Tag: printemps

  • La soupe aigre d’oseille et d’arroche

    La soupe aigre d’oseille et d’arroche

    Le printemps, les marchés roumains sont envahis de toute sorte de plantes pleines de vitamines qui sont aussi utilisé dans toute sorte de plats de saison. Aujourd’hui, je vous propose de préparer une soupe d’oseille et d’arroche aux légumes. Il vous faut trois bottes d’oseille, trois d’arroche, quelques cuillerées de riz, deux oignons, deux pommes de terre, un poivron, une tête de céleri rave pas trop grande, une botte de livèche, du bors et un ou deux œufs.

    Rappelons-le, le bors est un condiment spécifique de l’Europe de l’Est et de la Russie, obtenu suite à la fermentation du son de blé qui donne un goût aigre aux différentes soupes. Une fois que ce condiment est ajouté, une soupe se transforme en ce que les Roumain appellent « ciorba », c’est-à-dire une soupe dense avec beaucoup d’ingrédients et au gout aigre. Commencez par couper les légumes en brunoise. Dans une casserole plutôt grande, faites dorer les légumes, oignons, carottes, cèleri et poivron dans deux ou trois cuillerées d’huile de tournesol à feu moyen, voire doux.

    Après une dizaine de minutes, ajoutez de l’eau afin de remplir trois quarts de la casserole et ajouter les pommes de terre. Faites bouillir jusqu’à ce que les légumes soient assez bien cuits, puis ajoutez les feuilles d’arroche et d’oseille, hachées. Après cinq autres minutes ajoutez le bors et si vous voulez un peu de coulis de tomates. Après une autre dizaine de minutes, vous pouvez ajoutez l’œuf battu et la livèche finement hachée avant de couper le feu.

    Vous pouvez aussi ajouter parmi les ingrédients des lardons fumés afin de lui conférer un gout encore plus savoureux et intense. Pour cela, il faut revenir à la première étape de la cuisson, soit le moment quand on a fait sauter les légumes en brunoise. C’est à ce moment-là qu’il faut ajouter les lardons fumés. Vous pouvez également choisir une autre variation de la recette classique. Une fois la soupe préparée, n’y ajoutez pas les œufs battus mais préparez une omelette. Coupez-là ensuite en carreaux et ajoutez-les ensuite dans la casserole après avoir coupé le feu. Vous pouvez aussi ajouter de la crème fraîche pour obtenir un gout encore plus intense et riche. Voici donc autant de variations de recette de base à expérimenter et … à savourer !

  • La migration de printemps des oiseaux

    La migration de printemps des oiseaux

    La Roumanie dispose d’une riche avifaune. Des milliers d’oiseaux y trouvent les conditions dont ils ont besoin pour s’arrêter, nicher et se nourrir. De toutes les espèces d’oiseaux que l’on peut rencontrer dans les régions roumaines, près de 100 espèces sont sédentaires, alors que 150 autres sont migratoires. Il y a des oiseaux qui passent l’hiver chez nous, d’autres qui ne font que transiter et, enfin, certaines espèces qui se sont égarées. Cinq régions concentrent en Roumanie la migration des rapaces diurnes. Il s’agit de la Dobroudja, des cours supérieur et inférieur de la rivière Mureş, de la vallée de la rivière Prut et encore de la vallée de Tur. Les oiseaux migrateurs qui contournent les Carpates et la mer Noire doivent traverser la région de Dobroudja, véritable entonnoir des migrations. Les monts Măcin sont un point central de la migration des oiseaux en Europe en termes de nombre d’espèces recensées. Tous les ans, on décompte le passage d’environ 10.000 rapaces et de près de 20.000 cigognes blanches dans cette région.

    La vallée de Prut est une autre région humide d’un grand intérêt pour le sud-est européen du point de vue de la richesse des espèces d’oiseaux que l’on y rencontre. Cette vallée est traversée par une des plus importantes routes de migration des oiseaux qui s’y arrête et construisent leurs nids. Ovidiu Bufnilă, le chargé de communication de la Société ornithologique roumaine, nous en offre des détails : « Nous avons près de 400 espèces d’oiseaux qui vivent chez nous, tels les moineaux ou les mésanges, et des oiseaux qui, au printemps, quittent la Roumanie, après avoir passé l’hiver chez nous (la plupart des espèces d’oie, les cygnes d’hiver). Mais nous avons aussi des espèces qui viennent d’arriver ou qui sont encore en route vers la Roumanie. Le premier volatile de ce type que j’ai croisé cette année était une cigogne noire, que j’ai pu observer alors qu’elle s’était arrêtée près de la ville d’Odorheiul Secuiesc (centre-est de la Roumanie), avant de poursuivre son voyage vers le nord. Ensuite, le 8 mars dernier, on a observé la première cigogne blanche dans le ciel de Bucarest. Le même jour, mes collègues ont découvert les premiers signes du printemps : la première huppe à proximité de la ville de Călăraşi, au même endroit où on avait vu de grandes volées de cigognes qui transitaient la Roumanie et s’étaient arrêtées pour se nourrir, tout comme les environ 200 grues près de la ville de Histria, dans la région de Dobroudja. Petit à petit, on a vu arriver toutes les espèces que l’on connaissait, même si la vague d’arrivées la plus significative a eu lieu lorsqu’une pluie verglaçante avait pris au dépourvu pas mal de volatiles en train d’arriver. Les cigognes ont réussi à se poser au sol, se débarrasser de la glace déposée sur leur plumage et se reposer. D’autres espèces en revanche, plus fragiles et moins préparées, ont pâti de ce retour soudain de l’hiver, en plein mois de mars. Ce fut le cas dans tout le pays, mais c’est la moitié sud de la Roumanie qui été la plus touchée. Certains oiseaux n’ont pas résisté, d’autres sont allés plus au nord. Mais la migration ne s’achèvera qu’au moment où les derniers hérauts du printemps : les coucous et les guêpiers devraient arriver fin avril ou début mai. »

    Une des principales questions que les scientifiques se posent concerne la manière dont les oiseaux s’orientent pendant leur vol. Et même si des explications divergentes persistent là-dessus, il est communément admis que cela varie d’une espèce à l’autre. Il est ainsi démontré que la plupart des espèces prennent pour repères le soleil et les étoiles. D’autres, comme par exemple le coucou, ont un héritage génétique. Dans d’autres situations, comme c’est le cas de la cigogne blanche, les exemplaires jeunes suivent la migration des aînés, de leurs parents. Dans tous les cas de figure, après cette première expérience migratoire, les individus réussissent à créer dans leur mémoire une sorte de carte virtuelle qu’ils utiliseront lors des migrations ultérieures. Alors que la population de beaucoup d’espèces migratoires natives d’Europe est en déclin, l’UE a introduit des politiques censées stopper le phénomène, en prenant des mesures de conservation et de gestion des habitats.

    La Directive Oiseaux de l’UE a été la première loi de protection de la nature avec l’objectif déclaré d’arrêter le déclin des espèces d’oiseaux des plus menacées sur notre continent, tel la spatule blanche, le pygargue à queue blanche ou l’aigle ibérique. En Roumanie, les fermiers ont droit à des subventions pour autant qu’ils s’impliquent dans la protection de certaines espèces d’oiseaux, tel l’aigle pomarin dont nous avons en Roumanie près de 2.300 couples ; cela représente environ 10% de la population mondiale et 22% de la population européenne de l’espèce. C’est qu’en Roumanie la nature est généreuse et l’agriculture est encore écologique dans beaucoup d’endroits.

    Selon Ovidiu Bufnilă: « Nous comptons un certain nombre de mesures prises dans ce domaine, proposées aussi bien par nous-mêmes que par nos partenaires et qui visent à soutenir l’agriculture et protéger la faune de la Roumanie. Je pense à l’aigle pomarin, qui a besoin de trouver dans son habitat des sources de nourriture importantes. Pour toucher la subvention, le fermier devra respecter un certain nombre de règles. »

    Une autre mesure similaire concerne la protection de la bernache à cou roux, oiseau en voie de disparition, inclus sur la liste des espèces les plus menacées en Europe. La bernache à cou roux est protégée par la Convention de Berne pour la protection de la vie sauvage. Elle fait son apparition en Roumanie vers la fin du mois d’octobre et y reste jusqu’au mois de mars. « A son arrivée en Roumanie, la bernache à cou roux a besoin de trouver des graines de maïs éparpillées dans les champs, puis elle se nourrira de blé et de colza. Cette mesure est toujours d’actualité. Les fermiers qui se trouvent sur son chemin, c’est-à-dire dans la région de Dobroudja et dans la plaine de Baragan (sud de la Roumanie), peuvent recevoir des dizaines de millions d’euros de subvention. »

    La Société ornithologique roumaine déroule plusieurs projets de protection des espèces et de lutte contre le braconnage. « La Roumanie prend son envol » est le nom d’un de ces projets où les ornithologues, aidés par des bénévoles, installent chaque printemps des nids artificiels dans les parcs de Bucarest et de 10 autres villes du pays. Un autre projet vise la protection d’une autre espèce des plus menacées en Europe ; il s’agit du faucon sacre, pour lequel de nouveaux nids artificiels ont été montés sur les poteaux de haute tension de la compagnie d’électricité de la région d’Olténie. A présent on ne compte plus que 450 couples de faucon sacre, dont la moitié vit en Hongrie et en Slovaquie. (trad. Ionut Jugureanu)

  • La semaine du 12 au 18 mars 2018

    La semaine du 12 au 18 mars 2018

    Conseils du FMI pour la Roumanie



    Le FMI recommande à la Roumanie de mettre au point un paquet équilibré de politiques monétaires et fiscales et d’investissements, afin de maintenir le rythme de croissance économique enregistré l’année dernière. Lors de leurs pourparlers avec les responsables roumains, les experts internationaux ont également souligné l’importance d’améliorer la collecte de fonds au budget de l’Etat et de maintenir les dépenses publiques dans des limites soutenables. Pour sa part, la première ministre roumaine, Viorica Dancila, a déclaré à cette occasion que les mesures économiques et fiscales adoptées par l’Exécutif de Bucarest étaient viables et que le gouvernement roumain tablait cette année sur une croissance économique de 6,1%, fondée sur les investissements et notamment sur les fonds européens.



    Notons qu’à présent Bucarest ne dispose d’aucun accord de financement avec le FMI. Toutefois, l’institution examine annuellement l’évolution de l’économie roumaine, cette délégation étant venue en Roumanie pour des consultations annuelles, un exercice de suivi obligatoire pour tous les Etats membres. Deux semaines durant, les experts du FMI se sont entretenus avec les responsables roumains, avec des représentants des partis politiques, des syndicats, des associations du milieu des affaires, du milieu académique et des banques.





    Un début de printemps capricieux



    Les précipitations abondantes et la fonte rapide des neiges favorisées par la hausse des températures ont causé des crues qui ont fait de nombreux dégâts en Roumanie. Selon le ministère de l’Intérieur, 14 départements du centre, du sud et de l’est du pays ont été touchés par les inondations, des dizaines de personnes ayant été évacuées à Covasna et Brasov. La ministre Carmen Dan s’est rendue elle-même dans les zones affectées pour convaincre les gens à quitter temporairement leurs foyers. « Nous sommes confrontés à des situations météo hors du commun, des situations inconnues, en raison des changements climatiques », a déclaré à son tour le chef du Département pour les situations d’urgence, Raed Arafat.




    Réunions régionales à Bucarest



    Le chef de la diplomatie roumaine, Teodor Meleşcanu, a été l’amphitryon de ses homologues bulgare, Ekaterina Zaharieva, et grec, Nikos Kotzias, avec lesquels il a examiné, dans le cadre de la Trilatérale Bucarest-Sofia-Athènes, des dossiers stratégiques au niveau régional. A l’agenda – les Balkans de l’Ouest, le Voisinage est, la région de la mer Noire, la Stratégie du Danube et les perspectives du processus de paix au Proche Orient. Les trois ministres ont estimé que les fonds communautaires se fondent sur le principe de solidarité européenne et que le futur budget de l’Union doit être équilibré et ne doit pas sacrifier les subventions pour l’agriculture ou la cohésion.



    Et c’est toujours à Bucarest que les ministres de la Défense de neuf Etats ex-communistes, des officiels de l’OTAN et des représentants des Etats Unis ont réaffirmé que le flanc est de l’Alliance devait être renforcé. La présence alliée avancée se matérialise sur l’ensemble du flanc est de l’OTAN, tant dans le nord-est, dans la zone balte, que dans le sud-est, sur le territoire roumain et à la mer Noire, s’est félicité l’amphitryon de la réunion, le ministre roumain de tutelle, Mihai Fifor. Bucarest, en partenariat avec Varsovie, représente le moteur de l’Initiative B9, dont font partie la Bulgarie, la République tchèque, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie et la Hongrie. Leurs représentants ont souhaité harmoniser leurs positions avant le sommet allié de Bruxelles, prévu en juillet.





    La Roumanie est solidaire avec la Grande Bretagne



    Le ministère des Affaires étrangères de Bucarest a fait savoir, mercredi, que la Roumanie était solidaire avec le Royaume Uni après l’empoisonnement, à Salisbury (en Angleterre), de l’ancien agent double Sergueï Skripal et de sa fille. Bucarest condamne fermement l’utilisation d’un agent neurotoxique de type militaire sur le territoire d’un pays allié, précise le même message. De nombreuses voix au sein de la communauté internationale ont qualifié l’empoisonnement de Sergueï Skripal de violation grave des normes et des accords internationaux visant les armes chimiques.




    Vague unioniste en République de Moldova



    Le nombre des communes et des villes de République de Moldova où les maires et les conseils locaux ont adopté des déclarations symboliques de réunion avec la Roumanie est arrivé à 120. Ces édiles locaux ainsi que tous les adeptes de la réunification sont attendus, ce mois-ci, à Chişinău, au grand rassemblement populaire qui marquera les 100 ans depuis l’Union de la Bessarabie avec la Roumanie. Lancé par l’Alliance pour le centenaire, formée d’organisations civiques de République de Moldova, de Roumanie et de la diaspora, le meeting est censé réaffirmer la conviction de ces derniers que l’Union est l’unique solution pour rétablir la vérité historique, pour adhérer à l’UE et intégrer l’OTAN, pour assurer le bien-être et la liberté. Province à population roumaine majoritaire sous l’Empire des tsars, la Bessarabie s’est unie avec la Roumanie à la fin de la Première Guerre mondiale, le 27 mars 1918. L’Union soviétique l’a ré-annexée, suite à un ultimatum, en 1940, et, l’actuelle République de Moldova a été créée sur une partie de son territoire.




    La Roumanie – invitée d’honneur à la foire du livre de Leipzig



    La Roumanie a été le pays à l’honneur de l’édition 2018 de la Foire internationale du livre de Leipzig en Allemagne, le plus important événement de ce genre d’Europe et un des plus importants au monde. Sous le slogan « Roumanie. Zoom in », le pavillon roumain a accueilli quelque 70 événements organisés par le ministère de la Culture et de l’Identité nationale visant à faire la promotion des auteurs roumains contemporains. L’occasion de promouvoir aussi une quarantaine de traductions de littérature roumaine, la plupart soutenues par le Centre national du Livre et par l’Institut Culturel Roumain. Dans son discours d’inauguration de la Foire du livre de Leipzig, le chef de la diplomatie de Bucarest, Teodor Melescanu, a rappelé que la Roumanie avait bénéficié du statut d’invitée d’honneur de cet événement il y a 20 ans. (trad. Valentina Beleavschi, Ligia Mihaiescu)

  • Les orties

    Les orties

    Laitue, orties,
    épinards, ail des ours, oseille, arroche des jardins, voici toute une série de
    plantes qui abondent dans les marchés roumains le printemps. Le prix de ces
    ingrédients pleins de vitamines et de minérales est assez bas et vu qu’au
    printemps, les Roumains ont envie de manger plus sain qu’en hiver, la
    gastronomie roumaine a invente toute sorte de recettes simples mais très
    savoureuses.

    Les orties, on peut les retrouver presque partout dans la campagne
    roumaine : en bord des champs, près des forêts et même le long des routes
    de campagne. On utilise les orties qui viennent de pousser que l’on cueille le
    mieux avec de gants de cuisine ou en latex. Donc vous avez cueilli ou bien
    acheté du marché un demi-kilo environ d’orties, soit assez pour remplir
    complètement l’évier de votre cuisine. Dotés toujours de gans il faut retirer
    les racines et les tiges et laissez dans l’évier uniquement les feuilles. Lavez
    très bien les orties et mettez-les dans une passoire. Dans une grosse casserole
    à soupe, faites bouillir de l’eau avec un peu de sel.

    Faites blanchir les
    orties puis mettez-les dans la passoire. Dans une autre casserole faites sauter
    deux oignons et une carotte coupés en brunoise. Parallèlement, faites bouillir
    ou bien cuire à la vapeur quelques 200 grammes de riz. Au moment où les oignons
    sont bien dorés, ajoutez les orties hachées au couteau et puis le riz. Mélangez
    bien et ajoutez un peu de bouillon de légumes si besoin est. Laissez mijoter à
    feu doux pendant quelques dizaines de minutes et puis salez et poivrez et si
    vous voulez, vous pouvez également ajouter quelques gousses d’ail écrasées.


    Vous pouvez
    également préparer une purée d’orties. Pour la même quantité d’orties, soit 500
    grammes environ, il faut couper un oignon en brunoise et le faire revenir dans
    un peu d’huile d’olives. Ajoutez une cuillerée de farine de blé et mélangez
    bien avec un fouet. Ajoutez les orties blanchies, puis passées au mixeur
    plongeur et de l’eau ou du bouillon de légumes, jusqu’à ce que le mélange
    devienne une sorte de purée moelleuse. Ajoutez de l’ail écrasé, salez et
    poivrez. Vous pouvez également enfourner pendant une vingtaine de minutes, un
    délai suffisant pour préparer un œuf poché et un peu de polenta en
    accompagnement. Bon appétit !

  • La Roumanie lors du Printemps de Prague

    La Roumanie lors du Printemps de Prague

    Certaines photos, images – symboles d’un événement exceptionnel, parviennent à traverser les temps tout en gardant intact leur message. C’est le cas aussi des photos prises par le Tchèque Josef Koudelka pendant ce que l’on a appelé «Le Printemps de Prague», de 1968, lorsque la Tchécoslovaquie a essayé de sortir de sous la tutelle soviétique. Rentré de Roumanie deux jours seulement avant l’invasion des troupes du Pacte de Varsovie, Josef Koudelka a eu la grande chance de pouvoir immortaliser, pour en témoigner plus tard, la barbarie avec laquelle l’Union Soviétique et ses alliés ont étouffé, en août 1968, le désir de liberté de ses compatriotes. Les clichés allaient être sortis clandestinement de Tchécoslovaquie et les photos publiées en France en 1969. La Roumanie a refusé de participer à l’invasion, considérant cet acte comme une agression contre un Etat socialiste ami.



    Le colonel Alexandru Oşca, historien militaire, est l’auteur de plusieurs ouvrages sur ces événements et sur la position de la Roumanie: « Ce fut l’opération d’invasion d’un Etat la plus ample d’après la Seconde Guerre mondiale. Ceauşescu n’avait pas été invité à y participer, ni informé au sujet de cette action. Il y avait eu six réunions au sommet. Nous ne saurions dire maintenant qu’elle aurait été la position de Ceauşescu si on lui avait demandé l’avis sur la participation de la Roumanie. Par contre, ce n’est pas difficile de deviner ce qu’il avait pensé, sachant que tous les amis se rencontraient alors que lui, il n’était pas convié à ce conclave communiste. Personne n’ignorait le fait que ne pas y être invité, ne pas se retrouver à cette table, équivalait à une sorte d’adieu. »



    L’historien Petre Otu, directeur de l’Institut d’Etudes Politiques de défense et d’histoire militaire, a analysé plusieurs documents déclassifiés d’où il résulte que Nicolae Ceauşescu était au courant de la campagne que le Pacte de Varsovie préparait contre la Tchécoslovaquie : « Les documents auxquels nous avons eu accès prouvent que l’invasion n’était pas un secret. Une des sources les plus promptes et les plus exactes avait été un officier polonais dont la famille s’était réfugiée en Roumanie en 1939, où elle était d’ailleurs restée jusqu’en 1944. L’officier polonais, qui avait suivi les cours d’un lycée militaire en Roumanie, faisait partie du commandement du Pacte de Varsovie. Le conseiller de l’ambassade de Roumanie à Varsovie étant un ancien copain de lycée de celui-ci, c’est par cette filière que l’on a pu avoir des renseignements très exacts sur les préparatifs des Soviétiques. Ceauşescu a donc été informé par Ion Stănescu et, lorsqu’il est parti pour Prague, il a demandé que le message transmis par l’officier polonais soit traduit en tchèque aussi. Une fois à Prague, il l’a remis à Dubcek. A son retour en Roumanie, Stănescu a voulu savoir si Ceauşescu en avait parlé à Dubcek. La réponse de Ceauşescu a été la suivante : Oui, mais de deux choses l’une: ou bien il n’en sait rien, ou bien il ne souhaite pas que nous autres le sachions. Bref, Ceauşescu a été mécontent de la réaction de Dubcek. »



    Jusqu’en 1968, la Roumanie et la Tchécoslovaquie n’ont pas eu de relations étroites. En 1964, lorsque le plan Valev était mis au point et qui réserver à la Roumanie le rôle d’une économie agraire au sein du camp socialiste, la Tchécoslovaquie avait mis en valeur son influence pour que ledit plan soit mis en place. Petre Otu a expliqué l’évolution des relations roumano-tchèques au fil des événements : « Les leaders tchèques ont été très réticents, jusqu’au mois de juillet, à l’égard de la coopération avec Ceauşescu. Ils ont tenté de l’éviter, car l’association avec celui-ci risquait de servir aux Soviétiques de prétexte pour une éventuelle invasion. Les relations ne se sont réchauffées qu’au moment où ils ont appris que les choses se précipitaient et que les Soviétiques s’apprêtaient bel et bien à envahir la Tchécoslovaquie. Ceauşescu allait se rendre à Prague et signer le traité d’assistance mutuelle. Cela a conduit à la théorie selon laquelle on était en passe de refaire la Petite Entente de l’entre-deux-guerres. Les sources mémorialistiques confirment le fait que les Soviétiques suivaient de près cette connivence danubienne. C’est sur la base de ces informations que l’on a secrètement préparé les formations de lutte de la jeunesse et les gardes civiques patriotiques, qui ont défilé le 23 août. Ce fut un effort terrible et Ceauşescu s’y est préparé en cachette sachant qu’il y aurait une invasion. »



    En cet été 1968, 8000 touristes tchécoslovaques se trouvaient en Roumanie. Les 400 autres qui passaient leurs vacances dans la Bulgarie voisine les ont rejoints. Comme ils ne pouvaient plus regagner leur pays, on les a hébergés dans les hôtels de l’Office national du tourisme. Ils y sont restés jusqu’au moment où la situation s’est calmée à Prague. Tomaš Vostry, adjoint à l’ambassadeur de la République Tchèque à Bucarest, se rappelle qu’à l’été 1968 il passait ses vacances sur la côte roumaine de la Mer Noire : « Ce sont des souvenirs de mon enfance. Malheureusement, j’ai raté les sept jours que Koudelka a immortalisés dans ses photos. 1968 a été une des années où j’ai passé mes vacances d’été en Roumanie, dans la station littorale de Mamaia. J’étais avec mes parents. Puisque nous n’avons pu prendre l’avion le 22 août, nous sommes rentrés par le train, le 2 septembre. J’ai donc manqué ces moments de notre histoire, mais je peux confirmer que les touristes tchèques ont été très bien accueillis alors en Roumanie. J’avais 10 ans à l’époque. A Prague, en allant vers l’école, je voyais toujours les troupes soviétiques. Elles étaient partout : en ville et dans les forêts tout autour, ce qui mettait en colère les Pragois. Puis, au début de l’automne, elles ont commencé peu à peu à se retirer de Prague. »



    Voici en bref le récit d’un petit geste qui allait engendrer un grand rapprochement. (trad.: Mariana Tudose)