Tag: OTAN

  • Vers un service militaire volontaire en Roumanie ?

    Vers un service militaire volontaire en Roumanie ?

    « Pays, pays, nous voulons des soldats ! ». Non, il ne s’agit pas du leitmotiv scandé par les enfants sous l’ère communiste au cours de leurs jeux. Il renvoie aujourd’hui à l’appel lancé par l’Etat à l’adresse des jeunes pour les inciter à suivre un stage volontaire rémunéré de préparation militaire organisé par le ministère de la Défense.

     

    Les autorités souhaitent en effet actualiser la loi sur la préparation de la population à la défense du pays.

     

    Un projet de loi initié par l’Etat majeur en 2019 fait actuellement l’objet d’une concertation interministérielle afin d’être adopté. Ce projet de loi prévoit que toute personne âgée de 18 à 35 ans, domiciliée de manière stable en Roumanie puisse participer à un programme de préparation militaire de base de 4 mois maximum au cours duquel elle apprendra le maniement de différents types d’armes et bénéficiera d’une formation d’orientation sur le terrain, de décontamination et de premiers secours. Les volontaires seront nourris, logés et équipés et recevront une indemnisation mensuelle équivalente à celle des soldats de métier de l’ordre de 600 euros.

     

    A la fin du programme, les participants recevront également une prime représentant trois mois de salaire brut. Les étudiants qui le souhaiteraient pourront également participer à un stage pendant les vacances scolaires afin d’acquérir des connaissances militaires de base. Après cette formation, les volontaires rejoindront la réserve de mobilisation de l’Armée roumaine et certains seront sélectionnés afin de devenir soldats professionnels.

     

    Les responsables militaires ainsi que le premier ministre, Marcel Ciolacu ont insisté sur le fait qu’il ne s’agissait ni d’un retour du service militaire obligatoire, ni d’un signe indiquant que la Roumanie se préparait à entrer en guerre, et ce malgré le contexte géopolitique régional tendu. Ils notent cependant que le pays doit être prêt à se défendre le cas échéant. Marcel Ciolacu.

    « Tout pays doit se préparer au pire, mais il ne faut pas associer ce besoin au contexte de guerre en Ukraine ou d’un éventuel danger venant de Russie! Aucun danger ne vient de là, mais nous avons besoin d’un pays normal et donc il y a des choses que nous devons anticiper, comme ce système de volontariat rémunéré par lequel des personnes s’instruisent et apprennent les bases de l’art de la défense. Cette approche est juste et ne doit pas être interprétée en lien avec la guerre à la frontière, la Roumanie ne doit pas comprendre cette nouvelle dans le sens de, » oh la guerre arrive chez nous », non, la guerre n’arrive pas. »

     

    La loi concernant le service militaire volontaire devrait être adoptée par le Parlement d’ici juin.

     

    La Roumanie présente à l’heure actuelle un déficit tant de cadres militaires actifs que de réservistes. En cas de besoin, l’armée pourrait compter sur environ 70 000 militaires actifs, ils étaient 300 000 dans les années 90, et d’une réserve militaire en cours de vieillissement, principalement composée de personnes ayant effectué le service militaire obligatoire jusqu’en 2007, année de sa suspension. Dans une interview à Radio Roumanie, le général de corps d’armée Virgil Bălăceanu, président de l’Association des officiers en réserve de Roumanie, explique cette situation.

     

    « Des Etats comme la Pologne ont compris, dès la suspension du service militaire obligatoire, la nécessité de l’existence d’une réserve fraiche, jeune et instruite de manière permanente. A l’inverse, en Roumanie, une fois le service militaire obligatoire suspendu, la réserve n’a plus compté. Les mesures politiques ont tardé et je vais vous en donner un exemple concluant. La Pologne a adopté la loi pour les réservistes volontaires en 2009, au moment de la suspension du service militaire obligatoire. La Roumanie instaure cette loi plus de 10 ans après la fin du service militaire. Et maintenant, nous assistons à un retard de deux ans sur la loi sur la préparation de la population à la défense qui contient une disposition concernant le service militaire volontaire. Ce retard doit être qualifié d’irresponsable. Cette situation relève d’une idée fausse de la part des responsables politiques mais aussi des hauts gradés de l’armée roumaine, à savoir que suite à la suspension du service militaire obligatoire, la réserve militaire n’est plus nécessaire, que les réservistes ne sont plus si importants. C’est maintenant notre dernière chance de rattraper notre retard et ce n’est que grâce à la position pleine de dignité et de responsabilité du général Vlad, le chef de la Défense que le processus qui aurait dû débuter il y a deux ans peut enfin avancer. »

     

    Dans la rue, les jeunes sont partagés. Voici quelques réponses à la question de savoir s’ils iraient combattre le cas échéant.

     

    « -C’est mon pays et j’irais probablement, mais juste à cause de ça.

    -Moi j’irai, c’est mon pays, celui de mes ancêtres, je ne peux pas ne pas y aller.

    -Si on m’appelait, oui.

    -Non, je n’irais pas, je trouverai un moyen d’y échapper. J’ai surtout peur de la guerre, c’est tout.

    -Sincèrement je ne préfèrerais pas mais bon, s’il le faut, il le faut.

    -Je ferais n’importe quoi pour protéger l’humanité.

    -Je suis citoyen roumain, ce n’est pas normal de participer comme tout le monde ?

    -Je ne tiens pas à ce que ça arrive mais s’il le faut, oui, mais personnellement je préfèrerais aller vers quelque chose de plus pacifique. »

     

    Selon un sondage récemment réalisé par l’institut Avangarde, la majorité des Roumains, 71%, pense que l’Armée roumaine ne pourrait pas faire face si le pays était attaqué. 37% de la population se déclare prête à suivre des cours de préparation militaire, 57% n’en veulent pas. Pour la tranche des 18-35 ans, le ratio tombe à 14% pour la préparation militaire, 77% des jeunes étant contre. 69% des Roumains considèrent par ailleurs qu’en cas d’attaque contre la Roumanie, l’OTAN interviendrait, le statut d’Etat membre de l’Alliance du pays constituant la meilleure garantie de protection de l’histoire de la Roumanie. Les spécialistes militaires rappellent cependant que même si la Roumanie fait partie de l’OTAN, cette dernière ne répond pas en quelques minutes à un appel au 112 pour intervenir immédiatement en cas d’attaque. (Trad : Clémence Lheureux)

     

  • La Suède rejoint l’Alliance de l’Atlantique nord

    La Suède rejoint l’Alliance de l’Atlantique nord

    Il  y a deux ans, au moment où il a pris la décision d’envahir l’Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine, espérait qu’un tel geste ne fera qu’affaiblir les forces de l’OTAN. Ce qu’il a obtenu, c’est tout le contraire. Si en 2022, l’Alliance comptait 30 membres, aujourd’hui, elle en a 32. Et, c’est justement l’agression russe en Ukraine qui a poussé la Finlande et la Suède à modifier leur statut. Peu de temps après le début de l’invasion russe en Ukraine, de plus en plus de voix soutenues par des pétitions ayant rassemblé des dizaines de milliers de signatures, ont commencé à réclamer l’adhésion à l’OTAN des deux pays scandinaves. Les sondages d’opinion ont montré que les Finlandais et les Suédois pro-OTAN sont devenus, d’un coup, majoritaires.

     

    Ayant 1300 kilomètres de frontière commune avec la Russie, la Finlande a été occupée par l’Empire russe jusqu’en 1917. Entre 1939 et 1944, elle a été impliquée dans la guerre contre l’URSS. Après la deuxième guerre mondiale, le pays a préservé sa neutralité et ses politiciens ont évité toute déclaration antisoviétique. Le pays a rejoint l’UE en 1995, mais elle s’est tenue à l’écart de l’OTAN jusqu’en 2023 quand elle a décidé de rejoindre les alliés, en tant que membre à part entière.

     

    La Suède, elle, est connue depuis longtemps pour sa position neutre.

     

    Ses problèmes historiques sont en rapport plutôt avec les Turcs et les Hongrois, qu’avec les Russes. Voilà pourquoi, son processus d’adhésion à l’Alliance a été plus long et plus difficile. Dans un premier temps, Ankara lui avait reproché la tolérance envers les manifestations islamophobes et envers le terrorisme kurde, tandis que Budapest se montrait outragée par les critiques suédoises envers l’Etat de droit hongrois. Mais, la Turquie a renoncé progressivement aux objections et ratifié l’adhésion de la Suède. Et puis, voilà que la candidature de Stockholm a été approuvée lundi, à une écrasante majorité par les députés hongrois (188 sur 199), qui ont ainsi levé le dernier obstacle à cette adhésion à l’OTAN.

     

    La contribution de la Suède à la sécurité euro atlantique est essentielle, a affirmé le chef de l’Etat roumain, Klaus Iohannis, dans un message publié sur un réseau de socialisation, toute de suite après l’annonce. « La présence de la Suède au sein de l’OTAN nous permettra de renforcer la posture de défense et de dissuasion sur le Flanc est et de continuer à appuyer l’Ukraine. Ensemble, nous sommes plus forts, a poursuivi le président roumain. Le chef du Sénat de Bucarest, Nicolae Ciuca, de formation militaire, a quant à lui, précisé que « l’admission de la Finlande et de la Suède à l’OTAN montre que cette alliance défensive, la plus puissante de l’histoire, est capable d’offrir aux démocraties occidentales des garanties de sécurité afin qu’elles puissent protéger leur mode de vie, leur bien-être et les perspectives pour un avenir en plein essor ».

     

    A l’heure actuelle, sur les 32 pays de l’Alliance, 23 sont aussi membres de l’UE. Seuls quatre pays européens n’ont pas adhéré à l’OTAN. Il s’agit de l’Autriche, Malte, Chypre et l’Irlande.