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  • 70 ans depuis la déportation des Juifs du nord de la Transylvanie

    70 ans depuis la déportation des Juifs du nord de la Transylvanie

    Le 19 mars 1944, Hitler ordonnait à l’armée nazie d’occuper la Hongrie et faisait installer à grands renforts un nouveau gouvernement porté par le Parti des Croix fléchées, de la mouvance fasciste et antisémite. De son nom de code « Margaret », cette opération avait été conçue par le Reich afin d’éviter une éventuelle sortie précipitée de la Hongrie de la conflagration, comme cela avait été le cas pour l’Italie en 1943. Un plan similaire d’occupation de la Roumanie devait également être mis en œuvre — l’ambassadeur hitlérien à Bucarest, Manfred von Killinger, avait déjà sur son bureau l’opération « Margaret II »…



    L’arrivée au pouvoir des Croix fléchées dirigées par Ferenc Szálasi a provoqué une vague massive de persécutions antisémites dans le nord de la Transylvanie, occupée alors par la Hongrie en vertu de l’arbitrage de Vienne du 30 août 1940. Selon les sources, en seulement quatre mois, de mai à octobre 1944, 150 à 200 mille Juifs ont péri dans les camps de concentration nazis. Une quinzaine de milliers d’entre eux avaient déjà été déportés entre 1941 et 1944. Au cœur de la Hongrie, des centaines de Juifs ne sont même pas arrivés dans les camps d’extermination, étant sommairement exécutés et jetés dans le Danube.



    70 ans sont passés depuis les premières persécutions antisémites du nord de la Transylvanie. La population magyare et roumaine des lieux tentait tant bien que mal d’aider, voire de cacher, ces opprimés. En 1941, Gheorghe Moldovan était élève à Brasov, région administrée toujours par Bucarest. En 1997, il a raconté au Centre d’histoire orale de la Radio roumaine comment une organisation de défense des Juifs avait vu le jour : « Après que la Transylvanie du nord est passée à la Hongrie, la maison du prêtre Macavei de Blaj a accueilli plusieurs réfugiés de Gherla, dont le professeur Mihali Semproniu et son épouse Natalia. Nous habitions tous le même immeuble, au centre de Brasov. C’était des gens extraordinaires, de bons patriotes qui avaient créé une association. Ils aidaient les Juifs de la Transylvanie devenue hongroise et de Roumanie. C’est le professeur Semproniu qui dirigeait cette association et je m’y investissais aussi. J’étais celui qui se rendait chez des familles juives pour les convoquer aux réunions, organisées régulièrement. Je visitais les Veiss, Grun, Holtzinger et Menden. D’autres personnes allaient informer les autres familles car il y en avait un certain nombre. Les gens se réunissaient notamment chez le professeur Semproniu, et parfois ailleurs ».



    Les organisateurs passaient la frontière pour rester en contact avec ceux qui avaient besoin d’aide. Parmi les petits succès de l’organisation, il convient de mentionner la protection des Juifs de Roumanie, victimes des persécutions raciales. Gheorghe Moldovan. « Le prêtre Macavei était, à l’époque, le représentant de notre pays à Budapest, car nous n’y avions pas d’ambassade. Il dirigeait un groupe de prêtres, qui recueillait des informations relatives à la situation des Roumains et des Juifs de la Transylvanie occupée. Un Juif du nord de la Transylvanie, dont j’ignorais le nom, venait à Blaj. Il passait clandestinement la frontière pour rejoindre le professeur Mihali et les autres. Ils aidaient les Juifs venant de Hongrie à entrer en Roumanie, d’où ils partaient ensuite pour Israël ou ailleurs, en quête de liberté. Ce groupe a fonctionné de 1940 à 1948. Les Juifs de Blaj étaient assez nombreux. Ils avaient aussi une synagogue. Comme ils étaient protégés par cette association, rien de mal ne leur est jamais arrivé. Ils ont pu travailler tranquillement, sans être déportés ni envoyés dans les camps de travaux forcés. Le professeur Mihali surtout était très actif. Il venait en aide à quiconque en avait besoin. Aux cotés du prêtre Macavei, il intervenait auprès de toutes les autorités, à Blaj ou dans les localités avoisinantes. C’est ainsi qu’il est parvenu à épargner à ces gens tout malheur, toute forme d’oppression. Son activité fut très intense. Madame Mihali se rendait dans le nord de la Transylvanie. Elle avait échangé la maison qu’elle possédait à Gherla contre une propriété à Bucarest. Chaque fois qu’elle venait à Sângeorgiu de Pădure, pour des cures, elle prenait contact avec les Juifs du nord de la Transylvanie et les aidait, si besoin était. »



    Gheorghe Moldovan a eu la chance de rencontrer un personnage légendaire, à savoir le diplomate suédois Raoul Wallenberg, le sauveur de milliers de Juifs de Hongrie qu’il a fait entrer en Roumanie. « Il les a tout d’abord sauvés de la déportation. Les Juifs des autres coins du pays étaient envoyés derrière le front, dans les camps de concentration, pas dans des camps d’extermination. Pour ceux du nord de la Transylvanie, l’enjeu consistait à leur éviter les camps d’extermination d’Auschwitz ou d’ailleurs. On organisait donc des passages clandestins de la frontière. J’ai moi-même fait la connaissance de cet homme, qui nous a maintes fois rendu visite et qui m’a remercié personnellement. A en juger d’après les descriptions que j’ai pu lire, c’était bien lui, Wallenberg. Un homme de haute taille, extraordinaire et très courageux. »



    Le calvaire des Juifs du nord de la Transylvanie allait prendre fin le 25 octobre 1944, lorsqu’elle fut libérée par les armées soviétique et roumaine. C’était le début d’un long chemin de retour à la dignité de l’être humain. (Trad. : Andrei Popov, Mariana Tudose)


  • Le Festival International de Théâtre de Sibiu

    Le Festival International de Théâtre de Sibiu

    Le Festival International de Théâtre de Sibiu est probablement l’événement du genre le plus important de Roumanie et le troisième en Europe pour ce qui est de son ampleur, après ceux d’Edimbourg et d’Avignon. L’édition de cette année se donne pour but de poursuivre la tradition d’une offre culturelle au plus haut niveau. Dix jours durant, l’ancienne cité des Saxons dans le sud de la province de Transylvanie se transforme en une scène immense, grâce à des artistes venus des 4 coins du monde. Les événements ont lieu dans une soixantaine dendroits, dont places publiques, églises, sites historiques mais aussi salles de spectacle traditionnelles.



    Chaque édition du Festival a un thème généreux, celui de cette 21e édition étant «Unicité en diversité ». Prévu du 6 au 15 juin, l’événement réunit 2 500 artistes et invités de 70 pays. A l’affiche figurent 350 spectacles de théâtre, de danse, de musique, représentations de rue, de cirque, expositions, ateliers de lecture, conférences. En effet, les organisateurs proposent un véritable marathon d’événements uniques, qui, hormis les spectacles de théâtre, prévoit aussi des projections de films et lancements de livres.



    A noter, parmi les points dorgue, la présence de l’écrivain, acteur et réalisateur libanais, Wajdi Mouawad, avec son spectacle fétiche «Seuls», mais aussi avec le film tiré de sa pièce «Incendies», nominé aux Oscars 2011 dans la section « meilleur film étranger » ou encore la sculpture monumentale «Luminarium Mirazozo», qui pourra être admirée sur la Grande Place de Sibiu. Inspirée de l’architecture islamique et gothique, le Luminarium est une structure gonflable, censée procurer au public une série d’expériences extrasensorielles à l’aide des jeux de lumière sur des formes géométriques colorées ou transparentes.



    Enfin, de nouvelles étoiles seront attribuées sur l’Allée des Célébrités de Sibiu, conçue selon le modèle du célèbre Walk of Fame hollywoodien. La liste des étoiles sera entre autres complétée par le metteur en scène, acteur, réalisateur et écrivain britannique, Peter Brook, le danseur et chorégraphe roumain, Gigi Caciuleanu ou Martin Hochmeister, fondateur du premier théâtre de Sibiu. Selon le directeur du Festival, Constantin Chiriac, les événements déroulés dans le cadre de cette 21e édition respectent le principe des vases communicants; on s’attend à ce qu’ils confirment la vocation humaniste de la ville de Sibiu, capitale européenne de la culture en 2007. (trad.: Alexandra Pop)

  • La citadelle de Prejmer

    La citadelle de Prejmer

    Le village de Prejmer a été habité plusieurs siècles durant par des Sicules, qui y ont construit une église fortifiée, pour repousser les invasions turques et tartares. Il convient de noter que tout au long du Moyen Age la localité a été brûlée et pillée une cinquantaine de fois.



    Adriana Stroe, historienne de l’art à l’Institut National du patrimoine, nous présente en bref l’historique de Prejmer : « La légende veut que la localité ait été fondée par l’Ordre des chevaliers teutoniques amenés par la Cour de Hongrie en 1211 pour organiser la défense du Pays de Bârsa. Sa première attestation documentaire remonte à 1240. C’est à cette date que le roi Béla IV de Hongrie fait don des localités de Prejmer, Feldioara, Sânpetru et Hărman à l’Ordre des moines cisterciens de Cârţa. Prejmer va appartenir à cet ordre religieux jusqu’au début du XVe siècle. En 1454, Prejmer se voit accorder le droit d’accueillir une foire annuelle. Ce droit n’était octroyé qu’aux localités ayant atteint un certain essor économique. Prejmer remplissait déjà ce critère, étant, après les cités de Braşov et de Codlea, une des plus grandes localités du Pays de Bârsa. Le village recensait 210 habitations en 1510 et 233 en 1556. Vers 1584, quand il allait obtenir le droit de tenir une foire hebdomadaire, Prejmer totalisait 328 maisons en pierre et 210 autres en bois ».



    De nos jours, l’église fortifiée de Prejmer est en très bon état de conservation, affirme Adriana Stroe : « Ce qui caractérise cet ensemble, c’est le fait qu’à la différence d’autres églises fortifiées, ici les installations défensives sont placées uniquement à l’intérieur. Autrement dit, l’église n’est pas fortifiée à l’extérieur aussi. Construite en style gothique précoce par les moines de l’abbaye cistercienne de Cârţa, elle est unique par son plan initial en croix grecque (chacun des bras égaux de la croix était disposé autour dun carré surmonté par une tour octogonale). Devenue propriété du village, l’église subit les modifications les plus importantes au premier quart du XVIe siècle. Le plan de construction en croix grecque est remplacé par celui en croix latine. Le bras oriental de cette croix, plus précisément le chœur, abrite un des autels polyptyques les plus anciens du pays, datant du milieu du XVe siècle. En 1427, sur ordre royal, l’église fut entourée de murailles d’enceinte presque circulaires, prévues au sud d’une tour d’entrée et flanquées de quatre tours semi-circulaires orientées vers le sud-est, le nord-est, le sud-ouest et le nord-ouest. L’accès dans la forteresse entourée de douves se faisait par un pont-levis. A l’intérieur, on a commencé à bâtir des espace à plusieurs niveaux pour y garder les blés et les biens de valeur de chaque famille et servir de refuge aux villageois en cas de siège ».



    Face aux assauts des envahisseurs, la population se réfugiait dans la citadelle. Les vivres ici stockés suffisaient à en assurer la survie assez longtemps. Hormis les pièces abritant les provisions et celles qui servaient de dortoir, la citadelle avaient aussi des fontaines, un moulin à cheval, un four à pain et même une école. Tout était donc prévu dans les moindres détails. Voilà pourquoi la citadelle de Prejmer passait pour la plus puissante des fortifications saxonnes de Transylvanie. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, les forteresses ont sans cesse été renforcées. Tel n’a plus été le cas après, car les sièges s’étant faits de plus en plus rares, les espaces servant de refuge ont peu à peu perdu de leur importance et fini par remplir d’autres fonctions. Entre 1963 et 1970, d’amples travaux de restauration ont fait de l’ensemble architectural de Prejmer une des églises fortifiées les mieux conservées de Transylvanie. (trad. Mariana Tudose)


  • A la Une de la presse roumaine du 13.03.2014

    A la Une de la presse roumaine du 13.03.2014

    Viande altérée dans les magasins roumains, protestations extrémistes hongroises en Transylvanie et commentaires sur la crise ukrainienne — voici les principaux sujets sur lesquels se penche la presse roumaine en ce jeudi.


  • Traditions de Noël

    Traditions de Noël

    Noël est une des fêtes les plus attendues de lannée. Partout en Roumanie la joie des fêtes de la Nativité fait venir au premier plan des traditions de plusieurs siècles qui persistent encore, surtout dans des régions telles Maramures ou Transylvanie (nord et centre).



    Màrginimea Sibiului est une zone pleine dhistoire et a une potentiel touristique exceptionnel offrant aux amateurs de traditions des jours de fête comme jadis. Ileana Morariu, propriétaire du Musée Pastoral de Jina, au département de Sibiu explique : « La plus ancienne et la plus belle des traditions de Noël est la ronde des jeunes. Il sagit du groupe des jeunes hommes qui , dans le temps avaient déjà fini leur stage militaire, qui avaient dépassé lâge de 20 ans et qui navaient jamais été mariés. Ce groupe se forme à partir de la fête de Saint Nicolas et prépare ses cantiques et rondes de Noël par des répétitions, ils préparent les tenues nécessaires pour la mise en scène de la coutume en question. Les jeunes hommes commencent leur cantiques la veille de la Nativité et visitent chaque maison du village. Certes, tout le monde les accueille étant ravis des vœux des jaunes qui annoncent larrivée au monde du saveur Jésus Christ. En même temps se déroule la tournée des « crai », des jeunes, dhabitude des élèves du cycle gymnasial. Les filles commencent leurs tournées avec « létoile » et autres rondes toutes aussi belles. Dans le voisinage, les vieux du village , à leur tour, vont annoncer la naissance du Seigneur. Autre tradition de Noël, les filleuls avaient lobligation de faire cadeau à leur parrain et marraine une brioche ronde en pure farine de blé. Cette brioche spéciale était cuite dans le four familial de chaque maison et une bonne occasion des filleuls de rencontrer leurs beaux parents et discuter les problèmes qui peuvent apparaître dans chaque ménage et famille. Ces valeurs demeurent vives de nos jours aussi et nous voudrions les transmettre aux générations futures. »



    Maramures est une autre zone ethno-folklorique où les traditions de Noël, surtout les cantiques chantés devant chaque maison sont conservées et promues par les gens de lendroit. Qui plus est, les habitants de Maramures observent longtemps les célébrations de la Nativité en tant que symbole des transformations subies le long du temps qui passe. Daniela Suiogan, ethnologue de lUniversité de Nord de Baia Mare sexprime au micro de RRI : « Au Maramures, les Fêtes de Noël comprennent, selon une ancienne tradition, le Nouvel An aussi, car en réalité, Noël commence le 15 novembre et se termine le 7 janvier. Pendant toute cette période, on assiste au déroulement de plusieurs étapes. Cest létape des préparations qui veulent dire le jeûne, rigoureusement observé par les gens de Maramures. Les rituels sont nombreux tels le lavage des couverts avec des cendres, car lé début du jeun , en dépit de la joie quil doit apporter, il faut le conscientiser profondément. Une autre étape suit, « Noël de la satiété » marqué par la nuit de la Veille de Noël jusquau troisième jour de la fête. On dit que, désormais, tous les gens et tous les animaux sont rassasiés. Une troisième étape, celle du « Petit Noël », commence le troisième jour après Noël et prend fin le 7 janvier. »



    Pendant les célébrations de Noël les voix des habitants de Maramures retentissent dans les rues des villages. Hormis les enfants qui chantent leurs cantiques et rondes, qui entrent dans chaque maison et reçoivent des amphitryons des bretzels, des noix et des pommes, les adultes forment des groupes impressionnants avec des gens costumés et masqués en personnages de limaginaire populaire ancien en tant que représentations de lannée qui finit.



    Daniela Suiogan revient au micro : « La tournée des cantiques demeure encore très active au Maramures combinant les chants pré-chrétiens aux rondes orthodoxes. Le début se fait par les groupes denfants qui sont les premiers à entrer dans les maisons la veille de Noël, juste après le service divin à léglise. Les enfants portent à leur cous des sacs avec des graines de blé et de maïs et , lors de la conclusion de leur répertoire de chansons et rondes ils les jettent vers leurs amphitryons produisant ainsi un transfert symbolique de force depuis le végétal et annonçant la récolte du nouvel an agricole. Après les enfants, cest le tour des groupes de jeunes. Cest la plus belle forme de tournée de chansons de Noël car leur répertoire est très étendu. Les gens disent quen réalité, les groupes de jeunes devraient avoir une cantique spécifique pour chaque habitant de la maison. Il sagit de cantiques pour les chasseurs, pour les pêcheurs, pour les bergers, pour les jeunes filles à marier et pour les veuves et les jeunes doivent savoir quelle chanson entonner dans chaque maison ».



    La brioche ronde offerte aux groupes de personnes qui chantent des cantiques par les maîtres des maisons représente le symbole solaire et les bâtons utilisées par les chanteurs étaient considérés comme des « arbres de la vie ». Les coups frappés aux seuils des maisons avaient un rôle re fertilisateur pour lannée suivante ainsi que la levée de la pâte pour les ronds et les brioches. Le repas de Noël est, peut-être, le symbole le plus fort des jours de fête étant le centre autour duquel se réunissent tous les membres de la famille pour partager la joie de la Nativité. (trad. : Costin Grigore)

  • Préparatifs pour la fête nationale

    Préparatifs pour la fête nationale

    Le 1er décembre 1918, c’est le moment le plus important de l’histoire de la Roumanie — le parachèvement de l’Etat national unitaire roumain. L’Union de la Transylvanie, de la Bucovine et de la Bessarabie avec l’ancien Royaume de Roumanie à Alba Iulia, dans le centre du pays, n’a pas été un acte hors le contexte européen, mais une conséquence logique de la lutte des Roumains pour l’unité nationale. Une lutte qui avait commencé en 1600, lorsque le voïvode Michel le Brave avait réussi l’intégration militaire des provinces roumaines, pour un bref laps de temps, et qui avait continué par l’union de la Valachie avec la Moldavie, en 1859, sous le sceptre du prince Alexandru Ioan Cuza.



    La Roumanie entre ensuite dans la première guerre mondiale, aux côtés de la France, de l’Angleterre, de la Russie et des Etats Unis. Intégrée aussi par l’habilité de sa classe politique, la Roumanie allait bénéficier de la reconnaissance internationale de ses frontières au Congrès de paix de Paris. Devenue, après la chute du communisme, en 1989, Fête nationale de la Roumanie, le 1er Décembre est le moment privilégié de solidarité nationale, qui lance pratiquement, pour les Roumains, les fêtes d’hiver. Cette année, elle est marquée à Bucarest et dans plusieurs villes du pays par plusieurs événements culturels, artistiques et culinaires. Le point culminant, c’est le traditionnel défilé des troupes et de la technique moderne de combat qui a lieu à Bucarest. 30 aéronefs survoleront la ville et plus de 2.000 militaires des ministères de la Défense, de l’Intérieur, du Service roumain de renseignement et du Service de protection rapprochée vont défiler aux côtés de la technique militaire des forces terrestres et aériennes.



    Une nouveauté, cette année, c’est que des sous-unités des armées amies de l’OTAN et de l’UE sont invitées. Ainsi, 140 militaires français, américains, polonais et turcs prendront part au défilé, qui s’annonce le plus fastueux des 20 dernières années. La Fête nationale de la Roumanie est célébrée aussi sur les théâtres d’opérations internationaux où des militaires roumains sont présents, mais aussi par les Roumains de la diaspora.



    Des concerts de musique classique, de jazz, des expositions, pièces de théâtre, projections de films et réceptions sont prévus, le tout étant organisé par les 147 missions diplomatiques roumaines. D’ailleurs, le 30 novembre, c’est la Journée des Roumains du monde, un moment de fête, de fierté nationale et d’affirmation du roumanisme partout dans le monde. En cette fin de semaine, le Congrès de l’esprit roumain a lieu à Alba Iulia et à Zlatna (centre). La réunion vise à renforcer les liens des Roumains du monde entier avec leur pays d’origine. Au long des 17 éditions, plus de 6.000 Roumains y ont pris part, représentant 46 pays et zones de roumanité…(trad. : Ligia Mihaiescu)

  • Attractions touristiques dans le comté d’Alba

    Attractions touristiques dans le comté d’Alba

    Nous vous proposons aujourd’hui une randonnée dans une zone de la Roumanie riche en vestiges et monuments historiques, en beautés naturelles, en coutumes et traditions : le comté d’Alba, situé en Transylvanie et traversé par la route la plus spectaculaire de Roumanie, Transalpina. Le Ravin Rouge, le Glacier de Scărişoara, la Cascade de Vidra, la Colline aux escargots — voilà quelques-uns des plus beaux sites à visiter dans cette contrée.



    Point de départ : Alba Iulia, chef-lieu du département. Selon Emanuel Drăguşin, porte-parole de la société qui gère l’Hôtel Medieval de la ville, tout itinéraire devrait débuter par une visite de la cité: « Tout touriste de passage dans la zone, qu’il soit roumain ou étranger, a beaucoup de raisons de visiter la cité à bastions du type Vauban : Alba Carolina. Il s’agit de la plus grande cité de ce type de Roumanie et du sud-est de l’Europe, couvrant plus de 100 hectares. »



    La cité d’Alba Iulia se distingue également par la richesse des sculptures qui l’ornent. Elle est, d’ailleurs, la cité de ce type la plus richement décorée. Emanuel Drăguşin : «Elle compte 6 très belles portes, dont 3 du côté Est. Le touriste en visite à Alba Iulia peut assister à un spectacle inédit. Depuis 2009, devant l’ensemble architectural de l’Hôtel Medieval a lieu une cérémonie unique en Roumanie : la relève de la garde. Chaque jour à midi, des soldats portant des uniformes militaires du 18e siècle accomplissent cette cérémonie devant la 3e porte de la cité. La relève de la garde apporte plus de vie et de couleur à la cité connue sous le nom de Alba Carolina et constitue une attraction pour les touristes. Les soldats de la garde de l’ensemble architectural peuvent être admirés aussi sur le trajet des 3 fortifications faisant partie de cet ensemble et respectivement aux portes de la cité. Des chevaux de race appartenant à notre centre d’équitation sont utilisés pour cette cérémonie, ce qui la rend encore plus belle et plus pittoresque. Pendant la saison estivale, les samedis la relève de la garde s’accompagne d’une autre cérémonie, celle des coups de canon — elle aussi unique en Roumanie ».



    Autre élément intéressant à signaler : à l’intérieur de la cité, rue Mihai Viteazu, est enregistrée la plus grande densité de monuments historiques par mètre carré de Roumanie. Des tours guidés en plusieurs langues — français, anglais, allemand et hongrois — vous les feront connaître. La cité peut être visitée à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. L’entrée est gratuite. Vous devez payer pour voir par exemple le Musée national de l’Union ou parcourir le trajet des 3 fortifications. Une bonne partie de la relève de la garde peut être suivie gratuitement.



    D’une année à l’autre, Emanuel Drăguşin a eu l’occasion de parler à un nombre croissant de touristes étrangers. Ils sont tous impressionnés par ce qu’ils ont vu à Alba Iulia. Ils sont revenus, devenant des ambassadeurs des beautés de ces lieux — affirme notre interlocuteur. Emanuel Drăguşin n’oublie pas de nous signaler le domaine skiable Şureanu : « Il est situé dans les montagnes dont il porte le nom. Şureanu est une destination touristique non seulement hivernale, mais aussi estivale. Les nuages qui s’accumulent au-dessus de la plaine de l’ouest du pays se déplacent vers cette zone, c’est pourquoi il y a toujours là beaucoup de neige et cela pendant environ 6 mois par an. La couche de neige est toujours suffisante pour les sports d’hiver. Le domaine Şureanu dispose de 10 pistes de ski, deux remonte-pente et un télésiège. Les investissements prévus en 2014 feront de Şureanu le plus grand domaine skiable de Roumanie, avec un potentiel touristique important. Il est situé entre deux sommets de plus de 2000 mètres — Pătru et Auşel d’une part et le sommet Şureanu de l’autre. C’est pourquoi, le domaine offre aux touristes non seulement des conditions idéales pour pratiquer les sports d’hiver, mais aussi des paysages magnifiques ».


    Si vous souhaiteriez skier, mais vous ne savez pas ou n’avez pas l’équipement nécessaire, en bas des pistes vous trouverez tout ce qu’il faut : un moniteur et des équipements à louer.



    Nous quittons — à regret — la ville d’Alba Iulia, car d’autres découvertes nous attendent. L’ethnologue Daniela Florean, directrice du Centre culturel « Augustin Bena » d’Alba Iulia nous en donne un avant-goût : « Qu’il s’agisse d’histoire, de littérature ou d’ethnographie, le comté d’Alba a de quoi séduire le voyageur qui s’aventure dans le parages. Les fêtes champêtres sont des moments privilégiés pour connaître ce visage de la région. La plus importante est organisée pour la Saint Elie sur le mont Găina. Ce mont est presque devenu une marque grâce aux festivités qui y ont lieu, ainsi qu’aux femmes qui y jouent du cor des Alpes.»



    Dans la zone rurale on peut admirer les costumes traditionnels vieux de plusieurs siècles, les tissus décoratifs, les sacs à main en laine, les objets ménagers en bois et en céramique, des choses que beaucoup d’entre nous n’ont jamais vues ou, si on les a quand même vues, on en avait oublié l’existence, affirme Daniela Florean : « L’on a essayé de reconstituer des fermes paysannes. L’une d’entre elles se trouve à Cetatea de Baltă, localité historique aussi, parce qu’elle est une ancienne cité bâtie par le prince régnant Etienne le Grand. Cette maison-musée ajoute du pittoresque à ces parages, puisque c’est la petite ferme d’un viticulteur. Cetatea de Baltă est située à proximité des fameux vignobles de Jidvei. Ceux qui s’y rendent peuvent voir comment le vin était produit au temps jadis. »



    Voilà donc quelque repères pour des vacances inoubliables en Transylvanie. Nous vous attendons sur les ondes pour de nouvelles découvertes la fois prochaine. (trad. : Dominique)

  • Haloween en Roumanie

    Haloween en Roumanie

    Depuis plusieurs années, la Roumanie marque aussi la fête de Halloween le 31 octobre. Cette fête aux citrouilles et aux costumes censés effrayer les gens a encouragé les agences de tourisme à modifier leurs offres. Les professionnels du domaine proposent désormais des séjours dans des maisons hantées, avec feux de camp, bals à l’ancienne et autres danses traditionnelles.



    Dans les grandes villes – Cluj, Brasov, Sibiu, Bucarest -, les boîtes de nuit proposent déjà des fêtes thématiques. Cette année, le 31 octobre est un jeudi et par conséquent, les offres spéciales s’étendent aussi pour le week-end du 1er au 2 novembre. A Bucarest par exemple, la frayeur est à retrouver au Palais Bragadiru de Bucarest. Cet immeuble superbe, bâti en 1905 d’après les plans de l’architecte autrichien Anton Shuckerl, accueille un dîner avec la fameuse famille Addams. Vous pouvez ensuite danser parmi des tombeaux, squelettes et toiles d’araignée dans la salle WonderUnderWorld. Des costumes thématiques sont également mis en vente sur la terrasse du palais, où des professionnels de la peinture sur visage vous attendent pour l’occasion. La fête commence samedi, le 26 octobre, à 22 heures et le billet coûte environ 15 euros.



    En Transylvanie, au pays de Dracula, le succès de la fête de Halloween est garanti. Du moins c’est ce qu’affirment les organisateurs de la première édition d’un festival du film d’épouvante et fantastique. Parmi eux figure aussi Anca Gradinaru, journaliste et critique de film. « Dracula est tout simplement une marque qui jouit d’une popularité immense et que les Roumains n’ont pas su exploiter jusqu’ici. Ce qui plus est, en Roumanie il existe peu de festivals du film d’horreur et fantastique. Le public de ce genre de festivals est extrêmement fidèle et enthousiaste. Nous avons pensé que l’idée de tenir un tel festival dans le pays de Dracula était excellente, et qu’elle disposait d’un potentiel extraordinaire. »



    Imaginé initialement comme programme de trois jours, l’événement s’étend maintenant sur cinq jours. Il s’agit donc d’un festival de taille moyenne qui regroupe une quarantaine de films, affirme Anca Gradinaru : «Nous commençons le 30 octobre par « Crypt animation nights », un événement qui regroupe des animations d’épouvante et un concert live. Nous continuons par une fête de Halloween et des films classiques mais aussi nouveaux. Au programme figurent également des court métrages roumains et étrangers, un film muet réorchestré et beaucoup, beaucoup de fêtes thématiques. Une soirée du festival se tient aussi au château de Bran, où nous projetons le tout premier film avec Dracula, « Nosferatu ». Cette projection sera suivie bien entendu par une autre fête de Halloween. Nous essayons donc de mélanger les films aux loisirs et à la musique. C’est pourquoi le groupe Aria Urbana aura un concert dans la Cave de l’horreur, un endroit spécialement aménagé pour ce festival, que nous avons réussi à rendre effrayant et attrayant à la fois. Samedi, à Bran, dans une tente, les touristes sont invités à goûter à toute sorte de délices culinaires. Ceux qui souhaitent participer à ces fêtes sont encouragés à porter des costumes puisque nous organisons aussi des concours du meilleur personnage: vampire, zombie etc. Nous proposons toute sorte de concours avec des prix. »



    En automne, la ville de Brasov, dans le centre de la Roumanie, est pleine de touristes. Ceux-ci sont très nombreux pendant la fête de Halloween parce qu’ils connaissent l’histoire du fameux vampire Dracula, affirme Anca. «Les hôtels proposent également des offres spéciales. Même si nous en sommes à la première édition, nous espérons gagner de la notoriété, en misant sur une marque connue, mais aussi sur le fait que dès la première édition l’offre est assez variée. Même un touriste qui n’est pas passionné de films d’horreur peut trouver des choses à voir et à faire. Il peut visiter cette contrée, qui est magnifique, et de plus en plus appréciée. La Transylvanie est une région magique, et le public du festival peut également la visiter pendant la journée avant de se rendre aux projections et aux fêtes. Pendant cette période, à Bran, nous faisons du tourisme et de la socialisation, ce qui à mon avis est la recette parfaite.»



    David Jalea, coordinateur de programmes dans une agence de voyage de Brasov, propose lui aussi deux paquets touristiques. « Pour Halloween, nous avons deux paquets spéciaux, en fait deux itinéraires : l’un de quatre jours et l’autre de sept où nous invitons les touristes étrangers à venir en Roumanie afin de découvrir non seulement les sites culturels et historiques, mais aussi la beauté de la nature. Pendant ce séjour, les touristes apprennent toute sorte d’informations sur Vlad Tepes, données historiques et légendes. Le point culminant est la fête de Halloween. La Transylvanie et notamment un château médiéval constituent le meilleur endroit pour marquer cette fête. C’est pourquoi nous en organisons une à Hunedoara, au château des Corvin, qui date du XIVe siècle. Il s’agit d’une fête privée, ouverte exclusivement aux membres du groupe de touristes. L’atmosphère sera médiévale, avec chevaliers, danses, spectacles de feu et lumière, suivis par un dîner médiéval, véritable festin des chevaliers d’antan. Durant l’itinéraire, les touristes visiteront la capitale Bucarest, la ville de Curtea de Arges, la citadelle de Poenari, la ville de Sibiu, la cité de Sighisoara, la ville de Brasov, le château de Bran et le monastère de Snagov. »



    Le port d’un costume n’est pas obligatoire, mais il est encouragé, puisque des prix seront accordés pour les meilleurs costumes. Et vu que c’est la troisième année que l’agence de voyages de David Jalea organise des fêtes de Halloween, celui-ci parle des impressions de voyage de ses clients: « La plupart de ceux qui nous ont visités sont partis avec une excellente impression sur la Roumanie. Ils ont été enchantés du potentiel touristique et culturel du pays. Ils ont aimé les sites historiques, la multitude de choses que nous pouvons leur montrer : châteaux, monastères peints de Bucovine, grandes villes telles Cluj et Sibiu, le delta, les Carpates, les traditions, la cuisine du terroir. Durant Halloween, nous recevons des touristes américains, canadiens, britanniques, donc provenant de pays où Halloween est déjà une tradition. Par ailleurs, nous recevons également des touristes d’Allemagne, d’Espagne et de l’Amérique du Sud. »



    Voici donc quelques repères de ce que peuvent offrir les agences roumaines de tourisme pendant la fête de Halloween. Même si le costume est facultatif, la frayeur est garantie…(trad.: Alex Diaconescu)

  • L’automne à la campagne

    L’automne à la campagne

    L’automne s’est bien installé en Roumanie et avec lui son flot de couleurs, d’odeurs et de saveurs. Et comment faire pour en profiter au maximum sinon en s’évadant à la campagne pour y passer de belles vacances hors saison?



    Pour ceux d’entre vous qui souhaitent profiter des dernières journées ensoleillées, l’Association Nationale pour le Tourisme Rural, Ecologique et Culturel, ANTREC, a mis en place le programme Des vacances à la campagne” qui se propose de vous faire découvrir les beautés du village roumain. Madame Violeta Didilica patronne d’une pension touristique de la commune de Ceahlau dans le département de Neamt nous en parle: Nous avons pris la décision de faire inscrire notre pension dans le programme Des vacances à la campagne” lancé par ANTREC. Notre grand atout est justement l’emplacement au cœur d’un paysage magnifique avec une belle vue sur le lac Izvorul Muresului aux pieds du Mont de Ceahlau. A tout cela s’ajoute une liste de services mis à la disposition de nos clients: hébergement, restauration, terrain de sport et toute sorte d’activités. On organise des visites dans des bergeries locales où les touristes peuvent participer à la préparation du fromage. On les emmène aussi en haute montagne et surtout, on les invite à retrouver le calme de la vie campagnarde, dans un village traditionnel où l’on entend le chant des coqs au petit matin”.



    Une fois à la campagne, le touriste est invité à choisir sur une liste de pensions classées 2,3, 4 ou 5 marguerites — l’équivalent des étoiles- l’occasion de respirer l’air pur et de profiter des bienfaits de la nature et de la cuisine du terroir. Violeta Didilica: Notre pièce de résistance est la truite fumée cuite sur une écorce de sapin, dont elle emprunte l’odeur spéciale. Il y a ensuite le fromage frais provenant directement des bergeries locales ou encore la viande de mouton fumée qui est spécifique à notre contrée. Ceci dit, je voudrais convier tous vos auditeurs à nus rendre visite, pour y passer un séjour de cinq nuitées, petit déjeuner compris. On met à leur disposition un restaurant où la cuisine du terroir est à l’honneur. D’ailleurs, notre pension s’ouvre également aux compagnies qui souhaitent y organiser des cours de formation pour leurs salariés. On a une salle de conférence, dotée de connexion Internet et de tout ce qu’il faut pour y tenir des cours ».



    Si vous êtes en quête d’une région pittoresque presque figée dans le temps, vous devriez absolument vous rendre au Maramures, dans le nord de la Roumanie. Pour plus de détails, nous passons le micro à Victoria Berbecaru, responsable d’ANTREC : «Tout est beau en automne. Les vergers regorgent de fruits, la forêt enfile de beaux habits rouges et jaunes. Or, inspirées par la nature, les femmes de chez nous teintent les laines en différentes couleurs à base de produits végétaux. On attend donc les touristes à s’exercer à l’art de la teinture des laines pour se voir fabriquer par la suite un pull en couleurs automnales. Ou bien, on les attend dans la cuisine, là on l’on prépare en cette période de l’année une magnifique confiture de coings ou du jus de pommes, très bon en fin de repas. Les femmes ont déjà rempli leurs pots de confiture et préparé les conserves pour hiver. Le touriste qui franchit le seuil de notre maison se verra vite intégrer au sein de la famille, il apprendra à travailler, à teindre, à faire la cuisine, à tricoter des vêtements chauds. Ce sera pour lui une leçon de vie censée faire du Maramures une destination où il souhaiterait bien revenir. On vous attend donc bien nombreux si vous souhaitiez apprendre davantage sur la contrée de Maramures, sa cuisine et son art traditionnel ».



    Quelle que soit la contrée choisie, qu’il s’agisse d’un petit village saxon de Transylvanie, d’une belle pension de Bucovine ou du Maramures, vous pourriez en profiter pour ramener chez vous des produits locaux, histoire de gâter vos proches: saucisses fumées, pots de confiture ou de miel, gâteaux ou chocolat faits maison, marmelade, bouteilles de vin. Et surtout, de belles photos à même de donner envie à vos proches d’inscrire la campagne roumaine sur la liste de leurs prochaines destinations de vacances… (trad. : Ioana Stancescu)


  • Le site rural de Biertan

    Le site rural de Biertan

    On y retrouve donc le plan et l’architecture traditionnelle de ces agglomérations, avec néanmoins des nuances caractéristiques. Sise à 80 km Est de la ville de Sibiu et à une vingtaine de kilomètres des villes de Sighişoara et de Mediaş, la commune de Biertan est mentionnée pour la première fois dans un document officiel en 1283. Adriana Stroe, historienne de l’art à l’Institut national du patrimoine, a étudié lévolution de Biertan. « En 1572 se produit un événement déterminant pour la place que Biertan allait occuper parmi les communes issues de la colonisation saxonne de Transylvanie. Cette année-là, le pasteur de Biertan a été élu évêque de l’Eglise luthérienne et la commune devient, pour près de trois siècles, le centre de la vie spirituelle et politique des Saxons transylvains. Un autre événement important, mais pour la structure et l’aspect de la commune, a lieu à la fin du 18e siècle, lorsque des édits impériaux autorisent les Roumains, les Hongrois et les Roms à construire leurs églises et habitations dans les communes saxonnes. Biertan s’est ainsi enrichi d’un quartier roumain autour de l’église orthodoxe et d’un quartier rom, au bout des deux principales rues de la localité.



    Biertan se trouve dans une zone de collines, excellente pour la culture de la vigne. D’ailleurs, à l’époque de la colonisation saxonne, la contrée était connue sous le nom de «Weinland – Pays du vin ». Les habitants de Biertan étaient donc des agriculteurs, des viticulteurs et des éleveurs. Ces occupations ont eu une influence visible sur l’architecture des maisons, explique l’historienne Adriana Stroe. «Le village a deux rues importantes, sur les terrasses du ruisseau qui le traverse, d’un côté et de l’autre de la colline où s’érige l’église fortifiée. Au nord de l’église se trouve la Place autour de laquelle sont bâtis l’hôtel de ville, l’école, l’ancienne salle du conseil, l’ancienne auberge, l’ancien orphelinat évangélique, le presbytère évangélique et ses annexes; cette distribution des principaux bâtiments à proximité de l’église évangélique est caractéristique des communes de la colonisation saxonne de Transylvanie. De nombreux immeubles d’habitation de Biertan datent de la fin du 18e — début du 19e siècle, et certains, érigés sur la Place et autour d’elle, gardent des parties construites aux 16e et 17e siècles. Les fronts de rue continus, formés de maisons avec cave à l’accès facile depuis la rue, pour une manipulation plus simple des fûts de vin, à rez-de-chaussée surélevé et pignon brisé, alternent avec de hautes murailles en briques. La commune de Biertan, plus que dautres, garde de nombreux fronts de rue dont les façades sont ornées de lucarnes et médaillons ovales, dinfluence baroque. La décoration dorigine baroque est également présente à lintérieur des maisons, les pièces voûtées ou les plafonds en stuc donnant une image de la vie différente de celle offerte par laustérité et lesprit pratique dautres zones de colonisation saxonne.



    La localité de Biertan est dominée par léglise fortifiée érigée en haut dune colline ; cest un élément architectural spécifique des villages et des villes saxonnes de Transylvanie. Adrian Stroe. « Léglise a été construite sur les fondations dune autre, remontant à 1402, et dont on a gardé le chœur; la nef date du premier quart du 16e siècle, lannée 1522 étant inscrite sur larc triomphal. Des travaux de rénovation ont été menés dans la seconde moitié du 18e siècle, comme en témoignent les accents baroques apportés à lintérieur. Lenceinte intérieure, construite sur une autre, plus ancienne, existait déjà en 1468. La fortification a été étendue au cours du 16e siècle. Cest une église du gothique tardif. Les portails sont remarquables, notamment le portail ouest, avec un pilier médian, décoré des armoiries du roi Vladislav II et du gouverneur Ioan Zapolya, et le portail de la sacristie, construit en 1515, avec des éléments décoratifs de la Renaissance. A lintérieur de léglise se trouvent des objets dorigine, tels lautel et les bancs du chœur (issus de latelier de Johannes Reichmuth de la ville de Sighişoara voisine), la chaire (en style gothique avec des éléments Renaissance, créée par Ulrich de Braşov) et la porte de la sacristie avec des marqueteries et un astucieux mécanisme de fermeture. Léglise était entourée de deux enceintes fortifiées, concentriques, et une troisième, partielle, à louest, au sud et à lest. Lenceinte intérieure garde quatre tours et un bastion ; au sud, “la tour des Catholiques” est embellie de peintures murales du 16e siècle, au nord-est “la tour mausolée” abrite les pierres tombales de pasteurs et évêques qui ont officié dans léglise de Biertan. »



    Aujourdhui, la commune de Biertan est un site rural inscrit au Patrimoine mondial de lUNESCO. Lémigration massive des Saxons, commencée dans les années 1970, a entraîné une perte de lesprit authentique du site. Récemment, des travaux de restauration traditionnelle de plusieurs habitations ont été ouverts à Biertan. (trad.: Ileana Taroi)

  • Michel Beine (Belgique) – la forteresse de Câlnic

    Michel Beine (Belgique) – la forteresse de Câlnic

    Nous poursuivons notre visite dans les monuments du pays figurant au patrimoine de l’UNESCO. Aujourd’hui, nous vous emmenons en Transylvanie. Vous pourrez vous promener dans la ville médiévale de Sighişoara, mais ne négligez pas les 7 villages également listés au patrimoine mondial de l’humanité (Prejmer, Dârjiu, Viscri, Saschiz, Biertan, dont Ioana vous a déjà parlé récemment, Valea Viilor et Câlnic).



    Nous visiterons ensemble la forteresse de Câlnic, dans le comté d’Alba, sur la route entre Sibiu et Sebeş. Cette cité, un des monuments d’architecture les plus intéressants du XIIIe s, occupe une place à part parmi les fortifications élevées par les Saxons de Transylvanie, lit-on sur le site de l’Institut d’archéologie et d’histoire de l’art de Cluj, à qui la forteresse est confiée. Construite comme résidence nobiliaire fortifiée, au milieu du XIIIe, par le comte Chyl de Kelling (mentionné dans des documents de 1269), la cité de Câlnic a été conçue avec un donjon massif de plan rectangulaire, utilisé comme logement, entouré de murailles massives, qui formaient une enceinte ovale, pourvue d’une tour côté sud et d’une tour de la porte du côté nord. Le donjon actuel a été construit vers 1272, et il est rectangulaire. L’épaisseur des remparts va jusqu’à 1 mètre. Le système de défense était complété par un fossé d’eau qui entourait la cité.


    Résidence des nobles saxons jusqu’en 1430, la forteresse fut vendue à la communauté des paysans de Câlnic, qui construit, au XVIe s, une nouvelle enceinte de murailles, fortifie la tour de la porte par une barbacane, et érige la chapelle, sur les ruines d’une construction plus ancienne. Dans la deuxième enceinte, l’on retrouve plusieurs chambres où logeaient les villageois par temps de guerre et qui servaient de dépôts de provisions par temps de paix. Au XVIe s, le donjon a été surélevé jusqu’à une hauteur de plus de 20 m.


    L’intérieur de la chapelle conserve des fragments de fresques du XVIe. La spécificité du monument consiste en la combinaison entre la résidence nobiliaire et la fortification de la communauté villageoise libre. Elle a été restaurée entre 1962-1964. Dans la commune de Câlnic, non loin de la cité, on peut voir l’ancien presbytère évangélique, édifice du XVIe, agrandi en 1799. En continuant dans la même allée, on arrive à l’église évangélique, qui est au milieu du cimetière. Construite au XVe, par la communauté villageoise, l’Eglise de la colline a connu des transformations au XIXe, ce qui lui a conféré un aspect néogothique.



    La forteresse est de nos jours un Centre culturel international, et placée sous le patronage de l’Institut d’archéologie et d’histoire de l’art de l’Académie roumaine et de l’Association Ars Transsilvaniae. Plusieurs expositions y ont été organisées. La chapelle accueille couramment des symposiums, colloques et conférences. Dans cette même ambiance, des concerts d’orgue et des auditions de musique médiévale, de la Renaissance ou baroque ont lieu de manière périodique. Aujourd’hui, que pouvez-vous voir à Câlnic ? Une forteresse très très belle et très bien préservée, pleine de fleurs et extrêmement intéressante, ainsi que les autres monuments dont je viens de vous parler, tous inscrits au patrimoine mondial de l’humanité. Bonne visite !

  • Tourisme rural en Transylvanie

    Tourisme rural en Transylvanie

    Chers amis, notre voyage touristique nous emmène aujourd’hui dans la commune de Rotbav, du comté de Braşov (au centre de la Roumanie). Ce choix n’est pas le fruit du hasard, car c’est de cette commune que 300 moutons sont partis en transhumance en direction de Pologne, ce qui fait un parcours de 1.400 km.



    A Rotbav, les coutumes et traditions pastorales et celles liées à toute sorte de métiers artisanaux sont loin de s’éteindre. Nous avons parlé à une dentellière, qui a même collaboré à un défilé de mode haute couture à Paris, à une joueuse de cor des Alpes et à la propriétaire d’un gîte rural. Elles nous ont révélé quelques-unes des raisons pour lesquelles cette contrée vaut bien un séjour, loin du vacarme de la ville, au cœur de la campagne roumaine.



    Le coup d’envoi de la Transhumance 2013, ce long chemin à travers les Carpates, a été donné le 11 mai, à Rotbav, village de la commune de Feldioara, du département de Braşov. L’événement a été marqué par un moment folklorique auquel ont participé entre autres des joueuses de cor des Alpes, membres de l’ensemble de musique traditionnelle Doina Moţului, de la Maison de la culture de Câmpeni.



    Nous avons demandé aux jeunes interprètes depuis quand elles jouent de cet instrument assez volumineux et difficile à manier : « J’ai commencé dans mon enfance. Au début, ce fut pour moi une sorte de jeu. J’ai participé à de petits festivals, ensuite à des émissions télévisées. Peu à peu, je me suis éprise de ces instruments et c’est devenu une passion. Si les gens nous apprécient, je pense que c’est surtout en raison des beaux costumes traditionnels que nous portons. Il n’est pas du tout difficile de jouer du cor des Alpes. Si on apprend la technique et on arrive à se débrouiller un peu, c’est facile, tout le monde peut le faire. Surtout s’il y a quelqu’un pour vous expliquer comment il faut s’y prendre. »



    Les instrumentistes de l’ensemble Doina Moţului nous expliquent également quelle est la coutume propre à leur région qui y attirerait un touriste étranger. Voici leur réponse : « Dans la commune de Bistra il y a une tradition que l’on garde depuis deux siècles et demi. Ça s’appelle Prăgşor. Il s’agit d’une festivité organisée chaque année. Les jeunes hommes du village, une dizaine, forment un groupe qui visite toutes les maisons où il y a une jeune fille. Ils dansent avec elle et l’invitent à la ronde du village, qui est une véritable fête. Jeunes hommes et jeunes filles s’y rencontrent. Là, les garçons deviennent des princes et les filles de princesses. Les princes ont leur hiérarchie, selon leur situation financière. Les gens se rassemblent au centre du village les lundi, mardi et dimanche, pour voir la ronde et admirer les deux jeunes. Ceux-ci commencent la danse et les villageois se rassemblent et festoient pendant 3 jours. »



    Les traditions sont nombreuses et respectées à la lettre par Violeta Carmen Roman, de Feldioara de Sus, du comté de Braşov. L’art de la dentellerie, elle le maîtrise depuis l’âge de 9 ans. Elle l’a appris dans la vallée de la rivière Hârtbaci, où elle a grandi. Cette zone est habitée par une forte minorité saxonne. Ce sont les Saxons qui ont apporté cette dentelle de Flandres, lorsqu’ils ont colonisé le sud-ouest de la Transylvanie — raconte la dentellière Violeta Carmen Roman : « Au début du XXe siècle, l’art de la dentelle était pratiqué dans la banlieue des villes. Les grandes dames s’y adonnaient toutes — et parmi elles les reines Elisabeta et Maria de Roumanie. C’est pourquoi, chez nous, on l’appelle aussi la dentelle des reines. Je suis fière d’avoir été la première à apporter cette dentelle devant le public et la seule qui travaille en soie et fil de coton, respectant une technique spéciale. »



    Des collaborations internationales, elle en a eu aussi. Par exemple, elle a collaboré à la collection de haute couture automne-hiver du styliste français Philippe Guilet, qui a travaillé, par le passé, pour des grands noms de la mode tels Jean Paul Gautier, Karl Lagerfeld ou encore Thierry Mügler. Pour sa création, le designer français a bénéficié du soutien d’une cinquantaine de maîtres artisans, créateurs et couturiers de Maramures, Bucovine, Brasov, Bistrita et Bucarest.



    Parmi eux, Violeta Carmen Roman à laquelle on passe le micro: « J’ai travaillé avec Phillipe Guilet pour la réalisation de la collection de mode baptisée « Préjugés », dans le cadre du projet 100% point Ro”. Il s’agit d’une collection de haute couture comportant 36 tenues, fruit du travail des artisans roumains coordonnés par Philippe Guilet. La présentation, réalisée le 10 novembre dernier, au siège de l’Ambassade de France en Roumanie, a eu un succès éclatant. Avant cet événement, j’avais créé deux robes de mariée complètement accessoirisées. J’ai également participé à deux salons internationaux de la mode, le premier à Nuremberg et le deuxième, plus grand, en Bavière. Il s’agit du Festival de la dentelle ancienne, une opportunité pour moi d’y rencontrer les plus grands créateurs de dentelle de la région. En plus, j’ai eu l’honneur de me voir reconnaître le statut de dentellière et de me voir primer pour avoir atteint ce niveau en autodidacte. »



    La famille Căţean vit à Rotbav, dans le département de Brasov. C’est ici que les trois frères Silviu, Ionut et George ont décidé de mettre sur pied un élevage familial artisanal qui compte actuellement une centaine de vaches, un millier de moutons et 11 chevaux de race. Les frères Căţean commercialisent leurs produits dans leur propre magasin ouvert à Brasov. Ils détiennent également une pension de famille typiquement transylvaine et à présent ils s’occupent du projet Transhumanta 2013, la Transhumance 2013.



    Pour plus de détails, nous avons invité au micro madame Căţean, mère de ces trois jeunes entrepreneurs qui a su les soutenir et les encourager sur tous les plans. C’est à elle que nous avons demandé des détails sur les activités touristiques proposées dans la contrée: « Les touristes peuvent emprunter le chemin qui monte jusqu’à la bergerie pour apprendre davantage sur les animaux. Ensuite, ils peuvent regagner le village et visiter l’endroit où l’on prépare le fromage. Nous avons un garçon qui est cascadeur et a un haras. Il s’occupe de nos chevaux et peut accompagner les touristes s’ils veulent faire de l’équitation. En plus, n’oublions pas que tout près de nous, il y a pas mal d’églises et de citées fortifiées qui méritent d’être visitées. La région est magnifique et riche en objectifs qui invitent à la découverte. »



    Une fois dans la contrée de Brasov, vous pourriez également rendre visite à la brodeuse de dentelle Violeta Carmen Roman qui vous attend nombreux pour vous faire découvrir les secrets de son métier: « Je pourrais vous apprendre à broder. Vous allez voir, la technique n’est pas difficile, il vous suffira d’une demi-heure, disons d’une heure tout au plus pour l’apprendre. Je pourrais même organiser des ateliers. Ou bien, une idée serait de vous inviter à vous rendre à Feldioara, surtout le jour de la Pentecôte quand on marque aussi les Jours de la commune. A cette occasion, on fait revivre une tradition vieille de plusieurs centaines d’années qui dit que les jeunes hommes habillés en costumes traditionnels, montent à cheval. Munis d’une branche d’acacia, ils doivent frapper à la porte des filles qui leur donnent en échange à boire et à manger. Je vous attends tous à goûter à notre célèbre galette à la semoule de Feldioara. »



    Chers amis, vous avez donc toutes les raisons du monde d’inclure la Transylvanie sur la carte de vos destinations préférées. (trad.: Dominique, Mariana Tudose, Ioana Stancescu)

  • Réactions aux déclarations politiques roumano-hongroises

    Réactions aux déclarations politiques roumano-hongroises

    Un discours prononcé la semaine dernière par Vona Gabor, chef du parti Jobbik d’êxtrême droite de Hongrie, présent à un camp d’été en Transylvanie, continue à faire des vagues sur la scène politique roumaine.



    Le principal message adressé par Vona Gabor aux 1 million 4 cent mille Magyars de Roumanie est de continuer à se battre pour obtenir une autonomie basée sur le critère ethnique au sein de l’Etat roumain — un Etat que sa loi fondamentale définit comme unitaire. L’ancien leader du groupement extrémiste « La Garde magyare », interdite par les autorités de Budapest en 2009, a affirmé que la Hongrie se devait de soutenir devant l’UE l’obtention de cette autonomie ; et lui d’ajouter que le parti Jobbik défendrait les droits et les intérêts des Magyars de Transylvanie, allant jusqu’à assumer la responsabilité d’un conflit avec la Roumanie.



    La réaction du gouvernement roumain n’a pas tardé ; il a condamné « fermement » les déclarations de Vona Gabor, rappelant en même temps que l’autonomie sur des critères ethniques ne faisait pas partie des normes européennes concernant les minorités nationales. Bucarest considère également que l’affirmation se référant à une responsabilité assumée d’un conflit entre la Hongrie et la Roumanie était extrêmement grave, anachronique et condamnable.



    Le président roumain, Traian Basescu, a tenu lui aussi à exprimer son point de vue au sujet des déclarations concernant l’autonomie faites à plusieurs reprises par des politiciens hongrois en Roumanie même. Selon le chef de l’Etat roumain, la Hongrie est devenue un facteur d’instabilité dans la région, à travers une série d’interprétations qui rappellent les pratiques staliniennes. Traian Basescu : « Il y a plusieurs pays dérangés par la politique agressive de Budapest en matière de minorités. La Roumanie a été réservée jusqu’à présent, mais je crois que la situation est arrivée à un point où nous devons laisser de côté ces réserves pour mettre Budapest à sa place. »



    En réponse aux déclarations du chef de l’Etat roumain, le ministère des Affaires étrangères de Budapest a fait savoir que la Hongrie était engagée dans le maintien de la stabilité dans la région et dans la garantie des droits des minorités ethniques. La dureté des affirmations du président Basescu a surpris les leaders de l’Union démocratique des Magyars de Roumanie (UDMR), formation politique parlementaire qui a appuyé le chef de l’Etat lors des dernières élections présidentielles.



    Kelemen Hunor, leader de l’UDMR : « Lorsque le chef de l’Etat fait une telle déclaration, cela veut dire que les choses s’embrouillent et nous n’en avons pas besoin, notamment quand il s’agit de la Roumanie et de la Hongrie, des relations roumano-hongroises, mais il faut condamner toute affirmation de type Vona. »



    Cette situation met en évidence au moins un point de vue commun des politiciens de Roumanie, à savoir qu’au 21e siècle, personne n’accepte, dans notre société, l’intervention des partis politiques nationalistes et extrémistes. (trad. : Ileana Taroi)

  • Projet de développement des zones protégées

    Projet de développement des zones protégées


    Après le Delta du Danube, cest la Transylvanie qui arrive en deuxième position dans un classement des régions roumaines en fonction du nombre des zones protégées identifiées. Cest donc au cœur de la Roumanie, sur une superficie de 260 hectares, que les écologistes ont démarré en 2001 un projet de conservation et de protection des espèces de flore et de faune sauvagemenacées. Depuis lors, ils y déroulent des projets écologiques, dressent linventaire des espèces et des habitats, étudient les possibilités de pratiquer le tourisme vert et dorganiser des activités consacrées aux enfants.


    Pour plus de détails, passons le micro à Carmen Sandu, assistante de projet : « Sur lensemble des espèces recensées dans cette zone, pas mal ont déjà périclité sur le vieux continent et donc le risque quelles disparaissent omplètement nest pas à négliger. Pourtant, en Transylvanie, elles continuent à exister en grand nombre. Le projet concerne 65 espèces de plantes et danimaux et 21 habitats naturels en forêt et dans les champs. Pour vous faire une idée plus claire-dessus, , imaginez que rien que dans la région des étangs de Bradeni qui couvre 174 hectares, on a identifié plus de 150 espèces doiseaux . Dailleurs, bien avant que lon ne donne feu vert à ce projet, on a décompté dans la région plus dun millier despèces végétales, à savoir 30% de la flore roumaine. »


    Les premiers inventaires du vivant de la zone datent de 2011 et continueront jusquà la fin du projet, en 2015. Repassons le micro à Carmen Sandu pour passer en revue les conclusions des experts : « Les prairies identifiées dans la région sont importantes pour les orchidées sauvages qui y poussent. Par ailleurs, on y a recensé également des espèces protégées sur le plan européen telles la vipérine rouge dont la présence indique une bonne conservation des prairies. Sur lensemble des espèces préservées, je voudrais rappeler le basilic du Pays des Saxons, une plante qui ne pousse que dans cette région. Quant à la faune locale, la région est riche en invertébréstels le grand capricorne qui préfère les chênes relativement vieux, le cerf volant ou plusieurs espèces de papillons. Parmi les grandes découvertes des écologistes figure la présence dans cette région de la tortue deau européenne. La région est couverte de forêts de chêne pubescent, aux feuilles duveteuses, dont lhabitat se retrouvait en seconde position après les sites Natura 2000 dans un classement des aires protégées de Roumanie ».


    A part la conservation de la biodiversité, le projet mis en place en Transylvanie se propose de lancer une stratégie pour la visite de la région. Cest une initiative à même daider les communautés locales à dénicher les meilleurs solutions pour le développement économique et culturel de leur zone, tout en respectant la nature. Le projet est financé par le Programme Opérationnel pour lEnvironnement à travers le Fonds européen pour le développement régional et il est mis en place par lorganisation WWF Roumanie en partenariat avec les Fondations ADEPT et Mihai Eminescu, lAgence régionale pour la protection de lEnvironnement de Sibiu et lAssociation Ecotur Sibiu. (trad. : Ioana Stancescu)

  • Symboles nationaux sicules

    Symboles nationaux sicules


    Les Sicules constituent la plus ancienne minorité de l’espace roumain. En 1116, ils sont mentionnées comme une avant-garde de la chevalerie magyare tout comme les Petchénègues, un autre peuple nomade d’origine turque. Guerriers chevronnés au Moyen Age, les Sicules ont été colonisés par le Royaume de Hongrie sur la frontière est longeant les Carpates Orientales afin de la défendre contre les invasions des peuples migrateurs provenant d’Asie. Le premier document qui les mentionne à l’intérieur de l’arc carpatique date de 1210 et affirme qu’une armée formée de Sicules, Saxons, Roumains et Petchénègues a participé à la répression d’une révolte contre le tsar bulgare Borila.


    Ce fut toujours à cette même époque, plus précisément en 1217, que les Sicules figurent parmi les combattants de l’armée du roi hongrois André II, lors de la 5e croisade contre les Arabes. Dès lors, les Sicules habitent sans interruption les mêmes territoires appelés le pays Sicule, qui s’étend sur les actuels départements de Harghita, Covasna et Mureş. Ils comptent aujourd’hui 650 mille personnes, soit environ 45% des 1.430.000 membres de l’ensemble de la communauté magyare et 6,6% de l’entière population de la Roumanie.


    L’Académicien Pál Antal Sándor explique quelle était la place et la condition sociale des Sicules dans la Hongrie médiévale, mais aussi après l’occupation autrichienne : « S’ils remplissaient des tâches militaires, ils ne payaient plus d’impôts. Les premières obligations fiscales envers la cour royale hongroise étaient celles que les sujets devaient payer trois fois pendant le règne d’un roi : à son intronisation, à la naissance de son héritier et lors de son mariage. Cette tradition a été valable jusqu’en 1555, quand à eu lieu la dernière collecte. Sur six bœufs, par exemple, il fallait en donner un. Les obligations fiscales n’ont pas existé jusqu’en 1657, lorsque les Sicules ont commencé à payer des taxes à la Sublime Porte ottomane, suite à la campagne militaire entreprise par Gyorgy Rakoczy II en Pologne, qui s’est achevée par une défaite cinglante. Pendant l’occupation autrichienne, ils ont été exemptés de la prestation de tâches militaires en 1711, parce que leurs façon de lutter était déjà obsolète. Ils sont devenus contribuables, mais leur état social était celui de personnes libres, bénéficiaires de tous leurs anciens droits. Devant la justice par exemple, ils bénéficiaient des mêmes droits que la noblesse. »


    Après 1989, des présences publiques des Sicules ont facilité l’expression des sentiments de nationalisme les plus exacerbés, alimentés par les perceptions de leur passé. Le plus récent épisode de ce genre date de février 2013, lorsque le drapeau hissé dans la ville de Sfântu Gheorghe, département de Covasna, a provoqué un nouveau scandale. Ce geste a été vu comme une nouvelle tentative des Sicules de demander l’autonomie territoriale sur des critères ethniques. Même s’il est une création récente, les origines du drapeau Sicule datent de plusieurs siècles. Pál Antal Sándor explique comment ce drapeau est apparu : « La bannière a été instituée en 2004, sur l’initiative du Conseil national Sicule, d’après un projet imaginé par Konya Adam, muséographe de la ville de Sfântu Gheorghe. Ce drapeau s’inspire d’un étendard militaire de 1601, celui des fantassins de Moïse Secuiul, le seul prince transylvain d’origine sicule. Les couleurs jaune et bleu en ont été puisées dans les documents historiques, tandis que l’étoile à huit branches est une innovation récente. Jadis, on utilisait plutôt des étoiles à cinq ou six branches… La symbolique renvoie aux huit régions habitées par des Sicules, des contrées appelées aussi « chaises ». Le croissant de lune, lui, a la forme et la signification traditionnelles. »


    Bien que très anciens, les symboles nationaux des Sicules n’ont pas été constamment utilisés tels quels. Ils ont été adaptés aux différents contextes historiques, explique Pál Antal Sándor : « Au fil des siècles, les Sicules n’ayant pas d’origines hongroises ont été magyarisés vu notamment les missions militaires qu’ils devaient assumer ; ils bénéficiaient d’un statut particulier au sein de la communauté de souche hongroise. Les Sicules vivaient sur un territoire très bien délimité, mais durant la révolution de 1848, ils ont explicitement renoncé aux droits qui les différenciaient des autres Magyars, intégrant la nation hongroise. En octobre 1848, après le rassemblement national de Agyagfalva–Lutiţa,les assemblées des régions Sicules ont reconnu toutes les lois hongroises et ont déclaré leur appartenance à la nation hongroise unique. Depuis, au sein de la Hongrie, les Sicules n’ont plus utilisé de bannière spécifique. »


    Après 1918, lorsque s’est constituée la Grande Roumanie, les symboles Sicules ont été inclus sur les armoiries de la Transylvanie. Peu de monde est cependant au courant du fait que certains d’entre eux étaient identiques à ceux faisant partie des armoiries des Principautés roumaines médiévales. Pál Antal Sándor: « Moi, j’attends la réponse des historiens roumains à ce sujet. La question est de savoir quelle est l’origine de ces symboles. En tout cas, ils sont orientaux, turcs le plus probablement. Ils ont été utilisés par les populations d’origine turque et la Valachie a subi la domination des Coumans pendant 200 ans. Il est tout à fait normal que ces symboles soient également présents dans l’héraldique de la Valachie. De telles influences existent probablement aussi dans le cas de la Moldavie. Ce n’est pas une affirmation de ma part, c’est une question que je pose. Le croissant de lune apparaît partout, mais il est possible que nous rencontrions une étoile à la place du Soleil. »


    Les Sicules sont une minorité à forte conscience ethnique, qu’ils entendent conserver. Ils investissent donc leurs symboles nationaux de la même importance que d’autres communautés ethniques et nations attribuent à leurs propres symboles. (trad. : Ileana Taroi, Alexandru Diaconescu, Andrei Popov)