Tag: parents

  • La vaccination, en débat

    La vaccination, en débat

    Une épidémie de rougeole sévit en Roumanie. Le nombre des cas confirmés se multiplie à une vitesse alarmante: 6400 malades, dont la plupart au département de Timis (ouest). Le nombre de décès augmente lui aussi: 26 victimes confirmées jusqu’ici, la plupart des enfants non vaccinés.

    Il faut atteindre et maintenir un taux de vaccination de 95% pour arrêter le virus, affirment les médecins. Pour ce faire, deux doses de vaccins anti-rougeole sont nécessaires. A son tour, le ministre de la Santé, Florian Bodog, a réaffirmé que la vaccination était le seul moyen de prévenir la contamination. La crise des vaccins contre la rougeole est en train d’être résolue, affirme encore le ministre, 110.000 doses ayant déjà été distribuées aux directions départementales en charge de la santé publique. 300.000 autres ont été achetées.

    Pour sa part, le président de la Société roumaine de microbiologie, Alexadru Rafila, attire l’attention sur le fait qu’entre 5 et 7% des parents refusent de faire vacciner leurs enfants, alors qu’un tiers ne se présentent pas chez leur médecin de famille pour l’immunisation de leurs petits. Dans ce contexte, afin de limiter la propagation de l’épidémie de rougeole, les autorités roumaines ont initié en décembre dernier une campagne supplémentaire de vaccination contre la rougeole, les oreillons et la rubéole chez les enfants âgés de 9 mois à 9 ans. De même, un projet de la loi de la vaccination sera bientôt débattu au Parlement de Bucarest. Entre temps, un débat public au sujet de cet acte normatif a eu lieu en présence des médecins, des parents et des représentants de l’industrie pharmaceutique. Dans les rangs des parents, nombre de voix ont demandé que l’immunisation soit considérée comme un droit de l’enfant et non pas une obligation et que le projet de loi soit donc retiré. Ils demandent aussi aux autorités d’assumer la responsabilité pour les réactions adverses des vaccins, ce qui, à leur avis, obligera le ministère de la Santé à acheter des produits de bonne qualité.

    Voici par exemple, la position de la Fédération des Organisations Orthodoxes Pro-Vita, exprimée par sa représentante, Irina Anastasiu: « Nous ne conseillons pas aux parents de faire ou de ne pas faire vacciner leurs enfants. Nous leur recommandons de s’informer au sujet des effets secondaires des vaccins et nous appelons le ministère de la Santé à en faire de même, c’est-à-dire informer correctement les parents. Cela, compte tenu du fait qu’il y a eu dans le monde des milliers de cas où des enfants ont souffert à cause des vaccins. En connaissance de cause, les parents pourront décider si oui ou non ils font vacciner leurs enfants ».

    A l’issue du débat, Amalia Şerban, directrice au sein du ministère de la Santé a déclaré que : « Nous allons élaborer et finaliser un projet de loi visiblement meilleur, de sorte que tous les enfants puissent bénéficier du droit à la vaccination. »

    Reste à voir quand cette loi entrera en vigueur, vu que l’immunisation est la seule manière de prévenir la maladie. (Trad. Valentina Beleavski)

  • L’école après l’école

    L’école après l’école

    A part l’agitation et l’enthousiasme, toute rentrée arrive en Roumanie avec de nombreuses incertitudes. Parmi elles – où et avec qui l’enfant va passer son temps entre la fin des classes et l’arrivée des parents après le travail. C’est une question que se posent la plupart des familles roumaines. Certaines sont aidées par les grands-parents à la retraite. D’autres, moins chanceuses, se voient obligées d’embaucher une nounou. Mais quelles solutions pour les parents qui ne bénéficient pas de l’aide des grands-parents et ne se permettent pas une baby-sitter non plus? C’est justement pour leur venir en aide qu’a été créé il y a quelques années le système de «l’école après l’école», appelé en Roumanie « after school ». Toutefois, ces services coûtent souvent plus qu’une famille aux revenus moyens peut se permettre, bien que l’article 58 de la Loi de l’Education nationale adoptée en 2011 précise que toutes les institutions d’enseignement de Roumanie peuvent bénéficier du programme « L’école après l’école ». Selon la loi, ce programme public et non pas privé a été conçu justement pour offrir aux enfants un espace adéquat où ils puissent faire leurs devoirs, recevoir l’aide d’un enseignant, mais aussi prendre le déjeuner. Un programme censé entre autres prévenir l’abandon scolaire et soutenir des familles défavorisées. Bien que sur papier cela sonne très bien, les mesures de cet article n’ont jamais été mises en œuvre.

    C’est pourquoi l’ONG Human Catalyst a initié une étude pour examiner la manière dont le programme « L’école après l’école » se déroule dans les écoles roumaines. Comment ça marche ? Explication avec Laura Marin, présidente de l’ONG Human Catalyst : « Théoriquement, l’école fait une analyse des demandes spécifiques des élèves pour compléter les connaissances acquises pendant les classes classiques. Après avoir identifié les besoins, on propose différentes activités qui seront déroulées avant ou après les cours. Côté financement, ce programme, l’article de loi et la méthodologie du programme mentionnent 4 sources : les autorités locales, les sponsors, les fonds européens, même le budget d’Etat pour les enfants provenant de groupes défavorisés. La contribution des parents y figure aussi.»

    C’est là une manière non seulement de réduire l’abandon scolaire, mais également de réduire d’autres problèmes auxquels sont confrontés les parents roumains des milieux défavorisés, des problèmes que l’ONG Human Catalyst a constatés au cours de sa recherche.

    Laura Marin nous en parle: « Alors qu’en milieu rural la pauvreté est 3 fois plus profonde qu’en milieu urbain, nous devons penser aux effets collatéraux de la précarité : le bas niveau d’éducation en famille, les conditions inadéquates pour vivre et pour apprendre etc. Il y a des enfants qui vivent avec leurs parents dans une seule pièce ou dans une maisonnette improvisée de différents matériaux, qui n’ont pas d’électricité, qui n’ont même pas de table pour écrire ou de place où mettre leurs cahiers ou leurs livres. Pouvez-vous imaginer ce que faire ses devoirs cela signifie pour un tel enfant ? Où peut-il travailler ? Avec qui ? Avec quoi ? Le programme « L’école après l’école » a été très bien conçu par des experts de l’éducation. Il ne s’agit pas uniquement de faire ses devoirs à la maison au lieu de les faire chez soi. Selon la loi, il peut inclure aussi, des activités-conseil pour les parents, des activités de développement personnel, d’éducation sanitaire, des activités sportives ou autres qui visent la performance. Ces programmes sont censés compléter les classes normales. »

    Selon les études effectuées par l’ONG Human Catalyst, moins de 15% des enfants provenant de milieux défavorisés bénéficient de soutien supplémentaire à l’éducation, fourni plutôt par d’autres ONG que par l’Etat. Cela alors que près de 300.000 élèves de l’enseignement primaire et secondaire de Roumanie étudient dans des écoles défavorisées, ayant un risque élevé d’abandon scolaire. Selon l’Eurostat, le taux d’abandon scolaire en Roumanie était de 19% en 2015, soit 6% de plus par rapport à la moyenne de l’UE. Mais les familles pauvres ne sont pas les seules à se confronter au problème du programme d’après les classes.

    Anemari Necşulescu est directrice de programmes chez l’ONG Habitat for Humanity. Son fils est en CM2 et il aurait besoin du programme «L’école après l’école » : «Dès la première année d’école nous avons dû payer une voisine pour qu’elle aille chercher notre fils à l’école à la sortie des classes. Vu que cette voisine est déjà trop âgée et que notre fils est déjà en CM 2, elle ne peut plus l’aider à faire ses devoirs. Avec l’aide cumulée de la famille, nous avons dû opter pour un programme « after – school » privé. Mais d’autrès mères, qui ne peuvent pas compter sur l’aide de la famille, choisissent même de renoncer au travail, parce qu’il est impossible de toucher un salaire de 700 – 800 lei par mois (180 euros) et de payer cet argent pour inscrire son enfant à un programme de ce type. Il arrive aussi que les mères ne peuvent plus reprendre le travail parce qu’elle n’ont personne qui puisse garder les enfants. »

    Selon l’étude de Human Catalyst, la principale raison pour laquelle le programme L’école après l’école n’a pas été mis en oeuvre est d’ordre financier. Pour apprendre quels sont les défis à relever en ce sens, l’organisation s’est adressée au ministère roumain des Finances et au ministère de l’Education.

    Voici ce qu’ils ont appris. Laura Marin:Son : « La première réponse est venue de la part du ministère des Finances, qui nous disait dans un document officiel que, bien que l’article en question existe dans la Loi de l’éducation de 2011, tout comme la méthodologie de sa mise en œuvre, le ministère de ressort n’a jamais demandé de budget pour financer ce programme. Le ministère des Finances ne peut pas allouer de budget si le ministère de l’Education ne fait pas de demande en ce sens ».

    Enfin, après plusieurs insistances et réunions avec les ministres de l’Education ces deux dernières années, les représentants de la société civile ont obtenu quelque chose. Le ministère de l’Education a fait part de son intention d’inclure le programme L’école après l’école au budget de l’Etat en 2017 pour une cinquantaine d’écoles, selon Monica Anisie, secrétaire d’Etat. D’autres ressources possibles sont les fonds structurels de l’UE accordés à des écoles à risque social et éducationnel majeur. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Michel Beine (Belgique) -Les jouets des jeunes enfants roumains et l’autorité des parents

    Voici un sujet proposé par Michel Beine de Belgique. Il s’intéresse aux jouets des jeunes enfants roumains jusqu’à l’âge de 6 ans, filles et garçons. Comme c’est l’univers dans lequel je vis depuis 4 ans déjà, j’ai souhaité profiter de l’occasion pour vous en parler. Eh bien, les peluches sont très prisées par les enfants roumains. Oursons, chiens et chats en tout genre, mais aussi des personnages célèbres de dessins animés – Mickey, Minnie, Daisy etc. Tout enfant roumain – fille ou un garçon – doit avoir absolument au moins un exemplaire de Mickey. Puis, on trouve dans les magasins des jouets « animés » : des chats et chiens qui marchent, qui aboient etc…. C’est un autre must, surtout pour les filles. Puis toute famille avec enfants doit avoir au moins un coffre de Legos. C’est le passe-temps idéal pour toute la famille durant les jours pluvieux d’automne ou les matinées trop froides pour sortir de l’hiver.

    Côté poupées, les garçons se passionnent pour les robots en tout genre, surtout pour la série des Transformers, alors que les filles adorent toutes les princesses Disney – que ce soit Belle, Ariel, Cendrillon, Merida ou leur préférée, la princesse Elsa. Les magasins roumains abondent d’ailleurs en accessoires appartenant à la série des princesses. C’est une véritable folie. Mais comment peut-on refuser cela à nos enfants ? On peut tenter d’éviter toute cette folie qui risque de devenir obsession en orientant les petits vers des jeux éducatifs – puzzles, jeux de rôles, jeux de société, devinettes, et autres. Moi personnellement, j’adore peindre avec ma fille, Dasha. Elle aime bien colorier et moi je me suis procuré un livre de coloriage pour adultes et lorsque je n’ai pas suffisamment d’énergie pour des jeux plus actifs, on s’assoit à la table toutes les deux et on colorie, chacune son livre. C’est vraiment thérapeutique. C’est ce que j’appelle joindre l’utile à l’agréable. Je passe du temps avec Dasha, elle met son imagination à profit, et moi j’ai aussi le temps de réfléchir à d’autres choses et de me reposer. Sinon, on a toujours la pâte à modeler pour créer des brioches et des biscuits. Voilà pour les jeux d’enfants.

    Michel Beine s’intéresse aussi à l’autorité des parents roumains vis-à-vis de leurs enfants. Comment les incitent-ils à ranger leurs jouets, comment est limité le temps de jeu, quelles sont les sanctions appliquées par les parents si les enfants n’obéissent pas ? Ma réponse se fonde sur mon expérience personnelle et sur ce que j’ai constaté en discutant avec les autres parents d’enfants de maternelle. Eh bien, je constate que l’autorité n’est pas le point fort des parents d’aujourd’hui, à la différence des générations précédentes. Il y a même un courant d’éducation parentale très à la mode surtout à Bucarest selon lequel il ne faut jamais punir l’enfant, mais il ne faut pas le récompenser non plus. Et pour cause : les punitions ne servent à rien, elles ne font qu’accroître la frustration du petit qui ne comprend pas très bien la situation. Puis, les récompenses trop fréquentes lui donnent l’impression que tout est possible, permis et facile à obtenir. Il y a des parents qui appliquent cette règle. Mais pour la plupart, une seule chose fonctionne pour sanctionner l’enfant : lui interdire l’accès aux dessins animés et aux tablettes, ordinateurs, portables. C’est valable à commencer par les plus petits, jusqu’aux lycéens. Sinon, on essaie d’appliquer des règles générales : il faut ranger ses jouets avant d’aller se coucher, laver ses mains une fois rentré à la maison etc. Personnellement j’applique aussi la méthode du réveil qui sonne à une certaine heure pour marquer la fin d’une activité ou le départ d’une visite ou du parc. Et ça marche très bien.

  • A la Une de la presse roumaine 24.08.2015

    A la Une de la presse roumaine 24.08.2015

    Le sort difficile des enfants roumains laissés sur place par leurs parents partis travailler à létranger occupe principalement les journaux nationaux roumains du jour, dautant plus que les chiffres de la délinquance parmi les mineurs augmentent de manière inquiétante. Les journalistes constatent également une hausse inquiétante du nombre de délits doutrage commis contre les policiers roumains. Aucun délit pourtant, juste de la beauté dans deux rues roumaines à escaliers peints, les plus intéressantes du monde…


  • Le syndrome de l’absence des parents partis travailler à l’étranger

    Le syndrome de l’absence des parents partis travailler à l’étranger

    Depuis le début des années 2000, lorsque les Roumains ont été de plus en plus nombreux à se diriger vers les marchés de l’emploi européens, un phénomène social indésirable a fait son apparition en Roumanie: les enfants de ces gens partis à l’étranger son restés chez eux, élevés soit par l’autre parent soit par quelqu’un de la famille élargie. Les effets n’ont pas tardé, ayant été remarqués par les familles elles-mêmes, par les enseignants et les psychologues.



    L’absence des parents se traduit par un double manque: celui de l’autorité parentale et celui émotionnel ressenti par les enfants, avec un impact visible sur leur comportement. Quelles en sont les conséquences? Le sociologue Florian Niţu: «Les études indiquent clairement, dans ce cas, une baisse des résultats scolaires des enfants et de leur intérêt pour l’étude. Les comportements à risque et les dépendances sont également à craindre — notamment la consommation d’alcool, de tabac et de drogues. Ces enfants se rapprochent souvent de groupes délinquants et risquent même de devenir victimes de groupes criminels. Pourtant, l’impact majeur est de nature psychologique, affectant la structure de la personnalité. On peut parler d’un « syndrome du parent absent » et ce phénomène n’est pas propre à la seule Roumanie, il apparaît partout et depuis toujours. On a constaté que l’absence d’un parent ou des deux entraîne un sentiment de culpabilité et des niveaux d’anxiété élevés. »



    Tous les enfants laissés en Roumanie par des parents partis travailler à l’étranger ne présentent pas ce syndrome, pourtant ils sont tous vulnérables et ont besoin d’une attention particulière. La « Fondation pour une société ouverte » a démarré, il y a plusieurs années, un recensement de ces enfants. Victoria Cojocariu, membre de la Fondation explique: « Nous avons démarré le projet en 2007, par une première étude, et nous nous sommes rendu compte que nous devions tout d’abord connaître le nombre d’enfants restés à la maison seuls ou avec un des deux parents. Les chiffres officiels n’étaient pas fiables : depuis 2004, les statistiques font état de 80 mille enfants. Or, sachant que le nombre de Roumains ayant quitté le pays en quête d’un emploi a beaucoup fluctué au fil du temps, nous nous sommes proposé de découvrir si ce chiffre était exact. Nous avons donc réalisé une étude, publiée en 2009. L’organisation non gouvernementale « Sauvez les enfants », réalisait, de son côté, ses propres recherches. Nos résultats concordaient : en 2008, la Roumanie comptait 350 mille enfants dans cette situation — alors que la Direction générale pour la protection de l’enfant recensait un peu plus de 82 mille. Nous avons signalé cet écart important. Les statistiques officielles pour 2014 donnent toujours un chiffre autour de 80 mille. »



    Dans le cadre du projet « Orizont_FemRural », financé de fonds européens et mis en oeuvre par l’Association pour la Promotion de la Femme de Roumanie, le sociologue Florian Nitu a eu l’occasion de discuter avec plusieurs enfants. Il a constaté que tous ceux touchés par ce phénomène, parents et enfants en égale mesure, ressentaient une rupture, que chacun gérait à sa manière. Florian Nitu : «Il existe différentes manières de gérer cette séparation traumatisante, tant chez les parents que chez les enfants. J’ai rencontré des enfants qui souffraient beaucoup à cause de l’absence des parents et d’autres qui s’y sont très bien adaptés. Je dois préciser qu’il s’agit d’une relation en évolution, qui traverse des moments dramatiques, mais aussi des moments où elle fonctionne bien. Il y a des périodes dans la vie d’un enfant où il a du mal à se séparer de ses parents, et des périodes où cela est plus facile. Des moments où l’enfant est très vulnérable, selon l’âge et la conjoncture, et des moments de normalité. Il ne faut pas généraliser les effets négatifs du départ des parents. »



    Un des objectifs du projet « Orizont_FemRural » a été justement de contrecarrer ces effets négatifs, en identifiant les erreurs commises par les parents dans la gestion de la relation à distance avec leurs enfants. Florian Niţu précise: «Il paraît qu’une erreur fondamentale commise par les parents est celle de rendre l’enfant responsable de leur propre décision de partir travailler à l’étranger. Quand ils voient que leur enfant a du mal à les comprendre ou qu’il commence à pleurer, les parents lui disent qu’il partent pour lui. Cette expression «pour toi» signifie «à cause de toi» pour l’enfant : « si tu n’existais pas, je ne devrais pas partir», entend-il. La motivation « je pars pour toi » pèse lourd sur un enfant. Souvent cette explication s’accompagne de l’affirmation : « il est tellement difficile ici ». Alors, l’enfant se sent encore plus coupable : «maman et papa partent à cause de moi et là — bas ils se sentent encore pire». Lorsque ce n’est que la mère qui part, des tensions naissent souvent dans le couple qui finit par divorcer. C’est valable pour la moitié des mariages où la mère est celle qui travaille à l’étranger. Dans ce cas, l’enfant se sent coupable aussi de la séparation des parents.»



    Souvent, les parents ne gardent de contact téléphonique régulier ni avec les enfants ni avec leurs enseignants. En plus, il tentent de compenser leur absence par des quantités de cadeaux. Les experts leur recommandent de communiquer aussi souvent que possible avec les petits, par tous les moyens. Rester en contact avec les personnes responsables de l’éducation des enfants est tout aussi important, surtout dans le nouveau contexte, apparu il y a quelques années. Victoria Cojocariu nous en dit davantage: « La crise économique a apporté beaucoup de changements dans la situation de ces enfants. Il y a désormais une nouvelle catégorie : les enfants revenus de l’étranger. Une situation signalée par le ministère de l’Education il y a une année et demie. Les inspections scolaires sont confrontées au fait que des dizaines, voire des centaines d’enfants se voient obligés à rentrer au pays parce que leurs parents ne peuvent plus les garder. Ces enfants réintègrent le système scolaire roumain après avoir passé plusieurs années dans un système étranger. Ils ont évidemment des lacunes et des difficultés. Certains sont accompagnés par leurs parents, d’autres rentrent seuls. Malheureusement nous ne disposons pas de données exactes en ce sens.»



    Même si en général, la plupart des enfants finissent par se résigner au départ des parents, il y a aussi des cas isolés où les petits n’acceptent pas complètement la situation et arrivent à faire des gestes extrêmes, comme le suicide. Il est donc essentiel d’avoir des statistiques exactes et d’éduquer les parents à avoir une bonne relation à distance avec leurs enfants. (trad. Dominique, Valentina Beleavski)

  • Gilles Gautier (France) – la participation des parents à la vie de l’école

    Gilles Gautier (France) – la participation des parents à la vie de l’école

    C’est une question fort intéressante, surtout qu’elle intervient à un moment où la société roumaine est bouleversée par un scandale produit dans une école bucarestoise où une institutrice a été filmée en caméra cachée durant un conseil de classe quand elle demandait aux parents des élèves de l’argent en guise de cadeau à l’occasion des fêtes de fin d’année. Or, aucun des parents élus au conseil de classe n’a osé protester ouvertement. Finalement, une mère a eu le courage d’enregistrer sur son portable le discours très insolent de l’institutrice pour le poster par la suite sur un réseau de socialisation.



    Pourquoi nous vous racontons tout cela ? Simplement, pour vous dire que victime de la corruption qu’elle arrive à encourager et entretenir, l’école roumaine se sert souvent des parents élus au conseil d’élèves justement pour collecter illégalement de l’argent. Concrètement, chaque année, à l’occasion, disons, de la rentrée, de Noël, Pâques ou encore de l’anniversaire de l’instituteur, de plus en plus des parents membres des conseils commencent à faire du lobby parmi les autres parents pour collecter de l’argent afin d’acheter des cadeaux ou des fleurs ou bien de l’offrir tout simplement à l’instituteur. La pratique est quasi générale dans la Roumanie post communiste qui a fait des professeurs et instituteurs l’une des catégories professionnelles les plus démunies par rapport à son niveau d’études.



    Plus de 20 ans après la chute du régime Ceausescu, l’école roumaine est loin d’être gratuite. Et il ne sagit pas du montant des fournitures scolaires, mais de tout un système obscur qui encourage plus ou moins les dessous-de-table. Il est archi connu le cas des directeurs d’établissements scolaires qui prétendent des frais illégaux de la part des parents qui souhaitent inscrire leur enfant dans la classe de tel ou tel instituteur. Il est connu aussi le fait que pas mal de maisons d’édition ou de publications offrent des pots-de-vin aux directeurs pour se voir permettre l’accès dans les écoles afin de commercialiser leurs produits auprès des élèves. Or, dans ce cas, l’instituteur ou le principal fait appel souvent aux membres des conseils de parents d’élèves pour convaincre les autres parents à acheter les produits en question. Officiellement, ce conseil a un tout autre rôle : que celui des organismes similaires en France – il participe activement à la vie de l’établissement, il facilite la communication entre les parents et l’instituteur ou le principal, il tient les professeurs au courant des problèmes de la classe, il organise les activités extrascolaires.



    Vous allez bien évidemment demander pourquoi les parents ne se révoltent-ils pas contre ces pratiques illégales ? Parce que la plupart d’entre eux se sont tellement habitués à offrir, tandis que la majorité des professeurs se sont tellement habitués à accepter et à attendre des cadeaux qu’au moment où un parent refuse de donner de l’argent il risque de se voir critiquer par les autres et son enfant – marginaliser par la classe. Pourtant, suite au cas de l’institutrice filmée en cachette que nous venaons d’évoquer, l’école roumaine a toutes les chances de changer un peu ses mauvaises habitudes. A l’heure actuelle, cette institutrice s’est vu suspendre le droit d’enseigner. En plus, de plus en plus de parents ont eu le courage de démasquer dernièrement des actes de corruption dans les écoles. A son tour, le ministère de tutelle a décidé de créer dans chaque établissement scolaire de Roumanie une commission chargée d’examiner de près les possibles implications des professeurs ou instituteurs dans les collectes de fonds organisées par les parents d’élèves.



    Toutefois, le problème est loin d’être solutionné. Bien que les écoles soient attenantes aux municipalités et donc bénéficiaires de fonds locaux, les directeurs des établissements scolaires invoquent souvent le manque de financements pour expliquer la nécessité de collecter de l’argent auprès des parents. Une pratique tout à fait légale à condition qu’elle soit lancée par les parents, a affirmé le ministre de l’Education, Remus Pricopie. Une fois de plus, la responsabilité est passée aux parents, bien que chaque école dispose d’un financement public.

  • Michel Minouflet (France) – prénoms roumains

    Michel Minouflet (France) – prénoms roumains

    Je commence par le prénom de ma fille, Ana. Un prénom qu’on retrouve à pas mal de gamines de sa génération. Quant à moi, j’ai choisi ce prénom car on l’aimait bien tous les deux et parce que nous avons célébré notre mariage le jour de la Saint Anne, le 9 septembre. A la différence des personnes de ma génération, l’actuelle génération portent des prénoms assez courts : Ana, Sofia, Mara, Maia, Sonia pour les filles et Luca, Ioan, Alex, Matei, Philippe pour les garçons. Par contre, des prénoms très à la mode dans les années ’70-’80 sont presque en voie de disparition et je pense à Cristina, Gabriela, Mihaela, Daniela ou Raluca.



    Et puisque je parle prénoms, je voudrais ajouter un détail sympathique : de plus en plus de familles roumaines choisissent pour leurs enfants des prénoms portés par les enfants des stars. Il y a eu par exemple toute une pléiade d’Alexia après qu’une vedette roumaine de télévision eut choisi ce prénom pour sa gamine. Un prénom qui normalement n’existait pas en Roumanie. Et encore un petit détail : je connais pas mal de parents roumains qui ont choisi pour leurs enfants des prénoms qui existent aussi en Occident La raison ? Que leur enfant s’intègre plus facilement s’il choisit de quitter la Roumanie. De tels prénoms sont, par exemple, Philippe, George, Alex, Maria, Sophia.

  • Grandissons ensemble

    Grandissons ensemble

    Le phénomène des enfants dont les parents ou seulement un d’entre eux sont partis travailler à l’étranger ne cesse de gagner en ampleur en Roumanie. Ainsi, selon des données fournies par la Direction chargée de la protection de l’enfance, 79 901 tels enfants étaient recensés dans les statistiques de l’assistance sociale. 41% d’entre eux étaient complètement privés de l’attention des parents : 22 993 avaient les deux parents loin d’eux et 9991 étaient issus de familles dont un seul parent était parti. Bien que ces chiffres soient déjà inquiétants, une série d’études montrent que les informations officielles ne rendent compte que partiellement de l’ampleur du phénomène.



    C’est dans ce contexte que l’Organisation « Sauvez les enfants » a décidé de venir en aide aux petits et de mettre en place le projet « Grandissons ensemble ». Gabriela Alexandrescu, présidente exécutive de l’Association « Sauvez les enfants » : « Le programme se propose d’identifier les meilleurs moyens de protéger les enfants dont les parents travaillent à l’étranger et de mettre en place des services complexes, censés soutenir ces enfants. On les aide à faire leurs devoirs, car sans une protection parentale adéquate, un enfant a du mal à faire face aux exigences de l’école. On les aide également à garder un contact permanent avec leurs parents qui vivent dans un autre pays, en leur fournissant l’équipement nécessaire, par exemple des ordinateurs connectés à Internet. On accompagne aussi ceux qui prennent soin de ces enfants, vu qu’il s’agit dans la plupart des cas de grands-parents ou d’autres membres de la famille qui ne savent pas toujours comment se conduire avec un adolescent, par exemple. Pour nous, il est très important de faire participer les autorités de sorte que ces exemples de bonnes pratiques ne demeurent pas isolés, car de tels enfants se retrouvent dans tout le pays » .





    Le projet « Grandissons ensemble » a déjà abouti au lancement de plusieurs programmes «Après l’école », dans 14 départements de Roumanie. 2080 enfants en ont bénéficié entre 2010 et 2012. Les enfants ont ainsi pu participer à des programmes censés leur fournir un surcroît d’aide et l’accès à bon nombre activités extrascolaires: promenades, visites aux musées et autres attractions touristiques. Les représentants des enfants ont eux aussi eu la possibilité de prendre part à différentes rencontres et séances d’accompagnement social et psychologique.

    Les autorités comprennent qu’il reste encore un long chemin à parcourir, estime Catalina Chendea, inspectrice au ministère roumain de l’Education : « On a mis l’accent sur les séminaires destinés à ceux qui restent à la maison avec ces enfants, qui les prennent en charge. Nous essayons d’établir des liens avec ces parents empruntés, pour ainsi dire, et d’encourager les enfants à garder eux aussi un contact aussi étroit que possible avec leurs parents, de leur faire comprendre que ces derniers ne les ont pas quittés, qu’ils les rejoindront à un moment donné. A cet effet, nous organisons toute sorte d’activités extra curricullaires susceptibles d’accroître la confiance des enfants en eux-mêmes et en la famille » .



    Parfois enviés par d’autres enfants parce que considérés comme privilégiés pour recevoir des cadeaux plus beaux qui leur viennent de l’étranger, bon nombre de ces jeunes manquent, en réalité, de la chaleur et la protection d’un foyer. Daniela Ganu est la grand-mère d’une fillette dont les parents sont partis travailler ailleurs. Elle nous parle de ce programme dont sa petite-fille bénéficie aussi : « Plus d’une fois il m’est arrivé de constater que même s’ils avaient des parents à l’étranger, certains de ces enfants étaient mal habillés ou nourris. J’ai constaté que par le biais de ce programme les enfants ont droit à un repas, ce qui est une très bonne chose. A mon avis, il y a beaucoup de cas sociaux, de familles nombreuses, à quatre ou cinq enfants, dont les parents sont partis et qui les ont laissés à la charge d’une grand-mère pauvre et malade, d’un oncle ou d’une tante qui se désintéressent d’eux à longueur de journée. Je pense que votre programme en régime d’internat essaie d’offrir à ces enfants une sorte de famille de substitution, puisque certains de ces petits n’ont même pas de toit. Ils vivent dans la rue, vêtus de fripes et pieds nus » .





    Personne ne doute plus de la nécessité de tels programmes. A preuve, un autre témoignage, celui de Vera Limbei, qui prend soin de plusieurs petits-enfants : « J’ai quatre petits-enfants à ma charge. Leurs parents sont partis travailler à l’étranger. Ils voudraient amasser de l’argent pour s’acheter un appartement, car ils vivent dans un studio loué. Les petits sont âgés de 5 à 7 ans. Les jumeaux ont 6 ans et vont en classe préparatoire. Le cadet va à l’école maternelle, tandis que l’aîné et en première année des cours élémentaires. Je n’aurais pas réussi à me débrouiller sans l’aide de la fondation! »



    On a constaté, dès les premiers mois, chez les enfants inscrits dans ces programmes, une amélioration des capacités de communication, un niveau accru de leur estime de soi et des résultats scolaires meilleurs dans certaines disciplines. Le programme « Grandissons ensemble » repose sur l’effort soutenu de 565 bénévoles. En 2013, plus d’un millier d’enfants seront concernés par les activités déployées dans les 16 centres. (trad. : Alexandra Pop, Mariana Tudose)