Category: Chroniques hebdomadaires

  • Symboles nationaux sicules

    Symboles nationaux sicules


    Les Sicules constituent la plus ancienne minorité de l’espace roumain. En 1116, ils sont mentionnées comme une avant-garde de la chevalerie magyare tout comme les Petchénègues, un autre peuple nomade d’origine turque. Guerriers chevronnés au Moyen Age, les Sicules ont été colonisés par le Royaume de Hongrie sur la frontière est longeant les Carpates Orientales afin de la défendre contre les invasions des peuples migrateurs provenant d’Asie. Le premier document qui les mentionne à l’intérieur de l’arc carpatique date de 1210 et affirme qu’une armée formée de Sicules, Saxons, Roumains et Petchénègues a participé à la répression d’une révolte contre le tsar bulgare Borila.


    Ce fut toujours à cette même époque, plus précisément en 1217, que les Sicules figurent parmi les combattants de l’armée du roi hongrois André II, lors de la 5e croisade contre les Arabes. Dès lors, les Sicules habitent sans interruption les mêmes territoires appelés le pays Sicule, qui s’étend sur les actuels départements de Harghita, Covasna et Mureş. Ils comptent aujourd’hui 650 mille personnes, soit environ 45% des 1.430.000 membres de l’ensemble de la communauté magyare et 6,6% de l’entière population de la Roumanie.


    L’Académicien Pál Antal Sándor explique quelle était la place et la condition sociale des Sicules dans la Hongrie médiévale, mais aussi après l’occupation autrichienne : « S’ils remplissaient des tâches militaires, ils ne payaient plus d’impôts. Les premières obligations fiscales envers la cour royale hongroise étaient celles que les sujets devaient payer trois fois pendant le règne d’un roi : à son intronisation, à la naissance de son héritier et lors de son mariage. Cette tradition a été valable jusqu’en 1555, quand à eu lieu la dernière collecte. Sur six bœufs, par exemple, il fallait en donner un. Les obligations fiscales n’ont pas existé jusqu’en 1657, lorsque les Sicules ont commencé à payer des taxes à la Sublime Porte ottomane, suite à la campagne militaire entreprise par Gyorgy Rakoczy II en Pologne, qui s’est achevée par une défaite cinglante. Pendant l’occupation autrichienne, ils ont été exemptés de la prestation de tâches militaires en 1711, parce que leurs façon de lutter était déjà obsolète. Ils sont devenus contribuables, mais leur état social était celui de personnes libres, bénéficiaires de tous leurs anciens droits. Devant la justice par exemple, ils bénéficiaient des mêmes droits que la noblesse. »


    Après 1989, des présences publiques des Sicules ont facilité l’expression des sentiments de nationalisme les plus exacerbés, alimentés par les perceptions de leur passé. Le plus récent épisode de ce genre date de février 2013, lorsque le drapeau hissé dans la ville de Sfântu Gheorghe, département de Covasna, a provoqué un nouveau scandale. Ce geste a été vu comme une nouvelle tentative des Sicules de demander l’autonomie territoriale sur des critères ethniques. Même s’il est une création récente, les origines du drapeau Sicule datent de plusieurs siècles. Pál Antal Sándor explique comment ce drapeau est apparu : « La bannière a été instituée en 2004, sur l’initiative du Conseil national Sicule, d’après un projet imaginé par Konya Adam, muséographe de la ville de Sfântu Gheorghe. Ce drapeau s’inspire d’un étendard militaire de 1601, celui des fantassins de Moïse Secuiul, le seul prince transylvain d’origine sicule. Les couleurs jaune et bleu en ont été puisées dans les documents historiques, tandis que l’étoile à huit branches est une innovation récente. Jadis, on utilisait plutôt des étoiles à cinq ou six branches… La symbolique renvoie aux huit régions habitées par des Sicules, des contrées appelées aussi « chaises ». Le croissant de lune, lui, a la forme et la signification traditionnelles. »


    Bien que très anciens, les symboles nationaux des Sicules n’ont pas été constamment utilisés tels quels. Ils ont été adaptés aux différents contextes historiques, explique Pál Antal Sándor : « Au fil des siècles, les Sicules n’ayant pas d’origines hongroises ont été magyarisés vu notamment les missions militaires qu’ils devaient assumer ; ils bénéficiaient d’un statut particulier au sein de la communauté de souche hongroise. Les Sicules vivaient sur un territoire très bien délimité, mais durant la révolution de 1848, ils ont explicitement renoncé aux droits qui les différenciaient des autres Magyars, intégrant la nation hongroise. En octobre 1848, après le rassemblement national de Agyagfalva–Lutiţa,les assemblées des régions Sicules ont reconnu toutes les lois hongroises et ont déclaré leur appartenance à la nation hongroise unique. Depuis, au sein de la Hongrie, les Sicules n’ont plus utilisé de bannière spécifique. »


    Après 1918, lorsque s’est constituée la Grande Roumanie, les symboles Sicules ont été inclus sur les armoiries de la Transylvanie. Peu de monde est cependant au courant du fait que certains d’entre eux étaient identiques à ceux faisant partie des armoiries des Principautés roumaines médiévales. Pál Antal Sándor: « Moi, j’attends la réponse des historiens roumains à ce sujet. La question est de savoir quelle est l’origine de ces symboles. En tout cas, ils sont orientaux, turcs le plus probablement. Ils ont été utilisés par les populations d’origine turque et la Valachie a subi la domination des Coumans pendant 200 ans. Il est tout à fait normal que ces symboles soient également présents dans l’héraldique de la Valachie. De telles influences existent probablement aussi dans le cas de la Moldavie. Ce n’est pas une affirmation de ma part, c’est une question que je pose. Le croissant de lune apparaît partout, mais il est possible que nous rencontrions une étoile à la place du Soleil. »


    Les Sicules sont une minorité à forte conscience ethnique, qu’ils entendent conserver. Ils investissent donc leurs symboles nationaux de la même importance que d’autres communautés ethniques et nations attribuent à leurs propres symboles. (trad. : Ileana Taroi, Alexandru Diaconescu, Andrei Popov)

  • Tourisme dans le comté de Dolj

    Tourisme dans le comté de Dolj


    Madame, Monsieur, nous vous invitons en cette fin de semaine à découvrir ensemble le comté de Dolj, dans le sud de la Roumanie. Attesté pour la première fois en 1444 sous le nom de Département des Marais”, le Dolj doit son nom actuelle au dialecte proto-slave. C’est un compté qui impressionne notamment par sa riche histoire et sa nature sauvage. Notre périple d’aujourd’hui commence à Craiova, la ville la plus importante de Dolj.


    Avec des détails, Madame le maire Lia Olguta Vasilescu: « Craiova est une ville très ancienne bâtie sur les lieux de l’ancienne citée fortifiée de Pelendava. La première attestation documentaire date de 1475. Pourtant, ce sont plutôt les quelques monuments de patrimoine dressés par des architectes célèbres qui font la fierté de Craiova. Et je pense notamment à la Maison dite « a Baniei » (de la Banie), ancienne dénomination administrative de la région d’Oltenie. Il s’agit de l’édifice le plus ancien de la ville, construit en 1699 et restauré par les soins du prince Constantin Brancovan. Bâtie sur deux niveaux, en style traditionnel, d’après les plans des architectes princiers, cette construction impressionne par les salles voûtées du rez-de-chaussée et par celles à balcon du premier étage. Il y a ensuite le Palais Jean Mihail qu’il ne faut pas rater. C’est un bâtiment magnifique, réalisé entre 1899 et 1907 d’après les plans de l’architecte français Paul Gottereau et commandé par Constantin Mihail, un des Roumains les plus aisés de l’époque. C’est d’ailleurs à l’intérieur de ce palais que l’on a commencé la construction du Cube de Brancusi, un espace consacré aux oeuvres de l’artiste. Une fois à Craiova, n’oubliez pas de visiter le siège de l’Université de la ville qui occupe l’ancien Palais de la Justice réalisé en 1890 par l’architecte Ion Socolescu, dans un style néoclassique. Ou bien, je vous invite à admirer le siège de l’Hôtel de ville où fonctionnait jadis la Banque du Commerce, imaginée par le célèbre architecte Ion Mincu. L’édifice, achevé en 1916, impressionne par ses intérieurs richement décorés, ses vitraux, ses mosaïques vénitiennes et ses grilles en fer forgé. »


    On ne saurait visiter Craiova sans admirer les belles églises de la ville, véritables joyaux d’architecture. Et nous allons commencer avec le monastère de Cosuna dont seulement la petite église mélangeant le style local à celui byzantin a résisté au passage du temps. Notre périple spirituel comporte aussi l’église du monastère Jitianu en style brancovan, l’église Saint Démettre dressée en 1652 sous le règne du prince Matei Basarab ou encore l’église de la Madonne dite du Mûrier dont les fresques intérieures portent la signature du célèbre peintre roumain Gheorghe Tatarescu. Pourquoi du Mûrier, vous allez demandez… La légende dit qu’une icône miraculeuse a été découverte entre les branches d’un mûrier juste à l’endroit où l’on a fait construire par la suite l’autel.


    Chers amis, dans les minutes suivantes, nous vous proposons une sortie dans le parc Nicolae Romanescu qui fait la fierté de Craiova et de la Roumanie en général. C’est un des jardins d’Europe les plus intéressants, création de l’architecte français Redont et qui s’est vu récompenser de la médaille d’or à de l’Exposition Internationale de Paris, en 1900. Et puisqu’il est immense, nous invitons madame le maire Lia Olguta Vasilescu à nous accompagner dans les allées du parc: « Je crois qu’une fois à Craiova, on ne devrait absolument pas rater l’occasion de faire une promenade dans les allées du parc Nicolae Romanescu, unique en Roumanie et figurant en tête du classement des plus grands jardins européens. Il couvre plus de 76 hectares, il a un hippodrome, des allées et des sentiers et même un zoo. »


    A tout cela s’ajoute un Jardin des Plantes aménagé à l’initiative de la botaniste Alexandra Buia.


    Si c’est plutôt la vie culturelle qui vous intéresse, pas de problème, à Craiova vous serez bien servis! La ville recense plusieurs institutions culturelles tels le Théâtre national ou encore celui des Marionnettes, Orchestre Philharmonique ou bien le Musée d’Art qui présente des oeuvres de Brancusi de la dernière période de création du sculpteur: une version en pierre du « Baiser », « Torse de femme », « Orgueil » ou bien « Tête de garçon ».


    Vous êtes fatigués et vous aimeriez bien vous reposer un tout petit peu? Ca vous dirait d’évader à la campagne pour une bouffée d’air frais et un bon verre de lait de bufflonne? Pas de problème, cela va s’arranger puisque seulement 55 kilomètres séparent Craiova de la commune de Bucovat. Pour plus de détails, nous passons le micro au maire de la commune, Monsieur Vasile Constantin: « Bucovat est une jolie commune, ce qui a poussé bon nombre d’habitants de Craiova à s’y faire construire des maisons de vacances. A la différence d’autres endroits, chez nous, on a la chance de respirer un air très pur. En plus, c’est toujours chez nous que le touriste peut visiter les ruines du camp militaire romain de Pelendava ou encore peut se rendre sur un des plus anciens sites fossilifères d’Europe. Par ailleurs, je dois vous dire que les habitants de notre commune s’occupent de l’élevage des bufflonnes dont le lait est très bon et nourrissant. A la fin, je voudrais vous donner aussi quelques repères culturels de notre commune: et je pense au monastère de l’ancien Bucovat, érigé sur la rive gauche du Jiu et à l’église du village de Bucovat construite par les moines du Mont Athos. »


    Le département de Dolj s’adresse également aux amateurs de chasse ou de pêche ou bien aux passionnés de tourisme d’aventure qui souhaitent faire des sports extrêmes à des prix cassés. Si cette région figure déjà sur la liste de vos destinations futures, permettez-nous de vous faire une petite suggestion avant de vous dire au revoir: le mieux serait de visiter le Dolj en automne quand plusieurs festivals se tiennent dans les parages. A titre d’exemple: le Festival du Poireau, une occasion unique de goûter à la cuisine du terroir qui place cette légume en position privilégiée. ( trad. : Ioana Stancescu)

  • L’Ours d’or est arrivé à Bucarest

    L’Ours d’or est arrivé à Bucarest


    Le réalisateur roumain Calin Peter Netzer et la productrice Ada Solomon se sont vu remettre le trophée l’Ours d’or” pour leur film La position de l’enfant” Child’s pose” entré dans la sélection officielle de l’édition 2013 de la Berlinale.Le réalisateur chinois Wong Kar Wai, président du jury de cette année, a expliqué avoir voulu récompenser des films engagés “qui montrent que la vision du cinéma fait la différence”. Visiblement ému, le réalisateur roumain a déclaré: « je vais tenter de dire quelques mots, bien que j’aie du mal à en trouver. Je remercie la Berlinale de nous avoir invités, je remercie son directeur, Dieter Kosslick, et je remercie Razvan Radulescu avec qui j’ai écrit le scénario de ce film ».


    A son tour, la productrice Ada Solomon a ajouté: « Je suis habituée plutôt à me battre qu’à sortir victorieuse. Un grand merci à notre protagoniste, Luminita Gheorghiu, c’est notamment à elle qu’on doit ce prix. Les responsables politiques de Roumanie devraient prêter un peu plus d’attention à la cinématographie roumaine et aux cinéastes roumains qui s’avèrent d’excellents ambassadeurs du pays ».


    Juste après la projection, la presse internationale s’est précipitée à inclure le film de Calin Netzer parmi les grands favoris du festival. Die Welt, par exemple, s’est extasié devant la force du scénario, la vision du réalisateur et la performance de Luminita Gheorghiu qui joue le rôle d’une mère s’efforçant de reprendre le contrôle sur la vie de son fils interprété par Bogdan Dumitrache. « Le film trace le portrait d’un pays et présente le profile psychologique d’une obsession », note Die Welt. A son tour, The Hollywood Reporter remarque la magnifique performance artistique de Luminita Gheorghiu qui « est brillante dans le rôle d’une mère possessive qui va tout faire pour sauver de la prison son fils coupable davoir tué un adolescent au volant de sa voiture ». « Après Paulina Garcia du film chilien ‘Gloria’ et en attendant Catherine Deneuve dans son film ‘On my way’, la Berlinale rend hommage à une autre actrice extrêmement puissante : il s’agit de Luminita Gheorghiu ». En plus de son partenaire à l’écran, le jeune Bogdan Dumitrache, la comédienne a partagé l’affiche du film avec des poids-lourds de la cinématographie roumaine : Nataşa Raab, Florin Zamfirescu, Ilinca Goia, Adrian Titieni, Cerasela Iosifescu, Mimi Brănescu et Vlad Ivanov.


    Nous vous proposons de passer le micro à Bogdan Dumitrache, le fils rebelle du film « La position de l’enfant » qui nous parle de sa façon d’approcher un personnage : « J’ai besoin de comprendre ce qui se passe avec mon personnage, ce qui lui arrive pour pouvoir ensuite m’identifier à lui. Sinon, je n’arrive pas à refaire la palette d’émotions. Je dois donc refaire le contexte, m’aventurer de plus en plus profondément dans son existence pour bien comprendre ce qui se passe. A chaque fois que je tourne avec un nouveau réalisateur, je finis par me laisser influencé par son style et je le suis dans la direction voulue. Quant à la Position de l’enfant”, je crois qu’à part cette relation mère-fils, fondée sur l’amour et la haine, le film dit encore nombre de choses. Par exemple, j’ai particulièrement aimé le fait qu’il nous suffit d’une action déroulée sur trois jours pour comprendre les 30 années de relation entre les deux protagonistes, pour saisir la source de leurs conflits. Il est vrai que le film surprend un moment de tension extrême, quand les personnages se disent des choses très dures, mais ce n’est là qu’une accumulation de problèmes. »


    « La position de l’enfant », troisième long métrage de Calin Peter Netzer, ajoute une nouvelle couronne de lauriers sur la tête de son réalisateur déjà primé pour ses deux premiers films « Maria » (2003, prix spécial du jury au Festival de Locarno) et « La médaille d’honneur » (2010, prix Gopo de la cinématographie roumaine).


    « La position de l’enfant » se penche sur les traumas des enfants étouffés par l’amour maternel. Parallèlement, le film fait une radiographie des nouveaux riches roumains, tout en soulignant les problèmes de corruption et de trafic d’influence auxquels se heurte la société contemporaine. Le scénario porte la signature de Razvan Radulescu et de Calin Netzer: « Mes personnages se révoltent, se détestent, mais en même temps, ils s’aiment, car Barbu, interprété par Bogdan Dumitrache, n’est après tout qu’un gars atteint d’une névrose et c’est pour cela qu’il réagit de cette manière, qu’il aime et déteste sa mère avec la même force du sentiment. S’il ne l’aimait pas, il lui serait complètement égal et le conflit s’éteindrait. C’est après tout un drame psychologique. Un accident mortel a lieu dans le film et du coup, la mère tente de sauver son fils en essayant en même temps de le regagner. Donc, ce premier accident s’avère plutôt un accident dans la relation mère-enfant et la véritable victime est justement Barbu, l’enfant perdu. »


    Selon le critique Jay Weissberg de la publication Variety”, le long métrage « « La position de l’enfant » repose sur un des scénarios les plus intenses jamais écrits par Razvan Radulescu et opère une dissection monstrueuse de l’amour maternel » « une satire vive et tranchante de la vie des nouveaux riches de Roumanie, une couche sociale habituée à dissimuler la vérité et à prendre soin d’écarter tout le monde dès qu’un conflit surgit » . Le film a également impressionné les critiques du site « Ciné-Vue.com » qui affirment que le réalisateur roumain Calin Netzer « laisse la caméra à poser sur Cornelia un regard tellement intrusif et intense que dans un premier temps, le spectateur pense assister à une enquête de la police au cours de laquelle on passe en revue tous les moments tragiques de l’événement. Capable de transmettre les angoisses et la fragilité d’esprit de la remarquable protagoniste, mais aussi des acteurs distribués dans les rôles secondaires, La position de l’enfant” est un film où le conflit domestique couve en permanence », note le site britannique, tout en faisant l’éloge de / « l’interprétation phénoménale de la comédienne Luminita Gheorghiu ».


    Le trophée remporté par Calin Peter Netzer est le deuxième Ours d’Or décroché par un réalisateur roumain après celui obtenu en 2004 par Cristi Puiu pour son court métrage « Une cartouche de Kent et un paquet de café ». « La cinématographie roumaine est couronnée de succès, mais l’Etat roumain choisit d’y investir très peu et donc les subventions s’avèrent insuffisantes par rapport au grand nombre de personnes douées travaillant dans cette branche », a déclaré Calin Peter Netzer pour Stern.de . (trad. : Ioana Stăncescu)

  • Aires protégées en Roumanie

    Aires protégées en Roumanie


    Les aires protégées sont les moyens les plus utilisés dans la conservation de la biodiversité, la Roumanie détenant un patrimoine naturel de la plus haute valeur. Des 11 régions bio-géographiques identifiées en Europe, la Roumanie en dispose de 6, à savoir : région continentale, alpine, panonique, pontique et de steppe.La diversité de la flore et de la faune consiste dans l’existence d’étendus habitats forestiers et alpines inaltérées associées à la chaîne montagneuse des Carpates ainsi que dans l’existence des populations de loups, ours, chamois et lynx, estimées comme les plus nombreuses d’Europe. Des milliers d’espèces de plantes, en bonne mesure des monuments naturels, tels le pivoine roumain, le bleuet alpin, « le soulier de la Princesse », l’edelweiss, la tulipe taché, la jonquille sauvage , la tulipe des Cazane et le lys sylvestre revêtent les clairières et les pâturages des versants abruptes et ensoleillés des Carpates. Pratiquement, nous avons à faire au dernier refuge européen des animaux et des plantes menacés par la disparition.


    Pour une meilleure protection de cette richesse naturelle, depuis, déjà, 1932 les premières aires protégées ont fait leur apparition qui, actuellement, couvrent 7% de la superficie du pays. Adam Cràciunescu, directeur général de la Régie Nationale des Forêts ROMSILVA, principal administrateur des aires protégées de Roumanie est d’avis que : « Des 28 parcs nationaux et naturels, sans y compter le Delta du Danube, 23 sont administrés par des structures spécialisées subordonnées à la Régie Nationale. La superficie des 23 parcs est de plus de 858 000 hectares dont le fond forestier est de 556 000 hectares. La superficie des parcs administrés par la Régie représente 80% de la superficie totale des parcs nationaux et naturels déclarés à l’échelon national jusqu’à l’heure actuelle, situation qui se maintiendra ainsi, au moins dans le proche avenir. ROMSILVA demeure un acteur important du domaine pour administrer ces parc naturels en nationaux de Roumanie. »


    Même si la Roumanie bénéficie d’une grande richesse naturelle, les aires naturelles protégées ne sont pas suffisamment financées. C’est la raison pour laquelle depuis quelques années l’administration des parcs nationaux et naturels du portefeuille de ROMSILVA a été décentralisée du point de vue juridique pour permettre aux administrations des parcs d’accéder davantage les fonds gouvernementaux et européens comme explique Adam Cràciunescu : « Compte tenu des conditions d’éligibilité imposées pour accéder les fonds européens, la régie a été tenue d’appliquer cette manière d’organisation et d’administration des parcs même si cela implique des complications dans la manière d’allocation des ressources financières nécessaires au bon déroulement de l’activité. Il convient de mentionner le fait que dans le cadre du Programme Opérationnel Sectoriel d’Environnement, la Régie a, déjà, 25 programmes avalisés pour un financement totalisant 110 millions de lei (plus de 25 millions d’euros). Deux projets ont été finalisé tandis que les autres sont en train d’être achevés. Dans la plupart des administrations on a institué des centres de visitation pour la population de la zone respective et pour offrir aux citoyens le plus de détails possibles sur ces parcs de Roumanie. »


    A partir de 2006, la protection de la nature dans les Carpates est soutenue par l’organisation internationale du Réseau des Aires Protégées des Carpates (CNPA). Pour une étroite coopération et pour faciliter des échanges entre les 7 pays des Carpates, CNPA va coordonner des projets communs pour médier les échanges entre les aires protégées des Carpates, des activités de conscientisation des écosystèmes fragiles de l’ensemble de la chaîne montagneuse et contribuer par des mesures concrètes, telle le réseau écologique, pour offrir, ainsi, plus de chances de survie aux espèces menacées. Adam Cràciunescu détaille : « Beau nombre d’administrations sont, actuellement, des partenaires ou, même, des leaders dans la protection internationale. Nous participons à de nombreuses rencontres à l’échelon européen avec les administrations des parcs semblables d’Italie, d’Allemagne, d’Autriche et de Hongrie. La réplique des modèles crées ces dernières années par les administrations des autres aires protégées a été réalisée tant pour les nouvelles structures instituées à l’échelon national que pour certaines parties, par exemple le management financier européen, au niveau des autres pays de la Convention Carpatique qui comprend la Serbie, la Pologne, l’Ukraine, la Slovaquie, la Tchéquie et la Hongrie. ROMSILVA a été, également, contactée par les autorités de la République de Moldova pour accorder le consulting en matière de programme d’organisation et de développement du système des aires protégées de ce pays. »


    On peut distinguer du réseau national d’aires protégées le Delta du Danube, tant du point de vue de sa superficie (580 000 hectares) qu’au niveau de la diversité biologique ayant un triple statut international : Réserve de la Biosphère, Site RAMSAR (zone humide d’importance internationale) et Site du Patrimoine Mondial Naturel et Culturel. La Roumanie détient, également, 12 zones humides protégées par La Convention RAMSAR et représente une contribution importante au Réseau Ecologique NATURE 2000 en matière de conservation des habitats et des oiseaux sauvages. (trad.: Costin Grigore)

  • En boîte de nuit avec les pleureuses

    En boîte de nuit avec les pleureuses


    L’UE s’est donné pour objectif de réduire à moitié le nombre de victimes des accidents de la route d’ici 2020 dans tous les 27 Etats membres. Une première étape serait d’identifier les différents facteurs qui influent sur le nombre total de morts sur les routes. Il s’agit, notamment, de l’excès de vitesse, de la consommation dalcool ou de drogues ou du manquement à une règle de priorité. La Roumanie a démarré récemment une série de campagnes de sensibilisation de l’opinion publique afin de réduire le plus possibles le nombre de morts sur les routes.


    Réunies sous le slogan « Va pour la vie !», les campagnes initiées par l’Inspection générale des services de police de Roumanie, en partenariat avec l’agence Publicis, se proposent d’éduquer chauffeurs et piétons à la fois, en faisant recours aux figures des trois des grands dictateurs de l’humanité. Avec des détails, Silviu Nedelschi, directeur de création chez Publicis: « Nous avons pris trois des personnages les plus odieux de l’histoire mondiale – Staline, Hitler et Saddam – et les avons collés sur un pare-brise comme s’ils avaient été percutés de plein fouet par une voiture. En fait, l’idée est qu’un tel accident ne serait jamais possible puisque la victime s’avère toujours un innocent et jamais le plus affreux personnage historique. C’est, si vous voulez, un autre moyen censé attirer l’attention des chauffeurs qui, faute de vigilance, risquent de heurter un innocent. »


    Il a suffi de deux jours pour que les images des dictateurs collées sur le pare-brise fassent le tour du monde. Ensuite, la campagne de prévention des accidents de la route s’est poursuivie avec quelque chose d’encore plus dur: une vidéo tournée un samedi soir, devant une boîte de nuit de Bucarest. Un groupe de pleureuses planté devant l’entrée accompagnait les clients plus ou moins beurrés jusqu’à leurs voitures, avec des cris et des vers spécifiques des rituels funéraires: « Tu as bu et tu vas prendre le volant? Pourquoi veux-tu nous quitter? Pourquoi gis-tu dans la rue, mon Dieu? Vas t’en, diable maudit/ C’est bien toi qui a laissé couler le venin de l’alcool dans ses veines/ Tu l’as emporté loin de la lumière et tu l’as forcé à entrer dans la voiture/ Oh, mon Dieu, serre-le dans tes bras et pardonne-lui le fait d’avoir bu et d’avoir pris le volant/ Pourquoi nous as-tu quittés ?/ Mon Bon Dieu, ait pitié de lui. »






    Si les lamentations des pleureuses s’avèrent insuffisantes pour vous faire renoncer à la voiture après avoir consommé de l’alcool, les initiateurs de la campagne publicitaire ont imaginé quelque chose d’encore plus frappant: une serviette brodée, nouée autour du rétroviseur extérieur de l’auto selon la tradition dicté par le rituel funéraire chez les Roumains. Aux dires du sous-commissaire de police Cristian Andries, la campagne, lancée sur la Toile avant la saison estivale 2012, a profondément marqué les internautes: « Nous essayons de convaincre tous les participants au trafic routier d’avoir un comportement responsable et de circuler de manière préventive. Beaucoup d’accidents de la route se produisent sur fond de consommation d’alcool et nous avons pensé à mettre sur pied cette campagne pour faire baisser le nombre de ces événements. Nous l’avons lancée exactement au moment où la plupart des jeunes se rendaient au bord de la mer Noire pour le 1er mai, justement pour les faire réfléchir un peu et saisir l’essentiel : ne conduisez pas l’automobile après avoir bu de l’alcool. Par ailleurs, cette campagne ne s’adressait pas uniquement aux jeunes, mais à tous les automobilistes. Certains ont aimé cette idée et ceux qui ont vu la vidéo ont retenu notre message. »


    Andrei Daniluc, rédacteur publicitaire principal, souligne que ce moyen de communiquer le message « ne prends pas le volant si tu as bu » a été une bonne occasion de dire les choses d’une manière différente des campagnes habituelles de la Police : « Les gens connaissent les campagnes de sensibilisation classiques de la police : ne boit pas, ne conduis pas, ne frappe pas ta conjointe, ne fait pas ça. C’est comme un parent qui dit « ne fait pas ça parce que tu auras des ennuis. » Nous avons pensé qu’en modifiant un peu l’angle, la Police ne fait qu’améliorer son image. Le monde dira « eh bien, voilà qu’ils commencent à se moderniser, ils ne se résument pas aux interdictions. » Je crois que la campagne a eu tant de succès en raison de la manière dont les choses ont été dites. Ce qui plus est, c’est une pratique typiquement roumaine, parce que je n’ai pas entendu qu’il existe ailleurs cette tradition des pleureuses professionnelles. Chez nous c’est une pratique qui remonte à la nuit des temps et je crois que c’est ainsi que s’explique pourquoi elle fonctionne toujours. Nous les approchions à la sortie de la boîte, quand ils devaient faire le choix entre prendre le volant, partir en covoiturage avec un ami ou appeler un taxi. Nous avons utilisé deux moyens de communiquer le message : le premier, les pleureuses. Si cela ne fonctionnait pas, les gens trouvaient des serviettes accrochées à leurs rétroviseurs extérieurs. Et là, ils tombaient sur un autre avertissement. Mais ce furent les pleureuses qui ont eu l’impact le plus fort. »


    Une autre vidéo qui a fait fureurs sur Internet présente une série d’images de chiens communautaires qui utilisent les passages piétons pour traverser la route. Le message est simple : s’ils peuvent faire ça, tu peux le faire aussi. C’est ainsi qu’a été analysée une autre cause majeure des accidents de la route : « Les piétons indisciplinés qui traversent la rue partout constituent une des principales causes génératrices d’accidents graves de la route en Roumanie. Depuis quelques années, la vitesse et les piétons indisciplinés occupent les deux premières places au classement des causes des accidents. Nous parlons d’une campagne inédite, mais nous espérons que la réaction du public soit positive, qu’il comprenne exactement le message : il faut traverser la rue sur un passage piétons. »


    L’année dernière, ont été enregistrés environ 9300 accidents de la route qui ont fait aussi des victimes. Aux dires du commissaire adjoint Andries, par le biais de campagnes mémorables, l’Inspection générale de la police roumaine espère que le nombre des accidents baisse de plus en plus, tout comme celui des familles vivant des drames. (trad.: Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)

  • Le réseau des cytostatiques

    Le réseau des cytostatiques


    Depuis deux ans et demi environ, les malades du cancer de Roumanie ont de grandes difficultés à trouver les médicaments dont ils ont besoin.Suite aux signaux lancés par les associations de patients, le ministère de la Santé de Bucarest a été contraint de reconnaître qu’il y avait « des discontinuités dans l’approvisionnement » en cytostatiques, notamment pour une vingtaine de ces produits. Les patients atteints de leucémie ou du lymphome de Hodgkin en sont les plus touchés, mais ils ne sont pas les seuls.


    Comment en est-on arrivé là ? En vertu d’une bureaucratie dysfonctionnelle — selonVlad Mixich, journaliste spécialisé dans les questions de santé, qui travaille pour le site “Hotnews.ro” : « La loi roumaine prévoit du traitement gratuit pour les malades du cancer, qu’ils versent ou non des contributions au système national d’Assurance maladie. On en est arrivé là parce que l’Etat roumain est incapable de financer les services qu’il promet et surtout de gérer un problème d’organisation. Une grande partie de ces médicaments ne sont pas très chers, pourtant la politique de l’Etat roumain est de choisir le prix le plus bas pour les médicaments qu’il importe de l’UE. Ce prix est imposé aux producteurs. Or, à ce prix, les distributeurs de médicaments du pays n’ont aucun intérêt à apporter ces cytostatiques en Roumanie, car ils ne font aucun profit. »


    Hormis les distributeurs privés, il existe aussi une société d’Etat chargée de l’achat et de la distribution de médicaments. Appelée Unifarm, cette société sous-financée se confronte également à la bureaucratie excessive. Le public a été surpris de découvrir, au début de cette année, qu’une partie des cytostatiques absents du marché se trouvaient dans les dépôts d’Unifarm. Mais pourquoi n’arrivaient-ils pas dans les hôpitaux et aux malades ? Vlad Mixich : « L’enfer bureaucratique est à nouveau d’actualité. Les responsables d’Unifarm affirment avoir informé les managers des hôpitaux de l’existence de ces médicaments. A leur tour, les managers affirment avoir demandé au ministère ces médicaments et signalé périodiquement leur absence. Ce qui est sûr c’est que les gens d’Unifarm affirment qu’ils ne peuvent pas envoyer les médicaments de leur propre gré aux hôpitaux. Même s’ils avaient annoncé l’absence des médicaments de leurs stocks, les responsables des hôpitaux déclarent qu’ils n’ont rien reçu. En fait, ils ne pouvaient pas acquérir des médicaments provenant des dépôts d’Unifarm, parce que la Caisse nationale d’assurance maladie rembourse aux hôpitaux l’argent pour ces médicaments avec un délai d’environ 200 jours après l’achat. Or Unifarm demandait aux hôpitaux de payer les médicaments sur place. Voilà comment les médicaments présents dans les dépôts d’Unifarm n’arrivaient pas aux malades. »


    Alors que les hôpitaux, les caisses d’assurances et la société Unifarm luttaient contre la bureaucratie, les malades, eux , luttaient contre un ennemi beaucoup plus impitoyable : le cancer. C’est pourquoi les malades ont laissé les autorités prisonnières de la bureaucratie qu’elles avaient créée et ont commencé à chercher eux-mêmes des solutions. Parmi elles : « le réseau des cytostatiques », nommée ainsi par le journaliste qui l’avait présentée pour la première fois à l’opinion publique, Vlad Mixich : « Le fonctionnement du réseau est très simple. Il existe un site www.medicamente-lipsa.ro ouvert à tous ceux qui ont besoin de tels médicaments. Le site contient une liste qui est mise à jour périodiquement. Si un malade trouve son médicament sur la liste, il ne fait que compléter un formulaire envoyé aux administrateurs du site. Le médicament est ensuite sollicité au réseau de bénévoles, qui compte plusieurs centaines de personnes dans tous les pays de l’UE. Ils cherchent les médicaments dans les pharmacies de la ville où ils habitent. S’ils trouvent ce médicament, ils annoncent les administrateurs du site et le patient qui est à son tour informé. Au moment où le malade est d’accord, le bénévole se rend à la pharmacie pour l’acheter avec son propre argent en vertu de l’ordonnance envoyée par le malade de Roumanie. Le médicament arrive en Roumanie par avion, par la poste ou bien par bus. Une fois qu’il reçoit le médicament, le malade le paie et son argent va au bénévole qui a l’acheté. »


    Plusieurs centaines de personnes figurent déjà sur le site du réseau. Les bénévoles membres du réseau des cytostatiques se trouvent notamment en UE puisque la législation de ces pays prévoit la possibilité que toute pharmacie de l’Union délivre des médicaments en vertu d’ordonnances émises dans un autre pays membre.


    Cristian Cojocaru, atteint d’un lymphome de Hodgkin, est membre du réseau des cytostatiques. Il y est arrivé après avoir eu recours, sans succès, à différentes associations et cherché sur Internet les médicaments dont il avait besoin. Il a même contacté les producteurs du Japon et des Etats-Unis. Cristian Cojocaru : « En Roumanie, je n’ai pas cherché trop longtemps, car je savais d’avance que je ne les trouverais pas. Ayant accès à Internet, à la téléphonie internationale, je me suis débrouillé assez vite… A un moment donné, j’ai appelé toutes les pharmacies de Debrecen, en Hongrie, où il m’était plus facile de me rendre pour avoir tous les cytostatiques qui m’avaient été prescrits. Car il est très important de ne pas commencer le traitement avant de s’être procuré tous les médicaments nécessaires.. S’il s’était agi d’une femme âgée, habitant, par exemple, dans une commune du département de Galaţi, où l’on risque, en hiver, d’être bloqué par la neige, elle n’aurait certainement pas pu se procurer les médicaments. »


    Donc, même avec le réseau, les médicaments ne peuvent arriver que chez les malades qui bénéficient de certaines facilités. Et même pour ceux-là, la quête peut durer des mois et retarder le traitement. Fin janvier, le gouvernement a adopté une décision censée régler ce problème : le ministère de la Santé a emprunté 800.000 euros au Trésor. Cet argent sera versé à la compagnie nationale UNIFARM pour acheter des cytostatiques à l’avance. Cristian Cojocaru ne se fait pourtant pas trop d’illusions : « Si l’on commande les médicaments par la même filière, on les aura la semaine prochaine et on commencera le traitement dans deux semaines. Ils plaisantent ou quoi ? Les choses ne peuvent pas changer du jour au lendemain. Les médicaments, on doit les trouver au moment où l’on en a besoin et non pas une semaine ou un mois plus tard.»


    En attendant l’arrivée des cytostatiques en pharmacie, le ministère de la Santé annonce des mesures des plus méritoires : d’une part, réorganiser le programme national, en accordant plus d’attention à l’éducation, à la prévention primaire et au dépistage précoce de la maladie et, d’autre part, réaliser un registre national dont le but serait de rendre l’accès au diagnostic et au traitement plus équitable qu’aujourd’hui. (trad.: Alex Diaconescu, Dominique)

  • Smaranda Brăescu, première femme parachutiste et première femme pilote de Roumanie

    Smaranda Brăescu, première femme parachutiste et première femme pilote de Roumanie


    L’aéronautique a été un domaine très à la mode dans la Roumanie des années 1920 — 1940. Ce fut une période d’effervescente émulation parmi les jeunes qui s’engageaient dans tout ce que ce domaine supposait : aéroclubs, programmes, entraînements, concours. Certains ont obtenu des performances notables et se battaient d’égal à égal avec les grands compétiteurs de pays à tradition dans le domaine.


    Un des grands noms de l’aéronautique roumaine est celui de Smaranda Braescu. Elle fut une présence assez inattendue parmi les pilotes et parachutistes roumains non seulement parce qu’elle était femme, mais aussi parce qu’elle ne provenait pas des couches supérieures de la société roumaine de l’époque.


    Smaranda Braescu a été la première femme pilote, parachutiste et instructrice de pilotes de combat de Roumanie. Avec son caractère fort elle a suivi sa passion avec une ténacité extraordinaire. Elle a été championne européenne au parachutisme en 1931, à 34 ans, lorsqu’elle a sauté de l’altitude de 6 mille mètres pour établir un record européen, et championne mondiale en 1932, à Sacramento, aux Etats-Unis, avec un saut réalisé à l’altitude de 7400 mètres. Ce fut un record du monde imbattable pendant pas moins de 20 ans. Elle fut décorée de l’ordre de la Vertu aéronautique, classe croix d’or.


    La ténacité avec laquelle Smaranda Braescu a pratiqué son hobby est assez surprenante si on prend en compte le fait qu’elle avait étudié les Beaux arts à Bucarest, à la section art décoratif et poterie. Ce qui plus est, pendant la guerre, Smaranda a servi dans la fameuse « escadrille blanche » formée d’avions sanitaires, active sur le front est jusqu’à la steppe kalmouke, au delà de Stalingrad, et puis d’ouest en Transylvanie, Hongrie et Tchécoslovaquie. Aux côtés de 11 personnalités, elle a signé un mémorandum qui condamnait la falsification des élections de novembre 1946. Poursuivie par les autorités communistes, Smaranda Braescu a disparu. Il paraît qu’elle a trouvé refuge dans un couvent, où les religieuses l’ont ensevelie sous un faux nom après son décès le 2 février 1948, à seulement 51 ans.


    Ana Maria Sireteanu est l’arrière petite-fille de la grande championne roumaine. Elle se souvient de la force du caractère de Smaranda Braescu, que même un accident très grave n’avait pas pu briser : « Après un saut à Satu Mare, elle fut traînée par le parachute et s’est blessée aux jambes. Ceci pourrait être un indice pour ceux qui découvriront sa dépouille. Les effets de ce grave accident aux jambes seraient toujours visibles. Elle a passé 5 mois dans un hôpital où un médecin providentiel l’a opérée. Après sept mois de plus, une personne qui avait subi un accident si grave a obtenu deux records, l’un européen et l’autre mondial, en 1931 et respectivement en 1932. Ces exploits prouvent la motivation et le désir acharné de produire des performances pour son pays. »


    Les historiens découvrent des détails sur les personnalités de l’histoire en étudiant des sources écrites. Parmi elles figurent aussi les journaux personnels. Celui de Smaranda Braescu indique le fait qu’elle avait une personnalité forte. Ana Maria Sireteanu: « Dans les notes personnelles qu’elle ne voulait pas faire publier pendant sa vie, on apprend que Smaranda Braescu avait une personnalité passionnelle. Souvent elle évoque des mots pas vraiment polis au sujet de personnalités de l’aéronautique roumaine qui la chicanaient. Ceux-ci ne lui ont pas délivré de laissez passer, elle devait attendre beaucoup de temps avant les audiences où elle avait été invitée. Ses collaborations et son activité à l’Association roumaine de parachutisme et d’aéronautique et notamment le côté propagation de l’aéronautique sont moins connues. Cette partie de son activité a été très intense, puisque Smaranda Braescu était très populaire et très aimée par tous les Roumains et non seulement pas ses camarades de l’aviation. A l’époque le grand public soutenait avec enthousiasme l’aéronautique roumaine. »


    Ana Maria Sireteanu se souvient aussi du célèbre épisode où Smaranda a volé son avion qu’elle avait tant attendu : « Fabriqué en Angleterre en 1935, Milles Hawk était un avion léger et très performant pour cette époque-là, le bois y étant prédominant. La carlingue était bien évidemment ouverte et Smaranda ressemblait à une reine lorsqu’elle pilotait cet appareil qui lui offrait une très bonne visibilité. Smaranda avait acquitté l’avion, grâce à une loi émise par le Secrétariat d’Etat et les autorités de l’époque: ceux qui se montraient performants se voyaient accorder un bonus représentant la moitié du prix d’un avion. Le reste de l’argent était obtenu suite à une donation publique, réalisée par le quotidien Universul, qui a mis en place une campagne. Elle a commandé l’avion, qui était presque achevé, mais les responsable de la société ne voulaient pas le lui remettre, faute d’argent pour le carburant, arguaient-ils. Smaranda les a d’ailleurs très mal notés dans son journal. Face à cette situation, Smaranda Braescu a volé l’avion et quitté l’Angleterre, en traversant la Manche et défiant le brouillard pour finalement atterrir en France, où l’histoire a fait couler beaucoup d’encre dans la presse. Le colonel Andrei Popovici, secrétaire au Club aéronautique roumain, a présenté ses excuses mais il n’a cessé de lui créer des ennuis, comme par exemple, il refusa de lui donner le permis de traverser les pays européens. »


    Smaranda Braescu avait obtenu son brevet de pilote aux Etats-Unis en 1932, sur Roosevelt Field, soit l’aéroport d’où avait décollé Charles Lindbergh pour son vol transatlantique. Elle s’est finalement vu délivrer le permis par le Club aéronautique français. (trad.: Alexandra Pop, Alex Diaconescu)

  • Tourisme d’aventure dans les Carpates

    Tourisme d’aventure dans les Carpates


    Nous dédions cette édition de notre rubrique à tous ceux qui aiment bouger, qui aiment l’insolite et l’aventure.S’ils y a parmi des contemplatifs, ils sont les bienvenus en spectateurs.


    Notre itinéraire débute dans le comté d’Alba, dans le sud de la Transylvanie. Là, nous allons rencontrer Constantin Cheşculescu, propriétaire d’une pension qui offre, comme principal loisir, l’équitation. Vous pouvez choisir entre un parcours aventure dans les Carpates qui dure 3 jours et un parcours villages roumains” de 8 jours.


    Le programme de 8 jours vous permet de vous lier d’amitié avec le cheval qui va vous porter sur les pentes des montagnes. L’aventure proprement dite commence, en fait, le 3e jour. Constantin Cheşculescu décrit l’itinéraire: « On se rend dans le massif de Cindrel, des Carpates Méridionales. Le point de départ est le village de Răhău, situé à proximité de la ville de Sebeş et nous nous dirigeons vers Sibiu, pour atteindre un village avoisinant la Clairière de Sibiu, zone pastorale très connue. Là nous attend un souper traditionnel. Le lendemain on part pour Crinţ, un autre village des Monts Cindrel. Il faut dire que chaque village est pittoresque à sa façon, chaque endroit a quelque chose de spécial à offrir au visiteur: un pain cuit dans le four comme on n’en mange nul part ailleurs, un fromage fait maison, un musée des bergers — et c’est le cas du village de Jina. »


    Au retour, on traverse de nouveau les monts Cindrel, empruntant un autre itinéraire, tout aussi pittoresque. Tout au long de ce voyage, les loisirs sont interactifs. Les touristes participent à la préparation des repas où de la barbecue. Si, pendant cette expédition, les chevaux ont besoin de repos, pendant ce laps de temps on vous propose une aventure tout terrain. La destination en est la ville de Sibiu.


    Combien coûte de telles vacances dans les Carpates roumaines? Constantin Cheşculescu explique: « C’est un séjour tout compris. Le touriste qui le réserve ne paie rien de plus pour la composante équitation. Une journée à cheval coûte environ 120 euro. Sur les 8 jours de ce programme, il y en 2 où l’on ne fait pas d’équitation, alors le prix baisse à 55 ou 60 euro, en fonction des conditions d’hébergement et des repas. Nous souhaitons renouer avec une tradition d’avant la deuxième guerre mondiale et je suis content qu’il y ait un si grand nombre de familles qui souhaitent éduquer leurs enfants de cette façon. Travailler avec les chevaux est très éducatif, ça rend patient, vous rapproche de la nature et des animaux, tout en vous éloignant de l’ordinateur et du portable.»


    Après le tourisme équestre — un peu de tourisme d’aventure. C’est ce que nous propose Valentin Gheorghe, manager d’une société spécialisée dans ce genre de tourisme. Depuis deux ans, Valentin s’est focalisé sur la zone des Carpates de courbure — avec les massifs de Penteleu et de Siriu, situés sur les territoires de deux comtés de l’Est du pays: Buzău et Vrancea. Il l’a choisie notamment en raison de sa nature sauvage. Voici son offre: « Les touristes étrangers préfèrent les choses un peu spéciales. Aussi, ma première offre comporte-t-elle entre autres des scénarios de survie. Les vacanciers sont emmenés en voitures tout terrain, par exemple, dans une zone sauvage et de là, accompagnés par des instructeurs, ils doivent refaire le chemin vers la civilisation. Ils apprennent des techniques de survie enseignées aux militaires et ils tâchent de se débrouiller, sans se rendre compte que tout a été prévu d’avance, pour les obliger à pratiquer différents sports. Par exemple, il ne peuvent arriver d’un certain endroit dans un autre qu’en traversant une rivière. Et quelque part, à proximité, ils découvriront des canoës. En une heure, ils parcourent ainsi une grande distance. Ensuite, ils arrivent à un précipice. Ils y trouvent une tyrolienne. Et ainsi de suite. Dans deux ou trois jours, ils regagnent la civilisation. »


    Valentin Gheorghe compte également parmi les promoteurs de ce programme d’aventure. Ecoutons-le : « Nos touristes ne possèdent pas de l’équipement spécial. En effet, nous assurons tout l’équipement sportif, de protection, les tout-terrains. Ils s’habillent normalement, comme s’ils auraient voulu faire une randonnée en montagne. Nous avons reçu nombre de touristes venus individuellement d’Allemagne, de France, de la Hongrie. Côté groupes organisés jusqu’ici nous avons reçu uniquement des Polonais. Nous collaborons avec une agence de voyage de Pologne depuis quelques années. A commencer par cette année, nous espérons pénétrer avec succès de nouveaux marchés : Israël, Espagne et en première les Emirats Arabes Unis. »


    Vous pouvez également découvrir l’offre roumaine de tourisme d’aventure à Adventure Fest, qui se tient vers la fin du mois en cours. C’est un festival de trois jours, où les touristes peuvent pratiquer presque tous les activités au niveau débutants.


    Ce voyage à travers le massif Apuseni s’achève sur le tourisme spéléologique, puisque dans ces montagnes il y a une contrée de 55 kilomètres carrés où se trouvent près de 2 mille grottes. Ecoutons Cristi Vârciu, responsable d’Apuseni Adventure : « J’ai travaillé pendant quatre ans en tant que guide touristique pour les Français. Le printemps je travaille avec des touristes israéliens, alors qu’en automne avec les Tchèques et les Polonais. Ce sont les trois catégories importantes de touristes que je guide à travers les Apuseni. Le tourisme spéléologique a connu le plus grand succès. Mon paquet préféré s’étend sur sept jours et prévoit de partir à pied vers la majorité des sites touristiques de la région alors que les bagages son transportés avec des tout-terrains. Le dimanche, avec un seul sac à dos, quelques vivres et un peu d’eau nous partons pour visiter une série de monuments tant naturels qu’ethnographiques. Le soir nous dormons au gîte rural, là ou les bagages nous attendent déjà. Et le lendemain matin l’histoire se répète. Nous montons sur des quads, nous traversons des gorges, nous allons même en chariot. Ce paquet de sept jours a connu un gros succès aux expositions touristiques où nous l’avons présenté. Bref, je peux te porter n’importé où dans le Massif Apuseni, même dans le temps. On peut commencer par l’époque de l’homme primitif, au Glacier de feu, la plus ancienne grotte habitée par des êtres humains, et finir par une activité moderne : survoler le massif Apuseni en parapente. »


    Même le menu est inédit si on pense à la galette cuite sur une pierre chauffée ou à une autre invention culinaire : le poulet au barrique, qui se préparent dans la grotte dans un barrique selon le modèle de la rôtissoire. Voici donc autant d’arguments qui font des Carpates Orientales une destination à ne pas rater. A bientôt ! (trad.: Alex Diaconescu, Dominique)

  • Le Théâtre National de Iasi

    Le Théâtre National de Iasi


    La prochaine édition du Gala de l’Union théâtrale de Roumanie sera organisée à Iasi, dans la grande salle du Théâtre national, a déclaré le président de l’UNITER, le comédien Ion Caramitru. C’est pour la deuxième fois, depuis 2007, que cet événement quitte la capitale au bénéfice de la province.


    Pour le Théâtre national « Vasile Alecsandri » de Iasi, la perspective de se voir l’amphitryon d’un événement d’une si grande envergure représente « un équilibre entre la normalité et l’anormalité », comme nous l’a déclaré le réalisateur Cristian Hadji Culea, directeur de cette institution : « Le Théâtre national de Iasi est le premier de ce type de Roumanie. C’est justement à Iasi qu’a vu le jour le théâtre roumain sous une forme institutionnalisée ou pas. C’est sur la scène de Iasi que l’on a joué en première une pièce en langue roumaine, écrite par Gheorghe Asachi. C’est de tous ces arguments que découle la normalité d’organiser un tel festival à Iasi. Par contre, l’anormalité veut que dans un pays comme la Roumanie, tellement centralisé, un tel événement ait lieu dans la capitale. Mais puisqu’à l’époque de Carol I la ville de Iasi fut considérée comme une véritable capitale de la culture roumaine, l’organisation du festival n’est probablement qu’un retour à la normale ».


    Au beau milieu du mouvement dramatique d’expression française qui s’empara des Principautés roumaines jusqu’en 1850, la ville de Iasi a accueilli en 1816 la première représentation théâtrale en roumain : la pièce « Mirtil et Hloé » de Gheorghe Asachi, d’après Gessner et Florian.


    Construit entre 1894 et 1896 d’après les plans des célèbres architectes viennois Fellner et Helmer, l’édifice qui abrite le théâtre de Iasi est le plus beau et le plus ancien monument du genre de Roumanie. En plus, l’usine électrique inaugurée en même temps que le théâtre a marqué le début de l’éclairage électrique à Iasi. Incluse dans un programme de rénovation selon les plans originaux, la grande salle du théâtre a rouvert ses portes au public en juin 2012.


    Elle continue à impressionner par l’immense chandelier à 109 ampoules en cristal vénitien et par les 1418 lampes électriques qui mettent en évidence les allégories paradisiaques, les nymphes et les Cupidons dont est décoré le plafond en style rococo, peint par Al Goltz. C’est justement cette salle d’une beauté impressionnante qui a poussé le président de l’UNITER à décider de l’organisation du Gala au théâtre de Iasi. Surtout que par cet événement, Iasi aura une raison de plus d’aspirer au titre de capitale européenne de la culture en 2021. Si Iasi sort vainqueur, le théâtre de la ville se verra conférer une place centrale dans le projet européen, surtout que, pour ce qui est de sa capacité, l’édifice est plus que généreux.


    Au micro, le directeur de l’institution, Cristian Hadji Culea : « A l’heure où l’on parle, le Théâtre national comporte 4 salles de spectacles, ce qui nous permet d’y organiser presque toutes les formes de théâtre. A part la grande salle à scène italienne, nous avons la scène du Théâtre Cube, construite pour continuer nos activités durant les travaux de rénovation. C’est une salle à 150 places qui attire nombre de réalisateurs souhaitant travailler ici. Rappelons ensuite l’existence, dans un bâtiment annexe, de la première usine électrique, un endroit qui a abrité des concerts d’Enescu et qui s’est transformé en ce que l’on appelle de nos jours l’Usine au théâtre. C’est une salle à plus de 100 places que l’on met généralement à la disposition des jeunes réalisateurs. Et finalement, nous avons une salle studio de 100 places. Le Cube et l’Usine s’ouvrent notamment aux metteurs en scène qui exploitent des langages divers et qui ont besoin d’un espace qui se plie à toutes les approches possibles. Quant à l’Usine au théâtre, hé bien, depuis cette année, on y organise un concours pour les metteurs en scène débutants. Je pense que c’est dans l’intérêt de notre troupe d’arriver à découvrir de nouvelles formes théâtrales et de nouvelles réponses pour un public nouveau ».


    Le Théâtre national « Vasile Alecsandri » de Iasi a un riche palmarès de festivals à même de nourrir les aspirations de la ville de devenir capitale européenne de la culture. Repassons le micro à Cristian Hadji Culea : « Je voudrais d’abord vous parler d’un festival en rapport avec le Théâtre national de Iasi. Juste en face de notre édifice, il y avait jadis une grande salle où fonctionnait le premier théâtre juif du monde ouvert par Abraham Goldfaden. C’est bien lui qui a joué en première, à Iasi, du théâtre en yiddish avant de continuer sa carrière à New York. Cela fait déjà plus de 15 ans que nous avons un festival consacré aux influences de la culture juive et d’autres cultures européennes. Ce festival a pris de l’ampleur à l’époque de l’ancien directeur Ion Holban et il a continué à se dérouler régulièrement, bien que dernièrement on ait commencé à avoir des problèmes de financement. Un autre festival est celui nommé «l’Europe, tout à l’Est » qui met en lumière les rapports culturels entre l’Orient et l’Occident. A cette occasion, on a fait venir à Iasi tous les théâtres de Moldavie, dans une tentative de refaire l’unité de cette province historique à deux frontières. Et puisque l’espace nous le permet, on souhaite mettre sur pied un festival nommé « Rencontres » consacré au langage théâtral et susceptible de faire débat sur la capacité innovatrice de la mise en scène ».


    Et puisque l’on ne sait pas encore si Iasi serait bien servi dans son ambition de devenir capitale européenne de la culture, disons tout simplement que le 13 mai 2013, cette belle ville accueillira dans la grande salle du Théâtre national le Gala de l’UNITER. En plus, n’oublions pas les premières qui feront la gloire de ce théâtre dans les mois à venir. Et nous pensons notamment à la comédie « Le chapeau florentin » d’après Eugène Labiche, mise en scène par Silviu Purcarete et dont la première a lieu ces jours-ci.(trad.: Ioana Stancescu)

  • Une décision étonnante

    Une décision étonnante


    Le 265e Pape de l’histoire de l’Eglise catholique, Benoît XVI, a annoncé qu’il renonçait au pontificat, une décision sans précédent dans l’époque moderne. L’annonce a été faite par le Souverain pontife lui-même, en latin, l’état de santé étant la raison principale de cette démission. Le Pape Benoît XVI : «Je suis arrivé à la certitude qu’étant donné l’âge avancé, je n’ai plus les forces nécessaires pour exercer, comme il se doit, la mission au Vatican. Je suis tout à fait conscient que cette mission, de par sa nature spirituelle, doit être menée à bonne fin non seulement par des faits et des mots, mais aussi avec souffrance et prière. Chers frères bien-aimés, je vous remercie de tout cœur pour tout votre amour et des efforts entrepris pour me soutenir dans ma mission et je vous demande pardon pour tous mes défauts ».


    Benoît XVI a été élu à la tête de l’Eglise catholique suite au Conclave de 2005, en tant que successeur de Jean-Paul II. Maintenant, l’annonce concernant le retrait imminent du Pape a surpris le monde catholique et non seulement. Le père Adrian Dancă, chef du Service Roumain de Radio Vatican, estime dans un entretien pour Radio Roumanie que le geste du Pape mènera à une ré-écriture des lois de l’Eglise pour éclaircir le statut de celui qui renonce au Saint-Siège: «Son geste a surpris la législation de l’Eglise, dans le sens qu’une telle possibilité n’est pas prévue, mais il avait déjà annoncé dans un livre d’entretiens en 2010 — « Lumière du monde » – que le pape doit aussi avoir la liberté de démissionner. Son statut va créer un précédent d’une importance extraordinaire pour l’avenir de l’Eglise aussi ».


    Adrian Dancă a également parlé de l’importance des années passées par le Pape Benoît XVI à la tête de l’Eglise catholique:«C’est un pontificat de grande importance parce que c’est pour la première fois que le Pape a assumé la liberté d’être soi-même, d’être cohérent dans ses propos et de donner un signal d’espoir à ceux qui font partie de l’Eglise catholique. C’est un grand homme, un grand théologien et un grand prélat. Le Pape montre que l’Eglise catholique doit être libre, répondre de la meilleure manière possible aux exigences de prêcher l’Evangile de notre temps. Du point de vue social, on peut affirmer sans l’ombre d’un doute que son rôle a été déterminant dans beaucoup d’aspects, y compris au niveau de la société civile en Europe. Durant ses voyages apostoliques, partout où il allait, il tenait beaucoup à rencontrer les représentants du monde politique, les représentants de la culture et leur transmettre justement un message de confiance en l’homme. Du point de vue politique, le Saint Père s’est tenu à l’écart des querelles quotidiennes, il a essayé de transmettre aux milieux politiques les valeurs fondamentales à défaut desquelles une démocratie moderne ne peut pas tenir debout. Il a affirmé à plusieurs reprises qu’un Etat libéral et démocratique se nourrit de valeurs qu’il n’est pas à même de se donner et que ces valeurs sont issues des racines judéo-chrétiennes de la culture européenne et de l’Etat moderne ».


    La décision du Pape Benoît XVI répond aux canons de l’Eglise catholique qui prévoient qu’un Souverain pontife peut démissionner à condition de le faire de bon gré. De l’avis du professeur en théologie, Radu Preda, la décision de l’actuel Pape de quitter le Saint Siège de cette manière confère une image positive à l’Eglise catholique confrontée dernièrement à plusieurs scandales.


    Radu Preda: « C’est un geste plein de dignité qui démontre que personne n’est irremplaçable, quelle que soit la position occupée. En plus, en tant que prélat et leader, il faut chercher à préserver un équilibre entre l’intérêt personnel et celui de la communauté. Or, de ce point de vue, Benoît XVI a choisi sa propre voie qui lui assurera une place à part dans l’histoire de l’humanité. Il aurait pu choisir le modèle de son prédécesseur, le charismatique pape Jean Paul II qui a préféré mourir en fonction, bien que visiblement marqué depuis des années par la maladie, la vieillesse et l’impuissance. Tout comme Jean Paul II, Benoît XVI aurait pu faire la preuve des limites et de la fragilité humaine. Mais, puisqu’il se connaissait mieux que personne, il a préféré emprunter la voie du retrait, avant qu’il ne soit trop tard. Un geste qui lui vaut notre estime. »


    Benoît XVI a occupé le Saint Siège dans une période extrêmement difficile quand les changements politiques ont soumis l’Eglise catholique à dure épreuve. Il s’est fait notamment remarquer par ses nombreux messages et prières au service de la paix, par ses appels au dialogue inter religieux et par ses discours au nom des droits de l’homme, de la protection de l’environnement et de la lutte contre la pauvreté. La question se pose maintenant quant à la personne qui succédera à Benoît XVI à la tête de l’Eglise catholique. Mais, avant d’apprendre son nom, on doit dire que cette personne devra répondre aux nombreux défis auxquels se confrontent l’Eglise: le conflit entre les réformistes et les libéraux ou encore les scandales sexuels ou ceux de corruption.( trad.: Ioana Stancescu, Ligia Mihaiescu)

  • Même les travailleurs des multinationales sourient

    Même les travailleurs des multinationales sourient


    Fin janvier 2013 à Bucarest. Passé 17h, la station de métro Pipera commence à se remplir de monde. Plusieurs milliers de gens passent par là tous les jours en chemin vers les sièges des multinationales. Pourtant, ceux qui se rassemblent maintenant sur la passerelle menant au quai ne semblent pas être des corporatistes. Ils sont jeunes, souriants, ils ont emmené des porte-voix et des pancartes portant des messages optimistes.






    Certains déroulent un tapis rouge au bout des marches du métro. Ils ont un plan, c’est bien clair, car aucun des travailleurs du métro ne semble surpris. Nous sommes en train d’assister à quelque chose de moins habituel.






    Les préparatifs ont lieu sous la coordination d’Andrei Tudose de l’ONG Delivering Life, qui se propose de rappeler aux gens qu’il faut aussi sourire. « Comme d’habitude, nous interrompons les moments de routine des gens, depuis leur sortie du bureau jusqu’à l’entrée du métro, pour leur donner des raisons de se sentir bien dans leur peau, pour leur faire prendre conscience qu’ils sont aussi des personnes et qu’ils peuvent être aimés et appréciés pour la simple bonne raison qu’ils existent ».






    Pour m’assurer d’avoir bien compris le but de l’agitation avant l’heure de pointe, je m’adresse à une jeune bénévole et je lui demande qu’est-ce qu’elle fait là. « Je suis venue partager de la joie. Moi, je suis quelqu’un de gai. Quand je prends le métro et que je vois des gens fatigués, qui après une journée de travail ne souhaitent plus que de rentrer chez eux, je n’aime pas. Avec mes camarades, nous resterons sur les marches et applaudirons les gens qui sortent, nous essaierons de les divertir, de leur montrer qu’il y a aussi des gens heureux, de les contaminer avec notre joie. La joie, c’est contagieux, tout le monde va sourire ».






    Les caméras de télévision apparaissent, les photographes aussi ; on dirait le Gala des Oscars bien que le contexte n’ait rien à voir avec le film. Comme par magie, la station de métro se transforme en un endroit pour accueillir les célébrités. « On t’aime ! », « Tu es notre héros », « On t’aime bien ! », « Allez, souris, quoi ! », peut-on lire sur les pancartes. Nous sommes prêts… à attendre les corporatistes. Lorsqu’ils commencent enfin à descendre les escaliers, des applaudissements et des hourrahs ! se font entendre des hauts-parleurs. Au début, ils sont étonnés, ils se gardent de marcher sur le tapis rouge, ils sautent par-dessus ou le contournent ; certains autres semblent ne pas le voir et marchent dessus sans le regarder. D’aucuns sont pressés, d’autres froncent les sourcils, quelques-uns sourient, s’arrêtent et parlent avec les reporters de télévision, se laissent prendre en photo. Quelques autres lancent des jurons…






    Un micro en carton à la main, Andrei Tudose joue les reporters :




    « Comment allez-vous ? »

    « Un peu fatigué après le travail, mais j’aime cette atmosphère dégagée».

    « Vous vous sentez mieux qu’au moment où vous êtes entré ? »

    « Oui ».

    « Parfait, c’est ça l’idée ».






    Florentina Ciobanu ne s’arrête pas. Elle ne veut pas entrer dans ce jeu et décide d’avancer au bras d’une autre amie. Cette action ne l’a pas enchantée et elle affirme que c’est trop de bruit pour rien : «Probablement dans leur tête c’était une idée originale, mais moi je crois qu’elle est copiée de l’étranger. Je ne fais pas trop confiance dans ces choses-là. Ce sont des événements inventés pour que des ONGs puissent dérouler certaines activités et demander ensuite l’argent de l’UE pour d’autres activités … Mois je suis suspicieuse. »






    Mais qui a été le sponsor de l’événement ? Qui a supporté ses coûts ? Andrei Tudose : « Les coûts n’existent pas ou s’ils existent, ils sont tout à fait infimes, et nous avons tous supporté : batteries, 2 mètres carrés de tapis rouge, pancartes… Les gens nous rejoignent parce que ce que nous faisons les inspire, parce qu’ils se sentent bien et choisissent eux aussi d’offrir quelque chose à d’autres personnes.»






    Malgré les suspicions, l’action fait des échos, les gens parlent de la soirée quand au métro les cadres de multinationales ont donné des autographes et ont remercié leurs parents et enseignants de les avoir aidé à arriver là où ils se trouvent à l’heure actuelle. Puis ils partent à la maison, un peu plus heureux qu’au moment de leur entrée au métro, trois minutes auparavant.




    De tels petits événements, censés interrompre la routine des personnes qui jouent le rôle de rouages de l’économie de marché, constituent d’excellents prétextes pour ceux qui y sont impliqués mais aussi pour le public de penser à ce qui se trouve derrière le moment qui passe.






    Aux dires d’Andrei Tudose, ce fut une expérience réussie : « Les gens ont participé à notre jeu. Les cols blancs ont signé, se sont amusés, puis ont levé leurs mains vers nous. A mon avis, la vie est un cadeau et je la traite en tant que tel. Je cherche les choses qui puissent me faire sentir mieux et à l’aide desquelles je peux influencer la vie de ceux qui m’entourent. J’ai moi-même remarqué que je suis le prisonnier d’une série de choses à faire et que les journées, les semaines, les mois et les années ne font que passer… J’ai reçu un jour une invitation qui marquait les 20 ans depuis la fin du lycée et je me suis dit : Mon Dieu, que le temps passe ! A mon avis il est essentiel de vivre l’instant présent. C’est ainsi que cette idée est apparue. »




    Prochaine rencontre avec Delivering Life : le 26 février à l’aéroport… ou dans un centre commercial plein de monde. Ou peut-être dans un autre endroit, inattendu. Ils vont apparaître avec des pancartes et des mégaphones à la main pour faire tout ce qu’ils peuvent pour vous arracher un sourire. Allez, souriez un peu, quoi ! (trad. : Ligia Mihaiescu)

  • La Journée mondiale de la Radio

    La Journée mondiale de la Radio


    A linitiative de lUNESCO, la Journée mondiale de la radio a lieu ce mercredi 13 février, date choisie en hommage au 13 février 1946, jour de création de la Radio des Nations Unies.


    Les auditeurs ont été invités à dire par des messages audio , ce que la Radio représentait pour eux:


    Sergio Valzania, adjoint au directeur de Radio RAI.


    « Je souhaite que Radio Roumanie garde son charme et sa capacité d’offrir des émissions extrêmement variées à un public divers : c’est là d’ailleurs le rôle qu’a une radio publique, à savoir d’aborder une gamme large de sujets pour un public différent et non pas de rechercher uniquement la publicité, comme c’est le cas des radios privées. Je pense qu’il faut saisir cette occasion aussi pour souligner la capacité des services publics de radio à se montrer plus dynamiques que la télévision quand il s’agit de découvrir les relations profondes entre les pays, de les maintenir vivantes et d’essayer de les améliorer ».


    Efim Arteev de Russie


    « Bien que la radio perde du terrain face à la télévision avec ses programmes si colorés, bien que de nouvelles technologies fassent leur apparition dans les télécommunications et qu’Internet ne cesse de séduire les gens à travers le monde, pour moi les résultats de la bonne vieille radio demeurent incontestables et ce moyen de communication se fait entendre dans tous les coins du monde. Cette « découverte » merveilleuse perdure de nos jours encore — même dans les régions sous-développées où Internet a du mal à pénétrer. Toute personne peut écouter la voix du modérateur préféré, se mettre au courant des problèmes auxquels ses semblables à travers le monde se voient confronter ou encore écouter une dédicace musicale depuis un pays exotique. Moi, je figure parmi les milliers de personnes qui aiment la radio pour son ouverture vers le monde et son accès facile. J’appelle tout le monde à rejoindre aussi vite que possible la communauté des amateurs de la radio et à découvrir l’irrépétable fascination des ondes radiophoniques ».


    Frederick Moe du New Hampshire, aux Etats-Unis.


    « A l’époque de mon enfance, dans les années ‘60, mon père était dépanneur d’appareils radio. Il avait aménagé son propre atelier dans le sous-sol de notre maison. Je me rappelle que je suis tombé par hasard sur un récepteur radio ondes courtes que mon père était en train de réparer. Je me suis aussitôt mis à tourner les rouages et à presser les boutons, fasciné par la multitude de sons et de langues mais aussi et surtout par la musique qui se faisaient entendre. Le signal radio était extrêmement clair, on aurait dit que les programmes étaient transmis depuis la pièce à côté. La radio ramène la joie dans mon cœur et me permet de découvrir le monde entier depuis le chez moi, au New Hampshire, où les ondes radio sont encore vivantes et pleines de magie ».


    Christer Brunstrom de Suède:


    « La radio a depuis toujours joué un rôle crucial dans ma vie. En 1962 j’ai découvert les radiodiffuseurs internationaux sur ondes courtes et je suis resté sous leur charme pour toute la vie. J’aime la manière dont les émissions radio stimulent l’imagination. J’aime en égale mesure communiquer avec les radiodiffuseurs à travers le monde. Les chaînes de radio internationales représentent ma principale source d’information et de divertissement ».


    Miguel Ramon Bauset d’Espagne


    « Ce moyen de communication m’a aidé depuis toujours à me former en tant que personne, à découvrir le monde qui m’entoure. De même, il m’a permis de faire la connaissance d’un grand nombre de gens, dont beaucoup sont devenus de très bons amis pour moi. La Radio, quelles que soient ses voies de transmission, c’est de l’information et de la connaissance — c’est un camarade, une source importante et inépuisable de culture pour le pays d’où elle émet. Mon amie, la radio, mon camarade dans les voyages, reçoit un hommage en ce début d’année. Sincères félicitations pour cet événement! »


    Volodimir Pivovarov, dUkraine


    « J’écoute près de 20 radios chaque jour et j’envoie des rapports de réception. J’échange aussi des courriels avec d’autres passionnés de la radio, qui trouvent intéressantes mes opinions sur le monde actuel, la vie et les dernières informations sur ce qui passe dans l’univers radiophonique. La Radio est très importante pour moi. C’est une passion qui m’a donné pour la première fois l’occasion de voyager au delà des frontières nationales, plus précisément en Roumanie. Cela se passait en 2004, lorsque le service ukrainien fêtait son 10e anniversaire. J’ai visité la Roumanie, aux côtés de mon épouse et ma fille, et j’ai eu la chance de découvrir ce pays. Un rédacteur du service ukrainien nous a tenu compagnie tout au long du séjour dans le département de Suceava. »


    Mohamed Al-Sayed Abderrahim d’Egypte:


    « Il me fait un très grand plaisir de rappeler, lors de la Journée mondiale de la Radio, le rôle humanitaire de ce moyen de communication ainsi que sa dimension historique, culturelle et sociale. Et ce parce que la Radio a été et continue d’être, de par ses émissions, la voix magique, née et créée du progrès et de la technologie. La Radio demeure, de par son âge et simplicité, un moyen d’information agréable et utile pour toutes les sociétés. Mes meilleurs vœux à Radio Roumanie et à toutes les radios du monde ».

  • 1.La première attestation de Suceava.2. L’abolition de l’esclavage en Valachie

    1.La première attestation de Suceava.2. L’abolition de l’esclavage en Valachie


    La première attestation de Suceava, capitale de la principauté roumaine de Moldavie au XIV- siècle


    La ville de Suceava est un des plus anciens habitats urbains de la Moldavie médiévale. Rappelons que la Moldavie, grande région qui couvre l’Est du pays, est une des 3 principautés historiques roumaines et Suceava fut sa première capitale.


    L’apparition de cette ville est liée à la fondation de l’Etat médiéval de Moldavie. Vers la moitié du 14e siècle, un groupe de Roumains du Maramures, contrée de l’extrême nord de la Roumanie actuelle, dirigés par un chef local appelé Dragoş, étaient chargés par le roi Louis Ier de Hongrie de protéger ce territoire-tampon qu’était la Moldavie contre les Tatars, qui la menaçaient à l’Est.


    Après la consolidation de l’Etat de Moldavie, pendant le dernier quart du 14e siècle, Suceava allait être, pendant deux cents ans, une résidence princière.


    Quelle est l’étymologie du nom de cette ville? Les spécialistes ont formulé deux hypothèses:


    Selon la première, il paraît qu’au 17 siècle, des pelletiers hongrois se seraient installés à Suceava. Or, en hongrois, le nom qui désigne le manteau de fourrure est szücs. C’est donc ce mot magyar qui se trouverait à l’origine du nom de Suceava, dérivé de szücs auquel on avait ajouté le suffixe roumain –eavă. On suppose que la nouvelle vocable signifiait pelleterie”


    Selon la deuxième hypothèse – moins plausible — le nom de la ville de Suceava serait un dérivé du mot soc” — sureau, à l’aide du suffixe slave -va”, ce qui aurait donné un mot signifiant forêt de sureaux”.


    A part son nom, nous avons conservé de l’habitat médiéval de Suceava les deux cités entre lesquelles il s’est développée. La première est située au nord-ouest de la ville, au sommet d’une colline de 384 mètres d’altitude — et à 80 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle faisait partie du système de fortifications construit par le prince régnant Petru Ier à la fin du 14e siècle. Au début du 15e siècle, pendant le règne du voïvode Alexandru cel Bun — Alexandre le Bon — cette cité a été abandonnée. A présent elle est en ruine. Elle figure, en tant que site archéologique, sur la liste des monuments historiques du comté de Suceava.


    La deuxième cité — qui est la cité princière de Suceava — se trouve dans l’est de la ville, sur un plateau situé à 70 mètres d’altitude. Construite, elle aussi, par le voïvode Petru Ier, agrandie par ses descendants et renforcée par le prince régnant Etienne le Grand, elle fut détruite en 1675. Tout comme l’autre cité, elle est actuellement en ruine et figure sur la même liste des monuments historiques du comté.


    La cité médiévale de Suceava était multiethnique, habitée, par des Roumains, des Allemands, des Hongrois et des Arméniens. Son économie était fondée sur le commerce.


    Pendant le règne d’Alexandru Lăpuşneanu, vers la moitié du 16e siècle, la capitale de la Moldavie allait être transférée à Iaşi, mais Suceava allait servir de résidence à d’autres princes régnants moldaves jusqu’au début du 17e siècle.


    2. L’abolition de l’esclavage dans la Province historique de Valachie


    Dans les principautés roumaines, la révolution de 1848 compte parmi les repères de la modernité. Fruits des échanges de plus en plus intenses avec l’Occident et de la sortie de sous l’influence pluriséculaire des Ottomans, les Roumains, tout comme les autres nations d’Europe centrale et orientale, cherchaient leur propre chemin pour arriver au développement économique et culturel. Les révolutionnaires roumains ont été les promoteurs de la majorité des idéaux de modernisation, vecteurs de l’émancipation sociale, politique et économique. La nouvelle société se proposait de libérer l’homme de son asservissement et de stimuler sa créativité. Sur cette toile de fond, l’esclavage semblait être l’héritage le plus rétrograde du passé. A l’époque, la servitude économique existait toujours dans l’espace roumain. Mais hormis certaines catégories de paysans, il y avait aussi un asservissement racial, beaucoup plus dur, appliqué aux Roms. C’était en fait une forme d’esclavage puisque les tziganes n’étaient pas libres, mais appartenaient à un propriétaire.


    L’origine de l’esclavage de cette population se perd dans la nuit des temps. A commencer par le 13e siècle, les tribus de roms nomades du nord-ouest de l’Inde ont été rattachées aux armées mongoles et amenées dans des campagnes militaires en tant qu’auxiliaires. Dans les principautés roumaines, les esclaves tziganes étaient divisés en trois catégories, selon leurs propriétaires : l’Etat, l’Eglise et les particuliers. L’esclavage a été une institution bien réglementée dans la société médiévale et moderne roumaine. Les lois stipulaient clairement quelles étaient les droits ou mieux dire l’absence de droits et à quel traitement il pouvait être soumis. Le grand obstacle que les libéraux roumains ont dû surmonter a été l’opposition des propriétaires de tziganes de les libérer de leur statut humiliant, inhumain. Pour les abolitionnistes, l’esclavage était une pratique inacceptable dans la société moderne qui allait être édifiée. L’idée de l’abolition a difficilement pénétré la société, puisque les premières demandes datent de 1837 — 1838. Peu à peu, à la veille de la révolution de 1848, elle est devenue de plus en plus populaire. Vu que les arguments humanitaires en faveur de l’abolition de l’esclavage ont eu peu de succès, les abolitionnistes roumains ont décidé d’analyser l’efficacité économique de l’esclavage.


    Mihail Kogălniceanu et Ion Cîmpineanu, ce dernier étant le premier boyard roumain a libérer ses esclaves roms en 1837, ont mené des campagnes abolitionnistes acharnées dans la presse et, dans leurs interventions publiques, ils insistaient sur le manque de rentabilité de l’esclavage. Entretenir une armée d’esclaves était une affaire trop coûteuse et ne justifiait pas les bénéfices provenant du travail apparemment gratuit de ces personnes. Après 1850, les boyards propriétaires d’esclaves ont finalement compris la nécessite économique de l’abolition de l’esclavage. Le 8 février 1856, le prince valaque Barbu Stirbey signait la loi qui libérait de l’esclavage 250 mille personnes, soit 7% de la population du pays. ( trad.: Dominique, Alex Diaconescu)

  • Evénements culturels dans les mines de sel de Roumanie

    Evénements culturels dans les mines de sel de Roumanie


    Aménagée et ouverte au public en septembre 2009, la mine de sel d’Ocnele Mari compte déjà parmi les plus importantes et les plus visitées de Roumanie. Avec une superficie de 25 mille mètres carrés, elle dispose d’aires de jeux pour les enfants, de magasins de souvenirs, d’une salle de cinéma, d’un mini-terrain de basket et d’une piste de karting. La mine d’Ocnele Mari accueille aussi la plus grande église souterraine de Roumanie, ainsi qu’un musée du sel.


    Rodica Tanasie dirige l’office de Tourisme de cette mine. Elle présente l’église située à l’intérieur de la mine: « L’histoire de cette église commence par l’ouverture de cette attraction touristique en septembre 2009, après la fin de l’exploitation proprement dite du sel. C’est ici qu’a été inaugurée cette église qui est devenue par la suite la plus grande église orthodoxe souterraine de Roumanie, consacrée aux Saints Georges et à la Sainte Barbe, la protectrice des mineurs, des architectes et des constructeurs. Cette église a été aménagée par l’Exploitation minière de Râmnicu Vâlcea et par le paroissien. A commencer par 2009 et jusqu’à l’heure actuelle, la mine a accueilli différents évènements. En 2011 les reliques de sainte Barbe provenant de Grèce y ont été déposées. Un pèlerinage de deux jours a été organisé à l’occasion. A travers le temps nous avons organisé des concerts de musique religieuse, dont un tenu par Felix Goldbach, un clarinettiste très connu. C’est pendant la même soirée musicale qu’a eu lieu un concert de la Chorale de la Cathédrale Archiépiscopale. »


    C’est en raison de l’état excellent de conservation des travaux miniers et des outillages utilisés pour transporter le sel que la mine de Turda est devenue un véritable musée d’histoire de l’exploitation du sel. La mine est actuellement une destination touristique importante pour ceux qui se rendent à Turda, dans le département de Cluj. L’exploitation du sel à Turda a été un élément important pour l’évolution prospère de la ville vu que cette mine date du 17e siècle. Ceux qui étaient présents à l’inauguration de l’attraction touristique il y a deux ans ont été surpris de trouver dans ces espaces une salle de traitement, des terrains de sport et un amphithéâtre. Et les évènements se sont enchaînés jusqu’à nos jours.


    Felicia Ràceanu, directrice de la Maison de la Culture de Turda passe en revue les événements que la mine s’apprête à accueillir: «L’agenda des événements est très riche cette année. La Maison de la Culture de Turda se charge de leur organisation en collaboration avec la mine et d’autres institutions, histoire de rendre les activités plus agréables et d’attirer un nombre plus grand de touristes. Dans le cadre du Printemps culturel à Turda, qui s’ouvre au mois de mars et qui est arrivé à un nombre respectable d’éditions, il y aura une Journée consacrée aux Arts, dont le coup d’envoi sera donné dans la mine même. La mine de sel de Turda accueillera également un concert de musique avec comme protagonistes les groupes musicaux d’enfants et des jeunes de la localité, ainsi qu’une exposition spéciale, lors des fêtes pascales. L’occasion aussi de mettre en place une exposition d’art culinaire. A noter aussi les deux ateliers que la Maison de la Culture de Turda va organiser cet été, dont un en partenariat avec la Société culturelle Filarmonia Turda et l’autre en partenariat avec l’Ecole Populaire d’art Tudor Jarda de Cluj. Nous avons aussi été très contents d’apprendre que la Société « La culture sans frontières » a annoncé sa participation à nos programmes. Les artistes ayant exposé l’année dernière dans notre mine ont connu un grand succès ».


    Et c’est toujours en 2012 que la mine de Turda a accueilli entre autres un spectacle inédit du Théâtre du Silence, d’Italie, lors de la 5e édition du Festival International du Théâtre expérimental MAN.in.FEST organisée par l’Association « Le Théâtre impossible ». L’édition 2012 a réuni des artistes de renommée internationale issus de 6 pays; l’événement a surpris par l’organisation des événements dans des espaces non-conventionnels, tels la Mine de Turda…(trad. : Alexandra Pop, Alex Diaconescu)

  • La menace de l’islamisme radical en Afrique du nord

    La menace de l’islamisme radical en Afrique du nord


    Deux ans après le début du « printemps arabe », mouvement qui a renversé plusieurs dictateurs de pays arabes, les effets dans les pays de l’Afrique du Nord et du Proche Orient demeurent incertains. Les experts et les analystes internationaux ont remarqué, dans nombre de ces pays, que la déception et la révolte de la population ont souvent remplacé l’euphorie. Les changements de régime dans la région et la transition vers la démocratie ont eu des effets pervers en Egypte et en Libye.


    Ces évènements ont marqué le début d’une période de chaos, de violences et de mécontentements qui ont permis une montée du fondamentalisme religieux et la création d’un bassin d’opérations de groupes armés extrémistes associés aux mouvements terroristes. Pendant la précédente décennie, les grandes puissances occidentales se sont concentrées sur les interventions en Afghanistan et en Irak.


    Entre temps, l’Afrique, continent marqué par le croisement de la pauvreté avec l’instabilité politique, est devenu un champs de manœuvre des mouvements islamistes. Les récents événements au Mali et en Algérie ont rappelé à la communauté internationale l’existence d’une menace majeure dans le nord de l’Afrique : l’islamisme radical, qui risque d’être projeté en Europe aussi.


    Le 11 janvier, à la demande des autorités maliennes, Paris a lancé l’opération Serval, un assaut aéro–terrestre censé bloquer une offensive vers le sud des groupes islamistes armés, dont certains sont liés au réseau terroriste Al-Qaïda. Ceux-ci contrôlaient le nord du pays depuis plus de neuf mois. L’offensive franco-malienne a libéré les plus importantes villes du nord et du nord-est : Gao, Tombouctou et Kidal, à la frontière avec l’Algérie.


    Le président français, François Hollande s’est rendu au Mali où il a affirmé que son pays n’avait pas achevé sa mission, que le terrorisme avait été seulement « repoussé », « chassé » mais « pas encore vaincu ». Le président Hollande a visité la ville de Tombouctou, une des villes les plus mutilées par la guerre où il a dénoncé la barbarie et les abus commis ces derniers mois par les islamistes radicaux au nom de la loi islamique, la charia. Les effets des événements au Mali ont rapidement traversé la frontière avec l’Algérie où une attaque terroriste sans précédent sur un site gazier, a eu lieu en guise de réponse à l’opération Serval. Plusieurs dizaines d’ouvriers étrangers, dont des Roumains, ont été pris en otage. L’intervention en force des autorités algériennes, controversée et même critiquée par l’Occident, s’est achevé par un bilan tragique : 40 otages, dont deux Roumains tués.


    Le conseiller présidentiel Iulian Chifu évoque ces deux évènements : « Ce sont deux thèmes différents qui finissent par converger, vu qu’il s’agit d’une zone très volatile, d’une zone saharienne, d’une zone où il y a des Etats post — coloniaux dont les frontières étendues sont difficiles à contrôler. Ces Etats-là n’ont pas la possibilité de maîtriser les zones où ces groupes radicaux, terroristes, djihadistes, vivent et stockent leurs armes. D’autre part, on ne devrait pas blâmer à priori la manière dont a été menée l’intervention en Algérie. C’est l’un des peu nombreux régimes encore capables de lutter contre ces groupes radicaux. C’est un régime qui a eu à choisir entre laisser ce groupe partir avec les otages qu’il allait tenter de vendre par la suite pour des sommes exorbitantes — une formule de financement qui engendre de nouvelles attaques terroristes, prises d’otages – et intervenir brutalement ; c’est ce qu’Alger a fait, d’une manière d’ailleurs efficace, pour prendre le contrôle, considérant qu’il était utile que ce type d’intervention bloque la création d’un précédent et décourage les attaques dans cette zone riche en pétrole et en gaz».


    Les événements au Mali et en Algérie ont déterminé la tenue à Bruxelles d’une réunion extraordinaire où les chefs des diplomaties des Etats membres de l’UE ont donné le feu vert à une mission chargée de la formation et de la réorganisation de l’armée malienne. 500 personnes de 15 Etats prendront part à cette mission qui deviendra complètement opérationnelle le mois prochain.


    En tant que membre de l’UE, la Roumanie a décidé d’y participer elle aussi. Le Conseil suprême de défense du pays a approuvé l’envoi de 10 militaires dans ce pays africain. Bucarest a souhaité ainsi réaffirmer son engagement dans la lutte antiterroriste et la garantie de la sécurité internationale, aux côtés de ses partenaires de l’UE et de l’OTAN. Certains se sont même demandés si la décision de Bucarest de participer à la mission au Mali était symbolique ou bien utile.


    L’analyste militaire Ion Petrescu répond : « Les dix militaires sont très utiles. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit aussi bien de formateurs que de spécialistes des questions relevant de l’Etat major. Coopter des militaires roumains de haut niveau dans les structures d’Etat major mises en place par l’EUCOM — le Commandement des forces des Etats-Unis en Europe, témoigne du respect envers l’expérience militaire roumaine. Ce sont des professionnels riches de l’expérience que l’Armée roumaine en général a gagné sur les trois théâtres d’opérations militaires : l’espace ex-yougoslave, l’Irak et l’Afghanistan. »


    Par ailleurs, Paris envisage de réduire à partir du mois prochain sa participation militaire au Mali, si la situation sur le terrain le permettait. La France et les Etats-Unis ont souligné que la mission de garantir la sécurité, l’intégrité territoriale et la souveraineté de ce pays revenait à la Force africaine du Mali, qui devait être placée aussi vite que possible sous l’autorité de l’ONU. Cette force devrait être constituée de 6000 soldats environ. (trad.: Alexandra Pop, Alex Diaconescu)