Tag: danse

  • La danse du village

    La danse du village

    Aujourd’hui nous plongeons dans le monde rural roumain, une immersion totale proposée par l’artiste français Frédéric Xavier Liver qui a effectué une résidence artistique dans le petit village de Schela, au département de Gorj (sud-ouest). Situé à une vingtaine de km de la fameuse ville de Târgu Jiu, la petite communauté du village de Schela survit encore, même après la fermeture de sa principale source de revenu : la mine de Schela, il y a 30 ans. C’est sur la vie des villageois rencontrés au cours de sa résidence artistique que Frédéric Xavier Liver a ciblé son court-métrage intitulé « La danse du village ».

     

    Avant de donner la parole à l’artiste pour en savoir davantage sur son projet, il faut dire que sa présence sur la scène artistique roumaine n’est pas un hasard. En fait, ces 10 dernières années, il a participé à diverses actions et événements à Bucarest. Pour cette collaboration avec l’espace d’expositions du Musée national du paysan roumain – MNTRplusC – il s’est embarqué dans un voyage censé jeter un éclairage sur les relations entre la scène artistique et le ruralisme, une discussion largement ouverte notamment après la pandémie. Et pour cause : l’issue de la pandémie de Covid a suscité un profond changement mental dans le monde entier. Certains artistes se sont installés à la campagne (comme Frédéric) et les résidences dans les zones rurales ont fleuri. Parmi elles – la résidence artistique de Schela, en 2023, dont le résultat est le film de Frédéric Xavier Liver que nous découvrons aujourd’hui. Sa première a eu lieu le 18 mai, en tant que première étape de la série personnelle de l’artiste intitulée “It Could Have Been…. Gold”.

     

    “Tel un journal intime, le film montre la vie du village, ses habitants et le travail qu’ils accomplissent jour après jour”.

     

     

    Frédéric Xavier Liver est au micro d’Eugen Cojocariu pour RRI.

     

     

     

     

     

  • L’âge, le corps et la danse en perspective

    L’âge, le corps et la danse en perspective

    Une résidence artistique pour les danseurs

     

    L’Association Developing Art présente cette année la deuxième résidence artistique au sein du projet « All Sorts of Care », intitulée « L’engourdissement de tes pieds et la beauté de tes mains » – perspectives sur l’âge, le corps et la danse, résidence soutenue par la chorégraphe Andreea Novac. Elle se déroule dans la ville de Cluj-Napoca (nord-ouest de la Roumanie).

     

    La chorégraphe, interprète et co-fondatrice de Developing Art, Andreea Novac nous explique le projet :

    «  « L’engourdissement de tes pieds et la beauté de tes mains » poursuit une recherche que j’ai commencée l’année dernière, que j’imagine se dérouler sur une longue période et s’intéresser à la relation entre le corps, l’âge et le mouvement. J’ai traversé encore deux étapes avant la résidence dans laquelle je suis actuellement. Maintenant, lors de la troisième résidence à Cluj, j’explorerai mon positionnement personnel sur le sujet. « All Sorts of Care » est un projet conçu comme la continuation des efforts de Developing Art pour parler des sujets qui nous intéressent, qui nous affectent, qui ont un potentiel réflexif, régénérateur ou critique. Il s’agit d’un projet construit à partir de trois résidences artistiques indépendantes, dans lesquelles trois artistes –Irina Marinescu, Alina Ușurelu et moi-même – accompagnées par trois chercheurs spécialisés en psychologie, gérontologie et ingénierie forestière, parlent du rire, de l’âge et de la nature. Ces thèmes sont vus ou médiatisés à travers le corps et le mouvement. »

     

    Les résidences ont lieu en juin à Timișoara, Cluj et Socolari. En septembre prochain les artistes se réuniront à Bucarest, dans le cadre d’un événement plus ample et plus approfondi, où ils présenteront les résultats des trois recherches.

     

    L’âge, le corps et la danse en perspective

     

    La chorégraphe Andreea Novac nous explique comment elle définie la relation corps-âge-danse :

    « Le rapport entre le corps, l’âge et le mouvement n’a pas toujours été important pour moi. Et pourtant cela m’intéresse maintenant, vers l’âge de 40 ans, lorsque les premiers signes d’usure sont apparus sur le corps, et par conséquent j’ai commencé à réfléchir sur mon avenir professionnel. A mon avis, ce sont des thèmes complexes, qui n’apportent pas toujours du bien et du réconfort. Cela a des conséquences multiples et très différentes, qui, à mon avis, méritent et exigent une compréhension tout aussi complexe. »

     

    Un endroit où les artistes puissent se réunir, échanger et créer

     

    Qu’est-ce qu’une résidence d’artiste ? Andréa Novac explique :

    « Une résidence artistique, expliquée d’une manière très schématique, représente le temps, l’espace et les ressources offerts à un artiste ou à des collectifs artistiques pour travailler à un projet. Cela peut être une recherche théorique ou artistique, une performance, un spectacle, un matériau écrit, une discussion, une présentation. En fait, il y a toute une série de formats de résidences artistiques et de multiples formes sous lesquelles les résultats de ces résidences peuvent être présentés au public. »

     

    Finalement, la chorégraphe Andreea Novac nous a fait par de son crédo :

    « Voilà ma pensée personnelle : plus je reste dans la recherche, plus elle se révèle à moi riche, sensible et très, très nécessaire. »

    (trad. Andra Juganaru)

  • Le Jardin de l’art

    Le Jardin de l’art

    Cette oasis de verdure, située dans le quartier de Cotroceni de la capitale, couvre une superficie de 18,2 hectares et compte plus de 10 000 espèces de plantes. Le Jardin botanique « Dimitrie Brândză », daprès le nom de son fondateur, est organisé en secteurs extérieurs spécifiques, tels que: décoratif, plantes rares, flore de la Dobroudja, rosarium iridarium, taxonomie, flore asiatique, plantes utiles et secteurs intérieurs, tels que : serres, herbier, bibliothèque ou encore centre déducation écologique. Ces dernières années, de nouveaux secteurs ont été développés : le Jardin de grand-mère – un jardin paysan traditionnel, un Jardin des enfants, et leJardin avec des livres. Les collections de plantes vivantes du Jardin botanique « D. Brandză » comptent environ 3 000 taxons, tandis que lHerbier général comprend plus de 300 000 spécimens. En outre, dans le Musée botanique on retrouve différentes collections : plus de 1 500 aquarelles représentant des plantes spontanées et cultivées en Roumanie, des produits végétaux et des objets faits de plantes, des collections de graines et de fruits, des collections de champignons, des expositions à valeur historique et des dioramas.


    Et de mai jusquà lautomne, le Jardin botanique attend ses visiteurs pour profiter de la musique, de la poésie, de la danse et aussi de produits traditionnels.


    Suzana Roşca, responsable de la marque Weekend Sessions, nous a parlé de cette deuxième édition : « Cest la deuxième année, nous avons commencé lannée dernière avec une série de pique-niques culturels, dans lesquels nous avons essayé de restaurer les liens entre les gens et surtout les liens avec la nature, car nous sommes dans le Jardin botanique de lUniversité de Bucarest. Et chaque fin de semaine de cette année, pendant 15 week-ends, à compter du 7 mai, nous serons pendant quatre heures avec des artistes indépendants, des entrepreneurs locaux et de nombreux visiteurs, nous lespérons ! »



    Suzana Roşca, responsable de la marque Weekend Sessions, nous a expliqué doù venait lidée du projet :


    « Lévénement est né du besoin de revoir nos amis dans un cadre aéré et dans une atmosphère détendue et de vacances. Et nous avons maintenant apporté plus dactivités pour le bien-être de lâme et de lesprit. Nous aurons une série dateliers, des sections de yoga et de danse, et la tente thérapeutique, où les gens pourront venir parler aux thérapeutes. Et comme cest un festival très familial, nous aurons également des ateliers pour les enfants ainsi quune clairière qui leur sera dédiée, où ils pourront jouer librement. »



    Nous avons demandé à notre interlocutrice quels étaient les retours après les sessions de lannée dernière :


    « Les retours ont été très bons, les gens ont été heureux de découvrir le Jardin botanique, ils ont apprécié les pique-niques détendus avec la famille et les amis et des sections de musique classique, jazz, indie ou pop-rock, qui ont pu être écoutées les pieds dans lherbe. Cest comme une oasis dans le centre dune ville bondée, où nous allons pour la fraîcheur des arbres, nous apprécions la bonne nourriture, la bonne musique, à un volume décent, où nous avons des conversations et nous sommes ensemble avec dautres personnes. »



    Nous avons découvert que tous les week-ends, les samedis et dimanches, de 16h00 à 21h00, nous pouvons nous rendre au Jardin botanique, avec des billets achetés sur le site Internet de weekendsessions.ro. Quest-ce que les visiteurs peuvent faire?

    Suzana Roşca : « Ils peuvent sasseoir dans un coin pour profiter de la musique, ils peuvent participer à un atelier de yoga ou à la section de thérapie. Cette année, sur les 30 jours du festival, nous attendons environ 30 000 participants. Cest le double par rapport à lannée dernière, cette année il ny a plus de restrictions, mais le nombre est limité par la superficie de plus de 6 000 mètres carrés. Nous aimerions que les gens ne soient pas à létroit. Les visiteurs sont invités à venir découvrir les petits producteurs locaux, des entrepreneurs qui prennent grand soin des produits quils proposent, et qui sont dune qualité exceptionnelle. Et nous souhaitons quils goûtent les produits et apprennent à connaître ces petits producteurs qui ne peuvent pas se rendre dans les grands magasins. Et nous voulons les promouvoir, et le pique-nique est fourni par eux. Les visiteurs sont invités à apporter des couvertures, des coussins, des chaises longues, tout ce sur quoi ils veulent sasseoir et profiter de ce qui se passe. Nous allons avoir un peu de cinéma : « Sessions de week-end sous les arbres », il y aura une sélection de nos invités spéciaux, de lInstitut Français, et nous allons avoir des documentaires, des films comiques pour tous les âges, prêts à être appréciés sur la pelouse du Jardin botanique. »



    Les événements sont gratuits, les visiteurs ne devant payer que les frais daccès au Jardin botanique. Ainsi, les enfants de moins de 12 ans ont une entrée gratuite, et le billet pour les adultes est de 10 lei (environ 2 euros) et 5 lei pour les étudiants. Les détails sur les artistes et les invités spéciaux sont à retrouver sur le site www.weekendsessions.ro, et après avoir réservé vos sièges en ligne, vous recevrez une confirmation basée sur les sièges disponibles au moment où vous soumettez votre demande.


    Voici une façon de profiter dune atmosphère de vacances avant même quelles ne commencent !


    (Trad. : Ligia)

  • La rétrospective des projets artistiques les plus inédits de 2021

    La rétrospective des projets artistiques les plus inédits de 2021



    Lart doit être accessible à tous. Ce nest pas un domaine réservé à une certaine catégorie privilégiée, tout au contraire: son but est doffrir des expériences enrichissantes à tout un chacun. Voilà pourquoi de temps en temps, il faut que lart sorte des salles des musées pour conquérir des espaces moins conventionnels. Cest de telles manifestations artistiques que nous allons parler dans les minutes su ivantes, en vous invitant à remémorer ensemble les expériences artistiques les plus inédites que RRI vous a proposées dans le courant de lannée dernière. Et nous allons commencer par vous rappeler le travail surprenant dAdrian Ionuţ Luţă, professeur déducation plastique au Palais des enfants de Râmnicu Vâlcea qui a peint sur les 58 panneaux vitrés installés sur le pont enjambant la rivière Olăneşti, des bâtiments historiques et des monuments dont certains nexistent plus de nos jours. Un travail digne du Livre des Records.


    Lart nous inspire et souvent, il nous amuse. Il suffit de repenser au projet “Museum Quest”, qui a permis à son initiatrice, Catalina Stanciu, de mélanger ladrénaline dun jeu dévasion à la joie dune chasse aux indices culturels.


    Et puis, ce fut toujours dans le courant de lannée dernière quune petite équipe de quatre jeunes a lancé une plateforme en ligne censée permettre aux curieux de visiter virtuellement les musées des villages roumains. Aux 28 musées actuellement disponibles dautres sajouteront bientôt. Ionuţ Toderaşcu, – éditeur visuel et photographe documentariste, affirmait: « A compter du 1er décembre dernier, le public est invité à explorer une nouvelle plateforme Muzeedelasat, consacrée aux musées ruraux. On a commencé par répertorier les musées des 8 départements de la région de Moldavie roumaine, et les deux ou trois prochaines années, on espère pouvoir parcourir tout le pays afin de faire une radiographie complète des musées existants dans nos villages. La plateforme propose donc des tours virtuels, des photographies que nous avons réalisés et des informations recueillies sur place. »


    La plateforme www.muzeedelasat.ro est disponible en roumain et en anglais. Derrière ce projet on retrouve Cosmin Murărașu – chef de projet et technicien flux numérique 3 D, Ionuț Toderașcu – éditeur visuel et photographe documentariste, Nicoleta Felea – rédactrice publicitaire, chargée de la promotion, et Silvia-Alexandra Nistor, traductrice.


    Le Musée National dArt Contemporain de Bucarest ne cesse pas de nous surprendre. Après des expositions non conventionnels, des collections renouvelées tous les six mois ou des installations géantes qui surprennent les visiteurs dès lentrée, voilà que linstitution a du se réinventer pour survivre à la pandémie. Du coup, il a mis en place une série de projets censés attirer le jeune public vers le musée. Cest comme cela que des ateliers sur différents thèmes tels “Lart contemporain depuis le plancton au voyage intergalactique” censé expliquer aux petits les collections permanentes, “Regard sur lHistoire de 1947 à 2007” sur lart contemporain en général, “Une nuit au musée” sur la signification des oeuvres des collections permanente ou encore “LArt par correspondance” qui rapproche le public jeune de celui âgé ont été mis en place. Astrid Bogdan, bibliothécaire au Musée national dart contemporain nous explique les débuts du projet « Weekends au MNAC – Soirées de lecture pour les petits ». « A la fin de lannée dernière, mes collègues et moi avons lancé « Les soirées de lecture au MNAC ». Pratiquement, nous avons rendez-vous, petits et grands, chaque vendredi à 19 h pour lire des histoires de la bibliothèque du Musée. Petit à petit, nous essayons dintroduire dans ces sessions, conçues autour de la lecture, des interventions visuelles dillustrateurs de livres ou des interventions musicales. Nous souhaitons enrichir le texte avec des images et des sons. Il ny a pas de limite dâge pour participer aux ateliers, que nous voulons les plus ouverts qui soit. Nous souhaitons, dans le même temps, continuer la tradition des histoires racontées devant la cheminée, alors la participation est gratuite. Et, avantage dun événement virtuel, nous accueillons des participants de Roumanie et de létranger aussi. »


    Si la pandémie nous a éloignés des salles de spectacle, la danse, elle, est arrivée plus proche des gens grâce au projet “Private Body”, déroulé parallèlement à Bucarest, Cluj et Brasov, avec la participation des artistes Anamaria Guguianu, Oana Mureşanu, Cristina Lilienfeld et Cosmin Manolescu. Celui-ci expliquait: « Tout dabord, je pense que lexpérience de danser dans la ville, dans les parcs, dans les rues, dadresser la danse à des gens qui ne sont pas nécessairement des spectateurs courants de la danse contemporaine est quelque chose de très libérateur et de très fort. Cest extraordinaire quand quelquun vous sourit ou quand vous voyez que votre danse suscite une émotion pure et simple. Cest pratiquement une pause dans le temps, pendant laquelle vous pouvez profiter du moment présent. Jaime minspirer de la ville dans mes projets, de toute façon cela fait un moment que je nai plus dansé dans des salles de spectacles. Il me semble que la ville, avec ses rues, ses appartements, avec tout ce quelle est, avec larchitecture de lespace, offre beaucoup pour la danse et pour moi en tant quartiste.”


    Restez à lécoute de nos programmes pour dautres passages en revue des principaux projets ayant marqué lannée 2021. (Trad. Ioana Stancescu)



  • L’histoire à travers la danse

    L’histoire à travers la danse

    Sur l’ensemble des édifices historiques de Bucarest, il y en a dont l’histoire reste méconnue. Mais, quand un édifice ayant joué un rôle militaire est transformé des siècles plus tard en un espace culturel, après avoir servi de centre de détention provisoire, il devient impérieux d’apprendre davantage sur lui. Voilà pourquoi on a décidé de vous inviter à découvrir les ateliers Malmaison, abrités par l’édifice homonyme au numéro 137, avenue Plevnei, au centre de Bucarest. Caserne militaire dans un premier temps, cet édifice s’est transformé récemment en un espace consacré à l’art contemporain. Voilà comment s’explique la présence à Malmaison de l’installation performative L’isolement à travers une série d’états contraignants”, coproduite par Alex Radu, fondateur de l’espace d’art contemporain, SAC.



    « Depuis deux ans déjà, j’étais en dialogue avec Simona Deaconescu, au sujet de la possibilité de réaliser ensemble une installation performative. L’année dernière, il était question de mettre en place une lecture- performative, ou encore de différentes performances autour du corps. Mais, cette année, une fois les ateliers Malmaison rouverts et une fois mis en place l’espace d’art contemporain SAC, l’histoire de cet édifice est devenue tout d’un coup, très importante. Et ce fut Simona qui a mis sur la table le thème de l’isolement et surtout du corps contraint à s’isoler, que ça soit pour des raisons historiques, puisque l’édifice a fonctionné d’abord comme prison ou pandémiques. A la base, notre idée fut de créer une installation performative ancrée dans l’histoire des lieux. On parle d’un édifice construit pendant la Seconde Guerre Mondiale pour servir de centre d’enquête et de détention d’abord, pour les espions russes et anglais présumés et ensuite pour les soi-disant « ennemis du peuple » de la période communiste. On parle de Coposu, de Iuliu Maniu, leader d’un parti opposé au communisme, ainsi de suite.



    Fondé en 1847 par Gheorghe Bibescu, le bâtiment, sur étagé suite à un incendie était connu à l’époque comme la Caserne Saint Georges, d’après le nom de l’église qui se dressait juste en face. Finalement, ce fut le prince régnant Alexandru Ioan Cuza qui a changé son nom en Malmaison, d’après un des domaines préférés de l’empereur Napoléon.



    « On a à faire à la première caserne militaire pour la chevalerie de Bucarest que le prince Alexandru Ioan Cuza a rebaptisée Malmaison, en l’honneur de Napoléon III. Celui-ci détenait un domaine du même nom en France et comme à l’époque c’était la France qui exportait tout le savoir-faire militaire, Ioan Cuza a opté pour ce nom. Après la caserne, l’édifice a abrité une école militaire, ensuite un tribunal militaire avant de se transformer en centre de détention provisoire. »



    Prison communiste dans les années 50, Malmaison a gardé entre ses murs les secrets des enquêtes impitoyables dont sont tombés victimes ceux ayant osé à s’opposer au régime en place à l’époque. L’idée de tous ces corps isolés dans leurs cellules a inspiré à un groupe d’artistes l’idée d’une installation performative, intitulée


    « L’isolement à travers une série d’états contraignants ». Alex Radu :




    Toute une équipe pluridisciplinaire a œuvré pour la mise en place de cette installation. La chorégraphe, Simona Deaconescu, le compositeur Vlaicu Golcea les architectes Justin Baroncea et Maria Ghement, le plasticien Ramon Sadîc, cinq danseurs. S’y ajoute un historien qui a fait un travail de recherche remarquable, en fouillant dans les archives pour trouver des témoignages des ceux condamnés à l’isolement au long des années, des documents qu’on utilise dans notre spectacle. Et puis, un anthropologue.



    Pour la réalisation de cette installation performative, il a fallu aller plus loin dans l’histoire du bâtiment, jusqu’en 1977 quand l’édifice a accueilli un institut de recherches chimiques. Alex Radu :



    “C’est une performance qui touche profondément le public. Simona et les performeurs arrivent à explorer les mouvements du corps pour en faire des images. La danse se complète par le son et l’installation et la composition de Vlaicu Golcea est plus que musique, les sonorités occupent de l’espace, un espace immersif aussi bien pour les performeurs que pour les visiteurs. Par son intervention directe sur le mur où il dessine en crayon, l’artiste visuel Ramon Sadîc contribue à cette performance, tandis que l’idée des architectes d’écrire les textes des témoignages des prisonniers sur des vestes que l’on porte sur scène plonge les visiteurs en une sorte de réalisme artistique. Il s’agit, comme vous le voyez, d’une création collective. »



    A une époque où la pandémie nous a forcés à nous isoler, le spectateur est d’autant plus ému par cette installation performative visuelle et architecturale, qui met en rapport l’histoire passée à celle présente.


  • Un spectacle chez vous, ça vous dit ?

    Un spectacle chez vous, ça vous dit ?

    Si la pandémie nous fait rester à l’intérieur et peut-être loin des salles de spectacles, il est maintenant possible de profiter d’un projet chorégraphique à part. « Private Bodies », tel est le nom du projet de danse contemporaine qui se déroule à Bucarest, Cluj-Napoca et Braşov, avec la participation des artistes Anamaria Guguianu, Oana Mureşanu, Cristina Lilienfeld et Cosmin Manolescu.


    Cristina Lilienfeld nous a aidés à comprendre de quoi il s’agit :



    « C’est un spectacle un peu plus spécial qui s’appuie beaucoup sur cette relation, appelons-la un peu plus proche, entre l’artiste et le public. L’invitation est venue de Cosmin Manolescu, qui a fait voici 20 ans un spectacle appelé « Private Show », qu’il souhaite transmettre à d’autres d’une certaine manière. A cet effet, il a invité trois artistes, dont moi. Nous avons aussi Anamaria Guguianu, à Braşov, et Oana Mureşanu, à Cluj, et sinon il nous a donné toute la liberté. La seule chose qu’il nous ait dite, c’est qu’il doit se dérouler dans un appartement, avec peu de participants, et qu’il souhaite que ce soit un spectacle interactif. C’étaient les seules indications qu’il nous ait données. Après, chacun de nous a commencé à faire des choses et à aller dans des directions différentes. Bien sûr, je ne peux parler que de ma direction, qui contient effectivement de l’interaction, une interaction assez fine, dans laquelle j’invite mon public à m’accompagner et à faire des choses à mes côtés. Mon concept est allé un peu plus loin, parce que je suis partie de cette idée de ce que privé et public veut dire. J’ai lu un peu, j’ai fait des recherches dans la littérature de spécialité sur ce sujet, et je suis progressivement arrivée à l’idée de limites et ce que sont les limites, où nous plaçons nos limites. Qu’est-ce que cela signifie si vous travaillez avec la limite de votre propre corps, où il s’arrête réellement, s’arrête-t-il à la peau ou plus loin, au muscle ? Et aussi avec la limite émotionnelle. Cela ne veut pas dire que j’essaie de provoquer un passage au-delà de la limite du spectateur, ce n’est pas ce que je fais, mais avec mon propre corps et mon propre émotionnel. J’essaie de me remettre en question et de voir ce que privé veut dire pour moi et ce que je peux rendre visible, pas public, ce que je peux montrer au public. »



    Le chorégraphe Cosmin Manolescu nous en dit plus :



    « Tout d’abord, je pense que l’expérience de danser dans la ville, dans les parcs, dans les rues, d’adresser la danse à des gens qui ne sont pas nécessairement des spectateurs courants de la danse contemporaine est quelque chose de très libérateur et de très fort. C’est extraordinaire quand quelqu’un vous sourit ou quand vous voyez que votre danse suscite une émotion pure et simple. C’est pratiquement une pause dans le temps, pendant laquelle vous pouvez profiter du moment présent. J’aime m’inspirer de la ville dans mes projets, de toute façon cela fait un moment que je n’ai plus dansé dans des salles de spectacles. Il me semble que la ville, avec ses rues, ses appartements, avec tout ce qu’elle est, avec l’architecture de l’espace, offre beaucoup pour la danse et pour moi en tant qu’artiste. En ce moment, nous préparons un projet qui s’appelle « Private Bodies », qui se produira en même temps dans trois villes, Bucarest, Braşov et Cluj Napoca, projet dans lequel nous partons d’une pièce très ancienne, une pièce unique, dans laquelle je dansais pour un seul spectateur. Avec mes collègues féminines, nous ferons un performance pour des spectateurs, mais chez eux, un format adapté aux temps pandémiques que nous vivons. Mais plus que cela, je trouve intéressante cette proximité des artistes, de danser avec les spectateurs. Nous attendons avec intérêt cette première qui aura lieu à la mi-novembre, en même temps dans les trois villes, où nous parlerons un peu de cette aventure du corps et de la danse. »



    Un appel a également été lancé aux spectateurs, car c’est ainsi que seront sélectionnés les hôtes des premiers spectacles de ce type. J’ai demandé à Cristina Lilienfeld quels étaient les prérequis pour les soi-disant « candidats » :



    « Ce n’est pas vraiment une sélection proprement dite, plutôt un appel. Ce qui est important pour nous, c’est d’avoir un espace. Bien sûr, nous avons pensé à un appartement. Nous n’avons pas besoin d’une scène maintenant, mais nous avons besoin d’un minimum d’espace. En outre, chacun de nous a également besoin de certaines choses spécifiques – en fonction de ce que la chorégraphie a conçu. Par exemple, je vais avoir besoin d’un coin de la maison qui puisse être plongé dans les ténèbres. Certains d’entre nous ont besoin d’une fenêtre. Chacun a besoin de certains éléments spécifiques, qui ne tiennent pas tant au spectateur qu’à la maison. On pourrait dire que ce casting est plutôt de maisons que d’hôtes. Sinon, nous sommes ouverts à tout type de public qui souhaite nous accueillir. »



    Toutefois, la nécessité d’un espace permettant le mouvement ne devrait pas non plus vous retenir, si vous êtes tentés de postuler pour inviter les artistes, le spectacle, à la maison, précise Cristina Lilienfeld :



    « Nous avons même pensé à des studios, s’ils sont assez grands, nous n’avons pas besoin d’avoir un palais. N’importe quel type d’espace peut être performatif et nous sommes ouverts à toute offre. C’est pourquoi une courte vidéo de l’espace proposé est également nécessaire pour déterminer si nous pouvons vraiment danser dans cet espace ou pas. Oui, je pense que nous pouvons nous adapter à la plupart des espaces, et nous sommes prêts à nous adapter et à aller de l’avant, au-delà de ce paradigme de la scène classique. »



    Selon le succès qu’ils auront, les artistes réfléchiront à l’opportunité de poursuivre ce genre de spectacles.


    (Trad. : Ligia)

  • Danse contemporaine – Corps. Rêves. Défis.

    Danse contemporaine – Corps. Rêves. Défis.

    Nous sommes dans une salle de danse de Bucarest. Mais ce n’est pas une salle quelconque. Elle est devenue le 46e membre officiel du réseau européen de danse contemporaine appelé European Dancehouse Network. C’est un espace de création, ouvert à tous les amoureux de la danse. C’est un espace de liberté, qui invite les gens à se découvrir eux-mêmes par cet art. Cet espace appelle « Areal » et il appartient à 4 chorégraphes, dont notre invité, Cosmin Manolescu. Il nous fait une brève présentation du concept d’« Areal » : « Areal, c’est un espace de développement chorégraphique, un endroit de la rencontre, du dialogue et de la créativité, où tout tourne autour des rêves et de la danse contemporaine, bien évidemment. C’est un nouvel espace de danse à Bucarest, dirigé par quatre chorégraphes : Cristina Lilenfeld, Alexandra Bălăşoiu, Valentina De Pliante et moi-même. Nos ateliers sont plutôt atypiques. Par exemple, on aura bientôt une escapade de danse contemporaine dans les îles grecques de Gavdos et de Crète, puis, début août, on dansera au bord du lac de Techirghiol, au delta du Danube, et au bord de la mer Noire. »

    Début juin, Cosmin Manolescu a lancé un défi très intéressant aux Bucarestois : un atelier intitulé « Corps. Rêves. Défis. » : « Tout d’abord, les thèmes proposés par les participants sont un véritable défi. Je pense que nous avons besoin de bouger et d’expérimenter les émotions sous différentes formes, de sortir de cet état dans lequel la pandémie nous a fait plonger, un état d’immobilité, de solitude, d’écart par rapport aux gens et aux activités culturelles. Alors, cette rencontre avec les émotions, avec les traumas du corps, doublée par une méthode de travail personnalisée, qui tourne autour du corps émotionnel – tout cela crée des connexions entres les gens, cela ouvre l’âme et le corps. »

    Lors de ces ateliers, les participants ont parlé des traumas et des signes du corps, mais aussi de leurs rêves. Ils ont bougé, les yeux fermés, et ont dansé guidés par leur cœur jusqu’à l’aube, dans les rues de la ville, sous les regards surpris ou indignés des passants. Qui participe à ces ateliers hors du commun ? Qui accepte de relever de tels défis ? Cosmin Manolescu répond : « Ce sont des gens très divers, des journalistes culturels, mes anciens élèves ou bien des gens qui font à peine connaissance avec la danse contemporaine. Cela me plaît beaucoup de voir les gens découvrir un nouvel univers de créativité et de liberté. Bref, ce sont de beaux gens libres qui cherchent à se découvrir eux-mêmes. »

    Mais au fait, c’est quoi la danse contemporaine ? Voici la réponse du chorégraphe Cosmin Manolescu : « On se pose nous aussi la même question. Pour moi, la danse contemporaine est une forme de liberté, de courage. Le courage d’assumer des choses, de se rencontrer soi-même et de découvrir son corps et ses émotions. Le courage d’aller vers les gens et la ville ou bien vers la nature. Ce sont les éléments avec lesquels je travaille en général. Je pense que la danse contemporaine change notre vie d’une manière positive, elle nous rapproche des gens et nous rend meilleurs. »

    Ce n’est pas pour la première fois que le chorégraphe Cosmin Manolescu répond aux questions des journalistes. Mais il existe en fait des questions qu’ils ont oublié de lui poser, mais qui sont très importantes, à son avis : « Par exemple, pourquoi la danse contemporaine ne se développe pas ? Pour des raisons objectives d’une part et subjectives, de l’autre. D’abord, partout, la danse est considérée comme une cendrillon de l’art, bien qu’à mon avis ce soit un art qui développe tant l’âme que l’esprit et le corps. C’est un art complexe, qui se sert du corps avant toute chose. Je crois que si les gens dansaient plus dès leur enfance ou bien s’ils faisaient de la danse au lieu du sport, si la danse était une discipline optionnelle à l’école, ce serait un grand avantage pour nous tous. »

    La plupart des participants à ces ateliers de danse sont des femmes. Quelle est la raison de l’absence de hommes ? Cosmin Manolescu : « C’est ce que je me demande moi aussi très souvent. Je pense que les hommes ne sont pas attirés par cette activité qui à trait à la fragilité, au côté émotionnel. En général, les hommes préfèrent le sport, car c’est le domaine qui leur permet de se perfectionner. C’est aussi une question d’éducation, je pense. Le système éducationnel roumain ne favorise pas l’accès des garçons et des jeunes hommes à cet art. La plupart y arrivent par hasard, poussés par leurs épouses ou leurs petites amies. Ils ne viennent pas à nos ateliers de leur propre initiative. S’il y avait davantage d’éducation en ce sens, si la danse était plus présente à la télé aussi, si l’on parlait davantage de la danse, alors, qui sait, à un moment donné, la danse contemporaine aurait du succès auprès des hommes aussi. J’avoue que je suis content que la danse de société commence à attirer plus de garçons, qu’il existe déjà une certaine ouverture vers certains styles. Ce n’est donc qu’une question de temps, d’investissement et de travail dans cette voie. Bientôt, nous aurons un nombre égal d’hommes et de femmes à nos ateliers de danse contemporaine, je l’espère bien ».

    Autant de pistes de réflexion lancées par notre invité au sujet de la danse contemporaine et de nos âmes. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Le Festival des arts performatifs Caleido

    Le Festival des arts performatifs Caleido

    Déroulée du 21 au 25 mai, la 4e édition du Festival des arts performatifs Caleido a proposé au public une vingtaine de productions artistiques indépendantes, dont quatre premières. Avec pour but de renforcer le dialogue interdisciplinaire, interculturel et interethnique, l’événement s’est penché sur des thèmes tels la stéréotypie sociale, le féminisme ou encore l’histoire récente. Cette année, la direction artistique du festival a été assurée par la chorégraphe et artiste indépendante Andreea Novac. « C’est pour la première fois dans l’histoire de ce festival que j’ai procédé à la sélection artistique. Les précédentes éditions ont fonctionné, elles aussi, dans la même direction de la diversité et de la multiculturalité. Aux dires des organisateurs et des initiateurs de Caleido, ce festival a démarré pour combler un besoin. Le besoin de réunir sous la même ombrelle des spectacles extrêmement différents. Et quand je dis différent, je pense aussi bien à la thématique qu’à l’approche esthétique et au discours sur lequel ils reposent. A la base, ce festival s’est proposé de réunir au même endroit des spectacles divers afin que le public présent sur place puisse faire des connexions et avoir plusieurs perspectives sur la même chose. Moi, je suis chorégraphe et en 2019, le Festival Caleido a inclus un spectacle que j’ai réalisé avec le comédien István Téglás et qui a beaucoup plu aux organisateurs de l’époque. Voilà pourquoi ils ont décidé de me proposer cette année de faire une édition autour de la danse et des arts performatifs. Et comme l’idée m’a beaucoup plu, j’ai accepté sur le coup, surtout que personnellement, je ne crois pas en cette classification des spectacles en spectacles de danse ou de théâtre. Je me dis qu’un spectacle peut tout simplement mélanger différents arts et de ce point de vue, Caleido s’est avéré la plateforme idéale pour me laisser déployer mes options ».

    En charge de la direction artistique du festival de cette année, Andreea Novac nous présente les quatre productions portant le label Caleido et qui se proposent de tirer la sonnette d’alarme sur la situation fragile et instable du théâtre indépendant et des arts performatifs en général. « J’ai pris en compte les propositions des organisateurs aussi, et du coup, pour l’édition de cette année, on a mis en place deux appels à projets. Le premier pour faire inscrire à l’affiche du festival des spectacles déjà existants et le second pour produire des spectacles pendant toute la période de cet événement. En 2020, Caleido a produit quatre spectacles, ce qui n’est pas mal pour une seule édition, surtout pour une édition si difficile comme celle de l’année dernière. Les quatre productions sont sorties en 2021. En ce qui concerne les appels aux projets, moi, j’ai insisté à coopter au sein du festival des spectacles produits en dehors de Bucarest aussi. Il y a beaucoup d’artistes indépendants à travers la Roumanie et j’ai tenu à faire connaître leurs visions au public. Pour vous donner un exemple, j’ai accordé toute la liberté à Paul Duncă, ou Paula Dunker, comme il/elle se présente au sein du mouvement queer dont il/elle fait partie. Avec son équipe, cet artiste a réalisé un spectacle intitulé « l’Adoration de la Performance radicale », où il est question du Voguing (ou Vogue en français), un style de danse urbaine né dans les années 1980 sur les scènes des bals fréquentés par des homosexuels et transgenres afro-américains, essentiellement à New York. A ma connaissance, il s’agit d’un des rares spectacles de Roumanie qui traite de ce sujet et en plus, d’une façon profonde, à plusieurs niveaux. Bien sûr qu’il y a dans cette production une dimension personnelle, mais il y a aussi beaucoup d’information sur la culture Voguing, plutôt méconnue en Roumanie. Ce n’est qu’une raison de plus de voir ce spectacle, aussi bien pour son côté éducationnel que pour la manière dont il arrive à nous remplir d’énergie et pour sa beauté visuelle qui le rend accessible au public large. L’édition de cette année de Caleido a présenté aussi « Bildungswoman » d’Elena Morar, un spectacle qui nous est parvenu suite à un appel à projets. C’est un acte artistique aussi bien visuel que riche en contenu, qui traite des femmes et de leur processus de mûrissement. Je me méfie à employer le terme de manifeste féministe pour décrire ce spectacle, quoique son côté féministe soit très prononcé. Un autre spectacle produit dans le cadre de notre festival est « Mademoiselle Iulia », mis en scène par Andreea et Andrei Grosu, d’après un texte classique écrit à la fin du XIXème siècle, et qui demeure de très grande actualité. Enfin, la dernière production s’appelle « Libretto Impostura », de Matei Lucaci-Grünberg. Deuxième partie d’une trilogie, ce spectacle traite avec beaucoup d’humour et d’ironie du sujet de l’imposture », a conclu Andreea Novac, directrice artistique de la 4e édition du Festival des arts performatifs Caleido. (Trad. Ioana Stancescu)

  • 01.09.2020

    01.09.2020

    Coronavirus – Réouverture aujourd’hui en Roumanie des restaurants,
    cafés, cinématographes et théâtres, qui peuvent à nouveau accueillir leurs
    clients à l’intérieur. Les clubs et les bars restent néanmoins fermés. C’est le
    gouvernement libéral qui en a pris la décision, sur recommandation du Comité
    national pour les situations d’urgence. C’est toujours à compter de ce 1er
    septembre que le nombre de participants aux événements privés augmente, tout
    comme pour les cours et ateliers de formation pour les adultes. Les autorités roumaines ont rapporté mardi 1.053
    nouveaux cas de contamination au Sars-Cov-2 en 24 heures. Cela fait un
    total de près de 89.000 contaminations depuis le début de la pandémie dans le pays, dont quelque
    38.500 personnes ont guéri et 3.681 sont décédées. 522 patients sont
    actuellement en soins intensifs.






    Parlement – Jour de rentrée pour les sénateurs et députés roumains qui entament
    aujourd’hui une nouvelle session ordinaire, la dernière de cette législature.
    La session antérieure, marquée par la pandémie de Covid-19, a notamment vu les
    parlementaires se réunir en ligne, que ce soit dans le plénum ou dans les
    commissions de spécialité. A l’ordre du jour de cette rentrée : la loi de
    finances rectificative, déjà approuvée par le gouvernement, qui doit recevoir
    le vote des deux chambres. Autres projets législatifs ou décrets
    gouvernementaux seront également débattus, dans les domaines de la santé, de l’éducation
    et de la protection sociale, fortement touchés par la pandémie de coronavirus.






    Chômage – En Roumanie, le taux de chômage grimpe encore, pour atteindre 5,4%
    en juillet 2020, 0,1% de plus par rapport au mois précédent, mais 33% de plus
    par rapport à juillet 2019, fait savoir l’Institut national de la statistique. En
    juillet 2020, le nombre de chômeurs âgés de 15 à 74 ans est estimé à 484.000
    personnes, soit 10.000 personnes de plus rapporté à juin 2020 et 122.000 personnes
    de plus en un an. En comptant uniquement les personnes âgées de 25 ans à 74 ans,
    le taux de chômage en juillet 2020 est estimé à 4,3% : 4,9% des hommes et
    3,6% des femmes étaient sans emploi.








    Culture L’édition 2020 du prestigieux concours international de musique
    classique « George Enescu » se poursuit à Bucarest, avec 205 jeunes
    musiciens de 39 pays inscrits dans la compétition. 184 se disputent les prix pour
    violon, violoncelle et piano et 21 participent à la section composition. Les
    prix de cette édition, déroulée presqu’entièrement en ligne en raison de la
    pandémie, s’élèvent à 100.000 euro.


    Le Festival international de film de danse de Bucarest aura lieu en cette fin de semaine dans la capitale roumaine, soit quatre jours de projections, ateliers et conférences. Une partie des événements s’adressent expressément aux professionnels des industries de film et de danse. Selon les organisateurs, le thème de cette édition – utopie/dystopie – invite à réfléchir sur le présent et à explorer un futur possible. EMA, le plus récent film du réalisateur chilien Pablo Larrain, sera projeté en première nationale pour l’ouverture du Festival. Cette sixième édition de l’événement réunit dans ses trois sections – internationale, nationale et film musical – 32 courts métrages de 14 pays.

    Tennis – Les joueuses roumaines de tennis Sorana Cîrstea et Mihaela Buzărnescu jouent ce
    soir dans le premier tour de l’US Open, le premier tournoi du Grand Chelem organisé
    depuis le début de la crise du Covid-19. Elles rencontreront deux joueuses
    américaines : Cîrstea (77 WTA) affrontera Christina McHale (75 WTA) et Buzărnescu (122 WTA), Sloane
    Stephens (39 WTA). Irina Begu (73 WTA), de son côté, a été vaincue lundi, au
    premier round, 6-3, 6-2, par la
    Tchèque Petra Kvitová (12 WTA). La
    quatrième sportive roumaine présente à New-York, Patricia Ţig (88 WTA) jouera demain
    son premier match, contre la Japonaise Kurumi Nara (142 WTA). Simona Halep,
    numéro deux mondiale, a préféré, quant à elle, ne pas faire le déplacement. Il
    n’y a pas de représentant roumain sur le tableau hommes simple. Pour ce qui est
    des épreuves de double, Horia Tecău jouera aux côtés du Néerlandais Jean-Julien Rojer et
    Raluca Olaru aura pour partenaire l’Espagnole Sara Sorribes Tormo. Ils auront
    leurs premiers matchs dans le tournoi ce mercredi.








    Météo – On attend, jusqu’à ce soir, de la canicule dans le sud et dans l’est de la Roumanie et de l’instabilité dans
    le nord, dans le centre et dans l’ouest du pays. Les températures
    maximales vont de 27° à 37°, avec 31°C à midi à Bucarest.

  • La danse des Paparude

    La danse des Paparude

    Nous découvrons cette fois-ci un autre rituel censé assurer le bon fonctionnement de la vie des communautés traditionnelles. Un rituel très populaire au commencement de l’été, car c’était le début de l’année agraire et les anciens fermiers tentaient de convaincre la nature à protéger leurs récoltes d’automne. Et comme la sécheresse est le pire ennemi de la récolte, invoquer la pluie était un geste absolument nécessaire. Dans la campagne roumaine, un des rituels les plus répandus pour invoquer de la pluie s’appelle les « Paparude ». En fait, il s’agit d’une danse. Plusieurs personnes parcourent le village. Au moins une ou deux portent des masques spécifiques, étant couvertes de feuilles et de guirlandes de hêtre et de chêne et de rubans rouges. Leur danse est rudimentaire : les gens frappent dans leurs mains au rythme de tambours improvisés de poêles et récitent une incantation. C’est la danse des Paparude.

    Davantage de détails sur ce rituel, avec Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare : « La forme la plus ancienne de ce rituel attestée dans la tradition roumaine parle de la fabrication d’une poupée, le plus souvent en tissu. La poupée est ensuite fixée sur un squelette en bois. C’est la représentation d’une divinité féminine, une vielle femme en fait. Elle a la capacité de communiquer avec le macro-cosmos et d’attirer ainsi la pluie. Cette poupée s’appelle d’ailleurs « la mère de la pluie ». Les jeunes filles et les vieilles femmes dansent avec cette poupée pour invoquer la pluie. Chacune porte un seau rempli d’eau dans la main et arrose toute personne qu’elle rencontre sur son chemin. Il faut absolument arroser la poupée aussi, pour que son pouvoir se répande sur les autres.»

    Au début du 18e siècle, le prince moldave Dimitrie Cantemir, encyclopédiste et ethnographe, décrivait la danse des Paparude comme un jeu d’enfants en Europe du sud-est. Une manifestation collective, publique, un acte magique censé attirer certains phénomènes météorologiques. Comme toute tradition, ce rituel se décline différemment, selon les régions.

    Delia Suiogan explique : « On dit que ce jour-là, les femmes se voient pardonner toute erreur. Les hommes n’ont pas le droit de se fâcher s’ils sont arrosés, car toute colère peut annuler la pluie. Trois jours plus tard, la poupée est déchirée, car la pluie en excès n’est pas bonne non plus. Cette « mère de la pluie », on ne la laisse agir qu’une période de temps limitée. En Dobroudja (sud-est) il existe une autre variante de cette coutume selon laquelle une jeune fille de moins de 14 ans est vêtue de feuilles vertes. Même ses yeux sont couverts de feuilles. Cette poupée vivante est portée à travers le village et tout le monde doit l’arroser. »

    Des danses similaires existent chez d’autres peuples de l’Europe du sud-est et dans les Balkans, notamment en Hongrie, en Serbie et en Bulgarie. Jadis, c’était une danse d’enfants ayant une jeune fille pour protagoniste. Par la suite, d’autres formes ont vu le jour, les femmes et les hommes ayant rejoint la danse. De nos jours, ce rituel n’est plus respecté. Les Paparude restent une légende, une histoire ou sont souvent transformées en spectacle. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Les prix du Centre national de la danse de Bucarest

    Les prix du Centre national de la danse de Bucarest

    Arrivées à leur cinquième édition, ces distinctions ont reconnu, dès leur création, le travail des danseurs, chorégraphes et professionnels impliqués dans le monde de la danse contemporaine en Roumanie. Elena Diaconu a assisté à la cérémonie.

  • Le Festival national de Théâtre de Bucarest

    Le Festival national de Théâtre de Bucarest

    Chaque année, à l’occasion du Festival national de Théâtre de Bucarest, le public roumain présent en salle se voit proposer aussi quelques spectacles de danse contemporaine. Cette année, le Festival a même repoussé d’une journée sa clôture pour pouvoir inviter sur scène, en fin d’édition, la célèbre compagnie néerlandaise Nederlands Dans Theater. Un véritable régal qui a mis débout la salle archipleine du Théâtre national de Bucarest.





    Venue en Roumanie pour présenter au public sa création « Moeder », « La Mère », Gabriela Carrizo, co-fondatrice aux côtés de Franck Chartier de la compagnie belge Peeping Tom, a tenu à préciser que ce spectacle est la seconde partie d’une trilogie ayant débuté en 2014, avec « Vader » (Le Père) avant de continuer, en 2019, avec «Kind» (L’Enfant). Reconnue pour son style original, avec cette touche personnelle qui fait toujours la différence, Gabriela Carrizo se sert du corps et de ses mouvements pour créer un fort impact émotionnel sur les spectateurs, leur présentant de nouvelles perspectives sur les thèmes qu’elle aborde. Dans ses spectacles, le décor joue un rôle essentiel, comme l’affirme la chorégraphe elle-même dans une interview en exclusivité pour RRI.



    Gabriela Carrizo : « Pour ce spectacle, j’ai pris comme point de départ l’absence de la mère, sa mort. J’ai voulu prendre mes distances par rapport à l’idée de famille, de maternité, pour me concentrer plutôt sur les liens forts que chacun d’entre nous développe avec sa mère, sur ce qu’être mère signifie et sur ce que la perte d’une mère suppose. L’espace me sert de musée. On pourrait en faire une sorte d’antichambre, quoiqu’il soit plutôt un endroit censé permettre de nous exposer progressivement avant d’en faire un chez soi. Pour cela, j’ai demandé à mes danseurs d’apporter des photos d’enfance, avec leurs mamans, de me raconter des anecdotes… L’idée autour de laquelle gravite mon spectacle est qu’en l’absence d’une mère, on est toujours enclin à faire revivre ses souvenirs d’enfance. Et du coup, l’espace devient très important, puisqu’il nous permet de faire marche arrière dans notre passé. J’ai fait construire sur scène un espace clos, avec un mur en verre, qui ressemble aussi bien à un studio d’enregistrement qu’à une couveuse pour les bébés. Que ça soit l’une ou l’autre, les deux idées ont quelque chose en commun: elles permettent d’y exposer des choses, de regarder à l’intérieur, tout en restant à distance. Voilà la façon dont j’ai imaginé mon spectacle. Une construction qui tourne autour de plusieurs espaces, censée provoquer des changements de perspective au fond de nous-mêmes. »





    Après avoir quitté la Roumanie à l’âge de 12 ans à destination du Canada où elle a obtenu une bourse de l’Ecole canadienne de danse, la danseuse et la chorégraphe Ana Maria Lucaciu vit actuellement aux Etats-Unis. Revenue dans son pays natal à plusieurs reprises pour revoir sa famille et ses amis, elle a dansé, cette année, en première devant le public roumain. L’occasion pour elle de faire connaître aux spectateurs de Roumanie son premier spectacle dont elle a signé la chorégraphie: « Slightly Off Stage » (Des désaccords en dehors de la scène), réalisé en collaboration avec Nathan Grisworld.



    Ana Maria Lucaciu : « J’ai senti dernièrement au fond de moi des choses que j’aurais bien voulu exprimer. La danse contemporaine, telle qu’elle se fait actuellement dans le monde, ne me représente pas. Du coup, je me suis laissé inspirer plutôt par les formations de clown auxquelles j’ai participé. Ces ateliers offrent aux participants la chance de se découvrir eux-mêmes, ils révèlent tout ce qu’il y a d’humain ou d’inhumain au fond de nous. J’ai donc essayé de faire le clown à travers la danse, en partant des prémisses absurdes qu’on pourrait argumenter nos réponses en disant tout simplement à nos interlocuteurs « eux, ils m’ont dit que… » ou bien « eux, ils l’ont fait », sans préciser de qui on parle. Comme si « eux », c’étaient les chefs de la scène, des personnes haut placées qui nous commandent. Et du coup, tout serait à l’envers, plus rien ne se passerait normalement. J’ai bien aimé l’idée que nous, sur scène, on est obligés de se soumettre à une force extérieure qui dispose de nous ».





    Lors de la 28ème édition du Festival national de théâtre, la Roumanie a figuré dans la section de danse avec le spectacle « La célébration/To_R » réalisé par le chorégraphe Pal Frenak au Studio M de Sfantu Gheorghe.



    Sa directrice, Imola Marton, affirme : « Pal Frenak est venu me dire qu’il souhaiterait construire un spectacle fondé sur l’idée d’une célébration imaginaire qui pourrait être aussi bien celle de la mort de quelqu’un qu’un mariage… Le spectacle est donc créé à la frontière entre la réalité et l’imagination et il surprend différents types de relations entre les individus: la solitude, l’incapacité d’avoir des rapports normaux avec les autres ou avec soi-même, les conflits, l’amour… Il emmène le spectateur à travers plusieurs états d’âme propres à une célébration de ce type. Pal Frenak produit des images à même de faire naître des sentiments. C’est pourquoi le spectacle n’a pas une histoire explicite, mais il se veut plutôt une expérience lyrique et visuelle. »





    Comme on disait en début d’émission, l’édition 2018 du Festival national de théâtre s’est clôturée par un spectacle de danse de la célèbre compagnie néerlandaise Nederlands Dans Theater, NDT en abrégé. Leur présence à l’affiche de cette 28ème édition du FNT a été un événement non seulement pour le public roumain, mais aussi pour les danseurs de cette troupe.



    Le chorégraphe, Paul Lightfoot, a précisé au micro de RRI : « Cela fait 12 ans que je n’ai plus visité la Roumanie. Or, de retour dans votre pays, j’ai voulu faire la preuve de la diversité de notre travail, de nos capacités caméléonesques de danseurs et producteurs, car tous nos spectacles sont créés par nous-mêmes. »





    La NDT a présenté quatre spectacles : « Shoot the Moon » – « Tue la Lune » de Sol Leon et Paul Lightfoot, « Woke Up Blind » – « Réveil aveuglé » de Marco Goecke, « The Statement » – « La Déclaration » de Crystal Pite et « Vladimir » de Hofesh Shechter.





    Le directeur artistique de la compagnie, Paul Lightfoot, précise : « Tue la Lune est une création où moi et Sol, on s’est servi de la musique de Philip Glass et on a créé un décor proche de celui d’une pièce de théâtre. Le spectacle invite à une réflexion sur les relations, sur la solitude au sein des couples. On parle de l’isolement, de la claustrophobie, mais aussi des libertés, des rêves… Le spectacle de Marco Goecke est une folie, un vrai manifeste du mouvement physique. Vous serez surpris par la vitesse et la méticulosité de cette danse. Elle est éblouissante, d’autant plus qu’elle a été créée en très peu de temps, sur une musique de Jeff Buckley. Crystal Pite est une créatrice très intelligente. Elle a écrit une pièce de théâtre en collaboration avec Jonathon Young, un écrivain très doué, et elle a transformé par la suite le texte en un spectacle de danse avec 4 danseurs qui ont joué chacun un rôle. C’est un des spectacles de danse les plus importants que j’ai eu la chance de voir ces dernières années. »





    Quant à « Vladimir », il s’agit d’un spectacle récent et dont la musique et la chorégraphie appartiennent au même Hofesh Shechter, un Britannique très en vogue ces derniers temps. A résumer la présence de la troupe néerlandaise à l’affiche du Festival national de théâtre de Bucarest, on pourrait citer la critique Oana Stoica affirmer « ce fut là la meilleure clôture que l’on aurait pu offrir » à un événement d’une telle envergure. (Trad. Ioana Stancescu)

  • La quatrième édition du Festival International du Film de Danse

    La quatrième édition du Festival International du Film de Danse

    Début septembre, la capitale roumaine, Bucarest, a accueilli un événement artistique unique en Roumanie, le Festival International du Film de Danse, BIDFF. Produit sous l’égide de l’association TangajDanse, l’événement, qui en est à sa quatrième édition, a une fois de plus rencontré un franc succès auprès du public. Construit généralement autour d’un thème principal, le festival a choisi cette année la thématique de la reconstitution.

    La chorégraphe, Simona Deaconescu, directrice artistique du festival, nous en parle : « Comme cette année est celle du centenaire, on a essayé de se rendre compte en quoi cela nous touche. Il convient de dire que pour moi et pour l’équipe que je dirige, l’évolution à travers le dernier siècle s’avère très importante. Du coup, on a voulu s’ y rapporter, et essayer de présenter ce processus évolutif du point de vue de ses protagonistes, c’est-à-dire des générations qui se sont succédées au fil des années et qui se sont battues pour accomplir leurs souhaits. Bien que le festival se construit cette année autour d’un thème historique, il privilégie un registre subjectif puisqu’il met en lumière le regard que les gens ont posé sur l’histoire. On a essayé de montrer comment les faits historiques se perçoivent à travers le filtre du présent et dans la perspective de l’avenir ».

    Consacrée au centenaire de l’Union des principautés roumaines, l’édition de cette année du festival a débuté par la projection d’une sélection de documentaires roumains. Issue des archives cinématographiques roumaines et lancée sous le titre Midnight special (L’édition spéciale de minuit), la sélection a été réalisée en partenariat avec le Centre national de la Danse de Bucarest, CNDB.

    Corina Cimpoieru, consultante artistique du Centre raconte: « Le film de danse n’a pas de passé, dans le sens qu’il n’a jamais constitué l’objet d’un genre cinématographique. Il s’agit donc plutôt d’une rétrospective et d’une incursion dans l’histoire de la danse roumaine, une démarche que le Centre a démarrée il y a quelques années déjà. Avec l’aide des Archives nationales de la cinématographie, on a pu identifier quelques scènes éphémères de danse dans différentes productions artistiques, en commençant par le film muet, en passant par des reportages sur la danse, pour arriver aux documentaires d’art réalisés par le Studio cinématographique Alexandru Sahia ».

    En plus des films inscrits à la compétition, plusieurs productions ont figuré à l’affiche du festival. C’est le cas, par exemple, du long métrage roumain en 3D My life rehearsed in one leg du réalisateur Bogdan Mustata, Ours d’Or du meilleur court métrage en 2008, qui met en scène la chorégraphie d’Iulia Weiss.

    Aux dires de son auteur, cette production fait partie du cinéma expérimental: « Pour ce film, j’ai privilégié des aspects plutôt techniques, renvoyant au montage, à la réalisation. J’ai voulu développer un travail avec les acteurs en l’absence de toute narration, de toute psychologie du personnage, de toute dimension sociale. J’ai donc essayé de voir de quoi je pourrais me servir pour interagir avec mes acteurs sans faire le moindre appel à la psychologie de la vie ou de l’être humain. Ce ne fut que par la suite que j’ai commencé à réaliser ce film qui montre la façon dont on peut se servir de notre corps ».

    Signé toujours Bogdan Mustata, le scénario se penche sur le rapport entre la mémoire et l’identité : « J’ai imaginé deux relations, la première reposant sur des répliques issues de films et la deuxième sur des répliques extraites de pièces de théâtre, sachant que les films et les pièces choisis renvoyaient à une certaine zone de ma mémoire. Du coup, j’ai voulu observer la façon dont ces souvenirs contribuent à définir l’identité de telle ou telle personne. J’ai pris des répliques de films divers tels Hiroshima, L’année dernière à Marienbad ou encore Armageddon ou Before Sunrise. Dans le cas de ce dernier, je me suis intéressé à la sensation qu’une rencontre avec un inconnu peut souvent nous laisser, la liberté intérieure qui se dégage en ces moments-là puisque tout à coup, on se retrouve face à quelqu’un qui ne sait rien sur nous et à qui on peut raconter seulement ce qu’on a envie de raconter. C’est à nous de choisir et du coup, chaque rencontre avec un inconnu nous offre l’occasion de changer d’identité ».

    A partir de 2016, le festival BIDFF a investi une partie de ses ressources financières dans la mise en place d’un marché du film de danse en Roumanie. Une nouvelle section : « La Compétition nationale » a été créée. Elle est ouverte aux court-métrages roumains. Des 10 films concurrents, c’est « States Uprooted » de la réalisatrice et chorégraphe Ioana Țurcan qui a remporté le grand trophée. Tourné entre 2012 et 2017, le film reprend des vidéos que la réalisatrice a faites elle-même pendant ses allers- retours aux Etats-Unis. C’est une histoire sur le déracinement et sur la transition, confesse Ioana Țurcan, tout en affirmant que dans un premier temps, les enregistrements n’étaient pas censés servir à un futur film.

    Ioana Țurcan : « C’est ma façon de travailler. Je me suis créé une archive audio-visuelle personnelle que j’enrichis au fur et à mesure que je voyage. Cette idée, je l’ai eue en 2012 quand je suis partie aux Etats-Unis. Dans un premier temps, j’ai passé 3 mois sur le continent nord-américain et le reste de l’année en Roumanie. L’occasion pour moi de remarquer les différences sociales, de mentalité ou de perception. Cela m’a posé des problèmes, car j’avais du mal à jeter un regard pertinent sur moi-même. Du coup, j’ai décidé de faire des allers- retour entre les Etats-Unis et la Roumanie. J’ai donc réalisé un film qui met en avant ma relation avec le milieu au sein duquel je mène mon existence. Après, c’est un court métrage qui présente pas mal de scènes de danse, de combat, donc ça renvoie à la cinématographie expérimentale, je dirais ».

    Sur l’ensemble des 20 films nommés dans la compétition internationale, c’est le court-métrage Night Dancing qui a remporté le premier prix. Il s’agit d’une coproduction roumano- britannique dont la réalisation est signée Barney Cokeliss et la chorégraphie est conçue par Louise Tanoto, Jacob Ingram-Dodd et Jason Thorpe. (Trad. Ioana Stancescu)

  • 06.08.2018

    06.08.2018

    Justice – Le ministère roumain de la Justice commence aujourd’hui une nouvelle procédure de sélection pour les fonctions de chef de la Direction nationale anticorruption. Elle devrait s’achever le 6 septembre, lorsque les résultats seront rendus publics. Les candidats peuvent déposer des demandes d’inscription à ce concours jusqu’au 24 août. La même procédure déroulée en juillet ne s’est pas achevée avec succès, puisque les quatre candidats en lice ont été rejetés par le ministre de la Justice Tudorel Toader. Rappelons-le, la cheffe du parquet anticorruption a été révoquée de ses fonctions par le président Klaus Iohannis le mois dernier, conformément à une décision de la Cour Constitutionnelle. A présent, la procureur Anca Jurma, ancienne conseillère de Mme Kovesi est procureur en cheffe par intérim de la DNA.

    Vandalisme – L’ambassade des Etats-Unis à Bucarest condamne fermement les récents actes de vandalisme qui ont eu lieu contre la maison musée Elie Wiesel de Sighetul Marmatiei dans le nord de la Roumanie. Les graffitis dénigrants à l’adresse du lauréat du prix Nobel, écrivain et philosophe américain d’origine roumaine Elie Wiesel, du président américain Donald Trump et d’autres leaders constituent une attaque antisémite impardonnable et un affront révoltant à l’adresse des victimes et des survivants de l’Holocauste, lit-on dans un communiqué de l’Ambassade des Etats-Unis. L’ambassade encourage ceux qui possèdent des informations sur ces faits de soutenir les autorités qui déroulent des investigations à ce sujet. Pour sa part, le ministère roumain des Affaires Etrangères a déploré et condamné fermement tout geste antisémite et tout dérapage de comportement et d’expression qui promeut l’intolérance et de la xénophobie. La police roumaine a démarré une enquête parce que dans la nuit de vendredi à samedi la façade de la maison musée « Elie Wiesel » de Sighetul Marmatiei a été vandalisée avec des graffitis antisémites.

    Ottawa – Six roumaines figurent au tableau principal de la compétition de simple du tournoi de tennis de Montréal, qui commencé aujourd’hui. Simona Halep, leader du classement WTA est la principale favorite du tournoi qu’elle a remportée en 2016 et participera directement au deuxième round, où elle rencontrera la gagnante du match entre la Russe Anastasia Pavliucenkova (28e WTA) et une joueuse issue de la phase des qualifications. Irina Begu (55e WTA) évoluera dans le premier tour de la compétition contre l’Australienne Ashleigh Barty (16e WTA), alors que Sorana Cîrstea (54e WTA) et Mihaela Buzărnescu (20e WTA), celle qui a récemment remporté le tournoi de San José et son premier trophée WTA, affronteront des joueuses provenant de la phase des qualifications. Monica Niculescu (69e WTA) et Ana Bogdan (82e WTA) figurent également au tableau principal du tournoi de Montréal. Dans l’épreuve de double, Simona Halep et Irina Begu rencontreront le double Shuai Zhang (Chine)/Johanna Konta (Royaume-Uni) alors que Mihaela Buzarnescu et Monica Niculescu évolueront contre la japonaise Shuko Aoyama et la bielorusse Lidziya Marozava.

    Danse – Coup d’envoi ce lundi de la quatrième édition du Bucharest International Dance Film Festival, soit le festival international de films de danse de Bucarest. Le thème de l’édition 2018 du festival ce sont les traces que le temps à laissées dans la vie des Hommes et dans les communautés dont ils font partie. Quatre jours durant, hormis les deux compétitions (un concours de court métrages internationaux et un concours national), le festival à fait venir à Bucarest deux spécialistes internationaux, afin de coordonner un laboratoire de développement des films de danse – « Stories in Movement ». Dans le cadre de celui-ci Guy Cools, un des dramaturges les plus renommés donnera un atelier de dramaturgie alors que Helena Jonsdottir, une des plus renommées dramaturges scandinaves coordonnera un atelier de création. Le festival est un projet réalisé avec l’appui du Centre national de la cinématographie, de l’institut culturel roumain, du consulat honoraire de la république d’Islande à Bucarest, du British council et de l’Institut Balassi.

    Anonimul – C’est à Sfântu Gheorghe, dans le delta du Danube, soit dans le sud-est de la Roumanie que commence aujourd’hui la 15e édition du festival international du film indépendant « Anonimul ». « Three Faces », « Trois visages », le film le plus récent de l’Iranien Jafar Panahi, dont le scénario a été primé cette année à Cannes donnera le coup d’envoi du festival, suivi par le film de Radu Jude, «I do not care if we go down in history as barbarians », la proposition de la Roumanie aux Oscars 2019. Six long-métrages roumains et internationaux et 26 courts métrages ont été sélectionnés dans la compétition officielle. Egalement au programme : la projection de films primés à d’autres festivals de cette année mais aussi sessions de questions-réponse avec les équipes de production, débats publics avec des réalisateurs de films, critiques et d’autres invités spéciaux. Le réalisateur kazakh Emir Baigazin se verra décerner le trophée Anonimul pour sa contribution au cinéma mondial.

    Untold – Untold, le plus important festival de musique électro de Roumanie s’est terminé dans la nuit de dimanche à lundi à Cluj dans le centre. Plus de 350 mille jeunes ont participé aux quatre jours de l’événement. Lors de la dernière nuit, le Dj néerlandais Armin van Buuren a effectué des mixsets pendant pas moins de sept heures ininterrompues. La star de la musique électro a promis aux spectateurs de revenir l’année prochaine aussi avec des mix spéciaux, à l’occasion de la 5e édition d’Untold. 250 artistes se sont produits sur les 10 scènes installées par les organisateurs. Parmi les invités de l’édition 2018 d’Untold, ont figuré aussi The Chainsmokers, Tiesto, Tujamo et Afrojack. Les concerts ont été transmis en direct sur YouTube, et c’est une première. 70 caméras de surveillance et plus de 1.100 gendarmes, policiers, pompiers et personnel médical ont assuré l’ordre et la sécurité des participants.

    Météo – Temps généralement beau en Roumanie pour l’instant, mais l’instabilité devrait y revenir. Des pluies à verse et des phénomènes orageux devraient revenir sur le centre et le nord, ainsi que sur le relief. Les températures vont de 25 à 34 degrés. 29 degrés et du soleil en ce moment à Bucarest.

  • Le Festival LIKE CNDB 2018 – « A toi le contexte »

    Le Festival LIKE CNDB 2018 – « A toi le contexte »

    Du 15 au 27 avril, Bucarest a accueilli la cinquième édition du Festival LIKE CNDB, « You are the context ». Organisé par le Centre national de la danse de Bucarest, le CNDB, le festival se distingue cette année par certaines particularités. Tout d’abord, même s’il s’agissait de son édition la plus brève, le Festival a lancé cette année, et pour la première fois de son histoire, une section internationale. La chorégraphe Vava Ştefănescu, la patronne du CNDB, précise : « Lors de la première édition on est parti sur un mois. A l’époque on partait d’une situation extrêmement précaire, je me rappelle ce public qui revenait vers notre Centre après des années d’absence de notre institution du paysage culturel bucarestois. Mais son accueil a été formidable. Les gens sortaient du spectacle en exclamant : « La belle soirée que l’on a passée ! Cela faisait longtemps. »

    Et puis, pendant ce temps, nous avons grandi. On a commencé à se produire dans un nouvel espace. Puis, le festival d’hiver a été lancé. Conçu comme un festival à vocation locale, en principe. On a donc un festival de la danse à Bucarest qui s’étend sur un mois, un mois et demi. Mais cette année, le contexte nous a obligés de l’écourter. Alors, on a mis à profit le partenariat Aerowaves, qui constitue un réseau très étendu, une sorte de plate-forme de diffusion et de promotion de jeunes chorégraphes. On a donc profité de notre adhésion à ce réseau et on a pu programmer trois spectacles étrangers. Il s’agit de « Ohne Nix », une coproduction Autriche/Royaume-Uni et qui a été lancé lors de l’ouverture du festival, puis Homo Furens, une excellente production française et, enfin, le 21, « Dans, for Satan », du Danemark. » Le spectacle « Ohne Nix », créé et joué par Luke Baio et Dominik Grünbühel, utilise les techniques de l’art numérique et joue avec la projection du corps, emploie des trucs morphiques et, dans une grande mesure, l’humour.

    D’un tout autre style, le spectacle « Homo Furens », du chorégraphe français Filipe Lourenço, utilise les corps des cinq danseurs de façon à nous interpeller sur la manière dont on utilise le mouvement. En apparence, les artistes reproduisent sur la scène des exercices de type militaire, mais ce n’est qu’un prétexte pour interroger la conception du mouvement. Rémy Leblanc-Messager et Stéphane Couturas sont deux des danseurs évoluant dans le spectacle Homo Furens: Rémy : « Le spectacle parle de la solidarité, de combien loin peut aller une équipe d’un point de vue physique, dans quelle mesure on peut prendre en charge l’autre, comment peuvent se rapprocher nos corps dans un espace, comment créer quelque chose de sensé en partant de ces mouvements, en apparence, militaires, donc comment on réussit à performer en tant qu’équipe. On touche là à des notions telles que l’humanité, la fraternité ».

    Stéphane: « Pour décrire brièvement ce spectacle, je dirais que l’on essaie d’atteindre nos limites psychologiques par l’intermédiaire de nos limites physiques. A vrai dire, les techniques comptent peu. Le chorégraphe a choisi d’imiter les mouvements militaires, mais il aurait pu aussi bien choisir d’autres types de mouvement. L’idée c’est qu’on a cinq personnes qui ne se connaissaient pas, et puis on exige d’eux qu’ils fassent des mouvements physiques très durs, on les pousse à bout. Ils atteignent ainsi rapidement leurs limites physiques, et tout de suite après leurs limites psychologiques. Alors, à ce moment, la solidarité et toutes les choses dont Remy parlait tout à l’heure, peuvent faire leur apparition. C’est l’idée de base du spectacle ».

    Mais la composante la plus importante du festival LIKE CNDB demeure celle qui met en valeur la danse roumaine. Vava Ştefănescu « La production roumaine s’étale sur les trois jours du Focus LIKE CNDB 2018. On a un système qui vise à les mettre en valeur. On a parfois programmé trois spectacles par jour. C’est parce que dans la perspective de la Saison culturelle France – Roumanie, nous aurons des invités de marque, des directeurs de festival, des directeurs de troupes de danse contemporaine, des résidences d’artistes, des gens qui seront là pour voir les productions roumaines les plus significatives. Et ces spectacles créent le contexte, génèrent des idées auxquelles on ne pense pas de suite. Ces idées sont abordées sous un angle qui invite à la réflexion, des idées qui sont bien structurées dans la composition du spectacle. Il n’y a pas que l’idée qui compte, mais aussi la manière dont ces idées sont agencées ».

    L’un de ces spectacles importants s’appelle « 37 Minutes of Make Believe » ou, en français, « Les 37 minutes qui te font croire». Un spectacle créé et produit par Andreea Novac: « Nous sommes partis de l’une de mes obsessions : la rencontre entre moi, l’artiste, et le public. Seulement voilà, cette fois la rencontre ne se fait qu’au niveau de l’imaginaire. Alors ce spectacle « 37 minutes… » se fraye un chemin à travers mon imagination, à travers l’imagination du spectateur, à travers cette rencontre entre les deux imaginations. Il y a de l’humour, et c’est aussi une modalité de montrer que ce que je fais sur la scène rencontre ce que le spectateur imagine que je fais sur la scène, et qu’il s’agit d’un échange. Pour ce faire, j’utilise trois éléments de base. Tout d’abord, la parole, qui peut ouvrir ou fermer le champ du possible. Puis, je travaille avec l’idée de mouvement, qui peut traduire de façon exacte ce que je veux représenter ou, au contraire, recouvrir toutes les significations imaginables. Enfin, ces éléments inconnus sont réorganisés, repositionnés, de sorte que de nouvelles formes d’expression surgissent, et j’ai dans ce spectacle des moments où je travaille directement avec le public ».

    La cinquième édition du Festival LIKE CNDB « A toi le contexte » a lieu simultanément avec le déménagement du CNDB dans un nouvel espace, dans le théâtre « Omnia ». L’inauguration est attendue pour 2020. C’est la raison pour laquelle le CNDB lance auprès des artistes, de la communauté locale, du public et des autorités le défi d’esquisser des réponses, leurs réponses, à la question « Que serait le CNDB, version 2020 ». Alors, lors du festival, on devrait compter avec cet événement « Réponses performatives », pour essayer d’y répondre justement. Vava Ştefănescu: « Tous les soirs nous aurons des interventions autour du sujet. Dan Perjovschi fera, par exemple, un direct depuis le théâtre Omnia, avec l’une de ses représentations. Il paraît que l’on va pouvoir compter sur la présence de Ada et d’Alexandru Solomon, les célèbres directeurs de film qui figurent parmi les fondateurs de la nouvelle vague du cinéma roumain. Je pense qu’il est important de s’adonner à ce type d’exercice de l’imagination et de la projection parce que, lorsque l’on vit sur des sables mouvants, il faut savoir s’approprier l’espace. La danse contemporaine, avec tout ce qu’elle peut représenter, depuis la rencontre avec les autres arts, avec les autres domaines de la culture, et pas nécessairement du domaine de l’artistique, cela a toujours été l’image de marque du CNDB. C’est un exercice à faire pour s’approprier le CNDB. Et lorsque je dis nous, je parle aussi bien du public, que des artistes, de tous ceux qui s’y investissent », conclut Vava Ştefănescu. (Trad. Ionut Jugureanu)