Category: Visitez la Roumanie

  • Sorana Georgescu Gorjan

    Sorana Georgescu Gorjan

    Sorana Georgescu Gorjan est la fille de l’ingénieur Ştefan Georgescu Gorjan, qui a collaboré avec Constantin Brâncuşi à élever la Colonne sans fin, de Târgu Jiu (sud), et la nièce de Ion Georgescu Gorjan, un bon ami de Brâncuşi, à qui l’artiste avait fait un buste en 1902. Etant donné son activité de rédactrice aux Editions de l’Académie Sorana Georgescu Gorjan a repris les archives familiales et la préoccupation pour Constantin Brâncuşi. Elle a été le rédacteur de l’ouvrage de Barbu Obregianu — « Brâncuşi en Roumanie ». « Mon amour pour Brâncuşi a commencé voici très longtemps, parce que je suis née dans la maison où Brâncuşi a été accueilli par papa, à Petroşani, lorsqu’il a fait la Colonne sans fin. Je suis née après que Brâncuşi a quitté le pays, en 1939, après qu’il eut réalisé la Colonne, mais ce qui se racontait en famille, ce que nous avions dans la maison — le buste de mon grand-père, réalisé par Brâncuşi, la première œuvre d’art que j’ai vue en étant enfant, tout cela m’a marquée depuis que j’étais petite. »



    Ces derniers temps, les œuvres de Brâncuşi qui se trouvent généralement dans des musées ou des collections privées, se vendent de mieux en mieux. Il y a même un classement des ventes, dit Sorana Georgescu Gorjan. « En 2009, une œuvre en bois de Brâncuşi a été vendue, à Paris, chez Christie’s, contre 37 millions de dollars. Il s’agit du «Portrait de Mme LR », que Brancusi a travaillé en 1914 et que son ami, Fernand Léger, avait repris, suite à un échange. Cette création n’a pas été vendue, à l’époque, ce fut juste un échange d’œuvres d’art. « Le portrait de Mme LR » est entré, par la suite, dans la collection d’Yves Saint-Laurent, qui l’a acheté aux enchères, à Paris, en février 2009, contre cette somme record de 37 millions de dollars.


    Une deuxième oeuvre a été très bien vendue en 2005 — un Oiseau dans l’espace, en marbre, faisant partie de la collection de Léonie Ricou, la même LR. Après la mort de celle-ci, c’est son mari qui en a hérité. Cette sculpture a été retrouvée des années après, dans un coffre, lorsque tout le monde ignorait déjà son existence. Elle a été authentifiée et vendue contre 27,5 millions de dollars.


    Une troisième œuvre, par ordre décroissant, a été vendue en mai 2002 ; il s’agit d’une Danaïde en bronze doré, vendue contre 18 millions de dollars. Cette sculpture avait été achetée il y a un siècle, en 1914, lors de la première exposition personnelle de Brâncuşi organisée aux Etats-Unis par la famille Stieglitz. A ce moment-là, elle a été achetée par la famille Meyer, à laquelle elle a appartenu jusqu’à sa vente, en 2002. »



    Actuellement, dit notre invitée, on ne trouve plus beaucoup de travaux de Brâncuşi en marbre, bronze ou bois, et les ouvrages en plâtre ont commencé à avoir de plus en plus de valeur. Très récemment, en mai dernier, un plâtre d’après le célèbre Baiser a été vendu pour 8,5 millions de $. En novembre 2012, un plâtre de l’ouvrage « Une muse » a été vendu pour 12 millions de $. Ce sont pratiquement des moulages, moins intéressants, mais à cause de l’absence d’ouvrages sur le marché, les œuvres de Brâncuşi commencent à être de plus en plus recherchées.



    Parmi toutes les œuvres de Brâncuşi il y en a une que Sorana Georgescu Gorjan aime en particulier: « La création la plus chère à mon cœur, c’est le buste du grand-père, Ion Georgescu Gorjan, qui se trouve au Musée national d’Arts de Bucarest, dans la salle Brâncuşi. Cette œuvre date de 1902. C’est un gypse très beau, académique, dont le regard a été revu par Brancusi en 1937 lorsqu’il a réalisé la Colonne. Il a alors raconté à mon père combien il s’était réjoui d’avoir deviné son regard. C’est une œuvre que je vais admirer à chaque fois que je peux. Je vois mon grand-père et je me souviens de mon enfance et des liens que ma famille a eus avec Brâncuşi».



    Sorana Georgescu Gorjan se rendra en août à Targu–Jiu, pour participer à une discussion sur l’inscription au patrimoine de l’UNESCO du complexe architectonique de la ville. Le Centre culturel Brâncuşi organisera à cette occasion une conférence sur le patrimoine et les moyens de mieux faire connaître les œuvres de Brâncuşi auprès de ses habitants.


    (Trad.: Ligia, Alexandra Pop, Dominique)

  • L’artiste Art Garfunkel

    L’artiste Art Garfunkel

    Art Garfunkel qui figure parmi les artistes les plus influents de tous les temps a des origines roumaines. Musicien, poète et acteur, Art Garfunkel est né le 5 novembre 1941, à Forest Hills, à proximité de New York.



    Ses grands-parents paternels, Jacob Garfunkel, étaient des Juifs. Ils avaient émigré de la ville roumaine de Iasi sur le continent américain, plus précisément à Manhattan. Dès l’école primaire, Art manifestait un vif intérêt pour la musique des années ’50, étant fasciné par le célèbre duo The Everly Brothers. C’est toujours durant les années de l’adolescence qu’il fait la connaissance de Paul Simon, aux côtés duquel il allait devenir un des interprètes et compositeurs de musique folk les plus connus.



    Entre 1956 et 1962, les deux donnent des concerts aux fêtes de fin d’études de lycée, sous le nom de Tom & Jerry. Après une période fluctuante dans leur carrière, ponctuée de séparations temporaires et de réunions successives, Simon et Garfunkel parviennent à sortir en 1964 leur premier album, Wednesday Morning, 3 A.M.” La pièce intitulée The Sound of silence” allait remporter un succès fulminant. D’autres pièces à succès s’ensuivirent: Mrs. Robinson”, The Boxer” şi Bridge over Troubled Water”.


    Après 1970, Art Garfunkel entame une carrière solo. En 1981 il donne un concert au Central Park aux côtés de son ancien partenaire artistique, Paul Simon. Les moments les plus significatifs de la carrière de Simon et Garfunkel figurent depuis 1990 au « Musée et le Panthéon du Rock and Roll », à Cleveland.



    La musicienne Maria Balabas explique : « Les souvenirs personnels sont importants car en tant qu’enfant je ne savais pas qui était Simon and Garfunkel, je ne comprenais pas l’anglais ni ce que The Sound of Silence voulait dire. Ce qui est resté en ma mémoire affective est tout simplement le sentiment transmis par cette pièce, son début calme, très lumineux et son rythme. Elle est très facilement reconnaissable. Ce n’est qu’au bout de plusieurs années que l’on parvient à comprendre le parcours professionnel d’un artiste comme Art Garfunkel. Au moment du lancement de la pièce Sound of silence, créée sous l’emprise de la mort du président américain J.F Kennedy, ils percevaient le monde d’une manière différente. Les milieux qu’ils fréquentaient, avec l’avant-garde dont ils faisaient partie a entraîné l’apparition d’autres idées. La création folk de Garfunkel ne comprend pas des pièces dépourvues de substance. Hormis le message social, The Sound of Silence offre une autre perspective sur la musique et attire l’attention sur l’importance du silence ».



    Gagnant de 6 prix Grammy entre 1969 et 1998, nominé au Globe d’or pour son rôle dans « Carnal Knowledge » en 1971, bibliophile passionné et compositeur de pièces folk figurant parmi les plus belles de l’histoire de la musique, Art Garfunkel est un artiste complexe, ses albums ayant été vendus en grand nombre à l’échelle internationale. Les critiques musicaux le considèrent d’ailleurs comme un véritable symbole de la génération des années ’60-’70, un artiste dans la création duquel la musicalité représentative de l’époque et les paroles profondes vont de pair.

  • Courte histoire de la “mocăniţa”

    Courte histoire de la “mocăniţa”

    Vedette du 19e siècle, à l’instar de l’automobile au cours du 20e, le train reste un moyen de transport avec un charme à part, malgré la concurrence de plus en plus forte qui de la part de l’automobile et de l’avion.



    Pour les nostalgiques, un petit train à vapeur pas comme les autres fonctionne toujours dans le nord de la Roumanie: la mocăniţa. Jadis, il y a avait de nombreux trains de ce type en Transylvanie, ils étaient utilisés dans l’industrie, comme celle du bois par exemple. L’exploitation du bois et des mines comptaient parmi les principales activités des habitants de la Transylvanie, ou Terra Ultransilvana comme elle était appelée dans les chroniques médiévales. De nos jours, les vestiges de ces activités ont été transformés en attractions touristiques. C’est justement le cas de mocăniţa.



    Une voie ferrée à écartement étroit traversait les monts Apuseni, les montagnes les plus sauvages et peut-être les plus belles de Roumanie. Cette voie reliait les villes de Turda et Abrud situées à 94 km l’une de l’autre, une distance parcourue en 5h et demie par un train express régional et en 6h et demie par un train omnibus. Construite entre 1910 et 1912, cette voie ferré à écartement étroit a fonctionné sans interruptions jusqu’en 1998, lorsqu’elle a été fermée en raison des dépenses devenues trop élevées suite à la réduction du trafic.



    Une voie du même type a relié jusqu’en 2001 les villes transylvaines de Sibiu et d’Agnita situées à 59 km de distance.



    Les trains du type mocăniţa (décauville) ont disparu l’un après l’autre, leurs voies ferrées aussi. Certaines avaient une longue histoire et un grand potentiel touristique. A l’heure actuelle, le seul endroit de Roumanie où les touristes peuvent encore trouver un train pareil, c’est la Vallée de la rivière Vaser, au Maramures, dans le nord extrême de la Roumanie



    Construite dans les années 1930, cette voie ferrée à écartement étroit de 780 mm s’étale sur 57 km. Elle était initialement destinée au transport des bûches. A noter que, les siècles passés, la minorité allemande vivant en dans la zone était étroitement liée à l’exploitation des forêts du Maramures : les ouvriers qui travaillaient le bois confectionnaient des radeaux qu’ils envoyaient dans la vallée à l’aide des cours des rivières.



    De nos jours, le voyage en mocăniţa est une expérience inoubliable pour tout touriste, qu’il soit Roumain ou étranger. Le train est assez petit, ce qui fait que les voyageurs doivent embarquer de bonne heure pour trouver des places. La mocăniţa circule sur un trajet spectaculaire, elle traverse des vallées, des ponts, des tunnels, des rochers.



    Ce voyage vous occupera une journée toute entière pendant laquelle vous aurez l’occasion d’admirer de jolies églises en bois et de goûter aux sources minérales qui jaillissent des tréfonds de la montagne. Petit conseil avant de réserver une place: assurez – vous que la météo vous soit propice, sinon ça ne vaut pas la peine de partir en voyage. Un aller – retour en mocanita dure une dizaine d’heures et comme le trajet est plutôt sauvage, mieux vaut emporter des sandwiches et une grande bouteille d’eau. En plus, l’été à la montagne n’a rien à voir avec l’été en ville, par conséquent, un pull dans votre sac à dos vous sera indispensable.



    Somme toute, la mocanita vous offre un voyage inédit que nous vous encourageons vivement de faire si vous être de passage en Roumanie. (Trad. Valentina Beleavski, Ioana Stancescu)

  • Le Delphinarium de Constanţa

    Le Delphinarium de Constanţa

    Il n’est pas du tout étonnant que cette institution, considérée, dès sa création, comme la plus importante de ce genre en Europe du Sud-Est, ait été ouverte à l’occasion de la Journée de l’enfance. Car, au fil des années, ce sont les tout petits que les acrobaties des dauphins de Constanţa ont le plus réjouis. Plusieurs générations d’adultes ont fait, à leurs côtés, un retour à l’âge tendre.



    Angela Curlişcă, qui se trouve à la tête d’un des départements du delphinarium, se souvient: « L’idée d’une telle institution est apparue longtemps avant sa création. Elle a été lancée par l’ingénieur Marcel Stanciu, à l’époque directeur de l’Institut de recherches marines de Constanţa. Il a pensé présenter au grand public ces beaux mammifères marins : les dauphins. Le delphinarium a ainsi été intégré au musée — au bénéfice des habitants de la ville, qui ont pu non seulement contempler ces animaux intelligents et beaux mais aussi voir les différentes expositions du musée. Il s’agit, entre autres, des dioramas si appréciés par nos visiteurs et de présentations, plus classiques, comme le squelette de la baleine exposé dans le musée. Nous avons même présenté récemment une exposition de cristaux de roche.


    Le 1er juin 1972 était ouvert au public le grand bassin — en plein air à l’époque. Actuellement nous sommes en train de le couvrir. C’est toujours là qu’a a été présenté au public le premier dauphin. C’était un exemplaire de la plus petite espèce vivant dans la mer Noire. Il avait été baptisé Harley. Avant d’être amené au Delphinarium, on l’a entraîné dans un autre bassin. »



    Au fil du temps, des dauphins appartenant à d’autres espèces ont rejoint Harley — notamment des dauphins communs, qui aiment jouer. Les visiteurs des premières années se rappellent certainement les groupes de 5 à 7 dauphins de petite taille. Ils émerveillaient pas leur joli coloris et leurs sauts magnifiques. Les grands dauphins, semblables aux exemplaires à admirer actuellement, ont commencé à arriver au Delphinarium de Constanţa il y a 25 ans. Le dauphin le plus connu et aimé s’appelait Mark. Il est mort il y a quelques années, à l’âge de 30 ans, dont 23 passés en captivité. Lui et ceux qui l’on précédé provenaient de la mer Noire. Aujourd’hui c’est différent.



    Angela Curlişcă. « A présent, nous avons deux femelles d’un groupe arrivé il y a 4 ans de Pékin. Elles s’appellent Nini et Chen-Chen, elles ont 9 ans et elles sont nées en captivité. Le public les adore, car elles font de belles démonstrations. Leurs grands-parents étaient nés dans l’océan, tandis que leurs parents étaient, eux, nés en captivité. Quand nous avons entamé des démarches pour trouver des compagnons pour Mark, nous n’avons découvert nulle part des dauphins nés en captivité provenant de la mer Noire. Ou, pour être plus précis, la liste d’attente était trop longue et la législation internationale nous obligeait à faire venir des exemplaires nés en captivité.



    Bien que faisant les délices des visiteurs grands et petits, les dauphins de Constanţa ne sont pas dressés et ne donnent pas de spectacles. Etant amenés au delphinarium dans des buts éducatifs et éventuellement pour la reproduction, ils sont présentés au public dans le cadre de démonstrations lors desquelles les visiteurs voient ce que le dauphin fait naturellement — par exemple les sauts. On apprend pourtant aux dauphins à apporter au public, au bord du bassin, ce qu’ils trouvent dans l’eau : tantôt un cercle, tantôt un ballon. Depuis plus de 40 ans, de nombreux touristes se rendent chaque été au Delphinarium de Constanţa. Pour certains, ces visites font partie des traditions estivales, d’autres franchissent son seuil pour la première fois. (Trad.: Dominique)


  • Brandi Bates et la bibliothèque « Ça et là »

    Brandi Bates et la bibliothèque « Ça et là »

    Brandi Bates est née à Los Angeles, aux Etats-Unis. Il y a plus de 15 ans, elle a décidé de venir habiter avec son mari et leurs deux enfants en Roumanie, à Lupeni, petite localité minière située dans la Valée du Jiu. Le fait que la Vallée du Jiu est une des régions les plus pauvres du pays n’a pas découragé les deux Américains, qui ont réussi à y organiser magnifiquement leur vie, offrant énormément de choses à la communauté qui les a accueillis.



    Nous vous présentons aujourd’hui un des projets mis sur pied par la famille Bates. Il s’agit d’une petite bibliothèque destinée aux enfants, que Brandi a créée avec le concours d’un groupe de mères qu’elle rencontre une fois par semaine.


    Comment cette idée lui est-elle venue? « Les livres ont toujours beaucoup représenté pour moi — et pour mon mari aussi. Moi, j’ai étudié les lettres à la fac. Mon mari est docteur en économie. Nous avons toujours considéré que le meilleur papier peint est celui constitué de livres. Qui a des livres n’a plus besoin de papier peint. Quand nous sommes devenus parents, nous avons commencé à lire des choses à notre bébé, dès sa naissance. Nos enfants ont grandi, pourtant les livres n’ont rien perdu de leur attrait. Nous avons organisé ici un club pour les mamans, dont les membres se réunissent chaque semaine et nous parlons des livres. Moi et les enfants, nous lisons au moins une demi-heure par jour, parfois leur père nous rejoint. Une de mes amies m’a dit qu’elle aimerait, elle aussi, lire chaque jour des livres à ses enfants, mais qu’ils en ont assez des 10 livres qu’ils ne cessent de relire. C’est qu’un livre vraiment beau, que l’on aurait envie de lire à son môme, coûte l’équivalent de la nourriture pour deux jours. »



    Certes, l’aspect financier pèse lourd, quand on compte l’argent dans la vallée du Jiu.


    Brandi s’est dit qu’elle pourrait prêter à d’autres mères une partie des beaux livres qu’elle avait achetés pour ses enfants et bénéficier en même temps des livres que celles-ci possédaient. Brandi Bates. « J’ai pensé que ce serait magnifique de réunir quelques mères — qui, de toute façon, fréquentaient notre groupe — avec le concours desquelles nous pouvions acheter de beaux livres tous neufs et les partager. Cela m’a semblé une idée magnifique, de pouvoir se prêter de beaux livres, au lieu d’entasser, chacune, dans nos bibliothèques des livres bon marché, qui ne sont certainement pas de la même qualité. Chaque membre de ce groupe apporte un certain nombre de livres. J’ai utilisé Facebook pour cataloguer tous les livres. Nous ne disposons pas encore d’un espace, les livres sont rangés tous dans des boîtes entassées sur ma table. De sorte que les membres du club se rendent chez moi, elles choisissent entre 4 et 6 livres qu’elle empruntent pour deux semaines ou bien elles peuvent les réserver sur Facebook et si j’ai affaire en ville, je vais les leur porter. »



    Aller à la bibliothèque est un événement important dans la vie des tous petits, car on leur délivre une pièce d’identité et ils possèdent une fiche de prêt sur laquelle figure tous les bouquins qu’ils ont lus. Pour l’instant, la bibliothèque que Brandi a baptisée « Çà et là » n’a pas de siège officiel et elle n’est pas ouverte à tout public. Ce qui n’empêche pas Brandi de rêver. « A présent notre club compte une dizaine de familles et 5 professeurs de la ville. Pour l’instant, cette bibliothèque est pour nous plutôt un hobby, un des projets que je partage avec le groupe de mères dont je fais partie. Nous ne pouvons pas encore ouvrir les portes à l’ensemble du public de Lupeni, nous ne sommes pas encore prêtes pour cela. J’espère qu’un beau jour nous pourrons le faire, mais pour l’instant, nous essayons d’utiliser les enseignants. Car, en leur prêtant des livres, c’est sûr que des classes entières d’élèves y auront accès et c’est une façon de les faire connaître à un nombre aussi grand que possible de petits lecteurs, même sans disposer d’une bibliothèque officielle. »



    Ce que Brandi tâche de promouvoir, en fait, c’est la lecture en groupe. Dans ce but, le 30 mai, Brandi secondée par une équipe de bénévoles des Etats-Unis organise au siège de sa fondation « Nouveaux Horizons » un Festival de la narration. « Dans de nombreuses familles, les parents ont l’habitude de lire chaque soir des contes à leurs enfants et le niveau de compétences de lecture des petits est très élevé. Les enfants qu’il m’arrive de rencontrer lisent vraiment beaucoup, dès qu’ils apprennent l’alphabet. Ce qui nous intéresse, nous, ce n’est donc pas d’apprendre aux enfants à lire. Ce qui nous intéresse, c’est la lecture que nous faisons ensemble, nous souhaitons montrer combien il est beau de lire en famille et comment la lecture influence nos vies familiales et les relations entre parents et enfants, voire entre frères et sœurs. Les bébés auxquels on lit dès les premiers jours après leur naissance se débrouillent beaucoup mieux à l’école. Ils sont également stimulés à faire de la lecture une passion et ne pas se contenter des lectures obligatoires qui leur sont imposées à l’école.


    Certes, dans les écoles roumaines on donne beaucoup à lire aux enfants, mais en tant que parent, on souhaite qu’ils fassent des lectures parce qu’ils aiment ça et non pas parce qu’ils y sont contraints.


    Pour le festival de narration, nous bénéficions de la présence d’une équipe des Etats-Unis qui nous aidera à nous organiser par groupes et à lire les contes à haute voix, à les imprégner d’émotion et à les rendre vivants. Ensuite, nous discuterons de ce que nous avons lu et même travailler ensemble, peut-être écrire un conte, pourquoi pas ? Le festival de narration est censé faire découvrir la richesse de la lecture en groupe. Nous allons offrir un grand nombre de livres que ma maison d’édition préférée de Roumanie nous a offerts en donation. Nous espérons en recevoir d’autres pour encourager la lecture au sein des familles. »



    Aux passionnés de lecture nous donnons symboliquement rendez-vous le 30 mai, à Lupeni, en Roumanie. (trad.: Dominique)



  • Espaces verts à Oradea

    Espaces verts à Oradea

    Capitale verte de la Roumanie l’année dernière, la ville d’Oradea (ouest) semble vouloir reconfirmer son titre en 2014. L’édile d’Oradea a annoncé qu’en dehors des projets européens – le développement économique, l’amélioration du chauffage centralisé et de services publics – les parcs de la ville constituent une des priorités de la municipalité. Il souhaite assurer à chaque habitant d’Oradea un parc à proximité de son logement ou de son lieu de travail et a présenté le plan du réseau vert d’espaces de détente.



    Selon ce plan, l’aménagement de plus de 24 ha de nouvelles zones vertes devrait commencer dans la ville, de manière à ce que, quelle que soit la zone résidentielle qu’il habite, un citoyen arrive dans un parc en 5 minutes tout au plus. Deux corridors verts sont prévus le long du Criş Rapide, la rivière traversant la ville, et du ruisseau Peţa, connectés entre eux par des allées continues et attrayantes. Le fait de relier les zones vertes en réseau permettra aux habitants d’Oradea de se promener à pied ou en vélo, de prendre du bon temps sur une terrasse ou de pique-niquer, de visiter le zoo ou de se détendre dans un parc.



    Le maire d’Oradea, Ilie Bolojan : « Pratiquement, nous nous proposons, les deux prochaines années, de réaliser de nouveaux espaces verts sur 24 ha que nous avons déjà choisis, et ces espaces, nous les relierons entre eux par deux couloirs verts. Ils doivent être accessibles au possible pour tous les habitants d’Oradea, étant donné que certains quartiers ne disposent pas d’espaces verts adéquats. Dans la zone Oancea, par exemple, deux emplacements sont prévus. Pour l’un, de 7000 m², les travaux seront réalisés par un partenariat public-privé, la municipalité ne dépensera rien, et le parc devra être prêt au 1er juin. Une autre parcelle d’1,5 ha est disponible, et à l’automne 2015 nous voulons en faire un parc aussi. Un autre espace important, mais dégradé, est à retrouver dans la zone Xenopol. Nous nettoierons cet espace de 4 ha ; une partie sera réservée à des terrains de sport, et sur le restant, nous aurons une zone verte après nettoyage, et ce avant l’automne. »



    La colline Ciuperca (le Champignon) fera également partie du réseau vert ; ce sera un véritable jardin botanique en plein air, qui sera aménagé avec des fonds européens. L’appel d’offres pour l’exécution des travaux a déjà eu lieu.



    En dehors des grands parcs, 10 mini-parcs destinés aux enfants seront réalisés cette année à Oradea. Les plus de 20 ha d’espaces verts rejoindront les 129 autres déjà existants, pour le plus grand bonheur des habitants de la ville. (trad. Ligia Mihaiescu)

  • Le monastère Mraconia

    Le monastère Mraconia

    Dans l’ouest de la Roumanie, à son entrée en Roumanie, le Danube forme un superbe défilé. La zone s’appelle « Cazanele » (les Chaudrons) et se trouve près de la célèbre centrale hydroélectrique « Les Portes de fer 1 », la plus grande sur le Danube et dont la construction remonte aux années 1960. Toutefois, plusieurs sacrifices ont été faits pour qu’elle soit édifiée : le relief a été modifié et plusieurs habitats humains ont été détruits. L’exemple le plus éloquent est celui d’Ada-Kaleh, une île sur le Danube habitée par une communauté turque fleurissante qui fut évacuée avant que l’île ne soit submergée par les eaux du Danube, suite aux travaux de construction de la centrale. Située dans la même région, le monastère Mrăcunia a connu le même sort.



    A présent, tout près de l’endroit où se trouvait l’ancien lieu de culte, est érigé un autre, nouveau. Situé à 15 kilomètres de la localité d’Orsova, le monastère appelé Mraconia est à retrouver dans la zone Cazanele. Le prêtre Viorel Vlàducu, porte-parole de l’Evêché de Severin et de Strehaia, nous parle de l’ancien et du nouveau monastères : « Mraconia ou Mrăcunea signifie « lieu caché ». Ce monastère a connu toutes les hostilités de l’histoire, depuis les pillages des envahisseurs à la disparition, englouti par les eaux du fleuve, en passant par le paiement du tribut aux autorités étrangères. Endommagé durant la guerre russo — austro — turque, entre 1787 et 1792, le monastère a été par la suite refait avant d’être démoli en 1967. Les ruines de l’ancien monastère sont à présent inondées par les eaux. Après la révolution, l’Archevêché d’Olténie a eu l’initiative de construire un nouveau lieu de culte.»



    L’ancien monastère fut pour la première fois attesté dans les documents officiels en 1452, année de la chute de Constantinople, lorsque les moines de Mràcunia ont trouvé refuge à Orsova, selon une chronique de l’époque. En 1523, le lieu de culte passait sous la juridiction de l’Evêché de Vârset, à l’initiative de Nicola Gârlisteanu, gouverneur militaire de la région de frontière Caransebes – Lugoj. Le prêtre Viorel Vlàducu détaille: «Le saint patron choisi pour cette église fut le prophète Elie. Le chroniqueur Nicolae Stoica de Haţeg écrivait, dans une chronique de 1829, que, par peur des Turcs et surtout après la bataille de Varna et la prise de Constantinople, en 1453, les moines de Mraconia se sont réfugiés à Orşova. Au fil du temps, le monastère s’est dégradé; pourtant, en 1788, il était toujours habité et en 1800, le crépi était toujours visible. En 1823, le sceau du vieux monastère, portant une intéressante inscription en vieux slave, fut retrouvé dans les ruines du lieu de culte. En 1853, on fit une autre découverte intéressante : une icône de la Vierge, présentée par la suite à une exposition, à Vienne, grâce à un peintre de Munich. C’est en 1931 que l’on décida de reconstruire ce monastère. En 1947, l’église était rebâtie. »



    Cette fois-ci elle allait résister 20 ans seulement. En 1995, l’archevêché d’Olténie a pris la décision de reconstruire le monastère à proximité de l’ancien lieu de culte. Erigée au sommet d’un des rochers qui bordent les gorges du Danube à la hauteur des Chaudrons, l’église était, jadis, très difficile d’accès. A présent, c’est différent. Le père Viorel Vlăducu. « Si, jadis, l’endroit était très difficile d’accès, à présent, une route pittoresque longeant la rive du fleuve, lie Orşova et Moldova Nouă, de sorte que beaucoup de pèlerins peuvent s’y rendre sans difficulté. Ce qui arrive, d’ailleurs, depuis longtemps, car la zone des Chaudrons compte parmi les plus pittoresques du pays. En outre, lactuel monastère Mraconia est situé sur l’emplacement de l’ancien point d’observation et de guidage des bateaux naviguant sur le Danube, car les gorges très étroites du fleuve ne permettait pas le passage de plus de deux bateaux à la fois. »



    Il convient d’ajouter que plusieurs sites touristiques se trouvent à proximité du monastère, dont le portrait de Decebal — roi des Daces, nos ancêtres — sculpté dans la paroi rocheuse, et l’inscription TABULA TRAIANA, qui se trouve, en fait, sur la rive serbe du fleuve et qui rappelle le passage de l’empereur romain Trajan, en route vers la conquête de la Dacie. (Trad. : Alexandra Pop, Dominique)

  • Le critique de théâtre et essayiste George Banu

    Le critique de théâtre et essayiste George Banu


    «Je pense vivre simultanément dans deux villes qui se retrouvent en moi à la fois: Bucarest et Paris. Mais le fait de se retrouver entre deux mondes cache souvent un certain danger. Il y a des artistes qui associent le bien à leur pays d’origine et le mal à celui d’adoption. Il y a toujours cette tendance à valoriser les endroits que l’on a quittés. Personnellement, je pense qu’il est très important de bien saisir les différences et surtout de les respecter. Quoique je dirais que l’avantage de se retrouver entre deux cultures est d’apprendre à trouver des arguments en faveur de l’une d’entre elles par rapport à l’autre. Et il ne faut jamais penser que le bien est ailleurs ».



    31 décembre 1973, Gare de l’Est : le critique de théâtre George Banu descendait d’un train, avec seulement 25 dollars en poche, se souvient-il dans son livre de mémoires « Mon Paris à moi ». C’est depuis ce moment-là qu’il a choisi de vivre entre deux mondes : la France et la Roumanie. Bien que 40 années se soient écoulées depuis qu’il est devenu citoyen français, George Banu a salué la chute du communisme roumain pour pouvoir revenir dans son pays natal aussi souvent que possible. Né à Buzau en 1943, George Banu a suivi les cours de l’Institut d’Art théâtral et cinématographique de la capitale, section Théâtre, où il a connu celui qui allait devenir des années plus tard le grand réalisateur roumain Andrei Serban. Pourtant, une année avant la fin de leurs études, les deux ont décidé de changer de destin pour intégrer, le premier la section Théâtrologie et le deuxième celle de Mise en scène.



    George Banu devient professeur d’Etudes théâtrales aussi bien à la Sorbonne Nouvelle qu’à d’autres universités. Parallèlement, il est connu pour ses essais et ses nombreux ouvrages consacrés au théâtre contemporain et aux personnalités dramatiques mondiales telles : Peter Brook, Patrice Chéreau ou Luc Bondy.



    Récemment invité à Bucarest, aux « Conférences du Théâtre national », pour parler de son livre sur Paris, George Banu nous a fait part de ses convictions d’homme de théâtre. « Je n’ai jamais écrit sur des choses que je n’aime pas. La vie est trop courte pour perdre le temps. La critique négative est en fait la critique par l’oubli et l’indifférence. Le théâtre nous offre pas mal de raisons d’être déçus et de ne pas l’aimer. Je me rappelle qu’il y a des années, quelqu’un m’avait demandé pourquoi je n’écrivais que sur mes amis. Hé bien, la réponse que je lui ai donnée est toujours valable : mes amis ne sont que les gens dont je respecte l’œuvre ».



    Le critique et l’homme de théâtre George Banu se trouve également à la tête de la revue « Alternatives théâtrales » et de la collection « Le temps du théâtre » parue chez Actes Sud. Il est président d’honneur de l’Association Internationale des Critiques de théâtre, président du Prix Europe pour le théâtre et docteur honoris causa de plusieurs universités européennes. Il s’est vu remettre trois fois le Prix du meilleur livre sur le théâtre de France.



    Pour son 70ème anniversaire, la Sorbonne lui a consacré le volume « Les voyages ou l’horizon du théâtre » paru en roumain à la Maison d’Edition Nemira. C’est un ouvrage collectif coordonné par Catherine Naugrette et qui réunit des témoignages et histoires de plusieurs personnalités culturelles amis de George Banu. Parmi eux, Andrei Serban qui affirme « George s’avère tellement impatient de voir des spectacles de théâtre qu’il lui arrive de se rendre à l’aéroport bien des heures en avant de peur de ne pas rater son vol et donc la pièce. Il aime la nouveauté, la surprise, c’est pour tout cela qu’il voyage. Car, plus que le théâtre classique, c’est le nouveau théâtre qui passionne George et le remplit d’enthousiasme. Il a un appétit hors du commun pour la scène. Un appétit falstaffien, si j’ose dire. Il a vu des milliers des spectacles sans en avoir jamais marre. Au contraire, il en veut encore et encore »…(trad. : Ioana Stancescu)


  • L’alpiniste Alexandra Flavia Marcu

    L’alpiniste Alexandra Flavia Marcu

    Alexandra Flavia Marcu, 16 ans, est originaire de Deva, ville de l’ouest de la Roumanie. Aux côtés de son père, Dan Marcu, elle a entamé, il y a deux ans, le circuit des 7 plus hauts volcans au monde. Elle a déjà escaladé quelques-unes des montagnes les plus élevées, dont le Mont Blanc (4.810 mètres), le Kilimandjaro (5.895 mètres), Kazbek (au Caucase, 5.047 mètres ), le Pico de Orizaba (au Mexique — 5.636 mètres), l’Elbrous (toujours dans le Caucase, 5.642 mètres), le Damavand (en Iran, 5.671 mètres) et Giluwe (en Papouasie-Nouvelle-Guinée, 4.367 mètres).



    Elle avoue tenir de ses parents cette passion pour les montagnes. Ce sont eux qui l’ont emmenée dans les Monts Retezat alors qu’elle n’avait que 2 ans. « Mes parents m’ont emmenée avec eux quand j’étais toute petite. Mon père n’avait jamais pensé qu’un jour il m’accompagnerait dans l’ascension des montagnes d’autres pays, que nous ferions ensemble le tour de ces volcans. Tout a commencé par des reportages que j’avais vus sur des alpinistes qui escaladaient ces sommets. Un déclic s’étant alors produit, nous nous sommes dit que nous pourrions nous aussi oser cet exploit. Et nous voilà projeter le circuit des 7 volcans les plus hauts de chaque continent ».



    « Alexandra et les sept volcans », c’est le titre du livre où la jeune alpiniste décrit les débuts de sa passion des montagnes et les aventures qui ont jalonné ses voyages jusqu’ici. Nous lui avons demandé lequel des toits du monde l’a le plus interpellée. Voici ce qu’elle nous a répondu. « Chaque sommet, chaque montagne a son cachet, ce qui rend difficile tout classement. Je les ai tous aimés. L’escalade du Kilimandjaro a été extraordinaire, tout comme celle de l’Elbrous, que nous avons atteint au beau milieu d’une tempête de neige… Nous n’y sommes pas parvenus du premier coup. La première tentative nous a laissé un goût amer, de frustration. Lorsqu’on est arrivés dans un col de montagne, seules deux heures d’ascension nous séparaient encore de la crête, mais il a fallu s’arrêter en raison de la météo. Une terrible tempête de neige avait éclaté. Au fait, il y avait de tout: neige, pluie, grêle, grand vent, brouillard épais. Les alpinistes que nous croisions nous ont déconseillé de continuer la marche et suggéré de regagner le refuge. Nous avons donc rebroussé chemin. »


    Comme Alexandra et son père ne se laissent pas facilement décourager, ils ont réitéré leur tentative, avec succès cette fois-ci. Lorsqu’ils ont atteint le sommet, ils ont brandi le drapeau de la Roumanie. Alexandra affirme sans hésiter n’avoir jamais peur, là haut, près du ciel. « J’ai appris qu’il y a deux façons d’aborder la montagne: celle de la peur et celle de la foi. Moi, j’ai choisi la foi, la confiance que tout ira bien, que nous aboutirons et que nous rentrerons sains et saufs, triomphants et heureux d’avoir pu hisser le drapeau national là-haut, sur les montagnes. Je suis tout à fait fière d’avoir pu faire ces ascensions aux côtés de mon père, d’avoir fait flotter si haut le drapeau de la Roumanie, d’avoir découvert d’autres horizons et gens, d’avoir fait un nouveau pas sur le chemin de ma vie. Et puis je suis toute contente de voir combien nombreux sont ceux qui me soutiennent. Mon pays, ma ville, ma contrée, tout le monde est avec moi. »



    Une partie des frais de voyage est supportée par Alexandra et Dan Marcu. Il y a aussi des sponsorisations, car la très jeune Alexandra est capable de convaincre même un directeur de banque de l’importance de son rêve, celui de porter le drapeau tricolore de son pays sur le plus grand nombre possible de sommets du monde. Et pour ce faire elle s’entraîne tous les jours. « Nous comptons achever le circuit des sept volcans. Il nous en reste deux, celui d’Amérique du Sud et celui d’Antarctique. Ensuite, nous voyagerons et amènerons le drapeau de la Roumanie à Aconcagua, puis au Pôle Sud. Nous souhaitons découvrir le maximum possible de beaux endroits du monde. J’espère qu’un jour nous irons à la conquête de l’Everest. L’entraînement classique consiste à monter les collines ou les versants des montagnes, en portant un lourd fardeau: 20 à 25 kilos pour moi, 35 à 40 kilos pour mon père. En dehors des acensions, nous faisons des exercices de gymnastique, des tractions, des pompes, du basket-ball, du ski. Et puis, l’été et le printemps, nous passons tous les week-ends à la montagne. »



    Alexandra et Dan Marcu envisagent d’escalader, en décembre prochain, Ojos del Salado, le plus haut volcan d’Amérique du Sud. (trad.: Mariana Tudose)

  • La citadelle de Prejmer

    La citadelle de Prejmer

    Le village de Prejmer a été habité plusieurs siècles durant par des Sicules, qui y ont construit une église fortifiée, pour repousser les invasions turques et tartares. Il convient de noter que tout au long du Moyen Age la localité a été brûlée et pillée une cinquantaine de fois.



    Adriana Stroe, historienne de l’art à l’Institut National du patrimoine, nous présente en bref l’historique de Prejmer : « La légende veut que la localité ait été fondée par l’Ordre des chevaliers teutoniques amenés par la Cour de Hongrie en 1211 pour organiser la défense du Pays de Bârsa. Sa première attestation documentaire remonte à 1240. C’est à cette date que le roi Béla IV de Hongrie fait don des localités de Prejmer, Feldioara, Sânpetru et Hărman à l’Ordre des moines cisterciens de Cârţa. Prejmer va appartenir à cet ordre religieux jusqu’au début du XVe siècle. En 1454, Prejmer se voit accorder le droit d’accueillir une foire annuelle. Ce droit n’était octroyé qu’aux localités ayant atteint un certain essor économique. Prejmer remplissait déjà ce critère, étant, après les cités de Braşov et de Codlea, une des plus grandes localités du Pays de Bârsa. Le village recensait 210 habitations en 1510 et 233 en 1556. Vers 1584, quand il allait obtenir le droit de tenir une foire hebdomadaire, Prejmer totalisait 328 maisons en pierre et 210 autres en bois ».



    De nos jours, l’église fortifiée de Prejmer est en très bon état de conservation, affirme Adriana Stroe : « Ce qui caractérise cet ensemble, c’est le fait qu’à la différence d’autres églises fortifiées, ici les installations défensives sont placées uniquement à l’intérieur. Autrement dit, l’église n’est pas fortifiée à l’extérieur aussi. Construite en style gothique précoce par les moines de l’abbaye cistercienne de Cârţa, elle est unique par son plan initial en croix grecque (chacun des bras égaux de la croix était disposé autour dun carré surmonté par une tour octogonale). Devenue propriété du village, l’église subit les modifications les plus importantes au premier quart du XVIe siècle. Le plan de construction en croix grecque est remplacé par celui en croix latine. Le bras oriental de cette croix, plus précisément le chœur, abrite un des autels polyptyques les plus anciens du pays, datant du milieu du XVe siècle. En 1427, sur ordre royal, l’église fut entourée de murailles d’enceinte presque circulaires, prévues au sud d’une tour d’entrée et flanquées de quatre tours semi-circulaires orientées vers le sud-est, le nord-est, le sud-ouest et le nord-ouest. L’accès dans la forteresse entourée de douves se faisait par un pont-levis. A l’intérieur, on a commencé à bâtir des espace à plusieurs niveaux pour y garder les blés et les biens de valeur de chaque famille et servir de refuge aux villageois en cas de siège ».



    Face aux assauts des envahisseurs, la population se réfugiait dans la citadelle. Les vivres ici stockés suffisaient à en assurer la survie assez longtemps. Hormis les pièces abritant les provisions et celles qui servaient de dortoir, la citadelle avaient aussi des fontaines, un moulin à cheval, un four à pain et même une école. Tout était donc prévu dans les moindres détails. Voilà pourquoi la citadelle de Prejmer passait pour la plus puissante des fortifications saxonnes de Transylvanie. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, les forteresses ont sans cesse été renforcées. Tel n’a plus été le cas après, car les sièges s’étant faits de plus en plus rares, les espaces servant de refuge ont peu à peu perdu de leur importance et fini par remplir d’autres fonctions. Entre 1963 et 1970, d’amples travaux de restauration ont fait de l’ensemble architectural de Prejmer une des églises fortifiées les mieux conservées de Transylvanie. (trad. Mariana Tudose)


  • L’artiste peintre Elisabeth Ochsenfeld

    L’artiste peintre Elisabeth Ochsenfeld

    Personnalité artistique très connue, Elisabeth Ochsenfeld est une femme peintre d’origine roumaine. Née à Timişoara, elle a émigré en Allemagne en 1986. Elle habite tantôt à Heidelberg, tantôt à Frankfort, tantôt dans son pays d’origine. Dans les années ’80, avant de s’établir en Allemagne, elle a fait de la peinture et de l’art graphique. Une de ses créations, la couverture de l’album « Cantafabule » (Chantefables) du groupe rock roumain Phoenix a été rejetée par la censure communiste.



    La plupart de son activité professionnelle s’est déroulée à l’Académie des sciences de Heidelberg, comme elle le raconte elle-même: « J’ai travaillé comme graphiste pour un projet consacré à une partie de la Route de la Soie depuis la vallée de l’Indus jusqu’à la frontière chinoise, en passant par le Pakistan. J’ai réalisé tous les dessins et la graphique pour une série de livres splendides publiés tous les deux ans. La série a compté 10 volumes, destinés à l’élite scientifique mondiale. Ils étaient publiés en 500 exemplaires et ils étaient magnifiques. C’était mon gagne-pain en Allemagne. J’ai passé un examen pour être embauchée et j’ai eu la chance d’être acceptée tout de suite. Pendant 26 ans, j’ai vécu ainsi dans un milieu extraordinaire, pourtant — comme dans tout emploi — mon temps était divisé. Après cette longue période de plus d’un quart de siècle, mon contrat avec l’Académie des sciences de Heidelberg est arrivée à échéance et à présent je peux enfin donner cours à des invitations que je n’ai pas pu honorer jusqu’ici en raison du peu de temps libre que j’avais ».



    Au début des années ’90, Elisabeth Ochsenfeld est revenue en Roumanie, elle a acheté une petite maison à Wolfsberg alias Gărâna, petit village fondé jadis par des colons allemands et tchèques venus de Bavière et de la Bohème méridionale.



    Elisabeth Ochsenfeld: « Mes parents, des réfugiés de Bessarabie, avaient tout perdu en quittant leur foyer. Alors, moi, je n’ai pas eu, dans mon enfance, ce lieu si particulier dont la plupart se régalent : la maison des grands-parents. C’est ce qui m’a déterminée à acheter une maison et à construire ce miracle que j’ai toujours souhaité. C’est un endroit mirifique; les étoiles y sont si visibles et si proches de la terre, de nous, qu’on a vraiment la sensation de toucher l’éternité. J’aime ouvrir toutes les fenêtres et écouter les bruits du village, sentir cette ambiance rurale dont je me languis sans cesse. Nous nous sommes épris de ces maisons parce qu’ils sont d’une simplicité inouïe… Dans ce village-là, toutes les maisons étaient blanches et la charpente était peinte en bleu, vert et gris… Toutes les fenêtres étaient fleuries de géraniums. Le village était d’une propreté et l’air d’une pureté auxquelles nous n’étions pas habitués. Ce village-là était, en fait, une rue. La maison que j’ai achetée était très simple et très bien construite, l’intérieur était bien agencé. Evidemment, nous n’avions pas besoin d’un étable ou d’autres annexes qui s’y trouvaient. Alors, nous avons préféré aménager un atelier et une petite galerie. Avec le temps, nous avons créé la maison de nos rêves, que nous avons appelée Art Haus — Maison de l’Art — où nous avons commencé à mener — officiellement, pour ainsi dire — l’existence qui était, en fait, depuis longtemps la nôtre. Notre maison à Timişoara et, à présent, celle de Wolfsberg, est toujours ouverte à nos amis et aux artistes du monde entier. »



    Dans sa maison de Gărâna, Elisabeth Ochsenfeld accueille chaque été des artistes heureux de connaître cette région de la Roumanie et de participer à un Symposium organisé en même temps que le plus grand festival de jazz en plein air de Roumanie.



    Elisabeth Ochsenfeld : « Cette année nous attendons 4 plasticiennes qui doivent arriver des Etats-Unis. Si l’on fait un tel voyage pour travailler, pendant une semaine, avec d’autres artistes à Gărâna, je pense que c’est fantastique d’avoir en même temps la chance d’assister à quelques spectacles. Ce que je fais n’est pas de la même envergure que le festival, mon symposium est beaucoup plus modeste, mais il est lié à cet endroit dont je souhaite préserver la mémoire par les créations des artistes qui s’y rendent. Chaque année, nous avons un thème lié à cet endroit. L’année dernière, c’était « paraphernalia », les choses qui nous entourent au quotidien ; cette année c’est l’architecture des lieux ; l’année prochaine le personnage principal sera le loup. Les écrivains qui échangent avec les gens habitant encore dans ce village, avec les Allemands venus de la région de Bohême, apprennent les histoires de vie bouleversantes de ces êtres obligés à vivre dans une forêt pleine de loups et qui ont réussi à y fonder des localités. »



    C’est aussi à Gărâna qu’Elisabeth Ochsenfeld a trouvé la source d’inspiration d’une exposition de peinture encore ouverte à la galerie Tiny Griffon, de Nürnberg — les anciennes parures de mariage des femmes de la région.



    Elisabeth Ochsenfeld : «Ces parures avaient été trouvées dans un grenier et j’en ai été ravie et très émue. Elles sont faites de petites boules, minuscules, de farine, de bâtonnets décorés, blanchis, extrêmement délicats et d’une grande simplicité. J’ai repris cette idée tout simplement pour contribuer moi aussi à cet acte d’amitié avec une petite ode. Ce sont des parures de mariage ou de fête, portées deux ou trois fois par an, même à des baptêmes. Moi, j’ai été inspirée par une parure de mariage que j’ai utilisée comme symbole non pas matrimonial, mais des rencontres de toute une vie. Il y avait de la joie et du calme dans mon âme, un grand sourire sur mon visage quand j’ai mis de la couleur, quand j’ai refait et enrichi ces parures. Tout ce que je souhaite c’est de réaliser une autre série où je raconte des destins, inventer des histoires à l’aide de ces tiares. »



    Elisabeth Ochsenfeld se déclare heureuse et affirme avoir enfin le temps de mettre sur papier toute la beauté qu’elle a ramassée dans le monde : «Quand on passe huit heures à dessiner, comme je l’ai fait à l’Académie, il est très difficile, une fois rentré, de se remettre à faire la même chose. Cela fait un an et demi que moi, je suis libre. Je n’aurais jamais imaginé être si heureuse, je croyais que le rituel des dessins quotidiens allait me manquer. Aujourd’hui, je peux passer mon temps comme je le veux. J’ai commencé cette année avec un voyage en Egypte, en janvier ; je vais me rendre prochainement en Roumanie, ensuite en France, en Autriche, toute cette année est déjà bien mise en page, avec des expositions et des résidences d’art. Je suis très contente de ce calendrier parce que j’ai le temps de peindre, de dessiner plus… »



    Les créations de l’artiste peintre Elisabeth Ochsenfeld peuvent être admirées à Nürnberg jusqu’à la mi-mars, et puis sur le site personnel de la plasticienne; mais vous pourriez tout aussi bien passer par Gărâna, en été, lorsque l’air pur sent les fleurs des champs et les fenêtres de sa maison sont grandes ouvertes. (Trad.: Dominique, Ileana Taroi)

  • Ils sont célèbres, ils sont Roumains – le médecin Nicolae Constantin Paulescu

    Ils sont célèbres, ils sont Roumains – le médecin Nicolae Constantin Paulescu

    Nicolae Constantin Paulescu a été médecin et physiologiste roumain. Il a contribué par ses recherches à la découverte de l’hormone antidiabétique, appelée insuline. Né à Bucarest, le 8 novembre 1869, Nicolae Paulescu a fait ses études de médecine à Paris. En 1897 il décrochait son diplôme de docteur en médecine, sa thèse de doctorat s’intitulant « Recherches sur la structure de la rate ». De retour en Roumanie, en 1900, il enseigne à la chaire de physiologie de la Faculté de médecine et devient directeur de la clinique de médecine interne de l’Hôpital St. Vincent de Paul” de Bucarest.



    Avant la Première guerre mondiale, Nicolae Paulescu entame ses recherches sur un extrait pancréatique aqueux. Mihaela Mihu, pédiatre diabétologue à l’Hôpital Marie Curie” de Bucarest explique : “C’est en 1921 que Nicolae Paulescu a découvert l’hormone pancréatique. Il avait administré, dès 1916, par voie intraveineuse, une substance prélevée sur des pancréas de chien, qui aidait à supprimer temporairement les symptômes du diabète. En 1921, Paulescu allait publier, dans les Archives Internationales de physiologie de Lièges, les résultats de ses expériences liées à cet extrait pancréatique, qu’il a nommé pancréine. Ce n’est qu’en avril 1922 que la Chambre de Commerce de Roumanie lui délivra un brevet d’invention, intitulé La pancréine et le procédé de sa fabrication”.



    Après avoir publié dans une revue belge spécialisée le traité “Recherches sur le rôle du pancréas dans l’assimilation nutritive, Nicolae Paulescu décide de reporter l‘annonce des résultats définitifs de sa recherche, vu l’atmosphère tendue qui régnait dans la capitale roumaine occupée par les troupes allemandes. Dans ce contexte, deux jeunes chercheurs canadiens allaient utiliser ses recherches afin d’extraire la pancréine, cette hormone secrétée par le pancréas et ultérieurement appelée insuline. Mihaela Mihu: “En 1921, les deux Canadiens, Frederick Banting et Charles Best, ont isolé l’insuline animale. Le 14 novembre de la même année, ils ont rendue publique leur découverte. C’est cette date qui est connue depuis lors comme la Journée mondiale du diabète. Cette découverte a valu aux deux chercheurs canadiens le Prix Nobel. Ensemble avec Macleod, ils ont été aussi les premiers à avoir administré l’insuline chez les enfants. C’est donc à cause de la bureaucratie roumaine que Benting et Best sont considérés comme les découvreurs de l’insuline. Cette dernière représente, sans doute, la découverte la plus importante en matière de traitement du diabète”.



    Pendant trois décennies, Nicolae Paulescu a travaillé sans cesse dans les laboratoires de Bucarest, en dépit du contexte politique et de l’équipement médical rudimentaire. La substance miraculeuse qu’il a réussi à isoler dans l’organisme humain — l’insuline — continue de sauver la vie de milliers de personnes, des enfants notamment. Mihaela Mihu: “La découverte de l’insuline a marqué un véritable tournant, étant donné que jusque là le diabète, qui, chez l’enfant, était à hauteur de 90 % de type insulinodépendant, menait à la mort imminente. La découverte de l’insuline, administrée pour la première fois en 1922 chez un adolescent de 14 ans atteint d’un diabète, Léonard Thompson de son nom, allait bouleverser le traitement de cette maladie. La durée de survie a ainsi augmenté. Plus l’enfant est équilibré – car il ne faut pas oublier qu’il est en plein processus de croissance- plus l’apparition des complications est retardée et par conséquent la vie se prolonge”.



    Nicolae Paulescu est mort le 19 juillet 1931. En 1990, le savant devenait membre de l’Académie roumaine, à titre posthume. Trois ans plus tard, en 1993, était inauguré à Bucarest l’Institut national du diabète, de la nutrition et des maladies métaboliques “Nicolae C. Paulescu”. (trad.: Mariana Tudose)

  • Ils sont célèbres, ils sont Roumains – Andrei Serban

    Ils sont célèbres, ils sont Roumains – Andrei Serban

    « <>. (Le monde entier est un théâtre / Et tous, hommes et femmes, ny sont que des acteurs.) Shakespeare nous rappelle que nous sommes des acteurs ; c’est une invitation à nous demander, en toute modestie, qui nous sommes. Si nous ne le savions pas ou si nous l’avons oublié, nous découvrons que nous ne sommes pas le centre de l’univers. Nous sommes de simples acteurs sur une scène. Aussi, le théâtre ne concerne-t-il pas uniquement les comédiens qui font ce métier, il fait partie de la vie de chacun de nous et de nous tous. Qu’on le veuille ou non, on joue sans cesse des rôles. »



    C’est ainsi qu’Andrei Şerban, un des metteurs en scène roumains les plus connus à l’étranger commençait, il y a deux ans, sa conférence sur ce que c’est que de jouer un rôle.



    Né le 21 juin 1943 en Roumanie, Andrei Şerban a quitté le pays vers la fin des années ’60, grâce à une bourse offerte par Ellen Stewart en personne, directrice du théâtre « La MaMa » de New York, devenu une des plus importantes scènes du monde. Parmi les rencontres fatidiques de sa carrière compte celle avec l’actrice Meryl Streep, qui a joué, aux côtés d’Irene Worth et Raul Julia dans la pièce « La cerisaie », monté par Andrei Şerban en 1977 au Lincoln Center de New York.



    Le metteur en scène et réalisateur Peter Brook a également marqué l’évolution du jeune metteur en scène roumain, qui a passé une année à Paris, dans le centre de ce grand novateur de l’art du théâtre et du film. Andrei Şerban a aussi connu Jerzy Grotowski, qu’il a rencontré lors des tournées qu’il a faites à Zagreb et Wroclaw au début de sa carrière. Grotowski est un des plus grands metteurs en scène et théoriciens du XXe siècle, dont la pensée a apporté un souffle nouveau dans le monde du théâtre.



    En 2007, le metteur en scène Andrei Şerban démarrait, aux côtés de Corina Şuteu, la directrice, à l’époque, de l’Institut culturel roumain de New York, une série d’ateliers de création théâtrale, destinés notamment aux jeunes. Cette série d’événements s’intitulait « Académie itinérante ». Les ateliers étaient ouverts non seulement aux comédiens, metteurs en scène, scénographes et musiciens, mais aussi aux « jeunes d’esprit et aux autres professions ». Le livre sorti chez Nemira reconstruit l’image « mystérieuse » de l’Académie d’Andrei Şerban.



    Voici les propos du metteur en scène Andrei Şerban au sujet de l’essence de l’Académie itinérante : «Qu’est-ce qui nous manque? De quoi avons-nous besoin? C’est ce genre de questions qui s’est trouvé à l’origine de ces activités. Nous travaillons des matières et allons vers des directions différentes — certains vers le théâtre, d’autres dans d’autres domaines -, mais il manque quelque chose à chacun de nous. Nos besoins ne sont pas les mêmes. Par ailleurs, nous nous retrouvons tous dans ce désir de recherche.



    Ces ateliers peuvent aider la jeunesse — et là je pense à la jeunesse d’esprit — à grimper d’une marche. Ils ouvrent la voie vers une nouvelle éducation, dont nous autres, nous n’avons pas bénéficié. Les ateliers sont comme des cloches qui sonnent le réveil. Matisse affirmait que l’art ressemble à un fauteuil confortable. Ou à une drogue, ajouterions-nous. C’est dire qu’il a toutes les chances de nous endormir, de nous rendre passifs. Malheureusement, le théâtre est, aujourd’hui encore, un sédatif qui finit, à quelques exceptions près, par nous endormir. Il est grand temps de s’évader! ».



    Andrei Şerban a également révolutionné le monde de l’opéra par des idées de mise en scène novatrices. Sa carrière dans le domaine du théâtre lyrique l’a amené en contact avec de grand chanteurs — dont le ténor Placido Domingo — à l’Opéra de Vienne ou au Covent Garden de Londres.



    De nombreuses distinctions ont récompensé son activité au fil des années. Ainsi, en 1975, Andrei Şerban se voyait décerner le prix Obie pour la « Trilogie antique ». « La Cerisaie » qu’il a montée en 1977 a été nominalisée pour les Prix Tony. En 1999, l’Association des critiques de théâtre de Boston lui accordaient le prix Elliot Norton. La même année, la Société des metteurs en scène et chorégraphes lui décernait le prestigieux prix George Abbott, récompensant les artistes qui ont exercé une grande influence sur le théâtre du XXe siècle.



    Andrei Şerban s’est vu attribuer 3 titres de Docteur Honoris Causa. En décembre 2008, on lui décernait l’Ordre national « L’étoile de la Roumanie », la plus haute décoration roumaine. (trad. : Dominique)

  • La bernache à cou roux

    La bernache à cou roux

    La bernache à cou roux est l’espèce la plus petite d’oie sauvage au monde. Elle se fait remarquer par son plumage joliment coloré. Son poitrail, sa gorge et ses joues sont marron-rougeâtres foncé. Son dos est presque noir et ses ailes présentent deux liserés blancs. Ses flancs et la partie inférieure de son dessous sont blancs.



    Avant les années 1940-1950, les bernaches à cou roux hivernaient surtout dans la région caspienne. Ensuite, jusque dans les années ’60, la plupart des ces oiseaux allaient changer de quartier d’hivernage, pour se rendre dans les contrées du nord et du nord-ouest de la Mer noire. La Dobroudja, région du sud-est de la Roumanie est un véritable paradis des oiseaux. C’est là que passent l’hiver de gros effectifs d’oies cendrées, d’oies rieuses, de bernaches cravants, de bernache à cou roux ou de bernaches nonnettes.



    Ces oiseaux préfèrent les îlots d’alluvion couverts de jonc. Un moment vraiment spectaculaire est la descente des volées de milliers d’oies à la recherche des graines laissées dans les champs cultivés de maïs, de blé, d’orge ou de colza. A la tombée de la nuit, ces oiseaux se retirent sur les berges des grands lacs, loin des prédateurs.



    La bernache à cou roux figure sur la liste des espèces les plus menacées d’Europe. Les populations ont fortement décliné, passant de 80.000 à 35.000 individus. Alida Barbu, biologiste à la Société Roumaine d’Ornithologie explique : « La population a considérablement baissé ces dernières années. Cette espèce aime nicher sur la toundra de la Sibérie, dans la zone arctique, surtout sur les presqu’îles de Taïmyr, Gydan et Yamal, en Russie. Elle hiverne en Ukraine, en Roumanie et en Bulgarie. La bernache à cou roux est une espèce migratrice, ce qui veut dire qu’avant l’arrivée de la saison froide elle quitte les lieux de nidification et prend son envol vers le sud. Ces dernières années, 80 à 90% de la population mondiale de l’espèce a hiverné en Roumanie et en Bulgarie. Par exemple, en Roumanie, on a pu observer un grand nombre de bernaches à cou roux au complexe lacustre Razim Sinoe ou dans la région marécageuse fort étendue de Balta Albă. Les conditions y sont propices aux oiseaux, en ce sens qu’ils ne sont pas menacés par les prédateurs et qu’ils trouvent assez de nourriture, surtout dans les champs agricoles cultivés situés à proximité. »



    Cela fait quelques années que la Société Roumaine d’Ornithologie surveille les espèces d’oiseaux migrateurs en voie d’extinction et leurs habitats: la cigogne blanche, le pélican frisé, l’aigle pomarin et plus récemment la bernache à cou roux. Alida Barbu: « Depuis 2000 et même avant cette date, la Société Roumaine d’Ornithologie met en place des programmes de surveillance durant l’hiver. Tous les deux week-ends, on s’est rendu dans les sites d’hivernage des bernaches à cou roux pour les observer de près. Grâce à la coopération avec nos confrères bulgares, cette année nous avons réussi à munir deux exemplaires de l’espèce de transmetteurs satellite. Ces dispositifs de petites dimensions qui sont posés sur le dos des oiseaux permettent de recueillir des informations sur leur itinéraire, des données très exactes de géolocalisation. Des informations fort utiles aux spécialistes pour une meilleure connaissance des sites et le repérage des éventuels périls qui guettent l’espèce, afin de concevoir des mesures de protection adéquates ».



    La bernache à cou roux a l’habitude de se mêler aux volées d’oies rieuses, ce qui la rend vulnérable, car la chasse à l’oie rieuse est toujours permise. (trad.: Mariana Tudose)

  • La Maison Macca, siège de l’Institut d’archéologie

    Il s’agit de la Maison Macca, qui abrite l’Institut national d’archéologie et le Musée des Antiquités. Erigée vers le milieu du 19e siècle, elle compte parmi les plus vieilles bâtisses classées de la capitale roumaine.



    A l’époque de sa construction, la Maison Macca a dû passer pour une nouveauté de par son style et sa taille. A commencer par 1830, grâce à l’ouverture vers les grandes routes commerciales et au début de l’occidentalisation des Principautés roumaines, les maisons des boyards commencent à imiter les résidences nobiliaires de l’Occident et se font de plus en plus majestueuses. Les propriétaires de la Maison Macca étaient le colonel Petre Macca — figure de proue de la Guerre d’indépendance de 1877 – 1878 — et son épouse, Elena, descendante de la famille Bălăceanu, connue pour ses oeuvres caritatives au service de l’Eglise orthodoxe.



    Invité au micro de RRI, Alexandru Vulpe, membre de l’Académie roumaine et directeur de l’Institut d’Archéologie Vasile Pârvan”, nous raconte en bref l’histoire de la Maison Macca. « On ne connaît pas la date précise quand les travaux de construction ont démarré, mais la maison était déjà fonctionnelle vers 1860. Au fil du temps, elle a subi de nombreux travaux de réfection. Sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, elle peut être considérée comme monument historique dès les années 1880. Construite en style baroque avec des influences maniéristes, la Maison Macca est effectivement un des monuments historiques et d’art les plus prestigieux de Bucarest. »



    L’immeuble s’étale sur quatre niveaux: sous-sol, rez-de-chaussée, étage et un grenier mansardé. La superficie de chacun de ces niveaux est de près de 370 mètres carrés. Parmi les éléments architectoniques relevant du style baroque il convient de mentionner les riches décorations extérieures et intérieures: guirlandes, motifs végétaux et géométriques, pilastres classicisants et éléments héraldiques. Les peintures ornant les plafonds et les murs regorgent de renvois stylistiques plurivalents. Par ailleurs, certains stucages sont partiellement recouverts de fines couches d’or et leur état de conservation semble assez bon par comparaison avec le reste de la bâtisse.



    Vers la fin du 19e siècle, la maison semble avoir subi des travaux de modifications, ses balcons étant adaptés au style Art nouveau et transformés en de superbes serres d’hiver, située à l’étage. C’est toujours de cette époque là que date un vitrail avec une ample vue sur le jardin. Ce seraient là les dernières interventions commandées par les propriétaires avant leur décès, lorsque la maison fut donné au Ministère de l’Education. Suite à cette donation, la Maison allait accueillir au bout de quelques années, le Musée des Antiquités. L’académicien Alexandru Vulpe explique: « Le Musée des antiquités puisent ses origines dans les années 1830 lorsque le gouverneur Mihalache Ghica a fait don à l’Etat de sa collection d’objets anciens. Cette collection ainsi que celle du général Mavros, ami du colonel Macca, ont jeté les bases du Musée national des antiquités, fondé par décret du prince régnant Alexandru Ioan Cuza en 1864. C’est pratiquement la date de naissance de cette institution. A l’époque il n’avait aucun lien direct avec la maison qui accueille à présent l’Institut d’archéologie. En réalité, ce musée des antiquités fut accueilli par la Maison Macca, suite au testament de Mme Macca, écrit après la mort du colonel Macca. Ce don représente l’acte de propriété de cet édifice, son statut étant confirmé en 1931, à l’époque du gouvernement de Nicolae Iorga qui a ouvert le Musée national des antiquités dans ces locaux. La maison Macca est devenue depuis lors le siège reconnu du Musée national des antiquités. Après la guerre la maison a continué d’abriter le musée. Pendant l’entre-deux-guerres et même après la guerre ce fut toujours ici que s’est déroulé l’ensemble de l’activité archéologique du pays. »



    En 1956, suite à un décret du Conseil des Ministres, fut fondé l’Institut d’Archéologie qui dépendait de l’Académie roumaine. La maison appartient de nos jours encore à l’Académie roumaine, en tant que siège de l’Institut d’archéologie qui a repris aussi l’ancien musée des antiquités. A présent, la Maison Macca est dans un état de délabrement avancé qui a besoin urgent de réparations capitales. Malheureusement, malgré les efforts déployés, l’Institut d’archéologie n’a pas réussi à ramasser les fonds nécessaires à la restauration. Ainsi, un bâtiment de patrimoine, situé dans l’un des quartiers historiques de la capitale, tombe-t-il progressivement en ruine.


    ( trad. Mariana Tudose, Alexandra Pop)