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  • Le monastère de Dragomirna – prix du patrimoine européen de l’UE

    Le monastère de Dragomirna – prix du patrimoine européen de l’UE

    La cérémonie de remise des prix du patrimoine culturel de l’UE/Concours Europa Nostra aura lieu le 5 mai au Burgtheater de Vienne. Les prix seront remis par la commissaire européenne à la Culture, Androulla Vassiliou, et le grand ténor et président d’Europa Nostra, Plácido Domingo. Parmi les 27 lauréats, choisis sur 160 projets sélectionnés dans 30 pays, on retrouve aussi un projet roumain récompensé dans la section Conservation: la restauration des fresques du 17e siècle du monastère de Dragomirna, du département de Suceava.



    L’équipe ayant réalisé les travaux de restauration a regroupé 50 professionnels et étudiants, coordonnés par Carmen Solomonea, maître de conférences à l’Université d’Art « George Enescu » de Iasi, dans l’Est de la Roumanie. Ce sont eux qui ont d’ailleurs eu l’initiative de participer à ces prix.



    Carmen Solomonea: « Notre but à été de promouvoir un travail très intéressant et un monument de Roumanie, dont les fresques ont été restaurées pour la première fois depuis 400 ans. Au début, on n’avait pas imaginé qu’il compterait parmi les lauréats, vu qu’il s’agit d’une compétition très serrée. Les critères sont assez durs et présupposent de hautes compétences; on promeut aussi bien les travaux sur des sites de patrimoine anciens que la qualité des travaux proprement-dits. Le projet doit en faire la preuve ».



    Le monastère de Dragomirna est un ensemble fortifié important, situé à 12 kilomètres au nord de la ville de Suceava. Ses fresques, vieilles de plus de 400 ans et d’une valeur à part, ont été restaurées pour la première fois dans le cadre de ce projet.



    Carmen Solomonea, maître de conférences à l’Université d’Art « George Enescu » de Iasi, explique: «On a du mal à dater ce monastère, car Dragomirna ne dispose pas d’une inscription votive, comme c’est le cas d’autres lieux de culte. Toutefois, les documents de l’époque nous apprennent que le métropolite et fondateur de l’église, Anastasie Crimca, n’aurait pu lancer les travaux pour la réalisation de ces fresques que jusqu’en 1629, car après cette date il n’était plus en son pouvoir de le faire. Par conséquent, ces fresques recouvrant le naos et l’autel datent du début du 17e siècle. Aucune autre fresque n’est à retrouver dans les autres pièces. A l’époque, il était difficile de procurer de grandes quantités de couleurs ou encore de l’or — car près d’un tiers de la superficie peinte était couverte d’une feuille d’or, de pierre sculptée — sur laquelle les peintres ont appliqué une couche fine de fresque, décorée d’éléments floraux, d’oiseaux. C’est ce qui fait la différence entre les fresques de Dragomirna et celles d’autres monastères. Il propose un répertoire un peu différent, plus récent. C’était peut-être l’influence des temps qui allaient venir, une influence probablement occidentale dont font état ces éléments sculptés et peints. »



    Accroître la visibilité du site a été un des critères pris en compte par le jury pour désigner les projets gagnants. Selon Carmen Solomonea, l’impact du projet s’est déjà fait sentir dès la période de restauration, entre août 2010 et mars 2012 : « Avec cette première restauration des fresques, l’image a changé. Avant, elles étaient entièrement couvertes d’une couche opaque de suie et de poussière accumulées au fil du temps, à travers laquelle on ne pouvait pas bien voir les peintures murales. A présent, on peut même lire le programme iconographique. Après la fin des travaux, nous avons constaté un changement dans la visibilité du monastère — et c’est ce qui m’a déterminée à l’inscrire dans la compétition pour les prix Europa Nostra. Moi, j’ai travaillé également pour quelques autres monuments de Bucovine, mais leur promotion était déjà assurée. Par contre, le monastère de Dragomirna n’était pas intégré à un itinéraire et il n’était pas suffisamment connu. Or, ce monastère est différent des autres, car il a été construit à une époque marquant un tournant dans la civilisation et dans les mentalités de la société. On se dirigeait à grands pas vers l’époque moderne, même si c’était à peine le début du 17e siècle. Pendant la restauration du monastère, beaucoup de groupes auraient souhaité le visiter. Nous nous sommes donc attendus à ce qu’une fois les travaux terminés, un grand nombre de personnes affluent vers le monastère. Et, en effet, il y a eu plus de groupes après la restauration, par rapport au nombre habituel de touristes. La direction du monastère a confirmé que l’établissement jouissait à présent d’une meilleure visibilité. La promotion du monastère doit continuer. Il existe déjà un projet pour la réalisation d’une monographie illustrée de l’église, où doit figurer également cette partie restaurée. Pendant la restauration et après, on a pris des photos de toutes les peintures murales, pour les insérer dans cette monographie. »



    Les gagnants de cette année du concours « Les prix du patrimoine culturel de l’UE / Concours Europa Nostra » rejoignent les 360 lauréats reconnus par la Commission européenne et Europa Nostra depuis 2002.



    Les jurys de spécialistes indépendants provenant de l’ensemble de l’Europe évaluent les projets nominalisés dans les 4 catégories : conservation, recherche, contribution exemplaire, éducation et sensibilisation du public. Tous les gagnants se voient décerner une plaquette ou un trophée. Les 6 gagnants du « grand prix » reçoivent également 10 mille euros .(Trad. : Alexandra Pop, Dominique)


  • Le monastère de Hurezi

    Le monastère de Hurezi


    Le monastère de Hurezi est situé dans la localité de Horezu, du comté de Vâlcea, dans le sud de la Roumanie. Il a été construit par les soins de Constantin Brancovan en 1689, deuxième année de son règne. Le monastère devait également servir de nécropole à la famille princière. Le prince Constantin Brancovan et ses quatre fils ont été décapités sur ordre du sultan, il y a 300 ans, pour avoir refusé de se convertir à l’Islam.



    Le voïvode a été canonisé par l’Eglise Orthodoxe Roumaine, en hommage à son martyre et à la longue paix qu’il a réussi à instaurer en Valachie. Durant les 25 années de calme pour le pays, de nombreux lieux de culte et palais ont été érigés et un nouveau style architectural est apparu, connu depuis lors sous le nom de « brancovan ». Le monastère de Hurezi est le premier édifice construit dans ce style.



    Plus de détails avec le guide du monastère, Soeur Ecaterina Olteanu. « Le règne de Constantin Brancovan a été non seulement très long, mais aussi et surtout très calme. Si le pays n’a pas connu de guerres tout ce temps-là c’est grâce aux qualités de bon diplomate de ce voïvode. Constantin Brancovan a profité de cette longue période de paix pour s’occuper des problèmes économiques, culturels et religieux du pays. Après la bataille de Zărneşti, en Transylvanie, la seule jamais menée pendant son règne, Constantin Brancovan fait construire le monastère de Hurezi. Quatre ans avant son sacre, il avait acheté les domaines de Huhurezi. Leur appellation renvoie aux hululements des hiboux qui perçaient le silence des forêts couvrant ces terres. »



    Pour faire ériger ce lieu de culte, Constantin Brancovan a fait venir les maîtres artisans les plus doués: peintres, maçons, tailleurs de pierre et de bois, dont les noms et portraits sont visibles même de nos jours sur les murs de l’église. C’était pour la première fois que l’on connaissait leur identité, car, jusque là, la tradition voulait qu’ils restent anonymes. Hurezi est en fait un ensemble d’édifices de différentes tailles, ayant chacun sa propre signification ou valeur artistique. Sœur Ecaterina Olteanu nous fait faire le tour du monastère. « La porte principale donne sur les jardins. Le visiteur empruntera une allée bordée de noyers avant d’entrer dans la deuxième enceinte où se trouve aussi une des fontaines de Hrisant, un des supérieurs du monastère. C’est lui qui fit ajouter sur le flanc ouest du monastère un nouveau corps de bâtiments. Vient ensuite l’enceinte, qui abrite l’église. Il y a aussi quatre ermitages, orientés aux quatre points cardinaux. Celui du sud sert d’église du village. Comme tous les vieux monastères, celui de Hurezi abrite aussi une infirmerie, fondée par l’épouse du prince et où les nonnes et les moines se soignaient avec des remèdes naturels, car il n’y avait pas d’hôpitaux à l’époque. Si les ermitages sont visitables, l’infirmerie ne l’est pas, vu son état actuel. »



    Ce qui attire le plus les visiteurs c’est l’église du monastère de Hurezi, qui se fait remarquer par ses éléments artistiques originaux. « Avant d’entrer dans l’église, on voit l’exo narthex. Sur élargi, tout comme le pronaos et orné de belles peintures, il repose sur 10 colonnes. Ce type d’exo narthex et le naos recouvert de peinture brancovane sont à retrouver également au monastère de Cozia. D’autres monastères, qui longent la Vallée de l’Olt, témoignent de ce style. Il s’agit du monastère dit « d’un seul bois », ainsi que de ceux de Bistriţa et de Surpatele. La construction de ce dernier on la doit à Marie, l’épouse du prince Constantin Brancovan. A Hurezi, on peut observer aussi les influences de l’architecture extérieure du monastère de Curtea de Argeş. Et je me réfère aux deux clochers qui surplombent le naos et le pronaos et à la belle décoration florale. Cette dernière se présente sous la forme d’un bandeau sculpté qui ceint les façades. Quant aux fenêtres, l’encadrement d’en bas est lui aussi sculpté, tandis que celui d’en haut est fait de stucages arrondis. »



    Un autre élément qui attire l’attention est l’iconostase haute de 10 mètres, sculptée en bois de tilleul et recouverte d’or. Le monastère de Hurezi, qui a abrité des moines jusqu’en 1872 et puis des nonnes, est le plus vaste ensemble architectural moyenâgeux de Valachie. Il figure sur la liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO…(trad. : Mariana Tudose)


  • Michel Minouflet (France) – le monastère Mihai Voda de Bucarest

    Michel Minouflet (France) – le monastère Mihai Voda de Bucarest

    Erigé en 1594, du temps du prince régnant Michel le Brave, Mihai Voda en roumain, le monastère homonyme figure parmi les édifices les plus anciens de la capitale roumaine, Bucarest. Il fut tour à tour résidence princière, hôpital militaire, école de médecine pour que de nos jours il n’en reste que l’église et son clocher. Construit au XVIème siècle en haut d’une colline appelée par la suite la Colline Mihai Voda, le monastère allait devenir vers le début du XIXème siècle l’un des monastères les plus importants du pays. Il a été bâti sur les lieux d’un ancien monastère datant de 1433 qui, dit la légende, aurait abrité une icône miraculeuse. C’est d’ailleurs devant cette icône que le prince régnant Michel le Brave a prêté serment de faire construire le monastère qui allait porter son nom.



    Une légende dit que Michel, avant de devenir prince de Valachie, fut accusé par le voïvode Alexandru Voda dit le Méchant d’avoir orchestré un complot afin de s’emparer du pouvoir. Par conséquent, il fut arrêté et condamné à mort par décapitation. Le jour de l’exécution, le cortège passa devant un monastère construit aux pieds de la Colline de Spirei et Michel voulut y entrer pour prier. Les gardes acceptèrent ce dernier vœu et donc le condamné jurait qu’il allait ériger une sacrée demeure si Dieu fait un miracle pour empêcher l’exécution. La légende dit que 12 boyards ont déposé une garantie en or en faveur de Michel et que le prince Alexandru Voda a accepté de lui accorder son pardon. Du coup, Michel a tenu sa promesse et a ordonné la construction du monastère connu de nos jours sous le nom de Mihai Voda.



    Au XVIIe, le monastère se voit offrir différents dons de la part des voïvodes et sa beauté ne passe pas inaperçue aux yeux des étrangers qui visitent la Valachie. Les documents historiques parlent de la visite du Patriarche d’Antioche venu en terre roumaine accompagné par Paul d’Alep. Ce dernier a affirmé que le monastère était « magnifique et glorieux ». D’ailleurs, à compter de 1775, les princes régnants ont souhaité se rapprocher de Dieu et ils aménagèrent leur cour près du monastère. Malheureusement, un terrible incendie a dévoré cette nouvelle cour royale connue dans l’histoire sous le nom de la « La Cour brûlée ».



    Considéré le long des siècles comme un véritable joyau d’architecture du XVIe siècle, magnifique symbole de la foi chrétienne orthodoxe figurant parmi les édifices les plus représentatifs de la capitale roumaine, le monastère Mihai Voda fut menacé de disparition à l’époque communiste. De 1977 à 1989, Ceausescu fit détruire une vingtaine des 365 églises de Bucarest dont 9 classées monuments historiques. Huit autres édifices religieux ont été translatés derrière des grands HLMs afin que les habitants de la ville ne les voient plus. Parmi eux, l’église Mihai Voda. Léglise pesant 3100 tonnes a été déplacée, à grands frais, de 250 mètres après avoir été surélevée par des vérins et posée sur des rails. Le monastère dont elle était léglise a, quant à lui, disparu.

  • Le monastère Mraconia

    Le monastère Mraconia

    Dans l’ouest de la Roumanie, à son entrée en Roumanie, le Danube forme un superbe défilé. La zone s’appelle « Cazanele » (les Chaudrons) et se trouve près de la célèbre centrale hydroélectrique « Les Portes de fer 1 », la plus grande sur le Danube et dont la construction remonte aux années 1960. Toutefois, plusieurs sacrifices ont été faits pour qu’elle soit édifiée : le relief a été modifié et plusieurs habitats humains ont été détruits. L’exemple le plus éloquent est celui d’Ada-Kaleh, une île sur le Danube habitée par une communauté turque fleurissante qui fut évacuée avant que l’île ne soit submergée par les eaux du Danube, suite aux travaux de construction de la centrale. Située dans la même région, le monastère Mrăcunia a connu le même sort.



    A présent, tout près de l’endroit où se trouvait l’ancien lieu de culte, est érigé un autre, nouveau. Situé à 15 kilomètres de la localité d’Orsova, le monastère appelé Mraconia est à retrouver dans la zone Cazanele. Le prêtre Viorel Vlàducu, porte-parole de l’Evêché de Severin et de Strehaia, nous parle de l’ancien et du nouveau monastères : « Mraconia ou Mrăcunea signifie « lieu caché ». Ce monastère a connu toutes les hostilités de l’histoire, depuis les pillages des envahisseurs à la disparition, englouti par les eaux du fleuve, en passant par le paiement du tribut aux autorités étrangères. Endommagé durant la guerre russo — austro — turque, entre 1787 et 1792, le monastère a été par la suite refait avant d’être démoli en 1967. Les ruines de l’ancien monastère sont à présent inondées par les eaux. Après la révolution, l’Archevêché d’Olténie a eu l’initiative de construire un nouveau lieu de culte.»



    L’ancien monastère fut pour la première fois attesté dans les documents officiels en 1452, année de la chute de Constantinople, lorsque les moines de Mràcunia ont trouvé refuge à Orsova, selon une chronique de l’époque. En 1523, le lieu de culte passait sous la juridiction de l’Evêché de Vârset, à l’initiative de Nicola Gârlisteanu, gouverneur militaire de la région de frontière Caransebes – Lugoj. Le prêtre Viorel Vlàducu détaille: «Le saint patron choisi pour cette église fut le prophète Elie. Le chroniqueur Nicolae Stoica de Haţeg écrivait, dans une chronique de 1829, que, par peur des Turcs et surtout après la bataille de Varna et la prise de Constantinople, en 1453, les moines de Mraconia se sont réfugiés à Orşova. Au fil du temps, le monastère s’est dégradé; pourtant, en 1788, il était toujours habité et en 1800, le crépi était toujours visible. En 1823, le sceau du vieux monastère, portant une intéressante inscription en vieux slave, fut retrouvé dans les ruines du lieu de culte. En 1853, on fit une autre découverte intéressante : une icône de la Vierge, présentée par la suite à une exposition, à Vienne, grâce à un peintre de Munich. C’est en 1931 que l’on décida de reconstruire ce monastère. En 1947, l’église était rebâtie. »



    Cette fois-ci elle allait résister 20 ans seulement. En 1995, l’archevêché d’Olténie a pris la décision de reconstruire le monastère à proximité de l’ancien lieu de culte. Erigée au sommet d’un des rochers qui bordent les gorges du Danube à la hauteur des Chaudrons, l’église était, jadis, très difficile d’accès. A présent, c’est différent. Le père Viorel Vlăducu. « Si, jadis, l’endroit était très difficile d’accès, à présent, une route pittoresque longeant la rive du fleuve, lie Orşova et Moldova Nouă, de sorte que beaucoup de pèlerins peuvent s’y rendre sans difficulté. Ce qui arrive, d’ailleurs, depuis longtemps, car la zone des Chaudrons compte parmi les plus pittoresques du pays. En outre, lactuel monastère Mraconia est situé sur l’emplacement de l’ancien point d’observation et de guidage des bateaux naviguant sur le Danube, car les gorges très étroites du fleuve ne permettait pas le passage de plus de deux bateaux à la fois. »



    Il convient d’ajouter que plusieurs sites touristiques se trouvent à proximité du monastère, dont le portrait de Decebal — roi des Daces, nos ancêtres — sculpté dans la paroi rocheuse, et l’inscription TABULA TRAIANA, qui se trouve, en fait, sur la rive serbe du fleuve et qui rappelle le passage de l’empereur romain Trajan, en route vers la conquête de la Dacie. (Trad. : Alexandra Pop, Dominique)

  • Prix européen pour le monastère de Dragomirna

    Prix européen pour le monastère de Dragomirna

    Humor, Sucevita, Moldovita, Voronet – la renommée de la Roumanie à l’étranger doit beaucoup à ces monastères inscrits au patrimoine de l’Unesco. La région du nord-est de la Roumanie où se trouve aussi la province de Bucovine, figurent parmi les plus recherchées aussi bien par les touristes roumains qu’étrangers. Ils sont notamment fascinés par le nombre impressionnant d’églises ainsi que par la qualité exceptionnelle des fresques intérieures et extérieures, qui datent depuis le Moyen Age. Peintes en couleurs uniques, associées dans certains cas à leurs noms, tels « le bleu de Voronet » ou « le rouge de Humor », les monastères de Bucovine continuent de fasciner de nos jours encore, bien que des centaines d’années se soient écoulées depuis leur construction.



    C’est aussi le cas du monastère de Dragomirna, une église située à 12 kilomètres de la ville roumaine de Suceava. Ce lieu de culte figure parmi les gagnants de l’édition 2014 du prix du patrimoine culturel de l’UE pour ses fresques bien conservées du naos et de l’autel datant du 17e siècle. Les noms des lauréats ont été révélés jeudi par la Commission européenne et l’Association Europa Nostra qui promeut la conservation du patrimoine culturel et naturel européen et dont le président est le célèbre ténor Placido Domingo. Les 400 ans d’existence n’ont pas été sans effets sur la qualité et la visibilité des fresques de Dragomirna, la tâche de l’équipe de restauration formée de 50 professionnels et étudiants de différents pays, s’avérant de ce fait très ardue. Le jury s’est dit profondément impressionné par le haut niveau de professionnalisme ainsi que par le fait que la restauration a pris peu de temps.



    Le chef de la Direction culturelle Suceava, Aurel Buzincu explique: « Le monastère de Dragomirna a bénéficié ces dernières années d’un projet de financement de l’UE, aux côtés des monastères de Moldovita et de Sucevita. Les fonds ont été destinés à plusieurs travaux, y compris de modernisation. On a aussi nettoyé et restauré la peinture du naos, une peinture fort intéressante qui se présente actuellement très bien ».



    Les 27 lauréats ont été choisis parmi 160 projets sélectionnés dans 30 pays. Sur ceux, six lauréats recevront chacun un «grand prix», dune valeur de 10 000 euros, et lun des lauréats se verra décerner le prix du public à lissue dun vote en ligne organisé par Europa Nostra. La cérémonie de remise des prix aura lieu le 5 mai au Burgtheater à Vienne, sous le patronage du président de lAutriche, Heinz Fischer. Androulla Vassiliou, la commissaire européenne à l’éducation, à la culture, au multilinguisme et à la jeunesse et Plácido Domingo, le grand ténor et président d’Europa Nostra, remettront ensemble les récompenses. «Le patrimoine de lEurope est lun de nos biens les plus précieux », a souligné la Commission européenne.



    Les prix bénéficient du soutien du programme Culture de lUnion, qui a investi près de 40 millions d’euros dans le cofinancement de projets consacrés au patrimoine entre 2007 et 2013. Le nouveau programme Europe créative, doté dun budget de près de 1,5 milliard deuros pour les sept prochaines années continuera de soutenir des projets de coopération transnationale dans le domaine du patrimoine culturel. (trad.: Alexandra Pop)

  • Entre Noël et le Nouvel an

    Entre Noël et le Nouvel an

    En Roumanie, où plus de 90% de la population se déclare de religion chrétienne, selon le dernier recensement de 2011, Noël est le second plus important événement religieux de l’année après Pâques. Noël est une fête de la famille, réunie autour du sapin richement décoré ; c’est un moment de partage, avec des cadeaux et des plats traditionnels, dans une atmosphère de paix et de bonheur. A Noël, des groupes de chanteurs annonce la naissance de l’enfant Jésus à travers des cantiques et de coutumes qui mériteraient bien une place au patrimoine culturel de l’humanité.



    Bien des Roumains ont profité des deux jours fériés pour des escapades enneigées, à plus de 2.000 m d’altitude dans les Carpates méridionales, par exemples ; à Bâlea-Lac les attendait le seul hôtel de glace du pays, construit cette année en style baroque. De nombreux fidèles ont assisté à la messe de Noël, officiée dans la Cathédrale du Patriarcat orthodoxe ou dans celle de l’archevêché catholique de Bucarest. Le patriarche orthodoxe Daniel a exhorté les Roumains à ne pas perdre la richesse de la foi et de la générosité, tandis que l’archevêque romain catholique Ioan Robu les a invités à méditer à la parole de Dieu.



    Au deuxième jour de Noël, des centaines de fidèles orthodoxes ont participé à la fête de la Vierge Marie et de Saint Nicodème, patrons du monastère de Tismana. Erigé au 14e siècle, celui-ci est un des établissements monacaux les plus anciens se trouvant sur le territoire roumain.



    Dans le même temps, les quelque 1200 militaires roumains se trouvant sur les théâtres d’opérations extérieurs ont eux aussi fêté Noël, mais dans des conditions spécifiques — à savoir en Afghanistan, en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo ou sur le continent africain.



    Comme à l’accoutumée, Noël est également un moment de vœux. Dans un message à l’occasion de Noël, le président de la Roumanie, Traian Băsescu, a souhaité à tous ses compatriotes de passer de joyeuses fêtes, mais aussi de penser à tous ceux qui ont besoin de compassion et de solidarité. Joyeux Noël est également le vœux adressé aux Roumains par le premier ministre Victor Ponta ainsi que par l’ancien souverain roumain, Michel Ier. Dans un message, l’ancien monarque européen le plus longévif estime que 2013 a été une année des réussites, malgré les traces laissées par la crise économique. Michel Ier s’est également félicité de la force des jeunes générations de Roumains qui font preuve « de vigueur et de talent ».

  • Le portrait du pèlerin 2013

    Le portrait du pèlerin 2013

    Chaque année, à la mi-octobre, des centaines de milliers de personnes se dirigent vers la ville de Iaşi, pour le fête de Sainte Parascève, ensuite, le 26 octobre, vers Bucarest, pour la Saint Démètre. D’autres lieux s’ouvrent aux pèlerins tout au long de l’année : Nicula, dans le comté de Cluj, pour la Sainte Marie, Prislop, dans le département de Hunedoara, fin novembre et les monastères de Bucovine, tous les jours de l’année.



    Les télévisions ne ratent pas le sujet et d’un endroit à l’autre et d’une année à l’autre, les nouvelles se ressemblent : foules, plats traditionnels, espoirs, un peu d’hypocrisie, petits miracles et thé chaud, gendarmes et personnes venues de tous les coins du pays.


    Qu’est-ce qui pousse tous ces gens-là à se diriger vers les églises et les monastères ? Pourquoi s’empressent-ils autour des châsses contenant les reliques des saints ? Pourquoi les Roumains font-ils des pèlerinages ?



    Voilà quelques questions auxquelles le chercheur Mirel Bănică tâche de réponde depuis plusieurs années : « D’habitude, le pèlerin est une femme de plus de 60 ans, le plus souvent elle est retraitée, et sa situation financière est modeste. Ses enfants sont partis, souvent le mari est décédé. Elle vit seule et de temps en temps, elle part en pèlerinage avec un groupe de voisines ou d’amies. Le plus souvent, elle prend l’autobus ou le minibus, c’est pourquoi, je les appelle, non sans une certaine malice, « pèlerins d’autocar ». Le pèlerin traditionnel, rural est bien mort. C’est que les villages sont vieillis, dépeuplés, touchés par la migration. La belle pèlerine qui se rendait en charrette dans un lieu saint, avec ses enfants, avec ses frères et ses sœurs, pour la fête patronale d’un monastère, par exemple, est en voie de disparition. Une nouvelle couche de pèlerins est en train de se former, provenant notamment des villes mono-industrielles».



    De longues filles d’attentes se forment devant les églises ou les monastères et pour arriver devant une châsse abritant les reliques d’un saint, les pèlerins doivent y passer entre 3 et 28 heures. Cette attente — affirme le chercheur — est une composante importante du pèlerinage orthodoxe, qui, à la différence du pèlerinage catholique, s’étend plutôt dans le temps que dans l’espace. Dans les files d’attente, les gens se serrent les uns contre les autres, plaisantent, rient, prient, partagent leur nourriture. Ils s’ouvrent aux autres, ouvrent leurs cœurs, racontent leurs petits drames et ce qui les amène en pèlerinage.



    Vu de l’extérieur, ce serpent fait de corps humains et qui se plie pour suivre le couloir délimité par les clôtures environnantes peut sembler comique — estime Mirel Bănică : « A la regarder de loin, une file d’attente devant une église ou un monastère semble comique, on pleure de rire. Quand on se rapproche et on l’intègre, devant tous ces drames intérieurs, toutes ces destinées, toutes les histoires de la vie de ces gens, on pleure, tout court. Et ces drames, ce sont les drames de la Roumanie d’aujourd’hui : des gens qui cherchent le sens de leur existence, des gens ayant dépassé la soixantaine et qui ont vécu les années du communisme et qui ne savent plus où le classer sur le plan des idées et des valeurs. Nous y décelons une Roumanie déchirée par la migration, pauvre, malade… Pourtant, surprise ! Dans ses enfilades on retrouve aussi des jeunes travaillant dans de grandes compagnies ou qui gagnent très bien leur vie. Pour eux, le pèlerinage est soit un exercice de développement personnel, soit une occasion de vaincre leur peur de la fatigue ou du froid…



    Les raisons pour lesquelles les gens font un pèlerinage sont très diverses. La plus importante est de nature taumaturgique, ils cherchent la guérison. Ils sont malades et ne vous imaginez pas qu’ils n’ont pas suivi un traitement médical, la plupart ont eu recours à la médecine classique. Il y a ensuite des personnes qui viennent prier pour leurs proches ou pour eux-mêmes. Pour les personnes âgées, c’est une forme de socialisation : ils chantent, ils se détendent, ils s’amusent — nous ne devons pas avoir honte de ce mot. L’Eglise a une tendance à spiritualiser au maximum le pèlerinage. Eh non ! Les pèlerins sont des gens normaux, ils ne sont pas des fondamentalistes à longue barbe, ni des saints qui battent de leurs ailes. Non, ce sont des gens comme vous et moi, qui font ce voyage ensemble, ils prient, ils lisent, ils mangent. Et ce sont là des formes de socialisation qui augmentent la qualité de leur vie.



    Imaginez à quoi peut ressembler l’existence d’une personne seule, retraitée, vivant seule au 8e étage d’un immeuble dans un quartier pas du tout huppé de Bucarest. Ce sont des gens qui viennent par curiosité, ils viennent une fois, ça leur plaît et ils viennent une deuxième fois. C’est que les pèlerinages, ça crée une dépendance.



    Qu’est-ce qui crée, en fait, cette dépendance ? Si vous êtes jamais allé à un concert sur un stade, vous saurez avec précision quel est le principal ingrédient : l’émotion. Une émotion sacrée, cette fois-ci — explique Mirel Bănică : « C’est l’état de bien-être — à valeur thérapeutique — du sacré. On ne peut pas le décrire par des mots, il faut le vivre. Les gens se sentent libres, affranchis de toute barrière, de toute entrave et expriment sans contrainte leurs sentiments. L’émotion remplit l’espace et cette charge émotionnelle intense lie les gens. Vous ne pouvez pas imaginer ce que l’on peut ressentir quand on entend 80 mille personnes chanter « A Nicula en haut de la colline » à minuit, des cierges allumés dans leurs mains. C’est une émotion sacrée que l’on ne ressent dans aucune autre assemblée de ce genre. »



    Il n’est pas facile de rester debout des heures entières, très proche de « son prochain ». C’est peut-être justement la fatigue physique ou peut-être l’adrénaline qui s’accumule dans l’organisme qui font que les pèlerins ne ressentent pas le poids du temps. Et lorsqu’ils se trouvent, enfin, près de la châsse, l’émotion balaie, tout simplement, la réalité environnante : « On ne peut jamais rien obtenir sans donner quelque chose en échange. Et ceux qui font la queue savent que cette brève souffrance physique est une sorte d’offrande symbolique faite à une divinité qu’ils ne peuvent pas voir, ne peuvent pas sentir, mais à laquelle ils croient. S’ils vous arrive de parler à ces personnes, vous constatez qu’elles ne se rappellent pas très bien ce qui se passe durant ces secondes devant la châsse… soit ils sont très fatigués, soit le passage devant la châsse entraîne une décharge émotionnelle : ils pleurent, certains de tristesse, d’autres de joie ou de fatigue. Ils mettent du temps à retrouver leurs esprits, en sortant de là. »



    Et pourtant, chaque année, ils recommencent. Nous avons demandé à notre interlocuteur, Mirel Bănică, de résumer en quelques mots le phénomène du pèlerinage, qu’il considère comme essentiel pour comprendre la société dans son ensemble : « C’est la réponse d’une partie significative de la société roumaine aux changements si rapides qui ont eu lieu après 1989. Le pèlerinage prouve que grand nombre de nos concitoyens tentent de donner un sens à leur vie. Il crée un sens au cœur d’un monde qu’ils ne comprennent plus, où il ne réussissent plus à s’intégrer et dont ils sont mécontents. Nous ne savons pas comment cette forme de spiritualité va évoluer, elle connaîtra peut-être ses périodes de grandeur et de décadence. »



    Le week-end dernier, le parfum du pèlerinage a flotté de nouveau sur la colline de l’Eglise métropolitaine à Bucarest: basilic, fatigue, sueur, parfum bon marché, chants, nuit, obscurité, gendarmes, barrières, plats traditionnels succulents, médias, réflecteurs, avenir, communisme, nostalgie et, de nouveau, avenir… (trad. : Dominique)

  • Le musée vivant du monastère d’Agapia

    Le musée vivant du monastère d’Agapia

    Agapia est un des plus beaux monastères du nord de la Moldavie. Célèbre pour ses fresques murales que nous devons au grand peintre Nicolae Grigorescu, mais aussi pour son école de peinture, dont il a été le fondateur et pour les ateliers de broderies qu’elle a abrités, Agapia mérite donc un détour.



    Situé dans la vallée du ruisseau éponyme, au pied de la colline Măgura et à proximité de Târgu-Neamţ, entourée par des montagnes et des futaies séculaires, le monastère d’Agapia tire son nom du grec «agapis», qui signifie «amour chrétien», mais aussi de l’ermite Agapie. A en croire la légende, au 14 e siècle, cet ermite aurait fait bâtir une petite église en bois, à seulement 2 km de l’actuelle localité Agapia. Plus tard, les monts tout autour, la rivière et le hameau blotti dans la vallée allaient en emprunter le nom. Aujourd’hui une centaine de nonnes vivent entre les murs du couvent, tandis que 240 autres mènent leur vie dans le village monacal. C’est dans une des vieilles maisons monacales, datée du XVIIe, que l’on a inauguré cet été le premier musée vivant de Roumanie.



    Cela permet désormais aux curieux d’observer les religieuses en leur milieu. Une maison monacale fonctionnelle et habitée est ouverte aux pèlerins à longueur de journée. Sœur Maria Giosanu raconte comment a été ouvert ce musée unique en Roumanie : « Nous voulons offrir aux gens la possibilité d’apprendre des choses sur la vie monastique. En ouvrant les portes d’une de nos maisons monacales, ils peuvent voir sur le vif comment ça se passe, prendre le pouls de cette existence à part. Les gens étant très curieux de franchir le seuil d’une telle demeure, nous avons donné suite à leur suggestion ».



    Le musée vivant comporte quatre pièces disposées au rez-de-chaussée et deux cellules de nonnes au demi sous-sol. Si, au fil du temps, la partie supérieure de la maison a subi des modifications, le demi sous-sol, lui, est resté inchangé. Quatre religieuses habitent la maisonnette-musée. Sœur Maria nous en fournit des détails supplémentaires. « Il s’agit, en fait, d’un ensemble de musées, composé d’une maison monacale à deux niveaux et de plusieurs ateliers vivants, à savoir l’atelier de tissage et de broderie, l’atelier de boulangerie- pâtisserie et celui de poterie. Quatre nonnes prennent soin de cette maison. Elles produisent aussi différentes choses faites à la main, s’adonnent à leurs prières selon le rituel monastique et se tiennent à la disposition des visiteurs. Elles répondent par exemple à leurs questions relatives aux prières, à la sainte communion, à la vie dans un lieu de culte ».



    Guidés par les nonnes, les touristes peuvent apprendre à modeler la glaise ou à préparer des gâteaux. En fait, l’atelier de poterie est tout à fait à part. L’ancien atelier, qui a fonctionné jusqu’en 1960, a bénéficié de la présence de maîtres potiers renommés de la zone de Iaşi et Botoşani, dans l’Est du pays. Le dernier four a pourtant été démoli il y a 53 ans. Pour relancer cet atelier, les nonnes ont appris cet art de potiers plus jeunes. A la cérémonie d’inauguration du nouvel atelier ont été invités les actuels artisans-professeurs, mais aussi nombre de ceux qui avaient appris l’art de la porterie des nonnes de ce couvent.



    Le maître artisan Gheorghe Smerică — âgé à présent de 90 – et Vasile Andrei, qui ont travaillé, tous les deux, au fameux atelier d’Agapia il y a plus d’un demi-siècle, ont été les invités d’honneur de cet événement. Que pensent les touristes du musée vivant d’Agapia? Nous écoutons de nouveau la nonne Maria: «Au premier abord, la plupart sont un peu perplexes surtout de se voir proposer un «musée vivant». Ce terme est plutôt nouveau. Au début, ils ne comprennent pas, mais ceux qui franchissent son seuil — notamment les étrangers — sont enchantés, car ce musée est unique en son genre, puisqu’il est ouvert dans l’enceinte d’un monastère. Ce musée a une importante composante ethnographique, recelant de nombreux objets anciens qui se retrouvaient dans les maisons et les fermes paysannes roumaines d’autrefois. En les regardant, on découvre tout un monde; ils nous font retourner dans le passé et mieux apprécier l’héritage matériel et spirituel que nous ont légué nos ancêtres. Nous sommes heureuses que les gens puissent découvrir la beauté de la vie monastique, même dans sa dimension matérielle: l’endroit, lui-même, la cellule où habite la nonne ou le moine, etc. Et les fruits de nos efforts se laissent déjà entrevoir.»



    Tous les objets exposés dans les pièces du musée vivant sont hérités des nonnes qui ont habité ce couvent ou proviennent des maisons et des fermes des villages situés aux alentours. Les villageois ont offert généreusement au couvent des tapis, des tapisseries et toute sorte de tissus, de précieux objets anciens. Le métier à tisser d’Agapia a été amené du département de Suceava. Le tissage est un art dans lequel les religieuses de ce monastère excellent. Elles travaillent aussi de fines broderies, dont les plus réussies sont exposées au Musée d’art sacré de Suceava.



    Pour en revenir à notre musée vivant, le billet d’entrée coûte un euro environ. Les élèves, les étudiants et les retraités paient la moitié de ce prix. (trad. : Mariana Tudose, Dominique)

  • Michel Beine (Belgique) – monuments roumains sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO

    Michel Beine (Belgique) – monuments roumains sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO

    Les villages saxons aux églises fortifiées de Transylvanie, les églises peintes du nord de la Moldavie, la cité de Sighişoara, les églises en bois du Maramureş et les forteresses daciques des Monts Orăştiei, ainsi que le monastère de Hurezi y figurent dans son patrimoine matériel. Le delta du Danube, réserve de la Biosphère, y figure en tant que patrimoine naturel. Le patrimoine immatériel ne fait pas l’objet de la question.



    Aujourd’hui, nous allons à Horezu, dans le comté de Vâlcea (sud), sur la route reliant Râmnicu Vâlcea à Târgu Jiu. Non pour sa poterie, très connue d’ailleurs, mais pour son monastère, celui de Hurezi. Fondé sous le règne de Constantin Brancovan, sa construction a commencé en 1690 et s’est étalée jusqu’en 1697. Les hiérarques l’ont fait successivement agrandir en plusieurs étapes, la dernière prenant fin en 1873.



    Le monastère de Hurezi est l’ensemble monastique le plus vaste de Valachie. Ses caractéristiques le rendent unique dans l’architecture sud-est européenne dans son ensemble. Pourquoi ? Parce que c’est une synthèse post-byzantine, fidèle à la tradition orthodoxe, édifiée d’après les principes de la Renaissance italienne, mais aussi d’après la spécificité des grands monastères du mont Athos. La Grande église, consacrée aux saints empereurs Constantin et Hélène, avait pour vocation de devenir la nécropole de la famille de Constantin Brancovan. Ce monastère était, à l’époque du prince, un grand centre artistique autour duquel est né ce que la postérité a appelé le « style brancovan ».



    Hurezi est aujourd’hui un monastère de nonnes, tout fleuri, et qui vaut la peine d’être visité. Charles Diehl, connaisseur du style byzantin, le considère « le plus beau du pays ». Par ses trésors d’architecture, d’art et de spiritualité, Hurezi est une création du génie roumain de la fin du XVIIe.

  • Tourisme dans le comté de Dolj

    Tourisme dans le comté de Dolj


    Madame, Monsieur, nous vous invitons en cette fin de semaine à découvrir ensemble le comté de Dolj, dans le sud de la Roumanie. Attesté pour la première fois en 1444 sous le nom de Département des Marais”, le Dolj doit son nom actuelle au dialecte proto-slave. C’est un compté qui impressionne notamment par sa riche histoire et sa nature sauvage. Notre périple d’aujourd’hui commence à Craiova, la ville la plus importante de Dolj.


    Avec des détails, Madame le maire Lia Olguta Vasilescu: « Craiova est une ville très ancienne bâtie sur les lieux de l’ancienne citée fortifiée de Pelendava. La première attestation documentaire date de 1475. Pourtant, ce sont plutôt les quelques monuments de patrimoine dressés par des architectes célèbres qui font la fierté de Craiova. Et je pense notamment à la Maison dite « a Baniei » (de la Banie), ancienne dénomination administrative de la région d’Oltenie. Il s’agit de l’édifice le plus ancien de la ville, construit en 1699 et restauré par les soins du prince Constantin Brancovan. Bâtie sur deux niveaux, en style traditionnel, d’après les plans des architectes princiers, cette construction impressionne par les salles voûtées du rez-de-chaussée et par celles à balcon du premier étage. Il y a ensuite le Palais Jean Mihail qu’il ne faut pas rater. C’est un bâtiment magnifique, réalisé entre 1899 et 1907 d’après les plans de l’architecte français Paul Gottereau et commandé par Constantin Mihail, un des Roumains les plus aisés de l’époque. C’est d’ailleurs à l’intérieur de ce palais que l’on a commencé la construction du Cube de Brancusi, un espace consacré aux oeuvres de l’artiste. Une fois à Craiova, n’oubliez pas de visiter le siège de l’Université de la ville qui occupe l’ancien Palais de la Justice réalisé en 1890 par l’architecte Ion Socolescu, dans un style néoclassique. Ou bien, je vous invite à admirer le siège de l’Hôtel de ville où fonctionnait jadis la Banque du Commerce, imaginée par le célèbre architecte Ion Mincu. L’édifice, achevé en 1916, impressionne par ses intérieurs richement décorés, ses vitraux, ses mosaïques vénitiennes et ses grilles en fer forgé. »


    On ne saurait visiter Craiova sans admirer les belles églises de la ville, véritables joyaux d’architecture. Et nous allons commencer avec le monastère de Cosuna dont seulement la petite église mélangeant le style local à celui byzantin a résisté au passage du temps. Notre périple spirituel comporte aussi l’église du monastère Jitianu en style brancovan, l’église Saint Démettre dressée en 1652 sous le règne du prince Matei Basarab ou encore l’église de la Madonne dite du Mûrier dont les fresques intérieures portent la signature du célèbre peintre roumain Gheorghe Tatarescu. Pourquoi du Mûrier, vous allez demandez… La légende dit qu’une icône miraculeuse a été découverte entre les branches d’un mûrier juste à l’endroit où l’on a fait construire par la suite l’autel.


    Chers amis, dans les minutes suivantes, nous vous proposons une sortie dans le parc Nicolae Romanescu qui fait la fierté de Craiova et de la Roumanie en général. C’est un des jardins d’Europe les plus intéressants, création de l’architecte français Redont et qui s’est vu récompenser de la médaille d’or à de l’Exposition Internationale de Paris, en 1900. Et puisqu’il est immense, nous invitons madame le maire Lia Olguta Vasilescu à nous accompagner dans les allées du parc: « Je crois qu’une fois à Craiova, on ne devrait absolument pas rater l’occasion de faire une promenade dans les allées du parc Nicolae Romanescu, unique en Roumanie et figurant en tête du classement des plus grands jardins européens. Il couvre plus de 76 hectares, il a un hippodrome, des allées et des sentiers et même un zoo. »


    A tout cela s’ajoute un Jardin des Plantes aménagé à l’initiative de la botaniste Alexandra Buia.


    Si c’est plutôt la vie culturelle qui vous intéresse, pas de problème, à Craiova vous serez bien servis! La ville recense plusieurs institutions culturelles tels le Théâtre national ou encore celui des Marionnettes, Orchestre Philharmonique ou bien le Musée d’Art qui présente des oeuvres de Brancusi de la dernière période de création du sculpteur: une version en pierre du « Baiser », « Torse de femme », « Orgueil » ou bien « Tête de garçon ».


    Vous êtes fatigués et vous aimeriez bien vous reposer un tout petit peu? Ca vous dirait d’évader à la campagne pour une bouffée d’air frais et un bon verre de lait de bufflonne? Pas de problème, cela va s’arranger puisque seulement 55 kilomètres séparent Craiova de la commune de Bucovat. Pour plus de détails, nous passons le micro au maire de la commune, Monsieur Vasile Constantin: « Bucovat est une jolie commune, ce qui a poussé bon nombre d’habitants de Craiova à s’y faire construire des maisons de vacances. A la différence d’autres endroits, chez nous, on a la chance de respirer un air très pur. En plus, c’est toujours chez nous que le touriste peut visiter les ruines du camp militaire romain de Pelendava ou encore peut se rendre sur un des plus anciens sites fossilifères d’Europe. Par ailleurs, je dois vous dire que les habitants de notre commune s’occupent de l’élevage des bufflonnes dont le lait est très bon et nourrissant. A la fin, je voudrais vous donner aussi quelques repères culturels de notre commune: et je pense au monastère de l’ancien Bucovat, érigé sur la rive gauche du Jiu et à l’église du village de Bucovat construite par les moines du Mont Athos. »


    Le département de Dolj s’adresse également aux amateurs de chasse ou de pêche ou bien aux passionnés de tourisme d’aventure qui souhaitent faire des sports extrêmes à des prix cassés. Si cette région figure déjà sur la liste de vos destinations futures, permettez-nous de vous faire une petite suggestion avant de vous dire au revoir: le mieux serait de visiter le Dolj en automne quand plusieurs festivals se tiennent dans les parages. A titre d’exemple: le Festival du Poireau, une occasion unique de goûter à la cuisine du terroir qui place cette légume en position privilégiée. ( trad. : Ioana Stancescu)

  • L’or blanc de la Vallée du Trotus

    L’or blanc de la Vallée du Trotus


    Chers amis, nous vous proposons aujourd’hui une nouvelle édition de notre rubrique Radio Tour consacrée au jeu concours organisé par RRI, « Les salines de Roumanie ». Nous irons cette fois-ci dans l’est du pays, sur la pittoresque vallée du Trotuş, dans le comté de Bacău. C’est là que se trouve la mine de sel de Târgu Ocna. Son moderne centre de soins, situé à 240 mètres de profondeur, offre d’excellentes conditions tant pour la détente que pour les cures indiquées dans le traitement des maladies respiratoires.Au cœur de la montagne d’or blanc, terme désignant le sel, le visiteur peut également se recueillir dans une église. Dans ce décor fascinant, on trouve aussi un lac à l’eau salée et une chute d’eau.


    Invitée au micro de RRI, l’ingénieur géologue Carmen Maria Ţintaru nous fournit des détails sur l’historique de cet objectif touristique et la base de loisirs de la mine de sel de Târgu Ocna : « L’exploitation du sel, appelé autrefois l’or blanc de la terre, y date de plus de 500 ans. Toute l’activité de la région gravite autour de cette ressource minérale.Du XVe jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’extraction a concerné des zones peu étendues, appelées mines de sel. Après, on est passé à la méthode plus efficace des galeries trapézoïdales, utilisée d’abord dans la mine de Moldova Veche, également connue sous le nom de Carol Ier et qui a été fonctionnelle de 1870 à 1941. Ensuite, entre 1936-1968, cette méthode allait être reprise par la mine de sel de Moldova Nouă. Depuis 1967, on applique à Târgu Ocna une nouvelle méthode d’exploitation. »


    A part l’extraction du sel, la préparation et la commercialisation des produits à base de sel, la mine de Târgu Ocna offre aussi des services de tourisme, poursuit notre invitée, l’ingénieur géologue Carmen Maria Ţintaru : « Les débuts de la base de loisirs de la mine de Târgu Ocna remontent à 1974. En 1992, on a construit la première église orthodoxe souterraine d’Europe, creusée dans le sel. Située au neuvième niveau, cette sainte demeure est placée sous le vocable de Sainte Barbe, patronne des mineurs. En 2005, plus précisément le 11 juillet, le neuvième niveau de la mine, situé à 240 mètres de profondeur, allait devenir la principale attraction touristique du site. »


    Voici ce que l’ingénieur géologue Carmen Maria Ţintaru nous a appris à propos de l’accès dans la base de loisirs de la mine de Târgu Ocna : « On y accède grâce à des cars ou des minibus que la saline met à la disposition des visiteurs. Le trajet, qui suit un plan incliné, en spirale, compte plus de 3 km. La différence de niveau entre l’entrée et le neuvième étage souterrain est de 136 mètres. Inédit, détente, santé et découverte, voilà ce que nous proposons à nos visiteurs. Le traitement des maladies de l’appareil respiratoire y est très efficace grâce à l’effet bénéfique des aérosols. Côté loisirs, je mentionnerais les aires de jeux pour les enfants, équipées de balançoires, toboggans, la possibilité de jouer au billard, au basket, au tennis ou au badminton. Nous avons aussi un musée du sel ; les objets exposés évoquent les débuts de l’exploitation du gisement de sel à Târgu Ocna. Je ne saurais oublier de mentionner le lac souterrain à l’eau salée et ses jets d’eau. Enfin, le touriste peut entrer dans le magasin de souvenirs ou bien siroter un thé ou un café sur une terrasse, aux tréfonds de la montagne de sel. »


    Quiconque découvre cet univers souterrain ne manquera pas d’y revenir, affirme Carmen Maria Ţintaru : « Au début, nous avons eu des visiteurs de Roumanie, qui ont découvert ce merveilleux coin de pays et de nature. Ensuite, nous avons reçu la visite de touristes étrangers dont Anglais, Français, citoyens de l’ex-URSS, Américains, Chinois, Japonais. Nous leur réservons un accueil chaleureux et leur fournissons des détails sur l’exploitation du sel à Târgu Ocna et sur le potentiel touristique de notre contrée. »


    Le monastère de Măgura Ocnei compte lui aussi parmi les attractions touristiques de la zone. Erigé entre 1750 et 1757, il a également abrité un complexe touristique. Après l’époque communiste, durant laquelle la vie monastique avait été mise entre parenthèses, le monastère allait recouvrer sa vocation. L’actuelle église du monastère a été bâtie par les soins d’Epifanie Bulancea, archimandrite et supérieur de cette sainte demeure : « Les travaux ont démarré en 1991 et duré deux ans. La saline de Târgu Ocna nous a beaucoup aidés, nous mettant à disposition les outillages. Plus tard, lorsqu’il a été question de dresser une église creusée dans le sel, au cœur de la mine, ils m’ont désigné comme architecte. En 1993, nous avons achevé la construction de l’église du monastère, dont on a par la suite réalisé la peinture entre 1993 et 1997. Il a fallu construire des cellules pour les quelque cent nonnes qui y étaient arrivées entre temps. Les gens ont ardemment souhaité avoir cette église. »


    Réalisée à l’huile, suivant la technique de la fresque, la peinture murale de cette église n’est pas sans attirer l’attention. Le cadre naturel, soit une forêt épaisse, à 550 mètres d’altitude, rajoute au charme envoûtant des lieux. (trad.: Mariana Tudose)