Tag: documentaire

  • 21.10.2024 (mise à jour)

    21.10.2024 (mise à jour)

    Moldova – « Le destin de la République de Moldova doit être décidé uniquement par ses citoyens », a déclaré lundi le président roumain Klaus Iohannis, qui a salué sur les réseaux sociaux le vote au référendum sur l’intégration européenne et à l’élection présidentielle en Moldavie voisine. Un peu plus de la moitié des participants ont répondu « OUI » à la question « Appuyez-vous la modification de la Constitution en vue de l’adhésion de la République de Moldova à l’UE ? ». Le référendum a été validé par la Commission Electorale centrale avec 50,46 % des voix favorables. En même temps, la présidente en exercice, soutenue par le Parti Action et Solidarité, Maia Sandu, a réuni 42,45 % des suffrages, contre les 25,98 % de voix dont bénéficie le candidat du Parti Socialiste, Alexandr Stoianoglo. Les deux s’affronteront au second tour de l’élection présidentielle moldave, le 3 novembre prochain.

     

    Moldova – réactions internationales – Les réactions n’ont pas tardé. Le premier ministre polonais Donald Tusk, ancien chef du Conseil Européen, a salué le vote moldave favorable à l’intégration européenne et à la pro-européenne Maia Sandu. « Ce référendum et ces élections présidentielles ont eu lieu dans un climat d’ingérences sans précédent de la part de la Russie », a précisé la Commission européenne, alors que Moscou a dénoncé des « anomalies » dans le dépouillement des votes. « Face aux tactiques hybrides de la Russie, la République de Moldova a montré qu’elle est indépendante, qu’elle est forte et qu’elle souhaite avoir un avenir européen », a déclaré à son tour la cheffe de la CE, Ursula von der Leyen. De même, la présidente du PE, Roberta Metsola, a félicité Maia Sandu pour « son leadership et son courage qui ont changé le cours de l’histoire ». A Washington, le porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré que les résultats de ces élections montraient que la démocratie du pays restait forte, malgré les tentatives de la Russie de la miner.

     

    Moldova – réactions à Bucarest – Le ministère roumain des Affaires étrangères a salué lundi l’organisation au plus haut niveau démocratique des élections présidentielles et du référendum constitutionnel en République de Moldova voisine. La diplomatie de Bucarest s’est dite aussi fortement préoccupée face aux ingérences massives, systématiques, coordonnées par des vecteurs de la Fédération de Russie, consignés depuis déjà la période d’avant ces scrutins. « Ces interférences d’une envergure, une complexité et une toxicité sans précédent ont visé à compromettre l’intégrité des élections, à miner la démocratie, à propager des théories anti-démocratiques et anti-européennes ainsi qu’à influencer les électeurs par des moyens illégaux », lit-on dans un communiqué du MAE. Par conséquent, Bucarest estime que « c’est le devoir de tous les partenaires au sein de la communauté démocratique internationale de continuer à soutenir la République de Moldova, y compris pour lutter contre les actions extérieures censées miner des processus démocratiques essentiels, comme le droit d’exercer son vote ». Et d’ajouter que « la Roumanie continuera à investir de l’énergie et de l’expertise pour soutenir la Moldavie à accomplir son destin européen et pour renforcer sa résilience face aux ingérences de la Russie », précise encore la diplomatie roumaine.

     

    Bucarest – Le Conseil Général de la municipalité de la Capitale a approuvé l’organisation d’un référendum local le 24 novembre, en même temps avec le premier tour des élections présidentielles de Roumanie. A approuvé avec 47 voix « pour » et deux « contre », le référendum invité les Bucarestois à répondre à trois questions. Les deux premières ont été proposées par l’édile en chef de la Capitale, Nicuşor Dan, et visent la répartition des budgets entre la mairie générale et les mairies d’arrondissement ainsi que la délivrance des permis de construire à Bucarest. A l’initiative du PSD, les conseillers ont ajouté un amendement avec une troisième question qui vise la lutte contre la consommation de drogue dans les écoles. Les trois questions auxquelles les citoyens de Bucarest seront invités à répondre ‘OUI’ ou ‘NON’ sont :

    • Etes-vous d’accord que la répartition de la collecte des impôts sur le revenu et des impôts locaux entre la Mairie de Bucarest et les Mairies d’arrondissement soit approuvée par le Conseil général de la municipalité de Bucarest ? »
    • « Etes-vous d’accord que la Maire Général de Bucarest délivre des permis de construire pour l’ensemble du territoire administratif de la ville ? »
    • « Etes-vous d’accord que la Municipalité de Bucarest finance et mette en place un programme d’Education à la Santé et à prévention de la consommation de drogue dans toutes les écoles de Bucarest ? »

     

    Corruption – Après des auditions, ce lundi, la Commission juridique du Sénat de Bucarest a donné son avis favorable à la demande de mener des perquisitions informatiques dans l’enquête visant le sénateur libéral Eugen Pîrvulescu, qui fait l’objet de poursuites pénales pour instigation au trafic d’influence, étant enquêté sous contrôle judiciaire. Dans la même affaire, la ministre de la Justice avait transmis au Sénat sa demande pour la levée de l’immunité parlementaire du sénateur. C’est maintenant au Sénat de s’exprimer par vote secret au sujet de la demande ministérielle et de l’avis de la Commission juridique. D’ailleurs, Eugen Pîrvulescu n’est pas le seul libéral faisant l’objet de poursuites pénales récentes. La semaine dernière, les députés de Bucarest ont voté pour la levée de l’immunité parlementaire de Nelu Tătaru, ex-ministre libéral de la Santé de mars à décembre 2020, accusé de corruption.

     

    Documentaire – Le Festival international du film documentaire Astra a débuté dimanche soir à Sibiu (centre de la Roumanie). Plus de 100 documentaires inscrits au programme de l’édition de cette année seront présentés tout au long de la semaine. Les projections ont lieu dans plusieurs espaces de la ville – salles de cinéma, salles de spectacle et dans le New Cinema Dome, l’espace aménagé sur la Gland Place de la ville.

     

    Météo – Dans les 24 prochaines heures il fera beau sur la plupart du territoire de la Roumanie et les températures seront à la hausse, pour dépasser légèrement la normale saisonnière. Les maxima de mardi iront de 15 à 22 degrés.

     

  • Deux festivals prestigieux cette automne en Roumanie

    Deux festivals prestigieux cette automne en Roumanie

    Le Festival national de théâtre

    Le théâtre et le film documentaire dominent actuellement l’actualité culturelle roumaine. Le Festival national de théâtre (FNT), événement culturel qui en est à sa 34e édition, se poursuit à Bucarest sur le thème des « Dramaturgies du possible ». Jusqu’au 28 octobre, les amateurs de théâtre peuvent assister à des spectacles sélectionnés pour le festival. La sélection officielle comprend plus de 30 spectacles de Bucarest et du reste du pays, dont « Anthologie de la disparition », écrit et mis en scène par Radu Afrim, « Twelfth Night » de William Shakespeare, mis en scène par Andrei Șerban ou encore « Hedda Gabler » d’Henrik Ibsen, mis en scène par Thomas Ostermeier. L’édition de cette année comprend également des spectacles invités de l’étranger – Allemagne, Irlande, Pologne et Belgique. L’événement est produit par UNITER – l’Union du théâtre roumain. Le FNT est un projet culturel financé par le ministère de la Culture.

    Le festival international Astra du film documentaire

    Le festival international Astra du film documentaire a quant à lui débuté ce dimanche à Sibiu, dans le centre du pays. Plus de 100 documentaires seront projetés tout au long de la semaine, jusqu’au 27 octobre. Les projections ont lieu dans plusieurs lieux de la ville – cinémas, théâtres et dans le New Cinema Dome, un espace situé sur la place principale de Sibiu, qui offre aux spectateurs une expérience spéciale en utilisant des technologies modernes, leur permettant de faire partie intégrante du monde artistique qu’ils sont invités à observer. Les prix du festival seront décernés par des jurys composés de prestigieux professionnels du cinéma documentaire dans quatre catégories : « Europe centrale et orientale », « Roumanie », « Voix émergentes du cinéma documentaire » et « Compétition étudiante ». Cette année encore, le festival offre aux jeunes cinéastes européens des opportunités uniques. Huit projets de réalisateurs et de producteurs européens bénéficieront de séances de mentorat avec des professionnels reconnus de l’industrie cinématographique. Les étudiants bénéficieront également d’un programme spécial, le DocStudent Hub, où ils participeront à des ateliers, des masterclasses et des activités pratiques sur l’art, la production et la distribution de film documentaire. Des étudiants et professeurs des prestigieuses universités de Prague, Zagreb, Vilnius, Bratislava, Zlin, Cluj-Napoca et Bucarest y participeront – ont annoncé les organisateurs. Le festival international du film documentaire Astra de Sibiu, inauguré en 1993 en tant que projet novateur, est l’un des plus importants festivals de documentaires d’Europe. Il a été inclus par l’Académie européenne du cinéma dans la liste des festivals pouvant faire l’objet de nominations directes pour les prix du cinéma européen.

  • La danse du village

    La danse du village

    Aujourd’hui nous plongeons dans le monde rural roumain, une immersion totale proposée par l’artiste français Frédéric Xavier Liver qui a effectué une résidence artistique dans le petit village de Schela, au département de Gorj (sud-ouest). Situé à une vingtaine de km de la fameuse ville de Târgu Jiu, la petite communauté du village de Schela survit encore, même après la fermeture de sa principale source de revenu : la mine de Schela, il y a 30 ans. C’est sur la vie des villageois rencontrés au cours de sa résidence artistique que Frédéric Xavier Liver a ciblé son court-métrage intitulé « La danse du village ».

     

    Avant de donner la parole à l’artiste pour en savoir davantage sur son projet, il faut dire que sa présence sur la scène artistique roumaine n’est pas un hasard. En fait, ces 10 dernières années, il a participé à diverses actions et événements à Bucarest. Pour cette collaboration avec l’espace d’expositions du Musée national du paysan roumain – MNTRplusC – il s’est embarqué dans un voyage censé jeter un éclairage sur les relations entre la scène artistique et le ruralisme, une discussion largement ouverte notamment après la pandémie. Et pour cause : l’issue de la pandémie de Covid a suscité un profond changement mental dans le monde entier. Certains artistes se sont installés à la campagne (comme Frédéric) et les résidences dans les zones rurales ont fleuri. Parmi elles – la résidence artistique de Schela, en 2023, dont le résultat est le film de Frédéric Xavier Liver que nous découvrons aujourd’hui. Sa première a eu lieu le 18 mai, en tant que première étape de la série personnelle de l’artiste intitulée “It Could Have Been…. Gold”.

     

    “Tel un journal intime, le film montre la vie du village, ses habitants et le travail qu’ils accomplissent jour après jour”.

     

     

    Frédéric Xavier Liver est au micro d’Eugen Cojocariu pour RRI.

     

     

     

     

     

  • Ecoutez l’émission du 10.08.2024

    Ecoutez l’émission du 10.08.2024

    Aujourd’hui, on revient sur l’actualité des dernières 24h. On vous parle immobilier avec un dossier sur les dernières tendances du marché roumain. On revient aussi sur le documentaire “le cas de l’ingénieur Ursu” ainsi que sur les 30 de l’AUF (Agence universitaire de la Francophonie). Bonne écoute !

  • “Cvartal”, l’histoire des quartiers d'”immeubles rouges” de Bucarest

    “Cvartal”, l’histoire des quartiers d’”immeubles rouges” de Bucarest

    Eh bien, il faut dire que l’histoire de Bucarest, y compris celle plus récente de l’époque communiste, est désormais mieux connue de ses habitants. C’est le grand mérite, entre autres, de plusieurs jeunes historiens, qui ont décidé de ramener leur recherche académique plus près du large public par des conférences et des tours guidés à travers la ville. Leur projet le plus récent s’intitule « Cvartal » (Quartier) et il comporte un film documentaire et plusieurs brochures présentant plusieurs zones de Bucarest avec leurs mini-communautés qui vivent dans ce que l’on appelle les quartiers « d’immeubles rouges ». Ceux-ci doivent leur nom à leur ressemblance à l’architecture soviétique et aussi au fait qu’ils ont été bâtis dans les années 1950. Afin de faire connaître leur histoire et d’en éclaircir certains aspects architecturaux, l’historien Răzvan Andrei Voinea et le réalisateur Dan Mihai Radu ont créé le document « Cvartal/Qquartier ».

     

    Les débuts du projet

     

    Au micro de RRI, Dan Mihai Radu nous parle pour commencer des débuts de ce projet et de la manière dont il a été mis en œuvre :

    « Ce projet a démarré il y a une année et demie, mais, en fait, notre collaboration date d’il y a cinq ans environ. Notre mission c’est de faciliter l’accès à la recherche historique à un public aussi large que possible. C’est pourquoi nous avons réalisé une série de films courts, des documentaires, distribués via Internet, et basés sur les recherches faites par Răzvan Andrei Voinea sur les immeubles construits entre 1910 et 1945. Après, nous avons aussi créé une application mobile dotée de réalité augmentée pour présenter ces recherches à un public jeune et orienté plutôt vers les jeux. D’ailleurs, cette application mobile ressemble beaucoup à un jeu, car elle permet de se promener à travers les quartiers et d’en apprendre davantage sur leur histoire. Et lorsque nous avons atteint ce moment de l’étude ciblée sur les ensembles d’immeubles construits entre 1945 et 1958, nous avons décidé de faire un film documentaire et 10 livres pour raconter l’histoire comprimée de chacun des 10 quartiers de Bucarest que Răzvan Andrei Voinea et son équipe ont étudié ».

     

    Impact sur la vie quotidienne des habitants et sur l’identité des communautés locales

     

    Il s’agit en fait de quartiers bien connus de la capitale roumaine qui existent de nos jours encore. Par exemple : Panduri, Vatra Luminoasă, Bucureștii Noi, Olteniței, Drumul Sării, Drumul Taberei, Tei. Leur trait commun : ils sont tous construits en tant qu’ensembles d’immeuble, pas trop hauts, très similaires les uns aux autres, voire identiques, avec au centre une sorte de jardin intérieur, et qui donnent l’impression de vivre au sein d’une petite communauté. L’occasion d’explorer aussi l’impact de ces ensemble d’immeubles sur la vie quotidienne de leurs habitants et sur l’identité des communautés locales. Leur architecture est très semblable au style soviétique, mais, en fait, leur aspect a très peu à faire avec le style russe, puisqu’il a été conçu par de grands architectes roumains, dont certains s’étaient fait remarquer depuis déjà l’entre-deux-guerres. Sur la toile de fond de cette grande histoire de la ville viennent se superposer les histoires personnelles des habitants des lieux – toutes racontées dans le documentaire réalisé par Dan Mihai Radu.

     

    Un cinéma expérimental

     

    Dans sa tentative de donner la parole aux descendants, des premiers occupants, des immeubles rouges, celui-ci avoue s’être heurté à pas mal de difficultés. Dan Mihai Radu :

    « En général, les gens sont très ouverts. Durant la période de avant-production et de documentation du film, lorsque nous avons parcouru ces quartiers en disant aux habitants que nous avions l’intention de faire un film sur leur histoire, les gens se sont tout de suite ouverts et ont répondu à nos questions. Par la suite, lorsque nous avons voulu entrer dans les détails et nous leur avons demandé de filmer dans l’intimité et de leurs appartements une bonne partie d’entre eux n’ont plus été tellement ouverts. Peut-être, que c’est à cause du fait que nous vivons à présent sous l’assaut des contenus vidéo, ce qui amène les gens à s’ouvrir de moins en moins, et ceux qui acceptent de le faire sont moins authentiques. Du coup, devant la caméra, les gens commencent à changer de discours et à livrer leurs souvenirs d’une manière un peu différente que dans la vie de tous les jours. C’est ici que notre projet s’est heurté à plusieurs difficultés. Somme toute nous avons réunis une vingtaine d’heures de matériel vidéo uniquement pour les interviews et à un moment donné le film risquait d’entrer dans une zone de production du type « Talking Heads ». Ce qui n’est pas la chose la plus souhaitable pour un documentaire que l’on veut projeter dans une salle de cinéma. Alors, étant donné que tous ces ensembles d’immeubles sont aussi des expérimentations architecture, nous avons opté nous aussi pour une formule de cinéma expérimental pour notre documentaire ».

     

    Mission accomplie

     

    Résultat : un documentaire qui a été projeté à titre gratuit, dans tous les quartiers visés – soit en plein air dans les parcs, soit dans les petites salles de quartier qui existent encore – pour que ses habitants puissent le voir en toute tranquillité et mieux se familiariser avec l’histoire de l’endroit où ils ont passé la majeure partie de leur vie. Mission accomplie. Malgré les difficultés, les salles ont été combles et le documentaire de nos invités à réussi en fin de compte d’aider les Bucarestois à explorer le patrimoine culturel des quartiers de leur ville. Les projections sont désormais terminées, mais tous ceux qui souhaitent se familiariser avec l’histoire des « immeubles rouges » de leur quartier, peuvent se procurer en ligne, les brochures contenant toutes les données recueillies par nos invités. (trad. Valentina Beleavski)

  • « La maison à poupées »

    « La maison à poupées »


    Le documentaire « La maison à poupées »,
    « House of Dolls » premier documentaire de Tudor Platon, a eu sa
    première internationale au Festival de Film de Sarajevo. Projeté pour la
    première fois, en Roumanie, dans le cadre du Festival international de Film
    Transilvania, dans la section « Les journées du film roumain », le
    documentaire marque le début comme réalisateur de Tudor Platon, un des directeurs
    photo les plus connus de Roumanie. Nominé en 2016, aux Prix Gopo, dans la
    catégorie « Jeunes Espoirs de la photographie », pour le film
    « Tous les fleuves se jettent dans la mer », d’Alexandru Badea, Tudor
    Platon a vu son film « La maison à poupée » parmi les nominations aux
    Prix Gopo 2022, dans la catégorie du meilleur début et dans celle du meilleur
    documentaire.


    Véritable plaidoyer pour l’espoir et l’amitié, le
    documentaire nous invite à accompagner la grand-mère du réalisateur et ses
    quatre copines dans leurs vacances annuelles, passées dans la Vallée de l’Olt.
    Produit par Carla Fotea, Ada
    Solomon, Tudor Platon et Alexandru Solomon, le film a surpris tout le monde.
    D’abord, Tudor Platon lui-même qui a commencé à filmer sa grand-mère et ses amies
    sans la moindre intention de porter les images sur grand écran. Au départ, il
    s’est proposé de passer un peu plus de temps en compagnie de sa grand-mère,
    Cica, pour essayer de mieux la connaitre. D’ailleurs, celle-ci et ses copines
    ont été persuadées que le jeune homme de 25 ans se lassera vite de les filmer
    et finira par rentrer chez lui. Tudor Platon nous raconte:


    Dans un premier temps, mon intention fut de
    passer du temps avec elles et non pas de faire un film, surtout que je ne
    connaissais pas trop bien ma grand-mère, Cica. Mais, durant cette semaine, on a
    fini par se raprocher. Depuis ce moment-là, on a commencé à partager beaucoup
    de choses, des choses que je n’avais jamais imaginées pouvoir lui raconter.
    Comme beaucoup de Roumains de mon âge, moi-aussi, j’ai été élevé par mes
    grands-parents. Sauf que ce ne fut pas ma grand-mère Cica qui s’était occupée
    de moi, mais l’autre grand-mère, celle qui est morte deux ans avant que je ne commence
    à filmer les images qui deviendront par la suite le documentaire La maison à
    poupées. D’où mon besoin de me rapprocher de Cica, ne serait-ce que pour
    combler le vide créé par la mort de l’autre grand-mère. Et je pense que Cica
    aussi a senti le besoin de passer du temps avec moi, surtout qu’elle est plutôt
    du genre à ne pas exprimer facilement ses sentiments. Voilà pourquoi, au moment
    où elle m’a dit vouloir partir en vacances avec ses copines, je lui ai proposé
    de les accompagner. Ces vacances sont une tradition pour ma grand-mère et ses
    amies qui partent chaque année, une semaine, ensemble. Ce sont des vacances
    pendant lesquelles elles s’isolent des autres ce qui leur permet de remonter
    dans le passé et se sentir à nouveau jeunes. Cela fait 50 ans que ces femmes se
    connaissent. D’après ce que l’une d’entre elles m’a dit, elles étaient
    persuadées qu’au bout de deux jours, je finirai par en avoir marre et que je
    rentrerai chez moi. Sauf que notre relation est devenue très forte au sein de
    cet univers isolé qu’elles se construisent à chaque fois qu’elles partent en vacances,
    ensemble. Surtout qu’avec elle, je n’étais plus un homme, mais un gamin.
    D’ailleurs, c’est comme cela qu’elles m’appellaient: mon p’tiot. Et peut-être
    qu’elles avaient raison, car je pense que ma jeunesse m’a permis à surprendre
    leur candeure et cette relation spéciale qui existe entre elles. Elles ont
    accepté de se laisser surprendre par la caméra, car elles étaient persuadées
    que mon intention était tout simplement de me faire des beaux souvenirs avec ma
    grand-mère.


    Comment cet excellent directeur photo a eu l’idée de faire un film?
    Tudor Platon se confesse:


    « Le besoin était là, sauf que je
    n’avais pas une idée concrète de ce que j’aurais pu faire, je n’avais pas de
    projet. Au départ, ce fut juste ce besoin d’enregistrer, d’immortaliser ce que
    j’étais en train de vivre. D’ailleurs, ce besoin est depuis toujours au fond de
    moi. Je pense que je suis surtout un compteur, j’aime bien raconter des
    histoires ou retenir les histoires qu’on me raconte. J’aime bien transposer sur
    l’écran les émotions, c’est ce que je fais d’ailleurs quand je tourne les films
    des autres, j’essaie de comprendre et de traduire en image. En tant que
    directeur de photo, je laisse exprimer me sentiments à travers les cadres. En
    revanche, comme réalisateur, je me sers de tous les moyens pour raconter mon
    histoire.
    »


    Tudor Platon
    a fait des études à l’Université nationale d’Art théâtrale et de
    cinématographie de Bucarest. Il a travaillé comme chef opérateur et comme
    directeur de photo pour de nombreux courts-métrages parmi lesquels Tous les fleuves se jettent dans la mer (2016), d’Alexandru
    Badea et 4:15 PM La fin du monde (2016), de Gabi Virginia Șarga et Cătălin
    Rotaru, les deux présentés à Cannes. Tudor Platon est aussi le directeur photo
    du court-métrage Cadeau de Noël, de Bogdan Muresanu, grand prix de l’Académie
    européenne de film, figurant sur la liste courte des Oscars en 2020. Comme
    réalisateur, Tudor Platon prépare un nouveau documentaire inspiré d’une
    histoire de famille, très personnelle.





  • Europa Passage, un nouveau documentaire d’Andrei Schwartz

    Europa Passage, un nouveau documentaire d’Andrei Schwartz

    « Europa Passage », le dernier film en date du réalisateur
    roumano-allemand Andrei Schwartz a été projeté à la seizième édition du Festival
    du Film Documentaire et des Droits de l’homme One World Romania. Tourné durant
    six ans, le documentaire suit de près le quotidien de plusieurs Roms de
    Roumanie, obligés à faire des allers retours entre la Roumanie et la ville
    allemande où ils essaient de gagner leur vie.


    Né à Bucarest en 1955,
    Andrei Schwartz a émigré, en 1973, en Allemagne, où il a fait des études à
    l’Ecole des arts de la ville de Hambourg. En 1997, il présente au Festival
    international du film documentaire d’Amsterdam son film « Auf der Kippe/Au
    bord du précipice », qui décroche le Prix Joris Ivens. Tourné dans la
    ville roumaine de Cluj, ce documentaire raconte la vie des Roms dont le
    quotidien tourne autour de la décharge publique de la ville. En 2015, Andrei
    Schwartz réalise le documentaire « Vieţaş până la
    moarte/Himmelverbot/Outside/A perpète jusqu’à la mort », sélectionné au Festival
    One World Romania, dont le personnage principal est un ancien condamné à
    perpétuité, qui est gracié au bout de vingt-et-un ans derrière les barreaux.

    Nous
    avons rencontré Andrei Schwartz, qui nous a parlé de son plus récent
    documentaire, « Europa Passage », et de son intérêt pour des sujets
    qui racontent des histoires de vie de gens marginaux: Comme
    vous le savez, en 1997, j’avais déjà fait un film sur ce qu’il se passe à
    Pata-Rât, la décharge publique de la ville de Cluj-Napoca. Alors, quand j’ai vu
    ces Roms à Hambourg, j’ai cru retrouver les personnages de mon documentaire. En
    général, je préfère regarder la société en me tenant à l’écart, parce qu’une
    telle perspective aide à comprendre ce qu’il se passe au centre. Mon dernier
    documentaire n’est pas qu’un film sur ces gens qui font la navette entre la
    Roumanie et Hambourg, il est également un portrait de la ville allemande, de
    son visage moins plaisant. Puisque je considère cette ville comme ma maison,
    j’ai aussi voulu connaître sa partie moins connue. Concernant mon intérêt pour
    les marginaux, moi je suis né à Bucarest, du côté de Balta Cocioc, une immense
    décharge où une communauté Rom vit du tri des déchets. Je me souviens que,
    pendant mon enfance, quand j’allais à l’école, je passais toujours en bus
    devant ce lieu où je n’ai jamais eu le courage d’entrer. Les marginaux
    m’intéressent aussi parce que je suis juif et les membres de ma famille qui
    vivaient en Hongrie ont été exterminés dans les camps de concentration. Or,
    l’extermination fait malheureusement aussi partie de l’histoire des Roms. Lors
    de la première du film dédié aux Roms, « Auf der Kippe/Au bord du précipice »,
    primé au Festival du Film Documentaire d’Amsterdam, une sorte de Festival de
    Cannes du film documentaire, on m’a dit que j’avais réalisé une leçon sur la
    condition humaine et sur la vie des Roms. Personnellement, je ne crois pas
    qu’il soit un simple film sur les Roms, et là je pense au documentaire « Europa
    Passage » ; c’est un film sur des gens qui essaient de sauvegarder
    des miettes de vie normale dans des circonstances très dures. Dans « Europa
    Passage », les personnages font preuve d’un humour extraordinaire, qui les
    aide à se tenir debout, à ne pas baisser les bras. Ce qui est admirable.
    Țîrloi, un des personnages principaux, a le don de toujours voir le verre à
    moitié plein et j’avoue que j’aimerais bien être aussi optimiste que lui.



    « Obligés de vivre comme dans un ghetto, humiliés à
    travers des emplois improvisés et rejetés par la société, ces gens représentent
    la face invisible, de paria, d’une prétendue histoire à succès d’intégration
    dans « la grande famille européenne ». Le film fait en sorte que ces
    gens aient une présence et un nom – Țîrloi, Maria et les membres de leur
    famille – en les arrachant ainsi, même temporairement, à leur triste anonymat.
    Comme un rappel constamment utile de l’essentiel du documentaire: accompagnement,
    refuge et force pour les démunis. », écrivait le critique Victor Morozov.
    Le réalisateur Andrei Schwartz s’est souvenu des réactions suscitées par son
    film « Europa Passage » lors de la première: Ce
    qui a été intéressant c’est que nous avons projeté le film dans à peu près
    vingt-cinq villes allemandes, où j’ai participé aux échanges d’après la
    projection. Cela m’a permis de comprendre que la situation décrite dans « Europa
    Passage » ne se rencontre pas uniquement à Hambourg, mais dans toutes les villes de tous
    les pays occidentaux. Ce qui est impressionnant ce sont les réactions positives
    des gens qui ont vu le film. Et puis, cette attitude, envers ceux qui mendient,
    peut donner naissance à des problèmes de conscience, mais elle n’est pas
    typiquement roumaine et je ne suis pas l’unique concerné. De mon point de vue,
    les gens qui ressemblent à mes personnages, Țîrloi și Maria, sont un symptôme
    d’une société déraillée et je ne pense pas que nous puissions y trouver une
    solution sans résoudre aussi les autres problèmes. Seuls les décideurs
    pourraient prendre des décisions qui rendent la vie de ces gens plus facile.


    Ajoutons qu’au générique du documentaire « Europa
    Passage » on peut lire les noms de Susanne Schuele pour l’image, de
    Rune Schweitzer pour le montage, de Giacomo Goldbecker, Helge Haack, Marin
    Cazacu, Stefan Bück et Simon Bastian pour le son, et de Stefan Schubert pour la
    production. (Trad. Ileana Ţăroi)



  • 12/02/2022 (mise à jour)

    12/02/2022 (mise à jour)

    Alerte — Le ministère roumain des Affaires étrangères a informé que le niveau d’alerte pour l’Ukraine a été élevé, dans le contexte des dernières évolutions sécuritaires, et il recommande fermement” aux citoyens roumains d’éviter tout déplacement dans ce pays et de manifester une attention particulière. Il a également été décidé de retirer le personnel diplomatique et consulaire non essentiel de la mission diplomatique et d’une partie des offices consulaires d’Ukraine. Toutes les mesures ont été prises pour le rapatriement « volontaire » des membres des familles du personnel diplomatique et consulaire. Ce processus est désormais finalisé à l’ambassade de Kiev et au Consulat général d’Odessa. Le ministère roumain des Affaires étrangères recommande fermement d’éviter les déplacements dans la Péninsule de Crimée et dans la région est de l’Ukraine, respectivement dans les régions de Donetsk et de Lougansk ainsi que dans la zone frontalière entre l’Ukraine et le Belarus. Il rappelle que la situation sécuritaire est tendue et fluide. Le ministère annonce aussi qu’il est prêt à accorder protection et assistance consulaire aux citoyens roumains. Il leur recommande aussi de notifier les coordonnées de leur présence en Ukraine par la plateforme econsulat.ro ou en contactant l’office consulaire le plus proche par téléphone. Une ligne téléphonique dédiée aux citoyens roumains qui se trouvent temporairement en Ukraine a été activée — ils peuvent demander protection et assistance consulaire au +40.751.084.537.



    OTAN — La présence des troupes de l’OTAN en Roumanie est la preuve de la solidarité alliée et du fait que, bien que le risque que la Russie envahisse l’Ukraine soit réel, la Roumanie n’est pas seule, a souligné le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg. Il a visité, vendredi, la Base militaire de Mihail Kogălniceanu du sud-est de la Roumanie, aux côtés de son adjoint, Mircea Geoană, et du président roumain Klaus Iohannis. Les premiers transporteurs blindés Stryker sont déjà arrivés sur place et 1 000 militaires américains sont attendus sous peu, pour renforcer le flanc oriental de l’Alliance. Par l’arrivée du détachement Task Force Cougar, le nombre des militaires américains de Roumanie approchera les 2 000. Outre les États-Unis, la France a également annoncé qu’elle était prête à envoyer des troupes en Roumanie. Membre de l’OTAN depuis 2004, la Roumanie accueillait déjà 900 soldats américains, 250 Polonais et 140 Italiens. Un détachement des Forces aériennes des Etats-Unis en Europe, composé d’environ 150 militaires et huit chasseurs F-16 Fighting Falcon, exécute, à compter de vendredi, deux semaines durant, des missions d’entraînement conjointes avec les militaires et les avions F-16 Fighting Falcon des Forces aériennes roumaines. Les aéronefs américains auront aussi des missions de police aérienne renforcée, avec des avions roumains et avec ceux du détachement des Forces aériennes italiennes, qui se trouvent en Roumanie depuis décembre dernier. Un haut officiel du Pentagone a annoncé que les Etats-Unis avaient décidé d’envoyer 3 000 militaires supplémentaires en Pologne aussi.



    Coronavirus — Le nombre de nouveaux cas de Covid-19 continue de baisser en Roumanie. Samedi, 18 750 nouveaux cas de personnes infectées au virus SARS-CoV-2 ont été rapportés ainsi que 157 décès, dont 13 antérieurs. Le taux d’incidence du Covid-19 calculé sur 14 jours atteint les 38,02 par mille habitants. C’est le taux de contamination le plus élevé enregistré jusqu’ici dans la capitale. Les autorités roumaines examinent la possibilité d’alléger progressivement les restrictions sanitaires prises dans le contexte de la pandémie, sur le modèle des pays qui ont déjà dépassé le pic de la 5e vague, a déclaré le chef du Département pour les situations d’urgence, Raed Arafat. Selon lui, le nombre des nouvelles contaminations marque une tendance à la baisse et, si cette décroissance se maintient, la Roumanie pourrait lever les restrictions avant les Pâques orthodoxes, fin avril, a-t-il précisé. A son tour, le coordinateur de la campagne de vaccination anti-Covid, le médecin militaire Valeriu Gheorghiţă, affirme que l’immunisation contre le coronavirus sera saisonnière à l’avenir, comme celle contre la grippe, mais que le vaccin sera à chaque fois adapté au variant du moment. Il a annoncé qu’à présent, la couverture vaccinale de la population adulte est de 50,5 % en Roumanie.



    République de Moldova — La Roumanie soutient de manière pratique les efforts de la République de Moldova en matière de réforme, de rapprochement de la communauté européenne, et d’accroissement de la résilience dans des secteurs essentiels pour les citoyens, affirme le premier ministre Nicolae Ciucă, suite à la visite entreprise vendredi à Chişinău. Il a ajouté que la Roumanie est le premier partenaire commercial de la République de Moldova et un de ses principaux investisseurs. Une série de documents bilatéraux ont été signés à la fin de la réunion conjointe des gouvernements roumain et moldave. Parmi eux — l’Accord intergouvernemental sur la mise en place d’un programme d’assistance en vertu d’une aide financière non remboursable de 100 millions d’euros de la part de la Roumanie. Le Premier ministre roumain Nicolae Ciucă et son homologue moldave Natalia Gavriliţă ont également signé la Déclaration commune sur le renforcement de la coopération dans les domaines économique et des investissements. Des accords de coopération ont également été conclus dans les domaines de la défense, et de la Justice et des affaires intérieures. Nicolae Ciucă a été reçu par la présidente de la République de Moldova, Maia Sandu, à qui il a fait part du soutien indéfectible de la Roumanie pour la mise en œuvre des réformes, notamment dans le domaine de l’Etat de droit.



    Cinéma — La Roumanie est présente à la 72e édition du Festival international de film de Berlin par le documentaire Souvenirs du front est signé par le réalisateur Radu Jude. L’année dernière il avait gagné le grand trophée par son film Babardeală cu bucluc sau porno balamuc (titre en anglais : Bad Luck Banging or Loony Porn), l’histoire d’une prof blâmée par la communauté suite à l’apparition d’enregistrements indécents sur Internet. A Berlin, 18 films sont en lice pour le grand trophée. La Berlinale est un des festivals les plus importants au monde, aux côtés de ceux de cannes et de Venise, et un des seuls à avoir repris ses projections en présence des spectateurs. En raison des restrictions sanitaires imposées par la pandémie de Covid-19, les projections de cette année auront lieu à 50 % de la capacité des salles de cinéma, alors que les réceptions et les fêtes ont été supprimées. 400 films tous genres, formats et durées confondus y seront projetés.


  • « Nous contre nous-mêmes » – désigné meilleur film de la section Roumanie, à l’Astra Film Festival

    « Nous contre nous-mêmes » – désigné meilleur film de la section Roumanie, à l’Astra Film Festival

    « Nous contre nous-mêmes », le documentaire
    réalisé par Andra Tarara, a remporté le grand prix de la section roumaine à la
    XXVIIIe édition d’Astra Film Festival (qui a eu lieu du 5 au 12 septembre). Le
    jury a expliqué son choix comme suit : « Pour une analyse émouvante et
    honnête de la relation entre l’auteur et son père, ainsi que pour leur dialogue
    sincère autour de la maladie qui a bouleversé leur existence. Le jury a
    apprécié la collaboration de deux cinéastes de générations différentes ainsi
    que leur manière de trouver un moyen de communication à travers le langage
    cinématographique ».






    Film de début de la jeune réalisatrice Andra Tarara, « Nous
    contre nous-mêmes » se construit sur des dialogues qui dessinent la
    relation père – fille, une relation marquée par une passion commune et par un
    trouble mental. Leurs échanges touchent à des sujets délicats, tels
    l’incapacité de communiquer, l’éducation et le développement personnel ou le
    stigmate des maladies mentales. Chacun d’eux raconte son histoire – en fait, sa
    perception des mêmes événements -, à travers la parole et la caméra. « Nous
    contre nous-mêmes » a eu la première mondiale au Festival international du
    film documentaire Jihlava 2020, en République tchèque, et il a aussi été
    présenté au Festival Les Films de Cannes à Bucarest en 2020.






    L’été dernier, le documentaire a fait partie de la
    sélection officielle de plusieurs festivals, dont Moldova Film Festival et
    Moscow International Documentary Film Festival DOKer, le Festival Ceau Cinema!
    de Timișoara et le Festival international du film Transilvania (TIFF), dans la
    section « Les journées du film roumain ». C’est en se documentant
    pour son premier long-métrage « Une mort dans ma famille », nommé
    d’ailleurs au prix Gopo du meilleur espoir en 2019, que la réalisatrice était
    tombée sur plusieurs vidéos, enfouies dans les archives familiales et réalisées
    par son père, Ion Tarara.






    Ce fut le point de départ de « Nous contre
    nous-mêmes », raconte Andra Tarara : « C’est comme ça que je suis arrivée à
    cette histoire, en fouillant dans les vidéos archivées de ma famille. Quand
    j’ai trouvé ces cassettes VHS, je me suis rendu compte que mon père avait fait
    tout ce travail incroyable d’archiver l’histoire de notre famille et que
    j’étais très présente dans ces enregistrements. C’est pour ça que le sujet
    principal de toutes ces images et de tous ces enregistrements est en fait notre
    relation. Alors, j’ai pensé qu’il serait intéressant d’en débattre, de parler
    de ce qu’est pour mon père le fait de s’exprimer par le biais du film, de
    comment j’ai hérité de cette passion. C’est ainsi que mon film a commencé,
    comme un exercice de connexion entre nous deux et d’exploration de notre
    relation par le film. Et puis, l’histoire gagne en complexité constamment, parce
    que mon père a été un super-passionné du film, parce qu’il a eu la chance de
    faire du film, mais, malheureusement, il n’a pas pu continuer faute de moyens
    et aussi parce que ses parents n’étaient pas d’accord avec sa passion. Moi,
    pour ma part, j’ai reçu un appui total, comme une sorte de compensation, de
    revanche sur l’impossibilité, pour mon père, de vivre sa passion. Les histoires
    à l’origine de ce film existaient donc dans notre famille et mon père acceptait
    d’en parler. »






    Par son documentaire « Nous contre
    nous-mêmes », Andra Tarara réussit à donner voix à tous ceux qui souffrent
    de troubles mentaux et subissent la stigmatisation sociale, attirant
    l’attention sur une maladie dont parle trop peu.




    Andra Tarara :
    « Mon père a fait ainsi que la maladie soit bien plus présente dans le
    film. Il a tenu à raconter son histoire et, d’une certaine manière, son enjeu à
    lui a été de la faire entendre, pour aider d’autres gens, souffrants, comme lui.
    Le film est finalement né de cette négociation entre moi, avec mon agenda et
    mon intention de faire un certain type de film, et lui, avec son désir de
    raconter son histoire personnelle. Moi, je lui ai expliqué mon idée, et lui
    s’est très bien préparé avant le tournage, il a réfléchi à ce qu’il voulait
    dire. Ça m’a amenée, parfois, à avoir le sentiment de perdre le contrôle et à
    des réactions presqu’agressives. C’est comme ça qu’est né « Nous contre
    nous-mêmes », de la tension entre nos deux perspectives, entre nos deux
    agendas, entre nos deux manières de vivre séparément et pourtant ensemble la
    même situation. Mon père parle beaucoup du stigmate qu’il a ressenti, il a
    beaucoup parlé du fait que les gens stigmatisent les malades aussi parce qu’ils
    ne connaissent pas des personnes atteintes d’une telle maladie. »






    De l’avis de la productrice Anda Ionescu, de la société
    de production Tangaj Production, le documentaire « Nous contre
    nous-mêmes » ouvre un débat nécessaire sur la santé mentale, sur des
    problèmes le plus souvent ignorés ou mal identifiés, sur la relation avec nos
    proches, souffrant de troubles mentaux, sur l’existence de plateformes de
    soutien. (Trad. Ileana Taroi)

  • Guy Le Louët (France) – Propriétés du prince Charles de Galles en Roumanie

    Guy Le Louët (France) – Propriétés du prince Charles de Galles en Roumanie

    En fait, lintérêt de lhéritier de la Couronne britannique pour la Roumanie ne date pas d’hier, puisqu’il créait une fondation déjà en 1987, pour aider les intellectuels roumains à être en contact avec des universités occidentales — notamment Oxford et Cambridge. En avril 1989, à Londres, il a tenu un discours sur la situation dramatique des villages roumains — vous vous souvenez peut-être, pour Ceauşescu, l’heure était à la systématisation. Les villages étaient rasés pour faire des terrains agricoles ou les maisons des gens étaient démolies pour céder la place à des immeubles collectifs.



    Le prince de Galles est venu pour la première fois en Roumanie en 1998 et il est tombé sous le charme de la Transylvanie, cette région du centre du pays, de sa nature, de l’habitat, des traditions et des gens de l’endroit. Il déclare avoir pour ancêtres Vlad l’Empaleur, mais aussi la comtesse Claudine Rhédey de Kis-Rhéde, née sur le territoire de notre pays au XIXe siècle. Depuis lors, il vient chaque année, même plusieurs fois par an en Roumanie pour y séjourner, mais ce n’est pas tout.



    On ne sait pas exactement combien de propriétés le prince Charles a acquises en Roumanie, mais il s’agit d’au moins une dizaine. Et quand je parle de propriétés, il faut entendre des maisons traditionnelles, anciennes, certaines plus que centenaires, qu’il a achetées. Ainsi, à Valea Zălanului, un hameau de 150 habitants du département de Covasna (centre), où le temps s’est arrêté et les gens vivent au rythme de la nature, il achète une, puis deux, puis trois et, selon certains, même une quatrième maison de plus de cent ans. Préoccupé par la conservation du patrimoine, des traditions et par la promotion du tourisme durable, il les a rénovées avec les mêmes matériaux que ceux qui avaient été utilisés à l’origine et les mêmes techniques, les a aménagées avec des objets traditionnels authentiques, mais les a aussi équipées de salles de bains tout confort et elles peuvent être louées. Le magazine Vanity Fair a fait un classement des plus belles maisons du monde parmi lesquelles figure une de ces propriétés. Le prince Charles a aussi quelques maisons à Breb, un village traditionnel du Maramureş (nord).



    Il a créé une fondation pour soutenir les communautés rurales du pays. En 2015, l’héritier de la Couronne britannique a créé une autre fondation avec pour mission de protéger le patrimoine architectural du pays et de soutenir le développement rural et le développement durable. Cette fondation offre des programmes gratuits de formation aux métiers traditionnels qui avaient quasiment disparu.



    Le prince a également acheté des maisons traditionnelles aussi dans le village de Viscri, listé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce village a une église fortifiée saxonne dont la construction a commencé au XIIe s. Il entendait ainsi sauver le patrimoine architectural transylvain, mais aussi le style de vie et les métiers traditionnels. Viscri est maintenant hautement touristique, et son église a été listée parmi les plus belles du monde par la publication The Telegraph.



    Il s’est beaucoup investi dans la conservation des monuments historiques, dans des villages saxons de Transylvanie, fondés au XIIe siècle, dont certains figurent aujourd’hui sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, mais non seulement. Ainsi, en trois ans, la fondation a investi dans ces activités un million de livres sterling, rénovant des édifices représentatifs avec les mêmes matériaux et les mêmes techniques. Un exemple, c’est l’Eglise de la Dormition de la Mère de Dieu de Strei, un monument historique de l’art roman du XIVe s.



    Lorsqu’il vient en Roumanie, l’héritier de la Couronne britannique aime se balader en pleine nature, rencontrer les villageois, et se donne pour tâche de promouvoir les produits traditionnels de ces villages. L’idée, c’est de créer un circuit économique autour de ces monuments pour permettre aux habitants d’avoir des emplois. Ainsi, les chaussettes traditionnelles tricotées par les femmes de Viscri sont exportées en Allemagne et de là, ailleurs en Europe occidentale.



    La fondation du prince se propose de sauver une église vieille de 800 ans, celle de Drăuşeni, au département de Braşov ; à cet effet, un plan a été élaboré. Il prévoit la rénovation de l’église, la construction d’un café, de places d’hébergement et d’ateliers de métiers traditionnels. C’est un projet pilote. S’il fonctionne, il sera étendu à d’autres monuments médiévaux en péril. Il finance par ailleurs la rénovation d’une église en bois du département d’Arad, celle de Luncşoara, mais aussi de deux autres dans le département de Mureş : celles de Curtelnic et celle de Bălăuşeri.



    Nombre de ces projets sont sélectionnés par l’Association L’Ambulance des monuments, dont nous vous avons déjà parlé sir nos ondes, et qui bénéficie du soutien financier du prince Charles. Une maison fortifiée du département de Gorj a également été restaurée ainsi. Ce ne sont que quelques exemples des activités des fondations du prince de Galles en Roumanie.



    En 2011, le prince Charles commente le documentaire Wild Carpathia, du réalisateur britannique Charlie Ottley — un documentaire fabuleux sur la Roumanie. Pour la petite histoire, entre temps, Charlie Ottley a acheté une maison traditionnelle et a emménagé en Transylvanie ! En 2020, en pleine pandémie, dans un autre film commenté par lui, le prince Charles a exhorté les Roumains à passer leurs vacances en Roumanie et à y découvrir « les richesses incroyables » de ce pays. Il avoue être venu pour la première fois en Roumanie une vingtaine d’années auparavant et y avoir découvert un pays « étonnant », qui occupe depuis lors une place à part dans son cœur, et qu’il « se sent chez lui ici » à chaque visite. « La Roumanie est un pays étonnamment divers, dit-il, du delta du Danube, la zone humide la plus grande et la plus sauvage d’Europe, aux forêts, aux sources et aux monastères de Bucovine, de Moldavie et du Maramureş, aux collines des Apuseni ou aux étendues inhabitées de Harghita, aux précieuses collections des musées de Bucarest ou à la beauté sauvage du défilé des Portes de fer, aux châteaux, aux montagnes et aux villages saxons de Transylvanie ou aux vallées reculées du Banat et de la Crişana. Une si riche diversité naturelle et culturelle réunies sous le même drapeau est remarquable et c’est une des caractéristiques qui font de la Roumanie un coin à part de l’Europe. »



    Et le prince Charles déclare qu’il regrette que la pandémie ne lui ait pas permis de voyager en Roumanie, mais il continuera à plaider pour la protection des « trésors uniques » de la Roumanie. Bien entendu, la presse roumaine parle de chaque voyage ou séjour du prince en Roumanie, et de toutes ses activités.

  • 04/08/2021 (mise à jour)

    04/08/2021 (mise à jour)

    Coronavirus en Roumanie — Le président roumain Klaus Iohannis a déclaré mercredi que la pandémie de Covid-19 ne pouvait pas être vaincue par « la discrimination », par des mesures restrictives, mais par la vaccination, parce que l’immunisation inhibe la maladie. Selon le chef de l’Etat, la baisse du nombre de cas d’infection au SARS-Cov-2 a été possible grâce à la vaccination et les Roumains devraient comprendre qu’à défaut, une quatrième vague de la pandémie pourrait apparaitre, tout comme dans d’autres Etats européens. Par ailleurs, le ministre de l’Education nationale, Sorin Cîmpeanu, a affirmé que la rentrée se ferait en présentiel le 13 septembre, sans aucun scénario influencé par l’évolution de la pandémie. Il a exclu l’obligation de se faire vacciner pour les enseignants, mais les encourage toujours à se faire immuniser. Le ministre Cîmpeanu a précisé qu’en ce mois d’août plusieurs actions d’information relatives à l’importance de la vaccination du personnel de l’Education seraient organisées, pour que le taux d’immunisation de cette catégorie professionnelle puisse augmenter avant le retour en classe. Le nombre de nouveaux cas d’infection au virus SARS-CoV-2 dépistés en 24 heures ne fait qu’augmenter en Roumanie. 271 nouveaux cas ont été rapportés mercredi, sur quelque 30 mille tests effectués. Le nombre de malades hospitalisés est également à la hausse. Ils sont 456 à présent, dont 67 en soins intensifs.



    Plan national le relance et de résilience — Le Portugal, le Luxembourg et la Belgique sont les premiers Etats à avoir reçu des montants en vertu de leurs Plans nationaux de relance et de résilience. Il s’agit d’une avance sur les montants disponibles dans le cadre du fonds de relance économique post-pandémie de l’UE, d’une valeur totale de 800 milliards d’euros. Selon un communiqué de la Commission européenne, celle-ci devrait prochainement effectuer des paiements vers d’autres Etats membres aussi. Tous les Etats, à l’exception des Pays-Bas et de la Bulgarie, ont présenté leurs plans à la Commission européenne. La Roumanie n’a pas encore reçu le feu vert pour bénéficier des fonds européens. Selon un récent commentaire de la publication allemande Die Welt, le plan de la Roumanie a été reçu avec scepticisme et la Commission devrait décider de son avenir avant la fin septembre. Le premier ministre Florin Cîţu déclarait en revanche que le plan avait été négocié avec l’UE à hauteur de 95 %.



    Attaque — Les représentants du Royaume-Uni, de la Roumanie et du Libéria ont informé le Conseil de sécurité de l’ONU qu’il était « très probable » que les forces iraniennes aient utilisé un ou plusieurs drones pour commettre une attaque soldée par des victimes contre un pétrolier, la semaine dernière, au large des côtes d’Oman. « Cet acte doit être condamné par la communauté internationale », ont affirmé les représentants des trois pays dans une lettre adressée au Conseil, obtenue par Reuters. Mercredi, la Roumanie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont réitéré « le caractère délibéré » de l’attaque sur le navire Mercer Street, attribuée, selon les informations disponibles, à la République islamique d’Iran, et ont affirmé que cet incident constituait « une violation claire du droit international ». les missions permanentes des trois pays auprès de l’OTAN ont réalisé une démarche commune au niveau de l’Alliance, dans cette affaire. Deux membres de l’équipage — un Roumain et un Britannique – sont morts dans cet incident du 29 juillet dernier. L’UE et l’OTAN ont fermement condamné l’attaque aux drones perpétrée en mer d’Arabie, sur un pétrolier exploité par une compagnie israélienne, et Washington a promis « une réponse collective » avec ses alliés contre l’Iran. Et c’est toujours ce mercredi qu’Israël a accusé le chef du commandement de drones des Gardiens de la Révolution d’Iran et le commandant des forces aériennes de se trouver derrière l’attaque, écrit la publication Haaretz, citée par Agerpres.



    Déchets — Les policiers roumains aux frontières de la Garde côtière ont dépisté, dans un transport sur le Danube, une barge chargée d’un millier de tonnes de déchets de fer et d’autres matériaux, dont certains dangereux, dans le port de Cernavodă. La barge avait été chargée en Serbie à destination de la Turquie. Le contrôle a permis de constater que d’autres types de déchets se trouvaient parmi les déchets de fer. Il y avait des déchets dont la provenance ne peut pas être établie, certains dangereux : composants de véhicules usagés, contenant huiles, émulsions et autres substances dangereuses. Il a été établi que le transfert de déchets ne remplissait pas les normes légales, et les commissaires de la Garde d’environnement ont interdit son transit sur le territoire de la Roumanie et ont décidé de le retourner dans le pays d’origine. Une affaire pénale a été ouverte pour non-respect des mesures dans l’activité de collecte/traitement/transport de déchets et l’usage de faux documents.



    TIFF — Le festival international du film Transilvania — TIFF — revient avec une nouvelle édition à Sibiu (centre), du 5 au 8 août, avec une trentaine de films à l’affiche. L’événement s’ouvre par la projection du documentaire « La Roumanie sauvage », réalisé par Dan Dinu et Cosmin Dumitrache, désigné le film roumain le plus apprécié au TIFF de cette année, où il a décroché le Prix du public. Initié il y a une décennie, « La Roumanie sauvage » est le projet de photographie et de film documentaire le plus ample dédié à la nature en Roumanie. Dans la sélection officielle du TIFF à Sibiu se retrouvent également les films roumains les plus attendus de l’année.



    Marin — Un marin roumain se trouvant à bord d’un navire dans le port chypriote de Vassilikos a été retenu par les autorités, a annoncé le ministère des Affaires étrangères de Bucarest. Selon la source citée, l’ambassade roumaine à Nicosie a été notifiée à ce propos par un membre de l’équipage. Par la suite, l’ambassade a reçu des demandes d’assistance consulaire, tant de la part de la famille du citoyen roumain que de la part de la compagnie qui l’emploie. Selon les données préliminaires obtenues par les représentants de la mission diplomatique, le ressortissant roumain a été retenu en vertu d’une notification qui existait à son nom dans les documents des autorités chypriotes. Un représentant de l’ambassade s’est rendu ce mercredi sur le lieu de détention du ressortissant roumain pour le voir et pour rencontrer les autorités chypriotes chargées de l’enquête.



    JO — L’athlète roumain Alexandru Novac s’est qualifié ce mercredi dans la finale de la compétition du lancer du javelot aux Jeux olympiques de Tokyo. Il a réalisé ainsi la meilleure performance personnelle de la saison, soit 83,27 mètres, grâce à laquelle il s’est qualifié pour la finale de l’épreuve depuis la 7e place du classement général. Côté athlétisme, Bianca Ghelber a terminé 6e dans la compétition du lancer du marteau et réussi un nouveau record personnel de 74,18 mètres.



  • « Framing the Change »

    « Framing the Change »

    Organisée au Royaume-Uni par l’Institut culturel roumain de Londres en partenariat avec les festivals roumains Astra Film de Sibiu et One World Roumanie, mais aussi avec les festivals britanniques de Sheffield Doc Fest et d’Open City Doc, la première rétrospective du film documentaire roumain contemporain se déroule du 26 avril au 31 juillet sous le titre « Framing the Change » / « Encadrer le changement ». Plus de 30 films et événements se trouvent à l’affiche de ce projet qui se propose d’offrir au public une incursion dans l’univers roumain des deux dernières décennies. Les documentaires révèlent donc de l’actualité roumaine sous différents aspects : les effets de la migration en masse, la perspective religieuse et laïque, l’écart entre l’éducation à l’école et celle en famille, ou encore l’histoire récente du pays. Le festival comporte aussi une sélection de films qui proposent des introspections dans la vie personnelle de leurs réalisateurs ou qui mettent en lumière la variété de styles et l’esthétique différente qui se retrouvent dans le cinéma roumain contemporain.

    Réalisée par Adina Marin, la première partie de cette rétrospective cinématographique propose des noms tels Alex Brendea, Dumitru Budrala, Radu Ciorniciuc, Răzvan Georgescu, Oana Giurgiu, Florin Iepan ou Alexandru Solomon, pour vous donner seulement quelques exemples. Adina Marin : « Je me suis réjouie de mettre en place ce projet qui a eu comme point de départ une initiative de Magda Stroe, qui dirige l’ICR de Londres. C’est elle qui a voulu réaliser une petite rétrospective du film documentaire roumaine et c’est grâce à ses efforts que le projet a fini par se concrétiser sous la forme actuelle. Au fur et à mesure que le temps passe, le documentaire roumain est devenu un sujet de plus en plus ample et compliqué que l’on n’aurait pas pu épuiser en deux ou trois projections. Quant à la sélection des titres, je dois dire qu’au moment où l’on se propose de faire une rétrospective, soit on met à l’affiche tous les films sortis dans cette période-là, ce qui est impossible, soit on finit par faire un choix qui est automatiquement subjectif. Or, mon petit côté subjectif m’a poussée à regarder en arrière, vers tous les documentaires à l’affiche déjà du Festival Astra Film pour en choisir ceux ayant marqué un tournant dans la carrière de leur réalisateur ou ceux ayant raconté des histoires d’actualité. Cela m’a beaucoup touchée de revoir tous ces films pour faire mon choix. Ce fut comme si j’avais rencontré d’anciens copains. J’étais très curieuse de voir l’impact que tous ces films auraient pu encore avoir une fois les années passées. Et, à ma grande surprise, je me suis rendu compte qu’en fait, l’une des qualités du film documentaire, c’est sa force de rester d’actualité. Il n’est pas périssable. Bien sûr, on peut avoir affaire à une technologie dépassée, mais quelle que soit l’évolution des techniques, le documentaire conservera cette qualité de surprendre tel ou tel moment, tout en offrant au public des connotations diverses. »

    En ouverture de la rétrospective du film documentaire roumain contemporain de Grande Bretagne – une discussion avec Adina Marin du Festival Astra Film, Andrei Rus de One World Roumanie, Cíntia Gil de Sheffield Doc Fest et Michael Stewart d’Open City Docs, animée par le journaliste Jonathan Romney. Adina Marin : « J’ai trouvé très intéressante cette proposition lancée par l’ICR de Londres d’organiser ce débat qui nous a permis, à moi et à Andrei Rus, d’argumenter le choix des films auquel on avait procédé. Quant aux invités, les discussions se sont déroulées entre des gens qui, d’une manière ou d’une autre, sont entrés en contact avec le documentaire roumain ces 20 dernières années. La discussion s’est avérée très intéressante, surtout qu’elle a mis en lumière plusieurs points de vue, en dehors de notre perspective à nous, les programmateurs du festival. Je me suis réjouie de me retrouver en présence de Jonathan Romney qui s’intéresse non seulement au film documentaire, mais au cinéma roumain en général et dont les chroniques, je les lis depuis des années. Notre débat est intervenu peu de temps avant le Gala des Oscars. Cela nous a permis de créer une sorte de pont entre le documentaire « Sur la route », réalisé par Dumitru Budrala en 1998 et « l’Affaire Collective » d’Alexander Nanau, deux fois nominé aux Oscars. »

    Prévue du 15 au 31 juillet, la deuxième partie de la rétrospective du film documentaire roumain comporte une sélection réalisée par le critique Andrei Rus, directeur et programmateur du Festival One World Roumanie. Les films seront diffusés sur les réseaux en ligne de l’ICR de Londres et ils seront sous-titrés en anglais. Sur l’ensemble de tous ces documentaires, une partie sera également disponible pour un bref laps de temps seulement au Royaume-Uni. Pour plus de détails, veuillez consulter le site de l’Institut culturel roumain de Londres. (Trad. Ioana Stancescu)

  • “Il y a quelqu’un à la maison ?”

    “Il y a quelqu’un à la maison ?”

    Après des études de photographie documentaire, à
    Londres, Ionuţ Teoderaşcu est rentré en
    Roumanie. Muni d’un appareil photo ou de sa caméra, il s’est mis à redécouvrir
    le monde qu’il avait laissé derrière en quittant le pays. Pendant les deux
    semaines qu’il a passées cloîtré dans son appartement, Ionuţ Teoderaşcu a préparé
    et lancé son projet intitulé « Chantier en temps de pandémie », où il a
    immortalisé les travaux menés à l’immeuble voisin. Son projet suivant,
    « Les campagnes et la pandémie », dévoile, à travers les photos, le
    quotidien des villageois, presque figé dans le temps, avec, pour unique
    changement, le port du masque. Ce qui a retenu notre attention, c’est le projet
    « Il n’y a personne à la maison », qui a valu à Ionuţ Teoderaşcu le Prix d’or
    du concours international de photographie de Budapest (Budapest International
    Photo Awards 2020), dans la catégorie « Gens / Famille ».






    Le photographe documentaire Ionuţ Teoderaşcu nous a
    raconté les débuts de ce projet : « L’idée du court-métrage documentaire « Il
    n’y a personne à la maison » a pris contour en avril 2019, lorsque je suis allé
    revoir la maison de ma grand-mère. Comme elle n’était plus habitée depuis une
    dizaine d’années, j’étais curieux de voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Une
    fois là, j’allais constater que toutes les affaires de ma grand-mère étaient
    restées intactes, comme enfermées dans une sorte de capsule temporelle.
    J’allais y revenir, en compagnie de mon père, que j’ai prié de me raconter son
    enfance et la vie de ses parents. Je n’avais pas connu mon grand-père paternel,
    mort à seulement 44 ans. Puis, une autre fois, j’y suis retourné avec mes tantes.
    Leurs récits m’ont aidé à découvrir une bonne partie du passé de ma grand-mère.
    C’est en ces temps et lieux que l’idée m’est venue de tout agencer dans un
    court-métrage documentaire, car cela me permettait de combiner les images et les sons que
    j’avais enregistrés lors de mes visites à la maison de ma grand-mère,
    accompagné de mes parents ou de mes tantes. Ce court-métrage documentaire, je l’ai
    réalisé à la fin de l’année dernière… »






    L’accueil réservé à ce court-métrage a dépassé les
    attentes de l’auteur. Ionuţ Teoderaşcu : « Au moment du lancement, en
    Roumanie, lors d’un Takeover, il est apparu sur l’image Instagram du magazine Rien
    qu’une revue. C’est là que j’ai raconté l’histoire, pour la première
    fois. En fait, le court-métrage avait déjà été présenté au Royaume-Uni, sur une
    plateforme dédiée à la photographie documentaire. J’ai également participé avec
    ce projet à une compétition, organisée avant la fin de l’année. Un album photo
    avec des étudiants, l’un des premiers réalisés par Canon, a accueilli mon
    projet. Puis j’ai participé à un concours à Budapest, où j’ai remporté le Gold
    Vibe, le Prix d’or. Plus tard, il a été diffusé sur d’autres réseaux, ici, en
    Roumanie. »








    Ionuţ Teoderaşcu nous a présenté l’histoire du film : « C’est
    le sentiment de plonger dans une autre époque. Dès que l’on pénètre dans la
    maison, on est sous l’emprise d’images à fort impact émotionnel : murs
    décrépits, immenses toiles d’araignées. Des images que l’on ne voudrait pas
    voir, surtout quand on a un lien personnel avec la famille qui y a vécu.
    Pourtant, on a là un espace qui préserve très bien l’histoire d’une famille,
    car, en fin de compte, on est défini par l’endroit où l’on vit. Tout au long
    des années qu’elle y a vécues et surtout les 20 dernières qu’elle y a passées
    seule, ma grand-mère a rassemblé et sagement rangé tout ce dont elle avait
    besoin, y compris les choses nécessaires à son enterrement. J’y ai retrouvé des
    médicaments ou bien des lettres que ma grand-mère avait gardées. Toutes ces
    choses-là racontent l’histoire de la personne qui y a vécu. »






    Le film nous emmène au village de Crăieşti, dans le comté
    de Galati. L’auteur, qui y a passé son enfance, nous fait découvrir une maison
    à part. Ionuţ Teoderaşcu : « Elle est atypique pour la région, en ce sens
    qu’ici on construit habituellement des maisons de petites dimensions, avec deux
    pièces. La maison de ma grand-mère a son histoire à elle. Elle avait été
    destinée initialement à abriter une préfecture ou une mairie. Ce n’est que plus
    tard qu’elle a été vendue à mon grand-père. Construite il y a une centaine
    d’années, avec des matériaux de bonne qualité, dont du bois massif, la maison,
    perchée sur une colline, surplombe le village sur lequel elle offre une vue
    imprenable. »






    Ionuţ Teodereşcu
    nous a également lancé une invitation : « Je vous invite à regarder ce
    court-métrage documentaire, que vous trouverez sur mon site internet teoderaşcu.com,
    sur YouTube ou sur ma page Facebook. A mon avis, il raconte l’histoire de
    plusieurs familles et nous montre comment appréhender le passé familial, tout
    en sachant qu’il y a toujours une part de subjectivité dans le récit. Puisqu’on
    veut croire que nos parents ont eu une belle vie, on essaie, après leur mort,
    de reconstruire le passé et d’y apporter une touche romantique. Voilà donc
    cette autre chose dont je parle dans mon film, en plus de l’histoire de vie de
    mes grands-parents. »






    A noter aussi que
    la ville de Zalău accueille l’exposition « Les visages de la
    pandémie », réunissant des photos réalisées par Ionuţ Teoderaşcu. (Trad. Mariana Tudose)

  • Le documentaire « Le Prof » réalisé par Alex Brendea, en première dans les cinémas et dans le cinéma

    Le documentaire « Le Prof » réalisé par Alex Brendea, en première dans les cinémas et dans le cinéma


    Son plus grand rêve, cest de créer une école qui ne se plie pas au système éducatif conventionnel, un lieu affranchi de la tyrannie des méthodes denseignement ordinaires.



    « Le Prof» a remporté, en 2019, le prix du meilleur documentaire dEurope centrale et orientale dans la section Between the Seas du Festival international du film documentaire de Jihlava (République tchèque). La même année, il décrochait le prix du meilleur film au Festival Astra de Sibiu. La première du film, prévue initialement pour mai 2020, a été reportée en raison de la pandémie. Juste avant sa première diffusion en Roumanie, il a bénéficié de quelques projections en salle au Centre tchèque de New York, lors de la troisième édition du showcase « Jihlava International Documentary Festival» et au Festival international de film Transilvania (TIFF). Dans ce dernier cas, les projections se sont déroulées à guichets fermés. Les spectateurs ont eu la chance de rencontrer le professeur charismatique lors des sessions de questions-réponses.



    Alex Brendea a évoqué lambiance qui a régné pendant la diffusion du film en première à Bistrita, la ville du « professeur»: « Cétait bien parce que, du moins à Cluj et à Bistrita, jétais sur mon propre terrain, pour ainsi dire. Dans un premier temps, on avait prévu deux projections au cinéma de Bistrita, mais finalement il y en a eu plusieurs. Par exemple, un jour, on en est arrivé à trois au lieu de deux. A la demande du public, les gérants des cinémas ont décidé doffrir trois jours de projections supplémentaires. Jai été très agréablement surpris, car le film est passé en salles dans les deux cinémas de Bistrita et beaucoup de gens sont allés le voir. Ce qui ma rendu très heureux, cest que de nombreux enseignants voulaient le visionner avec leurs élèves. Jai apprécié cette initiative dautant plus quil sagit dun documentaire, donc dun genre cinématographique de niche. Il semble, cependant, que dans le cas de ce documentaire, le public a beaucoup apprécié aussi bien le personnage que le sujet. Léducation et le fonctionnement du système éducatif en Roumanie suscitent bien des débats, actuellement. Des débats qui font émerger les mécontentements des parents concernant le mauvais fonctionnement de pas mal de choses. Plusieurs dentre eux sont venus me voir après la projection du film. Ils aimeraient quil y ait davantage denseignants comme Dorin Ioniță. Jai aussi rencontré des professeurs qui, après le film, mont parlé de leurs projets éducatifs innovants ou originaux. Ils ont rappelé les obstacles auxquels ils se heurtent, dont la bureaucratie ou le manque dintérêt. Une professeure de géographie souhaiterait créer une plate-forme virtuelle permettant dexpliquer aux élèves les formes de relief à laide de la graphique 3D. Je trouve que cest une très bonne idée. A Cluj, un professeur ma dit que javais réussi, à travers ce documentaire, à apporter une sorte dalternative au système éducatif actuel. Il était content de lavoir visionné. Le film lui avait plu et lavait inspiré. Mon but cétait, tout dabord, de tirer la sonnette dalarme et dessayer dinciter dautres enseignants à accomplir leur rêve ou à faire quelque chose de bon pour les enfants.»



    Fort dune riche expérience de directeur de la photographie, Alex Brendea considère que le documentaire offre plus de liberté que le film de fiction. « Le documentaire a besoin de cette liberté, car il ny a pas de scénario derrière. Cest pourquoi on ignore quels seront le cadre, limage ou la lumière de la séquence suivante. Cest un véritable défi, car il faut vite trouver des solutions et réagir. Le documentaire vous sollicite davantage pendant le tournage, mais, comparé au film de fiction, il ne nécessite pas beaucoup de préparatifs. Dans le cas de la fiction, tous les efforts pour trouver le meilleur cadre et la meilleure lumière sont fournis avant, ce qui facilite le tournage, alors que dans le documentaire il faut être beaucoup plus libre pour trouver des solutions sur place.»



    Lun des prix décernés au documentaire « Le Prof » a été celui du meilleur documentaire dEurope centrale et orientale dans la section Between the Seas du Festival international du film documentaire de Jihlava. Voici la motivation du jury : « Cest un film important, à voir partout dans le monde. Un professeur de mathématiques travaille en marge dun système éducatif défaillant, devenant le mentor dun groupe délèves. Grâce à son dévouement à léducation, ces jeunes apprennent la leçon la plus importante dans la vie : il faut « tomber tragiquement amoureux de ce que lon fait ». Le fait de célébrer le non conventionnel, dembrasser le désordre, limagination et la passion pour léducation, voilà les raisons pour lesquelles le prix Between the Seas revient au documentaire “Le Prof” ».




  • Astra Film Online

    Astra Film Online

    En attendant la nouvelle édition prévue à l’automne, le Astra Film Festival offre à ses fans un riche programme de films documentaires en ligne – des productions primées ou dédiées aux enfants – à regarder sur le site du festival, www.astrafilm.ro. Membre de l’équipe d’organisateurs dès les premières éditions de l’événement imaginé par le réalisateur Dumitru Budrală, Adina Marin détaille cette affiche inattendue. « Pour le coup d’envoi d’Astra Film Online, nous nous sommes concentrés avant tout sur les productions primées. Mais le fait d’avoir tellement souligné la capacité des films à résister au passage du temps ne veut pas dire que nous projetons uniquement de vieux documentaires, d’avant 2010. En fait, nous avons aussi des productions de l’année dernière, des éditions les plus récentes d’Astra Film. Les lundis, mardis et mercredis sont réservés aux films d’Astra Film Junior, un phénomène qui a rendu la ville de Sibiu unique non seulement en Roumanie, mais aussi en Europe. Je peux vous dire que tous les invités à AFF qui ont assisté aussi aux projections des programmes d’Astra Film Junior ont été absolument impressionnés par l’ampleur du phénomène et par l’implication de toute la communauté scolaire. Dans le cadre d’Astra Film Junior, pendant le festival ainsi qu’à travers l’année, nous avons offert des séances de projection par tranches d’âge, aux plus petits spectateurs, mais aussi aux collégiens et aux lycéens. A Astra Film online nous avons décidé de cibler seulement les plus petits, dont l’activité se déroule principalement en ligne en ce moment. L’offre spéciale contient des films déjà projetés lors des éditions antérieures d’AFJ et que le public a beaucoup aimés. C’est une série très émouvante, intitulée « Matins du monde ».

    Considéré comme le plus important festival du film documentaire et d’anthropologie visuel de Roumanie et comme un événement essentiel pour la communauté européenne du genre, Astra Film Festival referme, à travers ses éditions, des dizaines d’années de culture et d’histoire de la cinématographie documentaire. C’est le film de non-fiction d’Europe Centrale et Orientale qui se trouve au premier plan, l’accent étant mis sur la section réservée à la compétition des documentaires originaires de cette région géographique. Astra Film Festival fête cette année son 27-e anniversaire.

    Adina Marin a expliqué la contribution du festival à l’essor du film documentaire en Roumanie et l’évolution de celui-ci. « Il est évident qu’Astra Film Festival a eu un mot essentiel à dire dans la perception du film de non-fiction dans la Roumanie actuelle. Au début des années ’90, quand le festival a débuté, le réalisateur de film documentaire Dumitru Budrală, à présent directeur de l’événement, a été l’unique organisateur des deux premières éditions. Même aujourd’hui, il me semble incroyable le fait qu’il ait pu rassembler une poignée de collaborateurs et les convaincre à travailler sur un projet qui n’avait pas l’air de pouvoir s’imposer sur le marché de l’époque. Je le dis parce qu’un tel festival, du film documentaire, faisait son apparition dans un pays à peine sorti du communisme et du marasme des années ’80, où la démocratie faisait ses premiers pas, où il n’y avait pas de marché audiovisuel. C’est dans ce contexte-là que Dumitru Budrală a eu l’idée de créer un festival du film de non-fiction, du film documentaire sans contenu de propagande, à l’opposé donc de la perception générale de ce genre, à l’époque. Dumitru Budrală a mis en exergue le documentaire d’anthropologie, qui analyse et veut comprendre la diversité, les libertés, la façon d’être des gens de la planète. C’était quelque chose d’inédit pour les années ’90. Je me souviens des premières éditions, quand la section consacrée aux productions roumaines était quasiment vide, puisque dans la Roumanie de ces années-là, un film documentaire présentait, en général, le patrimoine d’un musée. Il suffit donc de comparer les productions d’alors et les films que nous avons diffusés ces dernières années, dans le cadre d’Astra Film Festival. Il n’y a pas photo. Par exemple, nous diffusons en ligne Procesul/Le procès, d’Ileana Bârsan et Claudiu Mitcu, un documentaire très bien reçu, nommé aux Prix Gopo du cinéma roumain, qui parle de mécanismes absolument défectueux de la justice en Roumanie. Ce n’est qu’un exemple, auquel je pourrais ajouter de nombreuses autres productions roumaines primées. Ce qu’Astra Film fait c’est, avant tout, de créer un espace où les cinéastes roumains intéressés par le documentaire puissent comprendre sa nature via le contact avec ce qui se fait dans le monde. Et, à travers le temps, ils ont été nombreux à s’éprendre de ce genre de création cinématographique, tellement incitant. », a conclu Adina Marin, membre de l’équipe organisatrice d’Astra Film Festival, de Sibiu. (trad. Ileana Taroi)