim » est justement de nous permettre de récupérer ces livres qu’on a peut-être voulu acheter il y a un an ou deux, mais auxquels on a renoncé, faute d’argent, et qui se vendent à présent à 5 lei chacun, disons — soit environ 1 euro. »



    Les foires du livre sont utiles aux lecteurs, qui peuvent s’acheter plus facilement les livres souhaités, mais aussi aux maisons d’édition, confrontées au problème de la distribution.



    Oana Boca-Stănescu : « Si les foires du livre sont nécessaires, c’est généralement pour une raison moins réjouissante : les réseaux de distribution du pays sont peu nombreuses et ne réussissent pas à faire face à la quantité immense de livres proposés par les maisons d’édition roumaines. On publie énormément, par rapport au nombre de lecteurs. C’est pourquoi, de nombreuses chaînes de librairies ont fermé, d’autres ont tout simplement disparu. Dans les petites villes ou dans les moyennes, il n’y a plus de librairies, il y a éventuellement des papeteries où l’on vend aussi quelques livres, relégués dans un coin. »



    Bien que cette année « Kilipirim » ait été organisée dans un endroit différent, les visiteurs fidèles de cette foire ont trouvé le chemin, comme, par exemple, cette lectrice : « Je visite la foire « Kilipirim » depuis plusieurs années. Cela me permet d’enrichir ma bibliothèque et de voir quelles sont les nouveautés sur le marché du livre. Cette foire est une très bonne idée. Même si depuis quelque temps les prix des livres ont baissé, ils continuent d’être inaccessibles à certaines catégories de personnes. En outre, si plusieurs éditions se réunissent pour exposer, l’offre est plus variée et, du coup, les chances de trouver des titres qui vous intéressent, sont plus grandes. »



    Ce sont toujours les prix accessibles et l’offre variée qui attirent cette autre lectrice aux foires du livre: « Je m’intéresse aux foires « Kilipirim » et « Gaudeamus », ainsi qu’à la foire d’été, depuis des années. C’est une bonne chose, surtout par ces temps-là. Important ou insignifiant, un discount est toujours le bienvenu. A présent, que l’on dispose de librairies en ligne, avant de me rendre aux foires, je jette un coup d’œil sur Internet, pour voir ce qui me manque. Ensuite, je visite les foires qui rassemblent tous les livres publiés, classés par thèmes. »



    Quant aux prix des livres, elle avoue qu’ils sont élevés, notamment pour certaines catégories sociales. Et il lui arrive d’acheter des livres qu’elle a déjà. Pourquoi ? « Pour les offrir. C’est un effort pour moi, mais ça me fait plaisir. Ce livre-là est pour mon amie, qui ne peut pas se permettre de l’acheter. Nous, les amies, nous regardons sur Internet, nous nous renseignons mutuellement. J’ai des amies plus âgées, qui sont à la retraite et qui ne sont pas connectées à Internet et je leur annonce toujours la date de cette foire.»



    De l’autre côté de la barricade se trouvent les éditeurs et les prix qu’ils pratiquent. Oana Boca-Stănescu: « J’ai travaillé pendant 9 ans dans une maison d’édition et je sais pourquoi les livres coûtent autant en Roumanie. Les tirages sont faibles et un cercle vicieux s’est créé: les gens ne se permettent pas de dépenser beaucoup d’argent pour les livres ou ne sont pas au courant des nouvelles parutions — car on publie énormément — et alors ils n’achètent pas. S’ils n’achètent pas, les tirages restent faibles. Alors les livres ont les prix qu’ils doivent avoir. Que cela nous plaise ou pas, les maisons d’éditions sont des entreprises et elles ne peuvent pas travailler à perte. Dans le prix d’un livre se retrouvent les coûts du papier, de la traduction (si c’est le cas), les salaires du rédacteur, de la personne qui s’occupe de la promotion du livre etc. »



    Organisée deux fois par an, au printemps et en automne, la foire des livres à prix cassés vient en aide aussi bien aux lecteurs qu’aux maisons d’édition, qui vendent ainsi plus de livres et gagnent des acheteurs. (Aut.: Christine Leşcu; Trad. : Dominique)

  • Projets visant la promotion de la lecture

    Projets visant la promotion de la lecture

    Le faible appétit des Roumains pour la lecture n’est pas sans effet sur le marché du livre imprimé, qui connaît une baisse progressive, se classant dernier dans l’UE. Ceci étant, différentes associations, bibliothèques et maisons d’édition mettent en place des projets censés encourager la lecture au sein du large public.



    La campagne « Roumanie, lis-moi! » a débuté l’année dernière dans le contexte où, en l’absence d’une stratégie nationale de développement de la culture écrite, l’industrie éditoriale a du mal à promouvoir le livre et la lecture. Lucia Ovezea, présidente de l’Association des Diffuseurs de Livres de Roumanie: « Différentes activités ont été prévues, à destination notamment des plus jeunes, car ce sont surtout eux qui doivent être attirés vers le livre et la lecture. Nous avons choisi les élèves de CM2 que nous avons invités à participer à un concours de lecture. Il a été organisé dans une cinquantaine d’écoles de Bucarest, dans toutes les écoles de la ville de Târgoviste, et dans la ville de Câmpina. Nous avons essayé de donner une dimension nationale à cet événement. Cette année, en l’absence de fonds suffisants, l’Association des diffuseurs de livres qui est en fait membre de la Fédération des éditeurs et diffuseurs de livres de Roumanie, a pris le relais et poursuivi cette campagne. Elle est parvenue à mobiliser plus d’une vingtaine d’écoles de la capitale. En mai, les enfants participeront à l’étape municipale, la remise des prix étant prévue, tout comme en 2013, dans le cadre du Salon du livre Bookfest. »



    Alors que les jeunes d’aujourd’hui passent la majeure partie de leur temps devant l’ordinateur, Victor Miron, un jeune de Cluj Napoca, a eu l’initiative d’une campagne visant à encourager la lecture sur Facebook. Intitulée « Les livres sur les visages », la campagne a eu comme point de départ le concept – selfie, prévoyant la création d’un « livre-selfie », soit une image où le visage de celui qui prend sa photo est dissimulé par le livre qu’il est en train de lire. L’initiative a rencontré un véritable succès, attirant de nombreuses appréciations. « Je suis arrivé à convaincre la librairie Bookstory de Cluj à faire des réductions de 10% aux personnes dont les profils sur Facebook les présentent en train de lire un bouquin. C’était en février et la nouvelle s’est répandue très vite. Le premier site annonçant cette remise a été aimé, en quelques jours seulement, par 2000 utilisateurs, ce qui témoigne de l’intérêt suscité par cette initiative. En plus, des centaines de personnes s’étaient déjà créé des profils pareils après la publication de ce premier article ».



    Mais Victor Miron ne s’est pas arrêté à ces profils selfie: « Notre intention a été de faire découvrir aux gens des livres dans des endroits inattendus. Ainsi, nous avons mis en place une bibliothèque dans un garage qui offre à ses clients un livre en échange. Selon le slogan de cette action, une voiture, aussi belle qu’elle soit, ne saurait procurer les sensations qu’un bon livre est à même de procurer à ses lecteurs. De même, un cabinet dentaire de Cluj Napoca a une offre inédite pour les clients qui aiment la lecture. Ces derniers peuvent bénéficier d’un discount de 10% du prix du traitement s’ils font un check-in Facebook au cabinet et précisent le livre qui les a fait sourire. Nos actions sont donc inédites et censés faire sortir les gens de la monotonie et les amener à parler des bouquins d’une façon intéressante. On sait que les gens réagissent très bien aux gratuités. C’est pourquoi nous avons proposé à la Mairie de Cluj que le premier dimanche du mois, le voyage en bus de tous ceux qui lisent un bouquin soit gratuit. Les autorités ont affirmé vouloir tester ce concept dans le cadre d’une Foire du livre et il a déjà été mis en place lors de la Journée internationale du livre. Quiconque avait sur soi un bouquin bénéficiait d’accès gratuit au Jardin botanique de Cluj Napoca. Dans ce cas aussi nous avons eu de très beaux résultats. L’annonce a été faite par une simple affiche sur Internet, visualisée en quelques jours seulement par 32 mille personnes, grâce à ceux qui ont partagé cette image annonçant la gratuité. 1230 personnes ont visité le Jardin botanique, ayant sur eux un bouquin ».



    Marquée le 23 avril, la Journée mondiale du livre est devenue au fil du temps un événement incontournable pour les Roumains passionnés de lecture. Rassemblements, lectures publiques, flashmobs – nombreuses furent les activités organisées pour loccasion et censées encourager la redécouverte du livre. Toutefois, les Roumains ne consacrent aux spectacles, au cinéma ou aux visites d’expositions quune heure et demie en moyenne par mois, la lecture ne bénéficiant que de 13 minutes par jour, ce temps diminuant avec lâge, relèvent des chiffres publiés par lInstitut national des statistiques. Lucia Ovezea explique: « Nous vivons dans un environnement mondialisé, il y a Internet, linformation circule énormément, les loisirs et les activités visant à développer limagination ont trouvé dautres débouchés. Il est tout à fait naturel, par conséquent, que la lecture ne tienne pas le pas, étant jugée obsolète ou même décédée par nombre de nos contemporains. Ainsi va la vie, il y a dautres générations… La lecture reste, néanmoins, très importante pour dautres personnes, pas moins nombreuses. Malheureusement, il sagit dun pourcentage moindre par rapport à dautres pays européens, mais cest ça la réalité. Globalement, le livre marque le pas ou même recule peu à peu, progressivement ».



    La réalité virtuelle conquiert progressivement les jeunes générations, les éloignant de la page écrite. Certes, il y a encore des livres qui suscitent toujours lintérêt des élèves – il sagit des manuels, mais pour combien de temps ? (trad. : Alexandra Pop, Andrei Popov)


  • Radio et livres

    Radio et livres

    La 20e édition de la Foire internationale du livre « Gaudeamus », organisée par la Société roumaine de radiodiffusion se déroule à Bucarest jusqu’à dimanche. Expositions, concours de lecture, mais aussi une foire du livre pour enfants et un salon national des inventions et de la création scientifique de la jeunesse, sont autant d’évènements figurant à l’agenda de la Foire.



    Radio et livre — une association inédite entre le mot qui une fois exprimé se perd et celui qui peut rester écrit noir sur blanc pour toujours ! Et pourtant, il y a 19 ans, la Société roumaine de radiodiffusion créait la foire du livre « Gaudeamus — livre du savoir », devenant ainsi jusqu’ici l’unique institution média d’Europe à organiser un tel événement culturel. Cette année, la 20e édition de Gaudeamus propose aux passionnés de la littérature sous toutes ses formes des milliers de titres roumains et internationaux, un programme intense d’événements et beaucoup, beaucoup de surprises de la part des maisons d’édition. Ecoutons le représentants de la maison d’édition Niculescu :« Niculescu propose à ses lecteurs un tas de nouveaux titres. Cette année, nous poursuivons la série d’atlas géographiques, de livres de culture générale, un nouveau titre de la série du Khaled Hosseini, auteur très connu, « Ainsi raisonne l’écho infini des montagnes. » // SON « Humanitas et Humanitas fiction affichent 70 nouveautés et un millier de titres », annonçait aussi le représentant des éditions Humanitas.



    Présent mercredi à l’inauguration de la Foire Gaudeamus, le ministre de l’Education nationale, Remus Pricopie précisait: « Le fait que nous avons ici les représentants des pays amis, que nous avons des livres du monde entier, prouve l’importance européenne de cette foire. Je félicite la Radio roumaine et je suis convaincu que les élèves et étudiants d’aujourd’hui se rappelleront avec plaisir chaque édition de la Foire du livre Gaudeamus », a déclaré Remus Pricopie. La foire du livre la plus ancienne, mais aussi la plus dynamique de Roumanie réunit sous la même toit 400 participants qui proposent 600 événements. L’invité d’honneur de cette édition est « Le groupe des pays du nord », réunissant le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède sous le slogan « Cool Nordic Bucrest ».



    Jeudi, diplomates et écrivains de ces pays ont milité pour un style de vie sain et choisi de faire une randonnée à deux roues à travers le pavillon central du centre d’expositions, en transportant des livres sur les vélos. Autre idée inédite, des écrivains roumains et étrangers, ainsi que plusieurs vedettes du show-biz roumain participent à un véritable marathon de la limonade. Disposant d’une tonne de citrons, ils prépareront de la limonade qui sera vendue pendant toute la durée de la foire. L’argent ainsi obtenu sera donné aux enfants malades de cancer.



    Rappelons aussi que le partenaire privilégié de cette édition est le Groupe des ambassades, délégations et institutions francophones de Roumanie qui marquent le 20e anniversaire de l’adhésion de la Roumanie à l’Organisation internationale de la francophonie par un espace consacré à la littérature francophone du monde…(trad. : Alex Diaconescu)


  • Le Festival international de littérature et de traduction de Iasi

    Le Festival international de littérature et de traduction de Iasi

    Une centaine dévénements, 200 invités du monde des livres, plus de 12.000 spectateurs — voilà le résumé statistique de la première édition du Festival international de littérature et de traduction de Iaşi (FILIT) – qui a eu lieu à la fin du mois doctobre. Des auteurs et des traducteurs prestigieux de littérature contemporaine ont partagé des expériences professionnelles diverses, ce qui a permis aux lecteurs passionnés de découvrir ce quest lécriture dun roman, comment vivre de la création littéraire, comment on peut devenir un traducteur à succès.



    Le Festival international de littérature et de traduction a prouvé, dès sa première édition, quil a sa place parmi les plus importants événements du genre du monde de la culture – une affirmation qui appartient à Ulrich Schreiber, fondateur et directeur du Festival international de littérature de Berlin, une des plus grandes manifestations culturelles dEurope. “Le public a été extraordinaire, la presse internationale a été quelque peu prise de court puisque personne nimaginait quune telle chose puisse être possible à Iaşi, ville dont on entendait parler pour la première fois.



    Moi-même, jai été étonné.”, disait lécrivain Dan Lungu, manager du FILIT, lorsquil a remercié les bénévoles et léquipe organisatrice. “Bref, cet événement est allé loin au-delà de mes attentes, la solidarité des institutions autour du projet a été extraordinaire, le public a été nombreux, la presse – active et appliquée. Cest un festival professionnel, qui vise très haut et qui jouit également dune très large participation. Je peut dire que le FILIT na rien à envier aux grands festivals dEurope.”



    Lécrivaine Florina Ilis. ”Au deuxième jour du festival, nous avons rencontré les élèves du Lycée Mihai Eminescu, et à Paşcani, lécrivain Radu Pavel Gheo a participé à une lecture de texte, suivie dun débat avec des lycéens de la ville. Moi, jai essayé dêtre présente à un maximum dévénements, car il ma été impossible de participer à tous. Ils en ont été nombreux, très bien organisés, ce qui a rendu le choix très difficile.”



    Le poète Mircea Dinescu avait lui aussi répondu à lappel des organisateurs du Festival international de littérature et de traduction de Iaşi. “Cétait sympa, il y a eu beaucoup de monde qui a vibré à ma lecture et à mes propos. La rencontre a été assez gaie, ce qui nest pas la règle; dhabitude les réunions de ce genre sont plutôt ennuyeuses et moi, je ne supporte pas ça. Je naime pas ennuyer les gens avec de longs poèmes, qui ne sont pas faits pour être lus devant un public. Il existe une diversité de genres poétiques, certains se prêtent à une lecture publique, dautres non. Jai aussi apprécié la diversité des structures et des écritures poétiques, tout a été très bien.”



    Lécrivaine Adriana Bittel. “Moi, je crois que ça a été une grande réussite, de par la qualité des écrivains invités et de lintérêt surprenant du public. Jai trouvé extraordinaire de voir, lors de certaines séances de lecture ou de rencontres, des centaines de gens venus connaître les écrivains et acheter leurs livres. Or, cet intérêt est lultime satisfaction de tout auteur. Les organisateurs du festival ont fait un travail extraordinaire et je peux me déclarer heureuse.”



    Choyés pendant tout le festival, les jeunes ont eu le dernier mot : un jury de 20 élèves des meilleurs lycées de Iaşi, a élu “le livre le plus aimé de lannée 2012”, un projet de lInspection scolaire départementale Iaşi. “Le Festival international de littérature et de traduction existe parce que la littérature roumaine le vaut bien. Cest une très bonne période pour les livres des auteurs roumains, tout comme pour les films de Roumanie, malgré les temps économiquement difficiles que nous vivons”, pense le traducteur néerlandais Jan Willem Bos. La traductrice française Laure Hinckel a apprécié elle aussi la qualité de ce qui sest passé à Iaşi: “Je salue lexistence de ce festival.



    Le FILIT est organisé en province, sans lappui du centre, cest un festival porté par de nombreux bénévoles et par des programmes conçus effectivement pour le destinataire, pour le lecteur, surtout pour les jeunes.” (trad. : Ileana Taroi)