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  • Traditions pour le Nouvel An

    Traditions pour le Nouvel An

    Parmi les vœux traditionnels formulés à lapproche du Nouvel An, une coutume est appelée la Petite Charrue. Des groupes de jeunes, munis de fouets, de clochettes et dinstruments rudimentaires, vont dune maison à lautre souhaiter aux villageois de la bonne santé, de la bonne chance et beaucoup dabondance pendant la nouvelle année. La Petite Charrue est un rituel magique de facture agraire. Elle saccompagne toujours de cris, de claquement de fouets et du son des clochettes. Jadis, les jeunes et les adultes, qui accomplissaient ce rituel, emportaient avec eux une vraie charrue tirée par des bœufs. De nos jours, ils lont remplacée par une charrue en miniature et par un instrument rudimentaire qui imite le beuglement des bœufs. Le texte de La petite charrue a perdu aujourdhui son caractère dincantation magique. Il est récité dans un rythme alerte, les vœux devenant de plus en plus gais et optimistes à mesure quils approchent de leur fin.





    Dans les villages de Bucovine, dans le nord-est du pays, les jeunes portent des masques. La coutume de lOurs est à rencontrer en Moldavie. Lours est figuré par un jeune homme portant sur sa tête et ses épaules la peau dun ours avec des pompons rouges aux oreilles. Lours est accompagné par un cortège de musiciens et de personnages, dont éventuellement un enfant jouant le rôle de lourson. Au son du tambour ou dans les sonorités de la flûte champêtre, le personnage masqué grogne et imite la marche balancée de lanimal, frappant le sol avec ses pieds. La signification de cette tradition est la fertilisation du sol pour la nouvelle année. Un culte thrace se trouverait à lorigine de cette coutume.



    Eugen Amaria, qui est le meneur dun tel groupe de la commune de Preuteşti, du département de Suceava, nous décrit cette coutume : « Ça se passe de la façon suivante : un groupe dhommes habillés en ours entre en scène ; ils savancent sur leurs coudes et leurs genoux, ensuite ils se lèvent sur deux pattes, ils meurent. On prononce des incantations, lours retourne à la vie, puis il danse. Nous sommes un groupe de13 personnes. Nous fabriquons les costumes nous-mêmes en peau de mouton. Chacun le travaille à sa guise. Nous sommes accompagnés par des musiciens, qui portent, eux, des costumes traditionnels du coin. Nous commençons à parcourir le village le 31 décembre. Cette coutume chasse les mauvais esprits et attire des esprits bénéfiques pour la nouvelle année. »





    Cosmin Rusu, de Dolheşti, département de Suceava, fait partie du groupe des « Tziganes », une autre coutume spécifique de la Bucovine : « Je suis le « Tzigane » – personnage dune danse traditionnelle conservée depuis les temps les plus anciens. Cest une danse par laquelle on accueille les fêtes de fin dannée. Lorsque les « Tziganes » sont là, les fêtes sont là aussi. »





    La Chèvre est une autre danse rituelle pratiquée entre Noël et le Nouvel An. La Chèvre est surtout spécifique de la Moldavie, des masques figurant dautres animaux étant à rencontrer dans dautres régions du pays : le cerf dans la contrée de Hunedoara ou le bufflon en Transylvanie du Sud.





    Le masque de la Chèvre est fabriqué dune pièce en bois taillée pour ressembler à la tête de lanimal. Cette pièce en bois est prévue dune partie mobile, que le personnage figurant la Chèvre fait claquer au rythme de la musique. Selon les ethnologues, la danse de la chèvre, ainsi que dautres danses utilisant des masques zoomorphes – les chevaux ou les taureaux – pratiquée dans les villages roumains à loccasion des fêtes de fin dannée proviennent de cérémonies sacrées archaïques.





    Une coutume pittoresque sest conservée à Cavnic, au Maramureş, dans lextrême nord du pays, celle des Brondoşi. Ioana Petruţ, manager de la Maison de la culture de Cavnic, explique : « On dit que dans le passé, les gens des parages portant des masques ont chassé les Tatars qui avaient attaqué la bourgade de Cavnic en 1717. Les Tatars se sont enfuis, effrayés, ne sachant pas qui ils affrontaient. Depuis, les habitants de Cavnic ont gardé cette coutume, seulement, à présent, on ne chasse plus les Tatars, mais les mauvais esprits. La plupart des jeunes gens parcourent les rues du village portant des habits de Brondoşi. »





    Le matin du 1er janvier est réservé aux tous petits, qui vont dune maison à lautre, munis dune petite branche ornée de rubans, appelée Sorcova, dont ils touchent tous les membres de la famille, en chantant une petite chanson pour leur souhaiter une année prospère. Pour les remercier de leurs vœux, les gens leur offrent des bretzels, des noix, des pommes, des sucreries ou de largent. (Trad. : Dominique)

  • Les masques traditionnels et les rituels hivernaux

    Les masques traditionnels et les rituels hivernaux

    Le plus spectaculaire entre tous est sans doute la coutume dite du « colindat », pendant laquelle des groupes d’hommes masqués font du porte à porte. Inclus dans le patrimoine culturel de l’UNESCO, le « colindat » de groupes d’hommes de la contrée de Maramures et non seulement témoigne de l’importance de la préservation de ce rituel dans son ensemble, depuis la danse proprement-dite jusqu’aux accessoires utilisés.

    Natalia Lazăr, directrice du Musée du Pays d’Oaş, nous aide à comprendre l’histoire et la signification du masque, en tant qu’objet rituel et pièce du costume traditionnel:Au début, ce sont de simples outils rituels servant à la protection et utilisés pendant les travaux. Devenus, avec le temps, des instruments complexes, ils serviront aux représentations mythiques et ludiques. Les masques traditionnels feront leur apparition au moment où les masques primitifs perdent leur caractère essentiellement rituel. Les premières mentions des masques traditionnels utilisés par les habitants de l’espace compris entre les Carpates, le Danube et la Mer noire remontent au IVe siècle, à l’époque des empereurs romains Dioclétien et Maximilien. Ces masques sont évoqués dans le contexte d’une vieille coutume appelée les Saturnales célébrant le dieu Saturne. Dans son Descriptio Moldaviae, « Description de la Moldavie », le chroniqueur Dimitrie Cantemir parle lui aussi des masques portés par les hommes du groupe de danseurs appelés « căluşari ». Des documents des XVIIe et XVIIIe siècles mentionnent d’autres coutumes impliquant l’emploi de masques, telles les incantations pour faire tomber la pluie, connues sous le nom de « paparuda »,« ‘La mer des pluies » et « caloian » ou encore celle de « dragaica », correspondant à la Nuit de la Saint Jean. Cette dernière consiste en une danse exécutée à l’occasion du mûrissement des récoltes et du blé, en général le 24 juin. A compter de la seconde moitié du XIXe siècle, les danses masquées paysannes commencent à être décrites par les spécialistes.
    Les masques utilisés à l’occasion des coutumes d’hiver et des traditions de Noël et de Nouvel An, sont devenus emblématiques pour l’ensemble de l’espace roumain, précise notre interlocutrice Natalia Lazăr : Dans cette période de fin d’année, on pratique le « colindat », pendant lequel on porte des masques. Cette vieille coutume pré chrétienne se superpose avec celle des temps chrétiens. On la rencontre y compris dans toutes les quatre zones ethnographiques de la contrée de Maramureş. Du 20 décembre, date à laquelle on pratique le sacrifice rituel du cochon, jusqu’à Noël et même jusqu’au Jour de l’An, les jeunes hommes dansent en portant des masques de chèvre, d’ours ou d’autres animaux totémiques. La coutume du sacrifice du cochon est une des fêtes païennes qui ont perduré dans le calendrier du paysan roumain. De nos jours, l’accent est mis surtout sur le volet spectaculaire, socioculturel et suppose la présence d’un meneur de jeu, des accessoires et bien évidemment de la hôte.
    Au Maramures, plus précisément dans les villages qui longent la Vallée de l’Iza, de la Mara et même ceux du Pays d’Oas, les habitants préservent soigneusement la coutume dite du Viflaim, une forme de théâtre populaire chrétien, représentant la Nativité. Une autre tradition est celle de la danse des Vieux, qui renvoie à un temps sacré, où les portes du ciel s’ouvrent pour permettre la communication entre les deux mondes.