Category: Terre Verte

  • Les chiens de berger des races locales toujours à l’affût

    Les chiens de berger des races locales toujours à l’affût

    Par le passé, les humains et la faune se partageaient
    les mêmes territoires, dans un parfait équilibre. Pour se protéger et pour
    protéger leurs animaux domestiques, les habitants, notamment ceux des
    montagnes, ont pris diverses mesures, en érigeant, par exemple, les célèbres
    clôtures massives en bois. Une autre méthode de défense prisée à l’époque a été
    l’utilisation des chiens de berger, capables de chasser les loups, voire même l’ours.
    Aussi, au fil du temps, quatre races de chiens roumains spécialisées se sont progressivement
    développées par nécessité.






    Aujourd’hui encore, ils sont toujours en
    activité, car l’objectif n’est pas d’éradiquer la faune qui pourrait s’avérer
    nuisible ou dangereuse pour la vie des animaux domestiques, mais plutôt de la
    tenir à distance. Grâce aux chiens de berger, l’homme et les fauves peuvent
    continuer à partager les grandes espaces et y vivre, séparément certes, mais
    sans trop d’encombre. Le chien de berger assure ainsi la coexistence homme/nature
    selon des pratiques anciennes, pour préserver, autant que possible, la richesse
    de la faune des Carpates. La fondation Conservation Carpathia Environmental a
    même développé un programme ingénieux, grâce auquel des chiots de berger
    roumains des Carpates sont gracieusement offerts aux éleveurs qui font paître
    leurs troupeaux dans la région des monts Făgăraș. Ces chiots, issus d’une race
    locale présente depuis l’Antiquité, sont élevés à la ferme Cobor Biodiversité.






    Adrian Aldea, biologiste et gestionnaire de
    la faune locale, nous explique le concept : « Afin de faire
    accepter la survie de grands fauves à proximité des communautés locales, nous
    devons nous assurer que nous maintenons les conflits potentiels entre l’homme
    et le fauve à un niveau raisonnable, acceptable. Les carnivores peuvent, bien
    sûr, tuer des animaux de compagnie, les sangliers peuvent faire énormément de
    dégâts, mais nous, qui sommes chargés de gérer la faune, nous devons faire de
    notre mieux pour éviter que les conflits ne dégénèrent. Et le mieux c’est toujours
    de prévenir, plutôt que de guérir. Alors, nous avons lancé ce programme d’élevage
    de chiens de la race Berger des Carpates, une race extrêmement efficace pour défendre
    les troupeaux domestiques. Pourquoi cette race ? Parce que c’est d’abord une
    race représentative de la région, une race spécifique des zones montagneuses de
    Roumanie, et qui est un peu en danger, car l’on observe ces dernières années
    certaines tentatives de la remplacer par d’autres races, bien moins efficaces
    dans la lutte contre la faune et souvent plus agressives envers l’homme. Le
    berger des Carpates est un chien fort, mais bien dans sa tête, et qui sait
    faire son travail en montagne. »







    Les éleveurs qui reçoivent
    en don un Berger des Carpates grâce au programme CARPATHIA doivent montrer
    patte blanche et observer certaines conditions en termes de soins à pourvoir et
    d’alimentation adéquate. Depuis 2019, la fondation a déjà ainsi donné 46 chiots
    aux éleveurs de la région. En Roumanie, il existe quatre races de chiens
    locales, spécialisées dans la garde d’ovins ou de bovins : le berger roumain
    Mioritic, le berger roumain des Carpates, le berger roumain de Bucovina et,
    enfin, le berger roumain Crow.






    Petru Muntean,
    porte-parole du Club cynologique roumain : « Le Roumain ne peut se
    départir de son chien, ni dans les montagnes ni même dans les villages, compte
    tenu de l’augmentation rampante des populations d’ours et de loups que l’on
    constate ces dernières années. Les bergers ne peuvent pas vivre sans chien et
    ne peuvent assurer la sécurité de leurs troupeaux en l’absence de leurs chiens.
    Maintenant, au sujet de ces quatre races de chiens berger, deux d’entre elles
    appartiennent au premier groupe de chiens de berger telles qu’elles avaient été
    établies par la Fédération cynologique internationale, alors que les deux
    autres races, plus grandes, plus solides, Bucovina Shepherd et Romanian Crow
    Shepherd, appartiennent au groupe des chiens de garde et de défense, au groupe
    des molosses, qui sont de très gros chiens. La différence entre ces groupes est
    visible en termes de structure corporelle, et même de structure crânienne. Le
    Carpatin et le Mioritic sont dotés d’une allure lupoïde, leurs crânes sont
    allongés, tandis que les deux autres races présentent des crânes plus patibulaire,
    fortes, nous rappelant beaucoup le Dogue du Tibet, le Saint-bernard, une race bien
    connue. Ce sont donc des chiens plus forts, plus imposants, plus massifs. Ce
    qui unit ces quatre chiens de berger c’est leur capacité formidable à garder
    les troupeaux. Ils sont faits pour cela, dotés d’un instinct naturel, ils sont
    extrêmement protecteurs envers l’homme et le foyer. La faune caractéristique de
    notre région exigeait que ces races soient élevées de sorte à en faire de
    formidables gardiens. Ils se méfient des étrangers et défendent sans faiblir
    leur territoire. Mais une fois amenés ailleurs, ils s’avèrent dociles,
    équilibrés, pas du tout dangereux. Ce sont des chiens dociles, qui obéissent à
    leur maître, qui connaissent leur rôle. »







    Pour mieux connaître ces quatre races
    locales de chien de berger, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de l’association,
    en tapant www.ach.ro . Les informations sont
    disponibles en français également.(Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Le bois, pièce maîtresse pour la réduction des gaz à effet de serre

    Le bois, pièce maîtresse pour la réduction des gaz à effet de serre

    La Roumanie, dit-on, est un pays béni, parfaitement en mesure de prendre le tournant du développement durable, pour la réduction des gaz à effet de serre, notamment dans le secteur du bâtiment. En effet, riche de ses forêts et comptant des bois à profusion, dotée d’une forte capacité à s’adapter, pouvant se targuer de l’apport de spécialistes et d’écoles de pointe, la Roumanie pourrait faire valoir ses atouts notamment pour réduire les émissions des gaz à effet de serre dans le BTP.

    Cette déclaration appartient à l’Association des forestiers roumains (ASFOR), qui explique dans une déclaration aux allures de plaidoyer, la manière dont l’utilisation intelligente du bois dans le bâtiment pourrait contribuer à nous faire atteindre au plus vite les objectifs climatiques ambitieux que l’Union européenne s’était fixée, à savoir la neutralité climatique d’ici 2050. C’est pourquoi l’Association des forestiers roumains pense que le secteur du bois constitue à cet égard un enjeu pour le moins majeur. Aussi, selon le plan d’action de l’économie circulaire, issu en 2020, le secteur de la construction est responsable de plus de 35 % des déchets et de 5 à 12 % des émissions des gaz à effet de serre dans l’Union européenne. Et, à cet égard, les matériaux de construction confectionnés du bois pourraient aider à transformer ce secteur d’une source d’émissions en un absorbeur de carbone. Qui plus est, la promotion des produits censés stocker le carbone est pleinement compatible avec le principe de neutralité technologique, selon la même Association des forestiers roumains, qui s’appuie dans son plaidoyer sur des sources communautaires.

    Le président de l’Association, Ciprian Muscă, détaille le fond de sa pensée : « Le secteur de la construction est un des secteurs avec une contribution assez importante en termes d’émissions de carbone, à travers les matériaux qu’il utilise à l’heure actuelle. Un certain nombre de mesures ont déjà été mises en place au niveau européen, pour absorber et stocker le carbone. Tant en Roumanie que dans l’Union européenne, nous avons à notre disposition une ressource qui peut nous aider et qui peut participer activement à la réalisation de ces objectifs. Il s’agit des forêts. Fondamentalement, la forêt agit comme un absorbant du carbone, qu’elle stocke dans le bois, et plus tard, en traitant et en transformant le bois en matériaux de construction, l’on assure le stockage du carbone pendant très, très longtemps. Donc, en gros, en utilisant du bois dans la construction, on est capable de réaliser cette part de stockage du carbone, atteignant ainsi nos objectifs en matière de neutralité climatique. Voyez-vous, l’on doit toujours faire un arbitrage entre l’économique, le social et l’environnemental. Aussi, il faut savoir que, lors des coupes que nous faisons, du moins en Roumanie, un des rares pays européens qui récolte le bois selon un planning sur dix ans, nous ne récoltons que la croissance annuelle de la forêt, c’est-à-dire que nous récoltons juste ce que la forêt peut produire. »

    À l’appui de leur position, les forestiers roumains rappellent également que le mois dernier, la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) du Parlement européen a lancé le premier jet de son rapport intitulé « Une nouvelle stratégie européenne pour 2030 : la gestion durable des forêts en Europe ». Le document évoque « l’adoption d’une approche holistique, qui prenne en compte la multifonctionnalité des forêts, y compris le stockage du carbone dans la biomasse forestière et dans les produits ligneux », ainsi que « la création d’un cadre réglementaire, qui reconnaisse la plus faible empreinte carbone des produits forestiers par rapport aux matériaux alternatifs ». Dans la même veine, les forestiers roumains sortent des tiroirs le document intitulé « La Roumanie verte en 10 étapes », dont un chapitre fait la part belle aux constructions en bois. Le document prône la construction des maisons en bois, neutres du point de vue des émissions des gaz à effet de serre, et l’usage d’au moins 10% de bois dans la construction de bâtiments avec des fonds publics.

    Aussi, à travers le programme intitulé « La maison en bois », l’Association des forestiers roumains plaide pour l’octroi de crédits aux particuliers et aux sociétés qui choisissent le bois pour ériger leurs maisons, entrepôts, commerces, espaces de production et autres sièges sociaux. Malgré tout, la ruée vers le bois touche une corde sensible dans l’opinion publique roumaine, celle de la déforestation effrénée et souvent sauvage du patrimoine forestier national.

    Ciprian Muscă : « A cela je vous répondrais en utilisant le terme de compensation. Car, au fond, qu’est-ce que le terme de déforestation recouvre-t-il ? Couper les arbres, raser la forêt et changer la destination du terrain. Pour vous donner un exemple, nous pouvons parler de déforestation lors de la construction d’une autoroute. Sinon, on ne peut pas parler de déforestation. En Roumanie, nous ne rencontrons ce phénomène de déforestation que strictement dans cette occurrence, dans le cas de grands projets d’infrastructure. En ce qui concerne l’exploitation forestière illégale, nous, en tant qu’acteurs du secteur forestier, la combattons vigoureusement. A l’heure actuelle, nous avons à notre disposition le système informatique SUMAL 2.0, unique en Europe, qui assure pratiquement la traçabilité exacte de la moindre quantité de bois coupé, depuis la forêt jusqu’à l’entrepôt. C’est un système auquel accessible à tout le monde. Tous ceux qui souhaitent vérifier la légalité d’une cargaison de bois peuvent le faire en temps réel. Au moindre soupçon, n’importe qui peut faire appel aux autorités, via le numéro d’urgence 112. A mon sens, en matière d’exploitation et de transport du bois, la transparence du processus est totale. »

    Récemment, le gouvernement de Bucarest avait pris de nouvelles mesures pour combattre les tentatives de fraude et les coupes illégales. Il s’agit principalement de sanctions plus sévères, en suivant le principe de proportionnalité, principe également prôné par l’Union européenne. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • L’ours, le loup et le lynx : les trésors vivants d’une Roumanie méconnue

    L’ours, le loup et le lynx : les trésors vivants d’une Roumanie méconnue

    Le programme
    international Life – Euro Large Carnivores, financé en partie par l’Union
    européenne et centré sur la question de la coexistence des humains et des
    grands carnivores en Europe, touchera bientôt à sa fin. Depuis près de cinq
    ans, grâce à la coopération transnationale, le programme cherche à identifier les
    meilleures solutions pour faire en sorte que l’ours, le loup ou encore le lynx
    soient perçus pour ce qu’ils sont : un formidable trésor vivant, une
    chance pour la biodiversité de notre continent.








    Ce même programme s’est
    également donné pour objectif de faire en sorte pour que ces formidables fauves
    puissent continuer à vivre dans leurs habitats naturels, en interférant le
    moins possible avec les humains. En fait, la coexistence entre nous, les
    humains, et les grands carnivores a depuis toujours constitué un problème,
    appelant à des compromis et menant à des adaptations, de part et d’autre. Néanmoins,
    force est de constater que le développement explosif des concentrations et des
    infrastructures humaines au cours des 100 dernières années a considérablement
    réduit l’habitat naturel de la faune européenne, ayant grandement perturbé la
    vie et l’avenir de ces espèces.






    En effet, selon le Fonds
    mondial pour la nature, des activités telles que l’exploitation forestière,
    l’expansion de l’infrastructure de transport et des zones touristiques, le bâti
    et les exploitations agricoles, la récolte intensive de baies ou la chasse
    excessive de certaines espèces, dont notamment celles qui constituent la base
    trophique de grands carnivores, ont fini par mettre en danger la survie des grands
    fauves européens.






    Pour ce qui est de la
    situation spécifique de notre pays, nous nous sommes adressés à Marius Berchi,
    expert du Fonds mondial pour la nature Roumanie, et responsable du volet
    roumain du projet LIFE Euro Large Carnivores : « Nous savons fort bien
    que les activités humaines se développent au détriment des zones sauvages et
    des habitats naturels des espèces sauvages. Et cela ne manque pas d’entraîner
    des conséquences, à plusieurs égards. Prenez les attaques d’ours sur les personnes,
    les dégâts matériels et les pertes économiques engrangées à l’occasion. Aussi,
    des fois, certaines pratiques de gestion de la faune, telle l’alimentation
    complémentaire, qui aide l’animal à s’habituer à l’homme, puis la mauvaise
    gestion des déchets ménagers, ne font qu’empirer le problème. Et l’ours, vous
    le savez sans doute, n’est pas un animal domestique. L’attaque d’un tel fauve
    peut mettre en danger la vie d’une personne. Quant au loup, nous ne disposons pas
    de données récentes, qui fassent état des attaques de cet animal sur des
    victimes humaines. »






    Néanmoins, pour
    réduire les risques d’attaques et le nombre d’incidents de ce genre, il est
    urgent d’enclencher un dialogue entre tous les facteurs impliqués, afin de dégager
    un consensus qui perdure. Or, parmi les acteurs impliqués dans la gestion du
    problème, il faut réunir autour de la table les pouvoirs locaux, des représentants
    des communautés, les agences de protection de l’environnement, les gardes forestiers
    et les gardes-chasse, les gestionnaires de fonds de chasse, les gestionnaires
    de fonds forestiers, les éleveurs d’animaux, les instituts de recherche, les
    universités, les ONG, les opérateurs touristiques et bien d’autres acteurs
    intéressés.






    Marius Berchi
    nous parle de l’approche utilisée par le Fonds mondial pour la nature Roumanie à
    cet égard : « Pour ce qui est des dommages subis par les éleveurs par
    exemple, nous sommes parvenus à faire introduire dans le Plan stratégique
    national un mécanisme, financé par l’entremise de la Politique agricole commune,
    qui prévoit l’acquisition du matériel et des moyens de protection, tels que des
    clôtures électriques, des chiens de berger ou encore des poubelles sécurisées,
    que l’ours ne pourra pas ouvrir. Nous avons ensuite réussi à jeter les bases d’une
    plate-forme régionale pour la coexistence des espèces dans la région des monts
    Apuseni. Vous y trouverez des éleveurs d’animaux, des chasseurs et des
    représentants de la plupart des institutions concernées par le sujet. Je me
    plais aussi de croire que nous avons également contribué à l’accroissement de
    la capacité institutionnelle des acteurs concernés. Nous avons organisé des
    formations thématiques, et je vous donne deux exemples : l’automne dernier, nous
    avons abordé la mise en place d’un système d’évaluation et de suivi de la
    population de loups l’échelle nationale,
    alors qu’une deuxième formation, qui se déroule ces jours-ci, tente de mettre
    en place des équipes d’intervention rapide, rassemblant les maires des
    localités concernées, des gendarmes, des chasseurs et des vétérinaires. Nous
    avons également mené des activités d’information auprès des agriculteurs de la
    région, notamment au sujet des démarches à entreprendre en cas de préjudice,
    pour obtenir des dédommagements en cas de dégâts. Nous avons fait aussi don
    d’équipements de prévention dans le cadre du projet : des clôtures
    électriques et des chiens, voire même des sprays anti-ours. Enfin, nous avons proposé
    des aménagements législatifs et des politiques publiques, pour améliorer la gestion
    de la population d’ours, et nous avons contribué à l’élaboration du Plan
    international d’action pour la conservation des grands carnivores dans les
    Carpates. »








    Quoi qu’il en
    soit, force est de constater l’augmentation de la population de loups, d’ours,
    de lynx et d’autres animaux sauvages en Europe au cours de la dernière
    décennie. Aussi, selon les statistiques, sur une population de plus de 18.000
    ours qui vivent en Europe, la Roumanie abrite un peu plus de 6.700 exemplaires.
    Et sur les 9.000 ratons laveurs recensés sur le continent, 1.200 avaient élu
    domicile dans notre pays. Quant aux loups, si la plupart ont été exterminés
    dans une bonne partie des régions européennes au cours des deux derniers
    siècles, pour atteindre un minimum historique au milieu du XXe siècle, des
    données récentes font état d’une population stable, qui varie entre 2.500 et
    2.900 exemplaires, sur le seul territoire de la Roumanie, une population présente
    notamment dans les régions de hautes collines et de basses montagnes. C’est
    dire l’importance de la Roumanie dans la sauvegarde des grands fauves
    européens. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Plantes exotiques envahissantes, identifiées en Roumanie

    Plantes exotiques envahissantes, identifiées en Roumanie

    Ces dernières années, les espèces de plantes allochtones
    envahissantes semblent devenir un problème mondial croissant. Outre
    l’intensification des activités humaines, le changement climatique favorise
    leur pénétration et leur développement sur de nouveaux territoires, créant des
    déséquilibres écologiques majeurs. L’heure est grave, au point que le Parlement
    européen et le Conseil de l’Union européenne ont jugé utile d’élaborer un
    règlement sur la prévention et la gestion de l’introduction et de la
    propagation de ces espèces.






    Le document européen montre, certes, que l’apparition d’espèces
    exotiques, qu’il s’agisse d’animaux, de plantes, de champignons ou de
    micro-organismes, dans des environnements où ils n’étaient pas présents
    auparavant, n’est pas toujours préoccupante. Cependant, un sous-groupe
    important d’espèces exotiques peut devenir envahissant, ayant des effets graves
    sur la biodiversité et les écosystèmes associés, et risquant de provoquer
    d’autres effets économiques et sociaux point négligeables. Actuellement,
    quelques 12.000 espèces, présentes sur le territoire de l’Union européenne et dans
    les autres pays européens voisins, sont allogéniques, dont 10 à 15 % sont
    estimées invasives. La menace pour la biodiversité et les services
    écosystémiques associés peut prendre une variété de formes, jusqu’à menacer la
    survie des espèces indigènes, mettant à mal la structure et le fonctionnement
    des écosystèmes, modifiant les habitats, et biaisant la compétition naturelle entre
    les espèces qui se partagent un même territoire. Cette menace peut encore
    prendre la forme de la transmission des maladies, facilitant le remplacement
    d’espèces indigènes dans une partie importante de leur aire d’épandage, et provoquant
    des effets génétiques inattendus, dus à l’hybridation.






    Qui plus est, les espèces exotiques envahissantes peuvent aller
    jusqu’à mettre en danger la santé humaine et, par voie de conséquence, l’économie.
    Cependant, seuls les spécimens vivants et les parties reproductibles
    constituent une menace et, par conséquent, ce sont les seuls dont l’expansion devrait
    être contrôlée, affirment encore les experts européens.






    Cette situation n’est pas moins inquiétante en Roumanie, où la
    fondation environnementale Conservation Carpathia a identifié dans le sud-est du massif montagneux Făgăraș, le long de
    certaines vallées isolées, pas moins de six espèces de plantes exotiques
    envahissantes, que ses bénévoles s’efforcent d’éliminer.






    Le biologiste Oliviu Pop, de « Conservation Carpathia »
    : « Ces plantes envahissantes, en fait des plantes exotiques envahissantes,
    se sont installées dans des habitats naturels dégradés ou abandonnés, tels des
    champs, des prairies abandonnées, ou dans des déchetteries sauvages. Elles
    conduisent à terme à l’élimination d’espèces végétales indigènes. Les plantes
    envahissantes éliminent progressivement les espèces rares, protégées, ou les
    plantes fourragères. Le changement climatique que l’on subit dernièrement constitue
    un élément qui favorise ce processus. »







    Par ses travaux, la fondation tente de restaurer certaines zones,
    affectées, par le passé, par la déforestation sauvage, et de rétablir
    l’équilibre de la nature. Une étude scientifique coordonnée par Oliviu Pop a
    été réalisée sur la base d’une méthodologie standardisée, passant au peigne fin
    les principales vallées de la partie sud des monts Făgăraș. A la suite de ces
    résultats, Conservation Carpathia a élaboré son plan d’action, partant, dès
    l’été passé, à la chasse des espèces de plantes exotiques envahissantes, en s’appuyant
    sur ses propres forces tout comme sur bon nombre de bénévoles roumains et
    étrangers. Les techniques qu’ils avaient employées pour se débarrasser de ces
    visiteurs malvenus, qu’il s’agisse de fauchage, d’arrachage ou de coupe, se
    veulent respectueuses de l’environnement et de la nature. L’activité de
    l’association se poursuivra pendant plusieurs années, se donnant pour objectif
    de réduire de moitié la superficie occupée par les espèces indésirables de la
    zone mentionnée.






    Oliviu Pop : « Nous avons actuellement un projet de
    restauration des habitats naturels qui concerne à la fois la restauration des
    habitats longeant les rivières, les plus affectées par ce phénomène, mais aussi
    la restauration des forêts et des buissons, en replantant les espèces caractéristiques
    de la zone. Nous avons démarré nos opérations, en réalisant l’inventaire des
    espèces présentes sur près de 165 km au bord des cours d’eau, avant de
    procéder, aidés par nos bénévoles, à éliminer une bonne partie de ces espèces envahissantes
    sur près de 37 km. A l’heure actuelle, nous essayons d’assurer le suivi des
    zones nettoyées, comprendre le processus à la faveur duquel ces espèces refont
    leur apparition, tout en travaillant, en parallèle, à restaurer les habitats, à
    replanter les aulnes, les saules, les espèces d’arbres caractéristiques de ces
    zones. »







    Oliviu Pop ne manque pas de préciser que si certaines espèces
    exotiques envahissantes se parent de très bellesfleurs, elles demeurent extrêmement nuisibles pour l’équilibre et
    la biodiversité des zones affectées. Ce sujet, plutôt méconnu jusqu’à présent,
    sera probablement de plus en plus présent dans le débat public dans les années
    à venir, et des initiatives, inspirées de celles entreprises aujourd’hui par « Conservation
    Carpathia », seront sans doute bien plus fréquentes au niveau national et
    européen, selon la fondation environnementale roumaine. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le pacte climatique de Glasgow

    Le pacte climatique de Glasgow

    Réunis en Écosse, les dirigeants du monde ont approuvé ce que l’on a depuis appelé le « Pacte de Glasgow sur le climat », résultat de deux semaines d’âpres négociations. Mais les avancées adoptées semblent plutôt minces aux yeux du président du sommet, le britannique Alok Sharma, qui n’hésitera pas à se déclarer « profondément navré » par le recul de dernier moment consenti par l’assemblée dans la question des combustibles fossiles, sous la pression conjointe de la Chine et de l’Inde. En effet, la déclaration initiale, qui prévoyait « l’abandon progressif du charbon », a été remplacée au dernier moment par la formule de « réduction progressive ». « C’est peu, c’est décevant et l’objectif d’1,5° peine à survivre. Il existe néanmoins ce signal, que l’ère du charbon touche à sa fin, et c’est important », concède néanmoins la représentante de Greenpeace International, Jennifer Morgan.Ceci dit, les experts tirent régulièrement la sonnette d’alarme car, selon eux, « chaque dixième de degré compte », alors que les catastrophes liées au changement climatique se multiplient déjà : inondations, sécheresses et vagues de chaleur, comptant des dizaines et des centaines de victimes.

    Également présente à Glasgow, Roxana Bojariu, climatologue et chef du groupe de recherche sur le changement climatique au sein de l’Agence météorologique nationale roumaine, précise : « Pour ce qui est du réchauffement climatique, l’heure est grave. Le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, publié en août dernier, avait clairement indiqué que nous sommes en pleine crise climatique. Le secrétaire général de l’ONU a parlé d’un code rouge climatique, alors que les sept dernières années l’on a battu tous les records en matière de hausse de la température, depuis qu’elle est mesurée, soit depuis le début de la seconde moitié du XIXe siècle. L’été dernier, vous avez pu constater toute la panoplie de phénomènes météo extrêmes que l’on a dû subir, avec un pic de température de 49,6° près de Vancouver, au Canada. Des études ultérieures ont montré qu’en l’absence du phénomène de réchauffement climatique, cela n’aurait jamais été possible. Nous vivons déjà dans l’urgence climatique. Nous assistons à des incendies de végétation dans l’ouest du Canada, aux Etats-Unis, mais aussi en Europe. Vous avez vu les îles grecques s’embraser. Nous avons aussi assisté à de très fortes tempêtes, car au-delà de l’augmentation de la température moyenne, les voies de transport de la chaleur et de l’humidité se modifient, et l’effet de serre provoqué par les activités humaines ne fait qu’empirer la donne. »

    Résoudre les problèmes environnementaux n’est souvent pas seulement une question de bonne ou de mauvaise volonté des décideurs, mais aussi de coûts et d’alternatives. Ainsi, un point important des discussions parfois houleuses de Glasgow a constitué le financement du chèque que les grands pollueurs de la planète, les pays développés, consentent à signer au nom des pays les moins développés, ceux-là même qui font les frais du changement climatique provoqué par les pays industrialisés. Pour ce qui est de la Roumanie, cette dernière ne peut que se féliciter de bénéficier de la solidarité de l’UE, à travers le Pacte vert européen. Roxana Bojariu explique: « La Roumanie est membre de l’Union européenne et, dans ce contexte, évidemment, les objectifs de l’Union doivent être atteints. Par ailleurs, dans la conférence des parties, l’Union parle d’une seule voix. Bien sûr, les positions des États membres sont convenues à l’avance. Ainsi, l’objectif de réduire les émissions des gaz à effet de serre de 55% d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990, tout comme l’objectif d’atteindre la neutralité climatique avant 2050 demeurent les objectifs phares de l’Union. Mais l’Union souhaite augmenter sa capacité de résilience face aux changements qui ont déjà lieu, face aussi aux changements à prévoir d’ici 2050. Parce que le changement climatique est là, on est dedans. Et alors, ces objectifs sont évidemment mis en œuvre à travers des directives européennes, à travers une réglementation européenne, la loi sur le climat, à travers toute cette législation subséquente au Pacte vert européen. Et la Roumanie tire son épingle du jeu, grâce notamment à cette planification européenne, consistante et cohérente. Qui plus est, les mesures que l’Europe compte prendre peuvent se targuer de bénéficier de budgets conséquents, des fonds dont la principale mission est d’épauler les Etats membres les plus fragiles, tels la Roumanie, de pouvoir prendre la tournante. »

    Les réactions internationales à l’accord de Glasgow ont rarement été sur la même longueur d’ondes. Si le Secrétaire-général de l’ONU, Antonio Guterres, regrette que « la volonté politique collective n’ait pas suffi à surmonter les contradictions profondes entre les pays, alors qu’il est grand temps d’agir de toute urgence », le premier-ministre britannique, Boris Johnson, voit surtout la moitié pleine du verre, lorsqu’il qualifie l’accord de grand pas en avant, même s’il reste, selon lui, encore beaucoup à faire. Même son de cloche du côté de l’émissaire américain John Kerry, qui se félicite de ce premier accord international censé diminuer l’utilisation du charbon pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°, avant de conclure que « l’ambition est plus grande qu’on ne l’aurait pensé ». Mais le satisfecit anglo-saxon ne fera pas reculer le Secrétaire général de l’ONU, qui ne se gênera pas de faire le décompte des objectifs ratés : l’aide financière aux pays les plus pauvres, la fin des subventions aux combustibles fossiles, l’extraction du charbon, la fixation du prix de ce dernier. Ce sera pour une autre fois, sans doute. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Pétition européenne pour la sauvegarde des abeilles

    Pétition européenne pour la sauvegarde des abeilles

    Une pétition
    visant la sauvegarde des populations d’abeilles a réussi à rassembler le nombre
    de signatures nécessaire pour être examinée par la Commission européenne.
    L’initiative « Save Bees and Farmers » a dépassé le million de
    signatures, selon le site internet qui l’avait promue. « Le fait que nous
    ayons réussi l’exploit, en dépit des restrictions massives causées par la crise
    du COVID-19, montre l’enthousiasme des gens qui appellent à un changement de la
    politique agricole européenne », avait déclaré Veronika Feicht,
    représentante de l’Institut de l’environnement de Munich, l’un des responsables
    de la campagne.






    La pétition
    demande que la législation de l’UE élimine progressivement les pesticides de
    synthèse, protège la biodiversité et cesse de se concentrer sur l’agriculture de
    type industriel. Plus de 31.000 signatures ont été recueillies en Roumanie,
    soit plus de 30 % de plus qu’il n’en fallait pour dépasser le seuil minimum
    alloué au pays. La pétition, qui sollicite que l’utilisation de pesticides de
    synthèse dans l’agriculture soit réduite de 80% d’ici 2030 et totalement éliminée
    avant 2035, a été lancée par 90 organisations, originaires de 17 pays de
    l’Union européenne. Parmi les initiateurs se trouve la Fédération des associations d’apiculteurs roumains, Romapis.






    Constantin
    Dobrescu, vice-président de cette organisation, explique sur Radio Roumanie le
    pourquoi de cette initiative : « Une telle initiative nous est indispensable.
    Vous savez, les abeilles, et pas seulement elles, toutes les populations d’insectes
    pollinisateurs sont en déclin. Cette réalité, prouvée au-delà de tout doute
    possible, a des effets sur le long terme, affectant ces populations à tous les niveaux.
    Des études ont été menées, par exemple, en Allemagne, dans certaines zones
    protégées, où l’agriculture intensive n’est pas pratiquée, je parle de cette
    agriculture qui repose sur l’utilisation intensive de pesticides et de
    monocultures. L’on a observé que les populations de pollinisateurs ont baissé
    d’environ 70% sur une période d’environ 30 ans. Or, les insectes se trouvent à
    la base de la chaîne trophique. La disparition des insectes met en danger
    l’ensemble du vivant et l’ensemble de notre chaîne alimentaire. Ce n’est pas
    une blague. Et, tenez compte, cette étude s’était déroulée dans une zone
    protégée, où l’on n’emploie pas de pesticides. Voyez un peu ce qui se passe
    dans les régions où l’on pratique cette agriculture industrielle et l’on
    utilise beaucoup de pesticides. Les abeilles disparaissent, les apiculteurs
    souffrent à leur tour. Pensez aux pauvres bourdons, aux abeilles solitaires,
    que personne ne défend. Toutes ces populations disparaissent en catimini, des
    espèces entières, une véritable hécatombe, aux conséquences terribles. »






    Les abeilles,
    mais aussi les autres pollinisateurs, sont en effet indispensables à la
    préservation des écosystèmes et de la biodiversité. Jusqu’à un tiers de la
    production alimentaire humaine et deux tiers des fruits et légumes que nous
    consommons au quotidien reposent sur la pollinisation par les abeilles et les autres
    insectes. Cependant, leur existence est menacée par la contamination constante
    par les pesticides et par la disparition de leur habitat due à l’agriculture
    industrielle, tire la sonnette d’alarme la Fédération des associations apicoles
    roumaines. La pétition européenne attire également l’attention sur le fait que
    les écosystèmes naturels des zones agricoles doivent être restaurés de toute
    urgence, pour que l’agriculture devienne un facteur clé dans le rétablissement
    de la biodiversité. Pour cela, les agriculteurs ont besoin d’être accompagnés
    dans la transition vers l’agroécologie. Il faut faire en sorte de favoriser les
    petites exploitations agricoles diversifiées et durables, et développer
    l’agriculture biologique.

    La formation et
    la recherche pour le développement d’une agriculture sans pesticides et sans
    organismes génétiquement modifiés doivent être encouragées, plaide Constantin
    Dobrescu vice-président de la Fédération des associations d’apiculteurs
    roumains : « L’agriculture industrielle telle qu’elle est pratiquée à
    l’heure actuelle est tributaire à l’industrie agrochimique. Les pratiques
    agricoles actuelles impliquent l’utilisation massive de ces pesticides, qui
    sont devenus beaucoup plus toxiques que ceux des premières générations. D’une
    génération à l’autre, les pesticides deviennent de plus en plus dangereux pour
    les insectes, mais aussi pour nous, les humains. Parce qu’ils finissent dans
    notre assiette, qu’on le veuille ou non. Croire qu’il est impossible de
    pratiquer l’agriculture en l’absence de l’utilisation de ces poisons c’est
    faux. Des études étayées le démontrent. L’Europe peut être autosuffisante d’un
    point de vue alimentaire. Certes, abandonner l’emploi de pesticides présuppose
    un certain changement de nos habitudes alimentaires, une diminution de la
    consommation de viande, donc une baisse du volume de l’élevage. Il faudrait pouvoir
    se contenter d’une production soucieuse de l’environnement, dans le contexte
    d’une agriculture verte. Les agriculteurs qui ont sauté le pas et se sont convertis
    à une agriculture sans pesticides savent que cela est possible, ils ont déjà pu
    le constater. Croire que le monde risque sa sécurité alimentaire à force
    d’arrêter l’emploi des pesticides est totalement faux, c’est tout bonnement un
    mensonge. »











    Le mécanisme de
    l’initiative citoyenne européenne a été introduit par le traité de Lisbonne.
    Cela permet que les initiatives soutenues par un million de citoyens en
    provenance d’au moins un quart des 27 arrivent sur la table de la Commission
    européenne, et que cette dernière se voie tenue de présenter des propositions
    législatives dans ses domaines de compétence. Néanmoins, à cause des États
    membres qui ont invoqué avoir besoin de plus de temps pour mettre en place des
    mécanismes de certification des déclarations de soutien, les premières
    initiatives citoyennes n’ont vu le jour que depuis le 1er avril 2012. (Trad.
    Ionut Jugureanu)

  • Le plastique, ennemi juré des eaux de la planète bleue

    Le plastique, ennemi juré des eaux de la planète bleue

    De plus en plus d’organisations environnementales tentent,
    par différentes méthodes parfois inédites, souvent conviviales dans leur déroulement,
    de nettoyer les eaux, mais aussi d’informer le grand public et les autorités
    locales du danger représenté par ce type de pollution. C’est ce que fait l’Association Act For Tomorriow, qui a développé son
    projet intitulé, « We Act for Water – A.P.A. », en français « Agissons
    pour l’eau ». Selon les spécialistes, le plastique représente 90 % des
    déchets produits par l’homme, et qui sont découverts dans le milieu marin. Aussi,
    selon l’ONU, 1 million d’oiseaux marins et 100 000 animaux marins meurent
    chaque année à cause des seuls déchets plastiques. Pour ce qui est de la
    situation en Roumanie, même si les données officielles manquent avec superbe,
    elles n’échappent sans doute pas à la tendance mondiale.




    Voici ce qu’en dit Andreea Petruț, de l’association
    environnementale Act For Tomorrow : « Concernant la quantité des déchets présents
    dans l’eau, la Roumanie est mauvais élève en termes de données statistiques.
    Nous ne disposons pas de statistiques officielles, en provenance du ministère
    de la l’Environnement ou d’autres institutions publiques, pour savoir à quel
    point les eaux du pays sont polluées par les macrodéchets. Cela dit, les
    statistiques européennes disponibles placent la mer Noire au deuxième rang des
    mers les plus polluées d’Europe par les déchets d’origine humaine, alors que d’autres
    sources la placent sur la première place. Cela en dit long sur l’urgence du
    problème. Ce que je peux vous dire cependant, suite à une recherche que nous
    avons menée plus tôt cette année, c’est que du microplastique a été découvert
    dans tous les cours d’eau douce de Roumanie, et aussi dans la mer Noire. Il
    s’agit de très petits morceaux de plastique, des fragments de plastique de la
    dimension des nano microns, provenant du plastique décomposé. Or ces fragments
    de microplastique s’avèrent dangereux à la fois pour la santé humaine et pour les
    écosystèmes aquatiques. »






    L’association mentionnée agit dès lors dans plusieurs
    directions : prévention, information, collecte et recyclage. Bien sûr, un
    problème aussi grave et complexe ne peut être résolu par la seule action d’une ONG,
    mais ses initiatives peuvent être par la suite reprises par les autorités et
    par d’autres organisations à une tout autre échelle. En plus, la sensibilisation
    du public au danger posé par le plastique jeté au hasard demeure essentielle pour
    essayer d’endiguer le phénomène.




    Andreea Petruț, de l’association Act For Tomorrow, nous parle
    aussi de son projet intitulé « Agissons pour l’eau » :

    « Nous
    agissons dans quatre domaines stratégiques : au niveau de l’éducation et de la
    formation en premier lieu, soit au niveau de la prévention, pour tenter d’éviter
    la génération de déchets plastiques qui arrivent dans le milieu aquatique. Puis,
    nous menons des campagnes et des interventions concrètes de nettoyage, pour essayer
    ensuite la mobilisation communautaire et le plaidoyer, y compris le domaine de
    la recherche, et finalement, nous fermons le circuit en capitalisant sur le
    plastique que nous collectons dans les eaux, et en le réintroduisant dans le
    circuit économique à travers ce concept d’économie circulaire.
    Cette année nous avons introduit
    les fameux animaux marins géants, présents pour la première fois en Roumanie dans
    le domaine de l’infrastructure de collecte.
    Nous en comptons déjà8, et
    leur présence sur les plages est saisissante. Ensuite, nous avons développé la
    première embarcation électrique censée collecter les déchets marins, une
    première européenne. L’embarcation a pris le nom d’Ebisu, le dieu protecteur de
    la mer au Japon. C’est un bateau que nous avons développé en Roumanie, avec des
    ingénieurs roumains. L’année dernière, nous avons également mené une campagne
    d’information et d’éducation intitulée « Face à face avec les eaux usées », campagne
    hautement appréciée par les professionnels de l’environnement et de la
    communication. Lors de cette campagne, nous avons pratiquement renvoyé les
    hommes face à leurs responsabilités : Nous avons mis d’une part l’ensemble
    des espèces menacées ou protégées qui sont présentes dans les eaux roumaines
    face aux déchets. Une sorte de face-à-face inédit entre la faune et les déchets.
    Et puis, l’on a mis en évidence leurs durées de vie respectives, soit l’espérance
    de vie des exemplaires vivants d’un côté, la durée de vie du plastique dans les
    eaux de l’autre. Avec cela, plus besoin de longs discours. Enfin, c’est à
    Constanța, notre ville portuaire, que nous avons lancé la plus grande peinture
    murale qui purifie l’airau monde. On l’a fait à
    Constanţa justement pour tirer la sonnette d’alarme au sujet de la pollution
    que nous générons en milieu marin. Mais au-delà de toutes ces campagnes, nous
    accordons une grande importance au nettoyage des lacs et des cours d’eau. Nombreuses
    ont été les actions que nous avons menées en ce sens, soit avec notre bateau
    qui collecte les déchets, soit avec d’autres bateaux ou des kayaks, grâce surtout
    aux nombreux bénévoles présents sur les rives. »







    Et l’association peut être fière, car les résultats ont
    dépassé les objectifs fixés. En effet, en seulement 5 mois, près de 19 tonnes
    de déchets ont été collectés, à la fois sur la côte et dans les rivières et les
    lacs les plus pollués de Roumanie. Tous les déchets ramassés ont été par la
    suite introduits dans l’économie circulaire. Au total, 400 bénévoles ont pris
    part aux actions de collecte, au cours desquelles ils ont consacré leur temps
    et leur énergie à nettoyer les déchets accumulés à la surface de l’eau ou sur
    les berges. Plus d’un million de personnes ont visionné en ligne la campagne de
    sensibilisation « Face à face avec les eaux usées », dont nous avons évoqué les
    tenants et les aboutissants. Les établissements publics locaux se sont mobilisés
    pour apporter leur soutien et sont devenus des partenaires dans certaines des
    actions menées. De nombreuses associations locales ont porté le message de la
    campagne plus loin dans leurs communautés, contribuant ainsi à la mobilisation
    des volontaires. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • La pêche à l’esturgeon reste interdite en Roumanie

    La pêche à l’esturgeon reste interdite en Roumanie

    Le ministre a expliqué que les analyses effectuées par les spécialistes de son ministère indiquaient à profusion que les espèces d’esturgeons sont toujours en danger, en raison principalement du braconnage, et que des mesures de préservation stricte, sur le long terme, demeurent indispensables. En fait, le déclin de la population desturgeons a été constaté un peu partout dans le monde, cest pourquoi les organisations internationales ont décidé d’inclure ces espèces dans les annexes I et II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction dès 1998. La Roumanie, elle, navait pour sa part introduit ces mesures quen 2006, lorsquelle imposa un premier moratoire sur la pêche à lesturgeon.



    Une étude de l’organisation environnementale internationale World Wild Fund for Nature, le Fonds mondial pour la nature, est pourtant arrivée à une conclusion pour le moins préoccupante. En effet, près d’un tiers des captures contrôlées sont illégales. Menée entre 2016 et 2020, létude donne pour la première fois un aperçu de l’ampleur du braconnage et du commerce illégal de caviar et de viande d’esturgeon, capturé à l’état sauvage dans la région du Bas-Danube, en particulier en Bulgarie, en Roumanie, en Serbie et en Ukraine. Au cours de la même période, les autorités de ces pays ont signalé 214 cas de braconnage, dont 82 en Roumanie. Le phénomène est dautant plus inquiétant que le bassin du Danube inférieur est l’un des derniers endroits au monde où les espèces d’esturgeons, espèces classées et considérées comme les plus menacées au monde, survivent et se reproduisent encore à létat sauvage. Aussi, selon Arne Ludwig, expert en génétique de l’Institut Leibniz pour les études sur la vie sauvage et co-auteur du rapport, il existe, je cite, « très peu d’études sur le commerce et le trafic desturgeons, et cest la seule à ce jour qui utilise deux méthodes de police scientifique de pointe, cruciales pour détecter le commerce illégal ». Les échantillons ont été récoltés tout au long de la chaîne commerciale, comprenant les différents types de commerces, tels que des magasins et des supermarchés, des restaurants et des bars, des marchés locaux, des installations aquacoles, des intermédiaires, des pêcheurs et des magasins en ligne. Des tests ADN et des tests isotopes ont été réalisés sur lensemble des échantillons, qui ont prouvé que les produits provenant d’esturgeons sauvages avaient été vendus dans les quatre pays. Cette étude montre à quel point l’impact du braconnage est à prendre au sérieux pour préserver les dernières espèces desturgeons sauvages et à quel point notre combat pour les sauver demeure vital, déclare Cristina Munteanu, chef de projet au Fonds mondial pour la nature Roumanie. Mais elle propose aussi des solutions. Cristina Munteanu :



    « La solution en elle-même nest pas simple ; il sagit dimaginer une réponse intégrée, mais que lon doit apporter au braconnage. Il faut non seulement bannir la pêche à lesturgeon dans les textes légaux, et cela pour une durée indéterminée, qui est bien entendu une mesure salutaire, il faut aller plus loin et renforcer les contrôles, tant au niveau de la pêche quau niveau des marchés, pour comprendre ce qui se passe là-bas. Des analyses peuvent nous renseigner sur la légalité du produit testé, sil sagit dun exemplaire capturé à létat sauvage ou dun exemplaire issu de laquaculture. Il faudrait aussi travailler avec les communautés de pêcheurs, ce que nous avons fait dans le cadre du projet Life. Il faut déployer une campagne de communication et un travail de réflexion pour trouver, ensemble, des alternatives à la pêche. Nous devons également avoir un suivi clair des populations d’esturgeons, pour savoir exactement quelle est leur situation et, bien sûr, développer la coopération et la coordination entre tous les acteurs impliqués dans la conservation des esturgeons ou qui peuvent affecter les populations d’esturgeons. Tout cela est extrêmement important. »



    La région de la mer Noire est capitale pour la survie de cette espèce en Europe. Le Danube et le Rioni en Géorgie sont les deux seuls fleuves européens que les esturgeons migrateurs utilisent pour se reproduire à létat sauvage. Les principales raisons de leur décimation sont la surpêche et la perte de leur habitat naturel, à cause des barrages hydro-électriques que nous avons érigés au long du Danube et qui ont pour effet de bloquer les voies de migration de ces espèces. Même remarque pour ce qui est des autres constructions fluviales censées faciliter la navigation. Le Danube demeure le seul fleuve de lUE qui permet encore la reproduction des populations desturgeons à létat sauvage. Dans le Pô, en Italie, et dans l’estuaire de la Gironde, en France, il existe d’importantes populations d’esturgeons, mais qui ne se reproduisent plus naturellement. Des initiatives de repeuplement ont également été lancées en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie, en France, en Allemagne, en Pologne, en Autriche et aux Pays-Bas. Les esturgeons et autres espèces de poissons migrateurs constituent un patrimoine historique vivant, et font partie du patrimoine économique et naturel du Danube. Cristina Munteanu plaide pour les esturgeons :



    « Il sagit tout d’abord dune espèce contemporaine des dinosaures, une espèce qui compte 200 millions d’années dhistoire. Ensuite, leur présence est un indicateur de la santé du système fluvial dont ils proviennent, et surtout du fait que ce système bénéficie de la libre circulation de l’eau, et donc quil est en bonne santé. Enfin, dans la survie et le repeuplement de lesturgeon, il y va de notre propre intérêt. Si nous arrivions à refaire cette population et à pouvoir à nouveau lexploiter, la commercialiser, sans craindre de la mettre en danger, les revenus que lon pourrait en tirer sont à même de garantir la prospérité des communautés locales. Cest donc ensemble que nous devons travailler pour sauver les populations d’esturgeons. »



    Il existe actuellement 26 espèces d’esturgeons dans le monde, dont six, soit l’esturgeon d’Europe (Acipenser sturio), Acipenser nudiventris, le sterlet, la morue, la truite et losciètre, appelée aussi esturgeon du Danube, se retrouvaient dans ce fleuve au début du 20e siècle, selon lInstitut de recherche du delta du Danube. Toutefois, les deux premières de ces espèces, soit l’esturgeon d’Europe (Acipenser sturio) et Acipenser nudiventris ont été aperçues pour la dernière fois dans ce fleuve au début des années 1960.


    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Via Transilvanica

    Via Transilvanica

    Tășuleasa
    Social, une ONG du département de Bistrița Năsăud, situé dans le nord de la
    Roumanie, a lancé il y a quelques années un projet inédit: une route
    touristique de plus de 1400 kilomètres traversant le pays du Nord-Est au Sud-Ouest.
    La route de longue distance, comme ils l’appellent, part de Putna, une commune
    où se trouve le tombeau du voïvode moldave Ștefan cel Mare (Étienne le Grand),
    traverse la province historique de Transylvanie, avec toutes ses richesses
    culturelles, et atteint Drobeta Turnu-Severin, sur le Danube, où le roi Carol 1er est entré sur les terres
    roumaines pour la première fois.






    L’itinéraire,
    documenté par les spécialistes de l’organisation, est proposé aux touristes qui
    aiment voyager mais sans utiliser la voiture, préférant arpenter, à pied, les
    sentiers du pays. Il n’est pas encore tout à fait prêt, il le sera probablement
    l’année prochaine, mais il est balisé en grande partie et facile à identifier,
    précisent les organisateurs. Une route sur laquelle on ne peut pas s’égarer
    semble être l’une de ses devises. 1400 km c’est évidemment beaucoup pour tout
    randonneur, aussi téméraire soit-il, c’est pourquoi le parcours est divisé en
    plusieurs étapes, toutes décrites en détail dans le guide disponible sur le
    site de Via Transilvanica.






    Une
    préoccupation particulière des auteurs du projet a été la protection de
    l’environnement, comme l’a déclaré Alin Ușeriu, président de l’organisation
    Tășuleasa Social : « Via Transilvanica, de notre point de vue, ceux ayant
    initié le projet il y a tout juste trois ans, est une route sur laquelle on ne
    devrait pas s’égarer. La Roumanie est un si beau pays, avec des choses si
    intéressantes à voir en la parcourant à pied, des choses spectaculaires qu’on peut
    trouver presque à chaque pas. C’est comme si des chaudrons pleins d’argent seraient
    enfouis partout et il suffirait de creuser un peu pour faire la connaissance de
    la Roumanie d’un bout à l’autre. Suivre les routes de longue distance est,
    d’après mois, la plus belle façon de mettre en valeur chaque héritagehistorique, culturel, culinaire, chaque patrimoine
    rural et naturel. Nous sommes, je crois, les personnes les plus riches de la
    planète, notamment du point de vue du patrimoine naturel exceptionnel qui nous
    entoure et qui nous procure un état de bien-être, un état d’esprit qui ne peut
    être comparé à rien d’autre ».








    Via
    Transilvanica est un projet dont tout le monde devrait bénéficier, à la fois
    les gens et l’environnement. Il propose également un retour aux coutumes anciennes
    des habitants du milieu rural qui préserveraient les richesses naturelles
    locales en les offrant aux touristes de telle sorte qu’elles ne soient pas
    affectées. Les habitants devraient comprendre la valeur de leur environnement
    et apprendre à mener leur vie sans détruire la flore et la faune uniques de
    leurs régions.






    Alin
    Ușeriu sur la pérennité du projet : « Il met en valeur au mieux le patrimoine
    naturel s’il est parcouru, disons, par jusqu’à cent mille personnes par an.
    C’est un projet soutenable qui aiderait à vivre plus de 600 communautés qu’il
    traverse. Presque chaque personne vivant sur le trajet de Via Transilvanica pourrait
    devenir un petit entrepreneur, mettre son ménage au travail afin d’offrir de l’hospitalité.
    Nous, l’ONG Tășuleasa Social, sommes responsables juste de 50% du projet,
    l’autre moitié sera assurée par tous ceux qui offrent de l’hospitalité et qui arpentent
    le trajet. Un ménage bien organisé qui offre du foin, de la viande, du fromage
    de la meilleure qualité, pourrait, en les offrant aux passants, s’assurer de
    continuer à faire ce qui a été fait au cours des mille dernières années et cela
    est très important pour l’environnement. Nous avions pensé qu’en plantant des
    forêts partout en Roumanie nous allions résoudre le problème environnemental. Or,
    à présent, on sait que les boisements qui ont été faits dans des anciens
    villages sont très dangereux. Malheureusement, la terre n’y est plus travaillée
    et nous serons confrontés à une catastrophe de grande ampleur si nous perdons
    ces si beaux pâturages, surtout ici en Transylvanie, mais en fait partout dans
    les Carpates, et la flore qui est si bien développée. Certes, la forêt est très
    importante mais, à vrais dire, elle capture tout ce qui est vivant. Donc une
    route de longue distance résout certains de ces problèmes, elle assure le train
    de vie des habitants des lieux par où elle passe. Le touriste tombe amoureux et
    devient ambassadeur de ce biotope extraordinairement important. Presque tous
    les habitants des lieux traversés par l’itinéraire sont informés de ces aspects.
    Nous avons organisé beaucoup d’actions avec les enfants. Nous voulons
    encourager davantage le développement des offres des ménages locaux que des auberges et des hôtels. Nous
    essayons de faire des films promotionnel afin de présenter aux habitants les
    options qui s’offrent à eux ».







    Les
    organisateurs exhortent les Roumains à découvrir leur pays en parcourant cet
    itinéraire de longue distance et invitent également les étrangers amateurs de
    randonnées. Via Transilvanica est une route qui brise les barrières entre les
    générations et les cultures car elle est dédiée aux personnes qui, quels que
    soient leur âge, leur expérience ou leur origine, sont prêtes à réduire leur activité
    à la marche ainsi que le nombre d’objets transportés dans leur sac à dos au
    minimum nécessaire. Sur le site Web du projet, il est écrit : « Via
    Transilvanica c’est la diversité: du brin d’herbe des rives du Danube aux
    crêtes des montagnes, les paysages qui se déroulent au fur et à mesure que l’on
    passe d’une étape à l’autre de la route sont aussi différents que les personnes
    qui, l’on espère, vont arpenter cet itinéraire ».

  • Trop de déchets plastiques dans les eaux du Danube

    Trop de déchets plastiques dans les eaux du Danube

    «
    L’avenir n’est pas rose » est écrit en toutes lettres sur le site web du
    programme « Les eaux propres » de l’organisation environnementale
    roumaine « Mai Mult Verde » (en français, « Davantage de vert »). Le programme
    est dédié à la réduction de la quantité de plastique dans le Danube, le
    principal fleuve de la Roumanie, mais qui traverse également une grande partie
    de l’Europe, avant de se jeter dans la mer Noire, après avoir parcouru le
    merveilleux et unique delta qu’il avait formé au fil de millénaires. Fondé sur les
    estimations des scientifiques, le site nous prévient que, faute d’action, en
    2050 nous aurons plus de plastique que de poissons dans les eaux de la planète.






    La
    Roumanie n’est malheureusement pas en reste, suivant à son tour cette tendance
    mondiale qui nous fait courir à notre perte. Les évaluations, réalisées par
    l’Administration de la Réserve de la biosphère du delta du Danube, font état de
    plus de 1.500 tonnes de plastique transportées chaque année par le fleuve, qui
    recueille presque tous les cours d’eau du pays. C’est qu’avant de se verser
    dans le Danube, les rivières accumulent déjà d’énormes quantités de plastique,
    ce qui conduit à la destruction de la biodiversité aquatique, à la diminution de
    la qualité de l’eau que nous utilisons et à la dégradation du paysage.






    Néanmoins,
    les paysages abîmés par les tas de déchets apportés par les vagues devraient probablement
    être le moindre de nos soucis. Le projet intitulé « Les eaux propres », lancé
    en Roumanie, lutte à la fois contre la pollution historique, matérialisée dans
    la collecte du plastique déjà présent dans le lit de la rivière, tout en
    prenant des mesures de prévention et de lutte contre les rejets futurs. Mais lutter
    contre un flux d’environ 4 tonnes de déchets par jour appelle à des actions d’une
    grande ampleur, menées sur le long terme et sur l’ensemble du bassin danubien,
    tant en Roumanie que dans les pays riverains.






    Quant
    à l’action des militants de l’Association « Mai Mult Verde », pour la plupart
    des jeunes, Oana Șerban la chargée de communication de l’association, explique :
    « Nous avons commencé par des actions d’assainissement, d’aménagement et de
    développement de l’infrastructure de collecte des déchets, en plaçant, le long
    du Danube, des poubelles pour la collecte sélective des plastiques, et en
    érigeant des panneaux d’information. Nous avons collecté, par exemple, et cela juste
    en 2020, près de 40 tonnes de déchets, les empêchant ainsi de polluer les eaux
    du fleuve. Aussi, avons-nous utilisé pour la première fois en Roumanie des
    solutions technologiques : un drone, une barrière flottante, que nous avons
    installée depuis près d’un an sur la rivière Jiu, affluent du Danube, et que
    nous voulons placer également sur d’autres rivières, ainsi qu’un filet, pour ramasser
    les ordures. De surcroît, l’éducation et la sensibilisation demeurent très
    importantes, car les gens doivent comprendre pourquoi il faut, à tout prix, éviter
    de jeter les déchets dans la nature, pourquoi ils doivent pratiquer le tri
    sélectif, mais aussi quelles sont les alternatives au plastique jetable. Car le
    plastique jetable, sous toutes ses formes, constitue le nœud du problème, vu
    que l’on retrouve ensuite jeté un peu partout. À cette fin, nous avons confectionné
    des peintures murales dans certains endroits des villes impliquées dans ce
    programme, des peintures qui veulent tirer la sonnette d’alarme sur le danger
    de la pollution plastique de l’eau. »






    En
    outre, les militants de l’organisation tentent de rassembler des partenaires du
    secteur non gouvernemental, des structures publiques, gouvernementales et
    administratives, le milieu d’affaires et, bien entendu, les collectivités
    locales. Depuis 2008, année de sa création, l’association affirme avoir réussi
    à bâtir une véritable culture de la responsabilité et du bénévolat en faveur de
    l’environnement dans la société roumaine. Tout cela, par le biais de projets et
    de campagnes éducatives, menés sous des slogans tels que « Il y a une vie après
    la collecte » ou « Les déchets ne sont pas des ordures ». Des campagnes,
    devenues autant d’occasions pour que des bénévoles ramassent plus de 350 tonnes
    de plastique dans les forêts, dans les lits de rivières ou encore le long les
    sentiers touristiques. Par ailleurs, des actions de plaidoyer ciblées ont été
    menées de front, pour améliorer les politiques publiques et leurs effets sur le
    terrain.






    Oana Șerban met
    en exergue la composante organisation communautaire du programme, et ses retombées
    sur le terrain : « Nous n’allons pas dans ces villes avec des solutions
    toutes faites, imaginées et appliquées partout à l’identique, bien au
    contraire. Nous avons pu monter des groupes d’initiatives locales dans les 10
    villes où nous nous sommes investis, et les organisateurs communautaires ont pris
    part à des formations portant sur l’organisation et le développement des
    collectivités, pour comprendre comment les gens peuvent s’impliquer. Et ce
    travail a fait son chemin. L’on constate aujourd’hui, deux années plus tard, que
    les gens ont réussi à atteindre un certain niveau, ils savent maintenant
    comment mobiliser leurs concitoyens pour entrer en action, certains ont déjà saisi
    les institutions responsables, ont lancé des actions de plaidoyer. Et les
    lignes bougent. Ils ont compris qu’il fallait faire pression sur les autorités
    pour que ces dernières s’attellent à résoudre leurs problèmes. En fait, la clé
    de la réussite réside dans la capacité de mobilisation et d’action des collectivités
    locales. Et c’est sur elle que nous nous appuyons »
    , avait conclu Oana
    Şerban. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Le bois mort

    Le bois mort

    On a longtemps cru que le « bois mort » présent dans les forêts nuisait aux écosystèmes, raison pour laquelle il en était systématiquement retiré. Les spécialistes pensent maintenant que c’était une erreur, et une recherche étudiant le phénomène est en cours à la frontière roumano-ukrainienne. Intitulé « Promouvoir le bois mort pour accroître la résilience des forêts dans la zone transfrontalière Roumanie-Ukraine », le projet est mis en œuvre par le Fonds mondial pour la nature Roumanie, en collaboration avec l’Université Ștefan cel Mare de Suceava (ville située dans le nord de la Roumanie), mais aussi avec l’Institut de recherche en Sylviculture PS Pasternak-UkKRIMF et l’association Ecosphera – les deux derniers organismes originaires d’Ukraine. Les conclusions à ce jour sont que le bois mort, qu’il s’agisse d’arbres morts encore sur pied ou au sol (chablis), représente un élément essentiel pour la vie de la forêt, et joue un rôle clé dans la préservation de cette dernière, pour le maintien de sa vitalité, de sa capacité de régénération, enfin pour accroître sa résilience devant les changements climatiques.

    Par ailleurs, la présence du bois mort sert les intérêts des communautés locales, en préservant des écosystèmes essentiels. Radu Melu, expert du Fonds mondial pour la nature Roumanie, explique :« Le bois mort est essentiel au secteur forestier, tout d’abord parce que sa présence favorise la productivité de la forêt. Ce bois mort nous offre toute une gamme de nutriments, de la matière organique issue de ce bois, et qui constitue une excellente base de croissance pour les jeunes pousses et pour les nouvelles générations. Dans la forêt, la richesse du sol provient du bois. Si nous extrayons toujours tout le bois de la forêt, et ne laissons rien se décomposer sur place, à terme nous pourrions avoir des problèmes. Et, si vous me permettez un parallèle avec l’agriculture, pensez que dans l’agriculture, lorsque vous continuez à récolter et à récolter sur le même sol, à un moment donné vous constatez qu’il a été appauvri, et qu’il faudrait compenser cela avec des engrais : soit avec des engrais naturels, soit avec des engrais chimiques. Nous avons donc besoin qu’une partie du bois demeure et se décompose dans le sol même de la forêt, tout comme les feuilles, les branches et d’autres composants organiques. Le bois mort fournit par ailleurs de la nourriture et un micro-habitat à des milliers d’espèces particulières. Il existe toute une série d’espèces qui ne pourraient pas survivre dans la forêt en l’absence du bois mort, et leur disparition éventuelle aurait des effets sur la capacité de résilience de la forêt dans son ensemble. L’on a aussi remarqué des zones avec un excès d’humidité et d’autres qui sont trop sèches. Et là, le bois aide à maintenir un très bon équilibre. Le bois mort, le bois semi-pourri y maintient le taux d’humidité dans des valeurs raisonnables. C’est exactement ce dont les jeunes pousses ont besoin. Il y a aussi des plantes qui poussent sur du bois mort, et qui ne poussent que de la sorte. De plus, il fournit de la nourriture et un cadre de vie à différentes espèces forestières, qui vivent dans ses creux, qui vivent dans les arbres. Elles ont besoin de ce bois mort pour se développer, voire pour exister tout simplement. Le bois mort constitue également l’habitat d’hibernation d’élection pour nombre d’espèces. Voyez-vous, nous avons tout intérêt à préserver le statut et le maintien de ce type de bois au sein de la forêt. Il y est à sa place ».

    La gestion du bois mort est un concept de conservation relativement nouveau pour la Roumanie et l’Ukraine. Promu depuis les années 2000, il est le plus souvent ignoré par la pratique, dans la gestion de la forêt. En effet, durant des décennies, les autorités compétentes des deux pays considéraient le bois mort comme l’« ennemi de la forêt », s’employant à l’éliminer systématiquement. Cela avait finalement conduit à l’extinction de certaines espèces rares, présentes autrefois dans les écosystèmes forestiers, entraînant de la sorte une vulnérabilité générale de la forêt, en lien avec la diminution de sa capacité de régénération naturelle et de l’apport de nutriments dans le sol ainsi que de sa résistance face au changement climatique. Et une forêt mal en point ne sera jamais une forêt productive. Cătălin Roibu, expert de l’Université Ștefan cel Mare de Suceava, étaye ces propos : « Le bois mort n’est pas un concept abstrait ou farfelu, mais quelque chose de très concret. « Bois mort – forêt vivante », n’est pas juste un slogan, mais la conclusion des spécialistes au niveau européen et mondial. Parce que le bois mort constitue le garde-manger et l’abri de nombreuses espèces. Certaines même, reprises sur la liste rouge, sont des espèces menacées au niveau européen. En même temps, c’est le bois mort qui régule et garde sous contrôle tous les paramètres qui assurent la santé de la forêt. Pour ce qui est de notre projet, nous avons constitué un réseau de superficies d’échantillonnage. 20 superficies circulaires, placées au hasard, dans la forêt. A proprement parler, l’ordinateur nous a désigné ces 20 cercles de test dans la forêt naturelle, et puis il avait choisi, toujours au hasard, 20 autres superficies de test dans la forêt aménagée, là où une gestion forestière est de mise. Le même mécanisme pour localiser les surfaces qui feront l’objet des études, le même protocole, a encore été appliqué en Ukraine. »

    Démolir le mythe du bois mort nocif, et qui devrait être retiré des forêts, cela peut être entrepris grâce à la coopération et à la recherche transfrontalières, mises en place entre la Roumanie et l’Ukraine. Le changement de cap dans la gestion du bois mort et, par voie de conséquence, de la forêt, constitue un élément essentiel pour la préservation d’écosystèmes forestiers sains, et pour la préservation de la durabilité des services écosystémiques qu’ils fournissent, affirment de concert les développeurs du projet, financé par ailleurs par l’Union européenne. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le reboisement de la Roumanie

    Le reboisement de la Roumanie

    Les pédologues roumains n’ont jamais caché leur crainte de devoir assister impuissants à la désertification rampante de pans entiers du territoire roumain, notamment dans le sud du pays. En effet, des centaines d’hectares de terrain arable se muent, chaque année, en véritables dunes de sable. La baisse constante des précipitations, doublée par l’augmentation des températures, ne fait qu’accélérer le processus de désertification. Selon les spécialistes, pour prévenir le phénomène d’érosio, les champs cultivables devraient être protégés par des rideaux d’arbres. Ces barrières vertes pourraient, selon les représentants de Greenpeace Roumanie, nous protéger et nous prémunir des phénomènes météo extrêmes, telles les longues périodes de sécheresse, les inondations, les tempêtes ou encore la pollution. C’est la raison pour laquelle Greenpeace Roumanie avait lancé une pétition publique demandant le reboisement des régions plates situées au Sud de la Roumanie. Faute de quoi, 40% du territoire roumain risquerait de se transformer en steppe aride d’ici 30 ans.

    Par ailleurs, plus de 11 millions de Roumains se verront directement affectés par la hausse des températures, par la réduction des réserves d’eau et par la désertification des sols cultivables, la sécheresse chronique devenant la normalité et non plus l’exception. Voilà ce qu’affirme à ces propos Ciprian Gălușcă, responsable des campagnes de plaidoyer pour l’association « Păduri & Viață sălbatică », en français « Forêts et vie sauvage » :Les écosystèmes naturels caractéristiques aux régions de plaines sont déjà au plus mal, car les cultures agricoles ont depuis belle lurette chassé la nature d’origine. La végétation forestière s’est réduite en peau de chagrin. Et même les écosystèmes qui avaient pu encore survivre se voient aujourd’hui menacés par la hausse des températures et par l’absence des précipitations durant de longues périodes. Ce mix de phénomènes météo s’avère mortifère pour la vie, qu’il s’agisse de celle des plantes ou de la faune, voire même pour les communautés humaines qui, tôt ou tard, ne manqueront pas d’être durement affectées par l’absence de l’eau. »

    En 2020, pas moins de 132 alertes code rouge ont été émises par les météorologues en Roumanie. Un record. Le compte à rebours est donc enclenché, le temps des paroles est derrière nous, il faut passer aux actes, au plus vite. Les forêts des Carpates, elles aussi massivement affectées par les coupes illégales, ne suffisent plus pour nous protéger. L’on a urgemment besoin de constituer un réseau forestier national, qui protège nos villes, nos campagnes, nos champs, les communautés les plus vulnérables, plaident de concert les activistes Greenpeace. Ciprian Gălușcă: « 60% des précipitations sont dues aux courants d’air, ceux qui amènent l’eau évaporée des mers et des océans. Il s’agit donc d’un phénomène climatique global. Cependant, le restant, soit 40% des précipitations et de l’humidité présente dans l’air, est le fait des conditions locales, de la présence des lacs, de la végétation, la présence des forêts. Et alors, les choses sont plutôt claires. En l’absence des bois, nous ne pouvons pas garder l’eau dans le sol, nous ne pouvons pas bénéficier de cette eau qui s’évapore grâce aux plantes. C’est la présence des forêts qui nous aide à protéger nos sources d’eau. Sans cela, on est perdu. Et alors, je reviens à cette initiative, celle qui prévoit la création de cette barrière verte et de ce réseau forestier national. Sachez qu’il ne s’agit pas d’une idée Greenpeace. Il s’agit d’un projet lancé déjà par les autorités publiques à l’entre-deux guerres, lorsqu’elles avaient saisi que le Sud du pays était grandement affecté par les effets conjugués du vent et du soleil, et qu’il fallait prendre des mesures pour protéger les communautés et les cultures. C’est alors qu’avait débuté un projet d’envergure, très ambitieux, de reboisement de pans entiers de la région de plaine, en utilisant la formule des rideaux forestiers. Ultérieurement, les autorités communistes ont malheureusement changé leur fusil d’épaule, et certains rideaux forestiers ont passé à la trappe. Cette politique malfaisante s’est poursuivie même après la chute du régime communiste, durant les années 1990. Alors, cent ans après, on est revenu à la casse départ ».

    Le changement climatique est sans doute une réalité du présent. Faute de forêts en suffisance, le Sud de la Roumanie, autrefois surnommé le « grenier de l’Europe », risque de devenir aride à très brève échéance. Durant la dernière décennie, l’Etat roumain a dû dédommager les fermiers, dont les cultures ont été touchées de plein fouet par la sécheresse, et cela à hauteur de 330 millions d’euros. Un pari perdu, selon Ciprian Gălușcă, tant pour les deniers publics que pour les agriculteurs. Pis encore, en 2020, les puits ont séchés dès le début de l’été. A la fin de l’été, l’on a commencé à faire le décompte des lacs qui s’étaient évaporés. L’ombre ne protège plus que 6% des plaines de la Roumanie, pendant que les habitants des grandes villes suffoquent sous l’effet conjugué de la canicule et de la pollution. Reboiser, cela va de l’intérêt national. Il est grand temps de reconstruire cette défense naturelle que la présence des forêts nous offre. Une défense mise à mal à cause de la bêtise et de la cupidité de certains et de l’incurie des autorités, censées a priori défendre l’intérêt public.

    Par sa pétition, Greenpeace entend mettre la pression sur les acteurs politiques, pour qu’ils s’attellent à reconstituer le réseau national des rideaux forestiers. Et, comme pour toute pétition, il va sans dire que chaque signature compte. L’association de défense de l’environnement compte déposer sa proposition au parlement, pour qu’un groupe de travail constitué à cet effet puisse produire la législation nécessaire avant la fin de l’année. Le financement d’un tel projet n’est pas le clou du problème, des fonds étant généreusement mis à disposition par les programmes environnementaux de l’UE. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Les bisons d’Europe des Monts Făgăraş

    Les bisons d’Europe des Monts Făgăraş

    Il est à retrouver également dans très peu dendroits à létat sauvage. Lun de ces endroits, cest le site des Monts Făgăraș, situé au centre de la Roumanie, où la Fondation Conservation Carpathia sattache à mener un programme censé réintroduire les majestueux herbivores, si présents dans les contes traditionnels roumains et les légendes historiques. Le bison dEurope demeure à coup sûr un animal fascinant, qui frappe limagination. Adrian Aldea, biologiste et responsable du projet de la Fondation Conservation Carpathia de réintroduction du bison dEurope dans les Monts Făgăraş, précise :



    « La région des Monts Făgăraş est demeurée à létat sauvage dans sa majeure partie. Dailleurs, il ny a que le castor et le bison qui manquent à lappel de lhistoire. Cest à partir de ce constat que nous nous sommes proposé de les réintroduire, tout cela grâce au projet « Life », qui entend créer une région naturelle, préservée à létat sauvage, dans la partie du sud-est des Monts Făgăraş. Nous avons établi trois zones à partir desquelles les bisons seront libérés. Le projet sest déroulé dores et déjà, comme prévu, dans deux de ces trois zones. Nous introduisons dabord un groupe initial puis, progressivement, tous les ans, lon y rajoute un petit groupe, qui ne compte pas plus de 5 exemplaires. Notre objectif, cest quà la fin du projet, lon puisse avoir au moins 75 bisons en liberté. Le bison dEurope est ce que lon appelle une espèce parapluie, soit une espèce dont l’habitat doit être sauvegardé pour que soient conservées d’autres espèces, parmi lesquelles certaines sont rares et menacées. En effet, il endosse ce rôle grâce à son régime alimentaire dabord, parce quil a besoin de paître ; il se nourrit d’herbe, mais aussi de branchages, de feuilles, d’écorces. Et la préservation de ces pâturages est une aubaine pour le maintien de la diversité de la flore de la région. Puis, il se crée dans les cours deau des endroits où il se baigne, et ces lieux deviennent des lieux de vie pour bon nombre despèces de batraciens et de reptiles. »



    Par ailleurs, par sa présence, en se déplaçant sur de longues distances, dun endroit à lautre, le bison dEurope crée des sentiers, qui seront par la suite empruntés par dautres mammifères, de plus petite taille, tels les biches, les blaireaux et les martres. Ensuite, il a lhabitude de prendre des bains de poussière, ce qui fait quil arrive à transporter ainsi, dans sa fourrure, des graines de différents types, aidant de la sorte à préserver la richesse des espèces végétales. Il endosse en vérité un rôle très important dans la préservation de lécosystème naturel, mais aussi dans le développement des communautés humaines, sa présence dans la région devenant très vite une attraction touristique, et pas des moindres. Nous avons interpellé à cet égard Andrei Aldea, pour comprendre comment les choses se passent dans les Monts Făgăraş :



    « Il est certain que le tourisme a le vent en poupe dans les pays et dans les zones où le bison dEurope a été réintroduit. En témoigne la situation en Pologne, mais aussi, plus près de chez nous, la région de Neamţ, située dans notre Bucovine. A Braşov aussi, comme à Vama Buzăului. Là, les bisons ne vivent pas en liberté, mais dans une réserve. Malgré tout, leur présence constitue une attraction de choix. Les exemplaires de bison dEurope viennent de différents centres de reproduction ou dautres réserves similaires, situées en Roumanie même ou ailleurs en Europe. Maintenant, il y a toujours la question de la gestion des coûts dune telle réserve, et là chacun procède comme il lentend. Pour notre part, nous sommes tenus dobserver le budget prévu dans notre projet. Mais, dun autre côté, nous avons aussi reçu en don des exemplaires gratuits de la part de certains centres qui résonnent à lidée de lâcher les bisons en liberté. »



    La Fondation bénéficie dune subvention européenne pour mener à bien son projet, ce qui ne lempêche pas de puiser également dans ses propres fonds. Cela dit, si le bison dEurope nest pas a priori une espèce agressive à légard de lhomme, il peut savérer dangereux lorsquil se sent agressé ou menacé. Il est dès lors recommandé aux touristes de maintenir une distance de sécurité dau moins 100 mètres, évitant également de nourrir les bisons. Ces gros mammifères peuvent néanmoins savérer nuisibles aux cultures et aux terrains agricoles, cest pourquoi ils sont lâchés dans des zones bien éloignées de tout habitat humain.



    Par ailleurs, les gardiens de la Fondation suivent au quotidien le déplacement des bisons, tout comme leur état de santé et leurs interactions avec dautres espèces sauvages, se tenant prêts à intervenir à tout moment, si le besoin se faisait sentir. Enfin, pour les aider à surpasser des conditions météos extrêmes, un stock de nourriture est tenu en réserve, étant déposé le cas échéant dans les endroits quils fréquentent habituellement. Et si, malgré toutes les précautions prises, les locaux se sentaient menacés, Conservation Carpathia mettra à disposition de ces derniers des clôtures électriques censées protéger hommes et propriétés. A lautomne 2020, les Monts Făgăraş ont assisté à lapparition du premier nouveau-né en liberté de la colonie. Un petit qui na pas encore de nom.


    (Trad. Ionuţ Jugureanu)


  • Le prix pour le développement durable décerné au Géoparc du Pays de Haţeg

    Le prix pour le développement durable décerné au Géoparc du Pays de Haţeg

    Le Géoparc du Pays de Haţeg, situé dans
    la dépression homonyme, à l’ouest de la Roumanie, et né de l’initiative de
    l’Université de Bucarest, s’est retrouvé mis à l’honneur, cette année, à
    l’occasion du Gala pour le développement durable, organisé par le gouvernement
    roumain. Dans sa motivation, le jury met en avant le fait que « la notion
    d’équité dérive de l’idée que la justice est la vertu première d’une société,
    ce qui se traduit par ce principe moral fondamental, qui veut que les droits de
    tout un chacun soient respectés. Il s’agit d’une série de valeurs dont l’on
    note l’égalité, la justice, l’humanisme, l’accès équitable aux ressources et
    aux opportunités et, surtout, la coopération loyale. En ce sens, le projet du Géoparc
    des dinosaures du Pays de Haţeg représente un modèle pour le vaste domaine régi
    par le principe d’équité. » soulignaient-ils. C’est le Pr Alexandru
    Andrășanu, de la Faculté de géologie et paléontologie de l’Université de
    Bucarest, qui eut l’honneur de recevoir la prestigieuse distinction, au nom du
    collectif d’initiative du géoparc. Mais le concept même de géoparc est la
    traduction dans les faits du principe d’équité à travers le développement
    durable, principe que le professeur Andrășanu, devenu directeur du parc, est le
    premier à le défendre.








    Alexandru
    Andrășanu : « Le géoparc reprend les éléments caractéristiques du
    territoire sur lequel il a été établi, des éléments de nature géologique,
    culturelle, naturelle. Et puis, en partenariat avec les communautés locales, il
    vient de proposer une stratégie qui vise la conservation, le développement, la
    promotion touristique et la construction de l’image de marque de ce territoire
    de développement durable. De ce fait, alors que les Géoparcs suivent les mêmes
    principes, chacun est unique, étant donné les éléments d’identité locale qu’il
    met en avant, grâce à la vision de l’équipe, à ses initiatives, aux éléments de
    créativité implicite à la création d’un géoparc. Pour ce qui est du géoparc du
    Pays de Haţeg, nous sommes partis des résultats des recherches menées sur les
    ossements des dinosaures découverts dans la région, qui ont souffert de ce que
    l’on appelle le nanisme insulaire, soit une diminution importante de leur
    taille, rendue possible par leur évolution en vase clos durant des millions
    d’années. Cette caractéristique des ossements des dinosaures découverts au Pays
    de Haţeg a rendu célèbre la région dans le monde entier. Mais la région peut se
    targuer de compter bien d’autres éléments naturels exceptionnels, en sus d’une
    communauté locale bien typée, aux traditions qui remontent à deux mille ans, au
    moins ».






    Et, en effet, pour qu’un territoire
    puisse obtenir le statut de géoparc international labellisé UNESCO, son modèle
    de développement économique doit respecter et protéger l’environnement, offrant
    par ailleurs des opportunités équitables à tous ses habitants. Le projet du
    géoparc du Pays de Haţeg, partie du programme international de l’UNESCO pour
    les géosciences et les géoparcs, réunissant 161 territoires de 44 pays,
    s’enorgueillit d’avoir poursuivi, dès le départ, l’ensemble des objectifs de
    développement durable inscrits dans la stratégie de la Roumanie, sous
    l’appellation Agenda 2030. Installé dans une région riche d’un patrimoine
    naturel et culturel hors du commun, le géoparc propose un voyage à travers 4,6
    milliards d’années d’évolution, présentant un indéniable intérêt écologique,
    archéologique, historique et culturel. Le géoparc du Pays de Haţeg nous fait
    découvrir de nombreux types de roches, des minéraux, des variétés fossiles, alors
    que des phénomènes géologiques sont présents, sans oublier la flore et la faune
    sauvages, ou encore les sites historiques et culturels, les grottes naturelles
    et l’architecture traditionnelle de la région. Mais le clou du projet demeure
    ces dinosaures nains, uniques au monde, par leur évolution spécifique en vase
    clos, ce qui a déterminé la réduction accentuée de leur taille. A l’importance
    scientifique et à l’unicité de cette découverte s’ajoute la présence de sites
    de ponte similaires à ceux observés dans le sud de la France, autour d’Aix – en Provence,
    où l’on a découvert la présence d’ossements d’embryons et de juvénilesjuste éclos associés à ces nids. Le
    géoparc est un espace à la fois éducatif et de découverte, qui se prête à
    merveille au tourisme, mais également à l’éducation des jeunes générations,
    celles qui devront reprendre le flambeau de la préservation des richesses
    naturelles et culturelles de la région.






    De quelle manière
    met-on en valeur la dimension éducative du projet du géoparc ? Alexandru
    Andrășanu :« Tout d’abord par des actions éducatives
    censées promouvoir et conserver le patrimoine local. L’année précédente, nous
    avons lancé un nouveau concept, intitulé « découvre ! aime !
    respecte ! ». Nous convions les touristes, mais également les
    habitants du pays à découvrir le patrimoine de la région, y compris son
    patrimoine vivant. Car le géoparc est situé à son tour au milieu d’un parc
    naturel, qui doit être conservé de la meilleure manière qu’il soit. Nous avons
    développé le partenariat qui nous lie au Parc national Retezat et au Parc
    naturel Grădiștea Muncelului Cioclovina, une destination bien connue des
    amateurs de l’éco-tourisme. Nous avons donc à cœur de promouvoir le respect de
    la nature ».






    Les géoparcs visent une clientèle
    friande de découvertes, à la recherche de la qualité, et soucieuse de ce que
    les retombées engrangées par le tourisme qu’elle pratique profitent au
    développement durable des communautés locales. Un voyage à travers le réseau
    des géoparcs représente une aventure censée dévoiler des secrets enfouis depuis
    des millions d’années, pour nous plonger dans un temps où le relief,
    l’agencement des continents et des océans, était entièrement différent de ce
    que l’on connaît de nos jours. Le réseau mondial des géoparcs est considéré par
    beaucoup comme les territoires de l’UNESCO du 21e siècle, les Etats
    étant, chacun, le dépositaire d’un petit fragment de l’extraordinaire histoire
    de la terre. Ces géoparcs ont la vocation, selon l’organisation mondiale, de
    transmettre aux générations futures ce qu’elle appelle la « mémoire de la
    terre ». En nous plongeant dans le passé, les géoparcs nous offrent les
    outils pour affronter l’avenir, au-dessus duquel plane la menace du changement
    climatique. Ce sont eux qui ont vocation à nous faire prendre conscience de
    l’importance de préserver cet inestimable patrimoine matériel et immatériel de
    l’humanité. (Trad. : Ionuţ Jugureanu)

  • Le plan énergétique et du changement climatique de la Roumanie critiqué par la Commission européenne

    Le plan énergétique et du changement climatique de la Roumanie critiqué par la Commission européenne

    Récemment, la Commission européenne avait rendu à la Roumanie son analyse du plan à dix ans proposé par cette dernière en matière énergétique et de changement climatique, portant sur la décade 2021-2030. Sans surprise, la Commission identifie plusieurs points faibles du plan, et en fait des recommandations. Le document analysé est en effet censé détailler la manière dont la Roumanie compte agir dans le domaine énergétique, pendant la prochaine décade, dans le contexte du changement climatique. Bruxelles critique le manque d’ambition du plan roumain, dont les objectifs se retrouvent bien souvent en-dessous des recommandations européennes en la matière, tout cela en dépit de certaines avancées concédées par rapport à la période précédente.

    Aussi, pour ce qui est de l’énergie renouvelable, la Commission accuse le manque d’ambitions du plan roumain, qui ne laisse qu’une part de 30,7% à ce type d’énergie dans le mix énergétique de la Roumanie de 2030, alors que, selon les calculs, notre pays pourrait monter jusqu’à 34% la part de cette ressource. Par ailleurs, le plan préparé par le gouvernement roumain semble manquer de clarté, car il omet de préciser la part de l’énergie verte dans les différents domaines, tels les transports, le chauffage ou la consommation d’électricité. Vlad Cătună, responsable des campagnes climat et énergie de Greenpeace Roumanie, explique : « La stratégie énergétique et climatique de la Roumanie fait encore la part belle aux combustibles fossiles et à l’énergie nucléaire plutôt qu’à l’énergie verte, et tout cela dans le contexte où l’Europe, et le monde dans son ensemble, sont confrontés aux effets du changement climatique. Et là je ne parle pas seulement de la fonte des glaciers et de l’augmentation du niveau des mers, mais aussi des effets que nous commençons à ressentir également chez nous, en Roumanie. Voyez l’asséchement soudain des lacs Nuntași et Iezer, voyez la désertification rampante du sud de la région d’Olténie, ou encore les tempêtes et les pluies diluviennes, suivies par de longues périodes de sécheresse. En 2020, la Roumanie a été confrontée à des périodes de sécheresse parmi les plus sévères de son histoire. Et dans ce contexte, en voyant justement tous ces effets, la Roumanie aurait dû mettre sur la table un plan ambitieux, qui fasse la part belle à l’énergie renouvelable. Or, que voit-on ? Au moment même où l’on parle, le mix énergétique de la Roumanie repose toujours principalement sur le charbon, et nos projets énergétiques d’avenir font de l’exploitation des réserves de gaz de la mer Noire la priorité numéro 1. Là, on a un problème. »

    La transition énergétique, le passage à l’énergie verte n’est certes pas un processus aisé, cela demande de la volonté et des investissements conséquents. L’économie verte n’est pas donnée, cela on le savait déjà, ne serait-ce qu’en comparant le prix des produits bio avec le prix de leurs homologues, obtenus de manière industrielle. Mais le grand avantage de la Roumanie est que l’Union européenne est disposée à financer cette transition énergétique, et que le pays a un bon potentiel, grâce à sa position géographique. Vlad Cătună précise à cet égard: « Nous disposons d’un potentiel insoupçonné en termes d’énergie éolienne, y compris de ce que l’on appelle l’éolien en mer Noire, puis d’un potentiel énorme aussi pour ce qui est de l’énergie solaire dans la partie sud du pays. Certes, pour exploiter ce potentiel, il faut des investissements conséquents, mais la Commission, par l’intermédiaire du Pacte vert européen, met sur la table des fonds importants pour réaliser cette transition énergétique. Notre souhait c’est de pouvoir passer directement de l’énergie fossile à l’énergie verte. Parce que si l’on envisageait une période de transition, qui mette l’accent sur le gaz par exemple, cela serait bien plus laborieux et, au fond, plus coûteux. Nous avons encore le temps de réaliser cette transition énergétique vertueuse, nous disposons du potentiel nécessaire en matière d’énergies renouvelables, ainsi que des fonds de la Commission européenne. Ignorer ces atouts serait un gâchis. »

    Quant au chapitre de l’efficience énergétique, la Commission européenne reconnaît et salue les efforts dernièrement consentis par la Roumanie, qui compte contribuer de manière bien plus substantielle aux efforts communautaires, pour atteindre l’objectif que l’Europe s’est donné pour 2030. Malgré tout, la Commission relève que les objectifs du plan roumain en termes de consommation d’énergie primaire et de consommation globale d’énergie demeurent plutôt modestes. Parmi les bons points relevés par la Commission notons toutefois les ambitions roumaines en matière d’accroissement de l’efficacité énergétique des bâtiments, avec un taux annoncé de 3 à 4% de réhabilitation thermique. La Commission salue également les plans de réhabilitation des centrales thermiques communautaires, ou encore la promotion annoncée de l’agriculture bio et la diminution de l’utilisation des phosphates, tous deux des éléments repris de l’Accord vert européen pour l’agriculture. Mais le plan roumain demeure déficitaire en matière de surveillance de la qualité de l’air, et il semble manquer de faire le lien entre les sources de pollution et l’évolution de la qualité de l’air. Pour conclure toutefois sur une note optimiste, Vlad Cătună pense que le plan proposé par les autorités roumaines devrait subir des améliorations, surtout dans le contexte où la nouvelle loi européenne sur le climat devrait imposer des objectifs encore plus ambitieux. Or, après l’entrée en vigueur de cette loi, les autorités roumaines n’auront d’autres choix que de s’y plier, en accélérant de la sorte la transition énergétique vers l’utilisation de l’énergie verte, et en délaissant du coup l’usage de l’énergie fossile. (Trad. Ionuţ Jugureanu)