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  • Un petit tour au tramway à travers la ville de Timişoara

    Un petit tour au tramway à travers la ville de Timişoara

    Nos pas nous mènent
    aujourd’hui vers la ville de Timișoara, capitale européenne de la culture
    millésime 2023, pour un petit tour guidé de la ville à bord du tramway
    touristique. Un tramway qui n’est pas moins un coup d’œil sans doute à cette
    première du 8 juillet 1869, lorsque Timisoara devenait la première ville de la
    Roumanie actuelle qui voit apparaître son premier tramway hippomobile.


    Le trajet du
    tramway touristique de nos jours démarre Place de la liberté, la Parade Platz d’autrefois,
    qui marque l’ancien centre administratif de la ville, situé tout près de la
    statue du saint Jean Népomucène. Une fois embarqué au bord de ce tram, vous êtes
    sûr de pouvoir découvrir dans l’heure qui suit l’histoire et le patrimoine
    culturel et architectural de la ville. En effet, l’engin vous amènera visiter
    une 30e d’objectifs touristiques, longera les palais administratifs somptueux
    de ce joyeux de l’empire d’Autriche-Hongrie d’avant 1918, traversera les places
    animées, vous fera découvrir la rivière Bega, indissolublement liée à l’histoire
    de la ville, tout comme ses jardins coquets. Le guide audio, disponible en
    roumain et en anglais, accompagnera de manière fort utile votre promenade.


    Le guide Ludovic Satmari, intime
    des joyeux cachés que recèle la ville de Timisoara, nous met l’eau à la bouche.
    Ecoutons-le :


    « Personnellement,
    j’adore faire découvrir à mes hôtes la ville à pied en suivant pour cela une
    sorte de cheminement chronologique. Et ce parcours démarre au 13e
    siècle, lorsque fut bâtie, en bois, la
    première citadelle de la ville. Au début du siècle suivant, au 14e donc,
    le roi magyar Charles 1ᵉʳ Robert établit sa résidence dans la cité de Timisoara
    et ce pendant 7 ans, lors des guerres de succession pour le trône du royaume de
    Hongrie. Timisoara sera ensuite au 15e siècle la résidence de Jean
    Huniade, vaillant voïvode de Transylvanie et régent de Hongrie, qui marqua
    fortement l’histoire de la ville. On ne pourra pas ignorer la période de 164
    années que dure l’occupation ottomane, qui débute en 1552, au temps de Soliman
    le Magnifique, lorsque Timisoara devient la chef-lieu du pachalik de Banat. Nous
    voyons l’endroit où étaient érigés les célèbres bains turcs, qui étaient chauffés
    à la romaine, grâce à un système enfoui en-dessous le carrelage, puis un
    morceau du mur de la mosquée centrale, ou encore le cimetière musulman, découvert
    lors de récentes fouilles. Aussi, nous pouvons nous faire une idée assez
    précise de ce qu’était la ville durant la période ottomane.
    »


    Notre guide nous
    conte ensuite la période marquée par la conquête autrichienne :


    « L’ancienne
    ville turque était construite pour la plupart en bois, et elle a été détruite
    au fur et à mesure que la nouvelle ville s’érigeait, en suivant cette fois un
    plan urbanistique qui avait pris soin d’englober les murs d’enceinte de la
    ville et de réserver un quartierhors les murs, le quartier « Fabrique », aux
    manufactures qui commençaient à apparaître. Seule
    une tour d’enceinte nous est parvenue des neuf que comptait la ville à l’époque.
    Mais il nous permet malgré tout de mieux comprendre le système de défense de la
    ville à cette époque où l’artillerie dominait d’autorité le champ de bataille ».


    La place de l’Union
    ou la place du Dôme nous fait découvrir le Dôme de la cathédrale catholique,
    érigé juste en face de l’église orthodoxe. A partir du 19e siècle,
    la ville prend de l’altitude, les bâtiments de deux à trois niveaux devenant la
    règle. La place de la Victoire, qui doit
    son nom à la révolution de 1989 qui mit un terme à la dictature communiste en
    Roumanie, nous dévoile la beauté d’un quartier huppé, où des palais et des
    hôtels de maître érigés au 19e siècle, tel le palais Lloyd, devenu actuellement
    le siège du rectorat de l’Université polytechnique de Timisoara, essaiment
    impunément, longeant le boulevard qui mène de l’Opéra à la cathédrale
    métropolitaine. (Trad. Ionut Jugureanu)



  • Le Pont de la Mogoșoaia

    Le Pont de la Mogoșoaia

    Baptisée Podul Mogoșoaiei/Le pont de la Mogoșoaia dès sa création autour de l’année 1689, cette artère de la ville a subi un grand nombre de transformations en profondeur durant ses presque 350 ans d’existence. Rebaptisée Calea Victoriei/l’avenue de la Victoire lorsque la Roumanie a gagné son indépendance suite à la guerre contre l’Empire ottoman de 1877-1878, elle porte les traces de toutes les étapes historiques vécues par Bucarest et la Roumanie au cours des trois derniers siècles. Calea Victoriei a été mentionnée par des auteurs roumains et étrangers dans des centaines de livres, et certains épisodes racontés par ces auteurs circulent aujourd’hui en tant que légendes urbaines.

    Un tel livre, devenu classique, s’intitule « Podul Mogoșoaiei. Povestea unei străzi/Le pont de la Mogoșoaia. L’histoire d’une rue », écrit par le diplomate Gheorghe Cruţescu. De nombreuses voix considèrent que c’est le plus bel ouvrage dédié à Calea Victoriei, principalement grâce au style de l’auteur, puisque Gheorghe Cruțescu n’était ni historien ni homme de lettres, mais un diplomate qui écrivait bien. Né en 1890 dans une famille de propriétaires terriens moyens, il était le petit-fils du colonel Lăcusteanu, le commandant du premier bataillon de l’armée roumaine créé en 1830 et un des révolutionnaires fervents de 1848. Gheorghe Cruțescu fait des études de droit à Paris, où il obtient son diplôme en 1915, et en 1916 il est volontaire sur le front de la Grande Guerre. Lorsque la paix revient dans le monde, il rejoint le ministère des Affaires étrangères de Bucarest et se voit nommer attaché de légation. Son dernier poste a été à Stockholm, durant la deuxième guerre mondiale, mais il a refusé de quitter la capitale suédoise pour rentrer en Roumanie en 1947, lorsque le régime communiste s’est installé à Bucarest. Gheorghe Cruţescu est mort, parait-il, le 30 décembre 1950, à Mougins, dans le sud de la France.Cătălin Strat, qui est le rédacteur de l’édition 2022 du volume « Podul Mogoșoaiei. Povestea unei străzi », explique le succès de ce livre particulier : « Gheorghe Cruțescu était un passionné d’histoire, pas un chercheur ni un universitaire. Je crois plutôt que ce qu’il voulait c’était de sauvegarder une partie de l’histoire orale de son temps, de préserver les histoires racontées au sein de sa classe sociale, et qui sont délicieuses, pour les raconter dans un livre. Et il l’a fait dans ce merveilleux livre qu’est « Podul Mogoșoaiei », un extraordinaire montage de micro-histoires bucarestoises. C’est l’histoire de l’avenue de la Victoire, certes, mais c’est aussi l’histoire de Bucarest, de la modernisation de la ville, de l’évolution de la société locale, depuis sa variante orientale à celle occidentale, très sophistiquée. C’est l’histoire des vêtements, de la vie quotidienne, c’est – si vous voulez – une sorte d’histoire des mentalités avant la lettre. C’est une histoire des institutions et des petites choses avant que ces disciplines se différencient à l’intérieur du vaste domaine qu’est l’étude de l’histoire. »

    Cătălin Strat nous sert de guide pour une balade imaginaire le long de l’avenue de la Victoire, en empruntant le parcours décrit par Gheorghe Cruţescu dans son livre et dont le point de départ est le quai de la Dâmbovița. L’idée était de trouver des bâtiments emblématiques mentionnés dans le livre de 1943 et qui sont encore debout : « Il commence effectivement sa balade au bout de l’avenue qui donne sur la Place Națiunilor Unite/des Nations Unies et nous pourrions imaginer des voyageurs ou des visiteurs de la ville qui se promènent en compagnie de Cruţescu. Il était quelqu’un d’une grande qualité humaine, très sympathique et très drôle, et ça c’est visible dans les explications de son merveilleux livre. Il nous reste encore, bien-sûr, des bâtiments des temps anciens : le Palais de la Caisse d’épargnes, l’Église Zlătari, sur laquelle l’auteur pose un regard un peu critique, en disant qu’elle ressemble à un jeu de cubes en bois. Il y a ensuite le bâtiment du Cercle militaire, érigé sur l’ancien emplacement du monastère et de l’église du Sărindar, l’hôtel et restaurant Capșa, dont il raconte l’histoire particulière d’une manière très amusante. Le bâtiment du Théâtre national n’existe malheureusement plus, mais nous avons un chapitre bien fourni sur le commencement de l’activité théâtrale chez nous. Il nous reste encore les passages couverts, l’Hôtel Continental. Le Palais royal n’a plus la forme décrite par Gheorghe Cruţescu, car un tas de changements séparent l’ancien hôtel particulier Golescu de l’édifice actuel. Le Palais royal a brûlé en décembre 1926 et il a été reconstruit dans sa forme actuelle par l’architecte Nenciulescu. L’Athénée roumain est debout à la place de l’ancien Jardin de l’Evêché, qui abritait une statue du général Emanuel Florescu. L’Hôtel Athénée Palace est toujours à sa place, mais à l’entre-deux-guerres sa façade Beaux-Arts a été remplacée par Duiliu Marcu avec une façade dans un style vaguement Art Déco. Nous retrouvons toutes les églises mentionnées par l’auteur de mémoires Kretzulescu, par exemple Biserica Albă-l’église Blanche. Et puis il nous reste des hôtels particuliers d’anciens boyards- Casa/La Maison Cesianu, Casa Grădișteanu. D’autres bâtiments ont disparu, tandis que d’autres ont été remplacés par de nouvelles constructions. »

    « Podul Mogoșoaiei. Povestea unei străzi » raconte aujourd’hui le centre-ville de Bucarest à la génération des Millennials. C’est l’histoire d’une actualité débutée il y a environ 350 ans. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • L’aménagement de la rivière Dâmbovița

    L’aménagement de la rivière Dâmbovița

    Le lit de la Dâmbovița, qui prend sa source dans les forêts du massif montagneux de Făgăraș, est long de 237 km, avec une dénivellation de 1 757 mètres. Après avoir arrosé la capitale de la Roumanie, la Dâmbovița se jette dans la rivière Argeș, à hauteur de la commune de Budești. Elle a donné son nom à un département du pays, « Dâmbovița », dont le chef-lieu est la ville de Târgoviște, ancienne capitale médiévale de la principauté de Valachie.Le plus ancien document officiel, qui mentionne Bucarest, date de la moitié du XVe siècle, à l’époque du prince Vlad Țepeș (l’Empaleur).

    Les habitants de la bourgade, appelée aussi la Citadelle de la Dâmbovița dans les papiers administratifs, se servaient de l’eau de la rivière dans leurs cuisines et pour se laver. Les premières fontaines publiques, ainsi que les premiers réseaux d’adduction d’eau potable sont apparus durant le règne du prince Alexandru Ipsilanti, vers la fin du XVIIIe siècle. La population locale se faisait approvisionner par les fameux « sacagii », les porteurs d’eau, qui arpentaient les rues de Bucarest. Outre les difficultés d’approvisionnement, les habitants devaient aussi faire face aux caprices de la Dâmbovița, qui inondait les quartiers périphériques et faisait naître des marécages lorsque les pluies étaient trop abondantes.

    La création de l’État roumain moderne en 1859 et l’établissement de sa capitale à Bucarest lance le processus de transformation et d’apprivoisement de la Dâmbovița. Pour contenir les désagréments de la nature, les ingénieurs roumains ont imaginé des projets d’aménagement, en s’inspirant de ce qui avait été fait à Paris, Londres et Berlin. Les premières tentatives d’endiguer le déchaînement des eaux remontent à l’époque du même prince Alexandru Ipsilanti, en 1775, lorsqu’un canal fut construit pour limiter l’ampleur des inondations. Le fond du lit de la rivière fut nettoyé en 1813, pendant le règne du prince Ioan Caragea.

    Mais les véritables transformations furent lancées après 1878, année de l’indépendance de la Roumanie. A partir de 1880, l’ingénieur et architecte Grigore Cerchez met en œuvre ses projets de correction et d’approfondissement du lit de la rivière, de consolidation et d’augmentation de la hauteur des berges, de construction de ponts et de plantation d’arbres.Cependant, le projet d’aménagement le plus ample a vu le jour après le tremblement de terre du 4 mars 1977, lorsque Nicolae Ceaușescu a donné l’ordre que la zone centrale de la ville de Bucarest change complètement de visage, l’aménagement de la Dâmbovița en étant une partie. L’historien Cezar-Petre Buiumaci, du Musée de la ville, a rappelé les aspects essentiels du fameux projet : « Le grand projet de transformation du centre-ville, démarré par Ceaușescu après le séisme du 4 mars 1977, a aussi inclus l’aménagement de la rivière Dâmbovița. Le projet du grand Centre Civique de la capitale, dont les premières ébauches apparaissent après le tremblement de terre, a été une intervention brutale et sans précédent, qui a imposé la démolition de la zone centrale, quasi exclusivement résidentielle, de la ville. La destruction des habitations a eu pour résultat le problème des logements nécessaires pour accueillir les familles dont les maisons n’existaient plus. Bucarest devenait un immense chantier, car en plus de la zone centrale, des travaux de construction avaient lieu dans d’autres quartiers, pour bâtir les nouveaux immeubles d’appartements (les blocs) où allaient loger tous ceux dont les maisons avaient été démolies. Un tel quartier, une telle zone fut le nouvel ensemble de blocs Crîngași-Constructorilor-Giulești, qui devait accueillir 45 000 personnes. Le réaménagement de la rivière Dâmbovița à travers la capitale se déroulait en parallèle avec cette action. »

    Ceaușescu reprenait aussi des idées plus anciennes, d’une Dâmbovița navigable et intégrée dans un autre projet encore plus ample, de faire de Bucarest une ville-port sur le Danube, via un canal, explique Cezar-Petre Buiumaci.: « L’idée de cet aménagement, que l’on avait voulu inclure dans le projet du Canal Bucarest-Danube, était apparue bien avant, au XIXe siècle, et elle refaisait surface périodiquement. C’est pour mettre en œuvre ce projet que l’on a construit les lacs de retenue Ciurel et Văcărești, dont la mission était d’augmenter le volume d’eau et de créer des conditions de navigation. Sauf que la géographie des lieux ne le permettait pas et l’idée de la navigation dans la ville a été abandonnée, étant maintenue seulement pour au-delà des confins de la ville, à savoir la zone Vitan-Cățelu. »

    La nouvelle Dâmbovița avait un bien nouveau visage. Pour éliminer définitivement le danger des inondations, mais aussi pour la rendre utiles aux irrigations, la rivière était coupée par un premier barrage à 20 km après sa source et par un deuxième à 80 km avant son entrée dans Bucarest. Un troisième barrage se trouvait à Bucarest même, là où s’est formé le Lac Morii (du moulin). Un bras a été creusé avant l’entrée de la Dâmbovița dans la ville, en direction du sud, pour rediriger un éventuel surplus d’eau vers la rivière Ciorogârla. Deux canaux collecteurs d’eaux usées ont été construits sous le lit urbain de la Dâmbovița. Les ponts ont été reconstruits et même, certains, repositionnés, tandis que les berges ont été bétonnées, raconte l’historien Cezar-Petre Buiumaci : « L’aménagement de la Dâmbovița a été un projet complexe, dont non seulement le lit a été redessiné, mais aussi des réseaux entiers qui le croisaient, des installations de maintien d’un débit relativement constant. Outre les nouveaux ponts et les passerelles qui permettaient de traverser la rivière, sur les segments de délimitation de biefs l’on a réalisé des aménagements pour le loisir: plusieurs pontons et accès à la surface de l’eau. Dans cette même catégorie, on retrouve aussi l’aménagement de la plage ștrandului Crângași, tout près du lac Ciurel. »

    L’histoire du visage actuel de la Dâmbovița à Bucarest est relativement récente, mais elle s’appuie sur une démarche vieille d’au moins 200 ans. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Le mois de la ville de Bucarest

    Le mois de la ville de Bucarest

    « Luna Bucureștilor/Le mois de la ville de Bucarest » ramenait à l’attention des habitants et des non-habitants de la capitale une ville désireuse de suivre les tendances de développement urbain de l’époque et de répondre aux attentes de la population. À commencer des années 1830 et durant un siècle, Bucarest avait connu une évolution spectaculaire, la ville ayant perdu peu à peu son air oriental pour devenir une métropole européenne. Du point de vue des services et l’aspect esthétique, le règne du roi Carol Ier (1866-1914) a représenté une étape des plus radicales de l’histoire de la ville, marquée par la construction d’un très grand nombre d’édifices publics.

    L’exposition jubilaire de 1906 a placé Bucarest sur la carte des grandes métropoles du monde, qui présentaient leurs cartes de visite.Ce fut Carol II lui-même qui a coupé le ruban inaugural du Festival « Luna Bucureștilor/Le mois de la ville de Bucarest », moment immortalisé par les photographes présents sur place. L’historienne Anita Sterea, de la Fondation « Calea Victoriei/L’Avenue de la Victoire », passe en revue quelques repères de cet événement : « Le Festival « Le mois de la ville de Bucarest » a été inauguré à l’été 1935. Les années suivantes, il a eu lieu du 9 mai au 9 juin. La première édition s’est déroulée dans le parc Carol, qui a d’ailleurs été créé en 1906, lors du quarantième anniversaire de la venue du roi Carol Ier en Roumanie. Le roi Carol II utilisera l’infrastructure réalisée à l’occasion de cet anniversaire royal pour organiser la première édition du festival. Pour vous donner un exemple, les concours de musique de fanfare et de tarafs auront lieu aux Arènes romaines du parc, construites en 1906. »

    Toutes les autorités locales ont accueilli l’idée du souverain avec un maximum d’enthousiasme. De l’avis d’Anita Sterea, le festival « Le mois de la ville de Bucarest » avait eu pour but de promouvoir la ville et surtout d’attirer des investissements : « Qu’est-ce que Carol II voulait faire avec ce festival ? Eh bien, il voulait promouvoir Bucarest en tant que destination touristique, mais c’était aussi une modalité pour les compagnies, notamment industrielles, de montrer leur potentiel, de se faire de la publicité. Des invités de l’étranger participeront à l’événement, au niveau des ambassades, dans un premier temps, et puis des compagnies étrangères feront aussi leur apparition. En 1935, le festival se déroule au parc Carol, mais en 1936, il déménage au parc Herăstrău, dont certains éléments spécialement construits pour le festival sont encore visibles aujourd’hui. C’est le cas, par exemple, de la zone des cariatides, où se trouvait le pavillon royal. Le Musée du village sera inauguré dans le cadre de l’édition de 1936 du festival. De nombreux monuments publics seront eux-aussi inaugurés à l’occasion du festival, tels la fontaine Miorița, la fontaine Zodiac devant le parc Carol, la statue de Spiru Haret et le Monument des Héros de l’air. »


    L’historienne Anita Sterea s’est également arrêtée sur le contenu des éditions de 1935 à 1940 du festival « Le mois de la ville de Bucarest » : « Le programme était à peu près le même, il y avait de pavillons de présentation, un grand nombre d’activités en ville aussi, mais la plus grosse partie du festival « Le mois de la ville de Bucarest » se déroulait dans le parc. La famille royale était toujours présente, c’était aussi l’occasion d’organiser des entretiens diplomatiques en tout genre. Le festival a fait venir un nombre important de visiteurs à Bucarest. Ce fut une idée de Carol II, peaufinée par des gens de son entourage, mais moi je crois qu’ils s’étaient beaucoup inspirés de l’exposition jubilaire de 1906, coordonnée par le docteur Istrati. »

    Le roi Carol II, qui allait imposer un régime politique d’autorité personnelle en 1938, avait-il mis une empreinte personnelle sur le festival « Le mois de la ville de Bucarest » ? L’historienne Anita Sterea a répondu que : « Les premières éditions sont très bien documentées ; le festival allait être organisé jusqu’en 1940 et les dernières éditions sont moins bien documentées. L’empreinte personnelle est là, mais elle moins forte que ce que l’on pourrait croire. C’est du moins ce que j’ai trouvé comme documents, photos, brochures ; l’information est riche jusqu’en 1937, et elle s’amenuise pour les éditions de 1938-39-40. L’édition de 1935 a présenté une maquette de la ville, intitulée « Bucarest 2000 » ; c’est très intéressant de voir comment les gens de l’époque s’imaginaient la capitale en l’an 2000. Et je peux vous dire qu’aujourd’hui, nous sommes loin derrière leurs plans. Ils avaient imaginé une ville bien plus verte que l’actuelle, avec des réseaux de transport bien plus diversifiés, qui connectaient la ville et les villages avoisinants. Les plans d’urbanisme étaient plus cohérents et la ville beaucoup plus unitaire. Mais les gens des années 30 ne pouvaient prévoir le demi-siècle de régime communiste d’après la deuxième guerre mondiale. »

    Le festival « Luna Bucureștilor/Le mois de la ville de Bucarest » prendra fin en 1940, lorsque le déclenchement de la seconde conflagration mondiale allait redessiner le monde. Après le retour de la paix, en 1945, le mental collectif roumain changera avec l’arrivée d’une autre époque.

  • Une BD sur la ville industrielle d’Anina

    Une BD sur la ville industrielle d’Anina

    C’est
    un projet initié par l’anthropologue Petra Dobruska, l’étudiante
    en film Dalesia Cozorici et l’illustrateur Octavian Curosu. Après
    la chute du régime communiste roumain en 1989, Anina a connu un fort
    déclin économique et social, suite à la fermeture progressive de
    ses mines. Petra Dobruska explique le projet de bande dessinée « Du
    souterrain à la surface – l’histoire d’une ville
    post-industrielle » « Tout ce que cette BD illustre repose sur une recherche que
    j’ai faite en 2018, avec l’aide d’une vingtaine d’adolescents
    de la ville d’Anina. J’ai fouillé les archives, nous avons
    interrogé des gens de l’endroit, feuilleté des livres et essayé
    de nous documenter le mieux possible. Par le biais de cette BD, nous
    souhaitons montrer en fait que des endroits qui ne sont pas
    nécessairement connus et la vie des citoyens lambda qui habitent à
    Anina et dans d’autres villes peuvent susciter notre intérêt.
    Nous avons cherché à recréer l’atmosphère de cette ville telle
    que nous l’avons ressentie, mais aussi à faire réfléchir le
    lecteur. Nous évoquons la fermeture de la mine, lorsque les gens ont
    perdu leurs emplois, la fermeture des hôpitaux et la manière dont
    la vie culturelle est devenue presqu’inexistante à Anina. Et nous
    voulons également montrer l’aspect d’un tel endroit et
    encourager les gens à imaginer des moyens de revitaliser une ville
    qui est en fait à l’abandon. Dans notre livre, votre guide est un
    personnage fictif que nous appelons « Garçon ». Il
    présente l’histoire et la mémoire de cette ville par le biais de
    rencontres avec des gens d’Anina et des visites d’endroits
    intéressants de la ville. Et par ce qu’il voit, lui étant en fait
    invisible, vous allez en apprendre davantage sur cette ville, sur son
    histoire. Vous allez apprendre comment cette ville est apparue,
    comment le charbon a été découvert dans les parages, mais aussi
    comment un musée dédié à Arnold Schwarzenegger était sur le
    point d’y être aménagé. Il y a tant des choses intéressantes,
    racontées par des habitants, par des endroits, par des bâtiments,
    telles qu’elles nous ont été racontées à nous aussi. »

    L’étudiante
    en film Dalesia Cozorici, en charge du scénario de la BD, a raconté
    l’histoire de l’atelier de 2018 qui a constitué le moment de
    naissance du projet, mais aussi la rencontre entre ses trois
    initiateurs. « Chronologiquement
    parlant, j’ai participé à l’atelier d’Anina parce qu’il
    semblait être un projet anthropologique très ambitieux qui visait
    notamment les adolescents de Roumanie, ce qui me semblait quelque
    chose de rare. Vu que j’étais lycéenne, l’écriture a été un
    long process et je ne me suis pas dépêchée de terminer l’histoire.
    J’ai senti que cela valait la peine d’offrir une extension à ce
    que nous avons tous appris dans le cadre de l’atelier et faire une
    recherche plus ample, demander l’opinion des artistes du secteur et
    des architectes et même de ceux qui étudient la situation de la
    ville d’Anina puisque la ville est spéciale et son histoire, on ne
    peut pas la réduire à un récit d’une dizaine de pages tout au
    plus, comme nous nous sommes proposés à l’atelier. Et c’est
    ainsi qu’une véritable nouvelle est née. Elle transmet, nous
    l’espérons bien, nos expériences et nos pensées, assez
    subjectives d’ailleurs par rapport aux habitants des lieux et de la
    réalité locale. Peut être le spoiler le plus important que je
    puisse vous donner, c’est le fait que notre personnage imaginaire,
    Garçon, rencontrera les auteurs de la BD, transformés en petits
    personnages. C’est pourquoi la bande dessinée est devenue un
    projet personnel dans lequel nous avons mis beaucoup d’efforts
    parce que nous sommes carrément inclus dans l’histoire, nous
    mettons nos pensées sur le papier, nous espérons que les lecteurs
    s’identifient à ces personnages et nous souhaitons répondre ainsi
    aux questions qui circulent probablement dans leurs têtes. »


    Mais
    quel est en fait le but du projet ? Dalesia Cozorici : « Nous
    voulons seulement pénétrer l’intimité de cette communauté qui
    s’est ouverte à nous qui sommes finalement des adolescents, à
    exprimer ses opinions relatives à la vie privée de ses membres et à
    leur quotidien. Donc, cette histoire leur est dédiée et j’espère
    qu’ils s’y retrouveront. Par ailleurs, cet ouvrage est également
    le résultat de notre discours en tant qu’auteurs à avoir vécu
    les expériences qui apparaissent dans la BD et la manière dont nous
    mettons en parallèle l’histoire et le présent. »


    Enfin,
    Petra Dobruska a tenu à réaliser une analogie entre l’histoire
    d’Anina et la pandémie. « Concernant Anina et la pandémie, c’est très intéressant
    parce que je crois que tout comme la ville a connu un changement
    radical, nous assistons aussi actuellement à un changement radical,
    un changement mondial, un changement qui nous concerne tous et il me
    semble en quelque sorte que l’histoire d’Anina peut être
    l’histoire de nous tous, de tout endroit qui a connu des
    changements majeurs. Nous croyons en fait que par le biais de la BD
    on peut empathiser avec certains sujets et que la BD est un moyen qui
    vaut la peine d’être exploité et développé. »


    Notons
    que le projet du livre de BD « Du souterrain à la surface -
    l’histoire d’une ville post-industrielle » bénéficie aussi
    d’une campagne de financement participatif. Vous pouvez donc
    contribuer, vous aussi, à la publication de ce volume pour recevoir
    des récompenses inédites. Détails sur www.sprijina.ro
    ou sur la page Facebook de l’Association Bloc Zero.

  • Le musée de la civilisation urbaine de Brasov

    Le musée de la civilisation urbaine de Brasov

    Eh bien, si en hiver les pistes de ski de Poiana Brasov sont bondées de monde, tout comme la rue piétonne du centre-ville à la belle saison, vous pouvez passer quelques heures à découvrir la Musée de la Civilisation urbaine de Brasov. Celui-ci fait partie du musée d’ethnographie de la ville, et dispose de deux locaux dans la ville et de deux autres ailleurs dans le même département : le musée d’ethnographique de Sacele et le musée d’ethnographie Gheorghe Cernea de Rupea.

    Le musée de la civilisation urbaine de Brasov est aménagé dans un important monument d’architecture civile, représentatif du style des espaces commerciaux publics et privés des villes transylvaines des 16e et 19e siècles, affirme Bogdana Belmus, la responsable des relations publiques de cette institution culturelle : « Nous vous invitons à découvrir un immeuble avec des fenêtres et des portes aux encadrements en pierre et aux voutes qui spécifiques de l’époque de la Renaissance. Ce bâtiment a été entièrement reconstruit en 1566, date découverte sur un encadrement en pierre lors de récentes recherches et restaurations. On peut parler d’un sous-sol unique, joliment aménagé qui dispose d’un mur d’origine, en pierre brute, avec une voute en brique. Cet espace a été utilisé en tant que cellier pour préserver les marchandises qui transitaient la région. D’ailleurs, nous avons essayé de recréer un tel espace, avec des marchandises, et d’expliquer aux visiteurs comment était l’atmosphère de l’époque. La ville de Brasov était un centre important, véritable porte d’accès entre l’est et l’ouest, entre l’Orient et l’Occident. »

    Le musée possède à l’étage un atelier de photographie qui constitue une véritable fresque de la société locale de la fin du 19e siècle. Ecoutons Bogdana Balmus : « Ici les touristes peuvent rencontrer deux photographes d’exception de la ville de Brasov : Leopold Adler et Carl Muschalek. « La pièce de résistance » de cet atelier photographique est un appareil photo du 19e siècle ayant appartenu à Carl Muschalek. Ce superbe appareil photo en bois utilisait des plaques en verre et les visiteurs qui franchissent notre seuil, ne ratent aucune occasion de se faire photographier auprès de cet appareil. Les deux grands photographes ont travaillé pendant des dizaines d’années dans l’atelier du centre de Brasov et immortalisé toute la diversité de la bourgade. On peut identifier des Saxons, des Roumains, des Magyars et des Juifs dans différentes hypostases de leurs vies. Une autre zone intéressante est celle qui inclut la chambre d’enfants, le salon du patricien, mais aussi la reconstitution de la Rue de la République comme elle est connue de nos jours. Il possède un élément important de l’époque : les tissus et les vêtements. Et là, je parle surtout des créations vestimentaires de l’époque. Nous avons reconstitué un magasin, des ateliers de broderie, une section de broderies anciennes, illustrant entre autres les instruments utilisés pour produire des tissus. »

    Le musée de la civilisation urbaine de Brasov est un espace qui demeure dynamique, malgré les temps difficiles auxquels nous sommes confrontés. Bogdana Balmus, responsable du Bureau des relations publiques explique : « A cause de la pandémie et de la situation sanitaire à laquelle nous nous confrontons, nous accordons une attention particulière aux mesures d’hygiène, assurant la distance physique lorsque les visiteurs traversent notre seuil. En février dernier, à l’occasion de la fête roumaine de l’amour, le Dragobete, nous avons organisé à l’intérieur de l’atelier de photographie, un évènement très important. Les gens des lieux sont venus chez nous, vêtus d’habits traditionnels spécifiques de la région pour participer à une séance de photographie dans ce studio aménagé comme au 19e siècle. D’ailleurs, ce ne fut pas l’unique événement organisé durant cette période. Nous avons offert aux artistes de Brasov un espace d’expositions nouveau, non conventionnel, adapté au contexte et aux restrictions imposées, essayant d’offrir une nouvelle voie de dialogue entre le monde de l’art et le public de Brasov. Ce qui plus est, nous avons organisé l’exposition « Le luxe nécessaire, bijoux et accessoires pour la jeune mariée. », une exposition à part, ouverte jusqu’au début d’avril ».

    Voilà donc, le nombre des destinations dans le département de Brasov ne cesse de se multiplier offrant des alternatives aux loisirs et destinations archiconnus. A bientôt ! (Trad. Alex Diaconescu)

  • Citadins vers un mode de vie hybride

    Citadins vers un mode de vie hybride

    Petit fils d’une famille vivant à la campagne, Octavian Viorel a décidé de s’installer dans son village natal pendant la pandémie. Il a découvert que, dans le calme et la vie patriarcale qu’il y avait trouvés, les échanges avec des gens comme lui, ayant vécu en ville, lui manquait. C’est pourquoi il a lancé un mouvement de repeuplement de son village auquel ont déjà adhéré plusieurs familles. Octavian Viorel nous parle de son projet : « Citadins ». L’idée du projet est née au village. Je suis un citadin qui a fui la pandémie ; je me suis réfugié dans le village de mes grands-parents – Slătioara, dans le comté de Vâlcea. Là, je me suis rendu compte que malgré tous les avantages que le village m’offrait, il comportait un désavantage : la communauté. Je n’y trouvais pas de gens comme moi, avec lesquels je puisse faire des échanges et partager mes loisirs. Alors, secondé par un ami originaire du même village et vivant, comme moi, en ville, nous nous sommes adressés à la mairie, pour savoir si les autorités locales étaient intéressées de promouvoir le village en vue d’y attirer des gens vivant en ville. Après, nous avons cherché un financement et nous l’avons trouvé. Nous avons constitué un groupe de recherche et nous avons étudié le village du point de vue du citadin qui souhaiterait s’y installer à la campagne.

    Sachant que les Roumains se plaignent souvent de l’infrastructure précaire du pays, Octavian Viorel a cherché les désavantages d’un tel déplacement de la population urbaine vers la campagne. D’un côté, nous avons découvert chez les gens des villes un immense besoin de nature et de liberté que le village satisfait pleinement. D’autre part, à Slătioara, le village où j’habite en ce moment, j’ai trouvé une infrastructure moderne, européenne : routes asphaltées, eau courante, Internet haut débit, accès aux services de courrier et des habitants heureux d’accueillir de nouveaux voisins. Pour l’instant, je ne vois que les bons côtés de ce déménagement. Le seul désavantage reste la structure sociale vieillie du village. Confinés par la pandémie, de plus en plus d’habitants des villes, enfermés entre les murs de leur appartement, rêvent d’une vie en plein air. La tendance est générale, nous n’avons fait que tirer les conclusions. De plus en plus de personnes viennent au village et demandent s’il y a des maisons à vendre ou des terrains où ils puissent construire une maison. Nous avons examiné avec le maire les pas à suivre pour faciliter aux nouveaux venus l’accès à l’information sur les maisons ou terrains disponibles.

    Quels sont les buts que se proposent les initiateurs du projet et ses avantages pour le village, en général ? Octavian Viorel. Par l’arrivée de nouveaux habitants, le village grandira. La moyenne d’âge baissera, il y aura plus de personnes actives. Ces gens-là arriveront au village avec des idées et des habitudes acquises dans le milieu urbain. Nous pensons qu’ils développeront de petites affaires, utilisant les ressources de la zone, et la commune en profitera. Ainsi, les nouveaux venus seront le moteur du développement local dans les prochaines années. Il ne s’agit nullement d’exhorter les gens à quitter la ville pour s’installer à la campagne, mais plutôt de leur faire savoir que, s’ils souhaitent le faire, ils seront encouragés et bien accueillis – nous assure Octavian Viorel, qui mène à présent avec sa famille une vie hybride village-ville. Nous vivons une vie hybride. C’est comme dans l’enseignement, si je puis dire. Mes enfants apprennent à Bucarest, où leur formation est hybride : une semaine il vont à l’école, une semaine ils ont des cours en ligne. Cette semaine nous sommes tous en ligne – ma femme et moi aussi, nous travaillons de chez nous. Pour le moment notre vie est partagée entre le ville et le village. C’est ce que nous conseillons à ceux qui souhaitent quitter la ville pour s’installer à la campagne. La vie au village est différente de celle de la ville. Elle suppose plus de travail physique, un programme peut-être moins dépendant de l’heure et plus dépendant de la nature et de la période de l’année. A ceux qui souhaitent faire ce pas, nous leur suggérons d’essayer tout d’abord, pendant un mois ou deux, la vie à la campagne. Moi, je suis originaire du village, j’y ai passé une partie de mon enfance et mes vacances, je sais ce que c’est que de vivre à la campagne. Mon père, qui est à la retraite, mène la même vie hybride, partagée entre la ville et le village, et il me conseille, me faisant savoir ce que ma maison et la petite ferme qui l’entoure ont besoin que je fasse.

    Une idée qui tombe bien en ce moment où l’automne nous séduit avec l’odeur de feuilles, des légumes en saumure et de la zakouska fraîchement préparée.

    (Trad. : Dominique)

  • A la découverte d’Arad

    A la découverte d’Arad

    Nous allons tout d’abord découvrir le chef – lieu éponyme, qui s’enorgueillit d’un riche patrimoine culturel et historique. Véritable musée en plein air, la ville d’Arad interpelle par la variété des styles architectoniques de ses édifices, remontant aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Pourtant, les alentours de la ville valent eux aussi le détour.

    Un de nos guides, Levente Bognar, est adjoint au maire de la ville d’Arad. Il passe en revue les atouts de cette destination touristique. « Porte d’entrée de la Roumanie, ouverte à l’Occident, Arad est une ville multiethnique et multiconfessionnelle. Les différentes ethnies qui cohabitent en bonne harmonie lui confèrent un volet multiculturel aussi, présent depuis des siècles. Nous avons un riche patrimoine architectural, de beaux édifices majestueux, miroir de l’histoire de la ville vielle de plus de 200 ans. Arad est également une ville dynamique, de par sa tradition industrielle. Il suffit de rappeler que c’est là que fut fabriquée la première auto de la région, baptisée Márta. Je recommande aussi aux visiteurs de se rendre au centre-ville, histoire d’admirer le bâtiment qui abrite l’Hôtel de Ville, ensuite le Palais de la culture, récemment restauré et où la Philharmonie d’Arad donne des concerts. Nous avons aussi des espaces culturels de niveau européen et une offre étoffée de loisirs. Nous espérons introduire bientôt dans le circuit touristique la Cité d’Arad. Dressée entre les années 1760-1780, elle est demeurée intacte. »

    Si vous êtes de passage à Arad, nous vous conseillons de visiter le Palais Administratif, un des bâtiments les plus imposants de la ville et sans doute la plus belle mairie de Roumanie, affirme Ralu Cotrău, porte parole de la municipalité: « Toujours au centre-ville, on peut admirer le Théâtre « Ioan Slavici » et le Palais de la culture, récemment restauré, dont l’intérieur somptueux est d’une beauté à couper le souffle. La Tour d’eau est un autre site intéressant; du haut de ses 35 mètres, on peut découvrir un magnifique panorama de la ville. Un large espace d’expositions s’y étale sur cinq niveaux. A ne pas rater, non plus, les bâtiments anciens et les palais de la ville, notamment ceux qui se trouvent le long du boulevard de la Révolution: le palais Neuman, le Palais de la Justice et le Palais de la Banque centrale, autant d’exemples raffinés d’architecture éclectique ou néoclassique. S’y ajoute la cité d’Arad, une forteresse transylvaine de style Vauban et la Maison au cadenas ou Maison aux boulets ainsi appelée en raison des 17 boulets de canons encastrés dans ses murs. »

    Arad compte de nombreuses églises, pour la plupart baroques: l’église du monastère Saint Siméon le Stylite, l’Eglise serbe St. Pierre et Paul, ou la cathédrale Saint Antoine de Padoue, bâtie en 1904, dans le style Renaissance. Ecoutons à nouveau Ralu Cotrău, porte parole de la municipalité d’Arad : Nous vous conseillons également de visiter également le Parc de la Réconciliation, le Musée d’art et d’ethnographie « Eugen Popa», le bâtiment de la première école pédagogique roumaine de Transylvanie, appelée « Preparandia » et le Musée de la confiserie. A cela s’ajoutent la vieille cathédrale et la Gare, elle aussi remise à neuf. Enfin, je ne saurais oublier de mentionner le fait qu’à longueur d’année, la ville d’Arad accueille une centaine d’événements culturels et artistiques.

    Parmi ces événements figurent la Fête de la ville, célébrée au mois d’août et qui s’étale sur dix jours ou encore la Foire de Noël. Les alentours de la ville sont tout aussi attrayants. Parmi les sites à visiter il convient de mentionner le Musée de lavigne et du vin de Ghioroc, qui recèle plus de 50.000 bouteilles de vins de différents âges et cépages : Riesling, Mustoasă, Fetească, vin Rouge de Bourgogne, Cabernet, Merlot. Les vedettes de la collection sont quelques bouteilles de Riesling italien de 1926. A Ghioroc se trouve aussi un Musée du tram électrique – pas du tout par hasard, car c’est ici qu’a été créée la première ligne de tram électrique d’Europe Orientale et la 8e au monde. On peut prendre aujourd’hui encore l’ancien tram du vignoble, appelé la « Flèche Verte ».

    Levente Bognar: Dans le vignoble d’Arad on produit surtout le vin connu sous le nom de Cadarca de Miniș, mais aussi d’autres variétés que l’on peut déguster sur place. Tout près, il y a l’église Maria Radna, récemment rénovée et qui est un véritable lieu de pèlerinage et puis des cités médiévales. Au nord de la contrée, on peut visiter le monastère de Hodoș-Bodrog et celui de Gai.

    Le Centre d’information et de promotion touristique de la ville d’Arad met à la disposition des touristes des cartes et des matériels en roumain, anglais, hongrois et allemand. Cette rubrique a été réalisée avec l’appui du Département pour les relations interethniques au sein du gouvernement roumain. (Trad. Mariana Tudose)

  • Les parents prennent l’initiative!

    Les parents prennent l’initiative!

    Une ville comme Bucarest, surpeuplée, polluée et habitée par des gens pressés et tracassés justement par les problèmes de la vie urbaine, semble difficile à changer pour en faire un espace amical pour les enfants – et les parents, bien sûr. Et si c’était quand même possible, cela dépendrait beaucoup de l’implication citoyenne des gens. L’initiative Grow Up Romania le prouve. Ce projet a été lancé en 2016 par un groupe informel de parents animés d’un grand sens civique, qui souhaitaient faire de la ville de Bucarest un espace propice pour élever des enfants et qui étaient conscients du fait qu’exprimer leur mécontentement en privé ne suffisait pas pour résoudre les problèmes. Il fallait saisir les autorités, dont le devoir est d’apporter des changements positifs à la ville. Dana Ostacie et Alma Cazacu, deux jeunes mamans qui, à part leurs activités professionnelles et domestiques, trouvent du temps pour faire du bénévolat, comptent parmi ces parents. Leur but est de mobiliser d’autres parents pour tâcher de résoudre ensemble leurs problèmes communs.

    Quels sont ces problèmes ? Alma Cazacu répond : « Bucarest est une ville en souffrance. Il est impossible de la traverser pour aller du point A au point B sans rencontrer des détritus jetés sur les trottoirs ou d’autres obstacles, sans passer à côté d’aires de jeux en mauvais état etc. Nous avons proposé un questionnaire aux parents de notre groupe informel en ligne. Selon leurs réponses, le problème le plus fréquent auquel ils se confrontent est la présence des voitures garées sur les trottoirs entre lesquelles on ne peut pas faire passer une poussette en toute sécurité. 64% des parents qui ont répondu au questionnaire ont signalé cet aspect. 57% des parents interrogés sont mécontents du manque des toilettes publiques prévues de tables à langer et d’espaces où l’on puisse entrer avec la poussette. 48% des parents signalent l’absence des rampes ou d’engins pour monter une poussette dans les transports publics. Enfin, 44% se plaignent des aires de jeux publiques sales et en mauvais état, qui mettent en danger la sécurité et la santé des enfants. Nous tentons, nous, de créer une sorte de pont entre les citoyens et les responsables, car les citoyens ont la sensation que tout doit être solutionné par les autorités, sans qu’ils leur présentent ces problèmes ; et ils ne savent pas, non plus, que ces problèmes doivent être signalés d’une certaine façon. »

    Un nombre significatif de parents bucarestois n’ont pas tardé à se mobiliser et commencer à adresser des pétitions aux mairies des 6 arrondissements de la capitale.

    Dana Ostacie détaille : « En très peu de temps, la communauté Grow Up Romania a réuni 7.000 membres sur sa page Facebook. Un groupe de volontaires s’est également constitué. Notre principale activité consiste à mobiliser les gens, pour qu’ils agissent à leur tour. Avant tout, nous leur offrons des informations – par exemple sur la façon de déposer une pétition citoyenne. Au début, nous avons déposé, nous, plusieurs pétitions concernant l’espace public et nous avons appris où adresser une certaine demande pour que celle-ci ne soit pas renvoyée d’une institution à l’autre et que des mois entiers s’écoulent avant que le problème en question ne soit résolu. Par conséquent, nous avons rédigé un petit guide pour tout le monde, accessible en ligne, qui simplifie une démarche de ce genre. En 5 minutes on envoie un email contenant des photos prises sur place et on a toutes les chances de voir le problème pris en compte et résolu. »

    Découragés jusqu’ici par la bureaucratie et sceptiques quant à l’amabilité et à la bonne volonté des fonctionnaires, les Bucarestois ont repris courage suite au succès de plusieurs demandes formulées par les membres de la communauté Grow Up Romania. Voici quelques exemples de problèmes traités suite à leurs démarches : passages piétons repeints, déplacement d’un poteau se trouvant au milieu d’un arrêt de bus et qui entravait le passage d’une poussette, éclairage d’une aire de jeux dans la zone du Parc Carol où, en hiver, en soirée, les enfants ne pouvaient plus jouer à cause de l’obscurité.

    Dana Ostacie précise : « L’important, c’est que les gens insistent. L’idéal serait que plusieurs personnes de la zone respective signalent le même problème par des pétitions. Plus elles sont nombreuses, plus le problème a des chances d’être classé parmi les priorités. A présent, il n’est plus difficile du tout d’envoyer une pétition, surtout par email. Nous avons seulement dû motiver les gens et les faire gagner un peu en confiance par des exemples positifs. Après avoir présenté nos réussites et posté les données de contact des responsables, après leur avoir indiqué à qui s’adresser et fourni des modèles de pétition, les demandes ont commencé à affluer. Nous nous félicitons de ce que les gens s’impliquent et qu’ils nous envoient des photos pour nous présenter leurs réussites. »

    Toutes les demandes ne sont pas résolues ou résolues rapidement. Cela dépend de la mairie ou de l’arrondissement. L’important, c’est qu’une fois réveillé, cet esprit civique ne perde pas de sa vigueur. En outre, il faut que, toujours par implication civique, les citoyens s’entraident. Grow Up Romania a lancé, à cette fin, ses propres campagnes, exhortant par exemple les gens à ramasser les excréments de leurs chiens quand ils les promènent dans les rues ou dans les parcs, à attirer l’attention des chauffeurs qui garent leur voiture sur le trottoir et à respecter l’hygiène pour tous.

    « Nous voulons faire comprendre aux gens que le bien-être des familles d’une ville dépend aussi du comportement de chacun de ses habitants », affirme Alma Cazacu : «Dans nos campagnes, nous avons opté pour des messages non agressifs. D’habitude, les réactions des parents face aux chauffeurs qui garent leur voiture sur les trottoirs sont très agressives. Nous sommes d’avis, nous, que l’éducation ne se fait pas de manière agressive, c’est pourquoi nous avons conçu des flyers expliquant aux chauffeurs que pour les parents avec un bébé en poussette et pour les personnes touchées par des déficiences, il est difficile de circuler sur des trottoirs encombrés de voitures. Le plus important, c’est de ne pas oublier qu’en descendant de voiture, les chauffeurs deviennent, à leur tour, piétons. Avec les maîtres et les maîtresses des chiens cela a été plus difficile. Pour éviter de nous adresser directement à eux, en leur donnant l’impression de les accuser, nous avons collé des affiches, les priant de ramasser les excréments de leur chien. Nous n’avons pas l’intention d’accuser qui que ce soit, nous souhaitons seulement leur faire comprendre qu’il n’est pas normal de laisser des ordures traîner derrière soi. »

    Quant à ses projets d’avenir, Grow Up Romania poursuivra se démarches visant à faire de la capitale roumaine une ville amie des parents et des enfants, en impliquant ses habitants dans la solution de leurs problèmes. (Trad. : Dominique)

  • Block Party à Bucarest

    Block Party à Bucarest

    Livres proposés à la lecture, disposés dans la rue sur une installation innovante, lecture de poésie contemporaine et tours guidés du quartier, délices culinaires préparés par Chef Liviu Lambrino et étalés dans la cour sur une table pour 30 personnes. Au milieu de la rue : Paul Dunca, acteur, performeur et chorégraphe, la musique de Jim Felix et des projections de films en plein air – voilà quelques-unes des attractions du premier week-end du mois d’octobre organisé dans la rue, au centre de Bucarest. Edmund Niculuşcă, président de l’Association roumaine pour la culture, l’éducation et la normalité ARCEN, initiateur du projet Block Party, explique : « Nous métamorphosons la rue, nous y créons plusieurs espaces. Pendant toute une journée, il se passe bien des choses rue I.L. Caragiale : nous y amènerons une partie de l’exposition « Mnemonix », qui a représenté la Roumanie à la Biennale d’architecture de Venise. Y sera également présent le projet « Devant le bâtiment de logements », qui rassemble tous les jeux de l’enfance dans un seul livre. Block Party est une fête du jeu, de la danse, du dialogue. »

    Assis sur des chaises ou des chaises longues et enveloppés dans des couvertures, dans la rue couverte de tapis, les visiteurs ont bénéficié d’une salle de séjour agrandie, meublée d’étagères pleines de livres. Une installation innovante incitait les personnes présentes à choisir parmi une vingtaine de titres : à l’extrémité d’une tige métallique fixée dans une brique se trouvait une plaque sur laquelle reposait un livre. En enlevant le livre, le lecteur trouvait sur la plaque, résumée en cinq lignes, la raison pour laquelle on recommandait la lecture de ce livre. Quelle est l’idée du projet ? Edmund Niculuşcă: « Bucarest avait besoin d’un centre à la fois historique et culturel, et la zone Icoanei peut être un tel centre : c’est une zone historique, elle est située au centre-ville et elle a ce potentiel culturel qui peut créer une vie différente à l’intérieur de la ville. C’est un centre historique d’une autre facture. »

    L’histoire y a une valeur culturelle et elle souhaite se faire connaître. Edmund Niculuşcă: « La rue Caragiale deviendra partenaire du projet District 40. L’Institut français, l’Ecole Centrale, Le Hotspot culturel Scena 9, la librairie Cărtureşti et le Centre international de recherches dans le domaine de l’éducation CINETic sont déjà partenaires du projet District 40 et si, lors de la Nuit des Musées, toutes ces institutions ont organisé des projets dans leurs propres espaces culturels, à présent ces espaces culturels se donnent rendez-vous dans une seule rue, prouvant que la collaboration est possible et rendant l’impossible possible à réaliser. »

    La poétesse Nora Iuga a rejoint les Bucarestois, rue Caragiale, pour une lecture de ses poèmes. Y ont également été présents Romeo Cuc, commissaire du projet MNEMONICS, l’architecte Şerban Sturdza et le fondateur des librairies Cărtureşti, Şerban Radu. En débat, dans la rue, entre autres, un des projets qui a joui d’un grand succès et qui visait à familiariser le public avec les zones protégées de la capitale. Alberto Groşescu, vice-président de l’Association roumaine pour la culture, l’éducation et la normalité, explique: « Parmi tous les projets que notre association a menés jusqu’ici, celui-ci semble être le plus dynamique, il s’est développé le plus. Initialement, en 2015, nous avions recensé deux zones habitées protégées. Depuis, je me suis rendu compte que le paysage urbain changeait vite et que les zones protégées étaient peu connues des Bucarestois, ce qui m’a donné l’idée de sauver tout ce que l’on pouvait au niveau de l’image. En 2016, nous nous sommes proposé de dresser un inventaire de 98 zones habitées protégées et nous avons recensé environ 14.500 immeubles. L’élaboration de la méthodologie a duré 8 mois et nous avons bénéficié du concours de plusieurs professeurs de l’Université d’architecture « Ion Mincu », de spécialistes de l’Institut du Patrimoine et de l’Ordre des Architectes de Roumanie. »

    Nous nous sommes glissés, nous aussi, parmi les visiteurs, pour connaître leurs impressions sur Block Party. Dana, 43 ans, y est venue avec son fils : «Nous avons lu la nouvelle sur Internet et nous sommes venus voir ce qui s’y passait. Et nous avons découvert des gens qui nous ressemblaient, des livres et un endroit calme, comme il n’y en a pas beaucoup à Bucarest. Les gens qui nous ressemblent sont des gens qui aiment le calme, les livres et la ville de Bucarest telle qu’elle est ici et non pas le Bucarest chaotique. » Radu, le fils de Dana, a 13 ans. Pourquoi est-il venu à la Block Party ? « J’étais curieux de voir ce qui s’y passait. C’est agréable de se détendre ainsi, un jour de dimanche, assis sur une chaise longue, d’échapper au stress, de lire. Peu de mes collègues viendraient à de tels événements. »

    Les deux soirées se sont achevées dans la bonne humeur, avec quelques dizaines de personnes dansant dans la rue, après une mise en forme avec Paul Dunca. Parmi les questions existentielles lancées sur la musique, il y a eu une qui a retenu notre attention : « Combien d’années vous êtes-vous proposé de vivre ? Votre réponse a changé, n’est-ce pas, avec le temps ? » Or, le temps passé à Block Party semble avoir justement suspendu le temps. (Trad. : Dominique)

  • L’histoire de la périphérie bucarestoise

    L’histoire de la périphérie bucarestoise

    Développé en tant que ville marchande autour de l’actuel centre historique symbolisé par la rue Lipscani, Bucarest s’étendait initialement vers le sud, sur les rives de la Dâmboviţa, au-delà de la colline de l’église métropolitaine. L’extension de la future capitale roumaine a ensuite continué à travers les siècles, vers tous les points cardinaux. L’administration ne s’est pas préoccupée de la réglementation du régime des constructions qui se multipliaient à la périphérie pour accueillir des membres des couches sociales moins aisées. Et pourtant, vers la fin du 19 siècle, quelques actes normatifs, qui cherchaient à y mettre de l’ordre, sont adoptés notamment pour imposer une série de normes d’hygiène publique.

    L’application de normes d’urbanisme dans ces endroits a été longtemps ignorée, affirme l’architecte Irina Calotă, auteure du livre « Au-delà du centre. Politiques du logement à Bucarest (1910 – 1944) » « Tout au long du 19e siècle, la ville s’est confrontée au problème de l’élargissement au-delà de ses confins. Malgré une certaine limite administrative, la ville ne faisait que s’étendre. Il y avait une différence très claire entre les confins administratives et les celles d’un tissu qui se construisait constamment. En l’absence des fortifications que possédaient d’autres villes européennes, Bucarest tentait d’imposer un autre genre de borne physique : un boulevard périphérique. Il fut suivi par un boulevard périphérique doublé d’une esplanade dont le but était le même : empêcher que la ville se développe au-delà de ses limites. Mais pourquoi ces initiatives étaient-elles nécessaires ? Eh bien, l’administration voulait se concentrer sur le développement et sur la modernisation du centre-ville alors que la périphérie devait attendre des interventions ultérieures, lorsque le budget de la ville aurait pu couvrir un tel investissement. Bref, les autorités ne faisaient qu’ignorer la situation. »

    Après 1890, cette mentalité commence à changer, tandis que la ville s’étend massivement vers le nord et puis vers l’est. En fait, 1895 marque le début de la réglementation d’une périphérie bucarestoise durant le mandat du maire Nicolae Filipescu. Ce fut lui qui décida d’inclure dans la ville les villages avoisinants, collés de toute façon à la capitale, pour qu’ils respectent également les réglementations d’urbanisme en vigueur à l’époque. D’ailleurs, les normes ne font plus aucune différence entre le centre et la périphérie et les règles concernant l’alignement des immeubles et la délimitation des propriétés s’appliquent désormais à la ville entière.

    La réglementation et l’administration de la périphérie s’intensifient après la Première Guerre Mondiale et le premier plan d’aménagement de la ville, précurseur du Plan d’urbanisme général d’aujourd’hui, est adopté en 1921. Il concernait notamment la périphérie, soit tous les quartiers qui se développaient au-delà du centre-ville. L’architecte Irina Calotă explique : « De larges superficies de terrain existaient aux confins de la ville et jusqu’en 1928 les règlements ne visaient point l’emplacement des maisons sur la propriété. Cet aspect a toujours été lié à des pratiques vernaculaires. Autrement dit, c’était une tradition issue du monde rural. Ces propriétés de grandes dimensions étaient souvent partagées en lots plus petits pour aboutir à des propriétés longues et étroites. C’est pourquoi, les immeubles étaient, eux aussi, longs et étroits. Les maisons avaient une seule pièce avec vue sur la rue et une entrée sur un côté. Selon les besoins du propriétaire, la maison subissait des modifications et des élargissements successifs vers l’intérieur de la propriété, pour générer ce que l’on appelle de nos jours « maisons wagon », spécifiques pour la ville de Bucarest. »

    Hormis Nicolae Filipescu, un autre maire très important a été Vintilă Brătianu, explique Irina Calotă. « Durant la première décennie du 20e siècle, Vintilă Brătianu démarre et mène à bien des travaux publics et met sur pied des services communaux à la périphérie bucarestoise. Ce fut toujours durant son mandat de maire qu’a été fondée la maison communale, celle qui à partir de 1910 allait s’appeler la Société communale des habitations à loyer modéré, la première société publique destinée à la construction d’immeubles sociaux. L’administration de la ville avait compris un autre aspect : les simples mesures interdisant certaines habitudes dans le domaine du bâtiment ne suffisaient pas. Afin de résoudre les problèmes de logement, la mairie devait s’impliquer activement dans la construction d’habitations. »

    La société communale d’habitations à loyer modéré a fonctionné notamment en tant que société qui accordait des crédits immobiliers aux personnes aux revenus modestes, des ouvriers et des fonctionnaires publics. Entre temps, ladite société est arrivée à construire des quartiers entiers, conçus selon des règles d’urbanisme claires et conformément à une architecture unitaire. Ces maisons existent toujours à Bucarest dans les quartiers Drumul Sării, Vatra Luminoasă, Lacul Tei, soit des zones qui se trouvaient jadis dans la banlieue et qui sont actuellement des quartiers chic, très appréciés pour leur beauté.

  • Le Ploiesti d’autrefois

    Le Ploiesti d’autrefois

    À 60 km de Bucarest, sur la route vers la Vallée de Prahova, la région montagneuse la plus populaire de Roumanie, se trouve la ville de Ploieşti, la capitale de l’or noir, la ville de Moş Ploaie, le Vieux-Père Pluie, le siège de la première république roumaine, mais aussi… « la plus belle ville moche de Roumanie ». Cette dernière caractérisation se retrouve dans le titre d’un livre qui réunit les mémoires de plusieurs habitants de Ploieşti, ressuscitant le charme d’une ville qui a connu beaucoup de vicissitudes à travers le temps.

    À présent, « Ploieşti peut sembler une ville sans histoire. En fait, elle a eu la malchance d’être en même temps redevable au pétrole et condamnée par l’industrie du pétrole. L’or noir lui a apporté le développement fascinant du début du XXème siècle, mais c’est toujours à cause du pétrole qu’elle a trouvé son anéantissement », affirme l’historien Lucian Vasile, un des initiateurs du volume « Combien une ville moche peut être belle». En fait, l’histoire de Ploieşti n’a pas nécessairement commencé avec les riches gisements de pétrole brut qui se trouvaient à proximité. Comment était la ville de Ploieşti avant l’expansion de l’industrie pétrolière?

    Lucian Vasile répond: « Elle se trouvait au croisement de plusieurs routes commerciales et, par la suite, au XIXème siècle, le commerce a été la principale occupation des habitants de la ville. Et après, avec le développement des voies de communication entre Bucarest et la Transylvanie, Ploiesti est devenu un important nœud ferroviaire et de poste. La Gare du Sud était importante ; tous les chemins de fer qui partaient de Bucarest bifurquaient là et changeaient de route soit vers la Transylvanie, à l’ouest, soit vers la Moldavie, à l’est. Ploiesti, c’était plusieurs villes en une seule. Chacun de ses quartiers périphériques – les « mahalale » – avait sa propre identité.

    De nos jours, ce terme a une connotation péjorative, mais je ne suis pas d’accord avec cela. Les « mahalale » avaient une église dans leur centre et le nom de chacune provenait de cette église-là: la « mahala » de Sainte Vendredi, de Saint Démètre, celle de Saint Elie etc. »Dès la moitié du XIXème siècle, plus précisément après 1857 quand la première distillerie pétrolière y a été créée, une époque de prospérité a commencé pour Ploieşti. À peu près à la même époque, un mouvement antimonarchique a proclamé, en août 1870, la première république roumaine qui a eu la durée de vie de juste… une journée.

    Cela n’a pas empêché la ville de Ploieşti de connaître, au début du XXème siècle, la période la plus florissante de son histoire, visible aussi dans son architecture, selon Lucian Vasile: « Il y a cette compétition assez paisible entre le style néo-roumain et l’architecture moderniste, avec des accents Art déco. Toutefois, les deux tendances ont coexisté et Ploieşti, tout comme Bucarest, s’est fait remarquer par le contraste et la diversité de l’architecture. À coté d’un bâtiment avec des forts accents néo-roumains se trouvait un immeuble plus petit, moderniste, puis il y avait une villa datant du XIXème siècle et près d’elle, un autre bâtiment du style néo-roumain. Ce n’était pas une ville unitaire, mais c’était justement à cause de cela qu’elle avait un charme particulier. C’était une ville avec des ruelles tortueuses, étroites, ce qui était désagréable pour les habitants de cette époque-là. Mais pour nous, aujourd’hui, cela est plutôt pittoresque, fascinant et provoque beaucoup de nostalgie… »

    Tout naturellement, la prospérité a engendré la croissance et la diversification démographique de la ville. Lucian Vasile précise que : « Cette compétition architecturale était aussi un fruit de l’éclectisme démographique. La communauté ethnique la plus grande de la ville était représenté par les Juifs, une communauté dont le nombre a beaucoup diminué aujourd’hui, par comparaison avec la période de l’entre-deux-guerres. À l’époque, les Juifs représentaient environ 5% des habitants de la ville. De même, il y avait des communautés consolidées d’Allemands, d’Italiens, de Hollandais, de Britanniques ou de Français. Au XIXème siècle, surtout, il n’y avait pas beaucoup de spécialistes en Roumanie, dans des domaines tels que les produits pharmaceutiques, l’architecture ou le bâtiment. C’est pour cette raison que beaucoup de Magyars de Transylvanie et beaucoup de Saxons et d’Italiens sont venus ici et ont construit toute une série d’immeubles dans le département de Prahova et dans la ville de Ploieşti. »

    Fortement avariés pendant les bombardements de 1944, beaucoup de bâtiments historiques de Ploieşti n’ont pas été restaurés et les communistes ont préféré les démolir pour moderniser la ville. Cela a fait que Ploieşti soit la première localité systématisée de la Roumanie communiste, son aspect diversifié d’avant ayant été remplacé par l’uniformité stylistique des bâtiments et des immeubles avec des nouvelles habitations. La ville a été ainsi enlaidie, d’après certains. Pourtant, l’esprit d’autrefois des « mahalale » a perduré: les quartiers-dortoirs ont cohabité avec les maisons anciennes, qui ont survécu en même temps que certaines traditions typiques à la périphérie, où le rural rencontrait l’urbain. (trad. Nadine Vladescu)

  • Timisoara, ville culturelle

    Timisoara, ville culturelle

    Ville aux multiples communautés (roumaine, allemande, serbe, magyare,
    croate, slovaque, bulgare), Timisoara est un des endroits incontournables pour
    tout voyageur désireux d’explorer la Roumanie. Si vous voulez enrichir votre bagage
    culturel, Timisoara est pour vous! Inscrivez-la sur la liste de vos prochaines
    destinations de vacances!




    Pour bien préparer votre séjour, écoutez les propos de Lucia Solomon à
    la tête du Bureau de tourisme de la ville : « Je profite de
    l’occasion pour vous parler des festivals annuels qui se déroulent à Timisoara
    et je voudrais commencer par Timfloralis. C’est un événement qui a lieu chaque
    printemps, vers avril-mai, au moment où les tulipes sont en fleurs et donnent
    de la couleur à la ville tout entière. C’est un moment festif, des artistes
    fleuristes roumains et étrangers se rendent sur place pour décorer de leurs
    créations le centre ville. Il y a ensuite le Festival de jazz qui se déroule
    chaque année, début juillet, parallèlement au Festival des Cœurs qui met à
    l’honneur la chanson traditionnelle. Et puisque l’on parle musique, il convient
    de préciser que les mélomanes, eux aussi, ont droit à leur propre festival de
    musique d’opéra. Pour la bonne bouche, j’ai laissé Bega Boulevard, le grand festival
    de la ville qui doit son nom à la rivière qui traverse Timisoara. »






    Avec 13000 bâtiments classés monuments historiques sur un
    total de 15000, Timisoara détient le plus important patrimoine d’édifices
    historiques de Roumanie. C’est aussi l’unique ville d’Europe dotée de trois
    théâtres avec des répertoires en trois langues différentes – roumain, hongrois
    et allemand. A ces trois institutions de culture d’autres viennent
    s’ajouter : un opéra, une Philharmonie, un théâtre de la jeunesse et un
    autre de marionnettes. Comme vous pouvez le remarquer, un véritable régal pour
    les passionnés de culture.




    Lucia Solomon, du Bureau de tourisme de Timisoara : « Effectivement, c’est une ville moderne, très
    ouverte, qui impressionne par la belle architecture de ses édifices
    historiques, à commencer par ceux construits au XVIIIe siècle, en continuant
    par ceux qui renvoient au style Art nouveau et en finissant par ceux de la
    période moderne. D’ailleurs, même de nos jours, la construction de la
    ville continue».






    Pour vos futures
    vacances à Timisoara, le Bureau de tourisme de la ville vous propose un séjour
    de trois jours en formule demi-pension dans un trois ou quatre étoiles, avec le
    tour de la ville, le transfert depuis et vers l’aéroport et un verre de vin
    chaud à l’arrivée, le tout compris dans le tarif de 130 euros. En plus, à la
    différence d’autres destinations de vacances, Timisoara se prête à merveille à
    des vacances au mois de décembre.






    Lucia Solomon :
    « Ouvert du 1er décembre au 7 janvier, le marché de Noël est l’un des
    incontournables de la ville en cette période de l’année. Les enfants auront la
    chance d’y rencontrer Saint Nicolas et Père Noël, tandis que les adultes
    pourront goûter aux produits traditionnels vendus par les fermiers autochtones
    dans les petites maisonnettes en bois spécialement aménagées. Nous avons aussi
    une scène qui accueillera des spectacles les 15 et 22 décembre. Et puis, pour
    le réveillon du Nouvel an, on a prévu de faire la fête au centre-ville aux
    rythmes de la musique live. Pour les mélomanes, l’Opéra et la Philharmonie
    auront les portes ouvertes. Comme vous voyez, autant de raisons de fêter le
    Nouvel an avec nous, à Timisoara! »






    Si vous êtes plutôt
    technique, hé bien, figurez-vous que c’est à Timisoara que se trouve la plus
    ancienne centrale hydraulique fonctionnelle d’Europe.




    Emil Serpe, PDG de la
    société Colterm, chargé de son administration: « Comme vous avez eu l’occasion de le remarquer, Timisoara est
    une ville des innovations puisque c’est ici que l’on a inauguré en 1909 la première
    centrale hydraulique du pays. Cela a permis l’alimentation en électricité d’une
    bonne partie de la ville. A l’heure où l’on parle, il nous reste deux turbines
    toujours en service sur les trois originales, mises en fonction à l’époque par
    l’ingénieur Laszlo Szekely. D’ailleurs, comme l’architecture de la construction
    a été préservée, une visite sur place vous donnerait l’occasion de faire une
    véritable incursion dans le passé de la ville. Et puisque j’ai eu la surprise
    de constater qu’ils sont peu nombreux les habitants de Timisoara à connaître
    l’existence de cette centrale, j’ai décidé de l’inclure sur la liste des
    monuments à découvrir lors d’un tour technique de la ville à imaginer dans la
    perspective du projet Timisoara – capitale européenne de la culture. »






    L’occasion
    pour les touristes d’admirer les anciens équipements datant de 1909, affirme
    Emil Serpe: « Les visiteurs pourront admirer les anciens
    engins électriques, le pont en bois, les balises. Il y a même un petit musée
    technique qui préserve le style architectural de l’époque. Les touristes sont
    les bienvenus chaque dimanche, à commencer par le 1er décembre, pour découvrir
    aussi bien un musée intéressant qu’une partie de l’histoire de la ville. »






    Quelques années avant qu’elle ne devienne capitale européenne, Timisoara se
    prépare. Lucia Solomon, coordinatrice du Bureau de tourisme de Timisoara :
    « La ville change de visage en permanence grâce à ses habitants qui
    s’activent de plus en plus, surtout maintenant, qu’ils ont appris que leur ville
    sera capitale européenne. Une association a été créée en ce sens justement pour
    imaginer des projets à mettre en place d’ici 2021. On vous attend donc nombreux
    à nous rendre visite, à Timisoara! Vous ne serez pas déçus! »






    L’invitation vient d’être lancée. Il ne vous reste plus qu’à trouver les
    meilleurs vols. (Trad. : Ioana Stàncescu)

  • Bucarest littéraire. Six lectures possibles de la ville.

    Bucarest littéraire. Six lectures possibles de la ville.

    Le nouveau volume signé Andreea Rasuceanu, « Bucarest littéraire. Six lectures possibles de la ville » est un livre-expérimentation sur les inépuisables relations qui se créent entre la ville et sa projection littéraire, entre la vision de lauteur et celle du lecteur, entre les différents plans intérieurs de la ville et les différentes manières de décrypter le paysage urbain. « Remarquable critique littéraire, Andreea Rasuceanu propose une image de Bucarest résultant de la lecture dune série de romans signés par des auteurs représentatifs pour la littérature roumaine daujourdhui. Les lectures proposées par ce livre constituent une initiative importante qui ouvre la voie dune nouvelle méthode de recherche : la géocritique », affirme lécrivain, critique et historien de la littérature Cornel Ungureanu.



    La critique littéraire Andreea Rasuceanu explique lidée de son livre: « Ce qui ma intéressée, cétait lidée même de ville. La ville en tant que construction, la ville en tant quobjet fascinant, la ville en tant que notre deuxième corps que nous ne pouvons pas ignorer. Ce fut lidée à la base de notre recherche, cest pourquoi lidée de géographie littéraire ma intéressée dès le début. Et je me suis proposé daccomplir deux objectifs, que jai mentionnés dans lintroduction de ce livre. Dun côté, faire découvrir aux passionnés de littérature contemporaine lobjet détude de ce livre, à savoir la ville, pour quils puissent avoir un autre regard sur Bucarest, par lintermédiaire notamment de ces textes. Par ailleurs, il y a ceux qui sont passionnés uniquement par lhistoire de la ville et par la ville que nous habitons en général, et que je souhaite les introduire aux œuvres de ces écrivains contemporains qui ne sont pas encore des vedettes. Mon but a été de réaliser cette double lecture : une lecture de la ville par le biais de la littérature, ainsi quune randonnée à travers ces villes littéraires ».





    « Bucarest littéraire. Six lectures possibles de la ville » parle de limage de la ville telle quelle apparaît dans les œuvres de six écrivains de générations différentes : Mircea Cărtărescu, Gabriela Adameşteanu, Stelian Tănase, Simona Sora, Filip Florian et Ioana Pârvulescu. Dans leurs livres, Bucarest devient un véritable personnage. Chaque chapitre est accompagné dune interview, un témoignage direct qui souligne les similarités et les différences entre la perspective extérieure du critique et la manière dont lauteur vit la relation avec la ville.




    Andreea Rasuceanu : « Ce rapport de lécrivain avec lespace quil décrit ma également paru intéressant. Il sagit non seulement de lespace contemporain où lon vit quotidiennement, que lon voit chaque jour, mais aussi de lespace des temps passés. Jai remarqué quil existe dans le cas de Gabriela Adamesteanu une série de descriptions tellement amples de la ville de Bucarest davant 1989, descriptions qui pourraient constituer une matière détude pour les anthropologues, pour ceux qui souhaitent voir comment on vivait à Bucarest dans les années 70 et 80. Ce sont des images très amples, minutieusement reconstruites. Jai découvert dans la prose de Gabriela Adamesteanu une ville très sensorielle, reconstituée à partir de toute sorte de suggestions visuelles, sonores, tactiles. Elle surprend ses personnages branchés au rythme de la ville, à sa vitesse, à ce qui se passe à lextérieur, projetant sur lextérieur les actions de lintérieur. Par ailleurs, le paysage urbain a également un impact important sur la vie intérieure. »



    Quand on dit Bucarest littéraire, on dit Mircea Cartarescu. Il a réussi à imposer une certaine image de Bucarest, impossible à confondre, il est probablement lécrivain roumain le plus préoccupé par limage de la ville. Sur tout emblème du Bucarest littéraire devraient figurer dabord les phrases emblématiques de sa prose, des citations sur la ville alter-ego sur la ville corps et sur la ville en tant quespace que lon découvre à laide des sens, une ville des adresses mythiques, affirme Andreea Rasuceanu.



    Andreea Rasuceanu : « Jai accordé à Mircea Cartarescu lespace le plus ample du livre, sans que cela soit prémédité. Son roman « Solenoid » est apparu dans un moment où je mapprêtais à mettre fin à mon livre et quelque chose dimprévu est passé. Jai lu le livre et je me suis rendu compte quil complète, quil accomplit limage de Bucarest telle quelle apparait dans son précédent roman Orbitor. Dans le cas de Mircea Cartarescu, le poids quoccupe la ville est le plus important, nous rencontrons la ville la plus spectaculaire, le plus grand nombre dimages de la ville. Cest une ville corps, une sorte de prolongement du corps du narrateur, une constitution anatomique. Lextirpation de tout bâtiment de la ville équivaut à lextirpation dun organe vital. Par ailleurs, une image tout à fait originelle est cette image de la ville alter-ego. Et cest une métaphore extraordinaire, qui ouvre le volume Orbitor, avec le personnage principal, le petit Mircea dans son fameux appartement de lavenue Stefan cel Mare qui voit sa propre réflexion dans la fenêtre, réflexion qui se superpose à limage de la ville. Cest une image que Mircea Cartarescu prolonge dans tout son livre et reprend de différentes manières. Ce qui plus est, la ville est un texte, un texte que le narrateur écrit sur place. »



    Les six chapitres du livre réalisent la performance de pousser Bucarest dans « la galerie des grandes villes postmodernes ». Du coup, la ville est décryptable, elle soffre aux lecteurs de cette manière anthropomorphisée, comme si elle était écrite sur un palimpseste, personnage indépendant ou capturé de manière subjective par les expériences des autres personnages », écrivait également la critique Tania Radi sur le livre « Bucarest littéraire. Six lectures possibles de la ville ». (Trad. Alex Diaconescu)

  • Alba, la blanche

    Alba, la blanche

    Chers amis, nous allons aujourd’hui au centre de la Roumanie, dans une région pleine de vestiges historiques, de monuments, d’attractions naturelles, mais aussi de coutumes et de traditions. Le département d’Alba est traversé par la route la plus haute et une des plus spectaculaires de Roumanie, la Transalpina. Et c’est toujours là que la commune de Râmetea offre un paysage transylvanien surprenant, par la centaine de maisons blanches de la fin du XIXe et appartenant au patrimoine national. Le glacier de Scărişoara, la citadelle Alba Carolina, la Cascade de Vidra ou la Colline aux escargots ne sont que quelques-uns des plus beaux endroits à visiter au comté d’Alba.



    Mihai Coşer, porte-parole de la mairie d’Alba Iulia, explique que, ces dernières années, la ville s’est fait de plus en plus connaître comme une destination touristique importante, avec un parcours culturel intéressant : « Cela nous a placés sur une carte des événements de qualité, entre Sibiu et Cluj-Napoca. Nous sommes en évolution continuelle. Les événements sont de plus en plus intéressants, d’une année à l’autre. En ce moment, Alba Fest approche ; c’est un événement musical qui a largement dépassé les frontières locales ou régionales, devenant une référence nationale. Ce sont des événements pour tous les âges. C’est ce qui se passe chaque week-end dans la citadelle d’Alba Carolina. Pensez aussi aux attractions touristiques permanentes qui ont pour point de départ l’origine historique de ces lieux, explorés dernièrement par des bénévoles. Ces acteurs mettent en œuvre des reconstitutions historiques. Il y a chaque soir un spectacle de la garde romaine d’Apulum, le nom romain de la ville, un spectacle impressionnant, qui rassemble des centaines de spectateurs. Et puis, nous avons aussi tous les jours à midi la relève de la garde impériale autrichienne ».



    Emmanuel Drăguşin, coordonnateur des activités médias, à la filiale Alba Iulia de l’Union nationale des restaurateurs de monuments historiques, considère qu’un touriste, roumain ou étranger en égale mesure, a un tas de raisons de commencer son exploration avec Alba Carolina, la forteresse de type Vauban : « Tout d’abord, c’est la plus grande forteresse de type Vauban de Roumanie et du sud-est de l’Europe, sa superficie étant de plus de 100 hectares. Pour nous, Alba Iulia respire l’histoire ; on y trouve des vestiges du premier siècle après J.Ch, du temps de la 13e légion romaine Gemina, qui y a construit un castre en l’an 106. S’y ajoute ensuite la cité médiévale du 16e siècle, et puis, au 18e siècle, pendant le règne de l’empereur autrichien Charles VI, la fortification de type Vauban. »



    Mihai Coşer, porte-parole de la mairie de la ville d’Alba Iulia, recommande la citadelle comme point de départ pour des randonnées aux alentours de la ville : « Très près de nous il y a des lieux d’un réel intérêt touristique, tant du point de vue du patrimoine historique que du point de vue des activités que l’on peut dérouler pendant les week-ends aussi. A 20 km de nous, il y a un célèbre parcours de golf. Puis, il y a aussi les Monts Apuseni, que les touristes adorent A 5 km du centre d’Alba Iulia, se trouve probablement l’unique piste cyclable de Roumanie, située à une altitude de plus de 450 mètres. Plusieurs belvédères y ont été aménagés pour admirer le paysage. La commune de Vintu de Jos et ses domaines de Martinutzi sont également une destination très intéressante.»



    Evidemment, dans le département d’Alba, vous pouvez goûter les savoureux plats spécifiques de Transylvanie, dont certains sont cuisinés uniquement dans la région d’Alba Iulia : « Alba Iulia s’enorgueillit de plusieurs choses, liées à l’hospitalité locale. Il y a ce que nous appelons « le pain de la cité ». C’est un pain qui a la forme de la cité. Le vin de la cité est produit en collaboration avec un producteur de vins très connu. Une autre star de la cuisine locale est la soupe de haricots blancs servi dans du pain de mie, un plat dont vous pouvez vous régaler dans la cité ou tout près d’Alba Iulia, à Sântimbru.»



    Le nombre des touristes qui se rendent à Alba Iulia est à la hausse, affirme Mihai Coser, porte-parole de la mairie de la ville d’Alba Iulia. Parmi eux, un Australien. Il est devenu célèbre en 2009, après avoir remporté le concours du « meilleur job au monde », organisé par l’office de tourisme du Queensland : « Le nombre des touristes a augmenté de 20% d’une année à l’autre, ces quatre dernières années. Les Autrichiens sont nombreux, mais il y a aussi bon nombre d’Australiens. »



    Et la vaste majorité des touristes étrangers est intéressée à découvrir les traditions et les métiers de la région. Daniela Florean, ethnologue au musée de la ville d’Alba Iulia : « On peut y découvrir des costumes traditionnels vieux de plusieurs centaines d’années, des objets d’utilisation courante, des objets que nous n’avons jamais utilisés où que, si nous les avons connu à un moment donné, nous les avons oublié depuis. On a essayé de construire des maisons spécifiques à la région, une d’entre elles se trouvait à Cetatea de Balta, dans le comté d’Alba, une commune historiquement très importante, puisque c’est là que se trouve une forteresse érigée par le prince roumain Stefan cel Mare/Etienne le Grand. Ce musée ne fait que de rendre cet endroit plus pittoresque. C’est une maison de viticulteur typique, vu que cette commune se trouve tout près des grands vignobles de Jidvei. C’est ainsi que l’on peut voir comment on fabriquait jadis le vin. »



    Voilà donc une ville pleine de monuments historiques importants et très bien conservés, vestiges d’un passé millénaire et point de départ pour d’autres destinations intéressantes. (trad. : Ligia Mihaiescu, Alex Diaconescu)