Tag: villages

  • Les fermes paysannes deviennent des scènes de théâtre

    Les fermes paysannes deviennent des scènes de théâtre

    Afin d’apporter le théâtre plus près de ceux qui sont loin des villes, un groupe d’artistes enthousiastes a créé la caravane « Culture dans le fenil ». La caravane, qui en est à sa 5e édition, s’arrêtera cette année dans 12 localités des comtés de Sălaj, Alba, Cluj, Sibiu, Vâlcea, Braşov et Bihor. Initiative inédite et un peu exotique du metteur en scène Victor Olăhuţ, la caravane-théâtre est devenue, depuis 2013, une présence habituelle dans plusieurs villages transylvains: une troupe de théâtre installe le décor et les lumières dans les cours des villageois et joue gratuitement un spectacle pour toute la communauté.

    Pour les premiers spectacles de cette année, on a choisi la pièce « L’Expérience », d’après les textes de Ion Băieşu et de plusieurs autres auteurs roumains contemporains. Monté au Théâtre « Podul » de Bucarest, ce spectacle a été lancé lors de la 4e édition du projet. 3 acteurs figurent à l’affiche : Iulian Gliţă, freelance, qui anime également des ateliers de théâtre pour les enfants et les adultes, Marin Grigore, acteur de théâtre et de film, connu grâce au rôle qu’il a joué dans le film « Sieranevada » de Cristi Puiu, enfin, Florentina Năstase, comédienne du Théâtre « Toma Caragiu » de Ploieşti. S’y ajoute Victor Olăhuţ, metteur en scène au théâtre de Baia Mare, qui a réalisé des spectacles pour les théâtres de Cluj et de Sibiu, ainsi que pour des théâtres indépendants de Bucarest.

    Comment les villages participants au projet ont-ils été choisis ? Florentina Năstase explique : « Nous sommes rendus sur les lieux et nous nous sommes renseignés auprès des gens pour savoir qui pourrait soutenir notre projet. Il s’agissait de nous permettre de monter la scène dans le fenil et d’apporter les bancs de la mairie. C’est ainsi que nous avons trouvé la commune du comté de Sălaj. Ces derniers temps, vu que le projet en est à sa 5e édition, nous recevons déjà beaucoup d’invitations aussi bien de la part des villageois que des mairies et nous essayons de les honorer. »

    Et puisque nous parlons de spectacles de théâtre destinés à des personnes qui n’ont jamais vécu une telle expérience, nous avons demandé à Florentina Năstase de nous parler de ce public pas comme les autres : « Entre temps, il s’est créée une certaine homogénéité. C’est un public vierge, qui ne sait pas de quoi il s’agit. Ils nous demandaient ce qu’est le théâtre et se l’imaginaient semblable aux danses traditionnelles. La plupart ignoraient entièrement le sujet. A présent, dans nombre de villages que nous visitons, il y a des gens qui viennent aux spectacles pour la 3e ou la 4e fois, ils savent à quoi s’attendre et font même des comparaisons entre les spectacles. C’est un public qui a déjà développé son esprit critique et qui peut nous juger. Leurs réactions aux premiers spectacles auxquels ils assistent sont magnifiques et effectivement un peu différentes de celles du public des villes, car ils s’expriment davantage. Ils ont une tendance à nous interpeller, nous, les acteurs – notamment les enfants. »

    Que signifie ce projet pour les acteurs ? Florentina Năstase: « Culture dans le fenil » signifie pour nous un retour à la vie rurale. C’est faire à nouveau du fenil un espace de jeu, car, à part sa fonction utilitaire, il avait aussi une fonction ludique : c’est là qu’étaient organisées les danses lors des fêtes, c’était une sorte de « maison de la culture » des temps jadis. Et c’est toujours là que se déroulaient les noces et les baptêmes. Alors, ce projet nous permet de retourner, en quelque sorte, à nos racines traditionnelles. »

    Sălaj, Cluj, Alba, Sibiu – voilà 4 comtés que l’équipe de la caravane-théâtre a déjà visités et où elle se propose de revenir. Pourquoi ? Florentina Năstase : « Nous souhaitons qu’un nombre aussi grand que possible de villageois assistent à des spectacles de théâtre, que ça devienne une habitude, une tradition. Et puis, un lien affectif très puissant nous unit à ces gens, car, finalement, tant vaut l’homme, tant vaut la terre, comme on dit. Ces gens nous prêtent gratuitement leur fenil, ils nous accueillent chaleureusement et nous restons en contact avec eux pendant le reste de l’année. Ce sont des gens magnifiques que nous aimons beaucoup. »

    Un fenil peut accueillir près de 400 spectateurs et l’entrée est libre. Florentina Năstase : « Nous souhaitons former un public, nous souhaitons que les gens deviennent des consommateurs de théâtre et de culture, en général, car nous avons présenté aussi un spectacle de musique et de peinture. Nous souhaitons également que les enfants des villages découvrent l’alternative culturelle, qu’ils développent le goût de la lecture. Et pour les atteindre, nous devons leur montrer ce qu’est le théâtre et nous le faisons gratuitement. »

    Lors des 4 premières éditions, déroulées entre 2013 et 2016, la caravane-théâtre « Culture dans le fenil » a visité 11 villages et présenté 3 spectacles de théâtre totalisant 18 représentations, à chaque fois devant environ 200 spectateurs. Les trois spectacles du projet ont été réalisés avec des acteurs connus de la jeune génération et ils ont été appréciés aussi bien par le public non avisé que par le public spécialisé des festivals de théâtre du pays. (Trad. : Dominique)

  • Dragobete, la fête de l’amour

    Dragobete, la fête de l’amour

    Célébrée le 24 février, « Dragobete » est une des fêtes roumaines du printemps les plus connues et les plus attendues. C’est la fête roumaine des amoureux. Depuis que la Roumanie a importé la Saint Valentin et toutes ses couleurs américaines, un véritable mouvement en faveur des coutumes autochtones est né, aidant la fête de Dragobete à récupérer la place perdue.

    Mais quelle est la signification profonde de cette tradition roumaine ? Pour nous en parler, nous avons invité au micro Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare: «Dragobete est la fête qui marque le début du printemps. En fait, elle marque la séparation d’avec l’hiver. Les gens savaient qu’à compter du 24 février l’hiver perdait sa force. Pour marquer ce passage, ils laissaient les oiseaux l’annoncer. C’est pourquoi, le jour de Dragobete était aussi appelé le Jour des Oiseaux. C’est à compter de ce jour-là que les oiseaux commencent à construire leurs nids et à pondre leurs premiers œufs. C’est aussi le jour où tous les oiseaux commencent à chanter. Désormais, rien ne peut arrêter le printemps. Par ailleurs, ces dernières années, vu ce désir de faire une parallèle entre la Saint Valentin et la fête de Dragobete, on commence à l’appeler aussi la fête roumaine de l’amour.»

    Malheureusement, trop peu de jeunes connaissent de nos jours la vraie signification de la fête de Dragobete, la réduisant aux mêmes symboles que la Saint Valentin : fleurs, chocolats, déclarations d’amour, sorties au restaurant. Delia Suiogan explique : «J’aimerais leur faire comprendre que ce n’est pas une fête de l’amour dans le sens profane du mot, de l’amour célébré par des cadeaux et des mariages. C’est le jour où l’on commence à chercher sa moitié, son âme sœur. En suivant l’exemple des oiseaux, l’homme commence à chercher sa moitié, son partenaire de vie. Certains villages gardent toujours de très beaux rituels de Dragobete : les jeunes sortent dans les champs ou dans les forêts pour cueillir des fraises des bois. S’ils en trouvent le jour de Dragobete, c’est un présage de bon augure pour toute l’année. De même pour les premières fleurs : perce-neiges ou violettes. Garçons et filles offrent ces fleurs les uns aux autres. Les petits bouquets symbolisent l’acceptation de l’autre comme possible âme sœur. »

    Vous vous demandez sans doute d’où vient le nom de cette fête. Dans la tradition roumaine, Dragobete est un personnage mythologique, qui ressemble à Eros ou Cupidon. Dans certaines légendes, Dragobete est le fils d’une veille femme, Dochia. C’est un beau jeune homme immortel, gardien de l’amour. Delia Suiogan raconte: « Dragobete est un très beau personnage de la mythologie traditionnelle. Il est connu en tant que fils de la vieille Dochia notamment à l’extérieur de la courbure des Carpates. En Transylvanie et au Banat on l’appelle Dragomir. En fait, une multitude de légendes et de très beaux contes circulant à l’intérieur de la Courbure des Carpates tournent autour de ce demi-dieu de la nature, Dragomir. »

    Selon les ethnologues, Dragobete est une fête très ancienne, aux racines daces. Oubliée pendant un certain temps, elle commence à regagner du terrain, aidée aussi par un côté commercial sans précédant. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Villages de Roumanie

    Villages de Roumanie

    L’occasion aussi d’apprendre bien des choses sur des savoir-faire ancestraux, l’architecture traditionnelle roumaine et la cuisine du terroir. Entourés de paysages à couper le souffle et qui ont donné naissance à bien des légendes, les villages roumains où nous allons faire étape attendent leurs hôtes à bras ouverts. Nous aurons pour guide Nicolae Marghiol, président de l’Association « Les plus beaux villages de Roumanie ». ‘Nous allons découvrir les maisons traditionnelles, les coutumes et traditions, la gastronomie locale à l’ancienne. C’est dans la France des années 1980 qu’a vu le jour la première association de ce type. D’autres pays en ont suivi l’exemple: l’Italie, l’Espagne, la Belgique, la Roumanie. Les critères pris en compte quand il s’agit de choisir les plus beaux villages des différentes zones à travers le pays relèvent des traditions, des coutumes et de la cuisine. Ces villages doivent être mis en valeur et promus. Il faut attirer des touristes, développer aussi le tourisme rural, mais aussi les activités agricoles et non – agricoles. Nous souhaitons garder les jeunes au village, pour empêcher sa disparition.

    Le village se doit de conserver son authenticité, se tenir à l’écart des influences modernistes, souligne Nicolae Marghiol, président de l’Association « Les plus beaux villages de Roumanie ». C’est justement le côté authenticité qui attire les touristes étrangers, y compris les têtes couronnées, dont le prince Charles de Galles. Beauté de la nature, riche biodiversité, traditions et coutumes encore vivantes, voilà ce qu’ils y recherchent et ce que la Roumanie est à même de leur offrir. Comment débuterait une telle visite à travers la campagne roumaine ? : Tout d’abord, je viendrais chercher mon hôte à l’aéroport. Et je l’emmènerais en carriole. Je lui apprendrais même à en mener une, car nous dispensons des cours en ce sens. Au bout de quelques jours, le futur charretier se verra délivrer une attestation, comme quoi il sait désormais prendre soin de son cheval, l’atteler et conduire la carriole. Nous irons à la découverte des villages typiques des différentes régions de la Roumanie : la Valachie, la Transylvanie, la Bucovine et le Maramures. Une fois là, le visiteur se familiarisera avec l’architecture paysanne, avec les coutumes et traditions locales et la cuisine du terroir. Il pourra même mettre la main à la pâte pour cuisiner des plats. Nous emprunterons les sentiers de montagne pour cueillir des fruits des bois. Bref, sachant que les touristes étrangers recherchent la simplicité, nous tâchons d’en assouvir le désir.

    Nous déroulons présentement plusieurs projets qui visent à l’aménagement des musées, précise encore notre interlocuteur, qui ne manque pas de souligner combien importante est la préservation de l’architecture et de la mémoire des lieux. Nous promouvons un tourisme de niche. Les touristes prennent contact avec nous sur le site Internet ou par l’intermédiaire des ambassades. Leurs impressions sont variées. Comme vous le savez peu-être, pour avoir du succès, toute destination touristique doit vendre une histoire, une légende aussi. Chez nous, la légende est vivante. Nous n’avons pas à faire croire aux gens que la nature, ça existe chez nous. Les fruits sont naturels à 100 % et vous convient à les cueillir. En général notre image n’est pas des meilleures à l’étranger, mais lorsque les touristes nous rendent visite et qu’ils découvrent la richesse de nos traditions et coutumes et la beauté de la nature, ils ne cachent pas leur étonnement. D’ici dix ans, nous pourrions devenir la destination la plus importante en Europe en matière de tourisme rural. Les villages de Cârlibaba, Drăguş et de Polovragi, situés dans trois comtés différents du pays, sont reconnus par la Commission européenne comme autant de destinations du tourisme d’excellence. Ces trois localités sont réputées pour leurs traditions et pensions, pour la conservation de leur architecture, des danses et des costumes traditionnels. Les contrée de Buzău ou de Alba Iulia, par exemple, doivent leur renommée à la façon dont elles ont su garder vivant ce précieux héritage du passé.

    Le village de Ciocăneşti compte parmi les premiers dans la plupart des classements. Il a même été déclaré comme village – musée, noua a fait savoir Marilena Niculiţă, directrice du Musée national des œufs peints. : Cette commune est unique en Roumanie, peut-être même en Europe, grâce à ses maisons aux façades décorées de motifs traditionnels, qu’on retrouve aussi sur les costumes traditionnels et sur les œufs peints. Ciocăneşti a remporté le premier prix au concours national intitulé « Les plus beaux villages ». Nous avons de très beaux endroits en hauteur, sur la montagne de Suhard. Les touristes qui nous rendent visite en hiver ont l’embarras du choix: patinoire, piste de ski, feu de camp, randonnées en traîneau à cheval et la liste pourrait continuer. Nous avons 15 pensions touristiques homologuées, avec plus de 300 places. Des gîtes ruraux, il y en a aussi aux alentours de Ciocăneşti, à Cârlibaba, Vatra Dornei et Câmpulung. Bref, tout le monde trouvera où se loger..

    Sis au pied des montagne, au milieu d’un paysage idyllique, en Transylvanie, le village de Sibiel est célèbre pour ses icônes sur verre, rassemblées dans le musée qu’abrite l’ancienne maison paroissiale de l’église de la Sainte Trinité, laquelle est à son tour considérée comme un véritable symbole de l’endroit. Valerica Niţescu, muséographe, nous en parle : L’église a été érigée en 1765 et décorée de fresques dix ans plus tard. A un moment donné, comme la peinture avait noirci sous l’effet de la fumée des bougies et de la poussière et que les villageois souhaitaient avoir une église lumineuse, ils ont fait recouvrir les peintures murales de cinq couches de lait de chaux. En 1965, deux spécialistes allaient enlever la chaux, laquelle avait très bien conservé la peinture originelle. C’est le prêtre Oancea qui a eu l’idée d’introduire le village de Sibiel dans le circuit touristique. En rendant visite à ses paroissiens lors des différentes fêtes, il avait constaté que leurs maisons recelaient de vieux objets, dont tissus, icônes ou meubles. En 1969, il leur a proposé d’en faire don au musée du village qu’il envisageait de créer

    Voilà chers amis, pour ces quelques destinations de séjour au cœur de la nature pas comme les autres.