Tag: peinture

  • Mariana Gordan, histoire de la nomade

    Mariana Gordan, histoire de la nomade

    En 1979, quand elle a fui la Roumanie, munie d’un faux passeport, Mariana Gordan risquait trente années de prison pour « fréquenter des impérialistes britanniques ». Si je n’avais pas décidé de quitter mon pays natal, je doute que je serais toujours en vie, affirme cette artiste plasticienne qui, depuis presque quarante ans, mène sa vie et sa carrière à Londres. Exposée dans les galeries londoniennes les plus importantes, telles Pitshanger Gallery ou ACAVA Gallery, Mariana Gordan signe la peinture monumentale dans trois stations centrales du métro de Londres – Oxford Circus, Tottenham Court Rd. et Finsbury Park Station. Elle a eu des expositions personnelles à Paris, Venise, Florence, Avignon, Berlin, Tokyo, Seattle ou encore Washington.

    Elle se considère une portraitiste qui ne s’attache pas à un style unique. « Je préfère expérimenter, en essayant de laisser derrière tout ce que l’on m’a appris à l’Académie des Beaux-Arts, pour privilégier plutôt ce que j’ai remarqué dans les musées et dans la vie de tous les jours. J’ai une relation personnelle avec l’art, qui n’a rien à voir avec les courants, la mode ou les styles », déclare l’artiste. Peu de temps avant de prendre la fuite, Mariana rate son examen d’admission à la Faculté des Beaux-Arts. Elle avait du talent, mais selon le jury, cela ne suffisait pas:

    « Ma mère a eu très peur de voir ma carrière complètement détruite. Car elle savait instinctivement que je faisais artiste et que du coup, j’aurais fini par rejeter toute autre carrière ou alternative. Peu de temps après mon échec, j’ai trouvé un job dans l’hôtellerie: je travaillais à la réception d’un hôtel au bord de la mer Noire. L’occasion pour moi de faire les portraits de quelques touristes anglais, sans m’imaginer qu’après, ils en parleront à droite et à gauche, histoire de vanter mon talent. Du coup, la directrice de l’hôtel m’a accusée devant les autorités d’avoir touché de l’argent en échange de ces dessins. Elle était furieuse en s’imaginant que je m’étais fait payer en cachette, sans qu’elle en tire le moindre profit. Du coup, même en l’absence de toute preuve, je me suis fait virer et arrêtée par la police. Les touristes anglais se sont activés et ont signé une pétition pour montrer que je n’avais rien dit de mal des autorités roumaines, qu’ils ne m’avaient pas payée pour mon travail et que mon licenciement était abusif. Des années plus tard, j’ai appris que le hasard avait voulu que ces touristes-là aient été des activistes. Du coup, ils ont collecté des signatures en ma faveur, en plaidant ma cause sur la plage, auprès des vacanciers. Un geste qui n’a fait qu’enflammer davantage les esprits. Le lendemain, on m’a arrêtée sous l’accusation d’avoir provoqué un mouvement illégal et d’avoir conspiré contre l’Etat roumain. Ce sont toujours ces touristes anglais qui ont réussi à obtenir un faux passeport pour moi et qui m’ont aidée à sortir de Roumanie. Une fois en Grande Bretagne, ma fuite a fait la une de la presse trois mois durant et les menaces de la Securitate coulaient à flot.»

    Mariana Gordan a raconté la fascinante histoire de sa vie dans le livre «State Property My Cold-War Memoir », publié en 2015 aux éditions Charmides de Bistriţa-Năsăud. Mariana y consacre de nombreuses pages aux différences culturelles entre la Roumanie communiste des années ’70 et le Royaume-Uni : « Mon premier choc culturel a été lié à l’amabilité des Anglais. Quand je me suis présentée au commissariat de police pour déclarer mon faux passeport et demander l’asile politique, une policière m’a apporté une tasse de thé. J’ai été persuadée que l’on y avait mis des drogues. Je ne pouvais pas imaginer que des agents de police puissent être aussi gentils, vous sourire, vous traiter comme un être humain. Quelle différence par rapport à la Roumanie, où les autorités et les policiers vous traitaient sans aucune considération. J’ai cru donc qu’on me piégeait. Je ne croyais pas que des gens en uniforme puissent vous traiter de façon aussi humaine. Le deuxième choc culturel s’est produit peu après mon arrivée au Royaume-Uni. La première personne que j’y ai contactée a été le sculpteur Paul Neagu. Sur son conseil, je me suis présentée à l’Université de Durham, pour m’inscrire au Département d’art. Ce que j’ai trouvé extraordinaire, c’est que là-bas, on ne devait pas passer par un examen d’entrée. Il n’y a eu qu’une interview et j’ai présenté le dossier avec les ouvrages que j’avais préparés. Suite à cet entretien avec la commission, j’ai été reçue avec des éloges. Les choses ont pourtant changé lorsque j’ai commencé mes études. A ma grande stupéfaction, nombre de mes collègues et de mes professeurs étaient de gauche, des trotskistes. Et cela en pleine guerre froide. Des gens vivant dans une société libre me disaient à moi, qui venais d’un pays endoctriné, qu’ils souhaitaient un gouvernement mondial. »

    En 1984, Mariana Gordan s’est inscrite au concours public « GLC Clement Attlee Portrait Competition ». Le but de la compétition était la réalisation d’une sculpture de Clement Attlee, premier ministre britannique de la fin de la seconde guerre mondiale, qui devait être placée au centre de Londres, devant la bibliothèque Limehouse. Sur les 500 projets présentés, le jury, présidé par l’artiste Dame Elisabeth Frink, a choisi celui de Mariana Gordan. Pourtant, les jurés ont nuancé leur position lorsqu’ils ont appris que l’artiste qu’ils avaient votée était une jeune de 25 ans originaire d’un pays de l’Est. Aussi, Mariana demeura-t-elle la gagnante morale du concours, l’argent et la commande allant au concurrent classé deuxième.

    Après 1989, Mariana Gordan a commencé à présenter ses créations en Roumanie aussi. Ses toiles et ses sculptures ont pu être admirées à Bucarest, Târgu Mureş, Cluj et Bistriţa. L’exposition la plus récente de Mariana Gordan – « Printemps, printemps, dehors et dedans » – a été accueillie au mois de mars par le Centre de culture architecturale de l’Union des architectes de Roumanie. « Printemps dedans » désigne le nettoyage de printemps de la maison et surtout des planchers en bois neufs, peints de manière abstraite et expressionniste et luxueusement vernis. « Printemps dehors » est une collection de paysages de petites dimensions (environ 20×20 centimètres) – peinture à l’huile ou graffite.( Trad.: Ioana Stăncescu, Dominique)

  • Theodor Pallady

    Theodor Pallady

    Né en avril 1871 et éteint le 16 août, il y a 61 ans, Theodor Pallady est un des grands noms de la peinture roumaine. Issu d’une famille d’aristocrates, qui l’avait destiné à une carrière d’ingénieur, il choisit l’art et mène une vie plus ou moins bohème à Paris.

    Mihaela Murelatos, curateur du Musée Th. Pallady de Bucarest, retrace en quelques mots son parcours: « Pallady était issu de la famille des boyards Palade, sa généalogie remontant en Moldavie jusqu’au 17e siècle. Sa mère était une descendante de la famille princière des Cantacuzène. Enfant, le petit Theodor étudie à la maison, avec un instituteur français. Il suit après les cours d’un lycée bucarestois. Il fait, toujours à Bucarest, des études d’ingénierie, qu’il poursuit à Dresde, où il prend, parallèlement, des leçons de peinture, avec le peintre allemand Erwin Oehme. Celui-ci lui conseille d’abandonner l’ingénierie, pour se consacrer à la peinture, ce que Pallady allait effectivement faire, risquant de contrarier ses parents et de se retrouver sans ressources. Peu après il allait quitter Dresde pour aller à Paris. Il commence par étudier avec le peintre symboliste Jean Arman, ensuite il s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts, dans la classe du peintre Gustave Moreau où il aura, entre autres, pour collègue le peintre Henri Matisse. »

    De retour en Roumanie, Pallady ouvre en 1904 une première exposition à l’Athénée roumain de Bucarest. Il expose ses œuvres à plusieurs reprises à Paris, où il allait passer la plupart de l’entre-deux-guerres, jusqu’en 1939, année de son retour définitif au pays.

    A Paris, il habite Place Dauphine, dans le même bâtiment qu’un autre Roumain épris d’art : Gheorghe Răut, pendant l’entre-deux-guerres directeur de la banque Marmorosch Blank. Collectionneur passionné, Gheorghe Răut achète plusieurs œuvres de Th. Pallady, pour sa collection, dont il allait faire don à l’Etat roumain. Il s’agit de quelque 800 ouvrages d’art graphique et de quelques toiles dont les portraits des comédiennes Maria Ventura et Marioara Voiculescu. D’ailleurs, bien qu’il ait vécu à Paris, pour être plus proche de la communauté artistique de la Ville Lumière, Pallady ne s’est jamais trop éloigné de ses sources d’inspiration roumaines.

    Mihaela Murelatos nous parle de l’amitié qui a lié Theodor Pallady et Henri Matisse : « Pallady a insufflé à son ami Matisse l’amour de la blouse roumaine. La toile « La blouse roumaine » de Matisse a été peinte sous l’influence de Pallady. Matisse possédait également une collection impressionnante de blouses roumaines. Tout au long de leur vie, les deux artistes ont eu des controverses amicales sur la prééminence de la ligne sur la couleur ou de la couleur sur la ligne. Pallady, qui avait fait des études d’ingénierie et maîtrisait davantage l’art du dessin, estimait que la ligne était plus importante que la couleur. Matisse, au contraire, mettait l’accent sur les couleurs vives, puissantes, affirmant la primauté de la couleur. Chacun soutenait fermement son point de vue. Pallady estimait que la ligne représente l’esprit et la couleur – la matière. »

    Les touristes de passage à Bucarest peuvent en juger eux mêmes, en visitant la maison Melik, qui abrite le musée Th. Pallady. Ils y découvriront la collection que les époux Serafina et Gheorghe Răut ont offerte en donation à l’Etat roumain. (Trad. : Dominique)

  • Peindre avec des bactéries

    Peindre avec des bactéries

    Aujourdhui nous vous proposons une expérience: avez-vous jamais pensé à vous adonner à la peinture? En supposant que cette idée a traversé votre esprit, avez-vous jamais imaginé que vos outils, en tant quartistes, pourraient être des bactéries? Peut-être pas. Eh bien, le laboratoire de microbiologie de la filiale de Miercurea Ciuc de lUniversité Sapientia a accueilli, pour la deuxième année de suite, un événement inédit, destiné aux lycéens de la ville. Il a permis aux jeunes de réaliser des « peintures » à laide des bactéries et de découvrir le bon côté des microorganismes.



    Comment cette idée est-elle née ? Máthé István, maître de conférences au département de bio-ingénierie de lUniversité Sapientia, explique : « Il y a une dizaine dannées, jai participé à une conférence internationale et là, jai vu le logo dune société pharmaceutique réalisé à laide de bactéries. Cest ce qui ma inspiré cette idée. De retour en Roumanie, jai expérimenté cette peinture utilisant des bactéries avec mes étudiants pendant les heures de laboratoire consacrées à la microbiologie. Ils ont embrassé cette idée avec enthousiasme, ce qui a fait le succès de cette initiative. »





    Pour réaliser leurs projets, les jeunes ont reçu des feuilles de papier sur lesquelles ils ont esquissé au crayon ce quils souhaitaient peindre. Ensuite, ils ont placé le croquis sous des boîtes de Petri transparentes et ont commencé à ensemencer les bactéries, en respectant les contours de leur dessin. Cette expérience est inédite, parce que tous les « tableaux vivants » deviennent visibles deux jours après, lorsque les bactéries, qui contiennent des pigments de différentes couleurs, commencent à se multiplier. La plupart des bactéries utilisées joue un rôle dans la biodégradation des matières organiques présentes dans le sol; les substances inorganiques qui en résultent peuvent être utilisées après par les plantes dans le processus de photosynthèse.



    Máthé István: « Nous avons des boîtes de Petri, en verre, contenant des milieux de culture permettant lensemencement de bactéries de différentes couleurs. Une fois ensemencées, elles se multiplient et, au bout de deux jours, elles deviennent visibles. Au début, on naperçoit que quelques lignes fines, la peinture nest pas visible. Les créations artistiques poussent, pour ainsi dire, dans ce milieu de culture, dans plusieurs jours ».





    Le but de cet événement nest pas seulement artistique. Ses initiateurs ont souhaité montrer aux élèves le rôle important que les bactéries jouent dans notre vie quotidienne. Notre interlocuteur précise : « Nous avons pensé à inviter tout dabord les étudiants et ensuite les élèves dans les laboratoires de microbiologie pour leur montrer le bon côté de cette science. Car très peu dentre eux savent que nous utilisons chaque jour des milliards de cellules bactériennes, par exemple dans lindustrie laitière, dans la panification, dans lindustrie de lalcool, dans lindustrie pharmaceutique et cosmétique. Depuis notre enfance, nous entendons toujours dire que les bactéries sont mauvaises et que nous devons laver nos mains pour nous en protéger. Or, notre idée était de montrer aux jeunes que lon peut travailler avec elles, leur faire voir le bon côté de ces microorganismes. »





    Le projet « Peindre avec des bactéries » en est à sa deuxième édition et le nombre des participants augmenté.





    Máthé István: « Lannée dernière, lévénement a attiré 188 participants de Miercurea Ciuc. Cette année y ont participé 230 élèves de terminale des lycées de la ville. Cest un événement plutôt artistique grâce auquel nous avons pu aborder avec les lycéens des thèmes scientifiques, leur parler du rôle de bactéries. Lidée maîtresse de lévénement était de mieux faire connaître les bactéries et den faire nos amies. Les créations artistiques ont été des plus diverses. Il sagit, en fait, de créations éphémères, que lon ne peut voir que pendant quelques jours, après quoi nous devons stériliser toutes « toiles », si je puis dire, parce que, de toute façon, les bactéries meurent et les créations avec : les paysages, les portraits, les plantes, les animaux et les motifs ornementaux sortis de limagination des jeunes disparaissent. »





    Quelque 500 boîtes en verre contenant des milieux de culture sétaient transformées en « tableaux ». Máthé István se réjouit davoir initié ce projet : « Nous pensons que cest un projet unique en Roumanie. On peint avec des bactéries dans les grands laboratoires du monde, mais que des centaines délèves viennent le faire ici, nous permettant de présenter une exposition comportant 450 telles créations, je pense que cest unique. »





    Cette année, le projet a bénéficié également dune mascotte, qui a veillé les « peintres amateurs » tout au long de leur travail de création. Il sagit du Sapibacille, une bactérie stérilisée, mignonne et amicale, la vedette de la journée – en fait une peluche réalisée par les étudiants et aux côtés de laquelle tout le monde sest pris en photo.





    Un jury constitué de spécialistes de lUniversité Sapientia a évalué les créations des élèves de Miercurea Ciuc et en ont primé les plus réussies. Ces « tableaux éphémères » ont pu être admirés pendant quelques heures dans le hall de lUniversité. Les gagnants ont reçu des diplômes et des livres.





    Peu de temps après avoir été conçues, les créations meurent et les boîtes sont lavées, pour que lannée suivante, elles deviennent de nouvelles toiles pour dautres peintures inédites. (Trad. : Dominique)

  • Ils sont SDF et artistes

    Ils sont SDF et artistes

    Dans lambiance somptueuse des Galeries Romană du centre ville bucarestois, un groupe de 11 adultes sans domicile fixe ont réuni leurs tableaux dans le cadre de la première exposition de peinture et dart graphique des SDF. Organisé sous légide de lassociation Samusocial de Roumanie, lévénement se propose doffrir aux sans-abris la possibilité de faire part de leurs expériences personnelles à travers lart. A la veille du vernissage, les tableaux ont été couverts de haillons que les visiteurs ont dû enlever pour découvrir les tableaux et implicitement lunivers personnel de tous ces désenchantés que souvent on juge sans les connaître.



    Anca Florea est éducatrice spécialisée en arts plastiques et coordinatrice du projet « Des gens à travers lart »: « Lidée du projet mappartient. Je me suis proposé de travailler avec toute sorte de catégories de personnes, justement pour messayer dans des directions différentes et sortir un peu du train-train quotidien. Et jai eu la surprise de trouver beaucoup de potentiel artistique chez les sans-abris. Il y en a eu parmi eux certains qui avaient vraiment les prémisses de se développer dans cette direction. Et je me suis dit, tiens, peut-être quil y en a plusieurs comme ça ! Cest à ce moment-là que lidée du projet mest venue à lesprit. Par la suite, jen ai parlé à Samusocial qui avait déjà un atelier occupationnel à lintention des gens de la rue. Et on a décidé dinclure le projet artistique à lagenda de latelier pour en faire un atelier plus ample dart, peinture et art graphique. Je me suis impliquée dans cette direction, car je voulais vraiment aider les sans-abris à développer leurs capacités dexpression et les habiletés artistiques. Jai été vraiment surprise de trouver parmi eux des personnes tellement ouvertes et prêtes à sadonner à la création ».



    Lexposition nous invite à mieux connaître ces personnes défavorisées, en privilégiant leurs capacités de création au détriment de leur situation de vie. Il suffit de regarder leurs travaux pour quune question simpose : qui sommes-nous et quelles sont les qualités que chacun dentre nous renferme en soi ? Suite à son expérience de travail avec les SDF inscrits par le Samusocial aux ateliers de création, Anca Florea conclut : ce projet met en lumière le besoin humain absolu de beauté.



    Que je vous raconte lhistoire dune personne nayant fréquenté mon atelier quune seule fois, dit Anca Florea : « Le matin, quand je suis arrivée au travail, lui il mattendait déjà devant la porte. On a fait connaissance et puis quelquun mavait dit quil avait passé toute la nuit dans la rue. Je lui ai donc demandé où il avait dormi et il ma dit quil navait pas dormi, juste marché. Comme il faisait très froid, le gel la empêché de dormir. Alors, il a marché toute la nuit pour ne pas mourir de froid et pourtant, le matin, il est venu à mon atelier. Il ne sen est pas plaint. En ce jour-là, je me rappelle avoir choisi pour mon atelier un thème technique et lui, il mavait dit : donnez-moi une feuille de papier pour vous faire quelque chose de beau ! Je fus impressionnée de voir son besoin de produire de la beauté après une nuit pleine de souffrances. Je pense que ce besoin, on la tous : compenser la tristesse par la beauté ! Cest ce que je me propose de faire par mes ateliers ».



    Nous avons demandé à Anca Florea comment elle a trouvé les élèves et comment elle leur a fait découvrir lart : « Je les ai trouvés sympas. Au début, ils ont manifesté une certaine retenue, parce que je nai plus eu de telles expériences, cétait pour la première fois que je travaillais avec des personnes sans domicile. Mais ils étaient également très réceptifs et très ouverts et lambiance dans latelier était très agréable. Cest dire que je me suis sentie à laise avec eux, nous avons plaisanté, ri, nous avons également travaillé et ce sont des personnes respectueuses avec lesquelles on peut sentendre et on peut travailler. Pour les guider, jai essayé de faire trouver sa voie et son propre style à chacun, et à trouver des sujets pour la peinture et le dessin en eux-mêmes. En fait, cest ce quelle présuppose, une œuvre dart, y mettre du sien. Et jai essayé de leur donner quelques indices de technique ; lorsque je travaille dans des ateliers de développement personnel, jessaie de faire les gens trouver leur propre voie et il me semble avoir réussi. Déjà, chacun a commencé à construire son propre style. Ils travaillent ensemble, mais chacun a son propre style et trouver ses moyens dexpression, cela me semble important. »



    Liviu Lucian Marcu est un des artistes exposants et il nous a parlé de ses peintures, issues de sa joie de vivre, comme leurs titres lindiquent : Table bruyante, Chiffon gai. « Moi, jai été un ivrogne, jai aimé la vie, donc voilà, ça, ce serait contre Brâncuşi : moi, je suis Moldave, lui, il est dOlténie ; lui, il a la Table du silence, moi, jai la Table bruyante. Cette table devait porter des verres renversés, des ivrognes, des magnétos à cassette, un ivrogne qui dort sur la table. Je nai pas pu peindre tout ça, parce que cest difficile et cétait ma première peinture. Je vais lélargir dans un proche avenir. Je lespère. Je vais reprendre mes travaux et les faire comme il faut. »



    Bogdan Florin Ionescu peint des visages: « Jai peint des gens, les copains, dans latelier de peinture. Je navais jamais peint avant, cela ma détendu, au début jai dit que cétait un jeu et il ma détendu, et puis, jai commencé à aimer cela. »



    Une vingtaine de gens sont passés à latelier, mais il y en a eu 4 constamment, pas les mêmes à chaque fois, et nous avons 11 exposants, selon lorganisatrice du projets « Des gens par lart ». Et cela parce que les horaires des cantines sociales sont différents, et les gens ne peuvent pas toujours arriver à latelier, mais quand ils sont là, ils peignent avec joie, assoiffés de beauté. (trad.: Ioana Stăncescu, Ligia Mihăiescu, Alex Diaconescu)

  • La nature, l’homme et l’univers

    La nature, l’homme et l’univers

    Le Musée national Cotroceni, de Bucarest accueille jusqu’au 21 juin une exposition consacrée aux peintures d’Emil Ciocoiu, intitulée La nature, l’homme et l’univers”, d’après les trois grands thèmes de la création de l’artiste. La centaine de toiles exposées reflète « la grandeur de l’homme, la perfection de la nature et la splendeur de l’univers » affirme le critique d’art Marius Tiţa.



    L’artiste roumain Emil Ciocoiu, diplômé, en 1974, de l’Académie d’art Nicolae Grigorescu” de Bucarest, vit en Allemagne, à Aix-la-Chapelle (Aachen) depuis 1980. Ses liens avec la Roumanie restent pourtant très solides, comme le soulignait d’ailleurs le maire de la ville, Marcel Philippe: “il garde au fond de l’âme les racines roumaines. L’optimisme et une profondeur brillante se dégagent de son art”.



    A l’invitation du peintre, Marcel Philippe a également participé au vernissage de l’exposition que l’on peut admirer sur les cimaises du Musée national de Cotroceni : “C’est un geste d’amitié que je voulais faire depuis longtemps envers le peintre Emil Ciocoiu. L’artiste est très apprécié en Allemagne, tout comme ici en Roumanie, comme je peux le constater. Les habitants d’Aix la Chapelle connaissent tous ses ouvrages et les thèmes qu’il illustre vont droit au cœur des gens. Dans bien de ses peintures, on retrouve des endroits d’Aix-la-Chapelle, mais aussi des scènes parlant du dialogue entre les différentes religions, un sujet très important. Notre ville décerne chaque année le Prix Charlemagne censé encourager le dialogue entre les peuples et les religions. Cette année, la distinction est attribuée au pape François. Cela fait maintenant plusieurs années que le peintre Ciocoiu se penche sur dialogue interreligieux. En outre, ses peintures sont vraiment extraordinaires et témoignent d’une technique spéciale. Je suis aussi très heureux que l’exposition ait lieu dans un cadre merveilleux comme celui-ci”.



    Voici ce que le peintre Emil Ciocoiu nous a déclaré peu avant le vernissage de son exposition “La nature, l’homme et l’univers” : “J’aime bien les endroits où il y a des rivières, la mer, qui me fascinent et m’inspirent… J’ai peint à Baltchik, sur l’île de Grande Canarie ou à Venise. Ce sont surtout les contrées méridionales qui m’attirent, peut-être parce que moi-même je viens du Sud. J’adore aussi travailler en Italie, en France, dans le Midi, en Espagne. J’y ai puisé maintes sources d’inspiration. Parmi mes ouvrages, vous retrouverez des paysages d’Andalousie, de Mykonos, de Santorin, du Mont Saint-Michel, de Normandie. Sans oublier de mentionner la toile intitulée « Bonjour, Aix-la-Chapelle », où l’on peut voir la cité de Charlemagne et le Dôme érigé du temps de son règne, ainsi que l’Hôtel de ville”.



    Dans la plupart des toiles d’Emil Ciocoiu, les couleurs chaudes dominent: “Ça peut être le rouge, comme dans « Sant Egidio », par exemple — une œuvre inspirée par la rencontre mondiale des religions, tenue à Aix-la-Chapelle. On y voit tous les représentants des religions tenir un seul livre dans leurs mains. A l’arrière plan, on aperçoit le Dôme. Devant lui, au premier plan, les nombreux représentants des différentes religions du monde figurent, petit à petit, un édifice, un Dôme. Sant Egidio est un mouvement mondial des religions, un dialogue des religions. Il ne s’agit pas d’unifier les religions, mais d’ouvrir le dialogue, car la paix, c’est par le dialogue qu’elle se met en place. Nous devons être tolérants les uns avec les autres, comprendre que nous appartenons à différentes cultures. Les cultures se conjuguent dans le dialogue, dans une harmonie que je souhaite — c’est ma façon de voir les choses. Nous traversons une période complexe, en raison des divergences entre les ethnies, les cultures, les religions, finalement. C’est pourquoi je propose la toile « Consensus » – il s’agit des symboles des 4 grandes religions réunis dans une seule œuvre monumentale. Ma suggestion est d’unir ces symboles dans un système harmonieux d’entente et de paix”.



    Ceux qui franchissent le seuil de l’exposition « La nature, l’homme, l’univers » sont accueillis, à l’entrée, par une autre œuvre monumentale du peintre Emil Ciocoiu, intitulée “Source”: “Je l’ai choisie parce qu’elle contient des éléments qui nous exaltent, nous touchent, nous expriment… C’est l’océan primordial, dont nous sommes issus. Elle représente une source qui jaillit de l’océan, qui dégage une énergie — car nous sommes de l’énergie en mouvement — et qui monte vers l’infini. C’est ainsi que l’on peut résumer cette œuvre. Pourtant, on doit la contempler et la comprendre, car elle a une vibration tout à fait spéciale, qui nous incite à méditer sur le sens de notre existence”.



    Presque tous les tableaux de cette exposition se retrouvent dans les pages d’un album qui porte le même titre — “La nature, l’homme, l’univers” — et dont l’auteur est le critique d’art Marius Tiţa: “L’album nous permet de suivre de plus près cette problématique — non pas dans la succession que propose l’exposition, mais plutôt comme un débat, comme une lecture plus proche de ce thème. Il prend l’homme comme point de départ, pour aboutir à l’univers, à ses grandes explosions d’énergie, à ses vibrations, à ses vortex créateurs de nouveaux mondes. S’y ajoute le thème de l’entente entre les religions, du dialogue interreligieux que l’on retrouve dans le chapitre « L’Homme ». Le début de l’album est réservé à la Nature, avec ses grands thèmes — y compris les fameuses fleurs solitaires qui nagent dans un océan de couleur, de vibration. On y retrouve également les villes d’Emil Ciocoiu, faites de touches figurant en fait des êtres humains”.



    Une autre exposition du peintre Emil Ciocoiu a été ouverte en avril, dans le merveilleux musée de Michel-Ange, à Caprese Michelangelo. Des œuvres d’Emil Ciocoiu sont entrées dans les collections de la télévision de Cologne, de la Maison royale néerlandaise — Den Haag, du Musée d’Art sacré de Venise, de la Fondation Ludwig d’Aix-la-Chapelle, du Musée national d’art de la Chine, à Pékin, et du Musée national d’art de la Roumanie, à Bucarest. (trad. Mariana Tudose, Dominique)

  • Le Lycée Tonitza, un repère  de l’enseignement artistique en Roumanie – édition concours

    Le Lycée Tonitza, un repère de l’enseignement artistique en Roumanie – édition concours

    50 ouvrages réalisés par des élèves des années terminales et par d’anciens élèves du Lycée d’arts plastiques Nicolae Tonitza de Bucarest y ont été exposés. L’événement, qui a figuré au programme de la conférence organisée par le groupe « Space and society », a été soutenu par la Fondation culturelle Fildas Art. Ioana Lavinia Streinu, enseignante au Lycée d’arts plastiques Nicolae Tonitza, nous a raconté l’accueil réservé à cette exposition : « Le thème a été généreux pour nous. On nous a demandé de présenter des ouvrages révélateurs pour notre vision sur l’avenir. En tant que professeur, ma tâche a été bien simple, car j’avais de mon côté l’avenir même, c’est-à-dire les élèves. Même si un peu déboussolés au début, puisque tout thème confine l’artiste en quelque sorte, les enfants ont fini par réaliser qu’ils n’avaient qu’à exprimer leurs pensées sur la toile. Le public a été merveilleux. Je suis convaincue que tous nos invités étaient des connaisseurs en matière d’art. Ils ont beaucoup apprécié nos peintures, nous ont encouragés et on a même parlé de projets futurs. »

    Comment les élèves du Lycée bucarestois d’arts plastiques se sont-ils sentis après le vernissage de cette exposition à Bruxelles ? Nous écoutons à nouveau leur professeur, madame Ioana Lavinia Streinu SON: « Comme des stars, je dirais. Ils ont pris conscience de la portée de leurs créations et eu l’occasion de voir ce que c’est que devenir un professionnel du métier. Cela leur a procuré un sentiment de bonheur. 90% du public était formé des employés du Comité économique et social européen. Quelques députés européens, y compris de Roumanie, ont également compté parmi nos spectateurs. »

    Le lycée d’arts plastiques Nicolae Tonitza de Bucarest a été créé en 1949. Au tout début, il s’appelait « Ecole technique moyenne d’art ». Elle mettait ensemble arts du spectacle et arts visuels: chorégraphie, musique et dessin. Au fil du temps, même si elle a changé de locaux et de nom, l’école a préservé sa vocation, celle d’étudier les arts plastiques, de cultiver le beau. Tout au long de son existence, le talent et la créativité de ses élèves ont été récompensés de prix nationaux et internationaux, ainsi que de nominations lors d’importantes expositions organisées à l’étranger. Professeur de sculpture et membre de l’Union des artistes plasticiens de Roumanie, Adrian Curcan est également adjoint au directeur du lycée Nicolae Tonitza.

    Il a détaillé l’offre actuelle de cet établissement d’enseignement.: « Nous proposons 12 spécialisations ou ateliers: arts graphiques, arts muraux, arts textiles, céramique, dessin animé, design d’intérieur, design industriel, design vestimentaire, peinture de chevalet, restauration et art religieux, scénographie et sculpture. Mon impression à moi c’est que tant les élèves que les parents prennent en compte les évolutions sur le marché de l’emploi. En outre, comme l’ordinateur est, de nos jours, un outil incontournable, la graphique assistée par ordinateur est largement préférée par les jeunes qui s’orientent vers l’étude des arts plastiques.

    Plus de 900 élèves, collégiens et lycéens, fréquentent actuellement le lycée d’arts plastiques Nicolae Tonitza de Bucarest. (trad. Mariana Tudose )

  • Victor Ieronim Stoichiţă

    Victor Ieronim Stoichiţă

    Considéré comme l’un des critiques d’art les plus prestigieux de la culture roumaine et universelle, Victor Ieronim Stoichiţă a fait ses études à Bucarest où il a atteint sa maturité professionnelle avant de connaître la célébrité en France et en Allemagne. Après un parcours professionnel qui l’a mené à Paris, à Munich et à Harvard, Victor Ieronim Stoichiţă se voit installer à la tête de la Chaire d’Histoire de l’Art de l’Université de Freiburg, en Suisse. Ses qualités d’herméneute et son talent d’interpréter les oeuvres d’art et de la cinématographie le consacrent dans le paysage culturel et universitaire. Il devient assistant à la Chaire d’Histoire et de théorie de l’art de l’Université des beaux-arts de Bucarest avant d’intégrer en tant qu’assistant l’Institut de l’Histoire de l’Art de l’Université de Munich. Il a été professeur invité à la Sorbonne, à l’Université de Göttingen, de Francfort, de Harvard et au Collège de France.



    En 2012, Victor Ieronim Stoichiţă devient membre de l’Académie nationale italienne et en 2014, de celle européenne. L’année dernière, il a assumé la présidence tournante de la chaire du Musée du Louvre et s’est vu conférer le titre de Chevalier des Arts et des Lettres de la République française. Les maisons d’édition Humanitas lui ont consacré une série d’auteur comportant jusqu’à présent plusieurs titres parmi lesquels L’effet Sherlock Holmes, L’instauration du tableau, Une courte histoire du parapluie, Leffet Pygmalion. Depuis Ovide jusqu’à Hitchcock.



    Intitulé Comment savourer un tableau et autres études de l’art, le livre le plus récent signé par Victor Ieronim Stoichiţă paru toujours chez Humanitas propose au lecteur un recueil de douze études portant chacune sur un thème différent qui renvoie à l’histoire des arts allant du XIV au XXè siècle. Une première version de cette chronologie est déjà parue en espagnol. La version roumaine on la doit aux professeurs Anca Oroveanu et Ruxandra Demetrescu de l’Université des beaux-arts de Bucarest.



    Pourquoi ce livre est-il si important? Mme Anca Oroveanu explique: Quant je parle de ce recueil, il convient de mentionner deux aspects principaux. Le premier porte sur la nature des études incluses dans le volume. L’auteur fait preuve d’une grande exigence, attention et rigueur dans la sélection des oeuvres d’art dont il s’occupe. A tout cela s’ajoute la grande richesse iconographique, la diversité des images que l’auteur invoque pour soutenir ses arguments. Bien qu’invité à une lecture plutôt académique, le lecteur sera surpris de constater la cordialité avec laquelle Victor Ieronim Stoichita l’inscrit sur la voie vers l’investigation des problèmes exposés.



    Les images disséqués par le critique d’art Victor Ieronim Stoichiţă dans l’ouvrage Comment savourer un tableau portent aussi bien la signature de plusieurs grands maîtres peintres tels que Titien et Caravage que celle de quelques artistes pop comme Andy Warhol. Les commentaires du critique d’art renvoient tous au même thème, cher à Victor Ieronim Stoichiţă, celui de la plurisensorialité. Anca Oroveanu: Il s’agit de situations dans lesquelles la pierre évoque et suscite des impressions sensorielles dans d’autres espaces que celui de la vue, mais il le fait avec ses propres moyens et sans quitter le territoire. Comment se passe tout cela, c’est le pari des textes de ce volume. Dans le premier texte, les sens visés sont le goût et l’odorat surtout. Dans d’autres, il s’agit d’un autre sens, qui fait en quelque sorte concurrence à la vue. C’est l’ouïe le sens qui est à la base des œuvres artistiques et notamment de celles musicales. Dans l’étude consacrée à Caravage il existe une référence à ce sens. Cette problématique se retrouve à travers le volume.



    Enfin qui pourrait être intéressé par cette problématique ? Réponse avec Ruxandra Demetrescu : On pourrait se poser la question de savoir quel est le public du livre que nous lançons aujourd’hui. Evidemment la première réponse serait le monde restreint des historiens de l’art de chez nous. Et pourtant, le livre s’adresse à beaucoup d’autres personnes. Victor Stoichita a la voix d’un historien de l’art qui n’est pas traditionnel. Mais pourquoi ne l’est-il pas ? Eh bien parce qu’il fait partie du monde de l’avant-garde de cette discipline, du monde des grands. Il s’agit de critiques qui se posent le problème du sens plus profond d’une image, qui fait plus qu’illustrer un thème, mais qui dit bien des choses sur le monde où nous vivons ou sur les mondes où ces images ont été créées. C’est pourquoi l’auteur lance une invitation à la lecture et à la contemplation, à la relecture de textes fondamentaux, tels les romans d’Emile Zola. C’est surtout une invitation à regarder en détail à l’aide d’une loupe. Cette amplification du détail est assumée par l’auteur dès la préface. Bref, à mon sens, tout lecteur de bons textes peut trouver quelque chose d’intéressant dans ce volume.



    Présent au lancement de son livre « Comment savourer un tableau », Victor Ieronim Stoichita a parlé des réactions à son livre : Je ne dis aucune nouveauté lorsque je rappelle que le chemin de chaque créateur a des hauts et des bas, des enthousiasmes et des chutes. Les hauts et les bas sont inévitables même à l’age des cheveux blancs. Le fait que l’on me suggère que mon chemin a bien mérité d’être fait et mérite d’être suivi à l’avenir aussi, est bénéfique. Il est vrai que tout livre est non seulement le résultat de l’effort d’un auteur et d’une équipe, mais le résultat du lecteur, de la manière dont le livre a été lu. Dans notre cas, les choses sont d’autant plus intéressantes, puisque Ruxandra et Anca ont collaboré pour réaliser ce livre. Elles l’ont non seulement traduit, mais ont eu la possibilité de s’y détacher et de le juger d’une manière objective. J’ai été impressionné par la manière très fine dont elles ont lu ce livre, lui donnant en fait de la vie. J’espère que les autres lecteurs seront tout aussi réceptifs au contenu de cet ouvrage.



    « Comment savourer un tableau» est le 10e titre de la série d’auteur Ieronim Stoichita publiée chez les éditions Humanitas. (trad.: Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)

  • Arts plastiques à Sibiu et Braşov

    Arts plastiques à Sibiu et Braşov

    De nombreuses expositions personnelles et de groupe figurent au palmarès du sculpteur Nicolae Daicu, président de l’Union des plasticiens de Braşov. Certaines de ces expositions ont été organisées à l’étranger – notamment en France, au Luxembourg, au Danemark et au Japon.

    Après ses études d’art au lycée de Braşov, en 1971 il décide de se consacrer à la sculpture et choisit l’Institut d’arts plastiques et décoratifs de Cluj-Napoca. Encore étudiant, il ouvrait déjà sa première exposition.

    Nicolae Daicu est actuellement professeur à l’école d’arts plastiques de Braşov : « Je travaille dans l’enseignement depuis une quarantaine d’années et je dois dire que pendant toute cette période, je n’ai eu aucun moment d’ennui. Parmi les jeunes, on garde sa jeunesse. Bien que je sois censé leur apprendre la sculpture, je m’éloigne souvent de cet objet de mon activité, pour parler aux jeunes, remplaçant même les parents et les autres professeurs. C’est pourquoi, lors d’un sondage organisé il y a deux ans, les élèves m’ont désigné « prof de l’année ». Cela m’a beaucoup réjoui et ils l’ont peut-être fait parce que nous parlons beaucoup, je réponds à leurs questions touchant les sujets les plus divers. Nous le faisons avec une grande liberté d’esprit et c’est pour nous une façon de voyager à travers le monde, par la pensée. J’ai aussi des élèves atteints de différentes déficiences. Il y en a plusieurs qui viennent à l’école dans des fauteuils roulants et je suis très heureux qu’ils aient triomphé de cette entrave. Un de mes élèves est atteint du syndrome de Down, pourtant les autres élèves l’ont accepté, l’ont intégré, sans faire de différence par rapport aux autres enfants. »

    Nicolae Daicu se trouve à la tête de l’Union des plasticiens de Braşov depuis une dizaine d’années. Créée en 1946 par un groupe d’artistes de la ville, cette union a été la première de ce genre organisée en Roumanie : « Je ne sais pas qui a adopté qui – si c’est l’homme qui a adopté la ville ou la ville qui a adopté l’homme, mais cette symbiose me va à merveille. Il y a 5 ans, j’ai décidé de mettre sur pied un musée d’art contemporain, en comptant sur les dons d’œuvres faits par les artistes. Nous comptons déjà 340 œuvres d’art, mais puisque nous ne disposons pas d’un espace approprié, j’envisage de créer un musée virtuel. Quant à mon activité artistique, ne pensez pas que l’artiste s’assied devant une tasse de café et tout à coup l’inspiration l’envahit. L’inspiration, on doit la provoquer et pour ce faire, on doit travailler. Moi, je travaille le bronze et découvrir la technique de la cire perdue a été un véritable défi. A présent, une autre découverte me hante, qui ressemble beaucoup à la cire perdue, mais sans utiliser de cire. »

    Les 18 œuvres monumentales de Nicolae Daicu se trouvent dans différentes localités du pays. L’une d’entre elles, représentant Andrei Şaguna, se dresse devant le collège portant le nom du métropolite. Une autre œuvre, la Colonne du temps, mesurant 8 mètres de haut, se trouve à Prejmer, non loin de Braşov, où un atelier de création en plein air a été organisé en 1994. La statue d’Avram Iancu a été accueillie par la ville de Braşov.

    Pour le sculpteur Nicolae Daicu, le 25 avril 2005, date de la signature du Traité d’adhésion de la Roumanie à l’UE, a été une journée pas comme les autres. Invité par l’ambassade de Roumanie au Luxembourg, l’artiste y a exposé ses œuvres les plus représentatives. Une de ses sculptures, un buste de notre poète national Mihai Eminescu, il l’a offerte aux organisateurs de l’exposition.

    « Toute ma vie a été liée à la verrerie. Mon père a également été artisan verrier. Tout près de mon village natal, dans le comté de Satu Mare, se trouvait la fabrique de verre de Poiana Codrului, la plus ancienne du pays. Enfant, j’y ai vu pour la première fois les artisans verriers travailler et j’ai énormément aimé ce que j’ai vu. Aujourd’hui aussi, j’ai la conviction que le verrier n’est pas un simple travailleur, mais un véritable artiste. Pratiquement j’ai commencé à zéro », avoue Ion Tămâian, le directeur de l’atelier Ion Art Glass de Şelimbăr, comté de Sibiu, qui est également président de la filiale Sibiu de l’Union des plasticiens. L’atelier Ion Art Glass produit des objets artistiques et utilitaires à la fois : verres, bols, bouteilles de parfum, plateaux, vases et différentes lampes.

    Ion Tămâian : « On peut faire de tout et se rapprocher le plus possible de l’idée que nous nous sommes proposée. Certes, durant le travail, nous constatons les difficultés et nous trouvons des solutions techniques. Je ne peux pas dire qu’il existe des choses qui dépassent nos capacités, mais certes la technologie du verre a ses limites et il faut utiliser différentes approches. Un bon verrier, un bon créateur, un technicien peut réaliser n’importe quoi. Il peut trouver des solutions pour réaliser l’objet voulu. Nombre de personnes me demandent de réaliser un certain objet précis, selon leur propre imagination. Nous discutons, nous échangeons des impressions et par le biais des dessins que je présente, j’essaie de réaliser un objet original ».

    L’œuvre d’art la plus chère jamais produite par l’atelier Ion Art Glass a été une création appelée « Portal », évaluée à 35 mille dollars et vendue à un collectionneur privé d’Amérique. C’est également aux Etats-Unis, et plus précisément à la Maison Blanche, que sont arrivées ils y a quelques années des boules de Noël produites par l’atelier de Selimbar.

    Ion Tămâian, directeur de l’atelier : « Des touristes du monde entier s’y rendent parce que l’atelier participe à des expositions internationales. Il est connu à l’étranger aussi et c’est pourquoi de nombreux touristes de passage par la Transylvanie souhaitent visiter l’atelier Ion Art Glass. Nous dirigeons toujours les visiteurs dans l’atelier pour qu’ils puissent comprendre aussi le côté technologique, l’explication se fait d’une manière interactive et ils sont enchantés de pouvoir modeler. C’est un atelier qui a passé l’épreuve du temps, nous avons résisté surtout parce que nous avons privilégié l’exportation. C’est cela qui nous a soutenus. Nous avons exposé dans différents coins du monde, aux Etats-Unis par exemple, où le marché est très développé. La Chine, les pays nordiques, le Brésil, à mon avis nous sommes arrivés partout dans le monde. Mais la performance, c’est réussir à ne pas se situer sous les normes et vendre des objets d’art dans les conditions actuelles. Grâce aux participations aux foires internationales, nous avons réussi à garder le lien avec d’importantes galeries d’art du monde ». (Trad. : Alex Diaconescu, Dominique)

  • Icônes sur verre

    Icônes sur verre

    La peinture d’icônes sur verre est une tradition ancienne, une technique apparue en Transylvanie (région du centre de la Roumanie) suite à son annexion à l’Empire des Habsbourg, à la fin du 17e sicle.

    Pour davantage de détails, nous nous sommes adressés à Oana Musceleanu, du centre de peinture de Nicula, dans le nord de la Roumanie. Elle nous parle des débuts de cet art : « L’icône sur verre est apparue au monastère de Nicula, où il y avait une icône sur bois qui, dit-on, avait commencé à pleurer un jour. Cela y a attiré de nombreux pèlerins. Les paysans du village ont voulu copier l’icône pour la vendre aux pèlerins. Ils ont fait les copies sur verre, pour des raisons économiques, car les icônes sur bois auraient coûté plus cher. Ces paysans ont mis leur talent à l’épreuve dans les centres de peinture de Nicula, où tout a commencé. Par la suite, ils ont migré dans d’autres villes transylvaines, Alba-Iulia, Fagaras, Brasov, pour y vendre leurs icônes. Au début, les icônes étaient peintes par des femmes et vendues par leurs époux. Parmi les peintres les plus connus mentionnons Savu Moga, Matei Ţimforea, Ioan Pop ou encore Ioan Costea, mais en général les peintres sont anonymes. »

    Initialement, les matériaux utilisés pour confectionner des icônes sur verre provenaient de petits centres et des ateliers appartenant aux différentes guildes de maîtres artisans. Les techniques rudimentaires ont été gardées jusqu’à nos jours, les icônes roumaines sur verre étant réalisées à présent tout comme aux siècles passés.

    Oana Musceleanu nous en parle : «Les matériaux utilisés étaient des morceaux de vitre brûlés dans des fours traditionnels. En raison de la température instable, en résultaient de très belles superficies vallonnées qui, à la lumière des bougies, produisaient des effets inédits : on avait l’impression que les saints de ces icônes bougeaient. Les peintres utilisaient des couleurs naturelles, qu’ils produisaient eux-mêmes ou qu’ils achetaient chez des marchands spécialisés. Ils mélangeaient les pigments naturels avec de l’émulsion de jaune d’œuf. Les pinceaux étaient en poils naturels, alors que pour les contours ils utilisaient des poils du bout de la queue du chat. Pour les auréoles et autres décorations on utilisait les feuilles d’or, alors que les cadres étaient confectionnés en bois et peints en noir, brun ou même vert.»

    Selon la technique utilisée, les icônes sur verre sont peintes plutôt « sous » le verre, car toutes les images sont réalisées en miroir, de sorte qu’au moment où l’on tourne le verre transparent, l’image soit correcte. Pour celui qui regarde l’icône, le verre est une sorte d’écran qui protège la partie sur laquelle se trouve la peinture.

    Oana Musceleanu précise: « La technique des icônes sur verre utilisée au 21e siècle est fidèle à celle d’antan. On commence par nettoyer le verre industriel, puisque le type de verre fabriqué dans les centres moyenâgeux n’existe plus. On fait ensuite le contour à l’encre noire en suivant des règles bien précises. Puis on commence à peindre à l’aide des pigments mélangés avec de l’émulsion de jaune d’œuf, pour appliquer enfin les feuilles d’or. Dernière étape : mettre le verre peint dans un cadre sur lequel on a mis de la teinture et de la cire d’abeilles.»

    Une des plus belles collections d’icônes sur verre de Roumanie est à retrouver au musée de Sibiel, en Transylvanie. Situé au cœur même du pays, ce village est connu pour ses icônes réalisées dans le style du monastère de Nicula, celui de la région de Fagaras ou de Marginimea Sibiului. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Artistes plasticiens de Râmnicu Vâlcea

    Artistes plasticiens de Râmnicu Vâlcea

    Première exposition personnelle à 18 ans, puis spécialisation en conservation et restauration artistique ; voici une vingtaine d’années, Petti Velici s’établissait à Râmnicu Vâlcea, ville qui lui suscite des nostalgies et lui apporte le calme dont il a besoin: « Je suis arrivé à Râmnicu Vâlcea quand j’étais élève au lycée, dans une colonie de vacances organisée par le Lycée d’art de Craiova (sud). C’est alors que j’ai eu l’occasion de connaître l’ancien Râmnic. Entre temps, beaucoup de choses ont changé, mais comme que je suis conservateur, je ne pensais pas emménager ici. Pourtant, la similitude entre cette localité et la zone de mon enfance, cette tranquillité, la rivière Olt qui me rappelle le Danube, l’activité culturelle beaucoup plus étoffée qu’à Turnu Severin, tout cela m’a déterminé à rester ici. Et ce calme est très important pour moi. Je sais qu’il y a des gens qui peuvent peindre même dans une gare, mais ce n’est pas mon cas. Moi, j’ai besoin d’une certaine intimité, d’une certaine tranquillité, et cette région me l’apporte. C’est important pour tout : pour trouver le sujet, la couleur, et même l’état qui m’habite ».



    Petti Velici se déclare déçu par le statut de l’artiste en Roumanie, qui survit plutôt qu’il ne vit, et aussi de la négligence des autorités à l’égard du patrimoine national. La peinture demeure son refuge : « Je peins des fleurs. Les fleurs m’apportent la quiétude. Je fais aussi de l’art graphique, ce sont des œuvres qui réclament une très grande attention. Je me propose aussi de faire une galerie de portraits. Ils seront avec des gens de la campagne, des gens âgés, qui me rappellent ma mère, mon père, mon grand-père, mes arrière-grands-parents. Pour l’heure, j’ai quelques croquis. »



    Sergiu Plop est né en Bessarabie et se revendique de l’avant-garde russe. Il est devenu « Oltène », comme il le déclare, après le succès de sa première exposition avec Arcadie Răileanu à Râmnicu Vâlcea en 1993. Il déclare que sa peinture a connu plusieurs périodes : une période noire — jusqu’en 1993 -, une deuxième, qui était une sorte de pointillisme, et qui s’est achevée par l’achat de toute son exposition par un collectionneur allemand. Suivit la période verte, et maintenant il fait surtout de la peinture figurative, mais il ne peut pas garantir qu’il ne reviendra plus vers la peinture abstraite : « Je suis né dans la partie nord de la Bessarabie. On dit que les nordiques sont plus introvertis, ceux du Sud sont plus expansifs. Il y a une certaine vérité là-dedans. Quand je suis arrivé à Râmnicu Vâlcea, j’ai dû changer. Ce qui me plaît ici, c’est que les gens sont actifs tout le temps. Et je pense que cela a influencé ma peinture, surtout la perspective sur la couleur. Mes couleurs sont plus gaies, plus lumineuses. Percevoir la couleur de la zone, cela compte beaucoup. »



    Il existe en République de Moldova un potentiel artistique de grande valeur, selon Sergiu Plop. C’est pourquoi il essaie depuis quelques années de promouvoir les artistes de Bessarabie : « J’ai commencé en 2009, par l’organisation de deux expositions au Musée Nicolae Bălcescu de la localité éponyme, située près de Vâlcea. D’autres événements ont suivi, toujours à Vâlcea. Les trois éditions suivantes, je les ai intitulées Râmnic. J’ai pensé inviter les peintres de Bessarabie. Certains d’entre eux étant méconnus ici, je souhaite promouvoir leur art et l’école de Chişinău. Beaucoup de ces artistes enseignent à l’Académie des beaux-arts. Je suis content de l’activité des deux ateliers de création. A une certaine époque, j’invitais presque chaque mois un artiste de Chişinău à la Bibliothèque Antim Ivireanul. La plupart des éditions de cet événement ont été organisées à l’approche de la Journée de l’hymne national (le 29 juillet), que nous célébrons annuellement à Râmnicu Vâlcea. L’exposition accueillie l’an dernier par le Musée d’Art a été une belle réussite. Pendant les deux autres éditions hébergées par le Musée du village de Bujoreni, les artistes ont réalisé des oeuvres sur place. Nous avons également prévu des excursions, censées faire découvrir à nos hôtes les attractions de la région de Vâlcea, dont les monastères. Nous avons fait halte aussi à Târgu Jiu, histoire de leur faire voir la célèbre « Colonne sans fin » de Constantin Brancusi. »



    Le plus clair de son temps, Marcel Duţu le passe dans son atelier de Drăgăneşti-Olt. C’est là qu’il nous a accordé une interview, évoquant avec reconnaissance les noms de ses mentors en matière de peinture, à savoir Traian Zorzoliu et Nicolae Truţă : « L’exposition s’est d’ailleurs intitulée, “Pour Nae”. Nicolae Truţă est pour moi une véritable pierre d’assise. J’ai fait sa connaissance à l’époque où il jetait les bases des ateliers de création. Ceux-ci donnent la possibilité de connaître d’autres artistes. Moi, personnellement, je me sens très bien si j’ai la chance de communiquer, car cela me stimule. Le premier atelier de création auquel j’ai pris part s’est tenu à Vitomireşti. Du temps de mes études universitaires, ces activités étaient organisées tous les ans, pendant les grandes vacances. Elles équivalaient en quelque sorte à l’examen et à notre début comme futurs artistes. »



    « Une série d’arcades et de colonnes, une explosion de significations, de tendances allant en tous sens ». C’est en ces termes que Marcel Duţu définit sa peinture moderniste: « Il s’est passé tant de choses dans l’art plastique que je ne saurais dire que j’y ai apporté des nouveautés. Je cherche toujours, mais cela n’est pas facile, car il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Mes ouvrages sont atypiques. Je suis surtout préoccupé par la tridimensionnalité. J’ai présenté récemment une exposition à Vâlcea et réalisé quatre ouvrages nouveaux, en partant de la forme géométrique du cube, dont la perfection s’oppose à l’imperfection des êtres humains. Au milieu de chaque toile, il y a donc un cube. Ces peintures seront exposées en Allemagne aussi. »

  • Le peintre George Băjan

    Le peintre George Băjan

    Homme de talent et desprit ludique, ayant lœil pour le détail, le peintre George Băjan sest adonné à plusieurs passions que rien ne semblent lier entre elles : les arts plastiques, laéronautique, laéromodélisme et le culturisme. Du point de vue professionnel, son cœur balance entre deux dentre elles.



    George Băjan : «Jaime lart et les avions. Je ne saurais dire laquelle de ces deux passions est plus grande. Je me suis mis à peindre quand jétais enfant. Je me rappelle quà lépoque, javais un album de peintres roumains et que jai essayé de faire des copies de leurs toiles. Après, tout a commencé par une rébellion. Enfant, rien de ce qui mentourait ne me plaisait, jétais très exigent ; jaimais beaucoup étudier, réfléchir. Et jaimais les avions. Jallais à un club pour enfants et, à mesure que javançais dans lâge, lune ou lautre de ces deux passion prenait le dessus. Il y a eu des périodes où je ne faisais que peindre, dautres où je moccupais daéromodélisme, où jétudiais le pilotage des avions, leur construction, leur histoire. »



    Dans latelier de George Băjan sentassent des toiles, des pièces de mobilier reconstituées et repeintes en rose et des maquettes davions avec leurs couleurs et emblèmes dorigine. Dès son plus jeune âge, George Băjan peignait avec beaucoup de facilité. Son talent fut découvert lors des concours de dessins sur asphalte auxquels il participait: « Mes parents mencourageaient beaucoup à moccuper de peinture, pourtant, étant ouvriers, il ne savaient pas ce quils pouvaient faire pour moi. A lécole, on menvoyait à toute sorte de concours de dessins sur asphalte et là, mes professeurs ont été impressionnés par mon talent. Moi, je nai jamais été impressionné, pourtant jai réussi à convaincre plusieurs personnes qui ont cru en moi. Je voulais étudier les Beaux Arts et à lépoque, cétait très difficile. En 1991, peu après la chute du communisme, jai eu la chance extraordinaire dêtre admis à lAcadémie des Beaux Arts après avoir passé le difficile concours dadmission dès la première tentative. Jai étudié pendant 6 ans. Après la première année, jai opté pour la peinture. Pour suivre cette spécialisation, jai dû passer un nouveau concours. Si je lavais raté jaurais essayé la sculpture, car jaime beaucoup la sculpture aussi. Je me souviens de mes premiers professeurs. Jai commencé létude de la peinture avec Ion Sălişteanu, un professeur extraordinaire, qui ne voulait jamais empiéter sur notre démarche personnelle, il ne nous imposait rien ; cétait quelquun de très fin dans ses relations avec les étudiants. Ensuite, jai voulu essayer quelque chose de différent, changer de style, chercher, expérimenter. Jai opté, avec plusieurs de mes collègues, pour M. Alexandru Chira, lui aussi une personnalité fantastique, qui avait des convictions extraordinaires dans ce quil faisait. Il était plus technique dans la composition, moins pictural. »



    Quelles sont les préférences de George Băjan en matière de peinture ? « Moi, dans la peinture, jai été marqué par le style classique, par la Renaissance. Je reviendrais toujours à ces compositions somptueuses, symphoniques. Cest le genre de peinture qui mattire. Reste à voir si je pourrais me permettre de la pratiquer, à lavenir, de mettre le corps humain au centre de mes compositions. Ma plus importante exposition a été celle de mon début, le fruit de toute lexpérience que javais accumulée. Elle a été ouverte au Palais de Mogoşoaia, en 1999. Lexposition suivante entre dans une autre catégorie. Elle a été organisée par lintermédiaire de lInstitut Culturel Roumain et accueillie par lInstitut Titu Maiorescu de Berlin. Jy exposais avec mon épouse, Silvia Băjan, peintre elle aussi. »



    Avec la même passion, le peintre George Băjan construit des modèles davions et participe à des concours daéromodélisme, suivant une démarche similaire à celle artistique : il prend comme point de départ une idée et y ajoute sa créativité, pour en faire une œuvre. (trad. :Dominique)