Tag: peinture

  • Theodor Aman, fondateur de l’Ecole d’art roumaine

    Theodor Aman, fondateur de l’Ecole d’art roumaine

    Le premier artiste roumain moderne

     

    Theodor Aman (1831-1891) a été un peintre, graphiste, sculpteur, pédagogue et académicien roumain, fondateur, aux côtés d’un autre grand artiste roumain Gheorghe Tattarescu, de la première école des beaux-arts de Bucarest. Dans l’histoire des arts plastiques roumains, Theodor Aman est le premier véritable artiste moderne, dont l’influence a accéléré l’ouverture à la modernisation culturelle et au développement artistique des institutions de culture des Principautés unies de Moldavie et de Valachie.

     

    Ouvrir une école des Beaux-Arts à Bucarest

     

    La muséographe Diana Șuteu, commissaire du Musée Aman, composante du Musée municipal Bucarest, raconte la naissance de l’idée d’ouvrir une Ecole des Beaux-Arts à Bucarest:

    « Aman a eu la chance, quand il n’avait que 19 ans, de sortir d’une Valachie sous influence ottomane et très, très en retard par rapport à l’Occident européen. Il a eu cette chance d’aller à Paris, qui, à l’époque, était la capitale de la culture et de l’éducation artistique. Donc, un enfant de 19 ans, parti de l’espace que j’ai mentionné, arrive à Paris où il découvre un monde développé selon des règles différentes et totalement inconnues. Et il s’y adapte, car il a tout de même reçu une éducation : il parle plusieurs langues, il fait de la musique, il a été un élève intelligent et appliqué. Il aurait dû retourner autour de 1855 dans l’espace qu’il avait quitté, mais il reçoit un message de Barbu Știrbei, livré par un neveu de celui-ci: « Dis à Aman d’attendre encore un moment avant de rentrer, car la situation n’est pas encore prête à l’accueillir ». Il reste à Paris jusqu’en 1858 et il profite pour apprendre tout ce qui était disponible dans son domaine d’intérêt. Il est évident qu’Aman a préféré suivre le modèle de l’artiste de la Renaissance, qui devait maîtriser un maximum de techniques. Quand il rentre au pays en 1858, il est travaillé par une idée très puissante: il est décidé de fonder une école. Il avait compris le point où se trouvait la société occidentale ainsi que le passé de la culture et de l’art européen dans un espace qui avait évolué normalement. Il avait compris qu’un peuple, une société ne pouvait pas évoluer sans éducation. Sa première option a donc été de créer une école. »

     

    Des efforts soutenus 

     

    Doina Șuteu explique comment Theodor Aman a finalement réussi à mener à bien sa démarche fondatrice:

    « A partir de 1858, il approche, sans succès, tous les officiels de son temps. Il demande tout simplement de recevoir un terrain sur lequel il veut faire construire une école privée, mais on ne l’entend pas. Et pourtant, il obtient l’autorisation en 1864. Alexandru Ioan Cuza, qui était à la tête de l’Etat, avait fondé en 1860 l’Université et l’Ecole d’art d’Iași. En 1864, Cuza signait le décret de création de l’Ecole des Beaux-Arts de Bucarest et c’est à ce moment-là que l’Université de Bucarest ouvre aussi ses portes. Aman fait toutes ces démarches avec son ami et confrère  Gheorghe Tattarescu, qui était de deux ans son aîné. Tattarescu avait étudié à Rome, mais ils se sont battus ensemble pour réaliser cet objectif. En 1864, lorsque l’école est inaugurée, Aman est nommé directeur, fonction qu’il assumera jusqu’à sa mort en 1891. C’est ainsi que les jeunes talentueux de l’espace roumain ont eu, eux-aussi, la chance d’étudier avec des gens qui s’étaient formés en Occident. »

     

    Theodor Aman, l’homme

     

    La muséographe Doina Șuteu dresse également un portrait du professeur Theodor Aman :

    Je l’ai dit à plusieurs reprises, Aman aurait pu ne rien créer de ce que nous voyons, c’est-à-dire son art, mais l’histoire de la culture aurait retenu son nom en tant que fondateur de l’école et de professeur. Car il a été un professeur exceptionnel, paraît-il. De nombreux témoignages parlent de sa relation avec les étudiants, qu’il aimait comme s’ils avaient été ses propres enfants et qui le lui rendaient bien. Des fragments de correspondance qui nous sont parvenus montrent des échanges affectueux, comme entre un père et ses enfants. Aman n’a pas eu ses propres enfants et ses étudiants avaient occupé cette place dans sa vie. La relation humaine était doublée d’une relation professionnelle remarquable, car, de par son éducation et sa formation, Theodor Aman était un professeur exceptionnel, mais aussi exigeant. Nos premiers artistes importants de la fin du XIXème siècle et du début du XXème ont été ses étudiants. »

     

    Theodor Aman est un repère dans l’histoire de l’art roumain. Son nom a bien sa place dans cette histoire grâce à son œuvre et à sa contribution à la fondation des premières Ecoles des Beaux-Arts de l’espace roumain. La maison-atelier, que l’artiste a dessinée, peinte et décorée lui-même, est aujourd’hui l’un des musées les plus beaux et les plus originaux de Bucarest, un lieu qui reflète la personnalité complexe du grand maître Theodor Aman. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • L’exposition installation « Résurrection » de l’artiste Eugen Raportoru

    L’exposition installation « Résurrection » de l’artiste Eugen Raportoru

    Cette année, durant les mois d’avril et de mai, marqués par les fêtes pascales catholiques et orthodoxes, la Galerie d’art CREART de Bucarest accueille l’exposition installation « Resurectie/Résurrection » de l’artiste visuel Eugen Raportoru. La chromatique des créations, les gris déjà consacrés de l’auteur et d’autres éléments subtiles donnent la mesure d’une personnalité artistique complexe.

    Une exposition originale et sure mesure

    Daniela Sultana, commissaire de l’exposition, explique le concept de l’évènement:

    « Bienvenue au vernissage de l’exposition personnelle de l’artiste visuel Eugen Raportoru, accueillie par CREART, le Centre de création, art et tradition municipal de Bucarest. Comme à l’accoutumée depuis au moins une année, nous essayons de lier la thématique de l’exposition aux fêtes ou bien à certaines période de l’année. Cette fois-ci, l’événement est dédié aux fêtes pascales et couvre le laps de temps entre la Pâque catholique et la Pâque orthodoxe. C’est une exposition installation, seulement trois peintures de grandes dimensions représentant chacune une croix, la Crucifixion de Jésus et des deux brigands sur le Golgotha. … Puisque c’est une occasion sobre, qui trouve son origine dans le texte biblique, la proposition est aussi sur mesure. Si les installations précédentes exposées à CREART présentaient un grand nombre d’éléments et de couleurs, celle-ci est minimaliste et monochrome. Juste trois ouvrages et trois non-couleurs – le blanc, le noir et le gri. »

    Lors du vernissage de l’exposition « Résurrection », à l’intérieur de la Galerie CREART, les invités ont pu sentir l’odeur purificatrice de l’encens. Etait-ce intentionnel de la part des organisateurs ? Daniela Sultana répond à la question:

     « Evidemment, c’est l’élément proposé par l’artiste pour ajouter un élément olfactif au concept artistique. Tout le monde sait qu’il avait déjà créé des installations légendaires, il y en a eu une achetée par la Musée d’art contemporain, une autre a été présentée à l’Institut culturel roumain de Londres, au Musée du Paysan roumain, à Bucarest, et à la cinquante-neuvième Biennale de Venise. Par le projet actuel, Eugen Raportoru continue avec sa pratique, qui oscille entre installation et peinture, cette peinture qui l’a consacré et sa chromatique-signature avec ces gris emblématique. »

     

    Qui est Eugen Raportoru, l’artiste qui se cache derrière l’exposition ?

    Daniela Sultana, la commissaire de l’exposition « Résurrection », a également esquissé un portrait de l’artiste visuel Eugen Raportoru:

    « Pour tenter une présentation de l’artiste visuel Eugen Raportoru, je rappellerais que cette année il a été nommé dans l’Ordre du Mérite culturel par le président de la Roumanie. Il est titulaire d’une licence et d’un master de l’Université des Beaux-Arts (UNARTE). Il est membre de l’Union des Artistes plasticiens depuis 2010 et il en reçu plusieurs fois le prix de peinture. Il est un artiste très actif, auteur de nombreuses expositions personnelles et de groupe, participant à des biennales, salons et foires de l’art locaux tels que Art Safari, le Salon d’art contemporain, ou bien le Musée d’art contemporain. Il est très actif aussi à l’étranger, par exemple à l’Académie royale des arts de Londres, au Vatican sous l’égide de l’ UNESCO, au Musée ethnique d’Oslo et de Stockholm et dans presque tous les musées du pays,  tels que le Musée municipal Bucarest, le Musée de la littérature, le Musée d’art moderne et contemporain Pavel Șușară également de la capitale, au Musée Brukenthal de Sibiu, au Musée d’art de Galați,  de Constanța, de Târgu Jiu, au Musée départemental Gorj et bien-sûr dans de nombreux centres et galeries d’art contemporain. »

    Daniela Sultana, commissaire d’exposition à la Galerie CREART, a aussi présenté les projets sur lesquels elle planche actuellement ainsi que l’offre en préparation pour le public amateur d’art :

    « Ensuite, à la Galerie CREART, nous accueillerons un projet dans le cadre de la Romanian Design Week – La Semaine du design roumain. Ce sera une nouvelle exposition installation d’un créateur de mode roumain connu aussi à l’étranger. Il s’agit de Dorin Negrău. Après, il y aura, bien évidemment, d’autres expositions personnelles, plutôt de type installation, car il faut tenir compte des dimensions de notre galerie. A cela s’ajoutera une exposition à Venise, dans le cadre de l’Institut culturel et de recherche humaniste roumain. » (Trad. Ileana Ţăroi)

  • L’exposition « Victor Brauner. Entre onirique et occulte »

    L’exposition « Victor Brauner. Entre onirique et occulte »

    L’exposition « Victor Brauner. Entre onirique et occulte » est ouverte au rez-de-chaussée de la Galerie nationale du Musée national d’Art de Roumanie jusqu’au 30 avril prochain. Inaugurée au 1er décembre 2023, cette exposition souligne l’originalité, issue de sources autochtones, de l’œuvre de Victor Brauner ainsi que la contribution de l’artiste au mouvement surréaliste, lancé il y a cent ans, en 1924.

     

    Les sources de la création du maître

     

    Les plus de cent ouvrages exposés présentent les sources premières de la création du maître – la spiritualité populaire, sa propre sensibilité envers l’occulte et les pratiques ésotériques, ainsi que l’évolution de ses moyens artistiques vers une esthétique surréaliste. Călin Stegerean, directeur du MNAR, est également l’auteur du concept de l’exposition: « L’exposition présente des ouvrages et des objets empruntés au Musée national du village « Dimitrie Gusti » de Bucarest, dans le but de refléter cette sensibilité de l’artiste pour l’onirique et l’occulte. D’ailleurs, de nombreuses sources biographiques remarquent aussi bien cette sensibilité que la manière dont elle se retrouve dans son œuvre, notamment picturale. Notre exposition a aussi une importante composante faite de dessins, art graphique, aquarelles, gouaches et gravures, un domaine d’excellence de Brauner. Ce sont des ouvrages appartenant au Musée national d’art de Roumanie, mais aussi des créations empruntée au Centre Pompidou de Paris, au Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Etienne, au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, ainsi qu’au Musée d’art visuel de Galați et au Musée du Pays des Criș d’Oradea. Je crois que nous avons réussi à ramener autant de créations grâce à la force de conviction de notre projet, une nouveauté dans le paysage muséographique international. Ces dernières années, plusieurs expositions ont été consacrées à cet artiste, dont celle de Timișoara en 2023, lorsque la ville de l’ouest de la Roumanie a détenu le titre de Capitale européenne de la culture. Pourtant, aucune de ces expositions n’a présenté l’œuvre de Victor Brauner en partant de ces coordonnées essentielles de sa création, l’onirique et l’occulte. En plus, comme en Roumanie il existe de nombreux ouvrages de l’artiste, je crois que cela a été une occasion pour les collectionneurs de les montrer au grand public. Notre exposition contient des revues et des livres d’avant-garde signés par Victor Brauner, qui proviennent de la Bibliothèque nationale de Roumanie, de la Bibliothèque métropolitaine Bucarest et de la Bibliothèque centrale universitaire Lucian Blaga de Cluj-Napoca. S’y ajoutent des documents inédits liés aux séances de spiritisme pratiquées par Bogdan Petriceicu Hașdeu, et qui nous ont été prêtés par les Archives nationales de Roumanie. »

     

    Victor Brauner est né dans la ville de Piatra Neamț (nord-est de la Roumanie) en 1903. 

     

    Après un périple à Vienne (en Autriche) et à Brăila (sud-est de la Roumanie), sa famille dépose ses bagages à Bucarest en 1918, où Victor Brauner s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts. En 1923, il entre en contact avec le mouvement d’avant-garde et il commence à écrire pour les plus importantes revues acquises à la cause: Contimporanul, Punct, Integral, Unu, Urmuz. Il participe également aux plus importantes expositions organisées par le groupe avant-gardiste, aux côtés de Marcel Iancu, M.H. Maxy, Hans Mattis-Teutsch, Milița Petrașcu. En 1932, Victor Brauner adhère au mouvement surréaliste mené par André Breton et prend part à plusieurs expositions du groupe. En 1938, il s’établit définitivement à Paris et il affronte de grandes difficultés durant les années de la deuxième guerre mondiale. Au lendemain de la guerre, il rencontre un succès artistique croissant en Europe et aux Etats-Unis. Lorsqu’il meurt en 1966, il était déjà reconnu en tant que représentant prestigieux du surréalisme.

     

    Victor Brauner – Le grand illuminateur totémique

     

    L’exposition accueillie par le MNAR présente également la section « Les illuminations successives » du film « Victor Brauner – Le grand illuminateur totémique » (2014) du réalisateur Fabrice Maze. Călin Stegerean nous en donne des détails : « C’est une exposition que nous présentons comme « Plus qu’une exposition, c’est une expérience ». Le public est invité à la visiter comme si c’était une expérience sensorielle, qui reconnecte l’individu et les arts visuels. La scénographie, très spéciale, se propose à introduire une dimension onirique à travers la configuration même de l’espace  et les couleurs des murs sur lesquels les œuvres sont accrochées. Nous avons voulu offrir au public plusieurs types de message ; certains sont les textes qui accompagnent les différentes sections de l’exposition, mais ce n’est pas que ça. Les couleurs sur les murs changent et la géométrie de l’espace ne ressemble en rien aux expositions temporaires précédentes de notre musée. En fait, je crois que c’est aussi une première internationale, et je le dit parce que j’en ai réalisé une documentation minutieuse. »

     

    Le Musée national d’art de Roumanie détient huit toiles et deux ouvrages d’art graphique de l’artiste Victor Brauner. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Aman chez Aman

    Aman chez Aman

    Depuis
    le mois juin dernier, les amateurs d’art sont invités à visiter une exposition
    accueillie par un des musées les plus intéressants de Bucarest – la maison-atelier-musée
    du peintre Theodor Aman, composante du Musée de la ville de Bucarest.
    L’exposition « Aman chez Aman » est dédiée à Theodor Aman (1831 -
    1891), le premier grand artiste plasticien classique, peintre et graphiste,
    pédagogue et académicien, fondateur des premières écoles des beaux-arts de
    Roumanie, à Bucarest et à Iasi.

    Les toiles présentées au public appartiennent à
    la Pinacothèque du Musée de la capitale, certaines n’ont jamais été exposées,
    ou du moins les dernières décennies, d’autres ont fait l’objet de longs et
    difficiles travaux de restauration. La muséographe et commissaire de
    l’exposition, Greta Şuteu, ajoute d’autres précisions : Aman nous rend visite à travers
    ses toiles. C’est le noyau de l’exposition que nous avons ouverte cet été et
    qui est atypique en ce sens que nous avions l’habitude de montrer des œuvres du
    patrimoine du musée. Or, cette fois-ci, nous avons ramené des créations d’Aman
    qui retournent dans sa maison. Par une chance inespérée, la Pinacothèque de
    Bucarest, elle aussi intégrée au Musée de la ville, détient huit tableaux
    peints par Theodor Aman. Des œuvres qui n’étaient pas exposées, ni restaurées, plutôt
    en mauvais état, et stockées dans l’entrepôt. Depuis deux ans, ces toiles
    subissent des travaux de restauration et cela a été une chance extraordinaire.
    Nous sommes tout simplement émerveillés de les voir en pleine lumière aujourd’hui.
    Et puisqu’elles ont été restaurées, nous avons pensé que leur meilleure
    rencontre avec le public devrait avoir lieu là où elles ont été créées. Ces toiles sont donc toutes exposées
    dans l’atelier du peintre.


    Greta
    Şuteu a ensuite passé en revue les ouvrages exposés pour la première fois
    devant le public actuel :
    Ce sont des œuvres appartenant à des périodes de création et à des genres
    différents. Nous pouvons dire qu’elles couvrent parfaitement l’ensemble de la
    carrière d’Aman, depuis l’académisme du début au pré-impressionnisme de la
    dernière période, ainsi que la plupart des genres abordés par le Maître. Le
    portrait y est très bien représenté, sur trois périodes, dont celle de la
    maturité avec le portrait de la mère du peintre. Ce portrait a d’ailleurs une
    histoire intéressante. La mère d’Aman était décédée en 1868, quand la maison de
    son fils n’était pas encore finie. Donc elle n’y avait jamais mis les pieds.
    Aman peint ce portrait en 1880. Donc, ce tableau est en fait le portrait du
    souvenir que l’artiste gardait de sa mère. Vous voyez, on peut dire que la dame
    rend en effet visite à son fils. Nous exposons aussi deux miniatures, de
    véritables joyaux : le thème en est historique – « L’assassinat de
    Ghica III » – et l’œuvre choque par ses couleurs audacieuses, par la façon
    dont l’artiste perçoit un élément, le raffinement d’une broderie par exemple. C’est
    une création de sa deuxième année d’études universitaires, quand il avait à
    peine vingt ans. Selon le critique et historien de l’art Radu Bogdan, c’est le
    premier tableau à l’huile sur un thème historique peint par Aman. Il s’agit
    donc effectivement d’une création de début.




    La commissaire de
    l’exposition « Aman chez Aman », Greta Şuteu, a aussi lancé une invitation : Nous attendons nos
    visiteurs fidèles à venir admirer cette exposition, mais nous invitons aussi
    tous ceux qui n’ont peut-être pas encore découvert ce musée, unique en son
    genre.
    (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Exposition Victor Brauner

    Exposition Victor Brauner

    Cette année Timisoara est la capitale européenne de la culture. A cette occasion, l’Institut français de Timisoara propose une exposition évènement sur l’œuvre de Victor Brauner, peintre, sculpteur et poète juif roumain né au début du siècle dernier. Détails avec Camille Morando, spécialiste de Brauner dans une interview par Clémence Lheureux.



  • Exposition de l’œuvre de Pia Massaci au Musée de la ville de Bucarest

    Exposition de l’œuvre de Pia Massaci au Musée de la ville de Bucarest

    Fin 2022, le Musée de la ville de
    Bucarest, situé dans le Palais Suţu, a accueilli une nouvelle exposition de
    peinture consacrée au féminisme dans l’art, plus précisément à Pia Massaci,
    l’une des femmes peintre de la Roumanie de l’entre-deux-guerres. Connue pour sa
    chromatique, ses portraits et ses paysages, Pia Massaci (1908-1992) incarne aux
    dires d’Elena Olariu, directrice adjointe du Musée, le prototype de l’artiste
    tombé dans l’oublie.


    « L’aile du musée de la ville de Bucarest consacrée aux Beaux arts a
    accueilli une exposition consacrée à Pia Massaci, une femme-peintre née à
    Constanţa, dans la famille d’un avocat. Elle a débuté en 1935, dans le cadre du
    Salon officiel de Bucarest, par une exposition comportant un autoportrait et
    des poupées italiennes, deux thèmes qui lui sont restés très chers, puisqu’ils
    reviennent aussi dans d’autres expositions, y compris dans celle dont il est
    question aujourd’hui. C’est une exposition qui réunit plusieurs autoportraits,
    des natures mortes, des paysages dont un, inspiré du marché Matache de Bucarest
    et dont c’est justement le titre. D’ailleurs, ce tableau a déjà été exposé en
    2021, au pavillon Art Safari, dans le cadre d’une grande exposition consacrée aux
    femmes-peintre de Roumanie, intitulée « Séduction et triomphe dans
    l’Art ». Suite à cet événement, les descendants de Pia Massaci nous ont
    contactés pour nous mettre à disposition des documents d’archive, des photos et
    une cinquantaine de tableaux issus de la collection familiale. Il s’agit, je
    vous le rappelle, d’une artiste tombée dans l’oubli pendant plusieurs années.
    Or, le Musée de la ville de Bucarest mène une politique spéciale de recherche
    afin de récupérer les artistes relégués aux oubliettes. Que s’est-il passé
    exactement, avec cette génération de l’entre-deux-guerres ? Voilà la question à
    laquelle nous tentons de répondre. Pour commencer, il convient de préciser que
    dans ces années-là, de nombreux artistes ont été victimes de la crise
    économique. Parmi eux, beaucoup ne jouissaient pas de l’attention des
    critiques. Cela peut s’expliquer par le nombre important de peintres que la
    Roumanie comptait à cette époque-là. Malheureusement, à l’issue de la Seconde
    Guerre mondiale, le pays s’est vu installer à sa tête la dictature communiste
    qui n’encourageait que les artistes proches du régime. Par conséquent, de nombreux
    peintres de l’entre-deux-guerres sont entrés dans un cône d’ombre et nous
    tentons de les faire redécouvrir au public.
    »


    Elena Olariu, directrice adjointe
    du Musée national de la ville de Bucarest se penche dans les minutes suivantes
    sur le parcours académique et la carrière artistique de Pia Massaci.


    « Pia Massaci a été l’élève de Jean Alexandru Steriadi et de Camil
    Ressu, deux figures emblématiques de
    l’art roumain. Elle a aussi été lauréate du Prix de l’Académie des Beaux Arts
    de Iaşi en 1942. Ses ouvrages ont été présents dans tous les salons officiels
    de l’époque. Durant la période communiste, elle a eu quelques vernissages
    personnels. Elle a travaillé aussi bien à Braşov qu’à Tulcea, Constanţa et
    Balcic, en Bulgarie. Plusieurs de ses tableaux se trouvent dans des collections
    privées en France, en Allemagne, en Pologne, en Israël ou au Canada. Sa famille
    détient une cinquantaine de tableaux dont plusieurs ont été exposés au Palais Suţu, dans le cadre de cette exposition gérée
    par la commissaire Angelica Iacob. Personnellement, ce qui m’attire
    particulièrement chez Pia Massaci est le fait de la voir choisir ses sujets en
    fonction de ses propres préférences. Elle peint en fonction de ses envies, sans
    renoncer à sa touche féminine. A la différence d’autres femmes peintres qui ont
    essayé de se rapprocher de l’art masculin afin de plaire à une certaine
    catégorie de public ou aux critiques,
    Pia Massaci a privilégié un art purement féminin, d’une grande valeur. Elle a
    peint selon ses envies.
    » a conclu Elena Olariu. (Trad : Ioana Stancescu)





  • Le mois de décembre à l’Institut culturel roumain de Paris

    Le mois de décembre à l’Institut culturel roumain de Paris

    La fin de
    l’année approche à grands pas. N’empêche, à Paris, l’Institut culturel roumain
    s’enorgueillit d’un riche agenda pour le mois de décembre. Pour plus de
    détails, nous vous proposons de jeter un coup d’oeil sur le site officiel de l’Institut, à l’adresse www.icr.ro et à écouter la journaliste et la poétesse Cristina
    Hermeziu, chargée de communication auprès de l’ICR Paris.

  • Aman en plein air

    Aman en plein air

    Theodor Aman (1831-1891) était un peintre et graphiste roumain, pédagogue et académicien, considéré comme le fondateur des premières écoles roumaines des Beaux-arts à Bucarest et Iaşi (nord-est de la Roumanie). Dans l’histoire des arts plastiques roumains, il est considéré comme le premier grand artiste moderne dans le vrai sens du terme, qui a exercé l’une des plus grandes influences pour l’ouverture vers la modernité artistique roumaine. Au centre de la capitale, au Musée « Theodor Aman », une nouvelle exposition est ouverte au grand public – « Aman en plein air ».

    Au sujet du musée et de la personnalité du grand artiste, nous nous sommes entretenus avec la muséographe et commissaire d’exposition Greta Șuteu : « Le Musée Theodor Aman a préparé, dirais-je, l’événement de l’année 2022. Car nous proposons chaque année un événement majeur. Cette année, c’est l’exposition « Aman en plein air », qui présente les toiles de jardins et de parcs peintes par l’artiste. C’est donc une rencontre avec Aman le paysagiste. Cette composante de la création du peintre est vraiment très intéressante pour le visiteur. Aman, qui est rentré de Paris en tant que peintre académiste, a compris que d’autres styles sont apparus en parallèle. Il les traverse tous, et arrive dans les deux dernières décennies dans le pré-impressionnisme, avec la sortie dans la nature. Dans ce que propose l’exposition actuelle, nous retrouvons un Aman qui est sorti, a découvert le paysage avec un œil différent et il n’essaie plus d’être simplement descriptif. Il ne porte plus sur l’extérieur un regard froid, mais s’implique, entre dans cet extérieur, le traverse, le filtre à travers son esprit et son âme et nous présente un paysage tout à fait spécial. Même s’il n’a pas vraiment de contrepartie dans la réalité, il nous présente un paysage qui fascine toujours. Nous avons dans cette exposition 22 peintures à l’huile et trois aquarelles, dans lesquelles on peut voir des jardins et les parcs et, bien sûr, le fer de lance que sera toujours pour tout visiteur « le Jardin d’Aman ». Des scènes peintes dans le jardin d’Aman, parce qu’il n’existe plus en réalité. Le jardin d’Aman a été enseveli sous le béton, parce que c’était à une époque où la périphérie de la ville était sur ces lieux, avec une zone de jardins. Maintenant, nous sommes en plein centre de Bucarest, et un bloc de béton recouvre le jardin d’Aman. Notre chance d’entrer dans le jardin de l’artiste, c’est donc de regarder ses peintures, et il prend soin de nous montrer ce jardin sous tous les angles possibles afin que nous nous y retrouvions vraiment. Nous avons également la chance de voir des endroits qui n’ont pas changé même si 150 ans se sont écoulés. Nous avons, par exemple, quelques œuvres qui sont réalisées dans le Jardin du Luxembourg, et là, nous retrouverons le même paysage aujourd’hui. Nous pouvons le reconnaître. Nous voyons des paysages extérieurs, des scènes de différentes villes et parcs. Cette exposition est extraordinaire, par ses couleurs et sa lumière. »

    Quelles sont les attentes des organisateurs ? « Nous espérons que le public voudra vraiment voir cet événement, qui vaut la peine d’être vu, et pas seulement ce que nous exposons maintenant ; le musée en tant que tel est très intéressant. C’est un musée spécial car il est accueilli par la maison d’Aman. Et cette maison n’est pas seulement une demeure où l’artiste a vécu pendant un certain temps. C’est une maison construite par Aman, dans laquelle le peintre a fait absolument tout, du projet d’architecture et de décoration extérieure à toute la décoration intérieure. C’est-à-dire la peinture murale, les vitraux, les meubles sculptés par Aman, toute la décoration en bois sculptée par l’artiste. Et aussi la plus grande collection de toiles du peintre, qui englobe toutes les périodes qu’il a traversées, car son art est très varié, tout au long de sa vie, il a une évolution permanente. »

    Une exposition particulièrement généreuse, donc, à découvrir quand vous passez à Bucarest. Elle est ouverte jusqu’au 31 mars 2023.

  • L’art et la révolution –  le peintre Constantin Daniel Rosenthal

    L’art et la révolution – le peintre Constantin Daniel Rosenthal

    Le peintre et révolutionnaire Constantin Daniel Rosenthal est l’artiste symbole
    de la révolution roumaine de 1848 en Valachie. Ses œuvres figurent dans les
    manuels d’histoire et de nombreuses générations les ont admirées et se sont
    imprégnées des idéaux qu’elles expriment. Deux sont ses toiles les plus connues
    : « La Roumanie brisant ses chaînes sur le Champ de la Liberté », réalisée
    en 1848, et « La Roumanie révolutionnaire », réalisée en 1850. Elles
    ont eu une influence considérable sur l’idée – moderne à l’époque – de création
    de l’Etat unitaire et de la nation roumaine.






    Constantin Daniel Rosenthal a vu le jour en 1820 à Pest, en
    Autriche-Hongrie. Bien que né dans une famille de marchands juifs qui parlaient
    le hongrois et l’allemand, il a consacré sa vie aux aspirations nationales
    roumaines. Il est mort à l’âge de 31 ans, dans une prison de Pest, après avoir
    été arrêté par les autorités autrichiennes pour espionnage et incitation à des
    activités révolutionnaires.






    Il a fait des études d’art à Vienne et il a adhéré aux idées
    révolutionnaires radicales. Selon les historiens de l’art, Rosenthal serait
    arrivé à Bucarest vers l’année 1842, pour des raisons demeurées obscures. A
    Vienne, il semble s’être lié d’amitié avec le peintre roumain Ion Negulici, qui
    allait participer activement à la révolution de 1848 à Bucarest. Dans la
    capitale de la principauté de Valachie de l’époque, Rosenthal fréquente les
    cercles révolutionnaires radicaux, représentés par les libéraux francophiles menés
    par le journaliste et homme politique C.A. Rosetti. Les deux toiles mentionnées
    furent la plus importante contribution de Rosenthal à la révolution roumaine. La
    femme qui lui a servi de modèle a été la célèbre Mary Grant, d’origine
    écossaise, devenue Maria Rosetti par son mariage avec C.A. Rosetti. Personnalité
    remarquable, douée d’une énergie débordante, Maria Rosetti incarnait, dans les
    deux toiles, la beauté de la Roumanie et sa détermination à se forger un
    nouveau destin. Dans « La Roumanie révolutionnaire », elle porte une
    blouse roumaine et un collier de pièces d’or brille sur sa poitrine blanche. Un
    ample voile de gaze spécifique du costume traditionnel roumain couvre ses cheveux
    noirs luisants et elle tient entre ses mains le drapeau tricolore. Maria
    Rosetti comme symbole la Roumanie révolutionnaire faisait partie de
    l’iconographie de l’époque, où souvent une jeune femme incarnait les idéaux
    politiques et sociaux.






    L’historien de l’art Adrian-Silvan Ionescu résume la contribution de Rosenthal
    à l’imaginaire politique et révolutionnaire roumain de 1848 : « Inspiré par ses sentiments patriotiques, dans
    sa toile « La Roumanie brisant ses chaînes sur le Champ de la
    Liberté », Rosenthal a illustré impeccablement le mouvement révolutionnaire
    roumain. Cette peinture de petites dimensions a été lithographiée et distribuée
    aux masses populaires, contribuant à perpétuer les nouvelles idées de l’époque.
    Il faut également noter que Rosenthal a pris pour modèle Maria Rosetti, qui
    était écossaise. Il est très amusant de constater que la Roumanie a été
    représentée par une Ecossaise – mais cette Ecossaise était mariée à C.A.
    Rosetti et elle avait le cœur roumain ».








    Comme toute ville en train de se moderniser, Bucarest était en pleine
    effervescence durant la première moitié du 19e siècle. Eminemment
    orientale jusqu’en 1800 et sans monuments publics, la ville de Bucarest était
    qualifiée de marginale par les voyageurs étrangers du point de vue des
    conditions qu’elle offrait et de la qualité de la vie de ses habitants.








    Le 23 juin 1848, dans l’ancienne cour de la mairie, sur l’emplacement
    actuel du Musée des collections d’art, avenue de la Victoire, fut placée la statue
    « La Roumanie libérée », réalisée par Constantin Daniel Rosenthal. Le
    journal révolutionnaire « Pruncul român » (« L’enfant roumain »)
    en donnait la description suivante : « Le monument
    représente une femme enveloppée dans une toge, une couronne de lauriers dans
    ses cheveux longs, qui lui tombent sur les épaules. A ses poignets, on voit les
    restes des chaînes qui l’avaient tenue prisonnière. Dans sa main droite, elle
    tient un long bâton qui se termine par une croix, dans sa main gauche, elle tient
    une balance, symboles de la foi et de la justice. Un de ses pieds écrase les
    ennemis, représentés par un serpent ». Dans le même
    journal, C.A. Rosetti décrivait la démolition de la statue :
    « La statue représentant la Roumanie libérée, portant la balance et la
    croix, symboles de la justice et du christianisme, qui se trouvaient dans la
    cour de la mairie, fut démolie sur l’ordre de M. Emanoil Băleanu. Cet acte de
    vandalisme, il l’accompagna de mots si méchants et ignobles que notre plume
    refuse d’en noircir le papier. Le socle fut également démoli, sans respecter le
    droit de propriété ».






    Adrian-Silvan Ionescu explique : « Peu nombreux sont ceux qui savent que Rosenthal a été le premier
    sculpteur de monuments publics de Roumanie. Il a réalisé cette statue de la
    Liberté, installée Place de la mairie, sur l’actuelle Avenue Victoria. La
    statue était pourtant faite d’un matériel périssable : le plâtre. Au
    moment où le gouvernement provisoire s’est réfugié en Transylvanie, fuyant les
    Turcs, la statue a été démolie par les réactionnaires. Elle resta debout
    quelques semaines et ce fut tout. En 1849, une année après la révolution, cette
    sculpture a été reproduite dans les pages de la revue « Illustrirte
    Zeitung » de Leipzig, très probablement d’après un dessin de Rosenthal.
    Celui-ci parlait très bien l’allemand, son oncle était le rédacteur d’une revue
    de langue allemande de Buda. Il était donc en contact avec le monde de la culture
    et avec la presse européenne. Rosenthal a été à la fois un révolutionnaire et
    un artiste. Il a été dévoué à son art, fin connaisseur des physionomies, de la
    psychologie humaine et un excellent observateur du caractère roumain. Il a même
    souhaité être roumain, il s’est toujours considéré Roumain, en dépit du fait
    qu’il ne parlait pas le roumain. Et il est devenu roumain non seulement pour
    avoir reçu la nationalité, mais aussi et surtout par son œuvre ».







    Constantin Daniel Rosenthal a été le Juif, le Magyar et le Roumain qui a fait
    siennes les idées de son temps, leur a consacré sa vie et les a représentées à
    travers son art. La révolution fut, sans doute, une d’entre elles. (Trad. :
    Dominique)

  • La Blouse roumaine au Palais royal

    La Blouse roumaine au Palais royal


    Le Palais royal de Bucarest, situé au cœur de la ville et qui accueille le Musée national dart de Roumanie, rouvrait ses portes à la mi-mai, mais pas tous les espaces pouvaient être visités à ce moment-là. Paula Varga, responsable de communication au Musée, nous a fourni des détails sur la réouverture des espaces muséaux après le confinement : « A présent, tous les espaces gérés par le Musée national dart de Roumanie sont ouverts et ils peuvent, donc, être visités, en respectant évidemment les normes de sécurité sanitaire en vigueur. Quand je dis espaces muséaux, je me réfère, en dehors de la Galerie nationale et de la Galerie dart européen, qui se trouvent dans le Palais royal, aux Musées Zambaccian et Theodor Pallady et au Musée des Collections dart. En plus, à compter du 24 juin, quand on a célébré la Journée internationale de la Blouse roumaine, nous avons également rouvert les espaces historiques. Ainsi peut-on visiter la Salle du trône, la Salle à manger royale et lEscalier des voïvodes. La réouverture a été marquée par une séance photo spéciale. Quatre comédiennes du Théâtre Nottara, Mihaela Subțirică, Ioana Calotă, Daniela Minoiu et Crenguța Hariton, ont mis des costumes traditionnels roumains pour illustrer le lien entre ces espaces historiques et la Blouse roumaine. Cet événement fait partie dune collaboration en cours avec le Théâtre Nottara où des comédiens interprètent des scènes inspirées douvrages exposés ici, dans le musée. Sur le site Internet du théâtre, vous trouverez neuf telles réinterprétations renvoyant aux ouvrages de Grigorescu, Tonitza, Ciucurencu, Rubens ou Rodin. Cette campagne, qui continuera jusquà la fin août, nous réserve beaucoup dautres surprises. »



    Le costume traditionnel roumain nous fait penser aux contrées riches en traditions et coutumes, au grand compositeur George Enescu et à la « Rhapsodie roumaine », à Ciprian Porumbescu ou à Gheorghe Zamfir et à sa flûte de Pan magique, aux tableaux romantiques de Nicolae Grigorescu ou dIon Andreescu. Le costume traditionnel, notamment la blouse roumaine, a aussi une étroite liaison avec la Maison royale de Roumanie, précise notre interlocutrice, Paula Varga: « Tant la reine Elisabeth que la reine Marie ont aimé le costume traditionnel roumain quelles ont souvent adopté dans leur tenues, y compris lors de rencontres de haut niveau. Les photos avec la reine Marie habillée en costume traditionnel sont célèbres. Dailleurs, dans la pièce située près de la Salle du trône, on peut admirer nombre de portraits royaux, dont deux représentent les reines vêtues de costumes traditionnels roumains. En plus, des personnages portant ces costumes sont à retrouver dans les décorations du palais. La bonne nouvelle, pour tous ceux qui souhaitent visiter la Salle à manger royale, la Salle du trône ou lEscalier des voïvodes, cest que les horaires de visite ont été élargis. Jusquici, on ouvrait seulement pour « le mardi des Espaces historiques ». Désormais, ces espaces-là sont ouverts au public du mercredi au dimanche, pendant les horaires douvertures du musée. » (Trad. Mariana Tudose)




  • Visages d’enfant

    Visages d’enfant


    L’Athénée roumain domine le centre-ville de Bucarest. C’est
    un des plus beaux bâtiments de la capitale roumaine, sis dans un quartier dont
    l’architecture rappelle le charme du Petit Paris. Sur le côté gauche de l’Athénée,
    une petite ruelle recèle une galerie d’art dont le style moderne fait contraste
    avec le reste de la zone : une grande vitrine à l’intérieur d’un mur en métal,
    accompagné d’une sculpture moderne qui attire les regards des passants curieux.
    C’est la galerie d’art Rotenberg-Uzunov, un coin de modernité dans un quartier chargé
    d’histoire.






    Une fois à intérieur, les contrastes frappent à nouveau.
    Derrière le mur en métal, on retrouve d’autres murs remplis de portraits d’enfants
    signés au début du 20e siècle par le peintre Bob Gheorghe Bulgaru. On plonge
    tout de suite dans un univers délicat et pur, celui de l’enfance.






    Le collectionneur Eduard Uzunov nous en dit davantage : « On
    y retrouve des portraits d’enfants peints avec un talent spécial par Bob Gheorghe
    Bulgaru, un artiste qui a vécu entre 1907 et 1938. Il avait l’habitude de
    peindre devant le restaurant Capsa – un établissement fameux – des visages d’enfants
    et des paysages. Cette exposition réunit 25 œuvres, y compris un autoportrait
    et un paysage très spécial de Bucarest. Bob Bulgaru aimait peindre des visages
    d’enfants. En tant que collectionneur d’art, cela m’a inspiré et m’a déterminé
    à acheter ses tracvaux, surtout lorsque mes filles étaient petites et que les visages
    d’enfants m’impressionnaient beaucoup. Nous avons lancé cette exposition au
    mois de juin, pour célébrer la Journée de l’enfance, surtout après la période
    de confinement. Elle est dédiée à mes filles Marie-Rose et Ivonne Uzunov. »






    Pour la critique d’art, Bob Bulgaru était le peintre de
    la pureté des portraits d’enfants. Cette exposition est donc une immersion dans
    le monde de l’enfance avec les différentes étapes de son innocence et de sa beauté.
    Le talent de dessinateur de l’artiste est mis en valeur, tout comme son talent
    de peintre, qui impressionne surtout par les couleurs choisies pour illustrer
    chaque personnage et par les jeux d’ombre et de lumière.






    Bob Bulgaru s’est éteint à 31 ans seulement des suites d’une
    leucémie. Son nom a été en quelque sorte oublié, pour refaire surface de temps
    en temps dans des expositions comme celle de cet été à Bucarest. C’est dire que
    périodiquement, chaque génération tente de récupérer l’enfance perdue et c’est
    à ce moment-là qu’elle redécouvre les superbes portraits d’enfants réalisés par
    Bob Bulgaru. (Trad. Valentina Beleavski)



  • Le bonheur dans la peinture

    Le bonheur dans la peinture

    En Roumanie, on vient d’entamer notre dernière semaine de confinement. Encore cinq petites piqûres de bonheur avant de retrouver au moins une partie de nos anciennes sources d’optimisme, tout en restant, bien évidemment, prudents. Pendant ces deux mois d’isolation, j’avoue que personnellement, j’ai eu souvent des coups de blues et pour les chasser, j’ai essayé de me donner des petits projets domestiques pour occuper mes pensées.

    Ranger les armoires, repeindre les murs, remettre les livres dans le bon ordre, en supposant qu’il en existe un, faire du jardinage, faire le tri dans les dossiers, les possibilités restent multiples, à vous de choisir. Ma fille, par exemple, a décidé de se mettre à la peinture, pour décorer de ses propres tableaux les murs de sa chambre. Heureusement que les achats en ligne existent et, du coup, elle a pu se procurer tout ce qu’il lui fallait pour voir son petit projet se matérialiser : pots de peinture, toiles, pinceaux et même un chevalet que je lui ai offert. A vous de dire si elle a du talent.

  • Le musée national Cotroceni

    Le musée national Cotroceni

    Aujourd’hui nous faisons une incursion dans l’histoire. Nous découvrons le Palais de Cotroceni, qui est non seulement le siège de la Présidence de la République, mais aussi l’unique résidence roumaine qui a été utilisée de manière ininterrompue depuis la fin du 17e siècle jusqu’à nos jours. Le Musée national de Cotroceni a été fondé en 1991. Il est aménagé à l’intérieur d’un immeuble monument historique représentatif pour l’architecture roumaine de la fin du 19e siècle, le Palais royal de Cotroceni qui a intégré remarquablement une partie de l’architecture moyenâgeuse du monastère bâti sur l’ordre du prince régnant valaque Serban Cantacuzène, vers la fin du 17e siècle. Une visite au musée nous mène à travers les salons et les appartements chargés non seulement d’artefacts de valeur, mais aussi d’histoire, puisqu’ils ont accueilli de nombreuses personnalités historiques roumaines.

    Par ces temps de confinement, Oana Zlateanu, cheffe du Bureau guidage et protocole du Musée national de Cotroceni, nous invite à faire un tour virtuel. Ecoutons-la : « On pourrait dire que le tour virtuel des musées est une nécessité durant cette période exceptionnelle, dans le sens où il nous offre un refuge dans l’art et dans l’histoire. En fait, le tour nous aide à nous faire une idée de ce que l’on souhaite visiter, nous provoque à vouloir visiter plus, à en apprendre davantage. Certains espaces du musée peuvent être visités dans un tour virtuel sur le site www.muzeulcotroceni.ro. On peut admirer les espaces médiévaux du 17e siècle, des espaces qui accueillent une collection d’icônes et d’objets de culte religieux de valeur ayant appartenu à l’ancien monastère de Cotroceni. L’escalier de marbre attire tous les regards, dès l’entrée dans le Palais. Le Salon des fleurs, avec le piano peint et le chandelier en cristal comptent parmi les favoris des visiteurs. S’enchaînent la bibliothèque, la pièce favorite du roi Ferdinand, qui préserve aujourd’hui encore l’aspect d’antan. »

    Vous pouvez visiter virtuellement la cour intérieure du palais, le Salon allemand et beaucoup d’autres espaces que nous décrit Oana Zlateanu, coordinatrice du Bureau guidage et protocole du Musée national de Cotroceni :« Le Grand salon de réception nous fait penser au salon historique où s’est tenu le Conseil de la Couronne, suite auquel s’est décidée l’entrée de la Roumanie dans la Première Guerre mondiale. N’oublions pas non plus les pièces privées à l’étage du palais. C’est là que se trouve le Salon oriental, décoré de pièces représentatives de l’art d’Extrême Orient, en bois d’ébène, un espace très chic destiné au thé, mais aussi la chambre à coucher de la reine Marie, des espaces décorés conformément à ses désirs. Ce ne sont que quelques repères. Pour finir, je dois avouer que rien ne peut se comparer à l’expérience d’une vraie visite, qui peut transposer le visiteur aux différentes époques traversées par ce merveilleux endroit qu’est actuellement le Musée de Cotroceni. Mille tours virtuels n’arrivent pas à rivaliser avec une visite réelle. »

    Un autre point fort du musée, inclus dans le tour virtuel, c’est le Salon de chasse. Il est de facture italienne, œuvre de l’architecte de la Cour royale Karel Limann. Ses murs sont des vestiges des maisons princières du monastère de Cotroceni. Dans le salon, on peut découvrir les chaises du type Dantesque et Savonarole, les tables, les bancs dotés de coffres, décorés de symboles spécifiques telles les griffes de lion, les cariatides (statues représentant une femme vêtue à l’antique ou bien à demi-nue qui soutient la corniche d’un toit, d’un antre qui remplit dans un édifice le rôle d’une colonne, d’un pilier) ainsi que les chimères. A ne pas rater non plus les monstres à trois têtes – une de lion, une de chèvre et une autre de serpent ou bien de monstre ainsi que les putti – des sculptures illustrant des enfants de sexe masculin d’habitude nus et parfois ailés.

    Le long de ses 27 années d’existence le Musée national de Cotroceni s’est imposé dans le milieu culturel et social roumain par les nombreux projets qu’il accueille. Et jusqu’à ce que de tels projets culturels figurent à nouveau à l’affiche et que des tours guidés puissent y être organisés, profitez de la grande offre de tours virtuels.

  • Le catalogue “Victor Brauner 1903- 1906”, en édition bilingue,  lancé en Roumanie

    Le catalogue “Victor Brauner 1903- 1906”, en édition bilingue, lancé en Roumanie

    L’univers
    littéraire et artistique franco-roumain est depuis le mois de décembre encore
    plus riche grâce à la publication, en édition bilingue, d’un ouvrage consacré à
    Victor Brauner, figure emblématique du surréalisme. Né en Roumanie, en 1903 et
    mort à Paris, en 1966, Brauner reste une des figures emblématiques des échanges
    culturels franco- roumains au XXème siècle. Conçu initialement pour accompagner
    une grande rétrospective Brauner, prévue sur Bucarest pendant la Saison France-
    Roumanie, le catalogue a heureusement vu le jour, malgré le fait que
    l’exposition n’a pas pu avoir lieu. Coordonné par Camille Morando, docteur en
    histoire de l’art, professeur de l’histoire de l’art à l’Ecole du Louvre et
    responsable de la documentation des œuvres pour les collections modernes au
    Musée national d’art moderne- Centre de création industrielle et Centre
    Pompidou, l’album n’aurait jamais vu le
    jour sans l’implication et l’enthousiasme de M. Christian Derveloy, collectionneur
    français, à la tête de l’imprimerie Arta Grafica. Lancé lors d’une soirée
    à l’Ambassade de France en Roumanie, en présence de S.E, Mme l’ambassadrice,
    Michèle Ramis, l’ouvrage Victor Brauner 1903- 1966 se propose de présenter le
    parcours de cet artiste malheureusement peu connu aussi bien en France, mais
    surtout dans sa Roumanie natale. Pour mieux apprendre aussi bien sur l’ouvrage,
    que sur Victor Brauner, on a réuni autour du micro Mme l’ambassadrice, Michèle
    Ramis, Mme Camille Morando, directrice
    de l’ouvrage et M. Christian Derveloy, actionnaire de Imprimeria Arta Grafica.
    Ensemble, on essayera dans les minutes suivantes, de feuilleter virtuellement
    le catalogue et de pénétrer, ne serait-ce qu’un tout petit peu, dans l’univers
    surréaliste de Victor Brauner.

  • “Le Danube dans la peinture roumaine” – une nouvelle collection de timbres

    “Le Danube dans la peinture roumaine” – une nouvelle collection de timbres

    Et pour cause : en 1994, la Roumanie, signait à Sofia, aux côtés dautres pays danubiens, la Convention pour la protection de ce fleuve. 10 ans plus tard, en 2004, la Commission internationale pour la protection du Danube décidait de célébrer le 29 juin « La journée du Danube ». Cette année nous marquons donc les 25 ans de la signature de la Convention et les 15 ans depuis que la fête du Danube existe. A cette occasion, la Poste roumaine a mis en circulation une série de timbres consacrés aux Danube, tel quil apparaît dans 4 tableaux des peintres roumains.



    Le premier sintitule « Le Danube aux chaudrons », cest une peinture réalisée au début des années 1930 par Marius Bunescu. Le peintre avait fait ses études à Paris et à Munich. Attiré par leau et sa chromatique, il a peint une vue panoramique du fleuve à son entrée en Roumanie, un endroit appelé les Chaudrons du Danube. On voit les montagnes, le fleuve et la chaussée qui le longe.



    Un autre tableau sintitule « Paysage au Danube » et il appartient à Petre Iorgulescu Yor. Cet artiste qui sest éteint à lâge de 49 ans a étudié le droit à Iasi (nord-est), est devenu magistrat, mais a fini par renoncer à sa formation initiale pour étudier la peinture à Paris. Il a été par la suite le responsable de la Pinacothèque de Bucarest, soutenant par son activité les jeunes artistes. Il a travaillé aussi à Baltchik. Son tableau représente deux péniches au bord du Danube.



    Le troisième timbre de cette série présente « Le Danube à Turtucaia », il y a un siècle, dans la vision du grand peintre roumain Gheorghe Petrașcu. Lui aussi, il avait fait ses études à Paris et à Munich, mais il avait aussi travaillé aux côtés de Nicolae Grigorescu, considéré comme le peintre roumain le plus important. Sa peinture se remarque par une vision inédite : deux barques, lune à voile, en mouvement sur le fleuve, lautre arrêtée sur la rive. Cest plutôt un endroit spécifique sur le Danube, pas une vue densemble.



    Le 4e tableau présent dans la collection a un titre similaire : « Paysage à Turtucaia », une toile signée par Iosif Iser. Un autre étudiant de lart à Munich et à Paris, qui a découvert par la suite la beauté insolite de la région de Dobroudja (sud-est), devenant un des peintres orientalistes les plus représentatifs de Roumanie. La localité de Turtucaia est présentée du vol doiseau, comme un village au cœur de la nature, dominé par une mosquée derrière laquelle on voit le fleuve majestueux. Au premier plan on voit trois silhouettes de Tartares vêtus de leurs costumes spécifiques. Voilà pour cette série spéciale lancée à loccasion de la Journée du Danube et intitulée « Le Danube dans la peinture roumaine ».