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  • Les Roumains, 10 ans de citoyenneté européenne

    Les Roumains, 10 ans de citoyenneté européenne

    Le 1er janvier 2007, au terme d’un processus long et difficile, l’UE ouvrait enfin ses portes à la Roumanie et à la Bulgarie, trois ans après son plus ample processus d’élargissement démarré en 2004. Une victoire saluée par toute la Roumanie qui, à l’époque, se situait première dans un classement des anciens pays communistes selon le taux de confiance qu’elle prêtait aux institutions européennes. A dix années de son adhésion européenne et à l’issue d’un an sous le signe des attaques terroristes et du Brexit, la Roumanie affiche un euro enthousiasme plutôt réservé. 53% des Roumains continuent pourtant à qualifier de positive l’appartenance européenne de leur pays, selon un tout récent Euro-baromètre commandé par le Parlement européen. Un pourcentage qui coïncide avec la moyenne européenne, tout en se situant en dessous des chiffres affichés généralement par une Roumanie où le taux de confiance aux institutions européennes se montait généralement à 70-80%.



    Une situation normale dans le contexte général actuel d’inquiétude, opine le sociologue Bogdan Voicu de l’Institut de recherche sur la qualité de la vie : « Ce pourcentage s’inscrit dans la tendance générale de perte de confiance aux institutions communautaire. Pourtant, la position de la Roumanie est assez particulière, vu l’immense capital de confiance qu’elle attribuait à Bruxelles au moment de son adhésion. Suite à son intégration, Bucarest se voyait enfin reconnaître aussi bien son appartenance à cette grande famille qu’était l’UE que son statut de partie intégrante de la civilisation du Vieux continent. Surtout que dans l’acception des Roumains, pour se sentir civilisés et reconnus comme tels, il fallait devenir citoyens européens à pleins droits».



    Dix ans après l’adhésion de leur pays à l’UE, les Roumains ont compris que le pouvoir des institutions communautaires reste limité et que l’intégration ne fera pas couler du lait et du miel en Roumanie, affirme l’eurodéputée Renate Weber de la Commission chargée de l’emploi et des affaires sociales : «Personnellement, je ne pourrais faire abstraction des facteurs susceptibles d’influencer l’opinion publique dans chacun des pays communautaires. Ce baromètre européen intervient à une époque où pas mal de citoyens roumains ont reproché à Bruxelles ses politiques adoptées dernièrement et surtout sa décision d’ignorer la Roumanie au moment des grandes décisions. D’ailleurs, la non-intégration de Bucarest à l’espace Schengen a porté atteinte au sentiment d’appartenance européenne. Car, pour la grande majorité des Européens, la libre circulation est un facteur clé de l’identité communautaire».



    A l’heure où l’on parle, il n’y presque pas de famille roumaine qui n’ait au moins un parent ou un ami travaillant ailleurs, dans un autre pays communautaire. On ne peut donc se déclarer surpris si la liberté de circulation figure pour 44% des sondés parmi les principaux atouts obtenus suite à l’adhésion de leur pays à l’UE. D’ailleurs, le nombre de Roumains considérant comme bénéfique l’intégration européenne de leur pays dépasse celui des autres européens, selon le même sondage qui indique que 64% des Roumains saluent l’adhésion de leur pays à l’UE par rapport à une moyenne européenne de 60%. Si pour 54% des Européens l’Union s’inscrit sur une mauvaise voie, ils ne sont que 25% à se déclarer optimistes face à l’avenir européen. Un pourcentage de presque 20% inférieur à celui des euro-optimistes roumains.



    Aux dires du sociologue Bogdan Voicu, cela prouve que les attentes de nos concitoyens à l’égard des institutions européennes dépassent celles à l’égard de leurs propres institutions : « Plus on nous fait payer le prix de l’adhésion, plus on risque de devenir euro-sceptiques. Il ne faut pas oublier que la Roumanie est, depuis quelques années déjà, un pays en pleine crise économique et cela se reflète dans son niveau de vie. Il est plus facile de rester optimiste au moment où l’économie est à la hausse. A tout cela, un autre facteur s’ajoute: la tendance des Roumains à considérer les autres Européens moins corrompus et mieux organisés qu’eux. Cela les aide à afficher un optimisme d’anticipation qui leur permet de se dire qu’un beau jour la situation s’améliorera en Roumanie aussi ».



    Sur l’ensemble des citoyens européens, les Roumains figurent parmi ceux ayant les plus grandes attentes à l’égard des institutions européennes, selon le baromètre communautaire: 38% des Roumains font confiance au Parlement européen contre une moyenne européenne de seulement 25%. Plus intéressant encore – plus de 35% des Roumains affirment que les institutions européennes répondent mieux à leurs attentes que celles nationales. L’eurodéputée Renate Weber précise: « J’aimerais bien pouvoir affirmer qu’un tel pourcentage découle du fait que les gens apprécient notre travail au Parlement européen. Mais ce n’est pas vrai. Personnellement, je pense que c’est plutôt en rapport avec la perte de confiance des Roumains à l’égard de leur propre Parlement. Ils sont nombreux ceux qui nous envoient des messages par courriel et on essaie de répondre à toutes les questions. Or, les Roumains n’ont pas l’habitude d’avoir de retour, quoique cela renvoie à une conduite normale».



    Pour conclure, malgré un enthousiasme en légère baisse, l’UE continue de bénéficier du soutien de ses citoyens. A titre d’exemple, la plupart des Roumains – à savoir 52% – font confiance à l’Union, un taux nettement supérieur à une moyenne européenne de 36%. Pourtant, 66% des Européens et 79% des Roumains voient l’UE comme une oasis de stabilité au cœur d’un monde plutôt trouble. (trad. : Ioana Stancescu)

  • L’art et l’esprit communautaire

    L’art et l’esprit communautaire

    Les initiatives citoyennes et l’esprit communautaire se sont retrouvés, en 2016 aussi, au cœur de certains projets visant à rapprocher les gens de la culture, mais aussi à les ramener plus près les uns des autres. Certains d’entre eux ont été lancés par l’ONG « Home Made Culture », (Culture faite maison). Elle s’est spécialisée, ces dernières années, dans les spectacles de théâtre accueillis par des espaces non conventionnels, tel l’appartement d’un immeuble d’habitation. L’automne dernier, l’appartement a été remplacé par l’entrée d’un immeuble collectif. Tous les soirs, une semaine durant, on y a organisé des événements, choisis d’un commun accord avec les spectateurs, à savoir les habitants du voisinage. Le projet « Spectacle à escalier ouvert » a été conçu comme composante d’un autre, plus ample, intitulé « Generator » (Générateur). Celui-ci a pour objectif d’encourager les citoyens à proposer des activités censées répondre à leurs besoins de socialiser. Au bout de plusieurs tentatives, les initiateurs du projet se sont arrêtés dans le quartier bucarestois de Crângaşi.



    Cristina Epure, membre de l’Association « Home Made Culture », raconte comment les gens ont accueilli leur initiative : « Ils sont été très ouverts, dès le début, ce qui est plutôt rare. Avant de choisir cet immeuble d’habitation, nous avons lancé un appel et fait du porte à porte, mais on a eu droit à beaucoup de réticence, car c’était quelque chose de nouveau. En plus, comme au fil du temps une sorte de crainte ou de distance s’est installée dans les relations entre voisins du même palier, toute nouveauté est perçue comme un danger potentiel. D’habitude, l’entrée d’un bâtiment d’habitation collectif est un espace qui n’appartient à personne, mais quand il est question de l’utiliser, les gens le revendiquent brusquement ».



    Petit à petit, cet espace est devenu un véritable bric-à-brac d’objets en tous genres. On y a donné des spectacles de théâtre, d’opéra, organisé des ateliers d’origami, de dessin et collage, tous gratuits ou presque, car chaque voisin nous a récompensés de petits goûters. C’est dire que les gens ont redécouvert le sens du partage et le plaisir de passer de bons moments ensemble. Cristina Epure : « Jean-Lorin Sterian, le fondateur de notre association, est un bon connaisseur des milieux artistiques de Roumanie. C’est lui qui a encouragé les gens à mener des projets à impact social et éducatif. Cela veut dire que nous ne nous sommes pas cantonnés à l’aspect artistique. Nous avons monté, par exemple, la pièce de théâtre à caractère éducatif Mauvais enfants”, avec pour protagoniste Katia Pascariu. Nous avons opté pour une thématique très accessible et intéressante, tant pour les petits que pour les grandes personnes. Malgré le peu de temps que ces événements on pu durer, ils ont eu un certain impact. J’espère que nos hôtes se les rappelleront et qu’ils réfléchiront à une alternative aux heures passées devant la télé ou l’ordinateur ».



    Ce n’est pas par le seul biais du théâtre à visée éducative, sociale, que l’on peut stimuler l’esprit communautaire. Les projets architecturaux ont eux aussi cette vocation. En témoigne le projet « StudioBasar », mené par deux jeunes architectes. En 2014, ils ont entamé une collaboration fructueuse avec la Bibliothèque métropolitaine de Bucarest. Les bibliothèques publiques comptent parmi les rares ressources permettant de remettre en marche le mécanisme et de raviver l’esprit d’appartenance à une communauté, lequel s’est en quelque sorte estompé ces derniers temps.



    C’est ce que pense l’architecte Alex Axinte, l’un des deux meneurs du projet « StudioBasar » : « Je crois que c’est un effet post-transition, c’est un des éléments que nous avons perdus et à l’heure actuelle nous nous posons la question pourquoi la nourriture n’a plus de goût. Nous ne savons pas qu’elle manque le sel. Nous, depuis notre position d’architecte à StudioBasar, nous avons pensé qu’il existe une urgence dans ce secteur. Les architectes doivent agir eux aussi avec leurs moyens pour identifier les restes de l’esprit communautaire, là où elles existent. »



    Cet été, les architectes de StudioBasar, aux côtés des étudiants en architecture et sociologie, ont aménagé la façade de la filiale locale de la bibliothèque métropolitaine sise sur un des boulevards les plus passants de Bucarest. Et ce pour qu’elle puisse être remarquée plus facilement. Ils ont également contribué à la réouverture d’une autre filiale dans le quartier de Militari, formé de blocs érigés à l’époque communiste. Pour ce dernier projet, les initiateurs ont également écouté l’opinion des habitants de la région, heureux d’apprendre que la bibliothèque au rez-de-chaussée de leur immeuble était en train de rouvrir, même s’ils avaient entre temps oublié qu’elle existait. Alex Axinte : « Nous avons parlé aussi aux utilisateurs de la filiale pour les enfants qui est juste à côté et avec les bibliothécaires et les autres spécialistes. Nous avons tous décidé que la bibliothèque avait besoin de plus d’espace pour d’autres activités, sans pour autant réduire l’espace consacré aux livres. La socialisation associée à la consommation culturelle est un besoin immense dans un quartier de 300 mille habitants. Dans le cadre de la recherche que les étudiants ont réalisée avant le début du projet, à la question « Où croisez-vous les personnes que vous connaissez ? », la vaste majorité des réponses ont été « Au supermarché, à l’entrée ». Par conséquent, nous nous confrontons à une urgence majeure, puisque les espaces d’interaction sociale se trouvent dans les magasins et vu que le public est heureux d’apprendre qu’une bibliothèque publique rouvrira ses portes dans un espace de seulement 40 mètres carrés. »



    Les bibliothèques publiques peuvent encourager l’esprit communautaire si elles ne sont plus associées exclusivement à l’étude, affirme aussi Anca Râpeanu, directrice de la Bibliothèque métropolitaine. Les 33 filiales de cette institution bucarestoise accueillent non seulement des clubs de lecture, mais aussi des ateliers de tricot, des cours d’informatique et de langues étrangères, tous organisés à titre gracieux. Ce qui plus est, l’été dernier, une caravane des contes a été mise sur pied, en collaboration avec le même Alex Axinte qui a fourni une remorque bricolée et facilement transformable en un espace multifonctionnel.



    Comment se déroule une journée habituelle dans le cadre de ce projet ? Réponse avec Anca Râpeanu : « Il est 5h et demie — 6 heures du matin. On fait sortir des dépôts toutes les boîtes à jouets, crayons, feutres, ballons, jeux et marionnettes pour le théâtre de marionnettes. On met tous ces objets dans la remorque dans un ordre prédéfini pour qu’ils puissent être sortis un après l’autre dans le parc. La caravane part et une fois arrivés dans le parc on ouvre toutes les boîtes, on dispose les éléments et les ateliers commencent à 10 heures. Il s’agit d’ateliers de bricolage, de dessin, des sessions en plein air, etc. A partir de 11h, on donne le coup d’envoi aux activités physiques sous la forme de différents jeux d’enfants. Entre temps, mes collègues parlent aux parents et ils leurs expliquent ce que nous faisons à la bibliothèque et dans le cadre de notre caravane. A sept heures du soir, nous organisons une pièce de théâtre de marionnettes, puis un atelier de Zumba. Et puis, plus tard dans la soirée, mes collègues se rendent compte que s’ils ne mettent à profit les petites pauses que les enfants prennent, il leur sera impossible de ranger les objets dans la remorque et de rentrer chez eux. »



    Le but de tous ces efforts est de démontrer que la bibliothèque est d’abord un espace public et ensuite un espace culturel, rôle que nous espérons renforcer davantage en 2017. (trad. : Mariana Tudose, Alex Diaconescu)

  • Bénévolat et logements sociaux

    Bénévolat et logements sociaux

    Avoir un logement décent n’est pas facile du tout pour nombre de catégories sociales – notamment pour les plus défavorisées. Il y a des familles qui vivent dans les espaces insuffisants des foyers destinés aux célibataires ou dans des habitations qui manquent d’électricité et de chauffage. Les autorités ne réussissent pas toujours à gérer ce genre de situations, et c’est alors à la communauté de se mobiliser pour aider les familles en difficulté. L’organisation « Habitat for Humanity » – un jeu de mots signifiant à la fois « foyer pour l’humanité » et « foyer en échange d’altruisme » – le fait depuis une vingtaine d’années. Elle construit des habitations destinées aux familles à revenus modestes et assure la rénovation des vieilles habitations des familles pauvres, son activité reposant sur le bénévolat.

    64 mille personnes ont bénéficié jusqu’ici des programmes déroulés par l’organisation « Habitat for Humanity », grâce auxquels 600 nouvelles habitations ont été construites et plus de 2000 ont été rénovées – à proximité de Cluj et de Mediaş, en Transylvanie, dans le centre du pays, à Bacău, Comăneşti et Botoşani, en Moldavie, dans l’est, ainsi que dans le comté de Constanţa, dans le sud-est. Quels en sont les bénéficiaires ? Loredana Modoran, coordinatrice de projets au sein de l’organisation, explique: «Pour bénéficier de nos programmes, une personne doit remplir 3 critères : primo – avoir désespérément besoin d’un logement, bien sûr ; secundo – disposer d’un revenu, pour qu’elle puisse rembourser le coût des matériaux de construction que nous achetons pour construire la maison dont elle va bénéficier ; pour responsabiliser nos bénéficiaires, nous cherchons des personnes qui, bien qu’elles travaillent du matin au soir, ne gagnent pas assez pour obtenir un crédit auprès d’une banque. Ces gens restent prisonniers d’un cercle vicieux de la pauvreté qu’ils n’arrivent plus à briser. Nous mobilisons des ressources pour les aider à prendre leur vie en main. Enfin, nos bénéficiaires doivent travailler aux côtés de nos bénévoles à la construction ou à la rénovation de leurs propres maisons. Même avant d’être sélectionnés, les candidats doivent faire un certain nombre d’heures de travail bénévole – allant, par la suite, jusqu’à un millier ou plus. Nous ne faisons pas de cadeaux aux gens, notre intention est des les épauler, pour qu’ils puissent mener une vie meilleure, après. »

    Bénéficiaires et bénévoles travaillent côte à côte. Les bénévoles arrivent de partout, ils appartiennent à toutes les catégories sociales et pratiquent les métiers les plus divers. Parmi eux, Veronica Soare, journaliste de radio impliquée dans beaucoup d’autres projets humanitaires, qu’elle décrit sur son site « minuni.ro » – soit « merveilles.ro ». Veronica Soare a commencé à travailler sur les chantiers des nouvelles habitations il y a quelques années. Au micro de RRI, elle partage son expérience. « Quelques heures de travail sur un chantier vous donnent un sentiment unique. On regarde le mur que l’on a bâti, on regarde les gens que l’on y a connus et on se rend compte que tout un chacun peut contribuer à changer les choses. Arriver un lundi matin sur un chantier où seules les fondations ont été jetées, pour qu’après, des maisons commencent à s’élever sous vos yeux, sous vos mains, c’est magnifique. Quand j’ai dit à mes amis que j’allais 5 jours sur le chantier, ils ont été étonnés : « Qu’est-ce que tu comptes y faire ? Penses-tu pouvoir faire le travail d’un bâtisseur ? » Pourtant, c’est plus facile que vous ne le pensez. Ce n’est pas fatigant ! Pendant ces 5 jours je n’ai pas eu la sensation d’avoir travaillé. »

    D’habitude, les bénéficiaires rejoignent les bénévoles et commencent à aider d’autres personnes en difficulté. Les mensualités qu’ils paient, sans intérêts aucuns, pour rembourser les matériaux utilisés à la construction de leur maison, alimentent un fonds spécial qui finance de nouveaux projets de construction. Et les gens aident leurs semblables avec beaucoup de joie, selon Veronica Soare : « J’ai visité cette année une des familles dont le logement a été construit l’année dernière. Deux choses m’ont beaucoup touchée. La mère était très heureuse du fait qu’elle pouvait enfin élever ses enfants dans une maison décente, digne de ce nom. Et puis, elle nous a dit qu’elle voulait nous accompagner sur les chantiers pour aider les autres de la même manière dont elle-même avait été aidée. Je ne sais pas si ces gens ont jamais fait du volontariat auparavant, mais c’est très important qu’ils aient compris ce que c’est que d’être aidé et qu’ils souhaitent aider les autres à leur tour ».

    Le département de Bacau, dans l’est du pays, comporte plusieurs zones défavorisées. Le système de construction de logements avec des volontaires y est bien ancré depuis 12 ans. Andrei Chirila est le coordinateur de la filiale de Comanesti de l’organisation « Habitat for Humanity ». Là, des difficultés à impact national sont exacerbées, dit-il : « Le stock national de logements est obsolète, et il a besoin de réparations urgentes. Il y a beaucoup de cas de nouvelles familles, avec aussi des enfants d’habitude, qui doivent cohabiter dans un seul et même appartement exigu avec leurs parents âgés ou avec les familles de leurs frères. Le besoin d’avoir un espace qui leur soit exclusif est très important. Ce n’est pas seulement l’endroit lui-même qui pose problème, mais aussi l’aménagement intérieur et extérieur. On nous a demandé de l’aide pour acquérir de nouvelles chaudières à gaz, pour remplacer les anciennes fenêtres avec du double vitrage ou pour isoler les murs afin d’accroître les performances thermiques de leurs appartements ».

    A Comanesti ainsi que dans les communes environnantes, les demandes affluent et plusieurs chantiers doivent démarrer très prochainement. Des chantiers qui sont également un antidote efficace contre la solitude et le scepticisme. (Trad. : Andrei Popov, Dominique)

  • Le client, avant toute chose

    Le client, avant toute chose

    La compagnie Telus International Europe a récemment lancé en Roumanie une initiative globale qui assurera en première des fonds annuels pour les ONGs locales. Ligia Mihaiescu a assisté à l’événement de lancement, à Bucarest.

  • Djihad en Europe?

    Djihad en Europe?

    Charm El-cheikh, Beyrouth, Paris, Bamako, en moins d’un mois les djihadistes ont frappé trois continents et laissé derrière eux des centaines de morts. A son tour Bruxelles a été paralysée par la menace d’attaques similaires. La presse étrangère a accusé les autorités belges d’avoir permis ce que les journalistes appellent la création d’un véritable quartier djihadiste à Bruxelles. Pour sa part, l’ancien conseiller du Kremlin, Andrei Ilarionov, qui s’est par la suite attiré la disgrâce de Vladimir Poutine, mettait en garde déjà depuis le début de l’année dernière sur le risque d’un «printemps islamique» en Europe Occidentale, qu’il considérait plus vulnérable que jamais.



    L’UE n’a pas la capacité de se mobiliser pour résoudre les crises auxquelles elle est confrontée, affirme à son tour l’ancien négociateur en chef de la Roumanie avec Bruxelles, le professeur Vasile Puşcaş. Dans une interview pour Radio Roumanie, il parle de l’absence d’une réaction coordonnée dans la crise des réfugiés ainsi que de l’absence d’un plan commun dans la lutte contre le terrorisme.



    Vasile Puşcaş: « C’est une formule qui n’a pas donné de résultats ni pendant la crise financière mondiale ; on sait très bien qu’au niveau de l’UE les décisions ont été prises très tard et qu’elles n’ont pas été des meilleures. Actuellement ont voit de nouveau dans la crise des réfugiés l’incapacité de mettre en œuvre la législation européenne. Que ce soit clair : les institutions européennes avaient pris en 2007 des mesures visant la manière de réagir dans une telle situation. Mais personne ne s’y est préparé, personne n’a mis en œuvre ces décisions qui sont modifiées à mesure que la crise s’accentue. A l’heure qu’il est nous sommes confrontés à une autre crise : celle du terrorisme international. Là aussi il est question de décisions qui ne visent pas un seul Etat membre ou une seule région, mais l’ensemble de l’UE. »



    Une chose est sûre : la menace terroriste plane au-dessus de l’ensemble du continent. Et bien qu’ils ne l’aiment pas, les promoteurs de la rectitude politique se voient obligés d’admettre que l’origine de cette menace est à retrouver au sein des communautés musulmanes de plus en plus nombreuses sur le Vieux Continent. En 2010 on y recensait 44 millions de musulmans, soit 6% de la population européenne, dont 19 millions rien que dans l’UE, ce qui compte pour 4% du total. Si le rythme de l’immigration et le taux de naissances restent les mêmes, en 2050 il y aura près de 60 millions de musulmans en Europe, c’est à dire qu’un citoyen européen sur 10 sera de confession islamique.



    Selon la correspondante de Radio Roumanie à Madrid, les experts espagnols affirment que les attentats de Paris peuvent être suivis par d’autres d’envergure similaire et que le phénomène de recrutement des djihadistes a subi des transformations. Si jusqu’ici les recrutements avaient lieu notamment dans les mosquées, à l’heure actuelle les réseaux sociaux sont devenus le principal moyen de racoler des adeptes. De plus, 45% des individus arrêtés en Espagne et soupçonnés de terrorisme ont la nationalité espagnole ; 40% d’entre eux sont nés en Espagne. Un phénomène que les spécialistes appellent «l’éclosion du djihadisme autochtone». L’étude met en évidence l’âge des terroristes : ils sont de plus en plus jeunes, ayant entre 15 et 29 ans. On constate également la croissance continue du nombre des personnes converties à l’islam et qui deviennent des radicaux menés par le désir de légitimer leur appartenance au groupe.



    A Bucarest, sur la toile de fond des débats sur les quotas de réfugiés et la possibilité de retrouver parmi eux des djihadistes, le président Klaus Iohannis a souligné qu’à l’instar d’autres pays d’Europe Centrale, la Roumanie n’était pas une des destinations préférées des migrants. En plus, le terrorisme ne fonctionne que s’il fait peur, a affirmé le président roumain: « Ce n’est qu’au moment où l’on permet à la peur de pénétrer le tissu social de nos pays que les terroristes parviennent à leur fin. Or force nous est d’empêcher que cela arrive. Nous ne devons pas laisser la xénophobie, l’ultra nationalisme, le chauvinisme à gagner du terrain dans nos sociétés. Par ailleurs, il est hors de question de laisser cette peur nous mener à stigmatiser certaines communautés religieuses qui n’y sont pour rien.»



    Par respect pour les minorités ethniques et religieuses, la population musulmane de Roumanie ne fera pas l’objet de mesures spéciales, a fait savoir le président Iohannis. Massés surtout dans le sud-est du pays, en Dobroudja, ancienne province de l’Empire Ottoman, pendant des siècles, les quelque 70 mille musulmans de Roumanie, tatares et turcs notamment, sont un véritable modèle d’intégration et de loyauté envers l’Etat roumain. De même que les autres ethnies vivant sur le territoire roumain, les deux communautés sont dailleurs représentées doffice à la Chambre des députés du Parlement de Bucarest. Notons aussi quau début des années 2000, lorsque les troupes roumaines participaient aux campagnes anti-terroristes dAfghanistan et dIrak, le porte-parole du ministère roumain de la Défense était un officier dorigine turque, très populaire parmi les journalistes.



    Par ailleurs, le chef du culte musulman de Roumanie, le mufti Murat Iousouf, a durement condamné, et sans équivoque, les attaques de Paris de même que tous ceux qui organisent ce genre dactes cruels. « Il sagit, tout dabord, dun crime contre lhumanité », a affirmé le mufti Murat Iousouf évoquant un verset du Coran selon lequel « celui qui tue une âme, un être humain, tue toute une société, toute une communauté!. » (Trad.: Valentina Beleavski, Andrei Popov)

  • Métiers anciens revisités

    Métiers anciens revisités

    C’est aussi le cas de la jeune famille Dana et Ionuţ Georgescu, qui ont lancé le projet « Le Moulin à papier » de Comana, une localité à une trentaine de km de Bucarest. Ils y recyclent du papier, le font macérer et le transforment en papier écologique, qu’ils impriment et relient en employant des équipements récupérés dans d’anciennes imprimeries.

    Les débuts du « Moulin à papier », cinq années auparavant, sont liés à a venue au monde de leur fillette, Elena, mais non seulement. Dana Georgescu nous en dit davantage : « Nous avions des emplois dans des compagnies privées. Au moment où Elena est venue au monde et j’ai passé plus de temps avec elle, j’ai senti le besoin de faire plus que je n’avais fait jusqu’alors. J’étais et je continue d’être passionnée par l’écriture, j’aime ce qui est beau en général. J’ai senti que je voulais faire davantage que d’aller au bureau tous les jours, de gagner un salaire et de partir en vacances. C’était en 2007. Depuis lors, nous avons cherché et nous nous sommes décidés de faire quelque chose dans le domaine de l’imprimerie. Mon mari était passionné de cartes et les choses ont commencé à prendre contour peu à peu. Plus tard, vers 2009, nous avons commencé à suivre aussi des cours. Moi, j’ai suivi un cours de photographie, et mon mari un cours de reliure de livre »

    Le « Moulin à papier » une fois conçu, les époux Georgescu ont commencé à chercher un endroit pour le mettre en place. Après avoir cherché à maints endroits, ils sont arrivés à Comana, au milieu d’un parc naturel, avec des forêts, avec un petit delta sur la rivière Neajlov, un endroit qui a sa place dans l’histoire littéraire, aussi, car c’est là que se trouve la maison-musée du poète Gellu Naum. Un endroit prédestiné pour eux, selon Dana. C’est là qu’ils habitent la plus grande partie de la semaine, ils fabriquent et impriment du papier. Ils exposent, dans un petit musée, les machines, dont certaines sont classées au patrimoine national, telle celle qui a été créée à Leipzig en 1889, qui a fonctionné dans l’imprimerie du journal « Universul ».

    Et vu qu’ils ont trouvé à Comana un endroit si hospitalier, ils ont pensé offrir, à leur tour, quelque chose au village : ils ont créé une petite entreprise sociale où sont produits de petits carnets, des cartes de vœux, des signets et bien évidemment, du papier écologique manuel. Ionuţ Georgescu : « C’est une entreprise d’un genre un peu différent pour la Roumanie, bien que l’on commence déjà, chez nous aussi, depuis un certain temps, à parler de l’économie sociale et l’on essaie d’assurer à ce domaine un cadre législatif. Ce que nous avons découvert depuis que nous nous trouvons à Comana, c’est que l’on ne peut déployer une activité dans une communauté sans tâcher d’offrir quelque chose à cette communauté. Nous découvrons qu’à mesure que nous nous impliquons dans la vie de la communauté, la communauté nous offre quelque chose, à son tour. Nous avons travaillé avec les enfants de l’école de ce village et ils participent gratuitement aux activités que nous organisons. Nous y avons trouvé des gens de confiance avec lesquels nous collaborons très bien pour faire marcher le « Moulin à papier ». Ce sont des gens sérieux et capables de comprendre nos rêves. Ils nous aident à faire quelque chose non seulement pour nous, mais aussi pour la communauté que nous avons intégrée. Nous ne pouvons dissocier le développement économique de la prospérité des gens parmi lesquels nous vivons. »

    Quelle est la situation économique des habitants de Comana et comment cette communauté traditionnelle a-t-elle accueilli l’idée nouvelle de fabriquer du papier écologique dans son village ? Ionuţ Georgescu. : « Le milieu rural a besoin de croissance économique. Or, la campagne offre très peu d’emplois. La plupart des habitants de Comana font la navette à Bucarest ou dans les villages des environs de la capitale où ils ont trouvé du travail. Ils n’ont pas le choix. Pourtant, nous pensons que les métiers traditionnels peuvent très bien arrondir les revenus des villageois ou même devenir leur principale source de revenus. Au début, lorsque nous leur en avons parlé, ils n’ont pas fait confiance à nos idées. En constatant ce que nous avons réalisé, ils se sont rendu compte qu’en utilisant les vieilles choses, on pouvait progresser et alors ils sont devenus plus ouverts. Certains s’impliquent même dans nos activités. »

    Les participants les plus enthousiastes aux activités du « Moulin à papier » sont les enfants. Pour eux, Dana Georgescu organise différents ateliers pour leur montrer comment on fabrique et on imprime le papier. Quelle est la réaction des enfants ? Dana Georgescu : « Au début, ils regardent d’un air curieux et de partout je n’entends que des exclamations d’étonnement. Ils sont très surpris de ce qu’ils voient ici. A mesure que je leur explique ce qui s’y passe, ils deviennent de plus en plus intéressés. Et lorsque le moment de produire le papier arrive, c’est une véritable compétition, car chacun souhaite être le premier. Il y a des enfants qui nous disent qu’ils souhaitent y travailler, quand ils seront grands. Ils sont enchantés de ce qu’ils font ici. Et ce sont surtout les tout-petits qui sont les plus enthousiastes et qui manifestent le plus spontanément leur joie. »

    Pour les prochaines années, la famille Georgescu prépare un autre projet à Comana: « Le village des artisans », qui doit bénéficier d’un financement norvégien. Il s’agit de construire là-bas de maisonnettes en style traditionnel où l’on pratiquera et enseignera différents métiers anciens : poterie, tissage et travail du bois.(Trad. : Ligia Mihăiescu, Dominique)

  • Réfugiés arméniens en Roumanie

    Réfugiés arméniens en Roumanie


    On a retenu, pour le XXe siècle, une particularité choquante, celle des génocides perpétrés à cette époque. Le premier d’une longue série fut celui contre les Arméniens de l’Empire ottoman, lors duquel un million et demi de personnes allaient être tuées, soit près de la moitié de cette nation.



    Les gouverneurs ottomans avaient alors argué de la fraternisation des Arméniens avec l’armée russe. En fait, les raisons étaient de nature politique (nationalisme et idéologie du pantouranisme), économique (les Arméniens et les Grecs détenaient le commerce et les banques de l’Etat ottoman) et religieuse (les leaders religieux musulmans déclarant la guerre sainte aux infidèles). Les hommes ont été forcés à travailler sur les chantiers de constructions de ponts et de chemins de fer. Beaucoup ont péri des suites de la faim et des maltraitances.



    Le 24 avril 1915, Talaat Pacha, grand vizir et ministre des communications, donna l’ordre de déportation massive des Arméniens. Les plus chanceux de ces malheureux ont réussi à s’en sortir. Certains se sont réfugiés en Roumanie, affirme l’historien Eduard Antonian, qui nous en a raconté les péripéties: « Sur ordre du sultan Abdul Hamid II, surnommé le Sultan rouge, près de 350.000 Arméniens ont été massacrés ; une bonne partie de l’ethnie arménienne s’est réfugiée alors en Roumanie aussi. Aujourd’hui, environ 10% de la communauté arménienne de Roumanie est formée des descendants de ceux qui avaient fui le premier génocide. Les réfugiés de cette première vague, assez aisés, ont pu emporter de l’argent, ce qui leur a permis d’ouvrir un commerce en Roumanie. Ils ont gardé le contact avec la vieille communauté arménienne qui vivait ici, réussissant à s’intégrer parfaitement à la société roumaine. »



    Par quels moyens ont-ils échappé à la persécution? « Les rescapés ont été aidés par la population civile turque et arabe ou ont tout simplement eu de la chance. Certains d’entre eux ont graissé la patte aux autorités ottomanes, d’autres ont bénéficié de l’aide des missionnaires étrangers. En tant que pays neutre, les Etats-Unis s’y étaient beaucoup investis. L’ambassade américaine était très bien organisée. Henry Morgenthau, ambassadeur à cette époque-là, qui a dénoncé, dans ses mémoires, les crimes contre les Arméniens, s’était activement impliqué dans l’aide fournie à cette population, aux côtés de missionnaires danois et de missionnaires protestants allemands. »



    Quelque 20.000 Arméniens, dont près d’un quart orphelins, auraient trouvé refuge en Roumanie et bénéficié du soutien de la communauté arménienne du pays, affirment les historiens. Il y a eu des vagues successives de réfugiés, la plupart étant survenues au lendemain de la guerre. Eduard Antonian a reconstitué le périple de ceux qui, un siècle durant, avaient tenté de trouver leur place dans un monde ravagé par la destruction et la mort: « Partis d’Istanbul, comme ce fut aussi le cas de mon arrière-grand-père et des siens, ils sont montés, aux cotés de plusieurs milliers d’orphelins, à bord d’un bateau battant pavillon français, qui les a emmenés à Constanţa. La communauté arménienne de Roumanie était bien organisée et assez fortunée. Krikor Zambaccian, Grigore Trancu-Iaşi, les frères Manisarian, passaient pour les plus grands grossistes de céréales d’Europe du sud-est. En 1919, allait être fondée l’Union des Arméniens, afin de venir en aide aux réfugiés. Son premier président a été Grigore Trancu-Iaşi.


    L’image des réfugiés descendus dans le port de Constanţa était terrifiante. Les correspondants de presse à Istanbul du journal Adevărul ayant relaté, en 1915, le génocide, l’opinion publique roumaine était au courant du malheur qui avait frappé les Arméniens de l’Empire ottoman. Armenad Manisarian, le deuxième président de l’Union des Arméniens, est allé voir le premier ministre roumain, Brătianu, pour lui demander ce qu’il était possible de faire pour aider ces réfugiés. A la question de Brătianu de savoir s’il se porterait garant, de tous les points de vue, pour ces malheureux, Manisarian aurait répondu affirmativement. Une fois donné le feu vert, les réfugiés s’y sont installés. Ils allaient recevoir plus tard la nationalité roumaine aussi. Ils n’avaient été munis que d’un passeport Nansen, pour les apatrides, leur autorisant un seul voyage.


    La communauté arménienne a acheté plusieurs hectares de terrain dans la commune de Strunga, près de Iaşi et y a fait construire un orphelinat. Les enfants orphelins y ont grandi et appris des métiers. Bon nombre d’entre eux ont été adoptés par des familles arméniennes de Roumanie. Certains ont ouvert leur propre commerce. Mon arrière grand-père a ouvert un atelier de cordonnerie à Bucarest. »



    Au fil du temps, les traumatismes de la guerre se sont estompés, sans pour autant sombrer dans l’oubli. Eduard Antonian affirme que les réfugiés arméniens de Roumanie ont continué à mener leur train de vie, oscillant entre souvenirs choquants et espoirs: « Les réfugiés arméniens de l’Empire ottoman se sont toujours considérés comme de bons citoyens. Ils payaient leurs taxes, s’engageaient dans l’armée, parlaient le turc. On dit que les parents qui avaient échappé au génocide discutaient en turc lorsqu’ils voulaient cacher certaines choses à leurs enfants. Même aujourd’hui, des anciens de la communauté arménienne de Roumanie continuent de parler le turc. Malheureusement, en 1945, une partie des membres de cette communauté, leurrée par la propagande soviétique, s’est rapatriée en Arménie, dont on leur avait dit qu’elle allait être leur pays. En 1991, quand l’Arménie a proclamé son indépendance, des descendants de ceux-ci allaient rentrer en Roumanie. »



    Les Arméniens réfugiés en Roumanie ont témoigné des massacres commis dans le désert anatolien en 1915. Ces miraculés ont par la suite transformé l’inhumain en humain. (trad.: Mariana Tudose)





  • Les Roumains face à la guerre dans l’est de l’Ukraine

    Les Roumains face à la guerre dans l’est de l’Ukraine

    Cest sans équivoque que tous les acteurs politiques roumains avaient condamné au moment des faits lannexion par Moscou de la péninsule de Crimée, dans le sud de lUkraine, de même que le soutien financier, logistique, politique et militaire de la rébellion sécessionniste pro-russe dans lest du pays voisin de la Roumanie. Les commissions spécialisées du Parlement de Bucarest, les chefs dEtat successifs, Traian Basescu et Klaus Iohannis, le premier ministre Victor Ponta, les ministres des Affaires étrangères, Titus Corlăţean, Teodor Meleşcanu et maintenant Bogdan Aurescu, ont qualifié à lunisson dagression les actions de la Fédération de Russie et ont plaidé en faveur du respect de la souveraineté et de lintégrité territoriale de lUkraine.



    En tant que membre de lUE et de lOTAN, en tant que partenaire stratégique des Etats-Unis, Bucarest a soutenu sans hésitations toutes les sanctions économiques et politiques instituées par Bruxelles et Washington contre Moscou, tout en soutenant le régime pro-occidental installé à Kiev. Les hôpitaux roumains ont également accueilli les Ukrainiens blessés lors de la répression sanglante des protestations de la place Maïdan, ordonnée par lex-président pro-russe Viktor Ianoukovitch. Pas en dernier lieu, au sein de lAlliance nord-atlantique, la Roumanie a assumé la coordination de la cyber-sécurité de lUkraine.



    Au-delà des valeurs et des principes assumés et promus par la Roumanie, tout ces éléments dappui ont aussi deux motivations bien concrètes. Dune part, lUkraine est le voisin le plus important dun point de vue territorial et démographique de la Roumanie, avec laquelle il partage plusieurs centaines de kilomètres de frontière commune. Dautre part, près dun demi-million de Roumains de souche vivent dans ce pays, notamment dans les régions frontalières, soit une des communautés ethniques les plus importantes dUkraine. Annexés par Staline, suite à un ultimatum de 1940, une partie des territoires roumains orientaux – le nord de la Bucovine, le nord et le sud de la Bessarabie, le pays de Herţa et lIle des Serpents – est passée, en 1991, sous administration ukrainienne, en tant quEtat successeur de lex-Union soviétique.



    Sans nul intérêt révisionniste, position quil ne cesse de réaffirmer, Bucarest se préoccupe uniquement du respect des droits de la communauté roumaine dUkraine. Le chef de la diplomatie roumaine, Bogdan Aurescu, a en ce sens communiqué à lambassadeur ukrainien à Bucarest, Théophile Bauer, le souhait de Bucarest que la mobilisation partielle, décrétée dans le contexte du conflit dans lest de lUkraine, ne soit pas sélective et évite les approches discriminatoires dun point de vue ethnique.



    Une position survenue sur la toile de fond dinformations selon lesquelles les membres de la communauté roumaine auraient été parmi les premiers à être recrutés ou encore qui font état de restrictions visant les voyages à létranger des hommes en âge dêtre mobilisés. La Roumanie, précise Bogdan Aurescu, suit attentivement le déroulement du processus de recrutement tout en étant en contact permanent avec les membres de la communauté roumaine ainsi quavec les représentants des autorités ukrainiennes, civiles et militaires, par lintermédiaire de ses agences consulaires de Tchernovtsy et Odessa ainsi que de son ambassade à Kiev. (trad.: Andrei Popov)

  • Nouvelle Agence consulaire française à Timisoara

    Nouvelle Agence consulaire française à Timisoara

    Un nouvelle Agence consulaire de France a été inaugurée la semaine dernière à Timişoara, la troisième ville roumaine, située dans louest du pays. Quel est le plus apporté par cette facilité diplomatique à cette région où une importante communauté étrangère daffaires est particulièrement active ? Nous en parlons avec le consul honoraire de France fraîchement investi à Timişoara, le Franco-Roumain Cosmin Brânzan.


  • Jean-Marie Monplot (France) – le mouvement hippie en Roumanie

    Jean-Marie Monplot (France) – le mouvement hippie en Roumanie

    Bien que j’aie beaucoup écouté la musique de Janis Joplin, Jimi Hendrix Emerson, Lake & Palmer ou encore Joan Baez, pour n’en donner que quelques exemples, j’ai préféré invité à mes côtés un expert de ce phénomène. Il s’agit de M. Florin Silviu Ursulescu, peut-être le journaliste roumain le plus passionné de rock, véritable encyclopédie quand il s’agit de parler de ce genre musical et du courant hippie. Sans plus tarder, je lui cède le micro, car il aura plein de choses à vous raconter.



    Florin Silviu Ursulescu : « Le mouvement hippie est un courant apparu sur la côte ouest des Etats-Unis, à San Francisco, et sa véritable période de gloire s’étend sur six années seulement, de 1965-1971. C’est un courant qui se propose de dénoncer le conformisme sur tous les plans, qu’il s’agisse de sexualité, de drogues, de du corps tenue ou de vêtements, un mouvement apparu après l’explosion démographique des années ’40-’50 connu sous le nom de babyboom.



    Quand on parle de ce phénomène, il faut préciser dès le début qu’il n’a pas vraiment existé en Roumanie. Et cela, en raison d’une dictature cruelle, plus terrible que celles instaurées en Hongrie, Pologne ou Tchécoslovaquie qui ont pourtant permis la création de certains groupes hippies. Chez nous, cela ne fut pas possible. Bien sûr, il y avait aussi de jeunes Roumains non conformistes, mais sans qu’ils puissent vraiment créer de véritables communautés hippies capables de se déplacer librement à travers le pays. Or, n’oublions pas que sous les communistes roumains, il fallait se munir d’un permis pour habiter dans une autre ville que celle natale. Une fois installé dans un immeuble, on avait une quinzaine de jours à sa disposition pour déclarer son adresse de domicile à la police. Comme vous voyez, impossible de jouer les nomades et les esprits libres à l’époque du communisme en Roumanie !



    Fidèle au principe du non-conformisme, le mouvement hippie rejetait totalement l’idée de se faire embaucher et d’avoir un emploi stable. En Roumanie, n’oublions pas que le chômage n’existait pas. Tout citoyen était contraint par la loi d’avoir un domicile et un emploi, ce qui faisait que les professions libérales n’existaient pas. Donc, pas de véritables communautés hippies chez nous. Par contre, on a eu des groupuscules qu’on pourrait lier aux valeurs hippies, notamment à la musique. Et je mentionnerais en tout premier lieu les gars de Phoenix, absolument impressionnants à l’époque avec leurs longues chevelures et leurs manteaux de fourrure, qui se déplaçaient à travers la Roumanie pour des concerts en plein air, une première à l’époque. »



    Le journaliste Florin Silviu Ursulescu passe en revue les protagonistes du mouvement hippie en Roumanie : « Après Phoenix, il y avait un groupuscule créé autour du musicien Mircea Florian qui réunissait plusieurs figures intéressantes de l’époque, telles Gabriel Caciula, grand spécialiste de la culture japonaise vivant actuellement aux Pays-Bas et qui visite souvent la Roumanie pour y organiser des conférences sur l’art du thé. Ou encore Sorin Chifiriuc, musicien et compositeur important, qui depuis deux ans s’est retiré dans un monastère et s’apprête à entrer dans les ordres. Il y avait aussi Mihai Diaconescu, réalisateur de film et auteur de plusieurs volumes de poésies, qui a malheureusement quitté ce monde.



    A parler des adeptes du mouvement hippie, on ne peut pas oublier le rôle qui revenait au club des Etudiants en architecture, appelé Le Club A, lieu de rencontre privilégié des jeunes libres d’esprit de Bucarest qui s’y rendaient pour écouter poèmes et chansons interdits par les communistes. C’était une ambiance culturelle et musicale qui nous donnait en quelque sorte l’illusion d’appartenir au phénomène hippie tel qu’il existait en Occident.



    Et à propos de ça, je vous signale qu’en Roumanie, les cheveux longs des gars posaient un énorme problème. Les forces de l’ordre ne les acceptaient pas et on risquait de se voir emmener à la section de police pour se faire couper les cheveux. Voilà pourquoi, nous, les hippies aux cheveux longs, on a trouvé une solution inédite : on essayait d’obtenir soit une attestation auprès du Centre national de la cinématographie par laquelle on affirmait faire de la figuration dans des films historiques, soit un certificat de musicien, vu que les musiciens étaient considérés comme extravagants et donc, le régime les acceptait tels quels. Les vêtements ne posaient pas trop de problèmes, la police n’était pas trop dure de ce point de vue : on pouvait donc porter nos chemises imprimées et nos pantalons évasés. »



    Comment le phénomène hippie s’est-il tout de même développé en Roumanie ? Notre invité Florin Silviu Ursulescu, journaliste et spécialiste de la musique rock, explique : « Je voudrais mentionner quelques figures emblématiques du mouvement hippie de Roumanie. Et je commencerais par une figure féminine, Lidia Creanga, la batteuse du groupe féminin Catena. Elle ne voulait pas se faire embaucher, elle portait des jupes fleuries et un nœud tricolore dans ses cheveux. Une autre personnalité était Andrei Oisteanu, actuellement directeur de l’Institut d’histoire de la religion de Roumanie.



    En Roumanie, après la chute du communisme en 1989, on a vu naître à Bucarest un phénomène resté dans l’histoire sous le nom de « la Place de l’Université » et qui était une sorte de réaction au conformisme imposé par les communistes des dizaines d’années durant. Les personnes rassemblées Place de l’Université en réaction à la descente des mineurs sur la capitale et à la politique menée par le président de l’époque, Ion Iliescu, ont eu l’occasion d’écouter sur une scène improvisée des chanteurs dont la musique n’avait jamais été diffusée à la télé ou à la radio : Cristi Paturca, Horia Stoicanu ou encore Nicu Vladimir, un véritable hippie tout comme un autre, Dorin Liviu Zaharia, un poète extraordinaire disparu prématurément. Celui-ci s’intéressait à l’étude des religions et civilisations indiennes et orientales, il a signé la musique de plusieurs chefs-d’œuvre de la cinématographie roumaine et il a notamment composé deux chansons devenues par la suite de véritables hits du groupe Pasarea Colibri, dont le célèbre ‘Vinovatii fara vina’, ‘Coupables sans raison’. »



    Quelles conséquences le mouvement hippie a-t-il eu, en Roumanie et aillurs ? Florin Silviu Ursulescu: « Le mouvement hippie a eu des retombées importantes au niveau mondial. Par exemple : les hippies ont encouragé un rapprochement avec des valeurs orientales, de la philosophie de l’Orient. Ensuite, n’oublions pas que ce sont les Hippies qui ont milité pour un retour à la nature ; l’alimentation végétarienne, bio, c’est aux Hippies qu’on la doit. Très important, les Hippies sont les précurseurs de la mondialisation actuelle. Les multiples voyages et mouvements de groupes hippie ont montré que le voyage était quelque chose daccessible à tout le monde. Le voyage de masse va se développer. Adeptes du mysticisme, on a pu observer au fil des années une prolifération des sectes orientales et extrême-orientales. La génération hippie a changé la musique, lart en général, étant à l’origine dune véritable révolution culturelle.



    Toutes ces transformations sont aujourdhui totalement intégrées dans les sociétés occidentales. C’est au phénomène hippie que l’Occident doit son non conformisme et sa liberté de penser. Pourtant, la Roumanie, elle, est restée bloquée dans ses traditions ce qui fait que même aujourd’hui, une tenue plus extravagante est susceptible d’entraîner une vague de critiques de la part des personnes plus âgées. Pour conclure, je dirais que le mouvement hippie militait avant tout pour la liberté de l’individu et du coup, les idées hippies sont pour la plupart toujours d’actualité. »

  • 2014, l’année des initiatives citoyennes

    2014, l’année des initiatives citoyennes

    2014, l’année des élections européennes et du scrutin présidentiel, marque en Roumanie l’anniversaire des 25 ans écoulés depuis la chute du communisme. Un quart de siècle après la mobilisation populaire de décembre 1989, l’esprit citoyen s’est à nouveau manifesté en Roumanie. En 2014 plusieurs initiatives civiques se sont fait remarquer. Démarrées depuis pas mal de temps, ces initiatives étaient nées autour d’idées censées améliorer la vie dans plusieurs quartiers bucarestois et d’autres villes roumaines.



    Timides au début, ces groupes ont pris du courage et ont fait entendre leur voix. Le groupe « l’initiative Favorit » du quartier Drumul Taberei de Bucarest par exemple a déroulé un projet de revitalisation d’une ancienne salle de cinéma, en partenariat avec la mairie du 6e arrondissement de la Capitale. Dans un autre quartier bucarestois, « Les amis du parc IOR » ont déjà obtenu l’appui d’une partie du conseil local pour lutter contre un projet de la mairie qui prévoyait la construction d’une salle polyvalente dans le parc du quartier.



    De tels exemples, on peut en retrouver aussi dans d’autres villes roumaines. Nombre de ces groupes d’initiative civique sont apparus grâce aux efforts du Centre de ressources pour la participation publique (CERE), une ONG qui s’est proposé d’apprendre aux gens leurs droits citoyens et les moyens de les défendre. Nicoleta Chirita, coordinatrice de projets au centre CERE : « J’ai commencé ce programme en 2009 lorsque de tels groupes d’initiative civique n’existaient pas dans la capitale. Au début de mon travail au centre CERE, mon objectif était d’éveiller l’esprit civique des citoyens et de leur montrer combien important c’était de lutter pour leurs droits, que ce soit un petit parc en face de son domicile ou bien des questions plus sérieuses. Moi, j’ai commencé dans Lacul Tei, une zone où nombre d’habitants voulaient faire des choses, mais n’étaient pas organisés et ne travaillaient pas en équipe. Nous les avons rassemblés autour de la même table, nous leur avons montré les problèmes auxquels ils se confrontaient et nous les avons guidés dans leurs démarche. »



    La mobilisation des gens autour d’un projet public n’a jamais été facile, elle ne l’est toujours pas d’ailleurs, avoue Nicoleta Chirita : « C’est difficile parce que nous nous heurtons souvent au scepticisme, au manque de confiance. Les gens ne font confiance ni à eux mêmes, ni à l’initiative participative, puisque leur voix compte aussi entre les différentes élections. Au moment du vote, les gens pensent qu’ils peuvent réaliser un changement réel, mais pas du tout entre les périodes électorales. Ce fut mon plus grand défi : les convaincre que les autorités locales étaient les élus des citoyens et qu’ils devaient pendre en compte ce que les électeurs disent. Peu à peu, les gens ont commencé à découvrir le pouvoir dont ils disposent s’ils choisissent de s’unir. »



    Vu justement que cette année, les initiatives civiques ont été plus actives et plus visibles que jamais, CERE a organisé une Foire des initiatives citoyennes. 200 participants, représentant 14 groupes informels et ONGs y ont participé pour se faire connaître et partager leur expérience. Les ateliers organisés à cette occasion ont appris aux citoyens comment lutter en justice contre la construction illégale d’immeubles.



    Les initiateurs d’un des plus vieux projets d’implication civique de Bucarest, « Street Delivery » ont également figuré parmi les participants à la Foire des initiatives citoyennes. Démarré en 2006, le projet prévoit de fermer au trafic routier une rue du Vieux Bucarest : la rue Pictor Arthur Verona, transormée, l’espace d’un week–end estival, en un lieu inédit, alternatif. Les initiateurs de ce projet se trouvent eux mêmes dans cette même rue, la librairie « Carturesti » et l’ordre des architectes de Roumanie. L’architecte Serban Strudza explique comment a commencé cette initiative: « Ce projet inédit est né il y a 9 ans à partir de l’initiative des gens du quartier. Ils ont remarqué la disparition des relations qui existaient entre les piétons à l’époque où les voitures étaient visiblement moins nombreuses, des relations désormais disparues…De nos jours, le piéton a du mal à traverser la ville de l’est à l’ouest. C’est pourquoi nous avons pensé à imaginer un itinéraire piéton reliant les parcs Gradina Icoanei et Cismigiu, deux endroits chers aux Bucarestois. Cet itinéraire qui longe des bâtiments importants tels l’Athénée roumain et le Musée national d’art pourrait mettre en valeur d’autres monuments de la capitale roumaine. »



    C’est pourquoi trois jours durant, en plein été, les voitures ne roulent plus dans la rue Arthur Verona, qui est occupée par une sorte de foire ou de marché où les Bucarestois se rencontrent et se redécouvrent. «Street Delivery » est également un projet culturel. Serban Sturdza : Les gens sont invités à développer et à proposer différents projets. Cette année, les enfants ont également été impliqués dans des projets urbains. L’éducation, la semaine de l’enseignement alternatif connue comme la semaine de « l’école autrement » est aussi présente. Cette année, de jeunes architectes passionnés de leur profession ont rencontré des enfants pour réaliser ensemble des maquettes et des jeux. C’était un des points forts de l’édition de cette année. »



    Conçu à Bucarest, « Street Delivery » a déjà été exporté à Iasi et à Timisoara. Il est porté par des gens qui selon Nicoleta Chirita de l’ONG CERE, « consacrent une partie du temps réservé à la famille et au loisirs à des projets censés impliquer les gens dans la vie de leur communauté. » (trad. Alex Diaconescu)

  • Collecte de fonds en ligne: la plate-forme Galantom (Galant homme)

    Collecte de fonds en ligne: la plate-forme Galantom (Galant homme)

    Galantom.ro est une plate-forme créée pour collecter des fonds en ligne, destinée aux ONGs et aux projets susceptibles d’apporter un changement dans la société roumaine. Lancée l’année dernière, la plate-forme s’adressait initialement au domaine sportif : les participants aux événements sportifs collectaient des fonds pour une noble cause. Chaque participant aux événements sportifs peut avoir sa propre page personnalisée, où il ou elle peut présenter la cause défendue, les événements auxquels il ou elle participe et pourquoi. La page contient également un formulaire en ligne, à l’intention de ceux qui souhaitent faire des dons ; la personne qui recueille des fonds devient une sorte d’ambassadeur de la cause qu’il défend.



    Ce système de collecte de fonds n’est pas nouveau. Pourtant, les initiateurs du projet « Galantom » — parmi lesquels figure notre invité, Gabriel Solomon — y ont apporté des améliorations : « Nous avons rendu la plate-forme plus efficace. Avant, si on voulait collecter des fonds pour une cause, on pouvait procéder de plusieurs manières : soit ramasser soi-même de l’argent liquide, ce qui posait un problème de confiance, car les gens qui ne vous connaissaient pas hésitaient à donner de l’argent en espèces. Ils ne pouvaient pas savoir si l’argent arriverait pour sûr dans les caisses de l’organisation ou si vous perceviez une commission etc.


    On pouvait également dire aux gens : «Voilà, je vous donne le compte en banque où vous pouvez verser l’argent que vous souhaitez offrir » ; le problème c’est que, même si l’on arrivait à toucher le cœur de la personne, qui, sous l’impression de vos paroles, était prête à verser un somme d’argent, avant d’arriver à la maison, elle pouvait oublier ses bonnes intentions ou bien elle n’avait pas noté correctement le numéro du compte en banque et vous, en tant que personne chargée de la collecte de fonds, vous ne saviez pas combien d’argent a pu être recueilli grâce à vos efforts. »



    Grâce à la nouvelle plateforme, celui qui fait la collecte peut voir tout de suite combien des personnes contactées ont effectivement versé de l’argent et il peut aussi recevoir des messages d’encouragement — ajoutait Gabriel Solomon. Il nous explique pourquoi la plateforme s’appelle «Galantom» (Galant homme) : « Ce terme décrit exactement ce que nous voulons faire, à savoir former une communauté de « gens de cœur ». Des gens qui, en voyant une chose à remédier, ne disent pas : « C’est à l’Etat ou à une ONG, de toute façon à quelqu’un d’autre de le faire ». Ils voient une chose, ils pensent que cette chose-là n’est pas parfaite et se disent : « Qu’est-ce que je pourrais faire pour la changer ? » Et ils peuvent alors chercher une ONG, offrir de l’argent ou faire un travail bénévole pour l’ONG en question.


    Ce que nous souhaitons, c’est de former, graduellement, de tels gens, pour qu’ils deviennent des « galants hommes », des hommes de cœur, c’est-à-dire des personnes prêtes à aller plus loin, à devenir les ambassadeurs d’une cause, de la promouvoir, de prouver que cette cause est importante, de faire savoir pourquoi on doit changer les choses et de quelle façon. »



    Et ceux qui souhaitent aider sont plus nombreux qu’on ne le croirait. L’expérience « Galantom » le prouve, seulement, en général, les personnes qui s’impliquent n’aiment pas se faire remarquer et ne veulent pas que l’on parle d’elles. Sur la plateforme « Galantom » se retrouvent toutes les causes qui ont trouvé leurs défenseurs, au fil du temps. Gabriel Solomon nous parle des projets en déroulement : « Actuellement nous nous proposons de modifier un peu la plate-forme, orientée jusqu’ici vers les événements sportifs, pour en faire une, plus générale. Et dans ce but, nous avons ajouté toute sorte d’autres événements qui se prêtent à une collecte de fonds. Nous avons créé, par exemple, un événement qui s’appelle « Offre ton anniversaire en cadeau ». Ceux qui participent à ce projet, au lieu de recevoir, pour leur anniversaire, les petits cadeaux habituels de la part de leur entourage, choisissent de donner la contre-valeur des cadeaux respectifs, au bénéfice de la cause qu’ils choisissent de défendre. Ce projet a été un grand succès, nous avons même enregistré des cas intéressants, car les gens qui commencent à collecter des fonds, quand ils voient la somme collectée, ne se rendent pas compte combien elle peut être utile. Ils se disent : Bon, j’ai ramassée 1000 lei (200 euros, disons). Quel changement peut apporter une telle somme ?


    Eh bien, nous avons eu de belles expériences, avec des personnes qui ont collecté 1000 lei. Il y a eu, par exemple, le cas d’un enfant provenant d’une famille pauvre, touché par une déficience auditive et dont l’appareil auditif s’était cassé. Or, pour s’en acheter un autre, il lui fallait un peu plus de mille lei. Voilà donc l’utilité de cette collecte de 200 euros seulement, grâce à laquelle l’appareil a pu être remplacé. C’était un montant plutôt modeste, mais son impact sur la vie de cet enfant a été extrêmement grand. Or, il s’agit justement de l’impact de ces sommes, qui, additionnées, peuvent changer le monde autour de nous. »



    « La leçon » de Galantom, tout le monde peut l’apprendre — estime notre interlocuteur. Et il donne l’exemple d’un enfant qui a dépassé toutes les attentes lorsqu’il s’est décidé de collecter des fonds pour une cause.



    Parmi les projets proposés par la plate-forme, il y a également celui intitulé « Fais don de ton talent » ; un autre vous incite à renoncer à la cigarette si vos amis vous soutiennent en donnant de l’argent pour une cause que vous avez choisi de défendre. Il y a, enfin, le projet « De l’homme au Galant Homme », qui se propose de déterminer une prise de conscience, amener les gens à comprendre qu’ils peuvent passer de la constatation à l’implication, qu’ils ne doivent pas se contenter de remarquer un problème, mais d’essayer de le résoudre, comprendre que nous pouvons faire changer la communauté où nous vivons et que c’est là notre mission. (trad.: Dominique)

  • L’esprit civique dans les quartiers bucarestois

    L’esprit civique dans les quartiers bucarestois

    Parmi les bâtiments de 4, 8 ou 10 étages, ont fait leur apparition des écoles, des maternelles, des dispensaires et même une salle de cinéma, ouverte dans un ensemble de constructions où se trouvaient aussi une pâtisserie, un magasin dit « universel » où l’on vendait des produits en tout genre, un atelier photo et un salon de coiffure pour hommes.



    Au beau milieu de ce périmètre se trouvait un petit marché et une petite esplanade qui servait de lieu de rendez-vous et de rencontres pour les jeunes — et les moins jeunes. Le quartier s’est ainsi doté d’un centre, autour duquel les gens pouvaient jeter les bases d’une communauté. Pourtant, depuis 17 ans, le cinoche « Favorit » reste fermé et la zone commerciale a été entièrement changée — au grand regret de nombreux habitants de la zone, qui se sont d’ailleurs réunis pour constituer un comité d’initiative. Dans quel but? Une de ses membres, Marilena Trică, explique. « L’initiative « Favorit » est un groupe d’amis, de voisins et de citoyens qui souhaitent la même chose : faire revivre le cinéma « Favorit » et la zone qui s’étend tout autour. Nous avons créé ce groupe en mai 2010, avec le concours du Centre de ressources pour la participation publique. A ce moment-là, les représentants du Centre sont allés frapper aux portes de 120 appartements pour inviter leurs habitants à un débat sur les problèmes auxquels ils sont confrontés. La mobilisation a dépassé les attentes : la moitié des familles invitées ont répondu à l’appel. Les participants ont été priés de noter sur un bout de papier les changements qu’ils souhaitaient pour la zone où ils habitaient. En centralisant les réponses, on a constaté, avec surprise, que les gens souhaitaient, presque tous, une nouvelle vie pour a salle de cinéma « Favorit ». C’est ainsi qu’est né le groupe d’initiative. Il compte une dizaine de membres actifs, qui se réunissent régulièrement, et 300 membres au total.



    Ce que ces personnes souhaitent, ce n’est pas tout simplement de réouverture de la salle, mais que tout l’ensemble devienne un centre culturel où l’on organise des spectacles de théâtre et des concerts, où les retraités puissent socialiser et les jeunes trouver un loisir, où les enfants puissent participer à des ateliers, à des cours ou à des activités éducatives, bref, qu’il redevienne « le cœur d’une communauté », comme l’appelle le sociologue Mircea Kivu. « Les quartiers d’une ville n’ont pas uniquement besoin de services communaux. De ce point de vue-là, le quartier Drumul Taberei ne manque de rien, il dispose de salles de cinéma dans ses galeries commerciales et d’espaces commerciaux à profusion. Pourtant, les quartiers ont aussi besoin de ce que j’appellerais « des repères symboliques », c’est-à-dire d’endroits où les gens puissent se rencontrer, où ils puissent avoir une vie communautaire. Il est donc nécessaire que ces quartiers se développent en tant que communautés et non pas comme simples « agglomérations humaines », si je puis dire. »



    Le régime communiste a détruit l’esprit associatif, ça c’est vrai. Et pourtant, depuis quelque temps, dans différents quartiers ou dans différentes villes, de petits groupes commencent à se constituer et à agir comme une communauté. Le quartier « Drumul Taberei » compte même plusieurs groupes d’initiatives — le groupe « Callatis Drumul Taberei » et l’initiative Tudor Vladimirescu.



    Dans un autre quartier de la capitale a été créé le groupe « Lacul Tei ». Lorsque le gens sentent appartenir à une communauté, l’esprit civique commence à s’éveiller. Le sociologue Mircea Kivu connaît des initiatives similaires dans d’autres villes du pays. « En effet, à Iaşi, dans l’est de la Roumanie, s’est récemment constituée l’initiative de ceux qui s’opposent à la décision d’abattre les tilleuls du centre ville. Une autre belle initiative à mentionner est celle de la ville d’Oradea, dans le nord-ouest du pays. Il s’agit d’un groupe qui s’est constitué pour faire reconstruire un passage commercial et le transformer en centre communautaire. On voit surgir un peu partout des actions de ce genre, les gens commencent à s’organiser eux-mêmes. En l’absence de telles initiatives, les autorités ne feront qu’à leur tête. »



    Pour en revenir au groupe d’initiative « Favorit », ce qu’il a obtenu des autorités, c’est à Marilena Trică de nous l’expliquer. « Nous avons rédigé et déposé un tas de pétitions, nous sommes intervenus lors des réunions du conseil local de la mairie de l’arrondissement, nous avons diffusé des communiqués de presse. Nous nous sommes même disputés avec les responsables. Et voici ce que nous avons obtenu : en 2011, les fonds destinés au projet « Favorit » ont été approuvés et l’étude de faisabilité a été réalisée. En 2012 nous avons obtenu des fonds du budget local et réalisé le projet technique. En 2013, à notre grande joie, nous nous sommes vu allouer 2,6 millions d’euros pour la mise en œuvre du projet. Malheureusement, les travaux n’ont pas encore commencé, car le bâtiment qui abrite le cinéma n’appartient pas à la mairie, mais au ministère de la Culture, par le biais de la Régie autonome de distribution et d’exploitation des films România Film. Nous nous battons donc pour que la mairie du 6e arrondissement de la capitale entre en possession de ce bâtiment et puisse réaliser l’investissement. Aussi, poursuivons-nous la série des pétitions. »



    Pour l’instant, le projet est donc bloqué, à cause de la bureaucratie, entre la Régie autonome de distribution et d’exploitation des films România Film, qui a abandonné le bâtiment abritant la salle de cinéma, et la mairie du 6e arrondissement, qui ne peut pas en devenir propriétaire.



    Cependant, Marilena Trică et les autres membres du groupe d’initiative envoient aux autorités des cartes postales où ils expriment leurs requêtes — d’une façon plutôt inhabituelle. « En voici un exemple : une carte postale envoyée au ministère de la Culture, porte le texte suivant : « Messieurs, je suis citoyen américain résidant au quartier Drumul Taberei depuis 20 ans. J’aime notre quartier, mais il y a là une triste ruine : le cinéma « Favorit » et nous souhaitons qu’il soit transformé en centre commercial. Je ne comprend pas à 100% le problème, mais je pense que le ministère peut aider ce groupe. » Et puis, nous avons adressé une demande à la mairie du 6e arrondissement dans les termes suivants : «Nous ne voulons pas de petites fleurs et de nouvelles bordures de trottoir dans le 6e arrondissement. Nous voulons de l’argent, de la bonne volonté et de l’éducation pour le cinéma « Favorit ».



    Pour prouver que les actions civiques portent leurs fruits, le 26 septembre, à l’occasion des « Journées du Quartier », les membres du groupe d’initiative ont réussi à convaincre les autorités à ouvrir les portes du cinéma «Favorit». Deux courts métrages ont été présentés dans le hall du bâtiment et le grand nombre de spectateurs les ont fait espérer qu’ensemble, ils finiront par atteindre leur but.


    (Aut.: Christine Leşcu ; Trad. : Dominique)

  • La Roumanie et la situation en Ukraine

    La Roumanie et la situation en Ukraine

    La communauté roumaine d’Ukraine compte près d’un demi-million de personnes. Elle est concentrée notamment dans l’ouest du pays, plus précisément dans les territoires qui sont revenus à l’Ukraine en 1991, en tant qu’Etat successeur de l’ancienne Union Soviétique, qui les avait annexés en 1940.



    C’est à l’intention de cette troisième grande communauté d’Ukraine, après celle des Ukrainiens et des Russes que l’on envisage de rouvrir, en septembre, le point de passage de Vicov, fermé depuis 2010. Cela profitera aux ethniques roumains du pays voisin, car le trajet reliant la capitale Cernăuţi (Tchernovtsy) à la localité roumaine de Putna sera raccourci d’une centaine de km.



    En plus des belles paroles, il faut aussi de petites choses concrètes et importantes, affirmait le premier ministre de la Roumanie Victor Ponta. Se référant à la situation en Ukraine, il a réaffirmé lundi que Bucarest soutient parfaitement et inconditionnellement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Etat voisin.



    Victor Ponta a également rappelé que la Roumanie avait soutenu toutes les décisions relatives aux sanctions économiques infligées à la Russie: « La seule chose importante c’est que la position de la Roumanie, tout comme celles de l’UE et des Etats-Unis, est très claire et concerne sans équivoque l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine. Selon la Roumanie, l’objectif fondamental sur le court terme est celui de faire arrêter immédiatement l’appui que la Fédération de Russie prête aux séparatistes de l’est de l’Ukraine. »



    Bucarest n’agrée pas l’hypothèse lancée à Moscou d’une éventuelle fédéralisation de l’Ukraine. Voici ce que déclarait à ce sujet le chef de la diplomatie roumaine, Titus Corlăţean: « On peut envisager une décentralisation accrue, donc des compétences supplémentaires accordées aux pouvoirs locaux et régionaux, mais cela est l’attribut des forces politiques internes de l’Ukraine. Nous ne pensons pas que les suggestions ou les demandes venant de l’extérieur puissent aider ce processus politique. Bien au contraire. Ce processus relève de la souveraineté intérieure du pays. »



    Bucarest réitère également le fait qu’une véritable relance du processus politique à l’intérieur de l’Ukraine n’est possible que si Moscou cesse de soutenir politiquement et militairement les séparatistes russophones.



    Ces dernières semaines, l’armée ukrainienne a fait des progrès significatifs dans les combats contre les rebelles. Ces derniers ont à leur tour affirmé avoir lancé leurs forces dans une grande contre-offensive. Washington a lui dénoncé l’intensification de l’ingérence militaire russe. Comme une partie des députés soutiennent plus ou moins ouvertement la rébellion séparatiste, le président ukrainien, Petro Porochenko, a dissous le Parlement de Kiev et convoqué des élections anticipées pour le 26 octobre. Il espère que d’ici là la situation deviendra suffisamment stable pour que ce scrutin puisse légitimer les politiques pro-européennes et la campagne contre les séparatistes. Les quatre mois de conflit ont fait plus de 2.200 tués, des milliers de blessés et plusieurs centaines de milliers de déplacés. (trad.: Mariana Tudose)

  • La rue arménienne 2014

    La rue arménienne 2014

    Lors du premier week-end du mois d’août, la communauté arménienne de Bucarest s’est regroupée rue Armeneasca, une rue perpendiculaire au boulevard Carol dans le centre de la ville, où s’est déroulé pendant trois jours un festival dédié à la culture arménienne. Revenons sur l’ambiance de ce festival où se sont rendus de très nombreux visiteurs. (Manon Bodel)