Tag: danse

  • 2018 – une nouvelle étape dans l’activité du Centre national de la Danse

    2018 – une nouvelle étape dans l’activité du Centre national de la Danse

    Le Centre national de la Danse de Bucarest est la seule institution culturelle publique subordonnée au ministère de la Culture, ayant pour mission de soutenir, de développer et de promouvoir la danse contemporaine et les arts performatifs de Roumanie. Elle se prépare à emménager, l’année prochaine, dans un nouvel espace, plus adéquat pour son activité. Des préparatifs doublés par des projets sur mesure, dont nous parlons tout de suite.

    Fin 2017, le Centre national de la Danse de Bucarest a organisé son habituel Gala, conçu pour célébrer, sans pourtant hiérarchiser, l’excellence. L’occasion aussi de rendre hommage à des personnalités qui ont construit le contexte chorégraphique roumain du 20e siècle. Et pour cause : « Les pionniers de la danse roumaine ont brisé les canons, ont émancipé la danse, ils ont vraiment eu du courage ! » a expliqué Vava Ştefănescu, manager du Centre. Ce gala consacré aux grands noms de la danse contemporaine roumaine annonçait en quelque sorte les activités de 2018 et 2019 du Centre national de la Danse de Bucarest, ajoute son manager, Vava Ştefănescu: Ce fut une option assez radicale, parce qu’une étape s’achève pour le Centre national de la Danse et une autre commence. En 2019 nous emménagerons dans un bâtiment spécialement consacré au Centre. Jusqu’ici nous avons fait un certain type de travail, un certain type de promotion et nous avons eu une certaine manière de rendre visible la danse contemporaine. Dorénavant il faudra avoir une nouvelle approche. A mon avis, un revirement institutionnel et un changement d’attitude institutionnelle s’imposent, à l’approche de ce grand moment qu’est le déménagement. Lorsqu’une étape s’achève, on a tendance à regarder en arrière, c’est involontaire. C’est grâce à ces gens que la danse contemporaine a un avenir. Nous avons tenu à rendre hommage à ces personnalités, car il ne faut pas les oublier. Bien au contraire, il faut prendre conscience de leurs réussites, de leur audace, de leur courage et de leur contribution, mais aussi et surtout du fait qu’ils ont outrepassé les limites et un certain état d’esprit qui était considéré comme traditionnel. Le pas suivant du Centre de la Danse est en quelque sorte dans l’esprit de ce que ces personnalités ont réussi à faire. Bref, on regarde en arrière pour voir en fait l’avenir.

    Création de spectacles, hôte pour différentes initiatives, formation de spécialistes, recherche, médiation – autant de missions pour le Centre national de la Danse de Bucarest. Vava Ştefănescu explique en quoi consiste sa future stratégie: « On déménagera au centre-ville et je pense que les mois à venir seront marqués par des préparatifs continus pour pouvoir ouvrir nos portes au public en 2019, avec un message clair et une attitude très précise. Pour nous, cela est essentiel. Par conséquent, un premier axe de notre stratégie sera d’intensifier les idées, les dialogues et les présentations publiques. Nous avons beaucoup de projets en déroulement qui seront multipliés, prolongés. Nous souhaitons également impliquer autant que possible le public, non seulement à Bucarest mais aussi à travers le pays. Pour l’instant, nous n’avons pas d’antennes du Centre de la Danse dans les autres villes, parce que selon le ministère de la Justice, il faut qu’une telle décision passe par le Parlement, ce qui est très intéressant à mon avis. Mais nous allons ouvrir les « têtes de pont » dont nous avons besoin et dont le public a besoin aussi. On le sait très bien : la culture chorégraphique ne peut pas se limiter à la capitale.»

    C’est dans l’esprit de cette nouvelle stratégie que des mini-saisons de danse seront organisées dans plusieurs villes de Roumanie, dont Craiova, Târgu-Mureş, Iaşi, Cluj et Timişoara.Avant de terminer, la chorégraphe Vava Ştefănescu nous a fait part de ses impressions sur la danse contemporaine roumaine: « Elle va beaucoup mieux qu’il y a 10 ans. Bien qu’elle ait réussi à s’aligner, elle n’arrive plus à avoir une voix distincte. Autrement dit, elle manque de discours propre, d’idées vraiment audacieuses. C’est bien que la danse contemporaine soit invitée partout, les productions sont bien plus nombreuses qu’il y a 4 ans. Des festivals ont vu le jour, les théâtres produisent de plus en plus de spectacles… C’est très bien ! Mais tout cela s’inscrit dans la même esthétique… traditionnelle, disons. Les idées audacieuses ou problématiques n’ont pas la même force et ont du mal à attirer l’attention du public. C’est pourquoi le Centre national de la danse fait des efforts pour représenter le mieux possible le public et les artistes. Par ailleurs, les artistes ont la mission d’être authentiques, de lutter pour affirmer leur voix personnelle. Je serais ravie de les voir assumer davantage le risque de ne pas être applaudis, de susciter des questions et des débats. Le Centre ne pourra jamais le faire à lui seul, alors que les artistes sont nombreux et le public est encore plus nombreux. Le slogan qui définit nos actions et nos efforts en 2018 est « Vous êtes le contexte » (You Are the Context). Vous êtes, vous faites, vous construisez le contexte. Il est très important que les gens – public et artistes – deviennent conscients de leur place et de leur rôle. Et ce n’est pas valable uniquement pour la danse. C’est valable aussi pour la politique, l’économie et la vie sociale. » (Trad. Valentina Dumitrescu)

  • Tordre, un spéctacle par Rachid Ouramdane

    Tordre, un spéctacle par Rachid Ouramdane

    Avec délicatesse et pudeur, le fameux chorégraphe français Rachid Ouramdane lève lentement le voile sur ce que cache chaque geste d’un danseur, sur l’intimité à la fois de l’artiste et de l’être humain. Spectacle de danse qui sort entièrement des carcans classiques ou contemporains, création-révélation en 2014 devenue repère de la danse d’aujourd’hui, TORDRE a été présenté, cette semaine au Théâtre National de Bucarest dans le cadre du programme FranceDanse Orient-Express de l’Institut Français, déroulé en partenariat avec le Centre National de la Danse de Bucarest et Teatroskop. Les invités d’Ileana Taroi sont Andrei Popov chargé de communication à l’Institut français de Bucarest et par téléphone Rachid Ouramdane, chorégraphe.



  • Le Festival du film de danse

    Le Festival du film de danse

    Poussée par le désir de jeter les bases d’une industrie créatrice de films de danse, la chorégraphe et la réalisatrice Simona Deaconescu a lancé en 2014 la première édition du Dance Film Festival – le Festival du Film de danse, un événement qui a vite cartonné auprès du public.

    Simona Deaconescu : «Cette démarche a eu pour point de départ mes propres créations artistiques. Au long des années, j’ai moi-même signé plusieurs films de danse sélectionnés par la suite dans les grands festivals internationaux. J’en ai un qui passe justement en ce moment, et apparemment, les échos sont des plus favorables. Or, ma présence en salle m’a permis de faire la connaissance de toute une communauté vraiment extraordinaire. J’ai eu l’occasion de voir toute sorte de films et de connaître toute sorte de personnes. Loin d’être des manifestations de niche, ces festivals réunissent dans la même salle des centaines de personnes fidélisées et passionnées par la danse. Du coup, je me suis dit: tiens, une idée qui pourrait marcher chez nous aussi! Surtout que le public roumain est très curieux. Or, tant que la curiosité existe, l’industrie créative peut imaginer des produits censés la satisfaire!»

    Déroulée sous le concept The Age of the Strange, la troisième édition du festival a mis en avant une série d’événements proposant tous un retour à l’état naturel. Au total, 35 courts-métrages dont vingt inscrits dans la compétition internationale, 7 dans la compétiton roumaine et 8 dans la sélection Midnight’s Specials, une exposition d’art visuel, plusieurs ateliers et représentations – le Festival a encore une fois donné au public l’occasion de s’imprégner de la beauté de la danse.

    Simona Deaconescu, directrice artistique du festival, ajoute : «On vit une période angoissante où on se sent tout le temps en danger, même en l’absence de menaces réelles. Tout le monde a ce sentiment d’incertitude qui me donne souvent la sensation que l’humanité est devenue un peu paranoïaque. C’est pourquoi l’édition actuelle du festival s’articule justement autour d’une contradiction: comment s’y prendre pour préserver notre corps proche de son état naturel dans un monde qui ne cesse de s’altérer? Et puis, est-ce que ça vaut vraiment le coup de lutter pour avoir un corps naturel pour l’obliger, par la suite, de vivre dans le contexte mondial actuel?»

    20 films de 14 pays ont été choisis sur un total de 300 pour entrer dans la compétition finale internationale.

    Simona Deaconescu: «On a eu des films qui tournaient autour de différents sujets politiques comme par exemple «2-28», récompensé d’une mention spéciale, et qui traitait de la dictature du général Chang à Taiwan. Ou encore des films sur la liberté en Israël ou sur les droits des femmes en Irlande. Des productions avec un thème précis. Après, on a eu des films qui ont parlé de l’idée de système, mais aussi d’autres qui ont mis en avant le rôle de la danse au sein de notre société, sa force de faire bouger les choses. Et puis, il y a eu toute une catégorie consacrée aux personnalités ou aux événements inédits et qui ont surpris moins par le sujet, mais plutôt par l’approche artistique des réalisateurs».

    Parmi les idées innovantes de cette troisième édition du festival, la plus audacieuse fut, sans nul doute, celle de lancer une compétition nationale.

    Simona Deaconescu : «Même si à présent on parle d’un nombre plutôt limité de films roumains de danse, il suffirait, je pense, de lancer un appel aux créateurs autochtones pour activer la communauté artistique et l’encourager à créer davantage. On est en quête de films de danse construits autour d’une idée maîtresse très intéressante. Je conseille aux chorégraphes roumains de collaborer avec des cinéastes ou d’assumer eux-mêmes le rôle de réalisateur et de se lancer dans la création de films de danse. Nous avons sélectionné au total sept films – très différents les uns des autres comme approche artistique, idée et style. Le prix du meilleur film roumain de danse a été attribué à «Golden Boi», l’oeuvre de deux jeunes chorégraphes. La production a recueilli tous les suffrages du jury pour la simple raison que le film, loin d’être parfaitement réalisé, repose sur une idée originale, tout à fait inédite, qui invite à l’innovation. Même si c’est un film avec des corps imparfaits placé dans un contexte imparfait, c’est du jamais vu. Mais il convient de préciser que les autres productions aussi se sont bien intégrées dans le contexte. Du coup, ce festival a créé un précédent et je suis sûre qu’il arrivera à booster la production de films de danse en Roumanie.»

    Bien que très différents l’un de l’autre, les deux longs-métrages invités au festival ont fait salle comble. Réalisé par l’Italienne Stéphanie Di Giusto, «La Danseuse» a eu sa première en 2016, à Cannes, dans la section Un certain regard. Le film raconte la vie de Loïe Fuller, la chouchou du cabaret des Folies Bergère au début du XXe siècle et source d’inspiration pour Toulouse-Lautrec et les frères Lumière. Le deuxième long-métrage, «Wim», porte la signature de Lut Vandekeybus, sœur du célèbre chorégraphe et réalisateur Wim Vandekeybus. Le film reprend des brins de ses spectacles, de ses répétitions, ses interviews et ses enregistrements de famille pour explorer sa créativité infatigable.

    La troisième édition du festival Bucharest International Dance Film Festival s’est déroulée du 7 au 10 septembre au cinéma Elvire Popesco, au Musée national de l’Art contemporain et au Centre national de la Danse de Bucarest. (Trad. Ioana Stancescu)

  • Histoire spirituelle de la danse

    Histoire spirituelle de la danse

    Le vice, la maladie et les démons se nichent dans les corps qui se trémoussent ou qui bougent, tout simplement, outre mesure, croyait-on dur comme fer à certaines époques de l’histoire du Vieux Continent. Fouineur infatigable dans des archives aussi bien conventionnelles que des plus improbables, David Wahl raconte avec application et un humour irrésistible son Histoire spirituelle de la danse. Ce one-man-show est le deuxième rendez-vous incontournable de la saison automne-hiver du projet FranceDanse Orient-Express, déroulé en partenariat avec eXplore festival #12.



  • LINOTIP – Un nouvel espace consacré à la danse contemporaine

    LINOTIP – Un nouvel espace consacré à la danse contemporaine

    Vers la fin 2016, les chorégraphes Arcadie Rusu et Ioana Marchidan annonçaient l’ouverture d’un espace consacré à la danse contemporaine: LINOTIP – Le Centre chorégraphique indépendant. Les deux chorégraphes avaient eux-mêmes besoin d’un endroit pour présenter les spectacles qu’ils avaient créés. En outre, en Roumanie un public pour ce genre de spectacles est encore en train de se former. Arcadie Rusu : « Nous avons une mission importante, car chez nous, la danse contemporaine est presque inexistante et les spectacles sont rares. Il n’y a pas de culture dans ce domaine, cet art ayant été interdit pendant la période communiste. La danse contemporaine est un art particulier, vers lequel nous souhaitons orienter le public, que nous voulons en même temps éduquer. Souvent, nous remarquons plus facilement les choses que la parole n’exprime pas. Nous avons inscrite dans notre code génétique cette intelligence de décoder des gestes corporels, des regards ou des intentions ; seulement, nous ne les comprenons pas intellectuellement, mais par le biais des émotions. Je souhaite réaliser des spectacles susceptibles d’attirer aussi des personnes qui n’ont jamais assisté à un spectacle de danse contemporaine. Je trouve ce n’est pas un art destiné uniquement à certaines personnes, différentes des autres et ayant une éducation dans ce domaine, c’est un art qui doit se trouver à la portée de tous. »

    La salle du Centre chorégraphique indépendant Linotip compte 60 à 70 places. Avec ses 120 m2, cette scène est la plus grande parmi celles qu’offrent les petits espaces – comme Arcadie Rusu se plaît à dire. Il n’est pas du tout facile de détenir, ni de rendre profitable un espace indépendant, une stratégie pour au moins 6 mois est nécessaire – estime Ioana Marchidan : « Nous en sommes déjà à notre 4e atelier de danse contemporaine, car nous nous sommes proposé de nous concentrer sur l’éducation. C’est que les non-professionnels qui participent à ces ateliers constituent un futur public pour tous les espaces de danse, pas seulement pour Linotip. La prochaine étape – que nous avons déjà entamée – serait l’organisation d’une saison de danse. A ma connaissance, il n’y a pas de saison de danse en Roumanie. Le public est habitué à venir au Centre chorégraphique indépendant Linotip pour voir des spectacles de danse, trois fois par semaine. C’est comme au théâtre. Pour cette saison, nous proposons nos spectacles et des spectacles invités. Nous souhaitons accorder un prix Linotip aux étudiants de l’Université nationale de l’art du théâtre et du cinéma, les inviter à jouer dans nos spectacles, à se présenter devant un public. Ils comprendront ainsi ce que c’est que de jouer devant un public qui paie un billet pour voir le spectacle. Nous sommes en train de négocier avec le chorégraphe Massimo Gerardi, pour qu’il vienne tenir des ateliers destinés aux professionnels et aux non-professionnels, qu’il reprennent certains de ses spectacles, la coproduction roumano-allemande « Magnetic Fields », par exemple. Nous l’avons invité à monter un spectacle pour la compagnie Linotip. »

    La saison Linotip a commencé le 1er février, avec le spectacle « Babel », conçu par Arcadie Rusu, qui signe aussi la chorégraphie. C’est un spectacle sur l’homme contemporain et sur la ville en tant que jungle urbaine, où chacun tâche de survivre comme il peut. Arcadie Rusu : « C’est, avant tout, un spectacle inspiré de la vie que nous menons. La ville de Bucarest a été la plateforme de recherche pour ce spectacle. Généralement parlant, « Babel » est un spectacle sur notre involution en tant qu’espèce humaine. Nous avons beaucoup évolué du point de vu technologique, mais nous sommes confrontés aux mêmes problèmes. Nous n’avons pas compris que notre vie est condensée dans un certains laps de temps, qu’à un moment donné elle prendra fin et que rien de matériel ne comptera plus. Nous cherchons la stabilité, l’équilibre et cela donne naissance aux idées égocentriques, aux idées matérialistes, faisant perdre à l’homme la teinte spirituelle. Or, « Babel » est un spectacle de danse contemporaine qui parle justement de l’illusion de la stabilité. »

    Une deuxième première a suivi le spectacle « Babel », à savoir « 2 femmes contemporaines », conçu par la chorégraphe Ioana Marchidan : « Dans ce spectacle, je parle un peu de la condition de la femme, de la discrimination qu’elle a subi au fil de l’histoire. On sait très bien que la femme était la propriété de quelqu’un – du père, du mari. Les femmes étaient vendues comme du bétail – si j’ose dire. Je me suis intéressée aux suffragettes, qui ont lutté pour obtenir le droit de vote des femmes. Et j’ai tâché d’en parler, de ramener dans l’actualité, de toucher les « sous-thèmes » du féminisme. C’est un spectacle féministe, que je n’ai pas voulu militant. Je n’ai pas voulu me diriger vers un côté extrémiste. J’ai commencé par l’adolescence ; à cet âge, dans la rue, les jeunes filles se voient adresser toute sorte d’injures sexistes. A l’âge de la puberté et de l’adolescence, elles sont sensibles et ce genre de choses peut les affecter. »

    Il n’est pas facile d’ouvrir et de gérer un espace indépendant dédié à la danse contemporaine. Pourtant, la chorégraphe Ioana Marchidan est confiante : « Je pense que le contexte actuel est favorable, d’autant plus que nos spectacles parlent justement de ce qui se passe maintenant dans le domaine politique, des manifestations place de la Victoire, à Bucarest… Le public cherche les spectacles fondés sur le mouvement et les centres de danse ne sont pas nombreux : trois, avec le nôtre, ce qui est aussi à notre avantage. Pourtant c’est très peu et le public a besoin de ce genre d’espaces. Pour en ouvrir, il faut pourtant beaucoup de courage. C’est difficile, il faut assumer, lutter… Il faut de l’argent. Nous avons eu, nous aussi ce genre de problèmes : on doit travailler, mettre de l’argent de côté, emprunter… L’argent viendra. Je suis sûre que tout va bien se passer. »

  • Danse à Sibiu

    Danse à Sibiu

    La présence israélienne à Sibiu est très attendue par un large public.



    Fondée en 1992 à Jérusalem, par Noa Wertheim et Adi Shaal, Vertigo Dance Company est une des compagnies de danse les plus connues dIsraël. Présente déjà à 5 éditions du Festival international de théâtre de Sibiu, elle compte parmi les favorites du public. A lédition actuelle, la 24e, elle a présenté à Sibiu deux spectacles : le premier, « Vertigo 20 », une production anniversaire, récompensée dun prix dexcellence accordé par le ministère israélien de la Culture et du Sport. Le second spectacle, « Yama », est plus récent. La chorégraphie des deux spectacles est signée par Noa Wertheim.



    Noa Wertheim explique: « Jai imaginé ce spectacle comme une célébration, pourtant il mest difficile de créer uniquement pour le divertissement ou la fête. Je ne suis pas ce genre dartiste. Je souhaite toujours aller jusquà la quintessence de mon travail. Ce qui est intéressant, dans ce spectacle, cest le thème du choix, qui est, je pense, intrinsèque à ma création. Car je me demande toujours dans quelle mesure nous pouvons décider et ce que nous pouvons contrôler dans nos vies. Aussi, le choix sur ce que je dois faire et comment le faire est pour moi la grande question. Intégrer à mes spectacles les moments de fête de notre vie, le temps et lespace entre la terre et le ciel. Ces endroits-là où lon peut sasseoir de façon à ce que vos pieds ne touchent pas le plancher, sur des chaises conçues de manière très astucieuse, abstraite. Lespace créé est comme un cellier entre le ciel et la terre. A chaque fois que nous voulons agir, nous entrons dans ce monde en faisant des roulés-boulés et nous en sortons en quelque sorte comme des marionnettes maniées par Dieu, par le public… »





    Le second spectacle invité au Festival international de théâtre de Sibiu, « Yama », est complètement différent de «Vertigo 20». Il sort de cette zone de la célébration pour entrer dans un espace beaucoup plus spirituel.



    Noa Wertheim : « Yama signifie “eau”, mais les costumes sont noirs, tout est noir. Au-dessus de nous sont suspendues des boîtes, de plus en plus bas. Car il est écrit dans la Bible quau deuxième jour ont été créés leau et le ciel. Cest donc comme un reflet. Jutilise leau en mouvement, les vagues, une forte matérialité qui, dans les arts martiaux, sappelle Fa jing. En outre, à la fin jai imaginé une danse des derviches. Cest tout à fait différent du spectacle « Vertigo 20 ». « Vertigo 20 » est une célébration, cest la fête ; « Yama », lui, est un spectacle sérieux, profond, lourd, mais je pense quil apporte à la fin un espoir spirituel. »





    Deux autres compagnies israéliennes de danse ont été présentes cette année au Festival de Sibiu : Kibbutz Contemporary Dance Company, avec le spectacle « Horses In the Sky » (Chevaux dans le ciel), dont la chorégraphie était signée par Rami Beer, et Batsheva Dance Company, avec « Naharins Virus », dans la chorégraphie dOhad Naharin. Un spectacle pour lequel Naharin a reçu, en 2002, le prix New York Dance and Performance « Bessie ». Créateur du Gaga, un langage du mouvement, Ohad Naharin est un des 6 artistes qui auront une étoile sur lAllée des célébrités de Sibiu, un projet du Festival international de théâtre.





    Toujours dans la section danse, notons la participation, pour la deuxième année daffilée, de la Brenda Angiel Dance Company, dArgentine. Brenda Angiel, qui, en 1994, fondait la compagnie de danse portant son nom, allait jeter, en 1998, les bases de la première école de danse aérienne de Buenos Aires. Après le formidable succès remporté lan dernier à Sibiu, avec le spectacle « Tango en hauteur », Brenda Angiel Dance Company a proposé cette année un kaléidoscope de mouvements et danimation, où les danseurs flottent dans lair et essaient de dépasser leurs propres limites, se servant aussi du plancher et des murs. Cette danse aérienne na rien à voir avec les acrobaties de cirque, car elle emploie un langage à part.



    Brenda Angiel parle de cette « aerial dance » : « Ce que nous montrons maintenant est le fruit de 22 années de travail. Jaime bien étudier le mouvement, afin dobtenir des perspectives diverses et didentifier de nouvelles possibilités dexpression. Si je me suis penchée sur la danse aérienne, cest justement parce quelle moffre une autre approche du mouvement et ouvre le public sur une perspective différente. En plus, cest très attractif. Cest, si vous voulez, une sorte dopportunité sans fin. Il est vrai que de nos jours la danse aérienne est plutôt assimilée à un art du cirque, mais ce que je fais, moi, cest de la danse. Je ne cherche pas à faire des acrobaties, je danse. Le langage de la danse, cest le mouvement. Tout le reste vient après. Des fois, la danse peut devenir émouvante ou raconter de petites histoires. Bref, je joue en quelque sorte avec les abstractions, pour finalement retourner au mouvement. »



    La Roumanie a elle aussi participé au festival de Sibiu, avec un spectacle portant la signature du chorégraphe Gigi Căciuleanu et qui sadresse surtout aux jeunes. Intitulé #EMOJIPLAY, il a été mis en scène au Théâtre Excelsior de Bucarest. « #EMOJIPLAY mélange, de manière apparemment ludique, le langage tridimensionnel de la danse des comédiens avec lunivers visuel, étrange, et bidimensionnel des symboles et des nouvelles métaphores », précise le chorégraphe.



    Gigi Căciuleanu : « Lidée de la communication, du dialogue, est très présente dans ce spectacle. Des fois, ça ressemble à un dialogue de sourds, alors que dautres fois on assiste à de véritables échanges fulgurants. Pour vous donner une idée, pensez au geste que vous faites pour effacer quelque chose de lécran de votre ordinateur ou lorsque vous frottez une allumette contre le grattoir. Il nest pas moins vrai que ce geste peut anéantir votre partenaire. Un simple « je naime pas » peut avoir un tel effet. Lidée phare du spectacle cest le besoin dhumanité que lon ressent dans un monde toujours plus déshumanisé, envahi par une multitude décrans et dacquis de la science et de la technologie. Faudra-il devenir des robots ou au contraire, être encore plus humains? Notre chair, notre peau, nos yeux, notre regard peuvent mieux servir à nouer un dialogue que des signes sur un écran. »



    Depuis 2013, date du lancement de ce projet, Gigi Căciuleanu a son étoile sur lAllée des célébrités, à Sibiu. Un geste de reconnaissance de « loriginalité de sa création dans lunivers de la danse et du théâtre. » (Trad. : Mariana Tudose, Dominique)

  • Monuments dansants

    Monuments dansants

    Ils vous regardent fixement avec leurs yeux en marbre ou en granite. Vous savez pertinemment que les statues, ces femmes et hommes sculptés dans des matières lourdes qui remplissent les musées et les monuments, ne peuvent pas bouger. Cependant, si, par miracle, toutes ces silhouettes s’animaient, quels seraient leurs mouvements, comment prolongeraient-elles la posture, l’attitude et l’état d’âme manifestes que leur avait assigné l’artiste les ayant créées ? Qu’est-ce qui se passe à l’intérieur d’un monument après la fin des heures de visite, dans le silence qui s’installe — celui-ci a-t-il une vie intérieure ? Ces questions, tout visiteur de musées se les est posées, même furtivement, au moins une fois dans sa vie.



    Des questions qui relèvent du fantastique, mais qui sont également au cœur du projet « Hydre » du chorégraphe Yuval Pick, qui interroge la relation entre la danse contemporaine et le patrimoine. Un spectacle présenté à Bucarest et / — aujourd’hui même, à 19h / – à Cisnadioara, petite commune monument historique du centre de la Roumanie. Cette production est présentée dans le cadre du programme international « France Danse Orient Express » spécialement adapté à la Roumanie par l’antenne locale de l’Institut français, car ce projet se décline simultanément mais séparément dans 13 pays d’Europe centrale et orientale.



    Explications avec Yuval Pick, créateur de « l’Hydre », mais aussi le directeur du Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape, en région Rhône-Alpes en France.




  • Danser le quotidien

    Danser le quotidien

    On ne les observe pas, mais il ne faut qu’un son venu de nulle part, pour qu’ils sortent de la foule. Six jeunes femmes et hommes s’engouffrent dans les interstices du va et vient des passants. De quelques gestes, ils créent tout un univers, mettent la hâte en pause, suspendent la marche des autres et puis, ni vu ni connu, ils se fondent à nouveau dans la le mouvement de la ville. Il ne s’agit ni d’un flashmob, ni d’un impromptu mais d’un vrai spectacle du Groupe urbain d’intervention dansée de la compagnie du fameux chorégraphe français Angelin Preljocaj.



    Faire danser le quotidien, l’exceptionnel comme l’anodin, le patrimoine et le périssable c’est précisément la mission « France Danse Orient Express », un vaste projet voyageur dans 13 pays d’Europe Centrale et Orientale, qui se déroulera jusqu’en décembre 2017. Les artistes du Ballet Preljocaj, du Centre chorégraphique national d’Aix-en-Provence, sont la locomotive de ce marathon dansant qui, en Roumanie, s’est ouvert presque simultanément à Timisoara et à Bucarest. Irina Petrescu, directrice déléguée de l’Institut français de Bucarest, et Guillaume Siard, chef de projet et délégué à la direction pédagogique du Ballet Preljocaj, lèvent le rideau sur cet événement recommandé par RRI.






    Le GUID, ce vendredi 26 mai, à 19h, dans le Passage Universitatii, à Bucarest.

  • Spectacle consacré à Isidore Isou à Bucarest

    Spectacle consacré à Isidore Isou à Bucarest

    Le Centre national de la Danse de Bucarest a proposé, récemment, en première, une expérience unique consacrée à l’artiste français d’origine roumaine Isidore Isou, créateur du lettrisme. La mezzo-soprano britannique Loré Lixenberg et le compositeur français Frédéric Acquaviva ont présenté chacun, un récital musical inspiré par les créations d’Isidore Isou. Né en 1925, à Botosani, en Roumanie, celui-ci s’établit définitivement à Paris, au cœur du quartier Saint-Germain-des-Prés où il arrive clandestinement en août 1945, après un périple périlleux de plusieurs semaines à travers l’Europe. Malgré le succès du courant littéraire qu’il a inventé, Isidore Isou reste plutôt méconnu du public roumain. C’est la raison pour laquelle le Centre national de la danse a décidé de lui consacrer un premier événement d’une série qui s’annonce plus longue.

    Le commissaire d’exposition Igor Mocanu affirme: « En tant que membre de l’avant-garde, Isidore Isou est un artiste à préoccupations multiples. Du coup, il s’occupe également de la danse à laquelle il a consacré un manifeste et plusieurs textes théoriques. A la différence de l’avant-garde expressionniste allemande des années 1920- 1930, Isidore Isou a imaginé une chorégraphie de la chute, des objets qui plongent dans le vide. C’est d’ailleurs une vision qui pourrait servir de source d’inspiration pour un futur projet de notre centre. Mais, pour l’instant, on a invité un compositeur français vivant à Berlin, à la tête de la Plaque Tournante, un espace artistique avant-gardiste basé dans la capitale allemande et d’une mezzo-soprano britannique. Concrètement, il s’agit de Frédéric Acquaviva et de Loré Lixenberg, deux artistes fortement préoccupés par l’art contemporain et par l’œuvre d’Isidore Isou. Ceci dit, il convient de préciser que Frédéric est un collectionneur d’ouvrages portant la signature d’Isou ».

    L’événement consacré à Isidore Isou a débuté par la projection vidéo d’un extrait de deux minutes d’un documentaire réalisé par Orson Welles et intitulé « Around the World in Saint Germai des Près » « Autour du monde à Saint Germain des Près ». Tournée en 1955 à Paris, sous la direction de la Librairie Fischbacher, la séquence présentée au public bucarestois a pour protagonistes Isidore Isou, Maurice Lemaître, Jacques Spacagna et Orson Welles.

    Le récital de la mezzo-soprano Loré Lixenberg a inclus des ouvrages créés entre 1947 et 1984. En voici les témoignages : « J’ai fait une sélection parmi les œuvres d’Isidore Isou, composées entre 1945 et 1984. J’ai fini par choisir « la Neige », un de ses premiers ouvrages musicaux qui témoigne de son génie de transformer la réalité. J’interprète aussi quelques-uns de ses poèmes silencieux qui se chantent à l’aide des gestes. C’est absolument fascinant pour un artiste comme moi d’interpréter un matériel tellement riche en sons différents. Personnellement, j’adore ces désaccords entre les sons et leur signification. C’est un sentiment qui me plaît, un « good mouth feel » comme on dit ».

    Vers la fin de sa vie, Isidore Isou s’est beaucoup rapproché de la musique. La seconde partie de l’événement de Bucarest a inclus justement une composition de cette période. Il s’agit de la Symphonie nr 4, « Juvenal », composée en 2001 et orchestrée par Frédéric Acquaviva en 2003. Le compositeur français avait connu Isidore Isou pendant les 10 dernières années de sa vie. Ils ont créé ensemble plusieurs symphonies.

    Frédéric Acquaviva décrit la création musicale d’Isidore Isou: « Il a quitté la Roumanie après la Seconde Guerre Mondiale. Il est arrivé à Paris en 1945. Il voulait créer de la poésie lettriste, soit un mélange de poésie et de musique. Par conséquent, plus tard, on en parlait en termes de « poésie », alors qu’en fait, la poésie lettriste n’utilise que la voix, des mouvements et des sons obtenus à l’aide du corps. C’est donc une sorte de « musique du corps » (body sound). C’est quelque chose de très avancé. C’est une poésie complètement abstraite. La musique d’Isidore Isou a l’air un peu primitif, parce qu’elle est construite en boucles. C’est quelque chose de très bizarre. « Juvenal » est la 4e des 5 symphonies sur lesquelles nous avons travaillé ensemble. Nous l’avons orchestrée sur la voix de la chorale. On ne s’y rend compte ni de l’époque, ni du pays où l’on est, ce qui est vraiment très intéressant et très spécial. »

    Le compositeur Frédéric Acquaviva a déjà organisé plusieurs événements consacrés à Isidore Isou à travers l’Europe et ses projets continueront : « J’ai déjà organisé plusieurs expositions et j’ai écrit des livres sur Isidore Isou. Avec laide de l’Institut Culturel Roumain de Stockholm, j’ai publié un livre consacré à ses romans hyper-graphiques. Et puis, nous sommes ici, au Centre national de la danse de Bucarest. Il faut dire qu’Isidore Isou a créé quelques chorégraphies fantastiques qui devançaient d’au moins 40 ans leur temps. Il écrivait dans les années 1950 ce que l’on retrouve dans la danse contemporaine française des années ’90, par exemple. D’ailleurs, je suis en train de travailler sur quelques projets qui lui sont consacrés. Tout d’abord sur une monographie de ses peintures et de ses œuvres d’art. J’espère qu’elle sera publiée cette année par les Editions du Griffon. Ce sont les mêmes éditions qui ont publié la première monographie de Brancusi dans les années ’50. » (Trad. Ioana Stancescu, Valentina Beleavski)

  • Le festival national du théâtre 2016 sous le signe de la danse

    Le festival national du théâtre 2016 sous le signe de la danse

    L’inauguration officielle du festival a été marquée lors du vernissage de l’exposition « Caciuleanu », un hommage au chorégraphe roumain Gigi Caciuleanu. Parmi les invités étrangers de marque du Festival ont figuré Angelin Preljocaj et Carolyn Carlson. A l’affiche également – des spectacles où la danse occupe une place importante, avec des chorégraphies signées par de grands créateurs, tels Pal Frenak, Răzvan Mazilu et Andrea Gavriliu.

    Bref, une édition sous le signe de la danse, cette année, au Festival national de théâtre. « Lorsque l’on dédie un festival à une personnalité comme celle de Miriam Răducanu, on la dédie non seulement à la danse, mais aussi à la culture et à la beauté », affirmait le chorégraphe Gigi Căciuleanu, un des disciples de l’artiste. Née en 1924, Miriam Răducanu « a révolutionné la danse en Roumanie par la manière dont elle a réuni des arts tels la poésie ou la musique, jointes par la force et le message d’une gestualité unique », affirme aussi la critique de danse Gina Şerbănescu.

    « Le créateur de danse» Gigi Căciuleanu a ouvert le Festival national de théâtre de cette année. C’est toujours lui qui a marqué la tombée du rideau de la manifestation lors du lancement du volume « Miroirs », réunissant des textes qu’il a écrits au fil des années. Gigi Căciuleanu : «Depuis toujours j’écris sur des bouts de papier, où que je sois. C’est ainsi que je note mes danses. C’est ce que j’ai dit au lancement du livre : c’est un livre qui contient des danses, tout comme mes danses contiennent de la poésie et des dessins. Ce n’est pas du tout un livre ennuyeux, ni difficile à lire. Au contraire, il comporte des poésies à réciter. Le volume est écrit en plusieurs langues, parce qu’une bonne partie des poésies n’ont pas été écrites directement en roumain. J’ai traduit en roumain les vers écrits en français et j’ai recommencé à écrire, j’ai redécouvert notre belle langue. Et je me demande pourquoi existe l’espéranto, s’il existe la langue roumaine, qui contient tant d’éléments qui auraient pu unifier un langage international. »

    Les deux premiers jours du Festival national de théâtre ont ramené devant le public roumain un des meilleurs chorégraphes européens, le Français d’origine albanaise Angelin Preljocaj. Après « Blanche Neige », il est revenu avec un spectacle inspiré d’un conte chinois : « La Fresque », dont la première mondiale a eu lieu un mois auparavant.

    Née en Californie et établie à Paris, la chorégraphe Carolyn Carlson a animé un atelier de danse dans le cadre du Festival national de théâtre. Elle y a également présenté deux spectacles: « Short Stories/ Petites histoires » et « Now/ Maintenant ». Ce dernier spectacle promeut des idées comme « la danse vit et meurt maintenant » ou « nous avons la possibilité de changer le monde maintenant ». Carolyn Carlson explique comment sont nées ces idées: « D’une part, j’aime beaucoup Gaston Bachelard. J’ai fait trois spectacles d’après ses pièces : « Water and Dreams» (Eau et rêves), « Air and Dreams » (Air et rêves) et celui-ci qui est inspiré de « La poétique de l’espace ». Il parle de forêts, d’intimité et d’immensité. D’autre part, j’ai commencé à prendre le métro pour aller aux répétions. Et j’ai remarqué qu’il n’y avait personne. C’est-à-dire, chacun était préoccupé par son portable. Je parle de Paris, là… Et j’ai pensé : y a-t-il quelqu’un qui soit vraiment là ? Pourquoi ne peut-on pas tout simplement regarder les gens et profiter du voyage ? Je trouve que nous faisons moins attention à la vie. Il y a trop de choses. J’ai donc décidé d’intituler mon spectacle «Now » (Maintenant). »

    C’est toujours pour la danse en tant que forme d’expression qu’a opté la Roumaine Andreea Gavriliu dans les deux spectacles présentés à l’édition 2016 du Festival national de théâtre. Le premier – « Dancer in the Dark » inspiré du célèbre film homonyme de Lars Von Trier – a été mis en scène par Vlad Massaci à Brasov. Le second, intitulé «A vos ordres, Führer ! », a été mis en scène par Mihai Măniuţiu à Turda, ayant pour protagoniste la célèbre comédienne roumaine Maia Morgenstern. Par ses chorégraphies, Andreea Gavriliu réussit à créer de nouveaux univers dans chacun de ses spectacles. Ecoutons-la : « Dans « Dancer in the Dark » j’ai essayé d’imaginer un univers sonore aussi expressif que possible, parce qu’au moment où quelqu’un est presque aveugle, tous les autres sens deviennent très aigus, et notamment l’ouïe. Nous avons voulu exprimer par le biais du mouvement le fait que le rythme et les sons qui nous entourent deviennent beaucoup plus forts et ont un effet sur notre corps. C’est pourquoi j’ai choisi une musique très suggestive, dans laquelle tous les sons apparemment habituels, qui nous entourent dans la vie quotidienne, se transforment en musique. Par contre, dans le spectacle «A vos ordres, Führer ! », c’est tout autre chose. Il s’agit du destin d’une femme élevée dans l’idéologie nazie, mais c’est une personne qui a voulu faire du bien, même si le régime s’est avéré une catastrophe pour l’humanité. D’un point de vu chorégraphique, j’ai tenté de développer un langage inspiré par la rigueur du régime nazi ».

    Et c’est toujours Andreea Gavriliu qui nous explique pourquoi la danse a eu cette année une place si importante dans le Festival national du théâtre :SON : «Tout ce qu’un acteur fait pour construire son rôle a une composante chorégraphique très importante. Et je pense que cet aspect doit être de plus en plus évident tant pour les créateurs de théâtre que pour les spectateurs.» Pour Gigi Căciuleanu, cette édition du festival a été une véritable célébration de l’art : «Personnellement, je trouve très symbolique et réjouissante l’opportunité de faire partie du Festival de théâtre, la danse étant une particularité de cette généralité qui est le théâtre », a conclu Gigi Căciuleanu. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Răzvan Mazilu et le cabaret

    Răzvan Mazilu et le cabaret

    Răzvan Mazilu, danseur, chorégraphe et depuis quelque temps metteur en scène aussi, a réalisé, il y a deux ans, au Théâtre allemand de Timişoara, une comédie musicale, en partant des partitions « Cabaret » et « Money, Money ». Le spectacle, intitulé « Cabaret », sur le livret de Joe Masteroff, a joui d’un immense succès tant auprès du public que de la critique. Daniela Török et Georg Peetz ont été nominés pour les Prix de l’UNITER 2015, dans la catégorie « Meilleur comédien dans un rôle principal » pour le rôle de Sally Bowles, et respectivement dans la section « Meilleur comédien dans un rôle secondaire » pour le rôle de conférencier. Une année après la mise en scène de cette comédie musicale sur l’univers du cabaret, plus précisément à l’automne 2015, Răzvan Mazilu a monté à Bucarest le spectacle de cabaret burlesque, « Mon Cabaret Noir ». Cette production, de moindre envergure, a été accueillie par le théâtre indépendant Teatrelli.

    Răzvan Mazilu : « Je crois avoir vécu, dans une vie antérieure, à l’entre-deux-guerres, car je me reconnais un certain sens et une certaine intuition du spectacle. C’est la raison pour laquelle j’ai été attiré par le célèbre Cabaret, que j’ai monté à Timişoara. C’est un genre qui m’intéresse beaucoup et sur lequel je ne cesse de me documenter. Ma première expérience dans ce domaine remonte à 2001, quand j’ai mis en scène le spectacle L’ange bleu, d’après le roman de Heinrich Mann et le film qui a valu la célébrité à Marlene Dietrich. C’était au Théâtre Odeon. Ma deuxième rencontre avec le cabaret a été le one-man show intitulé Sell me, réalisé avec le chorégraphe Florin Fieroiu. Ce spectacle d’une demi-heure, où je dansais sur la musique de cabaret interprétée par Eartha Kitt, je l’ai également présenté dans des espaces non conventionnels. Je me suis promis alors de revenir sur cet univers. Je souhaite faire de la comédie musicale, car ce genre, qui a fait ses preuves face au public, me représente le mieux. Ce type de spectacle repose sur le mélange entre danse, théâtre et musique, en harmonie avec la sensibilité des spectateurs de nos jours. C’est ce dont le public a besoin, à savoir une sorte de divertissement intelligent et culturel, un spectacle capable de soulever des questions. J’en ai fait de même avec le spectacle The Full Monty, du Théâtre national de Timişoara ou encore Cabaret, que j’ai monté au Théâtre allemand d’Etat de Timişoara et qui sont en fait des histoires avec une morale. »

    Dans un monde où la télévision entend promouvoir massivement le divertissement léger, ce danger guette aussi le théâtre. Răzvan Mazilu et tous les comédiens avec lesquels il a collaboré ont travaillé avec professionnalisme : « La problématique que j’ai choisi de traiter ne vous laisse pas glisser vers le divertissement léger ou d’un goût douteux. Les titres pour lesquels j’ai opté sont des propositions aussi courageuses que profondes, des chefs-d’œuvre du genre. Les livrets et la musique sont des meilleurs. Ensuite, le fait que j’ai très bien su, à chaque projet, ce que j’avais l’intention de faire, a lui aussi contribué à rehausser la valeur de l’interprète, à enrichir les moyens d’expression artistique mis à sa disposition. Jouer dans une comédie musicale c’est évoluer, du point de vue du comédien, car il s’agit d’un genre de spectacle complexe et élaboré, qui demande beaucoup de travail. Moi, personnellement, j’ai toujours cherché à hausser la barre de la performance et de la virtuosité ».

    La mise en scène du spectacle « Mon Cabaret Noir » est étroitement liée à la réalisation de la comédie musicale « Cabaret ». Avant d’entamer le travail à sa nouvelle production, Razvan Mazilu est parti se documenter à Berlin. Et puis un jour, en cherchant des traces du cabaret de jadis, d’avant la deuxième guerre mondiale, Razvan Mazilu découvre Anita Berber, danseuse, chorégraphe et actrice, une star des années ’20 dotée d’un fort esprit avant-gardiste et rebelle qui a inspiré les célèbres Marlene Dietrich et Greta Garbo.

    Razvan Mazilu: « Mon Cabaret Noir est un cabaret parce qu’il parle de l’univers des spectacles de variétés du Berlin de l’entre deux-guerres et parce que la protagoniste en est Anita Berber, une danseuse et chorégraphe à l’affiche des spectacles clandestins de cabaret de ces années-là. C’est un spectacle que j’ai imaginé comme une sorte de juke-box qui offre toute sorte de chansons plus ou moins célèbres depuis les années 20 jusqu’à présent. J’ai choisi des chansons qui soutiennent et complètent l’histoire que je raconte sur scène. Et puis, mon cabaret est noir parce qu’il renvoie à des zones plutôt noires de la personnalité humaine et parce que la protagoniste, Anita Berber, a un côté plein d’ombres. D’ombres et de lumières à la fois. Deux facettes très intéressantes ».

    Pour son Cabaret noir, Razvan Mazilu a choisi quatre actrices de talent, chacune à forte personnalité artistique, très différentes l’une de l’autre: Alina Petrică, Anca Florescu, Ana Bianca Popescu et Ilona Brezoianu. Pour jouer dans une comédie musicale, le talent ne suffit pas. Il faut également de la discipline et de la rigueur, deux traits de caractère qui définissent la troupe du Théâtre allemand de Timisoara avec laquelle Razvan Mazilu a collaboré pour son spectacle.

    Le chorégraphe Razvan Mazilu: « Un artiste de cabaret doit chanter, danser, jouer, réciter, avoir la disponibilité de comprendre qu’il s’agit d’un genre artistique tout à fait différent qui implique un autre type de discours sur scène. Le comédien doit avoir la conscience de son esprit ludique, il doit se prêter à tout: à jouer, à se tenir sur la tête pendant qu’il récite son texte. Il doit avoir du courage, de l’audace, du charisme. Il doit faire de beaux sourires et s’ouvrir tout le temps vers le public. Car, le spectacle de cabaret implique une relation permanente et directe entre les acteurs et les spectateurs ». (Trad. Ioana Stancescu, Mariana Tudose)

  • La nuit des Sânziene

    La nuit des Sânziene

    La nuit du 23 au 24 juin est connue dans la tradition roumaine comme la nuit des « Sânziene ». Les Sânziene sont de jeunes filles habillées en vêtements de fête, qui portaient des couronnes de fleurs sur leurs têtes et dansaient en ronde. C’est une fête liée au culte de la végétation et de la fécondité, un mélange fascinant d’éléments chrétiens, païens et magiques. Ses origines sont à retrouver dans un culte solaire ancien correspondant à la fête chrétienne de la naissance de Saint Jean – Baptiste. C’est un rituel censé marquer le renouvellement de la nature et c’est aussi la seule fête préchrétienne acceptée par l’Eglise Orthodoxe Roumaine. Selon les croyances païennes, la présence des Sânziene, des esprits invisibles, est ressentie uniquement pendant cette nuit du 23 au 24 juin. Pour plus de détails sur ce moment magique de la tradition roumaine, nous avons invité au micro l’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu : «C’est une des fêtes les plus fascinantes de la mythologie du peuple roumain. On la retrouve d’ailleurs dans l’ensemble de l’espace balkanique, dans les pays voisins. La fête des Sânziene est directement liée au solstice d’été, elle a des racines indo-européennes anciennes, comme c’est le cas de Stonehenge par exemple, un endroit associé avec les rituels du solstice. Il s’agit en fait de rituels imaginés par nos contemporains parce que nous ne pouvons pas savoir exactement ce qui s’y passait il y a des millénaires. Grâce aux recherches des ethnologues et des ethnographes nous savons que les Sânziene sont des divinités qui, lors du solstice d’été, descendent sur la terre et la bénissent, par la ronde qu’elles dansent. A ce moment-là, le Soleil est le plus proche de la Terre. Personne n’avait le droit de regarder la danse des Sânziene, car on courait le risque d’être aveuglé, de tomber malade, de devenir fou, bref de « perdre sa tête » comme on dit. Dans le sud du pays, dans cette même période on fait la danse des « Căluşari » pour protéger les communautés roumaines de ces divinités si puissantes ».

    La danse des Căluşari a des règles très strictes. Tout d’abord, seuls les hommes ont le droit d’y participer. Puis, les danseurs ont des costumes spéciaux et des accessoires tels des bâtons en bois, un drapeau, des sabres ou des plantes médicinales. Leurs chemises sont cousues de fil rouge, ils portent des chapeaux ornés de rubans, de clochettes métalliques, de petits pompons, alors que leurs bottes sont garnies d’éperons. Le leader du groupe porte un grand bâton orné de plantes médicinales, très importantes dans le contexte de la fête des Sânziene. On dit que leurs effets thérapeutiques s’accentuent pendant la période du solstice d’été. Les femmes cueillent ces plantes pendant la nuit du 23 au 24 juin et les emmènent le lendemain à l’église pour les libérer de l’influence des Sânziene, considérées aussi comme des fées malveillantes. Florin-Ionuţ Filip Neacşu raconte : « Dans de nombreux villages roumains, on garde toujours la tradition selon laquelle les jeunes filles portent des couronnes de fleurs la nuit des Sânziene, alors que les jeunes hommes jettent des couronnes de fleurs au-dessus des toits des maisons où habitent les jeunes filles célibataires. Il y a aussi des chansons spécifiques de cette fête. Plus encore, au cours des premiers siècles, l’église chrétienne a tenté de superposer des fêtes religieuses aux fêtes préchrétiennes. C’est aussi le cas de la fête des Sânziene. Par conséquent, le même jour, l’église roumaine célèbre la naissance de Saint Jean Baptiste. De nos jours, la danse des Sânziene est reconstituée dans de nombreux musées d’art traditionnel de Roumanie. Et depuis quelques années, partout dans le monde où vivent des communautés roumaines, les femmes ont pris l’habitude de porter la blouse traditionnelle roumaine, ia, le jour du solstice, justement pour témoigner de la force de nos traditions. C’est pourquoi, la fête de la blouse roumaine est célébrée le même jour que les Sânziene. »

    Avant de terminer, mentionnons que la dimension la plus importante de cette tradition est, sans doute, le culte de la fertilité. Vu que c’est une fête solaire qui marque l’expansion de la nature après le passage de l’hiver, la nuit des Sânziene est aussi un symbole de la féminité, mise aussi en valeur par les blouses roumaines traditionnelles. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Le Festival LIKE CNDB

    Le Festival LIKE CNDB

    La capitale roumaine accueille jusqu’au 17 avril la 3e édition du Festival LIKE CNDB, organisé par le Centre national de la danse de Bucarest. Inclassifiable c’est le thème qui fédère cette année des formes hybrides de spectacles et des manifestations connexes, nées de la rencontre avec les autres arts.

    Vava Ştefănescu, manager du Centre national de la danse explique la signification du thème : « Pourquoi inclassifiable? Tout d’abord parce que nous célébrons cette année le centenaire du dadaïsme, un des courants d’avant-garde les plus puissants. D’ailleurs, le Centre national de la danse se réclame de cet esprit avant-gardiste. Il a toujours proposé des choses hors normes, qui ont brisé les moules, ont fait évoluer l’approche et les moyens de monter un spectacle. Ensuite, nous avons constaté dernièrement chez les artistes des préoccupations très diverses, qui ne se laissent plus classifier comme relevant de tel ou tel genre. La danse n’y fait pas exception. Elle devient plus complexe, du fait de ses discours multiples et variés. »

    Un des spectacles inclassifiables ayant reçu cette année la mention « j’aime » du Centre national de la danse a été Elle est un bon garçon, dont le texte et la mise en scène portent la signature de Eugen Jebeleanu. Selon son auteur, le projet, inspiré du film documentaire « Rodica est un bon garçon », porte sur le manque de tolérance sociale à l’égard des minorités. Il vise à sensibiliser l’opinion publique au caractère nuisible de l’intolérance, de la discrimination ou du moins à susciter des interrogations.

    Le protagoniste du spectacle est le comédien Florin Caracala : « Ce n’est pas un spectacle de théâtre ni de danse. C’est tout simplement la quintessence de l’histoire de Rodica, telle que racontée par le film documentaire. Rodica est, au fait, un transsexuel, qui vit dans le village de Rozavlea, du comté de Maramureş, prend soin des animaux et chante de la musique traditionnelle roumaine aux mariages et dans des bars. La façon dont cette communauté se conduit envers Rodica est un véritable exemple à suivre. Tous les villageois de Rozavlea l’aiment et pensent que Rodica est un bon garçon. Nous avons puisé dans le documentaire des images et quelques témoignages de Rodica pour les intégrer dans notre performance. Notre spectacle ne parle pas du film, mais de notre relation avec Rodica et de la transsexualité, de l’identité de genre et de la législation européenne en la matière. »

    Le spectacle Elle est un bon garçon a été réalisé à Cluj. C’est de cette même ville que provient un autre spectacle présenté au festival LIKE CNDB, à savoir le concert Parental CTRL, de l’artiste éclectique Ferenc Sinkó : « Ce spectacle a été invité par le Centre national de la danse et par certains théâtres. Le sujet est le même: quand on fait partie d’une minorité, on a la chance d’être minoritaire et majoritaire à la fois, ce qui confère donc une certaine flexibilité. Moi, je cherche une forme qui puisse me représenter. Pour l’instant, cette forme plutôt imprécise, inclassifiable, me convient. A mon avis, ce titre est accrocheur. Nous ne nous sommes pas proposé de traiter du contrôle parental ou des grandes ruptures entre les générations. Nous avons tenté d’approcher le sujet sous un angle plus personnel, celui des histoires individuelles de relations parents-enfants, pour ensuite les développer et aboutir à des généralisations. J’espère que les spectateurs y voient une sorte de miroir et en tire des leçons pour leurs propres vies … »

    La 3e édition du Festival LIKE CNDB a également accueilli la première du spectacle « Jeune femme brune nue », mis en scène par Andreea David, qui y révèle ses deux talents de performeuse et d’architecte. Fort et fragile dans le même temps, selon Vava Ştefănescu, ce projet, né au bout d’un stage artistique à la Fabrique de pinceaux de Cluj, est le fruit de la collaboration avec le Centre national de la danse. Andreea David : « J’ai longtemps travaillé avec les cheveux. C’est la raison pour laquelle on retrouve dans le titre l’expression « femme brune ». Je me suis demandé quel est le rapport entre la chevelure, intimement lié à la féminité, et le corps nu, qui n’apparaît jamais dans les peintures séparé de la tête. J’ai donc pensé à travailler distinctement sur chacun de ces deux plans, les cheveux et le corps. Ceux qui ont déjà vu une partie de mon spectacle ont affirmé que c’était sans doute l’œuvre d’un architecte. Cela ressort, je crois, de ma relation avec les objets que j’apporte sur la scène. Le message est donc celui de la manière dont le performeur réalise la composition scénique et s’y intègre. Il entre en relation avec les objets dont il se sert dans sa composition. »

    Les préoccupations des artistes roumains de nos jours sont de plus en plus variées. C’est justement cette diversité que l’édition 2016 du Festival LIKE CNDB s’est proposé d’illustrer. Fidèle à son esprit progressiste, le Centre national de la danse de Bucarest a, une fois de plus, mis en avant le jugement critique et l’expérimentation. Une démarche dans laquelle il est suivi de près par un public qui entend tenir la cadence. (trad. Mariana Tudose)

  • Une nouvelle danse traditionnelle roumaine au patrimoine de l’UNESCO

    Une nouvelle danse traditionnelle roumaine au patrimoine de l’UNESCO

    Une danse traditionnelle que les Roumains adorent vient d’être reconnue par l’UNESCO comme une valeur du patrimoine immatériel de l’humanité. Après la danse traditionnelle des Calusari, la chanson appelée «doina », la céramique de Horezu et la tradition des cantiques de Noël chantés par un groupe d’hommes roumains ou moldaves qui va de maison en maison, c’est le tour de la danse appelée «Feciorescul» (Des jeunes hommes) de faire partie du patrimoine mondial de l’UNESCO.



    Pour mieux comprendre l’importance de cette distinction, nous avons invité au micro Dejeu Zamfir, chercheur scientifique, docteur, membre de la Commission nationale de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, connue aussi comme la Commission de folklore du ministère de la Culture:



    «Feciorescul (la danse des jeunes hommes) est une danse très spéciale et d’une grande valeur. Premièrement pour sa diversité, ensuite pour son message. C’est une danse d’initiation. Les jeunes hommes se réunissent sur la place centrale du village ou devant une maison et commencent à danser. Ils amènent des musiciens qu’ils paient : ils mettent un billet de 100 lei dans l’archet et crient «Joue, musicien ! Moi, je danse ! » Et ils commencent à danser au moment où les jeunes filles s’approchent. Certes, il y a des sympathies entre certains jeunes hommes et certaines jeunes filles et ils commencent à danser en couple. Il y a plusieurs types de danse. Dans certaines régions elle est plus spectaculaire, comme dans la Plaine de la Transylvanie ou dans le sud de la Transylvanie, par exemple, où les jeunes hommes frappent leurs jambes, leurs hanches et leurs pieds. Cela devient une danse des virtuoses. Cela a été mon ambition de faire inscrire cette tradition au patrimoine de l’UNESCO, puisque la première danse roumaine qui y a été inscrite était celle des Calusari. Et je me suis dit qu’il fallait y introduire la danse « Feciorescul» aussi, car elle est plus complexe et plus répandue. La danse des Calusari est composée de trois parties, alors que «Feciorescul » comporte 9 types de danses, avec plusieurs variantes et fournit beaucoup de matériel cinétique intéressant».



    Les préparatifs du dossier pour l’inscription de cette danse au patrimoine mondial de l’UNESCO ont démarré il y a 5 ans. La candidature a été déposée il y a deux ans, c’est-à-dire après 3 ans de recherche et de documentation. Comment en profitent les danseurs ? Voici la réponse de notre invité, Dejeu Zamfir:


    «C’est une fierté pour la communauté qui pratique cette danse. Nous avons obtenu l’accord d’une soixantaine de communautés avant de déposer le dossier. Ils s’enorgueillissent de cette réussite et nous espérons organiser un grand spectacle à Cluj, en février ou mars prochains. »



    Cette année, la réunion de l’UNESCO qui a validé la danse roumaine « Feciorescul » comme partie de son patrimoine a eu lieu en Namibie. La Roumanie y a participé avec une variante de la danse spécifique de la zone de Ticuş, une localité située à 70 km de Brasov, en Transylvanie. Elle est pratiquée par les hommes de 5 à 70 ans à différentes occasions. Comment cela se passe-t-il ? Un danseur commande le groupe, un autre impose le rythme. Hormis le côté artistique, cette danse a aussi une importante composante sociale, vu que les participants sont d’ethnie roumaine, magyare et rom.



    Pour marquer l’importance de ce moment, nous avons également invité au micro Ligia Fulga, directrice du Musée d’ethnographie de Brasov:


    «C’est une victoire. C’est un événement culturel important parce que nous entrons dans la galerie des valeurs universelles avec un phénomène folklorique toujours vivant en Roumanie, bien que ce soit une des danses les plus anciennes du pays. A la différence des zones urbanisées, Ticuş est un des villages où les valeurs traditionnelles sont toujours respectées. Et là je pense notamment aux rites de Noël, aux rites agraires du printemps ou encore aux activités d’artisanat. Cette année nous avons démarré une série d’expositions qui font la promotion du patrimoine immatériel. Evidemment, la danse des jeunes hommes de Ticuş a été la première que nous avons présentée. Cette danse est répandue surtout en Transylvanie. Ce n’est pas une danse pour la scène, c’est une danse spontanée, qui implique l’ensemble de la communauté, des personnes les plus âgées aux plus jeunes. Elle s’apprend en famille et comporte plusieurs étapes — en commençant par des pas plus lents qui deviennent de plus en plus rapides. Elles est impressionnante par son authenticité. Les gens transmettent la tradition de manière spontanée ; ils portent des costumes traditionnels qui varient d’un village à l’autre. C’est pourquoi ce titre est très important pour eux : ils deviennent conscients de leur valeur, du fait qu’ils sont des porteurs de tradition, d’éléments d’authenticité ».



    Effectivement, c’est un moment qui fait la joie des danseurs traditionnels roumains, surtout en cette période de fêtes d’hiver lorsque la danse «Feciorescul » ne saurait manquer. (Trad. VB)



  • 26.09.2015

    26.09.2015

    Visite – En visite officielle aux Etats Unis, le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, rencontre aujourd’hui des représentants de la communauté roumaine de la ville de New York. Il aura également un entretien avec son homologue chinois Xi Jinping et participera au dîner offert par le premier ministre nippon Shinzo Abe. Vendredi, il a participé à l’ouverture du Sommet de l’ONU consacré à l’adoption de l’agenda post-2015, et s’est entretenu avec le président de l’Assemblée générale de l’ONU, Mogens Lykketoft. Au menu de cette visite qui prendra fin le 29 septembre, figure également un entretien avec le vice-président américain, Joe Biden, au sujet de la crise des réfugiés et de la lutte contre le terrorisme.

    Entretien- Le chef de l’Etat roumain, Klaus Iohannis a rencontré à New York son homologue turkmène Gurbangulî Berdâmuhamedov, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. Les deux chefs d’Etat ont manifesté leur intérêt pour le renforcement des relations bilatérales et pour la mise en valeur du potentiel de coopération économique dans des domaines tels l’énergie, l’infrastructure ou l’agriculture. Ils sont également évoqué l’importance de la mise en oeuvre d’un projet commun de transport des marchandises entre la Mer Noire et celle Caspienne et ont manifesté leur intérêt vis-à-vis d’une coopération plus étroite au sein de la Stratégie de l’UE pour l’Asie centrale.
    Accord – L’accord de la Roumanie avec le Fonds monétaire international arrive à terme ce samedi, après avoir été bloqué l’année dernière. De l’avis des experts, il faut s’attendre à ce que les deux parties définissent bientôt une direction d’évolution claire de leurs relations. La révision de l’actuel accord, d’un montant de 4 milliards d’euros, avec les bailleurs internationaux, a été bloquée depuis juin 2014 par l’absence d’un autre accord sur les plans fiscaux du gouvernement de Bucarest. Les autorités roumaines ont essayé, au cours de la première partie de cette année, d’adopter un paquet substantiel de réductions de taxes par le biais du nouveau Code fiscal, mais les représentants des institutions financières internationales, ainsi que le Conseil fiscal et la Banque Nationale de Roumanie ont critiqué cette démarche. Ce mois, le ministre des finances, Eugen Teodorovici, a déclaré que Bucarest avait l’intention d’ouvrir des discussions avec les bailleurs internationaux sur un nouvel accord d’assistance qui entre en vigueur en 2016. Dans son opinion, cet accord est nécessaire pour protéger la Roumanie contre les chocs du marché.

    Tennis – La joueuse roumaine de tennis Irina Begu s’est qualifiée samedi en finale du tournoi WTA de Séoul après avoir vaincu la Belge Alison van Uytvanck par 6 à 0 et 6 à 2. Principale favorite du tournoi, Irina Begu disputera la finale contre la Biélorusse Aleksandra Sasnovici. Pour Irina Begu, cette finale sera la meilleure performance de l’année après la demi-finale de Rio de Janéiro et les huitièmes de finale de l’Open d’Australie. Begu a dans son palmarès un seul titre décroché en 2012 lors du tournoi de Tachkent. La sportive roumaine a également participé à trois finales: à Moscou, en 2014 et à Marbella et Budapest en 2011.
    Rugby- L’équipe nationale de rugby de Roumanie rencontre dimanche, à Londres, la compagnie de la puissante équipe d’Irlande pour le deuxième match du groupe D de la Coupe du Monde. Mercredi, notre sélection a perdu face aux vice-champions du monde, la France sur le score de 38 à 11, lors d’un bon match, avec quelques moments de faiblesse, notamment vers la fin du match, selon les commentateurs. Surnommés les Chênes, les rugbymen roumains ont participé à toutes les sept éditions de la Coupe du Monde, mais ils n’ont jamais dépassé la phase des groupes

    Compétition- Plus de 1500 sportifs de 25 pays se réunissent à Sibiu, dans le centre de la Roumanie pour participer à Transylvanian Grand Prix, la plus importante compétition de danse sportive de cette année déroulée en Roumanie du 25 à 27 septembre. L’Open s’ouvre à toutes les catégories d’âge allant des débutants de 6 ans jusqu’aux professionnels. Dans la compétition qui s’adresse à ceux derniers sont inscrites une vingtaine de paires figurant au classement 50- World Ranking List des meilleurs mondiaux de la danse. Dimanche, dernier jour de concours, le public pourra applaudir les champions mondiaux de ShowDance, les Roumains Roman Ciflicli et Mirona Gliga qui vient de remporter le titre suprême lors du championnat de danse de Chengdu, en Chine.

    Météo- Le temps est plutôt instable en Roumanie où il pleut sur le sud-ouest et le centre du pays. Les maxima vont de 16 à 29 degrés. 22 degrés à midi, dans la capitale.