Author: Rateau Grégory

  • Vama Veche

    Vama Veche

    L’odeur des profondeurs se respire à des km à la ronde. Des bars délimitent à peine la frontière entre mer et terre, les gens dansent les pieds dans l’eau, un verre à la main ou se rafraîchissent directement à la bouteille face à un immense brasier qui crache ses braises jusqu’au ciel…




  • Deux générations face à face

    Deux générations face à face

    Le vieil homme est absorbé par le paysage qui passe en continu dans la lucarne, alors que le jeune homme, lui, regarde dans la lucarne de son ordinateur avec une expression plus tendue que celle de son aîné. La seule vraie différence est que le vieil homme subit ce qu’il entend, ce qu’il voit défiler, pendant que le jeune homme peut choisir ce qu’il veut voir ou entendre.




  • Les larmes du père

    Les larmes du père

    Un père en larmes est un monde qui s’écroule, un bloc de roc qui se brise sous le poids de la chute. Je ne recommande cette expérience à personne. Pourtant, pas plus tard que l’autre jour, en prenant mon bus, ce sont des larmes que je devine, sous les traits crispés d’un paysan qui fume en continu pour tirer sur les dernières bouffées d’oxygène en famille.





  • Andrei

    Andrei

    Égoïstement, j’ai toujours fermé les yeux sur ses problèmes. Peut-être que sa disponibilité me rassurai. Sa capacité d’observer le monde, plutôt que d’en être un acteur me réjouissait. Lorsque je lui racontais mes problèmes au travail, mes emportements, lui, avait toujours la bonne distance et le calme apaisant de celui qui va à contre courant du mouvement ambiant…





  • Mihail

    Mihail

    Les choses ont tellement changé depuis que son grand-père ne peut plus lui lire des histoires. Il était la figure du patriarche, celui que l’on écoutait et celui que l’on voulait impressionner. Andreea chasse ces souvenirs de son esprit et affronte le regard illuminé de Mihail qui ne cesse de lui sourire. Chaque mouvement de ses lèvres renforce le malaise de la petite qui réalise un peu plus à chaque fois, que jamais plus aucun son ne s’échappera de cette bouche éteinte.



  • Bunica (grand-mère)

    Bunica (grand-mère)

    Sa grand-mère ne laissait rien se perdre, trop pauvre
    pour se permettre de jeter et peut-être également trop attachée à ses objets,
    les rares choses qu’elle possédait et qui, comme elle, ont vieilli et ont fini
    par devenir hors d’usage.

  • Le tram n° 5

    Le tram n° 5

    Chaque matin jemprunte le tramway qui doit me relier au poumon de Bucarest, une ville bouillonnante de liberté, où lon mange à lheure désirée, où notre temps de travail sorganise à la sauce maison.



  • Mitica

    Mitica

    Il parcourt chaque jour 4 kms de route pour aller chez des propriétaires bucarestois venus s’installer à la campagne. Mitica entretient leurs potagers, taille leur pelouse, arrose leurs plantes. Parfois, sous le coup de l’inspiration, il rajoute des petites fleurs, ici et là, malgré les indications précises des maîtresses de maison. Son jardin à lui n’a pourtant rien à envier à ceux de ses employeurs, c’est une véritable explosion de couleurs. On y trouve des pétunias blanches ou roses, des géraniums rouges, des rosiers, des marguerites, des tulipes, le tout jalousement gardé par de petits nains de tailles et de couleurs différentes.






  • Le dernier chapelier de Bucarest

    Le dernier chapelier de Bucarest

    Lentrée est encerclée par des barreaux, lhomme prend quelques mesures de sécurité, je le comprends ! Je pousse la porte qui résiste, je lenfonce presque. A lintérieur, une odeur de renfermé me pète aux sinus, de quoi décourager la majorité des visiteurs, mais pas moi. Je navais pas tort, des chapeaux de toutes les coupes et de toutes les formes trônent sur chaque étagère. Il y a des feutres, des Stetson en poils de mouton, des borsalinos, des bérets douvriers, de chapeaux de paysans. Pour un amoureux du chapeau comme moi, cest la caverne dAli baba !




  • Gigi

    Gigi

    On peine à imaginer qu’au fin fond de la Roumanie, cet homme a travaillé autrefois avec les ingénieurs du monde entier sur un des projets les plus ambitieux du siècle : le soleil artificiel. A l’heure où les jeunes, de plus en plus nombreux, quittent leur pays pour aller travailler ailleurs, lui fait de la résistance à sa manière. Il reste solidement accroché à ses bouts de terre, naïf pour certains, plein d’espoir pour ceux qui le connaissent vraiment…