Category: Terre Verte

  • La mondialisation amène de nouvelles espèces de coléoptères en Roumanie

    La mondialisation amène de nouvelles espèces de coléoptères en Roumanie

    Une équipe mixte d’entomologistes roumains et italiens a récemment découvert cinq nouvelles espèces de coléoptères sur le territoire roumain. Il est essentiel, selon les entomologistes qui ont pris part à l’étude à ce que la surveillance du phénomène se poursuive et que les recherches s’intensifient pour identifier rapidement les nouvelles espèces qui arrivent en Roumanie en raison du processus de mondialisation.

    Andreea Cătălina Drăghici, muséographe au Musée National d’Histoire Naturelle « Grigore Antipa » de Bucarest et auteure d’une étude qui recense les différentes espèces de coléoptères présentes en Roumanie, nous explique le contexte de cette découverte :

    « Les coléoptères sont des espèces qui revêtent une importance particulière pour la nature et les écosystèmes. Nous nous savons vivre à l’ère de l’Anthropocène, nous sommes conscients du déclin accéléré de la biodiversité, mais aussi de l’urbanisation rampante et des effets nocifs de la mondialisation, et notamment du commerce international. Dans notre étude, nous avons observé que cinq espèces de coléoptères sont arrivées en Roumanie grâce à ce commerce international. Ces espèces non indigènes, allogènes, sont des espèces opportunistes. Elles vivent près des activités humaines, accompagnant l’homme. Les zones urbaines, les villes, les zones portuaires et douanières constituent les points de passage privilégiés pour l’introduction de ces espèces opportunistes hors de leur aréal habituel. »

     

    La recherche a un rôle essentiel à jouer

     

    C’est précisément pour cette raison que trois des cinq espèces découvertes ont été trouvées dans la région de Dobroudja, poursuit Andreea Cătălina Drăghici, qui souligne combien il est important d’étudier ces nouvelles espèces de coléoptères :

     

    « La Dobroudja est une zone aride, de steppe, adaptée à des espèces non indigènes, qui s’épanouissent à des températures plus élevées. Les zones portuaires de la région constituent des points d’introduction privilégiés de ces espèces dans notre pays. Mais au-delà de la connaissance purement scientifique, ces insectes peuvent avoir un impact sur notre santé, sur notre bien-être général. C’est pour cela qu’il est important de les étudier et de comprendre leur mode de vie. Elles risquent par exemple d’altérer les aliments, et il n’est pas rare de trouver dans la farine de maïs de telles espèces non indigènes. Elles ont un impact aussi sur la biodiversité, perturbant les écosystèmes locaux. On aurait cependant besoin des études plus approfondies pour comprendre de manière exacte la teneur de cet impact. Il existe toutefois un risque génétique, un risque d’hybridation avec des espèces indigènes. Il peut y avoir des phénomènes de concurrence ou de déplacement des populations indigènes. Pour l’instant, les données dont nous disposons sont insuffisantes pour étayer tout cela, mais ces espèces importées peuvent présenter un risque mortel pour certaines espèces indigènes. »

     

    L’étude sur les espèces de coléoptères a été réalisée par une équipe internationale, s’appuyant dans sa démarche sur un règlement européen qui vise la prévention et la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces allogènes invasives. Andreea Cătălina Drăghici :

     

    « Ce n’est qu’en 2022 que nous avons réussi à recenser les 52 espèces de coléoptères allogènes ou non indigènes. C’est grâce à cette démarche que nous sommes parvenus à découvrir cinq nouvelles espèces et je crains qu’il en existe bien d’autres. Il est très difficile de réaliser des recensements au niveau national, car cela suppose un effort financier et humain très important. Ces cinq espèces ont été découvertes un peu par hasard. Donc, voilà, même ces collectes non intentionnelles sont encore de grande importance, jusqu’à ce que des mécanismes plus élaborés de surveillance au niveau national soient développés. L’une de ces espèces a été identifiée à Bucarest, ce qui est totalement inhabituel. L’on aurait pu imaginer trouver ces espèces dans des zones plus isolées, or voilà, parfois c’est loin d’être le cas. Mais notre étude nous a permis de faire d’autres découvertes, concernant par exemple les données de distribution de différentes espèces, élément extrêmement important ».  

     

    Les scientifiques alertent sur la nécessité de rester vigilants

     

    La Roumanie possède une diversité impressionnante d’insectes grâce à son climat varié et à ses écosystèmes diversifiés. Dans ce contexte, plusieurs espèces d’insectes ont été signalées au cours des dernières décennies pour avoir causé des problèmes de nature économique, écologique ou agricole. Des espèces introduites accidentellement, le plus souvent à cause du commerce international de plantes, de fruits ou de bois. Surveiller ces évolutions et prendre à temps des mesures appropriées pour lutter contre des espèces nuisibles est dès lors essentiel. Andreea Cătălina Drăghici, muséographe au Musée National d’Histoire Naturelle « Grigore Antipa », ajoute :

     

    « Nous savons que la plupart de ces nouvelles espèces non indigènes ne deviennent pas invasives. Pour devenir invasives, c’est-à-dire pour parvenir à se répandre massivement, elles doivent franchir plusieurs étapes, bénéficier des conditions climatiques favorables, trouver de la nourriture à suffisance et ainsi de suite. Ce n’est pas donné. J’aimerais dire un mot encore au sujet de la plateforme « Citizen Science », une plateforme qui vient en aide aux chercheurs notamment. Le domaine des coléoptères est peu abordé, car leur identification est difficile, leurs dimensions sont très petites et leurs caractéristiques sont souvent assez rapprochées. Mais cette plateforme facilite l’accès du public à des informations scientifiques accessibles sur les espèces invasives et a un rôle important dans la sensibilisation du public à ce sujet. »

     

    Citizen Science constitue en effet une forme de participation publique à des projets de recherche où les gens sont impliqués dans les différentes étapes du processus de recherche scientifique, depuis le simple accès à l’information scientifique et jusqu’à la participation à des recherches. Aussi, à travers cette plateforme participative, les gens peuvent collecter et analyser des données et peuvent même financer certains projets de recherche scientifique.

    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Sécuriser les lignes électriques pour protéger la vie des oiseaux migrateurs

    Sécuriser les lignes électriques pour protéger la vie des oiseaux migrateurs

    L’électrocution des oiseaux, un problème récurrent

     

    L’électrocution des oiseaux et notamment des oiseaux de proie constitue un problème récurrent et l’une des premières causes de mortalité chez certaines espèces. Les accidents surviennent pour beaucoup durant les périodes migratoires, lorsque les oiseaux voyagent entre leurs quartiers d’hiver et d’été. Les lignes situées sur les couloirs de migration sont les plus accidentogènes. L’autre risque que courent les oiseaux est celui d’électrocution. Si un oiseau touche deux composants sous tension en même temps, ou un composant sous tension et un composant du poteau électrique, il sera victime d’une décharge souvent mortelle. Ce phénomène est plus fréquent sur les lignes à basse ou moyenne tension, car les composants y sont plus rapprochés. Pour parer au phénomène, la Société ornithologique roumaine a récemment installé 1.000 gaines isolantes sur des poteaux de moyenne tension situés dans les régions de nidification du faucon sacre.

     

    Ciprian Fântână, responsable de projets à la Société ornithologique roumaine et coordinnateur roumain du projet roumano-belge « LIFE for Falcons », explique :

    « Notre projet, démarré en 2021, est censé se dérouler jusqu’à 2026. Son principal objectif vise la protection de la population du faucon sacre qui vit au sud de la Roumanie et en Bulgarie. Le faucon sacre est une espèce en danger qui vit dans deux régions distinctes : d’une part dans la région roumaine de la Dobroudja, au sud de la Roumanie, mais aussi dans le sud de la République de Moldova, en Bulgarie, en Ukraine et dans le sud de la Russie, d’autre part dans la partie roumaine de la plaine hongroise. Nous intervenons pour protéger la première population de faucon sacre, car il semble que la population de faucon sacre qui vit dans la partie ouest de la Roumanie se porte plutôt bien. Elle a d’ailleurs bénéficié de plusieurs programmes de conservation, alors que la population située au sud de la Roumanie est en net déclin et souffre. L’on ne compte dans cette région que de 7 à 9 couples de faucon, ce qui est vraiment inquiétant. »

     

    Protéger efficacement et diminuer les risques qui menacent la population de faucon sacre

     

    L’étude pilote sur laquelle s’est fondée le projet a mis en évidence les mesures nécessaires pour protéger efficacement et diminuer les risques qui menacent la population de faucon sacre située dans le bassin danubien, une population en train de péricliter.

     

    Ciprian Fântână explique que la région centrale de la Dobroudja fait le plus de victimes par électrocution et qu’avec cette zone a démarré le projet LIFE for Falcons, piloté par la Société ornithologique roumaine.

    « L’étude préalable a porté sur les territoires habituels survolés par le faucon sacre appartenant à cette population danubienne, soit sur un rayon de dix kilomètres autour du nid. Nous avons ensuite étudié les risques que présente chaque poteau électrique situé dans la zone d’intérêt, soit un nombre de 3.700 pylônes électriques. Nous avons recensé aussi les espèces mis en danger par ces poteaux et le nombre de victimes sur une période donnée. Il s’agit de plusieurs milliers d’exemplaires de différentes espèces. Près de 13% des poteaux surveillés ont fait au moins une victime par électrocution. Aussi, nous avons pu dénicher les zones à risque où il fallait intervenir urgemment pour isoler les pylônes électriques dangereux en y installant des gaines isolantes en caoutchouc, montées sur les éléments conducteurs. Ensuite, les distributeurs d’énergie ont puisé dans leurs caisses et ont fait monter ces systèmes au long de leur réseau dans les zones identifiées. Dès cette année, nous allons voir les résultats de cette intervention. Nous tablons sur une baisse significative du nombre d’exemplaires électrocutés, encore faut-il le démontrer dans les faits. »   

     

    Le braconnage, toujours un problème

     

    Le projet mis sur pied par la Société ornithologique roumaine en collaboration avec les Réseaux électriques Roumains, le distributeur d’énergie de la région a impliqué un nombre significatif de spécialistes, aussi bien dans l’élaboration de l’étude de faisabilité que dans la phase pilote et pendant la mise en place à grande échelle du projet. Pas moins de dix équipes et une trentaine de spécialistes ont collaboré pour mener le projet « LIFE for falcons » à bien.

     

    Ciprian Fântână : « Nous avons monté en outre une 60e de nids artificiels. Certains nids bénéficient d’une surveillance vidéo censée prévenir et diminuer la mortalité des petits. Cette espèce de faucon sacre il faut la préserver à tout prix. Des cas de braconnage des petits des faucons ont été recensés en Bulgarie et en Ukraine. Et c’est bien pour prévenir de telles situations que nous avons installé ces caméras de surveillance ».   

     

    D’un autre côté, trouver un exemplaire de faucon sacre électrocuté demeure une occurrence plutôt rare. Ciprian Fântână :

    « En effet, une fois tué par électrocution, le cadavre disparait rapidement, victime des mammifères nécrophages, des renards, des chacals. Parfois, l’on retrouve des squelettes, des traces. Les pylônes électriques qui présentent un maximum de risques pour le faucon sacre se trouvent souvent à proximité de son nid et est utilisé par ce dernier comme point d’observation. La plupart de victimes étaient des corvidés, suivis par les cigognes, puis par certaines espèces de oiseaux de proie : des buses, le faucon crécerelle, le circaète Jean-le-Blanc, ce dernier une espèce menacée également, qui migre le jour et se repose la nuit en haut des pylônes électriques. »

     

    Le projet européen « LIFE for Falcons » entend ainsi prévenir les causes qui menacent la survie du faucon danubien, dont notamment le risque d’électrocution et l’absence de lieux de nidification et des habitats propices à sa survie.   (Trad Ionut Jugureanu)

  • Vers une économie circulaire

    Vers une économie circulaire

    Ce concept nous fait penser d’abord au découragement du gaspillage et à la lutte contre la production des déchets, mais il est plus que ça, nous explique Liliana Nechita, à la tête des Fédérations des associations de développement intercommunautaire pour la gestion des déchets.

     

    „Il est vrai que les déchets sont visibles à l’oeil nu et qu’il faut bien les gérer pour mettre en place une économie circulaire. Pourtant, ce concept tire son nom du fait que les ressources perdurent longtemps dans le circuit de la nature. Je pense à des ressources solides, tels les déchets, mais aussi à d’autres types de ressources comme par exemple, les sources d’eau ou les terrains. Dans une économie linéaire, le consommateur utilise  les ressources pour en faire des produits qu’il utilise avant de les jeter. Pratiquement, le consommateur a extrait de la nature des ressources qui, à force d’être utilisées ont pris de la place et ont créé des problèmes, notamment la pollution.”

     

    Inspiration de la nature

    Or, l’économie circulaire s’inspire de la nature, poursuite Liliana Nechita, directrice des Fédérations des associations de développement intercommunautaire pour la gestion des déchets.

    „ A la base, la culture des anciennes civilisations était respectueuse envers la nature. Nos ancêtres vivaient en harmonie avec l’environnement. Or, dans les sociétés modernes, ce ne fut que vers les années 60-70 que les gens ont commencé à se montrer préoccupés par l’épuisement des ressources naturelles. Les premières réglementations européennes en la matière datent justement de cette période –là. Plus tard, dans les années 2000, l’Europe a mis en place le principe selon lequel il est important d’envisager le recyclage des produits dès le départ, au moment de leur conception. Dix ans plus tard, la Fondation Ellen MacArthur définit l’économie circulaire comme un système qui repose sur trois principes. En fait, c’est grâce à cette fondation et à sa fondatrice que ce concept apparaît. Ellen MacArthur étaut navigatrice et lors de ses voyages en mer, elle a ressenti pleinement l’impact des déchets, sur l’environnement, notamment l’impacte du plastique sur la nature et la biodiversité en général”.

     

    Selon la Fondation Ellen MacArthur, l’économie circulaire est un système où les biens ne se transforment jamais en déchets, puisqu’ils sont recyclés et donc ils se régénèrent. Le plus important est d’avoir ce principe en tête dès le moment de la conception et la fabrication des biens.

    „ On parle d’un concept de design écologique qui consiste dans l’introduction des produits et des matériaux de fabrication dans un cycle.  Qu’est-ce que ce plan d’action pour une économie circulaire se propose-t-il en fait? D’abord, l’adoption par les investisseurs et les citoyens européens d’une économie où les ressources sont utilisées d’une manière durable. Il convient de préciser que pas toutes les ressources utilisées de nos jours en Europe sont d’origine européenne. Certaines nous parviennent de très loin, d’autres ne sont pas accessibles à tout le monde ou ne sont pas suffisantes. Voilà pourquoi, si l’on veut préserver notre indépendance, une solution serait de préserver nos ressources, de bien les gérer pour pouvoir en profiter. Pratiquement, il faudrait que nous apprenons à utiliser au maximum les matières premières, tout en économisant l’énergie et en diminuant les gaz à effet de serre responsables des changements climatiques.”

     

    Nous parlons donc d’une approche qui diffère de celle utilisée dans le cas d’une économie traditionnelle fondée sur le principe: utiliser, consommer, jeter. Ce modèle ne fait qu’encourager la consommation de matières premières et d’énergies bon marché, facilement accessibles. Or, à l’heure où l’on parle, l’intérêt devrait se diriger notamment vers les énergies renouvelables, affirme Liliana Nechita:

    „Le plan d’action pour une économie circulaire ne fait qu’appuyer la transformation énergétique, en utilisant tous les instruments possibles pour développer de nouvelles opportunités d’affaires, tout en boostant la compétitivité. Evidemment, à partir du moment où les producteurs se proposent de tenir compte dans leur processus de fabrication des coûts environnementaux, la compétitivité peut souffrir, notamment si d’autres économies ne le font pas. Mais bon, l’économie circulaire a la capacité de créer de nouveaux emplois dans des secteurs en plein essor en lieu avec les énergies vertes. Après, un autre aspect à prendre en considération est la capacité de conservation de toutes ces ressources précieuses, lointaines et souvent peu accessibles, qui se trouvent en petites quantités. On parle de plus en plus des matières premières critiques. Ce sont des matières auxquelles on devrait accorder une importance particulière, notamment si on a du mal à renoncer à leur utilisation. Voilà pourquoi, on est obligé d’améliorer leur gestion. Et puis, l’économie circulaire se propose aussi de faire en sorte pour diminuer l’impact de la production et de la consommation sur l’’environnement”

     

    Récemment, la CE a proposé de nouvelles normes sur les emballages et les déchets d’emballages. Les propositions visent une amélioration du design et des étiquettes afin de faciliter le recyclage et le tri. Par ailleurs, l’Exécutif européen a sollicité une transition vers les plastiques biosourcés, biodégradables et compo stables

  • Les changements climatiques et leur impact sur la Roumanie

    Les changements climatiques et leur impact sur la Roumanie

    L’été 2024 – des records de chaleur alarmants 

     

    Dans le contexte du changement climatique accéléré, l’été 2024 a apporté une nouvelle série de records alarmants aux niveaux mondial et régional, mettant en évidence l’impact significatif du réchauffement climatique sur l’environnement et sur la société. Par ailleurs, la Roumanie a enregistré une hausse constante des températures au cours des sept dernières décennies et le phénomène de l’îlot de chaleur urbain est apparu. Après un effort scientifique collectif d’un groupe de 11 auteurs, un rapport a été publié qui analyse en détail tous les changements climatiques et leurs effets en Roumanie.

     

    Aussi, selon le rapport intitulé « Etat des lieux climatique. Roumanie, 2024 », entre 1950 et 2023, la durée et la fréquence des périodes caniculaires ont augmenté de façon significative, la plupart des régions du pays enregistrant des périodes de canicule qui s’étendent pendant 10 à 15 jours, le sud-ouest et l’est du pays pendant 25 à 30 jours. Les projections indiquent que cette tendance ira croissant d’ici à la fin du siècle, affectant la santé publique et l’économie.

     

    La sécheresse, autre défi majeur

     

    Outre les vagues de chaleur, la sécheresse constitue un autre défi majeur pour la Roumanie. Les zones touchées par des sécheresses modérées, sévères et extrêmes ont augmenté, avec des pics enregistrés durant les années 2018-2020 et 2021-2023. La première a été la plus longue période enregistrée, avec des effets dévastateurs sur l’agriculture et la sécurité alimentaire. La tendance à l’aridisation se poursuit, influençant profondément les écosystèmes et la production agricole. D’autres phénomènes météorologiques extrêmes, comme les tempêtes violentes, sont également devenus plus fréquents. Aussi, entre 1940 et 2023, les conditions favorables pour voir se produire de tels événements se sont accrues, notamment dans l’est et le nord du pays. Les projections pour 2025-2050 et puis jusqu’à la fin du siècle indiquent une hausse probable de ces phénomènes, qui auront un impact négatif sur l’agriculture et les infrastructures.

     

    Bogdan Antonescu, l’un des auteurs du rapport, chercheur en météorologie et en climatologie, chargé de cours à la faculté de physique de l’université de Bucarest, spécialiste des phénomènes météo extrêmes et des tornades, explique :

    « Malheureusement, le rapport constate la poursuite de cette tendance lourde où l’on voit un impact toujours croissant des activités humaines sur le climat, parce que la température moyenne mondiale continue d’augmenter. Le continent européen se réchauffe davantage que les autres continents et nous ressentirons de plus en plus souvent les effets du changement climatique. Nous aurons davantage de vagues de chaleur, plus longues et plus intenses. La Roumanie constitue à cet égard un cas d’école. Par ailleurs, les populations urbaines seront les premières affectées par la formation de ces îlots de chaleur urbain. La présence du béton et de l’asphalte amplifie la durée et les effets des vagues de chaleur. Des vagues de chaleur qui dureront plus longtemps et qui entraîneront des conséquences encore plus importantes. Pour les prochaines années, les choses continueront à évoluer dans cette direction : davantage de vagues de chaleur, une hausse de la durée et du nombre de périodes de sécheresse, davantage de tempêtes. »

     

    Les conséquences des activités humaines

     

    Mais la Roumanie a déjà connu des périodes de sécheresse sévère et de chaleur excessive dans le passé. Cependant, l’apparition de nouveaux gaz à effet de serre dans l’atmosphère entraîne une augmentation de la température moyenne mondiale. Ce phénomène naturel est alors amplifié par la conséquence des activités humaines.

     

    Bogdan Antonescu : « Prenez par exemple la tempête Boris, qui a touché l’Europe centrale entre le 12 et le 15 septembre de cette année. Cette tempête a été analysée en détail, et ce que l’on a pu constater est que la quantité de pluie aurait été inférieure de 20% en l’absence des conséquences du changement climatique. Les glaciers sont également un point critique du système climatique, car une fois fondus, ils ne se rétabliront pas. La fonte des glaciers fait monter le niveau des océans, ce qui entraîne l’inondation de certaines zones côtières. Les écosystèmes aquatiques sont également affectés, au même titre que les communautés humaines établies au long des côtes. Certes, cela prend du temps et l’on ne verra pas la disparition des glaciers en quelques années, mais il s’agit d’une tendance lourde. Les coraux sont également affectés par la hausse des températures océaniques et leur survie est mise en question. Les solutions technologiques censées parer la hausse des températures, telle l’extraction du dioxyde de carbone de l’atmosphère, sont toujours à l’étude, mais encore loin d’être opérationnelles. Ce qu’il nous reste à faire à l’heure actuelle c’est d’agir sur les causes, c’est-à-dire essayer de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Mais le changement climatique est là, et il faut aussi s’y adapter. Adapter les cultures dans l’agriculture par exemple. Et puis, surtout, agir au niveau global pour tenter de diminuer les rejets de gaz à effet de serre. »  

     

    Urgent : une législation nationale et une vision intégrée

     

    Auteurs du rapport « Etat des lieux climatique. Roumanie, 2024 » montre que des mesures nationales en matière d’efficacité énergétique et de promotion des énergies renouvelables ont été mises en œuvre, mais que la lutte contre le réchauffement climatique appelle à la rédaction d’une législation nationale et à la mise en œuvre d’une vision intégrée en la matière. Le secteur de l’énergie demeure au cœur de cette transition. Aussi, alors que les combustibles fossiles se taillent toujours la part du lion dans le mix énergétique de la Roumanie actuelle, il est prévu d’augmenter les capacités renouvelables et nucléaires d’ici 2050. L’électrification de l’économie et le développement des infrastructures de stockage d’énergie demeurent essentiels pour atteindre la neutralité climatique.

     

    En outre, alors que le changement climatique soit reconnu comme un problème réel par les Roumains, seuls 4% le considèrent comme une priorité nationale. Aussi, la prise de conscience de l’impact du changement climatique sur l’agriculture, sur l’eau, sur l’économie et la santé ne se traduit pas encore par une forte demande d’action climatique. (Trad. Ionut Jugureanu)

     

  • Edition 2024 du Gala Green Report

    Edition 2024 du Gala Green Report

    Le Gala Green Report se veut une initiative censée reconnaître et récompenser les mérites des entreprises locales, des autorités et du public large dans la lutte contre les menaces environnementales mondiales. Comme tous les ans, l’édition 2024, la quatrième de l’événement, intitulée Water, Elixir of Life, s’est déroulé sous un thème symbolisant la relation métaphorique de l’homme avec la nature. L’édition de cette année a été donc dédiée à l’eau, source de la vie. Ecoutons Raluca Fiser, présidente de l’association Green Revolution, l’organisatrice de l’événement :

     

    « Le Gala est une démarche de la publication Green Report, qui met depuis 17 années en avant non seulement les problématiques auxquelles est confrontée la protection de l’environnement en Roumanie, mais aussi les opportunités, les bonnes choses qui se passent en Roumanie et en dehors de la Roumanie en ce domaine. Car en matière de protection de l’environnement, sachez qu’il y a aussi des innovations, des gens qui agissent, qui font bouger les lignes dans le bon sens. Certes, à la base l’on parle des entreprises qui ont leurs intérêts, qui ont un souci de rentabilité, qui doivent faire face à la concurrence, mais qui malgré tout intègrent diverses composantes en matière de protection de l’environnement. Alors, lorsque l’un des principaux objectifs d’un projet vise la protection de l’environnement, nous nous y intéressons et nous essayons de le mettre en évidence, de le promouvoir autant que l’on peut ».

     

    Le Gala Green Report offre en effet une vraie reconnaissance aux initiatives environnementales remarquables mises en œuvre en Roumanie, des initiatives censées inspirer d’autres acteurs économiques. Le souci de transparence de la compétition se traduit forcément par l’impartialité du jury. Aussi, les sponsors de l’événement ne pourront pas présenter leurs propres projets dans la compétition. Mais pourquoi le Gala avait-il choisi l’eau comme thème pour son édition 2024 ? Raluca Fiser, présidente de l’association Green Revolution explique :

    « Il n’a jamais été plus urgent qu’aujourd’hui de parler de ces problèmes qui relèvent de l’accès à l’eau. Lorsque nous avons commencé à parler de l’environnement, nous parlions de changements climatiques. Or, aujourd’hui nous nous retrouvons devant une crise climatique. Et je pense qu’il est important de nous appuyer sur l’éducation, informer et sensibiliser le public large face aux défis auxquels nous sommes confrontés, non seulement en Roumanie, mais encore au niveau global. Parler de l’impact de l’eau sur nos vies c’est mettre en évidence que l’eau potable ne représente que 3% de l’eau totale qui est utilisée dans le monde entier, et que donc chaque goutte est importante, et que chaque geste que nous faisons pour économiser l’eau compte. D’où le thème de cette édition. »

     

    Vu le nombre de projets mis en lice en provenance de la société civile, l’événement connaît un véritable succès. Raluca Fiser :

     

    « Nous n’avons pas de catégorie réservée aux ONG. Nous avons choisi 11 catégories d’excellence, en privilégiant de mettre à l’honneur des campagnes environnementales et des innovations environnementales, des solutions relevant du concept d’économie circulaire ou encore l’utilisation durable de diverses ressources, pour que tous les acteurs, qu’ils proviennent du monde associatif, du monde des entreprises ou encore les autorités publiques puissent faire valoir, mettre en avant et faire reconnaître leurs initiatives. Les initiatives issues du monde associatif viennent concurrencer les initiatives des autres, ce qui est une excellente chose, car nous voyons que la société civile roumaine devient de plus en plus compétitive et qu’elle professionnalise son approche dans la mise en œuvre de projets environnementaux. »

     

    Sur le site Web de l’événement, gala.green-report.ro, nous découvrons toutes les catégories mises à l’honneur à l’occasion du gala de cette année, de l’éducation environnementale et jusqu’au financement des projets environnementaux. Raluca Fiser :

     

     

    « Nous parlons d’excellence dans le financement des projets environnementaux, de l’efficacité énergétique, de l’innovation environnementale, de l’administration publique. Cette dernière est une catégorie à part entière, et je vous avoue souhaiter voir émerger davantage de projets proposés par les autorités locales. L’économie circulaire est un autre domaine que nous regardons très attentivement et où il y a de nombreux projets proposés chaque année, des campagnes environnementales, de l’excellence dans la gestion de la consommation d’eau, de l’excellence dans les transports durables, dans l’agriculture durable, dans les projets de préservation du patrimoine et puis surtout, parce que je pense que c’est l’une des catégories les plus importantes de mon point de vue, l’excellence dans l’éducation à l’environnement. »

     

    Mais l’association Green Report réalise à son tour plusieurs projets destinés au grand public. Dont notamment le podcast Green Report, que nous découvrons avec Raluca Fiser :

     

    « Dans notre podcast, nous tentons d’aborder l’ensemble des sujets environnementaux, populariser ces thématiques, les aborder d’une manière pratique. Voyez-vous, lorsque nous parlons de l’économie circulaire, il ne s’agit pas juste de faire comprendre de quoi il retourne, mais voyons aussi comment nous pourrions appliquer dans notre vie quotidienne les bonnes habitudes. Ensuite, nous avons les conférences Green Report et, enfin, les projets lancés par l’association Green Revolution. Parmi eux, je mentionnerais avec une grande fierté notre projet de partage de vélos, qui fêtera bientôt 17 ans d’existence. Grâce à ce projet, 1,8 millions d’utilisateurs uniques ont pris le vélo comme moyen de transport alternatif. »

     

    La conclusion est que la responsabilité en matière de protection de l’environnement nous appartient à tous. Raluca Fiser :

     

    « Il s’agit d’un effort commun de tout un chacun. D’une prise de conscience certes, mais qui doit produire des actes. Il nous faut agir. Et j’estime que ce Gala a le mérite de mettre en avant les gens qui agissent en matière de protection de l’environnement. Mais c’est à nous tous de le faire. »

    Le jury de ce gala est composé de spécialistes de tous bords, de dirigeants de grandes entreprises, d’experts en durabilité, de gens capables d’évaluer les projets soumis en fonction de leur impact sur l’environnement, de leur degré d’innovation et de leur impact sur le long terme. (Trad Ionut Jugureanu)

     

     

  • Via Danubiana

    Via Danubiana

    Invitation à se balader le long du Danube

     

    En Roumanie, les spécialistes sont en train de travailler sur un itinéraire écotouristique parsemé d’expériences inédites, censé mettre en valeur le patrimoine naturel et culturel du pays et mettre l’accent sur les paysages roumains uniques en Europe. A commencer par zone appelée les Chaudières du Danube et le Barrage des Portes de Fer où le fleuve fait son entrée en Roumanie et allant jusqu’à l’endroit où le Danube se jette dans la mer Noire – ce nouvel itinéraire se veut un des plus spectaculaires de Roumanie.

     

    L’Association Mai Mult Verde (Davantage de vert)

     

    A l’origine du projet, l’on retrouve un acteur important du secteur environnemental de Roumanie – l’Association Mai Mult Verde (Davantage de vert). Pour commencer, sa directrice de communication, Alexandra Damian, passe en revue les nombreux projets déjà mis sur pied par l’Association :

    « Depuis la fondation de notre association, en 2008, nous avons déroulé des projets dans plusieurs domaines. Notre objectif est de bâtir une culture de la responsabilité et du bénévolat pour les hommes et la nature en Roumanie. Nous plantons des arbres, nous luttons contre la pollution au plastique du Danube, nous avons lancé un ample programme appelé « Les eaux propres » pour mener des actions d’hygiénisation des rives du Danube et de ses affluents. Nous avons placé des barrières flottantes sur les affluents du Danube pour arrêter les déchets qui parcourent le fleuve et ses affluents et nous faisons la promotion des zones naturelles de Roumanie pour rapprocher davantage les gens à la nature, mais d’une manière qui a été mise de côté ces derniers temps ».

     

    Mettre en lumière le potentiel immense de la zone, au bénéfice de ses habitants

     

    En parcourant cet ample itinéraire écotouristique qui longe le Danube, les amoureux de la nature découvriront le véritable potentiel de la zone. La communauté locale en bénéficiera aussi, car le projet permettra un développement économique durable, affirme Alexandra Damian.

     

     

    Mais comment est né le projet Via Danubiana ? Notre invitée répond :

    « Cela fait plusieurs années déjà que cette idée était cachée dans nos tiroirs. On a tenu absolument à créer cet itinéraire écotouristique, puisque le Danube offre des expériences inédites, on le sait très bien. La zone abonde en endroits époustouflants à commencer par l’entrée du fleuve en Roumanie et jusqu’à l’endroit où il se jette dans la mer Noire, il y a tout un patrimoine naturel et culturel à découvrir, avec des paysages uniques en Europe. C’est pourquoi nous avons voulu mettre les projecteurs sur cette partie moins connue de la Roumanie »

     

    Une zone riche en attractions naturelles, culturelles, historiques et gastronomiques

     

    Plusieurs aires protégées et sites Natura 2000 ont été identifiés dans la zone. Via Danubiana traverse des forêts longeant les rives du fleuve, des canaux et des îlots, qui jusqu’ici n’étaient pas accessibles au large public en raison notamment du manque d’infrastructure et de promotion.

     

    Désormais, les 1000 km que le Danube parcourt en Roumanie seront cartographiés, affirme Alexandra Damian :

    « Il s’agit de cartographier les attractions naturelles, culturelles, historiques et celles de la gastronomie locale se trouvant le long du fleuve. Dans une première étape, nous avons balisé le tronçon qui traverse le département de Giurgiu, sur une distance d’environ 100 km, une zone riche en aires protégées, en sites Natura 2000, en attractions culturelles et historiques très importantes, mais très peu promues. Le même trajet inclut des forêts, des îles et des îlots fluviaux, des canaux aussi, que les amateurs de nature souhaiteront sans doute découvrir. En septembre nous avons installé la première borne dans la commune de Găujani, au département de Giurgiu, au Centre Educationnel pour la Jeunesse. C’est un des points finaux du parcours.» 

     

    Admirer la flore et la faune locales

     

    Via Danubiana offrira aux randonneurs de nombreuses options de loisirs au sein de la nature, le tout à moins d’une heure de la capitale, Bucarest. S’y ajoute une liste d’espèces de flore et de faune locale, qui pourra transformer Via Danubiana aussi en un endroit idéal pour admirer les oiseaux, les animaux et les plantes spécifiques du Danube. D’ailleurs, plus de 300 espèces de la flore ont déjà été recensées, alors que la faune est très riche aussi et réunit oiseaux, reptiles, amphibiens et mammifères, sans oublier de nombreux espèces de non-vertébrées.

     

    On ne saurait oublier non plus les attractions culturelles et historiques, dont plusieurs sont très intéressantes, mais n’ont jamais été marquées et présentées au large public. Parmi elles : les ruines de la cité du voïvode valaque Mircea le Vieux (Mircea cel Bătrân), à Giurgiu, une hutte traditionnelle historique ou encore plusieurs habitations (une sorte de maisonnettes) datant de l’Antiquité, à Slobozia.

     

    Côté gastronomie, plusieurs traditions locales seront revitalisées, comme les galettes spécifiques à l’espace roumano-bulgare riverain du Danube, les salades à base de poivrons ou d’aubergines grillées ou encore la soupe aigre (ciorba) à base d’oie.

     

    Le site viadanubiana.ro

     

    Tous ces détails et bien d’autres qui vous aideront à préparer votre voyage le long de la Via Danubiana sont déjà à retrouver dans le Guide du Voyageur posté sur le site viadanubiana.ro. Notre invitée précise :

    « Le site a déjà été lancé. Ceux qui souhaitent parcourir cet itinéraire retrouveront les coordonnées GPS sur viadanubiana.ro. S’y ajoute un Guide du voyageur pour le département de Giurgiu. On aimerait bien que les passionnés de nature, de randonnée, du Danube et du delta viennent nous rejoindre. Etant donné que nous n’avons balisé qu’une centaine de km sur un total de 1000, tout le monde est invité à s’impliquer pour nous aider à élargir ce tronçon et cartographier les autres départements traversés par le fleuve. Les données pour participer au projet Via Danubiana sont postées sur notre site. Nous attendons donc les bénévoles qui deviendront ainsi les ambassadeurs de ce nouvel itinéraire de randonnée. » 

     

    Appel aux bénévoles

     

    Entrez donc sur viadanubiana.ro si vous souhaitez soutenir ce projet. Plein de bénévoles de Roumanie et de l’étranger ont déjà répondu à l’appel de l’Association Mai Mult Verde, constate Alexandra Damian :

    « Nous sommes ouverts à tout et à tous et nous accueillons aussi des bénévoles de différents pays, notamment riverains du fleuve. Nous avons déjà eu des bénévoles d’Allemagne, d’Autriche et d’Ukraine qui nous ont beaucoup aidés et nous attendons les futurs bénévoles aussi. » 

     

    Il suffit de parcourir une seule fois un seul tronçon qui longe le Danube pour rester à tout jamais impressionné par la beauté des lieux. Les vues du fleuve sont spectaculaires, ses rives sont parsemées de vestiges historiques, les plantes, les oiseaux et les animaux de la zone ne vous laisseront pas indifférents et les plats traditionnels auxquels vous gouterez seront plus que délicieux. Bref, cela vaut vraiment la peine de vous balader le long de la Via Danubiana.

  • La réhabilitation de vieilles forêts des monts Făgăraș

    La réhabilitation de vieilles forêts des monts Făgăraș

    En effet, dès l’année dernière l’équipe de spécialistes de la fondation s’était proposé de créer des passerelles forestières entre les aires encore occupées par les forêts vierges et qui avaient survécu aux campagnes de défrichage massif qui ont affecté la région. Les travaux de plantation démarrés dans la zone ont tenté de diversifier la composition des espèces existantes, pour faire notamment revenir les espèces d’origine au milieu des sapinières. Les plantations réalisées avec des espèces spécifiques à plus de 1.700 mètres d’altitude, à l’aide notamment des pins des Alpes, des pins couchés et de genièvres, ont constitué une prouesse en soi, l’objectif de la démarche étant de reconstituer tant que cela se peut l’habitat protégé d’origine. Par ailleurs, les spécialistes de l’université de Prague, partenaires du projet, ont démarré une étude censée suivre de près les étapes de la reconstitution écologique de la région. Les conclusions et les résultats de cette étude ont été partagé dans le cadre d’un séminaire où autorités locales et représentants des administrations des fonds forestiers ont été présents. Selon le rapport issu à l’occasion, 2.900 jeunes pousses de pin des Alpes, de pin couché et de genièvre ont été plantées à la frontière de l’étage alpin, un véritable exploit pour les forestiers de la fondation, qui devaient parcourir tous les jours près de trois heures de marche avant de pouvoir atteindre la zone de plantation. Il faut dire que des ânes, chargés tous les jours de transporter les pousses destinées à être plantées le jour même, ont été mis à profit du projet. Le pin cembro ou pin des Alpes, espèce particulièrement tenace et longévive, capable d’empêcher l’érosion des sols et de maintenir sa forme arborescente en altitude, fut pour la première fois utilisé dans ce type de démarche par la fondation Conservation Carpathia. Mihai Zota, directeur des activités de conservation des espèces au sein de la fondation, précise :

    « Il s’agit d’un projet européen de type Horizon 2000. Une initiative qui a réuni autour de ce projet 36 organisations partenaires, entités publiques et associations confondues, des 16 Etats de l’UE et de 2 autres Etats hors l’Union. Il s’agit de créer un modèle de bonnes pratiques, en utilisant une aire d’expérimentation et des expériences pilotes. Il s’agit de mettre à l’épreuve, à taille réelle, diverses idées portant sur la réhabilitation écologique des écosystèmes forestiers affectés par l’action humaine. Ce genre d’expérience pilote est voué à être implémentée ultérieurement à grande échelle pour autant qu’elle donne les résultats escomptés. Vous savez, l’homme a depuis toujours voulu régir la nature, il s’est pensé plus malin qu’elle. Et l’on s’est rendu compte qu’on s’est trompé. Les forêts naturelles sont le résultat d’une évolution, d’une sélection naturelle étendue sur des centaines de milliers d’années, peut-être sur des millions d’années. Penser pouvoir surpasser la nature, la qualité de la sélection naturelle, est un vœu pieux, mais suranné. Avoir remplacé, dans toute l’Europe d’ailleurs, les forêts d’origine par des sapinières, c’était fou. Passé un certain âge, l’on voit les sapinières souffrir, déracinées par les vents, attaquées par les insectes. Maintenant, l’on assiste à un changement de paradigme dans toute l’Europe. Il nous faut retrouver la nature, la laisser faire. Et notre projet ne fait que prôner cette approche, rien de plus ».     

    D’autres travaux de réhabilitation forestière ont ciblé les zones affectées par les défrichages sauvages qui se sont déroulés entre 2005 et 2010. Plus de 15.000 pousses de sapin, hêtre, érable sycomore et autres épicéa commun ont été plantées tout au long de la vallée supérieure de la Dâmbovita. Et toujours dans le cadre du projet SUPERB, la fondation Conservation Carpathia avait déroulé des actions visant la reconversion des monocultures sapinières de la vallée Tămaș. Il s’agit néanmoins d’un processus qui prend du temps, étendu parfois sur plus de 20 ans. Les sapinières plantées depuis les années 50 du siècle passé ont montré leurs limites, leur vulnérabilité face aux vents fort de montagne, aux chutes de neige, à l’invasion des insectes. Place dorénavant aux forêts d’origine, que le projet SUPERB entend reconstituer sur une zone dont la superficie avoisine les 2.300 hectares.

    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • L’agrandissement des plages : effet de mode ou bénéfices réels ?

    L’agrandissement des plages : effet de mode ou bénéfices réels ?

    La côte roumaine à la mer Noire, dont les plages souffraient depuis des décennies les effets de l’érosion a vu la tendance se renverser ces dix dernières années. En effet, les quelques 800 millions d’euros dépensés dans l’opération n’ont pas été jetés à la mer. Des milliers de tonnes de sable dragué au large ont servi à élargir de manière conséquente des plages mises à mal par l’érosion, des plages censées dorénavant compter jusqu’à 100 mètres de large. Le projet de réhabilitation a par ailleurs pris en considération la protection de la biodiversité et de l’habitat marin, le projet prévoyant la réhabilitation de l’habitat affecté sur près de 800.000 mètres carrés, une superficie qui sera recouverte à terme par la zostère marine ou, plus prosaïquement, par l’herbe de mer.

     

     

    Les travaux de génie civil ont également visé la consolidation des falaises et la gestion des alluvions.

     

    Mais planter l’herbe de mer, seule plante au monde qui est pollinisée sous l’eau et qui demeure essentielle pour la survie de de la biodiversité marine, cela fait certainement rêver. Le chercheur Florin Zăinescu nous renseigne sur les tenants et les aboutissants de son projet : « Plus d’un tiers de plages affectées par l’érosion se trouvent en Roumanie. Le facteur climatique en est pour quelque chose. Mais si l’on regarde de plus près la dynamique des sédiments, nous allons nous rendre compte que les activités humaines pèsent davantage dans ce processus d’érosion. La construction des ports, le terminal de Midia Năvodari, le port de Constanța ont beaucoup influé sur la dynamique des sédiments. Sur la côte roumaine de la mer Noire, les vagues arrivent du nord-est, et font déplacer les sédiments du nord au sud. C’est ainsi que cela se passe. Or, construire une grande digue, qui avance loin dans la mer, empêchera le déplacement naturel des sédiments et les plages seront privées de leur apport. Les sédiments pour les plages, c’est comme la nourriture pour l’homme. Une nourriture dont elles seront dorénavant privées. Par ailleurs, faire bétonner les falaises c’est priver aussitôt les plages d’une autre source importante de sédiments. Les plages se voient ainsi priver de leurs deux principales sources d’alimentation. Et cela ne tarde pas d’avoir des conséquences, que nous tentons de compenser grâce à nos interventions actuelles ». 

     

    Ces travaux présentent certains inconvénients.

     

    A la fin du projet, les spécialistes tablent à la fois sur un renforcement de la sécurité des côtes et sur l’amélioration des conditions offertes aux touristes, avec tout ce que cela implique en termes de retombées économiques positives pour le secteur touristique, et plus largement pour la région. Florin Zăinescu :  « Une plage plus large, qui contient davantage de sédiments, constitue une zone tampon censée déjà nous protéger face à l’action de la mer. Il n’y a qu’ensuite qu’arrive l’avantage le plus évident, celui de créer un espace de loisir qui nous permette d’accueillir davantage de touristes, qui puissent jouir de cette plage supplémentaire pour organiser des activités par exemple. N’importe qui privilégie d’avoir une plage large, où l’on se sente à l’aise, plutôt qu’une plage bondée. Néanmoins, ces travaux présentent certains inconvénients. Pour agrandir les plages de la station Eforie, l’on a érigé des digues. Même lorsqu’on monte sur la falaise et qu’on regarde vers le sud, plutôt que de voir l’étendue de la mer, la vue est gâchée par ces digues. En même temps, se promener le long des digues est plutôt plaisant. Mais depuis la côte, la vue est gâchée. Un autre désavantage est la qualité inférieure du sable rapporté : plus grossier, avec des coquillages. Et cela change la morphologie de la plage. Avant, la pente était douce à l’entrée de l’eau. Maintenant, l’eau monte rapidement, ce qui pourrait accroître le risque pour les baigneurs, car cet état de fait favorise l’apparition des courants. Enfin, dernier grief : ces chantiers ont un impact en termes écologiques. La biodiversité, le milieu naturel sont impactés aussi bien là d’où l’on extrait le sable, que près de la plage où on l’avait relogé. L’équilibre naturel est rompu ». 

     

    Tout n’est pas rose dans ce genre de projets

     

    Le volet écologique du projet de réhabilitation des plages comprend toutefois, mise à part la plantation de l’herbe de mer, le maintien et le développement de l’habitat de deux espèces de mollusques : la Donacilla Cornea et la Donax Trunculus. C’est dans ce sens qu’un premier projet pilote censé vérifier la possibilité de muter et d’acclimater ces espèces dans un nouvel habitat s’est déjà déroulé, les résultats étant plus que prometteurs. « Vous savez, nous avons certaines plages qui, à cause de l’intervention humaine qui les avait coupés de leurs sources régénératrices naturelles, nécessitent des perfusions régulières pour les maintenir en vie. On en est là. Et l’on continue à traiter les symptômes, mais sans agir sur les causes. En agissant ainsi, nous prenons le pari d’assumer des coûts plutôt conséquents et de nous voir confronter aux effets indésirables provoqués par notre intervention. Cela augmente aussi notre vulnérabilité face aux effets du réchauffement climatique. Tout n’est pas rose dans ce genre de projets », conclut son intervention le chercheur Florin Zăinescu.

    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Rapport :  “La Russie nuit à l’Ukraine, mais aussi à notre climat”

    Rapport : “La Russie nuit à l’Ukraine, mais aussi à notre climat”

    La guerre en Ukraine et ses conséquences dévastatrices sur le climat

     

    La guerre menée par la Russie en Ukraine a d’ores et déjà brûlé de milliards de litres de carburant, près d’un million d’hectares de champs et de forêts, des centaines d’infrastructures pétrolières et gazières détruites, sans parles d’énormes quantités d’acier et de ciment utilisées pour fortifier des centaines de kilomètres que compte la ligne de front. Les émissions générées au cours de ces deux années de guerre s’élèvent à près de 175 millions de tonnes de dioxyde de carbone, selon l’étude la plus aboutie diligentée à ce jour sur le sujet. Ces quantités vont autant que celles qui résulteraient de l’utilisation annuelle de 90 millions de voitures.

     

    Dans l’ensemble, le conflit constitue un préjudice net pour le climat, dans la mesure où les réductions des émissions dues à une économie ukrainienne affaiblie par la guerre ont été surpassées de loin par les émissions des gaz à effet de serre provoquées par le conflit armé, par le déplacement des millions de personnes, ainsi que par l’augmentation des productions d’armes au niveau mondial, conclut le rapport « Initiative on Greenhouse Gas Accounting of War ».

     

     

    Le chercheur Vlad Zamfira détaille les résultats de l’étude pour le site roumain Infoclima.

     

    “Les incendies provoqués par la guerre, l’attaque des infrastructures énergétiques, les détours chiffrés en milliers de kilomètres auxquels les compagnies aériennes ont été contraintes pour contourner les zones de conflit, tout cela a un impact majeur au niveau climatique. Des milliards de litres de carburant brûlé, la production supplémentaire de montagnes d’acier et de béton produit pour les besoins des fortifications des deux côtés du front, le coût énergétique qu’engendra la future reconstruction de l’Ukraine, les centaines de frappes dirigées contre le système énergétique ukrainien, tout cela dresse un tableau sombre, dont la Russie risque d’être tenue pour responsable. Au-delà de l’impact dévastateur qu’a la guerre sur les infrastructures sociales et économiques, au-delà des pertes recensées en vies humaines, les guerres et le réarmement mondial constituent une source majeure de pollution. En effet, la machine militaire mondiale compte parmi les plus grands pollueurs au monde. Par ailleurs, les images satellite montrent qu’environ 27.000 incendies ont ravagé près d’un million d’hectares de terres. Près des trois quarts d’entre eux se trouvent à proximité des lignes de front, où les infrastructures de gestion des incendies ont été rendues inutilisables et où les conditions d’intervention sont devenues impossibles. Mais des incendies plus intenses ont été observés à travers le pays alors que les forestiers, les équipes de pompiers et leur équipement ont été mobilisés ou transférés vers les villes, ce qui a eu pour effet d’allonger les délais de réponse. Les infrastructures énergétiques sont devenues par ailleurs une cible aux conséquences climatiques graves. Au cours des premières semaines de la guerre, la Russie a mené des frappes spectaculaires contre des gisements de combustibles fossiles en Ukraine, mais le coût climatique de ces frappes est éclipsé par la destruction des gazoducs Nord Stream, qui a provoqué une éruption sous-marine de méthane qui a duré une semaine et qui a eu un impact environnemental dévastateur. Un incendie incontrôlé, étendu sur plusieurs mois, et qui s’est propagé sur une plate-forme pétrolière située en mer Noire aurait brûlé également plus de 150 millions de mètres cubes de gaz naturel.”

     

     Un gaz à effet de serre extrêmement nocif

     

    Un impact inhabituel est venu d’un gaz à effet de serre particulièrement nocif, l’hexafluorure de soufre (SF6), qui s’est échappé en quantités exceptionnelles pendant le conflit. Utilisé dans les réseaux électriques, il atteint en brûlant des températures 23.000 fois plus élevées que le dioxyde de carbone. Environ 40 tonnes d’hexafluorure de soufre, soit l’équivalent d’environ un million de tonnes de CO2, se seraient ainsi échappées dans l’atmosphère à la suite de plus d’un millier de frappes russes qui ont endommagé environ la moitié du réseau à haute tension ukrainien.

     

    Des courses aérienne plus longues

     

    D’autre côté, les sanctions internationales et la nécessité d’éviter un espace aérien qui n’est pas exempt de risques ont fait que le ciel de plus de 18 millions de kilomètres carrés de l’Ukraine et de la Russie a dû être contourné par la plupart de compagnies aériennes, ajoutant ainsi des heures supplémentaires aux vols qui relient l’Europe et l’Asie et consommant davantage de carburant.

     

    Augmentation des dépenses militaires et de la production d’armement

     

    Au-delà de l’Ukraine, l’invasion a déclenché une augmentation des dépenses militaires, notamment en Europe, se traduisant par une hausse de la production d’explosifs, d’acier et d’autres matériaux à usage militaire à haute teneur en carbone. Les dépenses militaires mondiales ont totalisé 2.400 milliards de dollars en 2023, soit une hausse de 6,8 % par rapport à 2022, ce qui représente la plus forte hausse depuis 2009. Outre la production, les livraisons d’armes lourdes sur de longues distances contribuent aux émissions générées par le conflit, ajoute le site Infoclima.

     

    Rapport : ” La Russie nuit à l’Ukraine, mais aussi à notre climat”

     

    Utilisant la méthodologie reconnue qui établit un certain coût par tonne de carbone émise dans l’atmosphère, le rapport cité estime que la Fédération de Russie devrait acquitter une facture de 32 milliards de dollars pour compenser les dommages environnementaux provoqués au cours des 24 premiers mois de guerre. « La Russie nuit à l’Ukraine, mais aussi à notre climat. Ce conflit est terriblement dommageable au niveau mondial aussi en raison des émissions de carbone qu’il occasionne. Il faudrait faire payer la Fédération de Russie pour cela, une dette qu’elle a envers l’Ukraine et les pays du Sud, les plus touchés par les conséquences de la dégradation climatique mondiale », a déclaré Lennard de Klerk, principal auteur du rapport « Initiative on Greenhouse Gas Accounting of War ». La cessation rapide des hostilités demeure dès lors le souhait partagé par tous les défenseurs de l’environnement. (Trad. Ionut Jugureanu)

     

  • Des nids artificiels au bénéfice du faucon sacre

    Des nids artificiels au bénéfice du faucon sacre

    60 nids artificiels seront placés en haut des piliers haute tension au sud du pays, a annoncé la Société roumaine d’Ornithologie. Les premiers neuf nids ont d’ores et déjà été montés à mi-avril dans plusieurs endroits de la région du Dobroudja, ainsi que le Bărăgan et dans le sud de la Valachie, fruit du partenariat entre Société roumaine d’Ornithologie et Transelectrica.

     

    Protéger cette espèce menacée en Roumanie

     

    La mesure fait partie d’un projet international de conservation du faucon sacre, une espèce en menacée en Roumanie et en Bulgarie. Cette mesure de conservation est nécessaire vu que, selon observations faites dans d’autres parties de l’aréal occupé par le faucon sacre, l’absence des lieux de nidification empêche la reproduction de l’espèce, d’autant que l’espèce ne construit pas ses propres nids, mais occupent les nids d’autres espèces. Le nid artificiel, fabriqué en aluminium sur la base d’un modèle utilisé dans d’autres projets similaires implantés en Europe, compte un volume de 0,2 mètres cubes et pèse près de 8 kg. Bon à savoir, le nid artificiel peut également être convoité par d’autres espèces d’oiseaux de proie, en particulier par le faucon crécerelle et la buse féroce, cette dernière confectionnant son propre nid à l’intérieur du nid d’aluminium. Des spécialistes ont par ailleurs remarqué que ces nids peuvent également être occupés par le corbeau freux, voire par le grand corbeau, espèce commune de la région de Dobroudja ains qu’en Bulgarie.

     

    Les nids offrent en outre un lieu de nidification permanent, alors que les nids naturels se voient périodiquement supprimés pour éviter le risque de les voir endommager les lignes électriques. Autre avantage de l’emplacement des nids artificiels : les lignes électriques protègent les poussins contre le braconnage dans le nid, une menace qui pèse lourdement sur de nombreuses espèces d’oiseaux de rapace, y compris pour le faucon sacre. De plus, la pollution produite par l’activité humaine est éloignée des nids, ce qui augmente les chances de reproduction de l’espèce.

     

    La présence du faucon dans une région confirme la richesse de son écosystème, de l’habitat dans son ensemble

     

    Alida Barbu, de la Société roumaine d’ornithologie, explique la mise que représente la conservation de cette espèce :

    « La conservation de toute espèce est importante. Mais il est essentiel à ce que nous concentrions nos efforts pour tenter de sauver les espèces menacées, certaines en voie de disparition. Parce qu’un écosystème appauvri devient plus vulnérable aux changements. Il est donc essentiel à ce que l’on redouble les efforts consentis, ne fut-ce qu’au niveau européen, d’accroître le nombre d’exemplaires de faucon sacre. L’on compte deux sous-espèces de faucon sacre chez nous, dans le sud-est et dans l’ouest de la Roumanie. Et l’importance du faucon sacre pour l’écosystème réside dans le fait qu’il s’agit d’un prédateur spécialisé, situé en haut de la chaîne trophique. Sa présence dans une région confirme la richesse de son écosystème, de l’habitat dans son ensemble. »

     

     

    Au cours des mois suivants, l’action se poursuivra dans la même zone, l’emplacement des nids artificiels couvrant les sites Natura 2000 couverts par le projet Life for Falcons ainsi que les zones situées à proximité de ces sites. Le projet, censé « garantir la restauration de la population du faucon sacre, cette espèce menacée en Bulgarie et dans le sud de la Roumanie » s’étend sur 5 années, et bénéficie d’une participation financière du programme LIFE de l’Union européenne. Parmi les espèces de faucons présentes en Roumanie, les exemplaires de faucon sacre sont si rares que nous pourrions les compter sur les doigts des deux mains, nous informe le site de la Société roumaine d’ornithologie.

     

    Les exemplaires de faucon sacre sont si rares que nous pourrions les compter sur les doigts des deux mains

     

    L’espèce nidifie dans les régions arides, de steppe, du sud et de l’est du continent européen, privilégiant les espaces ouverts, qui comptent des zones de bois et des pâturages. Grand et fort autant qu’agile et rapide, très agressif et persévérant dans la poursuite de sa proie, le faucon sacre appelle l’admiration de tous ceux qui ont la chance d’observer ses prouesses.

     

    Depuis 2004, la Société roumaine d’ornithologie a développé plusieurs projets censés assurer la conservation de l’espèce. Cependant, après deux décennies de surveillance constante du nombre d’exemplaires force est de constater que des mesures de préservation active s’avèrent indispensables pour assurer sa survie. Le projet actuel poursuit quatre objectifs : protéger le faucon sacre contre le braconnage, l’empoisonnement et les chocs électriques, améliorer son accès aux ressources alimentaires, protéger les zones de nidification et soutenir les communautés locales. (Trad. Ionut Jugureanu)

     

     

  • La pollution sonore, un grand souci

    La pollution sonore, un grand souci

    Nous sommes tous concernés 

     

    La pollution sonore constitue un défi de plus en plus préoccupant pour nos sociétés, car pouvant provoquer ou favoriser l’apparition de bon nombre d’affections, notamment au niveau de l’appareil cardiovasculaire. Le stress, la réduction de la qualité du sommeil, les effets physiologiques et émotionnels que la pollution sonore provoque chez l’humain ne tardent pas d’affecter la qualité de vie et la santé générale de la population dans les grandes agglomérations notamment. Peu d’entre nous s’avèrent capables de s’adapter à un environnement pollué par le bruit et, dans les grandes villes, trouver un logement dans des zones calmes devient de plus en plus improbable et souvent inaccessible pour la plupart de ménages.

     

    Le trafic, principale cause de la pollution sonore

     

    Et c’est bien le trafic, qu’il s’agisse du trafic routier, ferroviaire ou aérien, qui constitue la principale source de pollution sonore. Une pollution provoquée par le crissement des pneus sur le revêtement de la route, par le bruit des moteurs ou tout simplement par la friction de l’air. Parmi les autres sources de nuisance sonore, la plupart d’origine industrielle, se démarque bien évidemment le secteur du bâtiment. Par ailleurs, la vitesse et la direction du vent ainsi que la température de l’air peuvent favoriser la propagation des ondes sonores bien loin de leur source initiale.

     

    Le fort impact de l’activité humaine

     

    Après les transports et l’industrie, les activités humaines individuelles ont également un fort impact sonore, explique Alex Luchian, responsable de la plateforme communautaire de surveillance des nuisances sonores pulse.eco, dont les membres collectent et partagent les données récoltées.

     

    Presque toutes les actions de la société moderne génèrent des nuisances sonores, à commencer par la tonte et l’arrosage automatique de la pelouse, le lavage des voitures, la climatisation, le chauffage, tout comme le fonctionnement des appareils électroménagers : machines à laver, sèche-linge, aspirateurs, ou réfrigérateurs. Les activités récréatives ne se font pas non plus en silence.

     

    Depuis le bruit produit par les moteurs de bateaux, des jet-skis et des autres embarcations qui ne tarderont pas à impacter sur le bien-être de la faune aquatique et des communautés côtières et jusqu’aux fameux festivals, concerts et autres fêtes foraines. Quant aux événements sportifs, qu’ils aient lieu dans les stades, les salles ou en plein air, il est rare à ce qu’ils se déroulent en silence, sans empiéter sur la tranquillité du voisinage.

     

    4 millions de Roumains sont exposés un niveau élevé de nuisance sonore pendant la journée

     

    Près de 4 millions de personnes sur une population de 20 millions sont exposées en Roumanie à un niveau élevé de nuisance sonore provoquée par le trafic routier pendant la journée, alors que près de 3 millions sont encore affectés par ce type de nuisance durant la nuit.

     

    Dans un article paru sur sa plateforme, Alex Luchian estime près de 4 millions de personnes sur une population de 20 millions sont exposées en Roumanie à un niveau élevé de nuisance sonore provoquée par le trafic routier pendant la journée, alors que près de 3 millions sont encore affectés par ce type de nuisance durant la nuit.

    Par ailleurs, près de 150.000 personnes se voient exposées à un niveau de bruit élevé dû au trafic ferroviaire le jour et 133.000 la nuit. Enfin, 20.000 Roumains sont exposés aux bruits provoqués par le décollage et l’atterrissage des avions, de jour comme de nuit.

     

    La Roumanie s’avère encore être le mauvais élève de la classe en matière de pollution sonore industrielle de l’UE, et cela en dépit de la baisse enregistrée du poids de ce secteur économique.

     

    Le bruit et ses conséquences néfastes sur la santé

     

    Mais la hausse accélérée des niveaux de pollution sonore est loin d’être un phénomène circonscrit au seul contexte roumain, et force est de constater qu’il s’agit davantage d’un phénomène global, qui impacte le bien-être et l’état de santé de la population mondiale.

     

    En effet, le bruit peut être défini comme une combinaison désordonnée de sons de fréquences et d’intensités différentes, transmis par les vibrations mécaniques produites à proximité, et qui provoque chez l’humain une sensation inconfortable, fatigante et désagréable.

     

    Mesurée en décibels, l’intensité sonore devient nocive une fois dépassé le seuil de 80. L’exposition prolongée à un bruit intense, notamment sur de longues périodes, peut entraîner des lésions du tympan, voire la surdité.

     

    On estime que l’exposition à long terme au bruit ambiant est à l’origine de 12.000 décès prématurés et contribue à 48.000 nouveaux cas de cardiopathie ischémique par an en Europe. Plus de 22 millions de personnes souffrent de niveaux élevés de stress chronique et 6,5 millions de personnes souffrent de troubles chroniques du sommeil provoqués par la pollution sonore. Et même si ces chiffres sont déjà fort inquiétants, il est même probable que les effets nocifs induits par ce type de pollution soient bien en-deçà de la réalité.

     

    La faune en souffre aussi

     

    Qui plus est, la pollution sonore n’affecte pas seulement l’humain, mais peut-être davantage encore la faune. Les spécialistes ont montré la manière dont le bruit anthropique provoque une large gamme de réponses physiologiques et comportementales indésirables chez les animaux terrestres et marins, dont une réduction du taux de reproduction, un risque accru de mortalité et d’émigration, entraînant le déclin de certaines populations.

     

    Développer de nouvelles technologies pour remédier à la situation

     

    Pour tenter d’enrayer la hausse accélérée de la pollution sonore dans les grandes agglomérations urbaines au moins, les études tablent sur le développement de certaines technologies, tel l’asphalte phonoabsorbant, mais aussi sur un changement de paradigme en matière de mobilité urbaine, censé privilégier davantage les zones piétonnes, les pistes cyclables, les véhicules électriques, bref ce que l’on appelle la mobilité douce.

     

    Même son de cloche dans le domaine du transport ferroviaire, où l’on entend imposer des normes de bruit aux trains de fret, la mise au ban des wagons non conformes à la réglementation européenne et l’installation de freins silencieux sur les trains de voyageurs.

     

    Quant au trafic aérien, les sociétés qui gèrent les aéroports ne cessent de plancher sur des modifications des horaires et des itinéraires des vols censées réduire tant que cela se peut la nuisance sonore provoquée par le décollage et l’atterrissage des avions. (Trad Ionut Jugureanu)

  • La ville du quart d’heure

    La ville du quart d’heure

    Les défis des grandes métropoles en matière de durabilité

    Les hommes vivent de plus en plus dans les villes, et cela doit être sérieusement pris en compte dans la conception et de la gestion de l’urbanisme. Les grandes métropoles sont confrontées à de gros problèmes économiques, sociaux, sanitaires, environnementaux, alimentaires et de transport. Un concept plus ancien remis aujourd’hui au goût du jour est le modèle de « la ville du quart d’heure », soit où tous les services essentiels sont à une distance d’un quart d’heure à pied ou à vélo. Vlad Zamfira, spécialiste du changement climatique et des politiques durables – nous décrit le contexte :

    « Les villes dans lesquelles nous vivons n’occupent que 2 % de la superficie de la Terre, alors qu’elles accueillent la moitié de la population mondiale. Elles sont par ailleurs responsables de 75 % de la consommation mondiale d’énergie, de 80 % des émissions de carbone et produisent 80 % du PIB mondial. Selon les estimations des spécialistes, d’ici 2050 près de 70% de la population vivra dans ces villes. Aussi, si les villes ont un impact majeur sur la qualité de vie de leurs habitants, elles n’impactent pas moins les écosystèmes naturels. Le concept de développement durable des villes, comprenant en cela leur capacité à répondre aux besoins de leurs habitants actuels sans pour autant mettre en péril les ressources et l’avenir des générations futures, est rapidement devenu un impératif. Serait-ce dans le contexte la ville du quart d’heure une option viable ? En bref, ce modèle implique d’avoir accès à tous les services de base aux commerces, parcs, écoles et jardins d’enfants en peu de temps, en moins de 15 minutes à pied ou à vélo. Le concept promu par l’urbaniste franco-colombien Carlos Moreno est guidé par quatre idées majeures : L’écologie tout d’abord, censée promouvoir une ville verte et durable ; La proximité ensuite, à savoir habiter une distance que l’on soit capable de franchir à pied de tous les autres endroits où l’on doive s’y rendre régulièrement ; Une ville solidaire aussi, apte à encourager la création du lien social. Enfin, une ville participative, dans la conception de laquelle ses habitants sont impliqués. Ce modèle fait la part belle à la mobilité pédestre et à la micromobilité, suivie par les transports en commun, enfin par le partage de véhicules, qui contribue à augmenter le nombre d’usagers par véhicule et à diminuer la dépendance à l’égard de du véhicule personnel. »

    Mais le maître mot demeure la durabilité. Pour que cela existe, il faut examiner 3 catégories principales : Les personnes tout d’abord, car pour être durable, une ville doit avoir un impact social positif, prendre en considération le bien-être et la santé de tous ses habitants, et cela quelque soit leur niveau de vie ; La planète ensuite, car les villes durables ne devraient pas affecter l’environnement, mais avoir plutôt un impact positif sur celui-ci ; La profitabilité, vu que l’aspect économique ne peut être négligé, et qu’une ville durable doit pouvoir subvenir à ses propres besoins financiers.

    Et qui sont les perdants et les gagnants du concept de « la ville du quart d’heure » ?

    Tout d’abord, les gens gagnent à coup sûr. Selon nombre d’études, il existe une corrélation directe entre le nombre de pas quotidiens et l’obésité. Les villes les plus conviviales pour les piétons comptent des taux d’obésité les plus faibles. En Roumanie, le taux d’obésité se situe entre 20 et 25 % actuellement, contre 14 % en 1997. Ensuite, la pollution sonore produite par le déplacement des véhicules sera en nette baisse. Dans une ville paisible, les gens sont plus productifs et bénéficient d’un meilleur confort de vie. Les commerces profitent à leur tour, car l’on est à coup sûr beaucoup plus susceptible de s’arrêter devant un magasin lorsqu’on marche à pied ou que l’on fait du vélo plutôt que lorsque l’on roule en voiture. Des études montrent d’ailleurs que les revenus des commerces situés dans les rues piétonnières sont nettement supérieurs aux commerces similaires situés ailleurs.

    Quant aux perdants… Il s’agit tout d’abord de toute l’infrastructure dédiée à la voiture reine de nos villes d’aujourd’hui. Bucarest, ville de contrastes, ne fait pas exception. Si la capitale roumaine compte des voies réservées au tram ou au bus à certains endroits et sur certaines lignes, si le transport de surface est souvent bien agencé au transport souterrain, il existe aussi de nombreux itinéraires où les services de transport public laissent à désirer. Autre point critique en matière urbanistique de la capitale roumaine réside dans la mauvaise répartition administrative des compétences entre les mairies d’arrondissement et la mairie de la ville. Un seul exemple à cet égard : les premières peuvent décider le tracé des rues de leur arrondissement en l’absence de toute concertation avec les autres arrondissements et avec la ville dans son ensemble. La gestion des villes roumaines souffre trop souvent d’une communication déficitaire au sein de l’appareil administratif, d’une absence d’infrastructures adéquates destinées aux transports publics, de la mauvaise qualité du parc de transport public, enfin d’une gestion inefficace en matière de connectivité. Tout cela fait que les citadins roumains demeurent de farouches défenseurs de la voiture personnelle, fut-ce sur de courts trajets. Une voiture qui revêt souvent bien d’autres valences que celle de vous amener à un endroit. Symbole de réussite sociale, d’autonomie et de statut, la voiture est encrée dans l’image de la réussite sociale d’une société somme toute récemment sortie du marasme communiste.   (Trad. Ionut Jugureanu)

  • L’agenda climatique en année électorale

    L’agenda climatique en année électorale

    L’urgence climatique, une évidence


    Le monde, une bonne partie du monde,
    semble avoir pris bonne note de l’urgence climatique dans laquelle l’on s’était
    plongé tout seuls, et de la nécessité d’agir dans le sens d’une baisse
    conséquente des émissions de gaz à effet de serre. Le réchauffement climatique
    ne peut plus être ignoré par personne, alors que ses effets sont ressentis par
    tout un chacun. La température de notre planète a récemment dépassé de 1,5°C la
    température moyenne enregistrée à l’époque préindustrielle, selon les données
    fournies par l’Institut national de météorologie du Royaume-Uni, ce seuil
    critique dont le dépassement était tant redouté par le mode scientifique à
    cause des effets irréversibles qu’il entraîne en termes d’apparition des
    phénomènes météo extrêmes (vagues de chaleur, sécheresse, inondations
    destructrices), l’accroissement accéléré du niveau de la mer (la NASA avait d’ores
    et déjà fait état d’un accroissement de 10 cm du niveau de l’océan planétaire durant
    les trois dernières décennies), enfin l’extinction d’un nombre incalculable d’espèces,
    pénuries alimentaires, les risques épidémiologiques accrus, la déstabilisation des
    calottes glaciaires.

    Des actions à entreprendre


    Pour prévenir ou tout au moins pour limiter ces effets
    catastrophiques, il est urgent à ce que les émissions des gaz à effet de serre
    baissent de 45% à l’horizon 2030 par rapport aux niveaux enregistrés en 2010, pour
    arriver à la fameuse neutralité carbone à l’horizon 2050.

    C’est dans ce
    contexte d’urgence climatique que le site « Infoclima » passe en
    revue les différents types d’actions à prendre :



    – L’élimination rapide de l’usage des
    combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel et charbon) et leur remplacement
    par des sources d’énergie renouvelable (hydraulique, éolienne, solaire, biomasse,
    géothermie, nucléaire).

    – L’accroissement de l’efficience
    énergétique dans le bâtiment, les transports et l’industrie tout comme une
    meilleure gestion des sols utilisés dans l’agriculture afin de stocker une plus
    grande partie du carbone qui se trouve dans l’atmosphère dans les sols.

    – Stopper la déforestation, protéger et
    réhabiliter les forêts du monde.

    – Le passage aux véhicules électriques,
    aux transports en commun et à la mobilité douce.

    – La baisse des déchets, du gaspillage
    alimentaire et de l’alimentation à base de viande.

    – La transition des processus
    industriels actuels vers des processus moins énergivores et la captation du carbone
    à la source.











    L’effort global, la seule solution


    Quoi qu’il en soit, aucune des solutions
    proposées ne s’avère capable à elle seule de changer la donne. L’effort doit
    être conjoint et global, et l’année 2024 s’annonce riche en initiatives et réunions
    de « la dernière chance ». Le bal a été ouvert par la conférence en
    format virtuel IRENA de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables,
    qui sera suivie au mois d’avril en présentiel à Abu Dhabi, au même moment avec le
    Sommet mondial des énergies d’avenir.

    Le Sri Lanka accueillera la 8e Conférence internationale du changement climatique


    Le mois prochain se déroulera par
    ailleurs à Colombo, au Sri Lanka, la huitième Conférence internationale du
    changement climatique qui entend identifier les meilleures solutions pour
    atteindre la neutralité carbone au niveau mondial. Cette conférence abordera en
    outre des thématiques tels que l’impact du réchauffement climatique sur les
    divers écosystèmes, les réponses techniques, économiques et sociales face au
    changement climatique, l’adaptation des systèmes de santé, de l’agriculture et de
    la sécurité alimentaire dans le nouveau contexte.


    La 10e édition du Forum mondial de l’eau, à Bali, en Indonésie, en mars


    Au mois de mars, l’Indonésie
    accueillera à Bali sous l’égide de l’ONU la 10e édition du Forum
    mondial de l’eau, dont l’objectif sera d’identifier les meilleures réponses
    face au déficit d’eau, notamment sur le continent africain et au Moyen-Orient.


    La 16e édition de la Conférence internationale sur le changement climatique, à Pau, en France


    Un mois plus tard, ce sera à Pau, en France, que se déroulera la 16e
    édition de la Conférence internationale sur le changement climatique :
    Impact et Réponses. Accueillie par l’Ecole supérieure de commerce de Pau, cette
    édition abordera le sens que doit sous-tendre toute activité économique pour
    assurer le bien-être et la soutenabilité sociétale.



    Conférence mondiale sur le changement climatique et la durabilité, à Barcelone, en Espagne


    Au mois d’octobre sera le
    tour de la 3e édition de la Conférence mondiale sur le changement
    climatique et la durabilité qui se tiendra à Barcelone, en Espagne, réunissant
    climatologues, biologistes, agronomes et experts en énergies, tout comme des
    représentants des industries et des ONG, selon le site Infoclima.


    La COP 29, à Baku, en Azerbaïdjan


    Enfin, le dernier
    évènement de l’année sera accueilli à Baku, en Azerbaïdjan, Etat membre d’OPEP Plus,
    où se tiendra la COP 29, censée achever un accord global à la suite des désaccords
    enregistrés lors de la COP 28 de Dubaï.




    Quoi qu’il
    en soit, les efforts déployés au niveau mondial pour diminuer la pollution et tenter
    de décélérer le réchauffement climatique seront fortement perturbés par le contexte
    international volatile, dans le contexte où les guerres d’Ukraine et de Gaza
    font toujours rage. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le potentiel éolien de la Roumanie

    Le potentiel éolien de la Roumanie

    Le potentiel éolien terrestre de
    la Roumanie équivaut à deux fois les besoins actuels en énergie du pays, nous assurent
    les spécialistes.

    Cinq départements des 41 que comptent la Roumanie seraient en
    mesure de fournir jusqu’à 123 TWh (terrawatt-heure), nous assure à son tour Ioana
    Csatlos, directrice-générale d’EfdeN, une ONG spécialisée dans la régénération
    urbaine et l’efficacité énergétique. D’ailleurs le mix énergétique qu’utilise
    la Roumanie pour assurer ses besoins actuels fait état d’un rapport assez équilibré
    entre les différentes sources d’énergie, l’hydro-électrique se taillant la part
    du lion avec 32%, suivie du nucléaire qui occupe 20% du fromage des sources d’énergie,
    les hydrocarbures 17%, le charbon 15%, l’éolien 13%, le solaire 2%, enfin la
    biomasse 1%. Les données, fournies par la société Transelectrica, indiquent
    néanmoins la part encore considérable qu’occupent les sources d’énergies
    fossiles, à 32% du total.

    Un objectif ambitieux pour 2023

    Mais l’éolien a pour ainsi dire le vent en poupe, la
    Roumanie poursuivant l’objectif d’en faire la première source d’énergie à l’horizon
    2030, élevant sa part dans le mix global d’énergie nationale jusqu’à 54%. Objectif
    ambitieux sans doute, dont la mise en œuvre appellera les spécialistes à devoir
    prendre en considération non seulement l’identification des meilleurs sites
    pour la mise sur pied de nouvelles fermes éoliennes, mais encore les
    limitations imposées à ce type de projet par l’existence éventuelle des aires
    naturelles protégées, l’emplacement des zones résidentielles et les plans actuels
    d’aménagement du territoire, enfin la facilité d’accès au réseau existant. Une
    récente étude publiée au mois d’octobre dernier par l’Institut autrichien de
    technologie Austrian Institute of Technology avait évalué l’ensemble de ces
    critères.

    Ioana Csatlos : « L’idée de base consiste à pouvoir décider de l’emplacement
    d’une ferme éolienne sans impacter le milieu naturel. Et pour cela, il nous
    faut prendre en considération trois éléments : tout d’abord le cadre légal,
    qui doit être prédictible et transparent, car les investisseurs potentiels, nationaux
    ou internationaux, y ont droit. Il faut ensuite prendre soin de protéger la
    biodiversité. Il faut donc impliquer des experts, dans la réalisation de l’étude
    d’impact. Prendre, par exemple, soin de contourner les couloirs de migration
    des oiseaux, leurs zones de nidification. Impliquer, enfin, les communautés
    locales. Car c’est bien ces communautés qui peuvent évaluerau mieux l’impact potentiellement
    nuisible de ces projets, leur empreinte sonore ou visuelle, mais aussi les
    bénéfices, économiques ou sociaux potentiels. Et puis, en impliquant les
    communautés locales, l’on s’assure que les gens comprennent mieux de quoi il
    retourne. Il faut donc se mettre autour de la table pour identifier des solutions
    durables, qui mettent à notre profit les prouesses technologiques actuelles,
    sans porter préjudice de quelque nature que ce soit à l’avenir des générations futures ».


    5 départements de Roumanie dotés d’un potentiel éolien particulièrement intéressant.


    Lorsque l’on parle du
    potentiel éolien, deux éléments sont à prendre en considération : la force
    et surtout la régularité des vents qui ne doivent être ni trop forts, ni trop
    faibles, ce dernier élément étant mesuré par le nombre d’heures de
    fonctionnement à pleine charge du système par an. Aussi, en prenant en considération
    ces éléments, tout comme les précautions d’usage relatives à la protection de
    la biodiversité, les couloirs de migration, les aires naturelles protégées et les
    contraintes en matière d’agriculture régénérative, l’étude réalisée par les
    spécialistes autrichiens a identifié 5 départements de Roumanie dotés d’un
    potentiel éolien particulièrement intéressant.

    Ioana Csaltlos insiste sur le fait que les simulations réalisées mettent en
    évidence une baisse conséquente du prix de l’énergie obtenue de l’éolien.


    Par ailleurs, le potentiel de l’éolien marin dont dispose
    la Roumanie en mer Noire est encore plus intéressant. Le gouvernement de
    Bucarest a d’ailleurs récemment promu devant le parlement un projet de loi censée
    règlementer l’exploitation de l’énergie éolienne marine.



    « L’adoption d’un cadre législatif censé réglementer
    l’exploitation des ressources éoliennes marines constitue un pas important afin
    d’assurer l’indépendance et la résilience énergétique du pays, l’apparition de
    cette législation étant d’ailleurs prévue par le plan national de relance et de
    résilience », précise le ministère de l’Energie dans un communiqué.

    Selon les données de la Banque mondiale, la Roumanie
    disposerait d’un potentiel éolien marin de 76 GW. Aussi, en légiférant dans ce domaine, notre pays avance dans la
    voie de la transition énergétique et raffermit son statut de leader régional
    dans le domaine de l’énergie. Selon Sebastian Burduja, ministre de l’Energie, les
    spécialistes de son ministère qui ont concocté le projet de cette loi se sont consultés
    au préalable avec des spécialistes européens et américains, ces derniers par l’intermédiaire
    du Département d’Etat des Etats-Unis, dans le contexte où l’exploitation de l’éolien
    marin roumain appellera à des investissements qui vont s’élever à plusieurs
    milliards d’euros.


    (Trad. Ionut Jugureanu)





  • Erosion des monts Carpates

    Erosion des monts Carpates


    L’érosion accélérée dont souffrent les Carpates roumaines risque de
    mettre en danger la biodiversité et les habitats naturels, tire la sonnette d’alarme
    Aritina Haliuc, chercheuse postdoctorale à l’Université
    de Bordeaux.
    Deux études récemment parues sur le sujet font état de l’érosion
    des sols constatés dans deux zones distinctes des Carpates roumaines : au lac
    Rouge et au lac Ighiel. Concrètement, les chercheurs avaient mesuré la profondeur
    des sédiments déposés sur le fond de ces deux lacs durant le dernier siècle, et
    ont tenté de comprendre la part des activités humaines et du changement
    climatique dans le phénomène. Aussi, les deux études ont conclu d’une même voix :
    l’intensification des activités humaines accélère de manière proportionnelle l’érosion
    des sols. Par ailleurs, l’apport accélérée de sédiments a tendance à colmater
    les sources d’eau qui alimentent le lac, et de diminuer d’autant l’espérance de
    vie de ces lacs, phénomène constaté surtout au sujet du lac Rouge. Ecoutons Vlad
    Zamfira, journaliste au site Infoclima :


    « Les activités humaines, les déforestations, l’utilisation intensive des pâturages se sont accélérées
    durant le dernier siècle, tout comme l’érosion. Dans les Carpates, la
    conversion des écosystèmes naturels en pâturages avait appauvri le nombre d’espèces
    de plantes, fragilisant le sol, qui est devenu plus vulnérable face à l’érosion.
    Qui plus est, le contexte actuel, caractérisé par le réchauffement climatique, ce
    qui se traduit par des périodes de grande sécheresse, par des inondations et par
    d’autres phénomènes météo extrêmes, ne fait qu’accélérer le phénomène d’érosion.
    Les projections européennes font état d’une accélération de l’érosion des sols,
    une accélération qui se situera dans une fourchette entre 13 et 22% d’ici à
    2050. Mais au fond, vous pourriez vous demander ce qu’est l’érosion d’une
    montagne, comment se manifeste-t-elle ? Vous savez, toutes les formes de relief que l’on
    voit aujourd’hui, comme les montagnes, les vallées, les collines, les plateaux
    et les plaines, sont le résultat de l’érosion. L’érosion est le processus de
    dégradation et de transformation du relief sous l’action de l’eau, du vent, de
    la glace. Il existe une érosion chimique et une érosion physique ou mécanique.
    L’on parle de la première lorsque la composition chimique de la roche s’en
    trouve modifiée. L’érosion physique en revanche défait la roche, alors que la
    composition chimique de cette dernière demeure inchangée.
    Les glissements de terrain, les coulées de boue
    surviennent à cause de l’érosion physique. Or, la déforestation, les incendies
    de végétation, l’utilisation excessive des pâturages accélèrent la dégradation
    du sol, empiètent sur la biodiversité, sur la fertilité du sol, et favorisent
    le glissement de terrain et les inondations dans les vallées. »


    A cause de l’érosion, les roches sont morcelées, deviennent plus lisses
    et sont plus faciles à emporter par les éléments. Aussi bien la glace que l’eau
    favorisent l’érosion physique. Le vent, qui transporte de la poussière, du
    sable et d’autres particules constitue à son tour un facteur important d’érosion,
    selon Aritina Haliuc. Des facteurs tels que le climat, le relief, la végétation,
    l’activité tectonique, les activités humaines constituent autant de variables
    qui accélèrent ou non l’érosion. La végétation en revanche constitue un facteur
    de stabilité. Les racines des arbres, des arbustes, des autres plantes
    stabilisent le sol et empêchent le mouvement des sédiments et les glissements
    de terrain. Sur les hauteurs des Carpates, où la végétation se fait rare, un
    taux d’érosion même réduit mène à des pertes irréversibles pour le sol, mène à
    la dégradation du paysage et de l’écosystème. Par ailleurs, les incendies de
    végétation guettent, et peuvent s’avérer dévastateurs pour les écosystèmes
    montanes, surtout les plus fragiles, menant à la disparition des habitats
    naturels, de la biodiversité, et allant jusqu’à menacer la sécurité des communautés
    humaines voisines. En détruisant la végétation qui a un rôle important dans la
    protection du sol, les incendies favorisent les inondations, les glissements de
    terrain et les coulées de boue. Les Carpates souffrent : l’accroissement
    des températures, des précipitations intenses dans certaines périodes, l’allongement
    des saisons chaudes sont autant des signaux d’alarme, conclut Aritina Haliuc,
    chercheuse postdoctorale à l’Université de Bordeaux.



    Face à cela, des initiatives prises au niveau
    national ou international tentent d’enrayer le phénomène. La loi de la
    conservation du sol tente pour sa part de prévenir l’érosion et de diminuer ses
    effets. Le Programme national de développement rural, qui bénéficie de fonds
    européens, encourage le développement des pratiques agricoles durables et
    soucieuses de l’environnement. Par ailleurs, la stratégie de l’UE en la matière
    vise à suivre de près le phénomène de dégradation des sols et encourage la gestion
    durable. Enfin, au niveau régional, la Convention des Carpates, signée par 7
    pays de la région, entend conserver les écosystèmes fragiles présents dans les Carpates
    et protéger les communautés locales. Ajoutons
    à ces initiatives publiques, les initiatives locales, communautaires, l’action
    des associations locales qui tentent d’endiguer la déforestation, d’accroitre
    le nombre des zones protégées et des parcs naturels et qui effectuent un
    travail de fond pour sensibiliser les communautés locales d’agir dans leur
    intérêt dans la protection de l’environnement naturel. (Trad. Ionut Jugureanu)