Tag: Carpates

  • Le sommet Omu au lever du soleil

    Le sommet Omu au lever du soleil

    L’aventure à laquelle nous vous convions
    aujourd’hui nous porte les pas à la découverte de l’une des chaînes de montagne
    les mieux connues des Carpates roumains, située à l’extrême est des Carpates
    méridionaux : les monts Bucegi, bordés d’un côté par la Vallée Prahova, de
    l’autre par le couloir Bran-Rucăr et la vallée Ialomiței à l’ouest.


    Les monts Bucegi, éloignés d’un peu plus
    d’une centaine de kilomètres de la capitale, constituent une cible de choix en
    termes de tourisme de montagne, qu’il s’agisse de randonnée ou d’escalade, de
    ski alpin ou d’excursion de découverte de la nature. Si la plupart de
    randonnées se déroulent de jour, lorsque les excursionnistes pouvant alors
    grimper à pied, ou monter à bord du téléphérique pour atteindre le plateau des
    monts Bucegi, il en va tout autrement pour ce qui est des itinéraires suivis la
    nuit, un concept novateur que nous explique Florin
    Burgui, guide de montagne :

    « Il s’agit sans doute de
    l’expérience la plus intéressante qu’il soit. Une expérience que nous avons
    intitulée «
    Lever de soleil au sommet Omu ».
    Un vrai défi pour les citadins que nous avons embarqués dans l’aventure. Et
    même si le départ de Bucarest a eu lieu à 8h30 du matin, ce n’est qu’à minuit
    que nous avons débuté la montée, à partir du lieu-dit Piatra
    Arsă, Pierre brûlée en traduction française. Une heure et demie plus tard, nous
    voilà arrivés à la cabane Babele. Petite pause pour s’hydrater, prendre
    quelques photos, approcher de près le Sphinx des Bucegi, ce rocher en forme de
    tête humaine de près de 8 mètres de hauteur, et qui rappelle, sous certains
    angles, la tête du Sphinx de Gizeham, avant de poursuivre vers le sommet Omu,
    que nous sommes parvenus à atteindre vers 4h30 du matin. C’est là qu’on prit le
    café, en admirant le lever du soleil et la vue imprenable que cet endroit nous
    offre sur tous les sommets voisins, avant de partir nous reposer de cette
    longue nuit d’ascension à l’hôtel Peştera, situé à proximité ».


    Il faut savoir que les rochers Babele
    des monts Bucegi, Les Vieilles en traduction française, constituent,
    avec le Sphinx, les principales attractions naturelles du plateau de ces
    montagnes, situé à 2.292 mètres d’altitude. Les scientifiques pensent que c’est
    l’action conjuguée de l’eau et du vent qui a sapé dans la roche ces formations
    ressemblant à s’y méprendre à de vieilles mégères bossues, réunies le temps
    d’un bavardage sur le pas de la porte. Mais l’apparence de ces monuments
    naturels devrait sans doute être bien différente au clair de la lune. Florin
    Burgui :


    « Pourtant,
    on les distingue assez clairement. Il est vrai qu’on a eu la chance d’avoir
    bénéficié d’une météo clémente, d’un ciel parsemé d’étoiles. Nous avions aussi
    des torches évidemment, car une ascension en pleine nuit n’est pas une
    plaisanterie à prendre à la légère. Nous, les guides de montagne, on s’y
    prépare, et l’on prépare aussi nos hôtes de manière appropriée. Les équipes de
    secouristes de montagne étaient également averties de notre tentative. Et puis,
    l’on s’adapte à la nature du terrain, aux circonstances que l’on rencontre. On
    fait des choix. Les touristes comprennent en général qu’il faut être prudent,
    écouter les consignes, s’en tenir à ce que l’on avait convenu. Monter la nuit
    c’est plus sollicitant. L’on est aux aguets. L’on se repose plus souvent. Mais
    au final, quel bonheur. Regarder le panorama des sommets et des vallées
    environnantes au lever du soleil c’est un sentiment unique de plénitude, de
    bonheur total, un vrai régal. »


    Dans l’espoir que vous allez vous laisser
    un jour tenter d’essayer l’expérience, un conseil : prenez toujours un
    guide de montagne avisé et suivez à la lettre ses conseils avisés. A bon
    entendeur salut.



    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • La conservation des coléoptères saproxyliques des Carpates

    La conservation des coléoptères saproxyliques des Carpates



    Les Carpates constituent un des plus importants
    centres de biodiversité en Europe, grâce notamment aux grandes superficies
    boisées qu’ils abritent, mais également à la présence des forêts vierges,
    riches en arbres centenaires. Malheureusement, la manière dont la silviculture
    a été pratiquée par le passé en Roumanie n’a pas toujours eu à cœur de préserver
    le trésor que représente la biodiversité. Trop souvent, des arbres séculiers ont
    été sacrifiés sans raison, résultant des parcelles forestières homogènes,
    dépourvues de biodiversité. Aussi, certaines zones forestières se sont
    retrouvées dépourvues de vieux arbres ou du bois mort, habitat essentiel pour
    bon nombre d’espèces de coléoptères saproxyliques qui
    sont reprises pourtant sur la liste des espèces protégées par la Directive
    Habitats, comme le mentionne à bon escient sur sa page internet l’association LIFE
    ROsalia. Certes, ces espèces étaient considérées par le passé des espèces
    nuisibles, et récolter le bois mort était considéré comme le moyen privilégié
    pour s’en débarrasser. Parfois même des insecticides étaient diffusés, ce qui a
    eu pour effet de réduire gravement la capacité de résilience de la forêt. De
    nos jours, les mentalités et les pratiques sont pourtant en train de changer.

    Silviu Chiriac, le manager du projet intitulé «La conservation des coléoptères saproxyliques des Carpates» :


    « Nous sommes en
    train de nous concentrer sur 5 espèces de coléoptères, à savoir Lucanus cervus,la rosalie des Alpes ou rosalie alpine, Le Capricorne
    du chêne (Cerambyx cerdo), la Morimus funereus et, enfin, une espèce plus rare,
    le pique-prune ou le scarabée pique-prune (Osmoderma eremita). Toutes ces
    espèces dépendent du bois, du bois mort notamment. Car ce qu’elles font c’est aider
    le bois à se décomposer, elles accélèrent la décomposition du bois, pour le
    remettre plus rapidement dans le circuit de la forêt. Ces espèces contribuent à
    la bonne décomposition du bois et à la production de l’humus forestier. En l’absence
    de ces organismes saproxyliques, le bois mort survivrait en l’état bien plus
    longtemps avant de se transformer en humus forestier. Et cela empêcherait la
    forêt de se régénérer naturellement.
    »


    Un monde
    étrange et merveilleux se cache discrètement sous la coupole des forêts
    séculaires. Les êtres qui la composent ont tous un rôle bien déterminé dans le
    mécanisme bien huilé de la vie. Les coléoptères ne sont pas en reste. En leur
    absence les écosystèmes souffriraient des changements dramatiques. Leur protection
    relève de notre devoir.


    Silviu Chiriac :


    « Lorsque nous
    avons conçu notre projet et que nous avons sollicité le soutien du programme
    Life de la Commission européenne, nous sommes partis du constat que nos forêts
    sont pour la plupart dépourvues de ces vieux arbres, qui sont habituellement
    truffés de creux, à moitié morts, et dont le bois est en train de pourrir. Or,
    nous savons bien que les coléoptères ont besoin de ce type de bois, de ces creux,
    et nous nous sommes alors proposés de créer ce type d’habitat dans des arbres
    qui n’étaient pas aussi vieux, d’accélérer en quelque sorte l’action naturelle
    du temps sur les arbres, en créant des microcavités, que les coléoptères
    puissent utiliser pour pondre, et le transformer progressivement en cet habitat
    dont ils ont besoin. Nous avons aussi créé des pseudos creux, en confectionnant
    une sorte des boîtes en bois de hêtre ou de chêne, recouvertes à l’intérieur de
    mousse, de feuilles mortes, de la sciure, que nous avons accrochées aux arbres
    à une hauteur d’environ 4 mètres, pour pas que les ours s’en prennent à elles.
    Et nous espérons que d’ici quelques années, ces boîtes deviennent un habitat
    fort prisé par les coléoptères.
    »


    Mais le projet développé dans les monts
    Vrancea comprend aussi une composante de recherche scientifique. Silviu Chiriac :


    « Il faut
    étudier le mode de vie des coléoptères, parce que nos connaissances, les connaissances
    scientifiques actuelles présentent des lacunes. L’on voudrait comprendre leur
    autonomie par exemple, la distance qu’ils peuvent parcourir entre les arbres où
    existent déjà des colonies. Alors, nous avons fait l’acquisition d’émetteurs
    radios, qui ne pèsent que 0,15 grammes, les avons montés sur leur dos, et avons
    pu ainsi les suivre, durant tout l’été, pour comprendre leurs déplacements,
    leurs habitudes, les micro-habitats dont ils ont besoin. Nous allons recueillir
    ce genre de données sur une période de 4 années. À la suite de ces
    observations, nous comptons à ce que, en 2025, l’on puisse rédiger un plan
    national d’action pour la préservation de ces espèces sur tout le territoire de
    la Roumanie. D’ici là, nous allons comprendre quelles sont les approches qui
    fonctionnent le mieux, pour pouvoir les répliquer ailleurs, sur les autres
    sites Natura 2000, et au sein des aires protégées
    ».


    Le projet
    bénéficie des compétences réunies issues du Centre de recherche de l’université
    de Bucarest, de Romsilva, la régie nationale des forêts, de l’administration du
    parc naturel Putna – Vrancea, enfin de l’association pour la préservation de la
    diversité biologique. (Trad. Ionut Jugureanu).



  • Vacances à la montagne

    Vacances à la montagne


    Madame,
    Monsieur, cette édition de notre programme touristique, on la consacre aux
    montagnards, donc, à ceux d’entre vous prêts à partir à la découverte des
    Carpates roumaines pour des vacances actives. On vous invite donc à profiter du
    charme de nos montagnes qui vous attendent en été pour des séjours de détente
    ou d’aventure, à vous de décider ! Amateurs d’adrénaline ou de repos, bouclez
    vos valises et partez donc à la montagne ! Surtout pendant les grandes
    vacances, quand les Carpates s’offrent à vous avec tout ce qu’elles sont de
    meilleur : parcs naturels, vallées, versants boisés, forêts et pâturages.
    L’occasion de goûter aussi au charme des petits hameaux pittoresques dont les
    habitants continuent à préserver les traditions ancestrales, même en matière de
    cuisine.


    Membre
    depuis 2008 de l’Association montagnarde des Carpates dont il est
    vice-président depuis plus de dix ans, Marius Adrian Coviltir est secouriste en
    montagne auprès du Service de secours de Vrancea. Pour lui, la montagne
    roumaine est synonyme de joie de vivre.


    « Les
    montagnes roumaines offrent d’innombrables possibilités de loisirs aussi bien
    pour les montagnards chevronnés, à même de s’aventurer en haut des sommets, que
    pour d’autres, moins expérimentés et équipés. C’est en fonction de leur niveau
    d’expérience que nous faisons nos recommandations de trajets. Cela me fait penser,
    par exemple, au plus important projet de l’Association montagnarde des Carpates,
    qui est en cours. Il s’agit d’un refuge de montagne situé dans le massif de Făgăraş.
    Avec ses 7 sommets à plus de 2 500 mètres d’altitude, c’est le massif le plus
    important des Carpates roumaines. La crête principale est très belle et c’est
    là que j’ai croisé le plus grand nombre de touristes montagnards de Roumanie.
    »


    Comme
    on vient de le dire, en Roumanie, les vacances à la montagne s’avèrent souvent
    une excellente occasion de plonger dans l’univers rural authentique, gardien
    des anciens us et coutumes. Marius Adrian Coviltir revient au micro :


    « Une
    telle occasion vous serait offerte par les Monts Vrancea ou encore par celles
    du Banat, dans l’ouest extrême du pays. Il s’agit d’une région moins connue où
    les traditions se sont très bien préservées, qu’elles soient roumaines ou appartenant
    à d’autres minorités nationales. Car dans le Banat, on a des Tchèques, des
    Allemands et des Magyars. C’est une région où trois ou quatre cultures coexistent. »



    Pour
    les amateurs d’adrénaline et de sports extrêmes, la montagne est l’endroit idéal
    pour passer des vacances. Escalade, rafting, canyoning, spéléo ou
    alpinisme, le choix est très large. Surtout ceux qui pratiquent l’escalade
    sont bien servis, affirme Marius Adrian Coviltir, vice-président de l’Association
    montagnarde des Carpates :


    « Nous
    avons de nombreux trajets d’escalade dont la plupart se trouvent au cœur de la
    Roumanie, sur les versants des massifs de Bucegi et de Piatra Craiului. Les
    parois rocheuses de ces montagnes sont idéales pour de telles activités
    sportives. En plus, ils sont faciles d’accès et l’infrastructure d’hébergement
    est bien mise au point. On y organise aussi des concours. Même si le nombre des
    compétitions sportives en la matière a diminué pour des raisons pandémiques, là,
    elles vont reprendre. Je pense à des marathons en montagne, à des courses et à
    des concours d’escalade dont la plupart se déroulent dans les Monts Bucegi,
    Piatra Craiului ou Ciucaş. Pour plus d’informations sur ces événements,
    n’hésitez pas à chercher sur Internet
    . »


    Sans jouir de la célébrité des Alpes, ni
    des hauteurs spectaculaires de l’Himalaya, les Carpates roumaines
    impressionnent par leur aspect sauvage. Les parcs et les réserves naturelles
    abritent beaucoup d’espèces protégées de plantes ou d’animaux. Adrian Coviltir :




    « Malheureusement, la richesse de
    la faune et de la flore locales est assez peu mise en valeur, malgré des
    activités en ce sens organisées au cœur des parcs naturels et nationaux. Il
    s’agit de toute sorte d’événements qui encouragent les visiteurs à observer les
    fleurs, les arbres et les animaux, tout en respectant des règles propres à les
    protéger et à réduire les effets négatifs sur l’environnement. Les touristes
    sont attirés surtout par les animaux, notamment les loups et les ours. Pour
    mieux les voir, on a fait construire à l’intérieur des parcs des observatoires
    et toutes les informations sont à retrouver sur Internet.
    »




    La nature sauvage ne cesse d’attirer les
    touristes aussi bien roumains qu’étrangers. Marius Adrian Coviltir témoigne :




    « J’ai rencontré beaucoup d’étrangers
    venus découvrir nos montagnes. De nombreux Allemands, mais aussi des Hongrois,
    des Polonais ou des Tchèques. Ils sont tous attirés par ce que nos montagnes
    peuvent offrir. En revanche, certains affirment que la Roumanie pourrait faire
    mieux pour mettre en valeur ses attractions naturelles dont plusieurs sont
    difficiles à rejoindre. On a commencé à remédier à ces problèmes depuis
    quelques années déjà. L’infrastructure touristique a été dernièrement améliorée
    et je pense notamment aux trajets balisés, aux sentiers, aux refuges de
    montagne, tout comme aux voies routières d’accès. Les retours des touristes se
    sont donc améliorés aussi. C’est surtout la nature sauvage qui les
    impressionne, puisque ce genre de lieux se font de plus en plus rares en Europe
    occidentale. Je pense par exemple aux Alpes, de plus en plus anthropisées.
    »




    Sur l’ensemble des montagnes roumaines,
    Marius Adrian Coviltir recommande comme destination idéale de vacances les
    Monts Vrancea. Voici ses arguments :




    « Ce sont des montagnes moins
    promues et cela parce qu’avant 2010, 2012, l’état des trajets n’était pas le
    meilleur. Mais, suite à la mise en place du Service de secours en montagne du
    département de Vrancea, la situation a changé. Les sentiers ont été refaits et
    le tourisme dans cette zone a repris de plus belle. L’association que je
    représente a donné un coup de main quand elle s’est occupée, entre 2011 et
    2013, de marquer presque 250 km de sentiers dont plusieurs traversent des
    endroits très sauvages, à l’abri de l’empreinte humaine. Les Monts Vrancea sont
    plutôt petits, leur sommet le plus haut, Goru, ne dépasse pas les 1 775 mètres.
    Pourtant, ils s’enorgueillissent de 20 trajets balisés qui couvrent 300 kilomètres
    de sentiers.
    »




    Autant de
    raisons pour remplir vos sacs à dos, enfiler des chaussures commodes et partir
    à la découverte des Carpates roumaines, loin du bruit et de la chaleur de la
    ville. (Trad. Ioana Stancescu)





  • Les castors sont de retour sur les cours d’eau des Monts Făgăraş

    Les castors sont de retour sur les cours d’eau des Monts Făgăraş

    La présence de ces animaux aquatiques en voie de disparition en Europe est due à un projet mis en place par la Fondation Conservation Carpathia, avec le soutien financier de la CE, autour du programme LIFE Nature et intitulé « La création en Roumanie dune aire de nature sauvage dans le sud des Carpates ».



    Faciles à piéger, les castors ont été chassés depuis l’antiquité pour leur fourrure, leur chair et pour le castoréum, une substance huileuse sécrétée par des glandes sexuelles situées en dessous de la queue, utilisée dans lindustrie pharmaceutique et dans celle des produits de beauté. Cette chasse les a conduits à l’extinction sur une grande partie de leur aire naturelle de répartition avant même le milieu du XXe siècle. Au Moyen Âge, le castor européen a été largement chassé pour sa fourrure dont on faisait des chapeaux, symbole dappartenance à la grande noblesse, tandis quen Transylvanie, la coutume voulait que les mariées issues de la communauté magyare se voient offrir en cadeau des fourrures de castor. Ce fut en 1998 que lInstitut de Recherche et de Sylviculture de Brasov a mis en place sur les cours des rivières dOlt, de Mures et de Ialomita, un programme de réintroduction des castors au cours duquel 182 exemplaires originaires dAllemagne ont été relâchés en Roumanie. En moins de 15 ans, leur population a dépassé les 650 exemplaires dont une partie est arrivée même dans le Delta du Danube.



    Un premier couple de castors a été déjà relâché dans la partie sud des Monts Fagaras avant que dautres exemplaires ne le rejoignent sur place à partir du printemps prochain. Avec des détails, le zoologue Adrian Aldea, spécialiste de la faune sauvage au sein de la Fondation Conservation Carpathia :



    « Les actions de restauration des populations de castors font partie dun programme plus ample que notre fondation mène afin de repeupler la zone des Monts Făgăraş en espèces en voie de disparition. Cest un programme en déroulement jusquen 2024 qui se propose la relocation de 90 castors dont 70 originaires dautres régions de Roumanie et 20 amenés de la population de lElbe, en Allemagne, issus dune espèce dont les gênes diffèrent des celles des populations de castors de Roumanie. Les zones visées pour le retour des castors sont les lits de la Dambovita, du Râul Târgului et de lArgesel, dans le département dArges. Chaque année, des castors quon surveille par la suite, sont reloqués dans les aires naturelles identifiées comme leur étant favorables».



    Afin de leur assurer la survie dans les régions où ils sont réintroduits, les castors seront reloqués au printemps et pendant les deux premiers mois de l’automne, lorsque les interventions pourront être réalisées sans entraîner de déséquilibre au sein des familles de castors. Une fois relâchés sur les cours supérieurs des trois rivières des Monts de Fagaras, les rongeurs seront attentivement surveillés par les zoologues. Adrian Aldea explique :



    « Une partie des individus sera dans un premier temps équipée d’émetteurs radio afin de pouvoir être localisée par mes collègues. De cette manière, on pourra apprendre davantage sur les activités des castors et sur leur reproduction en liberté. Il est peut-être important à mentionner le fait quen dehors dun suivi des castors, on mesure aussi les paramètres physiques, chimiques et biologiques de lenvironnement où ils sont reloqués. On mesure la qualité de leau et on examine la végétation afin de voir limpacte des castors sur leur milieu ».



    Avec une durée de vie moyenne de 13 à 15 ans, le castor atteint à la maturité un mètre de long et il pèse jusquà 25 kilos. Véritables paysagistes, ils construisent leurs huttes, dont les entrées se trouvent sous l’eau, afin dêtre protégés contre les prédateurs. Ils construisent des barrages et créent des réserves deau favorables aux plantes hydrophiles. Ils contribuent à revitaliser certains écosystèmes qui savèrent bénéfiques à dautres espèces doiseaux, de poissons, dinsectes ou damphibiens.


    (Trad.: Charlotte Fromenteaud)

  • LODEWIJK ALLAERT

    LODEWIJK ALLAERT

    Auteur de plusieurs récits de voyage dont Carpates – La Traversée de l’Europe sauvage ou encore La Roumanie au fil de l’eau, Lodewijk Allaert est un voyageur passionné et un écrivain épris par le goût de la liberté aussi bien intérieure, qu’extérieure.

  • Que faire pour protéger l’ours brun de Roumanie?

    Que faire pour protéger l’ours brun de Roumanie?

    Selon WWF Roumanie, des quelques 18.000 individus de cette espèce recensés en Europe, environ 8.000 vivraient dans les Carpates, dont plus de 6.000 en Roumanie. C’est le pays qui accueille la population d’ours brun la plus importante d’Europe. Livia Cimpoeru, chargée de communication à WWF au sujet des grands carnivores, est passionnée par ces animaux majestueux. Ecoutons-la :« L’ours est une richesse naturelle de la Roumanie. On ne peut pas ignorer cela et je crois que tout le monde est d’accord qu’il faudrait protéger les ressources naturelles, car elles sont en train de disparaître. Il faut assumer la responsabilité de nos actions, car ce que l’on consomme ou ce que l’on fait affecte le bien-être et la viabilité des ressources. »

    Seulement, voilà, le développement des réseaux routiers, le déboisement légal ou illégal qui va jusqu’à une surexploitation des forêts, la cueillette des champignons et des fruits de bois, tout cela a fait que l’ours brun, animal omnivore, sorte peu à peu des forêts et se dirige vers les endroits peuplés, où la nourriture est plus accessible. Les ours deviennent alors une menace et certains considèrent qu’il faudrait les tuer. Mais de l’avis de Livia Cimpoeru et de WWF Roumanie, un équilibre homme-nature est parfaitement possible :« Nous pourrons assurer cet équilibre seulement au moment où nous comprendrons, en tant que nation ou peuple qui occupe cet espace géographique béni, d’une biodiversité extraordinaire, que nous sommes les seuls, je répète, les seuls à pouvoir protéger ces richesses. Tant que nous rejetons la faute sur les ours, sur les loups ou sur d’autres animaux pour les conflits hommes-fauves, cela n’avancera pas. L’ours est un animal sauvage, il ne possède pas les notions de bien et de mal, il ne peut pas prendre des décisions réfléchies, mettre en place des politiques et ainsi de suite. C’est nous l’espèce pensante, celle qui peut trouver des solutions intelligentes à ces désagréments ou conflits. Nos activités ont un impact évident sur les ours et la grande majorité des conflits homme-ours sont générés pas les hommes. »

    Au sein de l’Union européenne, les ours sont protégés par la Directive habitats, qui interdit leur chasse à des fins récréatives. Toutefois, plusieurs pays, dont la Roumanie, citent couramment l’article 16 de cette directive pour justifier la chasse des animaux considérés comme dangereux pour l’homme. La récente affaire « Arthur », du nom d’un ours mâle âgé de 17 ans, considéré comme le plus grand exemplaire de l’espèce en Roumanie et peut-être en Europe, a fait le tour du monde. En Roumanie, beaucoup disent que cela montre tout simplement la gestion défaillante des autorités, qui peinent à protéger ces mammifères.

    Arthur aurait été tué durant une partie de chasse aux trophées, organisée grâce à une dérogation délivrée pour la chasse d’une femelle soupçonnée d’avoir attaqué plusieurs fermes. Quelles solutions pour arrêter de telles pratiques ? Livia Cimpoeru :« Nous, à WWF Roumanie, on demande depuis 2009 l’amélioration de la législation relative au déménagement ou à la « récolte » des ours – c’est le terme technique utilisé pour dire la chasse. Depuis qu’on a commencé à délivrer ces dérogations, en 2017, si ma mémoire est bonne, les ordres ne disent pas clairement ce qu’il faut faire avec les carcasses des ours, qui est impliqué dans le processus de « récolte » ou de déménagement, quelle est la destination finale ou qui est le bénéficiaire de l’animal tué. En 2019, nous avons réclamé que seul le personnel technique des associations de chasse soit impliqué dans les actions de « récolte », pour écarter ainsi les soupçons de chasse aux trophées qui ne dit pas son nom. Le cas de l’ours Arthur est très parlant en ce sens. On ne comprend pas pourquoi on ne met pas en place des équipes d’intervention rapide, qui pourraient agir dans de telles situations. Avant de tuer un ours, voyons s’il y a d’autres solutions qui peuvent se montrer efficaces. Ces équipes d’intervention devraient être actives partout où il y a une population d’ours importante. A présent, non seulement nous n’avons pas de recensement fiable de la population de palmipèdes de Roumanie, mais nous ne connaissons même pas le nombre exact de la population habituée. On utilise ce terme pour désigner les ours qui, à cause de la négligence des hommes, ont peu à peu associé les humains à leur source de nourriture et qui se rendent souvent dans les endroits habités. »

    Tout récemment, en réponse au scandale « Arthur », le ministère de l’environnement de Bucarest a annoncé avoir modifié la loi relative à la chasse des ours qui représentent une menace pour les communautés. Si, avant, il y avait un délai de 60 jours entre la date d’issue de la dérogation de chasse et son application et il n’y avait pas de mention concernant le chasseur, à présent le délai a été réduit à 15 jours et seul le personnel technique de l’association ayant reçu la dérogation peut la mettre en application. Une bonne décision, mais loin d’être suffisante, estime Livia Cimpoeru :« Au-delà de ces mesures censées impressionner et calmer l’opinion publique, il faudrait mettre en place bien d’autres, pour qu’une coexistence harmonieuse soit possible avec les ours sur le long terme. Je pense notamment au soutien financier accordé aux fermiers et aux paysans qui vivent dans les zones fréquentées par les ours. Il faudrait que ces gens puissent installer des barrières électriques et se munir de chiens de garde pour protéger leurs maisons et leurs élevages. Nous étions très contents lorsque l’année dernière par l’ancien-ministre Alexe avait annoncé que le ministère allait financer ces mesures de prévention, mais cela ne s’est pas concrétisé et on ne comprend pas pourquoi. »

    Word Wide Fund Roumanie soutient, par ailleurs, que le ministère de l’environnement dispose de suffisamment de données pour lancer une cartographie des zones à risque. Ces cartes pourraient ensuite être mises à la disposition des spécialistes, des administrations locales et de la population, pour que les zones les plus dangereuses soient identifiées et connues. L’ONG est également impliquée dans un projet international financé par des fonds européens. Euro Large Carnivores vise justement à améliorer la coexistence entre hommes et animaux à travers la coopération transfrontalière et la communication. Beaucoup d’idées existent, c’est sûr, mais il faudra de la volonté politique pour les mettre en application. (Trad. Elena Diaconu)

  • Le Parc naturel de Vânători-Neamț

    Le Parc naturel de Vânători-Neamț

    Aujourd’hui, nous visitons une zone naturelle protégée, l’une des sept destinations écotouristiques de la Roumanie. Les circuits spéciaux qui y sont organisés rendent uniques au monde la nature et l’histoire locales. Vous pouvez passer une journée dans une bergerie, goûter l’eau salée d’une source et, bien sûr, vous familiariser avec la diversité des espèces végétales et animales présentes dans le Parc naturel de Vânători-Neamț, dans le nord-est de la Roumanie. Le Pays du bison s’étend sur une bonne partie du Parc naturel de Vânători-Neamț, explique Viorela Chiper, manager de l’Association Le Pays du bison : « La principale aire protégée de la zone est ce parc naturel, le seul endroit d’Europe où l’on peut voir des bisons vivant en liberté, en semi-liberté ou en captivité. Actuellement, il y a environ 50 bisons à l’état sauvage, que l’on peut rencontrer lors des promenades dans les bois. Comme les bisons vivent en troupeau, même si un seul d’entre eux a un collier GPS, vous pouvez voir où se trouve tout le troupeau. Les bisons en semi-liberté sont surveillés et ils seront relâchés dans les forêts du département de Neamț. La réserve de bisons et de faune des Carpates « Dragoș Vodă » accueille huit animaux. Rencontrer le bison, à seulement quelques mètres de distance, sans aucune barrière entre vous et le plus grand mammifère terrestre d’Europe, c’est une expérience. Parmi les autres aires protégées, il convient de mentionner la Forêt d’argent – une réserve de bouleaux séculaires – ou encore les Bois de laiton, soit une réserve de chênes très anciens. Ces deux forêts sont évoquées par le poète national Mihai Eminescu dans ses écrits. Vous pouvez admirer aussi le lac Cuejdel, formé à la suite d’un glissement de terrain, tout comme le Lac rouge. Les troncs des arbres qui sortent de l’eau créent une atmosphère de conte de fées. »

    L’expérience la plus inédite reste cependant celle à laquelle vous invitent les rangers du Parc naturel de Vânători-Neamț, précise Viorela Chiper, manager de l’Association Le Pays du bison. « Vous pouvez partir à la recherche de bisons qui vivent en liberté ou en semi-liberté, mais pour cela il faut faire une réservation. Un rendez-vous est pris quelques jours à l’avance au Centre d’accueil du Parc naturel de Vânători-Neamț. Accompagnés par les rangers, les visiteurs peuvent se rendre à l’enclos d’acclimatation des bisons, situé près du Centre d’accueil, ou parcourir un itinéraire à dix étapes. Au centre de visite, on peut trouver des éléments de la flore et de la faune du Parc de Vânători-Neamț et une exposition d’objets traditionnels. Un magasin de produits locaux a également ouvert récemment. Depuis le centre d’accueil, vous pouvez emprunter deux trajets, dont l’un mène à la Réserve de bisons et de faune des Carpates « Dragoș Vodă ». Si les touristes n’ont pas la chance de voir des bisons en liberté, ils les verront dans cette réserve qui fonctionne comme un zoo. Nos hôtes auront également la chance d’assister à différentes activités dans les ateliers des maîtres artisans de la région : tisserands, potiers ou tailleurs de bois. »

    Mais comment percer les mystères de l’artisanat traditionnel ? Viorela Chiper : « Cela dépend de chaque artisan. Vous pouvez vous rendre chez eux ou organiser un atelier ailleurs. Parmi les activités les plus appréciées figurent le modelage de l’argile, le tissage, le crochet et filature ou la sculpture du bois. Le touriste peut ainsi en apprendre davantage sur l’artisanat ou essayer de pénétrer les secrets de fabrication d’un objet traditionnel. »

    La plupart des structures d’hébergement de la région ont une petite capacité, ce qui correspond très bien aux exigences actuelles. Le visiteur peut opter pour un séjour dans une zone plus isolée, dans les maisons d’hôtes de la région d’Agapia, Vânători ou dans la région de Târgu Neamț. Viorela Chiper, manager de l’Association Le Pays du bison, précise qu’après notre séjour, nous pouvons choisir un des programmes conçus pour les touristes : « Le petit-déjeuner peut être organisé dans une bergerie. Vous allez à la bergerie, où vous pouvez voir comment faire du fromage, comment traire les brebis, mais vous pouvez aussi y déguster les produits. Depuis quelque temps, nous organisons également des brunchs écologiques. L’éco-brunch est un événement censé promouvoir la culture et la gastronomie locales. Plusieurs propriétaires et amateurs de produits locaux se réunissent et préparent des plats sélectionnés spécifiques à la saison ou à la localité. Les touristes sont invités à déguster les produits préparés. En outre, il y a des ateliers et des visites des sites touristiques de la région du brunch. On peut organiser un brunch dans les pensions, au centre de visite du Parc naturel de Vânători-Neamț, dans les vergers ou dans les clairières. »

    Nous travaillons actuellement sur le balisage des itinéraires cyclables, car la région est très propice à la randonnée plus ou moins longue, suivant des trajets de niveau facile ou de grande difficulté. Il ne faut pas non plus manquer de visiter la forteresse de Neamț, construite entre 1375 et 1391. Elle faisait partie du système de fortifications bâti en Moldavie à la fin du 14e siècle, pour contrer le danger ottoman. (Trad. Mariana Tudose)

  • Randonnée et observation de la vie sauvage dans les Carpates

    Randonnée et observation de la vie sauvage dans les Carpates

    World Wide Fund for
    Nature – le Fonds mondial pour la nature – estime qu’il y aurait environ 320
    000 hectares de forêts dans les Carpates qui peuvent être inclus dans les
    catégories vierges et quasi vierges, dont 250 000 en Roumanie. Nous vous proposons
    aujourd’hui une incursion dans des zones situées loin de la pollution et des agglomérations
    urbaines, où nous verrons des arbres séculaires et des animaux tels que l’ours brun,
    le loup ou le lynx, dans leur environnement naturel.






    Hermann Kurmens est
    professeur de biologie et voyagiste, propriétaire d’une maison d’hôtes dans le
    village de Măgura, du département de Brașov. La Roumanie a une biodiversité
    impressionnante, mais qui est trop peu connue comme attraction touristique, affirme
    Hermann Kurmens : « Il n’est
    pas nécessaire de visiter les savanes africaines pour l’observation des
    animaux, on peut le faire en Roumanie, dans les zones de montagne ou dans les
    forêts. Nous savons que ce pays dispose de la plus forte densité d’ours, de
    loups et de lynx de toute l’Europe. Un tiers de la population de ces animaux
    est à retrouver en Roumanie. Il y a des animaux sauvages dans toutes les
    montagnes roumaines. Il en existe plus dans les zones montagneuses des comtés
    de Harghita, Covasna et Brasov. Nous avons commencé par un observatoire dans
    les années 2000 dans la région de Făgăraş, à Şercaia. »

    Dans les Carpates, l’observation
    de la vie sauvage de manière organisée, comme une forme de tourisme, se fait
    depuis peu de temps, poursuit Hermann Kurmens, professeur de biologie et
    tour-opérateur : « Dans les
    années ’70 et ’80, on pratiquait davantage la chasse, après quoi les trophées étaient
    vendus. Les touristes venaient d’Europe de l’Ouest et pour une telle
    expérience, ils payaient entre 5 000 $ et 12 000 $. Au fil du temps, les
    administrations des aires protégées ont également compris que, bien que cela
    soit beaucoup plus difficile et que cela présuppose plus de travail, il est
    possible de gagner par la mise en place d’un observatoire des animaux. Le gain est assuré à long terme. Un ours vit une trentaine d’années ; s’il
    est abattu à quatre ans, on ne peut plus rien utiliser, même si on aurait pu le
    voir pendant 20 ans. Il nous a été assez difficile de convaincre les
    administrations dans les années 2000, parce qu’il était beaucoup plus facile de
    faire venir des chasseurs étrangers. La chasse était préparée trois jours à
    l’avance, le touriste tirait sur l’animal, et les administrations forestières encaissaient
    l’argent. Cependant, les choses ont
    radicalement changé. Dans notre région, nous avons déjà une quinzaine d’observatoires
    et cela est devenu une attraction touristique croissante. Les gens viennent de
    toute l’Europe pour observer les animaux. »








    Mais comment fonctionne un tel programme touristique ?
    Tout d’abord, observer les animaux se fait uniquement de manière organisée.
    Hermann Kurmens explique : « Les
    touristes sont accompagnés par un guide spécialisé et il y a aussi un autre
    employé des administrations forestières ou des administrations des zones
    protégées, généralement armé. Le trajet est parcouru avec un véhicule tout-terrain,
    fourni par l’opérateur. On arrive à proximité de l’observatoire, et les 100
    derniers mètres se font à pied. À cet égard, les guides informent les touristes
    avant le départ. Une fois sortis du véhicule, on ne parle plus, le déplacement a
    lieu lentement et en silence. Il est interdit d’emmener de la nourriture avec soi,
    afin de ne pas attirer les ours dans l’observatoire. Les vêtements doivent être
    appropriés, sans couleurs criardes. Les touristes doivent avoir sur eux des imperméables
    et des chaussures de randonnée. Il est préférable de se munir également de
    jumelles pour une meilleure observation des animaux. Les amateurs de photos
    peuvent apporter leur appareil photo. »






    L’observation de la
    faune est certes une attraction touristique, mais c’est aussi la composante
    d’un séjour. Elle est incluse dans un programme de sept jours, qui combine plusieurs
    formes de tourisme. Hermann Kurmens, professeur de biologie et de
    tour-opérateur, détaille : « Dans
    ce programme, nous avons une combinaison de nature et de culture. Nous quittons
    le village de Magura et nous organisons plusieurs jours de randonnée autour du Massif
    de Piatra Craiului, en mettant l’accent sur la flore et la faune des Carpates.
    Nous faisons une randonnée jusqu’à un chalet isolé ou visitons la Grotte des Chauves-souris,
    où vivent trois espèces différentes de chauves-souris. On va visiter le château
    de Bran, aussi. Nous avons toujours un point culturel dans ce programme. Par
    exemple, nous visitons également une église fortifiée dans la commune de
    Vulcan, la vieille ville de Brasov avec l’Eglise noire et ses murailles médiévales.
    Ainsi s’achève cette combinaison de nature et de culture. »







    Les touristes étrangers
    viennent de nombreux pays d’Europe et même d’Amérique, du Canada ou
    d’Australie. La plupart arrivent par des agences de voyage britanniques.
    Hermann Kurmens constate que : « En
    général, les Occidentaux sont les plus intéressés par la nature. Par exemple,
    les touristes britanniques sont les plus sensibilisés, parce que les Anglais
    ont été les premiers à couper leurs forêts il y a plus de 200 ans. Suite à la
    disparition des forêts, les ours, les loups ou les lynx ont également disparu. C’est
    pourquoi ils apprécient le plus la nature. Ils sont enchantés de voir des ours
    en liberté, mais ils se réjouissent aussi quand ils voient une grenouille ou un
    oiseau qui n’existe plus chez eux. Le butor étoilé, par exemple. Ils aiment
    également des plantes rares comme le Dianthus callizonus, une fleur endémique
    du Massif de Piatra Craiului ou la campanule des Carpates. De même, ils
    s’émerveillent en entendant le cri de la huppe ou de l’aigle criard. »







    Voici donc une offre de
    loisirs dans la nature, loin des agglomérations urbaines. Ceux qui ont choisi
    ces forfaits touristiques affirment que cette expérience inédite leur a permis
    de faire leur plein d’énergie pour une année entière. (Trad. : Ligia Mihaiescu)

  • Buşteni

    Buşteni

    Toute la région, et la station de Buşteni avec, a pris son envol vers la fin du 18e siècle, après la fondation du monastère de Sinaia. C’est à la suite de cela que les villes de Buşteni, Poiana Ţapului, Azuga et Predeal ont été fondées, devenant plus tard les merveilleuses stations de montagne d’aujourd’hui, tout au long de la vallée de la rivière Prahova.

    La station de Buşteni, cernée par les hautes crêtes des monts Caraiman, offre une vue imprenable sur le monument en forme de croix, érigé, selon les vœux formulés par la reine Marie de Roumanie, à la mémoire des héros de la Grande Guerre. Un monument impressionnant, d’une hauteur de 25 mètres, perché à 2.300 mètres d’altitude et qui domine les sommets avoisinants, demeurant visible depuis toute la vallée. A Buşteni, l’on se rassasie de l’air pur et frais de montagne, avant de partir en randonnée sur les sentiers marquées, présentes à profusion, et qui sillonnent cette belle contrée. Pour les montagnards moins chevronnés, des chemins de randonnée qui prennent leur départ dans la ville de Buşteni, et dont la durée ne dépasse pas 2 heures, leur sont disponibles, tel celui qui mène à la chute d’eau Urlătoarea. Les plus aguerris en revanche peuvent suivre des itinéraires de 4 à 5 heures, tels le chemin de randonnée de Jepii Mari, qui va les amener à la cabane Piatra Arsă, ou encore celui de Jepii Mici, vers les Cabanes Caraiman, Babele et l’hôtel Peştera, des trajets plutôt escarpés, comptant plus de 1000 mètres de différence de niveau. Sur le plateau Bucegi, perché à plus de 2000 mètres d’altitude, vous pourrez admirer les mégalithes des monts Bucegi, les célèbres Babele, ainsi que le Sphinx.

    Il y a un autre moyen d’accéder au plateau, en prenant le téléphérique Buşteni/Babele, voire poursuivre le voyage en prenant un deuxième téléphérique, Babele/Peştera. Aussi, des excursions d’une journée peuvent être organisées à travers la vallée supérieure de la rivière Ialomiţa.

    Buşteni s’est par ailleurs forgé un nom pour la qualité de ses pistes de ski, qui en font une station très populaire en hiver. Enfin, ouvert depuis plusieurs années, à la base du massif Kalinderu, le Parc d’attractions, éclairé la nuit, offre la possibilité de pratiquer le ski en été, mais aussi de descendre en tyrolienne, de pratiquer le tir à l’arc, les tubes (en ravalant la pente, monté sur une bobine gonflable), ou encore de descendre en traîneau, sur plus de 500 mètres.

    Dans la station, vous pouvez vous arrêter à plusieurs sites culturels, parmi lesquels la maison de l’écrivain Cezar Petrescu, le château Cantacuzène, l’église Biserica Domnească, l’église Voïvodale, érigée en 1889, par le roi Carol 1er et la reine Elizabeth, où vous pouvez admirer les trônes des anciens souverains, frappés de leurs armoiries, réservés au roi et à la reine lorsqu’ils prenaient part aux services religieux, enfin le groupe statuaire intitulé « La Dernière Grenade », situé juste à l’extérieur de la gare de Buşteni.

    Le château Cantacuzène, monument phare de l’architecture néo-roumaine, œuvre de l’architecte Grigore Cerchez, est entouré d’un parc qui s’étend sur trois hectares et demi. Le château possède une riche collection de vitraux, fabriqués à Venise, au début du XXe siècle. Il abrite également une collection unique de hérauts, d’armoiries et de boucliers, appartenant aux grandes familles voïvodales de Valachie et de Moldavie. Les jeux d’eau, la piscine et les fontaines cachées dans la grotte, ainsi que l’église, érigée dans le parc du château, constituaient des attractions fort prisées à l’époque de sa construction. Sachez aussi que l’église, bâtie vers 1800 dans le Maramureş, a été transférée telle quelle sur ses terres, par Grégoire Cantacuzène, surnommé par ses contemporains, à raison, le Nabab. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Financement européen pour l’infrastructure

    Financement européen pour l’infrastructure

    On ne saurait nous déclarer surpris qu’à chaque fois qu’il est question du rythme de modernisation trop lent de la Roumanie, il s’agit implicitement de l’échec de tous les gouvernements d’après 1989 de doter le pays d’un réseau d’autoroutes similaire à ceux existant dans les ex pays communistes situés plus à l’ouest. Trente ans après la chute de la dictature de Ceausescu et treize ans après l’adhésion européenne, la Roumanie ne compte que 800 kilomètres d’autoroutes dont une centaine construite par les communistes. En plus, aucun tronçon ne traverse les montagnes. Mais cette situation pourrait bientôt changer.

    Jeudi, la Commission européenne a annoncé allouer à la Roumanie une enveloppe de plus de 875 millions d’euros censée lui servir à la construction d’un premier tronçon d’une autoroute reliant la ville de Pitesti à celle de Sibiu et traversant les Carpates du sud au nord. L’argent provient du Fonds de cohésion dont le but est de réduire les décalages de développement entre les différentes régions et pays de l’UE. Une fois la construction finie, la Roumanie détiendra, enfin, sa première autoroute à travers les Carpates, assurant une connexion Est-Ouest sans entrave, entre le port de Constanta à la Mer Noire et le poste-frontière de Nadlac, clôturant pratiquement le Corridor IV paneuropéen Rhin – Danube.

    Aux dires de la commissaire européenne chargée de la Cohésion et des Réformes, Elisa Ferreira, le projet permettra à la Roumanie de surmonter un blocage majeur dans son réseau routier, de renforcer sa sécurité routière, réduire la durée des déplacements et implicitement des coûts aussi bien pour le transport des personnes que des pour celui des marchandises. Ensuite, cette connexion ininterrompue Est-Ouest sur le territoire roumain aura des effets bénéfiques pour l’ensemble du réseau de transport transeuropéen sur le corridor Rhin-Danube.La nouvelle autoroute sera divisée en cinq tronçons. Les travaux de construction ont déjà démarré dans le cas du premier, tandis que pour le dernier, un contrat de construction a déjà été signé et l’étape de conception est en cours. Des offres ont été avancées pour le quatrième tronçon, tandis que dans le cas des deuxième et troisième tronçons, après la documentation déposée auprès de l’Autorité nationale pour les acquisitions publiques, un avis d’appel d’offre aura bientôt lieu.

    Deux autres tronçons d’autoroute devraient traverser les Carpates orientales. Il s’agit d’une autoroute dite de l’Union et reliant les villes de Târgu Mureş, Iaşi et Ungheni, et d’une autre entre les villes de Bacau et de Brasov. Les deux tronçons feront la liaison entre la Moldavie, la province historique la plus pauvre de Roumanie et la seule dépourvue complètement d’autoroute, et la Transylvanie. Selon le premier ministre roumain, Ludovic Orban, la modernisation de l’infrastructure routière du pays entraînera son développement économique.

    Par ailleurs, la Commission européenne a approuvé jeudi un financement de 578 millions d’euros censés aider la Roumanie à améliorer sa capacité de réponse en cas de désastre – inondations, séismes ou accidents nucléaires. L’argent servira à l’achat de nouveaux équipements et à la formation du personnel.(Trad. Ioana Stancescu)

  • Anne Jamet

    Anne Jamet

    Le voyage est la meilleure manière de
    connaître un pays. Le contact direct avec, les gens, la nature, les villes, les
    coutumes anciennes et les pratiques quotidiennes des autres – tout cela
    enrichit notre esprit. Il en va de même pour la Roumanie. Pour mieux comprendre
    les beautés de notre pays, vaut mieux se rendre sur place. C’est ce qu’a
    constaté notre invitée d’aujourd’hui, Anne Jamet, la fille de Paul Jamet notre
    auditeur de longue date et un amoureux de la Roumanie. Grâce à l’association Roumanie
    Active, qui organise de visites guidées à l’intention des touristes francophones
    qui sont accompagnés d’un guide qui parle français, Anne Jamet a pu faire un
    séjour de 5 jours dans les Carpates Roumaines, plus précisément dans les monts
    de Piatra Craiului et de Bucegi à deux centaines de km de Bucarest seulement.
    Voici ses impressions de voyage.

  • Libearty, le sanctuaire des ours de Zărnești

    Libearty, le sanctuaire des ours de Zărnești

    Nous nous dirigeons
    aujourd’hui vers le centre de la Roumanie, pour franchir une des portes
    d’entrée du Parc National Piatra Craiului : la ville de Zărnești. C’est ici,
    dans un cadre naturel exceptionnel, que vous trouverez le plus grand sanctuaire
    d’ours brun au monde et la plus étendue réserve de ce genre en Europe de l’Est.


    Cristina Lapis, présidente de l’Association « Millions d’amis »,
    fondatrice du sanctuaire des ours Libearty affirme que ceux qui choisissent de
    visiter cet endroit aiment les animaux et la nature, ils respectent la vie et
    souhaitent voir des animaux heureux qui ne vivent pas dans des cages, comme la plupart
    des animaux des jardins zoologiques. Ecoutons-là : « La manière de visiter certains monuments a changé et désormais
    les gens veulent voir la nature sauvage. Les touristes qui nous rendent visite,
    même s’ils ont aussi au programme des visites à caractère historique, ils
    aiment beaucoup passer une journée en nature. C’est un véritable paradis des
    ours ici. Avant la création du sanctuaire, une des collines d’ici s’appelait la
    colline des oursons. Nous avons 80 hectares de forêt dans lesquelles on ne voit
    que des ours heureux. Il y a de nombreux touristes étrangers qui nous rendent
    visite, de partout dans le monde. J’ai été moi aussi étonnée de voir des
    touristes venus d’Australie, de Nouvelle-Zélande et même de Patagonie. Et
    n’oublions pas les autres européens et ceux qui arrivent de pays où il n’y a
    pas d’ours. Ils sont très curieux puisqu’il n’y a aucune chance chez eux de
    voir ces animaux de près et dans leur milieu naturel. »


    Et justement, afin d’offrir aux touristes le
    plus d’informations possibles sur les ours, la visite est guidée. Cristina
    Lapis, présidente de l’association Millions d’amis : « Les groupes ne dépassent pas les 30 personnes, à cause de la
    pandémie, puisqu’il nous est recommandé de garder une distance physique. Le
    groupe est accompagné par un guide de l’association Millions d’amis, donc par
    une personne qui connait l’histoire de tous les ours du sanctuaire. Celui-ci
    accueille 108 ours, tous provenant de lieux qui leur étaient complétement
    inadéquats : ils étaient gardés illégalement auprès de restaurants, de
    gîtes ruraux, de monastères, même dans des stations service. Certains
    proviennent pourtant de la forêt. Ils étaient habitués à trouver leur
    nourriture dans des poubelles ou au bord des routes et ils n’avaient aucune
    chance de revenir dans la forêt pour vivre une vie normale. Le guide raconte
    aux touristes l’histoire de chaque ours. Notre intérêt a été de créer ce
    sanctuaire pour y garder ces animaux. Même s’il ne s’agit pas d’un hôtel cinq
    étoiles, tout compris, il y a pourtant un enclos qui empêche les ours de sortir
    puisqu’il s’agit d’individus qui ne pourraient plus s’habituer à vivre dans
    la forêt. Dans le sanctuaire ils ont des piscines naturelles
    alimentées par des ruisseaux, ils peuvent courir, escalader les arbres, au
    grand plaisir de nos visiteurs adultes et enfants à la fois. Les tours se déroulent en
    Roumain, Anglais et Allemand, mais nous pouvons organiser sur demande aussi des
    tours guidés en Français. En début du tour, les visiteurs regardent un court
    film de cinq minutes, traduit en cinq langues, qui présente l’histoire de ce
    sanctuaire et pourquoi il a été créé. »


    Le sanctuaire des ours reçoit des centaines de messages de félicitation et
    d’encouragement de la part des touristes, poursuit Cristina Lapis : « Nombre de touristes venus de l’étranger reviennent au sanctuaire. Au
    début, certains sont assez sceptiques, puisqu’ils pensent que c’est un parc
    zoologique comme les autres, un zoo plus grand. A la fin, ils nous remercient
    et disent, les larmes aux yeux, qu’ils ne regarderont plus les animaux sauvages
    de la même manière après cette visite. »


    L’ours brun européen est une espèce strictement protégée par la Convention
    de Berne. La Roumanie a ratifié ce document en 1993, mais ce ne fut qu’en 2005
    que le droit de propriété sur un ours capturé dans son milieu naturel est
    devenu nul en Roumanie. (Trad. Alex Diaconescu)

  • Le sanctuaire d’ours de Zărneşti

    Le sanctuaire d’ours de Zărneşti

    Tout près de la ville de
    Zărnești, dans le département de Brașov, se trouve le plus important sanctuaire
    d’ours au monde. Ouvert en 2008 par les associations «Des millions
    d’amis » et l’Association mondiale pour la protection des animaux, le
    sanctuaire accueille plus de cent exemplaires d’ours bruns, la plupart sauvés
    d’un sort atroce passé en captivité. Et chacun de ces ours traîne avec lui sa
    propre histoire. Certains, sauvés de cages étroites, où ils n’étaient gardés
    que pour amuser les clients de restaurants, hôtels ou cirques, voire même de
    pompes à essence et de monastères. D’autres, ramenés depuis certains Zoos du
    pays, où leurs conditions de vie laissaient à désirer, sinon détenus encore en
    captivité et en toute illégalité dans
    certaines propriétés privées. Mais, ici, à Zărneşti, les ours bruns se
    prélassent sur un territoire, partiellement boisé, de 70 hectares, doté de
    plans d’eau, nourris et logés dans des abris individuels. De fait, le
    sanctuaire a vu le jour suite à l’émotion provoquée par la mort violente d’une
    femelle ours, Maya, longtemps maintenue en captivité pour l’amusement des
    touristes, pour être finalement sauvée par Cristina Lapiş, la présidente de
    l’Association Des millions d’amis, celle-là même qui a posé les bases du
    sanctuaire. Cristina Lapiş, sur la création de ce lieu unique : « Il y a 15 ans depuis la création de la réserve. Elle n’aurait jamais vu
    le jour si Maya n’était pas morte
    quasiment dans mes bras, cela après s’être automutilée, après avoir carrément
    mangé ses pattes antérieures. Cette femelle était maintenue illégalement en
    captivité, dans une cage, par le propriétaire d’une auberge située à proximité
    du château de Bran, le château de Dracula, haut lieu touristique de la région. L’animal
    était censé attirer les clients. Mais les touristes, étrangers notamment, qui
    passaient visiter le château ont fini par tirer la sonnette d’alarme. Ils ont
    fini par saisir l’Association mondiale pour la protection des animaux. Et
    l’association m’avait alors contactée, pour me demander de me rendre sur place
    et d’analyser la situation. C’est alors
    que j’avais découvert d’autres exemplaires maintenus illégalement en captivité près
    de l’hôtel Poiana Ursului, dans la station de montagne de Poiana Brașov. Des
    ours carrément maltraités. Et c’est à ce moment-là que je me suis proposé de
    faire de mon mieux pour qu’ils puissent retrouver leur liberté. J’avais conçu
    un plan, j’avais réussi à embarquer les autorités locales et arracher leur
    soutien pour fonder le sanctuaire. Et c’est ainsi que l’aventure a démarré. A
    l’époque, j’étais loin d’imaginer pouvoir y accueillir 106 animaux, le nombre
    que le sanctuaire compte à présent. Mais, voilà, c’est ainsi que la Roumanie
    peut aujourd’hui s’enorgueillir de détenir le plus important sanctuaire d’ours
    brun au monde. Et, en 2016, nous avons été désignés comme étant le sanctuaire
    le plus étique au monde, suivis par le sanctuaire des gorilles et par celui
    d’éléphants, qui occupent la 2e et la 3e place de ce classement.
    »


    Certes, les ours de Zărneşti ne
    peuvent plus retrouver l’état sauvage, et peu d’entre eux supportent encore la
    proximité de l’homme, celui-là même qui les a longtemps, trop longtemps,
    maltraités. Cristina Lapiş : « Nous accueillons dernièrement des ours confisqués à leurs propriétaires
    illégaux par les garde-forestiers. Ces propriétaires c’étaient une boulangerie,
    l’usine d’uranium, des monastères, des pompes à essence. Vous imaginez. Des
    lieux pour le moins insolites pour ces animaux. Ils étaient maintenus là par
    habitude si l’on veut, en souvenir des temps jadis, lorsque les ours étaient
    utilisés par les cirques ambulants, lorsqu’ils étaient dressés et voyageaient
    avec leurs dresseurs dans les villes de province. A la fin de sa vie misérable,
    l’ours était transformé en trophée et sa peau vendue. Tel fut le cas d’un ours
    tué dans une cage, à Poiana Brașov, et
    dont la valeur marchande avoisinait les 10, 15 mille euros. Mais l’ours brun est le roi des bois des
    Carpates, il est le symbole de ces lieux, quel gâchis que de l’enfermer dans
    une cage, de le maltraiter et de le transformer en marchandise. Mais il existe
    une législation internationale que la Roumanie se doit d’observer et de la
    faire respecter. Car la Roumanie avait signé et ratifié la Convention
    internationale de Berne, reconnaissant en cela l’ours brun comme animal
    protégé. Malheureusement, nous n’avons pas pu accueillir tous les ours
    maltraités du pays. Selon les informations dont nous disposons, nous comptons
    entre dix et quinze exemplaires qui vivent toujours en captivité, dans des
    conditions toute aussi mauvaises. Un seul exemple : il existe dans le
    village de Straja un exemplaire d’ours brun maintenu en captivité dans une
    cage, par le propriétaire d’une auberge. Cela fait 20 ans qu’il est enfermé
    ainsi dans cette auberge. Et tous les ans, le propriétaire fête son
    anniversaire, lui donne à boire, lui prépare un gâteau, il filme la fête et met
    la vidéo sur YouTube. Tout le monde peut voir çà. Et nous pressons depuis 10
    ans les autorités à faire libérer cet ours et l’amener dans le sanctuaire ou
    dans un zoo, enfin dans un endroit plus propice à une vie décente pour cet
    animal. »


    La
    Roumanie compte en effet la population d’ours brun la plus importante du
    continent. C’est que l’espèce adore les forêts étendues et le climat, les
    territoires sauvages vastes, peu fréquentés par l’homme. Cependant, le
    déboisement ne manque pas de porter préjudice à l’espace vital de cette espèce,
    et les incidents impliquant l’ours et l’homme ne sont pas rares. Certes, des
    ours descendent jusqu’aux villages et provoquent des dégâts. Comment gérer dès
    lors le problème ? A nouveau, Cristina Lapiş : « A
    l’heure actuelle, nos forêts n’abritent plus les fruits de bois, les
    champignons qui constituaient l’essentiel de la nourriture de l’espèce. Et
    cela, parce que les hommes ont pris l’habitude de tout cueillir. Alors, l’ours
    s’adapte, il ne trouve plus à manger dans les bois, il est donc obligé à
    descendre dans les villages. Et puis, les maisons et les auberges s’élèvent
    comme des champignons au beau milieu des forêts, puis les gens préparent leur
    barbecue, c’est comme si on les invitait à table. Ensuite, l’on s’étonne
    lorsque l’on se retrouve nez-à-nez avec l’ours. C’est normal. Les ours affamés
    descendent chercher à manger. Ils ne vont pas venir s’y promener. C’est nous en
    fait qui nous invitons chez eux. Nous avons occupé leurs territoires, nous leur
    avons pris la nourriture, et puis l’on s’étonne. Trouver la bonne solution c’est toujours
    une affaire complexe. Parce que les chasser, les tuer n’est certainement pas la
    bonne solution. Selon moi, les propriétaires des maisons et des hôtels situés à
    la lisière des bois devraient ériger des clôtures électriques, devrait se
    charger de leur propre protection, et arrêter ainsi l’ours d’y pénétrer. Et
    puis les villages et les villes situés à proximité de leur habitat naturel
    devraient planter des vergers de pommiers, de poirier, du maïs. L’ours descend
    pour trouver à manger. Il s’arrêterait là, et éviterait d’aller plus loin. Par
    ailleurs, les associations de chasseurs, les gardes forestiers devraient leur
    assurer la nourriture dont ils ont besoin au printemps, comme cela se faisait
    dans le temps. »


    Et parce que le sanctuaire de Zărneşti
    risque d’atteindre le maximum de sa capacité d’accueil, le ministère de
    l’Environnement vient d’annoncer la fondation d’un nouveau. Dans la même veine,
    les habitants des villages situés à proximité de l’habitat de l’ours brun
    devront bénéficier de crédits pour s’acheter des clôtures électrifiées, censées
    mieux protéger les foyers. Enfin, les autorités promettent de financer une
    étude exhaustive sur l’évolution de la population de l’ours brun, qui nous
    permettra de connaître le nombre exacte d’exemplaires d’ours brun que les
    forêts roumaines abritent à l’heure qu’il est. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Les chevaliers teutoniques dans l’histoire du Moyen Âge roumain

    Les chevaliers teutoniques dans l’histoire du Moyen Âge roumain

    Les ordres militaires du Moyen Âge ont tous été fondés pour la protection armée de la religion, pour répandre le christianisme, ou encore pour défendre ou reconquérir des territoires occupés par les musulmans. Les chevaliers de Malte, les Templiers, les Hospitaliers ont marqué de leur empreinte l’histoire de leur époque. Quant à l’ordre des Chevaliers teutoniques, il descend jusqu’aux Carpates dans le cadre de la stratégie d’expansion menée par l’Occident dans la région. En effet, le roi de Hongrie, André II, tentait de fortifier la frontière de son royaume, située aux Carpates, et d’étendre l’influence du catholicisme jusqu’aux confins de ses terres. A la fois austères et guerriers, originaires de l’espace germanique, les Teutons se faisaient forts de convertir au catholicisme les peuples migratoires de passage, mais également les communautés chrétiennes orthodoxes de souche, dans une tentative de réunifier le christianisme sous la bannière du pape. Les armoiries de l’ordre combinaient la pureté du blanc du bouclier, symbolisant la pureté de la croyance, au noir de la croix, symbole du sacrifice suprême dans la défense du christianisme.

    C’est en 1211 que les premiers chevaliers teutoniques arrivent pour s’y établir aux abords des Carapates et dans la région du sud-est de la Transylvanie, dans l’actuel département de Vrancea.

    L’académicien Ioan Aurel Pop, professeur d’histoire médiévale à l’Université Babeş-Bolyai de Cluj, rend hommage au rôle civilisateur des Chevaliers teutoniques dans l’espace roumain : « Ils étaient des bâtisseurs, et les documents qui sont parvenus jusqu’à nous font état d’un château fort, plutôt impressionnant, Croixbourg, qui avait été érigé par l’ordre. Ils ont élevé par ailleurs bien d’autres châteaux forts, y compris au-delà des frontières du roi magyar, dans une région qu’ils avaient appelée « ultra montes nivium », c’est-à-dire au-delà des monts enneigés. C’est ce qui les avait finalement mis en porte-à-faux à l’égard du roi hongrois André II, qui ne menait pas des desseins expansionnistes, à la différence du Vatican, qui rêvait de pouvoir établir, par l’entremise de l’ordre, une tête de pont dans la région. Mais les données dont l’on dispose sont assez pauvres. A l’époque, les chancelleries n’existaient pas encore. La Transylvanie venait tout juste d’être fondée, en tant que voïvodat, au sein de la couronne hongroise. Puis, au-delà des monts enneigés, au-delà des Carpates, il n’y avait pas d’Etats constitués à proprement parler. Alors, les sources historiques sur le passage des chevaliers teutoniques dans notre pays sont peu nombreuses, et il s’agit surtout de sources étrangères. »

    Les documents du Vatican sont, eux, plus fournis. Ils racontent l’arrivée des chevaliers au pays de Bârsa, où ils rencontrent une population autochtone mixte, formée de Roumains, de Slaves et de Petchenègues. Pour pouvoir subvenir à ses besoins, l’ordre avait reçu le privilège d’exploiter les mines d’or et d’argent situées en Transylvanie. Au pays de Barsa, ils ont vite érigé des châteaux-forts, construits en bois, tels ceux de Feldioara, Cetatea Neagră, Cetatea Crucii. Ils ont aussi fait venir des agriculteurs et des artisans d’origine allemande, qui s’y sont établis, et qui ont eu un rôle extrêmement important dans le développement des villes transylvaines, notamment de Feldioara, Brașov, Codlea, Râșnov et Prejmer. Mais l’ordre, qui agissait sous l’autorité directe du pape, commençait à faire de l’ombre à l’autorité de la couronne hongroise en Transylvanie. En effet, après avoir battu les Coumans dans le sud-est de la Transylvanie, les chevaliers teutoniques ont mis la région sous l’autorité directe du Vatican, en défiant par cela le roi magyar. Et c’est ainsi qu’en 1225, le roi de Hongrie a chassé l’ordre des Chevaliers teutoniques du pays de Bârsa. Ils iront alors s’établir dans le nord-est de l’actuelle Pologne.

    Mais faire partie d’une telle congrégation d’élite ne devait pas être à la portée de tout un chacun. Ioan Aurel Pop détaille les conditions que devait remplir tout candidat désireux de rejoindre ses rangs : « Il fallait tout d’abord observer les règles de la vie monacale : le vœux de chasteté et la prière notamment. Mais il fallait aussi être chevalier, avoir ces qualités militaires indispensables aux membres des ordres religieux médiévaux. Car leur vocation était de lutter l’arme à la main pour défendre et répandre la croyance. Les candidats étaient souvent fils de nobles, et l’entrée dans un tel ordre était perçue comme une entrée dans un corps d’élite, servant des idéaux de la plus haute importance, telle la christianisation des populations autochtones. L’homme médiéval ne pouvait concevoir la vie hors la croyance et l’église. Prenez les excommunications. Elles prenaient des dimensions énormes et avaient des conséquences funestes, décomposant et désorganisant des sociétés entières. Ceux qui avaient le privilège de se mettre sous l’autorité directe de l’église constituaient l’élite de la société médiévale. Et la crème des crèmes était composée par ces membres des ordres chevaleresques. Ils devaient faire preuve de qualités hors du commun et observer une hiérarchie stricte, avec des accents particuliers. »

    Les ordres monastiques médiévaux, souvent dotés d’un caractère ethnique, ont par ailleurs aidé à l’émergence des futures identités nationales. Ioan Aurel Pop : « Cette composante ethnique était réelle. L’ordre des Chevaliers teutoniques était principalement constitué d’Allemands, alors que l’ordre Templier était rejoint par les Français. Les Templiers ont d’ailleurs été décimés suite au conflit qu’ils ont eu avec le roi de France, Philippe IV le Beau, qui a scellé le destin de l’ordre. Cette composante ethnique revêtira avec le temps un caractère national. Et c’est ainsi que l’on voit à la Renaissance les chevaliers teutoniques se mettre au service du Saint empire et lutter, par exemple, contre les Polonais, eux aussi catholiques. »

    Et, d’ailleurs, après avoir quitté les terres transylvaines, les chevaliers teutoniques refont encore une brève apparition dans l’histoire des principautés roumaines en 1410, lorsque le voïvode de Moldavie, Alexandre le Bon, rejoint l’alliance militaire polono-lituanienne, pour envoyer un corps expéditionnaire croiser le fer contre les chevaliers teutoniques, lors de la bataille de Marienbourg. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Noms roumains sur la voûte céleste

    Noms roumains sur la voûte céleste

    Des noms roumains sont présents dans notre système solaire aussi. 13 d’entre eux nomment des formations topographiques situées sur les planètes Mercure, Vénus, Mars et sur la Lune, le satellite naturel de la Terre. Il s’agit de 11 cratères, d’une chaîne de montagne et d’une vallée. 27 astéroïdes et 3 comètes sont baptisés de noms roumains, tandis que l’appellation de 7 autres astéroïdes renvoient à la toponymie roumaine.



    En 1961, on nommait « Montes Carpatus » une chaîne de montagnes de la Lune du nom des montagnes terrestres, les Carpates.C’est vrai que seulement deux tiers des Carpates se trouvent en Roumanie, mais leur étymologie renvoie au terme désignant la tribu antique des Géto-Daces, ancêtres des Daces. C’est en 1970 que l’on a donné pour la première fois à un corps céleste le nom d’un Roumain. C’était en l’honneur du mathématicien et astronome Spiru C. Haret (1852-1912), ministre libéral de l’éducation. L’astronome Magda Stavinschi, ancienne directrice de l’Institut astronomique de l’Académie roumaine, nous a parlé des circonstances dans lesquelles on a attribué des noms roumains aux astres:



    « La nomenclature établie par l’Union astronomique internationale tente de rendre hommage aux plus grandes personnalités du monde. La Roumanie n’est pas présente depuis très longtemps sur cette carte du ciel. Le premier nom consacré à y figurer a été celui de Spiru Haret. Un cratère situé sur la face visible de la Lune a reçu son nom, au moment de la cartographie. Pour la plupart des Roumains, Spiru Haret est le ministre qui a mis au point la plus importante réforme éducationnelle en Roumanie, au début du XXe siècle. Il faut savoir, toutefois, que Spiru Haret a été aussi le premier à avoir passé un doctorat en astronomie, plus précisément en mécanique céleste. Les résultats des recherches pour sa thèse de doctorat, soutenue à Sorbonne, ont été appréciés par la communauté scientifique du monde entier. »



    Découvert en 1936 par le Belge Eugène-Joseph Delporte, l’astéroïde 2331 allait être baptisé du nom du professeur astronome roumain Constantin Pârvulescu. Cet astéroïde, de forme quasi sphérique, mesure 11 km de diamètre et a une superficie de 24 km. Sa révolution autour du Soleil se fait en 3,78 ans terrestres et sa position la plus proche de la Terre a été à 140.000.000 km. Magda Stavinschi :



    « Un autre nom, plus intéressant de mon point de vue, revient au premier astéroïde baptisé roumain. Il s’agit de Constantin Parvulescu. Pour l’anecdote, à cause d’une coïncidence de noms, car c’était aussi le nom d’un célèbre dissident anticommuniste, il nous était défendu de prononcer le nom de cet astéroïde. Ce sont les Belges qui avaient baptisé l’astéroïde du nom de Constantin Parvulescu, qui était un important astrophysicien et qui avait travaillé pendant un certain temps à Bruxelles. Mais alors, chez nous, à cause de son nom, ce monsieur était un parfait inconnu ».



    Les noms des Roumaines ne manquent, eux non, plus à l’appel de l’espace. Des cratères présents sur la surface de la planète Vénus ont repris des noms de certaines Roumaines célèbres, mais aussi des prénoms plus communs, parfois rigolos, tels Veta, Irinuca, Natalia, Zina, Esterica. Magda Stavinschi:



    « C’était au temps où je dirigeais l’Institut astronomique de l’Académie roumaine, et c’est à ce moment-là que certains éléments de relief de la planète Vénus ont été baptisés. L’on nous avait demandé de formuler des propositions. Elena Vacarescu, l’une des propositions que l’on avait faites, a été rapidement adoptée, parce qu’elle était bien connue des Français et au plan mondial. Puis, l’on a proposé Ella Marcus, célèbre astrophysicienne roumaine, Ana Aslan, les noms de pianistes célèbres et ainsi de suite. »



    Magda Stavinschi avoue que les découvertes récentes de nouveaux corps célestes mettent la pression sur l’inventaire des noms disponibles, la demande augmentant constamment.



    « Aujourd’hui, il y a beaucoup d’astéroïdes récemment découverts et l’heure est à la chasse aux noms. Jusqu’il y a quelques années, la coutume voulait que l’on ne baptise les corps célestes que du nom de personnalités passées dans l’au-delà. A présent, les noms nous font défaut. Pourtant, nous autres, astrophysiciens roumains, nous essayons de poursuivre la tradition de faire connaître les grands noms qui ont marqué la culture ou la science roumaine, en baptisant les corps célestes de leurs noms: Brancusi, Enesco, Eminescu, ou encore du nom des astronomes, tel Gheorghe Demetrescu, ou celui du professeur Ban, de Cluj. Il est probable que l’on retrouve de plus en plus de noms roumains sur la voûte étoilée, mais je souhaite surtout que les noms des Roumains ayant marqué de leur empreinte la civilisation roumaine et universelle demeurent.»



    Le nom du poète national Mihai Eminescu ne pouvait pas manquer de cette liste. L’astéroïde 9495 et un cratère situé sur la surface de la planète Mercure ont eu l’honneur de le porter bien loin de la Terre. Magda Stavinschi :



    « Les astéroïdes, ces petits corps célestes que l’on appelle aussi micro-planètes, font des va-et-vient entre les orbites des planètes Mars et Jupiter. A l’heure actuelle, on compte par milliers les astéroïdes découverts. Alors, soyez sans crainte: faites quelque chose de bon sur notre planète et votre nom sera immortalisé dans les étoiles. Ça vaut la peine, n’est-ce pas ? ».



    Ce ciel, disons roumain, demeurera un patrimoine chéri des astronomes, professionnels et amateurs confondus.


    (Trad. Mariana Tudose/Ionut Jugureanu)