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  • L’or blanc de la Vallée du Trotus

    L’or blanc de la Vallée du Trotus


    Chers amis, nous vous proposons aujourd’hui une nouvelle édition de notre rubrique Radio Tour consacrée au jeu concours organisé par RRI, « Les salines de Roumanie ». Nous irons cette fois-ci dans l’est du pays, sur la pittoresque vallée du Trotuş, dans le comté de Bacău. C’est là que se trouve la mine de sel de Târgu Ocna. Son moderne centre de soins, situé à 240 mètres de profondeur, offre d’excellentes conditions tant pour la détente que pour les cures indiquées dans le traitement des maladies respiratoires.Au cœur de la montagne d’or blanc, terme désignant le sel, le visiteur peut également se recueillir dans une église. Dans ce décor fascinant, on trouve aussi un lac à l’eau salée et une chute d’eau.


    Invitée au micro de RRI, l’ingénieur géologue Carmen Maria Ţintaru nous fournit des détails sur l’historique de cet objectif touristique et la base de loisirs de la mine de sel de Târgu Ocna : « L’exploitation du sel, appelé autrefois l’or blanc de la terre, y date de plus de 500 ans. Toute l’activité de la région gravite autour de cette ressource minérale.Du XVe jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’extraction a concerné des zones peu étendues, appelées mines de sel. Après, on est passé à la méthode plus efficace des galeries trapézoïdales, utilisée d’abord dans la mine de Moldova Veche, également connue sous le nom de Carol Ier et qui a été fonctionnelle de 1870 à 1941. Ensuite, entre 1936-1968, cette méthode allait être reprise par la mine de sel de Moldova Nouă. Depuis 1967, on applique à Târgu Ocna une nouvelle méthode d’exploitation. »


    A part l’extraction du sel, la préparation et la commercialisation des produits à base de sel, la mine de Târgu Ocna offre aussi des services de tourisme, poursuit notre invitée, l’ingénieur géologue Carmen Maria Ţintaru : « Les débuts de la base de loisirs de la mine de Târgu Ocna remontent à 1974. En 1992, on a construit la première église orthodoxe souterraine d’Europe, creusée dans le sel. Située au neuvième niveau, cette sainte demeure est placée sous le vocable de Sainte Barbe, patronne des mineurs. En 2005, plus précisément le 11 juillet, le neuvième niveau de la mine, situé à 240 mètres de profondeur, allait devenir la principale attraction touristique du site. »


    Voici ce que l’ingénieur géologue Carmen Maria Ţintaru nous a appris à propos de l’accès dans la base de loisirs de la mine de Târgu Ocna : « On y accède grâce à des cars ou des minibus que la saline met à la disposition des visiteurs. Le trajet, qui suit un plan incliné, en spirale, compte plus de 3 km. La différence de niveau entre l’entrée et le neuvième étage souterrain est de 136 mètres. Inédit, détente, santé et découverte, voilà ce que nous proposons à nos visiteurs. Le traitement des maladies de l’appareil respiratoire y est très efficace grâce à l’effet bénéfique des aérosols. Côté loisirs, je mentionnerais les aires de jeux pour les enfants, équipées de balançoires, toboggans, la possibilité de jouer au billard, au basket, au tennis ou au badminton. Nous avons aussi un musée du sel ; les objets exposés évoquent les débuts de l’exploitation du gisement de sel à Târgu Ocna. Je ne saurais oublier de mentionner le lac souterrain à l’eau salée et ses jets d’eau. Enfin, le touriste peut entrer dans le magasin de souvenirs ou bien siroter un thé ou un café sur une terrasse, aux tréfonds de la montagne de sel. »


    Quiconque découvre cet univers souterrain ne manquera pas d’y revenir, affirme Carmen Maria Ţintaru : « Au début, nous avons eu des visiteurs de Roumanie, qui ont découvert ce merveilleux coin de pays et de nature. Ensuite, nous avons reçu la visite de touristes étrangers dont Anglais, Français, citoyens de l’ex-URSS, Américains, Chinois, Japonais. Nous leur réservons un accueil chaleureux et leur fournissons des détails sur l’exploitation du sel à Târgu Ocna et sur le potentiel touristique de notre contrée. »


    Le monastère de Măgura Ocnei compte lui aussi parmi les attractions touristiques de la zone. Erigé entre 1750 et 1757, il a également abrité un complexe touristique. Après l’époque communiste, durant laquelle la vie monastique avait été mise entre parenthèses, le monastère allait recouvrer sa vocation. L’actuelle église du monastère a été bâtie par les soins d’Epifanie Bulancea, archimandrite et supérieur de cette sainte demeure : « Les travaux ont démarré en 1991 et duré deux ans. La saline de Târgu Ocna nous a beaucoup aidés, nous mettant à disposition les outillages. Plus tard, lorsqu’il a été question de dresser une église creusée dans le sel, au cœur de la mine, ils m’ont désigné comme architecte. En 1993, nous avons achevé la construction de l’église du monastère, dont on a par la suite réalisé la peinture entre 1993 et 1997. Il a fallu construire des cellules pour les quelque cent nonnes qui y étaient arrivées entre temps. Les gens ont ardemment souhaité avoir cette église. »


    Réalisée à l’huile, suivant la technique de la fresque, la peinture murale de cette église n’est pas sans attirer l’attention. Le cadre naturel, soit une forêt épaisse, à 550 mètres d’altitude, rajoute au charme envoûtant des lieux. (trad.: Mariana Tudose)

  • Musique dans les salines de Roumanie

    Musique dans les salines de Roumanie


    Les mines de sel de Roumanie sont des espaces spectaculaires, privilégiés par les touristes. C’est une des raisons qui font qu’elles soient souvent transformées en salles de concert.


    Ainsi, par exemple, en août de l’année dernière, Radio România Cultural (Radio Roumanie Culture), une des stations du bouquet Radio România (Radio Roumanie), a fait appel aux trois jeunes musiciens talentueux du trio « Icon Arts » et imaginé la tournée « Romania Underground — Musique dans les salines de Roumanie » – cinq concerts, en l’espace d’une semaine. C’est le journaliste Sebastian Crăciun, coordonnateur du projet, qui en raconte le « making of » :« Nous avons déroulé pendant deux ans une tournée intitulée Musique dans les palais de Roumanie” ; un jour, quand je rentrais de Cluj, je me suis arrêté en touriste dans la ville de Turda. C’est là que j’ai vu un amphithéâtre créé spécialement à l’intérieur de la mine de sel pour accueillir des spectacles musicaux ; l’idée m’est ainsi venue d’appeler la tournée suivante « Romania Underground — Musique dans les salines de Roumanie », mais malheureusement c’est justement la ville de Turda qui n’est pas incluse dans l’itinéraire de cette tournée. J’ai découvert que la Société nationale du sel détient six mines ouvertes aux visites, des endroits spectaculaires, très différents les uns des autres, qu’il ne faut absolument pas rater. Slănic Prahova, la plus connue, impressionne par ses salles extrêmement larges; Cacica a une Salle de bal cachée à plus de 200 m de profondeur; Praid est équipée des installations les plus modernes, on y trouve des aires de loisirs et même une église; Târgu Ocna, près de Bacău, est une mine où on descend en bus plusieurs centaines de mètres dans le souterrain; la mine d’Ocnele Mari, près de Râmnicu Vâlcea, est très moderne, avec des restaurants, des aires de jeux, des terrains de basket, de tennis et de football, ainsi que la plus grande église souterraine de Roumanie. C’est le concert d’Ocnele Mari qui m’a paru le plus réussi, parce que là, nos amphitryons nous ont aidés avec la sono ; voyez-vous, le sel retient les sons et les espaces très larges n’aident pas non plus. Le seul endroit avec une acoustique naturelle a été la Salle de bal de Cacica. »


    Le ‘Icon Arts Trio’ est formé du violoniste Simon Csongor, du violiste Bogdan Eugen Cristea et de la violoncelliste Csilla Kecskes Aved, trois artistes récompensés dans des compétitions internationales et qui aujourd’hui se perfectionnent respectivement à l’Académie Gheorghe Dima de Cluj, à l’Université d’Arts de Zurich et à l’Académie de Musique de Hambourg. A l’affiche de la tournée, des créations de Telemann, Schubert, Mozart, Compagnoli, Swan Hannessy, Vladimir Cosma. Sebastian Crăciun explique : « Nous avons pensé à cette inconnue qu’est le public formé de vacanciers. Nous avons donc choisi un programme avec beaucoup de miniatures musicales, plus léger, plus dynamique aussi, pour un public qui pourrait assister pour la première à un tel concert. »


    Le violoncelliste Răzvan Suma, un des musiciens roumains les plus présents sur les scènes de concert, a donné lui aussi un récital dans la mine d’Ocnele Mari, l’année dernière, dans le cadre de sa tournée ‘Aimez-vous Bach ?’ « Ça a été extraordinaire, dans une ambiance très détendue. Je ne peux pas dire que je m’étais senti comme dans une salle de concert, mais la sensation a été fantastique, parce que près de moi des gens jouaient au foot, un peu plus loin d’autres jouaient au basket, on entendait même quelques enfants crier de temps en temps. A un moment donné, les organisateurs ont pris l’initiative d’arrêter le match de foot, mais je les ai dissuadés en leur disant que si ce n’était pas pour le concert, j’aurais joué moi aussi. J’ai l’habitude de faire de la musique dans des lieux non conventionnels, surprenants. Je suis allé, par exemple, dans des lycées où on ne faisait pas de musique, ou bien sur des scènes ad hoc où la musique classique n’avait jamais résonné ; avec le Trio, nous avons vécu des expériences bien moins agréables qu’une mine de sel. Ceux qui descendent dans un tel endroit sont des touristes. Il ne faut pas les obliger à s’y tenir tranquilles, à perdre pratiquement l’endroit pour lequel ils sont venus en fait. Certes, il y a eu aussi des personnes venues spécialement pour le concert, mais j’ai beaucoup apprécié que le nombre de spectateurs s’est fortement accru après le début du concert. Il y en avait même qui sont restés debout tout le temps, il y en avait même des enfants qui écoutaient très attentivement. »


    Răzvan Suma possède un violoncelle construit en 1849 par le luthier Maucotel et qui lui a été offert par la Fondation Musicha de Saint-Sébastian, en Espagne.


    Les mines de sel de Roumanie ne résonnent pas que de la musique classique. Ces espaces ont attiré d’autres genres aussi, par exemple le célèbre maître de la flûte de Pan Gheorghe Zamfir qui a donné un concert de musique sacrée, ou encore le groupe rock Byron qui a enregistré intégralement un concert. Enfin, la mine de sel de Turda a accueilli des participants au festival international « Transilvania Jazz Festival ». (trad. : Ileana Taroi)