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  • Miroirs de Brancusi

    Miroirs de Brancusi

    Le 19 février est la Journée Brancusi, consacrée au grand sculpteur roumain Constatin Brâncuşi. Né à Hobița, dans le département de Gorj (sud-ouest), il est considéré comme le fondateur de la sculpture moderne.

    « Mademoiselle Pogany », « La Măiastra »,
    « L’oiseau dans l’espace » ou encore l’ensemble monumental de Târgu
    Jiu, avec sa « Colonne sans fin », la « Table du silence »
    et la « Porte du baiser » – ce ne sont que quelques œuvres connues
    dans le monde entier, l’héritage qui nous reste de Brancusi depuis sa
    disparition en 1957, à Paris. Elles font désormais partie du patrimoine
    culturel mondial.








    Cette année, l’on a marqué le 145-e
    anniversaire de la naissance de ce grand artiste. Si grand, que le monde
    n’arrêtera jamais de le célébrer par des mots, des expositions et des
    événements artistiques qui présentent ses créations.






    Voici une de ces manifestations qui
    ont marqué la Journée Brancusi 2021 et qui a attiré notre attention : une
    exposition multimédia intitulée « Mirrors of Brâncuși » (Miroirs de
    Brancusi), présentée à Bucarest, au Musée national du Paysan Roumain.








    Pour davantage de détails sur les
    débuts de ce projet, nous nous sommes adressés à Virgil Nițulescu, le manager
    du musée : « Cette exposition est
    intitulée « Les miroirs de Brancusi » ou « Miroirs sur Brancusi
    », je ne saurais vous dire quelle est la meilleure traduction de son titre qui
    est en anglais – « Mirrors of Brâncuși ». Elle est née au moment où
    la Roumanie a lancé les démarches pour participer au grand événement culturel
    de Bruxelles et de Belgique en général, intitulé Europalia : un festival
    auquel notre pays a été présent entre 2019 et 2021, avec l’exposition « La
    sublimation de la forme », qui a connu un grand succès. Sa commissaire était
    notre grande experte du domaine, Mme Doïna Lemny, du Musée d’art moderne de
    Paris. C’est à ce moment-là qu’est née l’idée de présenter Brâncuși à
    l’aide de moyens accessibles aux jeunes, par des installations multimédia, pour
    faire passer le message de notre grand sculpteur à un public cosmopolite et
    très jeune, comme c’est le cas du public de Bruxelles. Ce projet a été présenté
    par la suite au Ministère roumain de la Culture pour obtenir un financement
    dans le cadre du programme « RO-cultura », appuyé par les subventions
    offertes par l’Espace économique Européen Norvège-Islande-Liechtenstein, soit
    les déjà célèbres fonds norvégiens. Nous avons réussi à obtenir les fonds
    nécessaires et même un partenariat avec une organisation norvégienne, le Musée
    du paysan roumain devenant le premier musée de Roumanie, voire la première
    institution de Roumanie, à accueillir cette exposition. »








    En se servant des nouvelles
    technologies, en réinterprétant les ouvrages connus et moins connu de Brancusi,
    cette exposition se veut une présentation dynamique de plusieurs moments de la
    vie de l’artiste, de ses liens avec d’autres créateurs de son époque et de traits
    de caractère moins connu de Brancusi. A la fin de la visite, le public aura
    réussi à saisir tant l’information, que de nouveaux concepts liés au sculpteur,
    espèrent bien ses organisateurs.








    Le projet est parti d’une étude
    réalisée sur un groupe de personnes ayant des âges et des métiers différents,
    mais la conclusion en a été la même – leur perception de Brâncuși est autre que
    ce que l’artiste avait voulu transmettre. Alors, pour changer de direction, les
    auteurs du projet se sont appuyés sur l’idée d’interactivité et d’introduction
    de la technologie dans le processus de création. L’exposition a bénéficié d’une
    scénographie permettant au visiteur d’expérimenter la possibilité de faire
    partie d’une œuvre de Brâncuși, de se voir littéralement dans une interprétation
    d’un module à l’échelle 1/1 de la Colonne sans fin, et de regarder un film
    plein d’informations biographiques soigneusement choisies, dédié à l’artiste
    fondateur de la sculpture moderne. « Pour élaborer ce projet, nous avons
    recouru à la logique afin de mettre en accord les concepts, l’œuvre de Brâncuși
    et les besoins du public, sa façon d’interagir avec l’information et de
    l’accepter. C’est ainsi que nous sommes arrivés à « Mirrors of Brâncuși »,
    un projet-miroir qui non seulement met les gens en contact avec la création de
    Brâncuși, mais qui les invite à remplacer certaines de ses œuvres. On arrive
    ainsi à faire une analyse des émotions et des sentiments de chaque individu,
    qui occupe une position entièrement nouvelle », déclarait la commissaire
    de l’exposition, Silvana Dulamă-Popa.








    Justement à propos de cette possible
    interaction d’un public plus ou moins connaisseur avec l’œuvre de Constantin
    Brâncuși, le manager du Musée national du Paysan roumain, Virgil Nițulescu, considère
    que: « Ce n’est pas une exposition d’œuvres de Brâncuși, puisqu’elles
    sont tellement rares en Roumanie qu’elles ne peuvent pratiquement pas voyager ;
    on ne peut les trouver qu’au Musée national d’art de Roumanie, à Bucarest, et
    au Musée d’art d’Olténie, à Craiova. Mais cette exposition facilite une
    incursion dans l’univers artistique du maître, pour essayer de le comprendre.
    C’est donc une exposition qui s’adresse à un public moins préparé pour accéder
    à une compréhension supérieure des racines de l’œuvre de Brâncuși, l’artiste
    que les critiques ont surnommé « l’inventeur de la sculpture
    moderne ». C’est une mise en contexte de sa création, aussi bien pour la
    Roumanie que pour le monde actuel, celui de 2021. Moi, je me félicite du fait
    que cela s’inscrit parmi les efforts de ramener plus près du grand public
    l’œuvre du sculpteur de génie que fut Constantin Brâncuși. Elle est ouverte aux
    gens qui ne fréquentent pas beaucoup les musées, mais qui seraient intéressés
    par des événements culturels censés mettre sous une lumière contemporaine une
    œuvre déjà classicisée. »

  • Labyrinthe. A mi-chemin. Les fleurs étaient là.

    Labyrinthe. A mi-chemin. Les fleurs étaient là.

    C’est l’aboutissement d’un travail de longue haleine, de recherches et
    d’expériences artistiques communautaires menées par trois femmes issues de
    mondes différents : Roxana Donaldson, artiste visuelle, Ana-Cristina Irian,
    chercheuse en arts visuels, et Cristina Bodnărescu, réalisatrice du film
    portant sur l’activité des deux artistes et présenté au festival dédié à l’art
    du clip, VKRS Bucarest.




    Cristina Irian nous en dit davantage : « Il
    s’agit d’un projet artistique, mais qui a aussi une portée civique, car il vise
    à répondre de manière active à la nécessité de maintenir la communauté unie en
    temps de crise et de sauver, symboliquement, les fleurs bannies des marchés, en
    les transformant en objets d’art. Moi, j’ai travaillé avec des bouquets de
    fleurs que Roxana avait récupérés du marché bucarestois Matache. Ces fleurs, je
    les ai transformées en huit poupées, que j’ai appelées Les poupées du
    marché Matache. Des poupées aux formes mouvantes, qui semblent danser.
    Dans la seconde partie du projet, j’ai ajouté ce que l’on appelle des poèmes en
    fleurs et réalisé une vidéo qui saisit tout ce processus de transformation du
    bouquet de fleurs. »






    Cet échange de fleurs a donc représenté le
    point de départ d’une représentation urbaine, explique Roxana Donaldson : « Ce
    projet artistique, nous l’avons conçu comme une rencontre entre les citadins et
    les plantes, en cette période de confinement et d’anxiété engendrée par la
    pandémie de Covid-19. Nous souhaitions voir comment les gens et les plantes
    vivent et survivent ensemble dans les villes. L’idée du projet remonte à
    novembre 2020, lorsque les petits horticulteurs locaux ont abandonné leurs
    fleurs sur les marchés. Elle s’est matérialisée d’abord par un film, ensuite
    par des objets d’art réalisés à partir de fleurs séchées. Je suis un artiste
    plasticien interdisciplinaire. Je me suis toujours intéressée au domaine de
    l’art écologique, de l’art végétal et je voulais faire un art
    interdisciplinaire et conceptuel avec et sur les plantes. J’ai trouvé
    dans le projet Labyrinthe, à mi-chemin l’expression parfaite pour
    ce que je souhaite exprimer dans mon art, à savoir la communication entre nous autres,
    humains, et les végétaux. Tout est parti d’un geste de révolte. Ana-Cristina Irian
    et moi-même, nous nous sommes retrouvées à mi-chemin entre le marché où elle se
    rendait habituellement et le mien. Chacune de nous avait acheté des fleurs au
    dernier jour d’ouverture des marchés. Le hasard a voulu que l’on se rencontre
    au milieu du chemin, soit dans la rue Labyrinthe. C’est là que s’est passé
    l’échange de fleurs. Nous nous sommes offert des fleurs l’une à l’autre, au
    beau milieu de la pandémie, du confinement, au cœur d’une ville morose,
    déserte, renfermée, au bord de la déprime. On a tout filmé, on a pris des sons
    ambiants, en guise de témoignage de cette performance urbaine. »








    La vie des fleurs s’est poursuivie dans
    leurs maisons d’adoption, à savoir les logements des artistes. C’est là, qu’après
    séchage, les fleurs ont été réinventées. Ecoutons Roxana Donaldson : « J’ai
    fait une peinture sur toile de lin, en bas de laquelle j’ai écrit, avec un
    stylo à plume, « fleurs abandonnées et sauvées ». Puis, ces mots se sont
    mélangés, au point de devenir des taches de couleur. Et sur ces taches de
    couleur j’ai cousu des fleurs. Cet objet d’art, qui venait de naître, j’allais
    l’exposer lors de la deuxième performance de rue et le nommer Flowers Were
    Here, Les fleurs étaient là. C’est parce que, justement,
    elles avaient regagné l’endroit qu’elles avaient quitté. Chacune de nous a
    laissé dans la rue son ouvrage : moi, la toile de lin peinte, elle, sa poupée
    réalisée à partir de fleurs séchées. Les deux objets ont été exposés sur un
    mur, dans la rue, dans le cadre de cette représentation d’art libre. Faire de
    l’art libre, c’est s’en donner à cœur joie, car c’est de l’art pur, qui se
    refuse aux contraintes et qui a pour vocation d’être offert en don à la ville,
    à la communauté ».






    Cristina Irian a ajouté : « Nous
    avons commencé le projet le matin et l’avons continué l’après-midi. Quand on se
    retrouvera pour la troisième fois dans la même rue, ce sera en soirée, pour
    retravailler les objets réalisés. Moi, j’utiliserai principalement la forme de
    l’objet poupée et les ombres de cet objet, en essayant de repenser l’espace. »








    Nous sommes dans l’attente de la troisième
    partie du projet, laquelle comportera trois volets : la présentation du film
    sur la vie des fleurs transformées en objets d’art, une exposition avec de
    nouvelles œuvres intégrant des fleurs séchées, enfin, une autre représentation
    artistique de rue. (Trad. Mariana Tudose)

  • Fragment. L’expérience de la restauration

    Fragment. L’expérience de la restauration

    Une
    nouvelle exposition accueille les visiteurs (en personne ou dans le monde
    virtuel) au Musée national d’histoire de la Roumanie, jusqu’à la fin mai.
    « Fragment. L’expérience de la restauration » est une incursion dans
    le monde fascinant et délicat de la restauration, une invitation à découvrir
    les secrets qui se cachent derrière les objets de la collection d’un musée.
    Nous nous sommes entretenus à ce sujet avec un des membres du Laboratoire de
    restauration du métal du Musée national d’histoire, Bogdan Dumitru
    Mladin : « L’exposition
    « Fragment. L’expérience de la restauration » présente au public le
    métier de restaurateur sous un angle tout à fait nouveau. Notre volonté était
    d’amener le grand public à comprendre ce qui se passait derrière les pièces
    exposées dans un musée. Alors, avec nos collègues du Département de
    restauration, nous avons organisé une exposition dédiée à ce métier. En plus du
    travail manuel en lui-même, la restauration demande des connaissances dans
    divers domaines – physique, chimie, biologie et ainsi de suite. Nous avons
    accordé une importance particulière à l’accrochage de cette exposition, pour la
    rendre aussi attractive que possible pour le grand public et surtout pour le
    jeune public. Le métier de restaurateur est encore peu pratiqué, alors une des
    fonctions de « Fragment. L’expérience de la restauration » est d’attirer
    les jeunes vers ce métier. »




    Le
    Musée national d’histoire de la Roumanie a été fondé en 1970 et c’est le plus
    important musée d’archéologie et d’histoire du pays. Le Département de
    restauration a pour mission principale la conservation à long terme des artefacts
    du Musée en suivant les standards les plus élevés du domaine, mais aussi la
    recherche et le développement des méthodes de restauration et de promotion de
    la culture matérielle. On peut observer toutes ces directions de travail dans
    l’exposition « Fragment. L’expérience de la restauration », comme le
    témoigne Bogdan Mladin : « L’exposition
    est divisée en deux grandes zones : la partie laboratoire – précisons que
    nous avons en tout six laboratoires au Musée d’histoire, le laboratoire de
    restauration du métal, du bois, de la céramique, de la peinture, des tissus et
    des livres anciens. Ensuite, il y a la zone d’exposition proprement-dite. Le
    public peut y voir tout l’éventail d’objets que nous restaurons, exposés d’une
    manière innovante, car nous souhaitions nous éloigner de la scénographie
    classique. En prime, nous avons invité quelques artistes contemporains à créer
    des œuvres en partant du titre de l’exposition ou des pièces de notre
    collection. Les pièces que nous travaillons viennent, pour la plupart, de sites
    archéologiques, de dépôts ou de collections privées. Ces objets sont très
    variés : depuis les tableaux jusqu’aux voitures – plus spécifiquement, la
    première voiture immatriculée à Bucarest. Il faut avoir un penchant pour
    le beau et s’intéresser à beaucoup de domaines, pour ainsi saisir et comprendre
    les éléments qui influencent un objet tout au long de sa vie. »


    Bogdan
    Mladin propose une comparaison avec la médecine pour faire comprendre plus
    facilement ce que c’est la restauration. Ce qu’un médecin fait pour le corps
    humain, pour une personne, c’est ce que les restaurateurs font pour les objets.
    Ils sont, en quelque sorte, les médecins des objets : chacun souffre d’une
    maladie qu’ils arrivent à guérir avec un traitement spécialisé. Mais intéressons
    nous aux différents objets « guéris » que l’exposition
    « Fragment » fait voir au grand public. Le restaurateur Bogdan
    Mladin : « Dans l’exposition,
    nous présentons tout un dépôt très important, découvert en 2012 à Tărtăria,
    dans le département d’Alba qui se trouve au centre du pays. Il y avait des
    ornements et des pièces de harnachement que nous voulions vraiment mettre en
    avant dans l’exposition. Finalement nous avons réussi à recréer une tête de
    cheval grandeur nature et avons présenté les objets dessus. De même pour les
    bijoux. Pour ce qui est de la céramique,
    nous avons toute une variété de pièces, à partir du néolithique et jusqu’à l’époque
    contemporaine. Pour le bois, nous travaillons des meubles et des icones. Pour
    les livres, ce sont surtout des cartes. Au laboratoire de tissu, mes collègues
    ont inclus dans l’exposition quelques pièces très importantes, à savoir le
    drapeau liturgique d’Etienne le Grand, restauré par leurs soins, ainsi qu’une
    des robes de gala de la Reine Marie. Du côté des tableaux, nous avons des
    toiles signées Luchian ou Tonitza, des œuvres très importantes qui se trouvent
    dans les collections du Musée. »


    Si
    vous n’habitez pas à Bucarest ou si vous ne pouvez ou ne voulez tout simplement
    pas vous déplacer pour visiter cette exposition, pas d’inquiétude ! Un
    site dédié vous attend à l’adresse restauraremnir.ro et sur YouTube vous pourrez
    regarder un tour virtuel de l’expo. (Trad. Elena Diaconu)

  • Jeunes roumains d’hier et d’aujourd’hui

    Jeunes roumains d’hier et d’aujourd’hui

    Aujourd’hui
    nous parlons des jeunes roumains d’hier et d’aujourd’hui. Nous commencerons par
    le présent et nous allons faire la connaissance d’une jeune femme qui est en
    train de faire un stage au sein du Parlement européen. Ensuite, nous découvrirons
    une exposition consacrée aux adolescents roumains qui ont perdu la vie dans la
    révolution anticommuniste de décembre 1989. Clin d’œil sur le passé et l’avenir
    de la jeunesse roumaine.

    Simina Tulbure
    est une jeune femme très ambitieuse et très impliquée dans l’espace civique. Elle
    est née dans le nord extrême de la Roumanie, à Baia Mare, et a fait ses études
    universitaires en Grande Bretagne, une expérience qui l’a aidée à consolider
    son parcours professionnel depuis ses années d’études universitaire.

    Au micro
    de notre collègue Monica Chiorpec Simina Tulbure raconte son expérience au Parlement Européen.

    Et maintenant,
    clin d’œil sur le passé. Cette liberté d’options et de mouvement dont parlait
    notre interlocutrice antérieure, n’existait pas il y a une trentaine d’années
    et elle n’aurait pas été possible sans le sacrifice des jeunes qui ont lutté pour
    la chute du communisme en décembre 1989. C’est
    justement pour leur rendre hommage que le Musée national d’histoire de la
    Roumanie a organisé fin décembre 2020 une petite exposition très spéciale et très
    émouvante intitulée « Diana, l’héroïne de la Salle Dalles ». Il faut préciser que la Salle Dalles était jadis une
    librairie et une salle d’exposition au centre – ville de Bucarest, Place de l’Université,
    au Km zéro de la capitale, l’endroit emblématique de la révolution anticommuniste
    roumaine. Voyons maintenant qui est cette héroïne de la Salle Dalles et
    pourquoi une exposition lui a été consacrée.

    Au micro de notre collègue Ion
    Puican, Cristina Păiuşan Nuică, chercheuse au Musée national d’histoire de la
    Roumanie.

  • Les œuvres d’art sacrifiées sur l’autel de la révolution roumaine de 1989

    Les œuvres d’art sacrifiées sur l’autel de la révolution roumaine de 1989

    Le prix payé par les Roumains, qui ont tenté et réussi, fin décembre 1989, à recouvrer leur liberté, au terme dune révolution sanglante, a été pour le moins élevé. En effet, sur les décombres du régime communiste, lon a pu compter des milliers de victimes : morts, blessés et estropiés. Au prix payé en vies humaines sajoute la perte dune partie importante du patrimoine culturel, partie en fumée dans les incendies qui ont embrasé, en ces jours de terrible combat, le bâtiment de lancien palais royal de Bucarest, siège du Musée national dart de Roumanie, ainsi que le bâtiment de la Bibliothèque centrale universitaire, les deux situés à proximité de lancien siège du comité central du Parti communiste roumain, visé par les tirs, après la fuite du couple Ceauşescu. Cest ainsi que 400.000 volumes et dimportants manuscrits ont été réduits en cendres dans lincendie de la Bibliothèque, pendant que des dizaines de toiles de maîtres, roumains et étrangers, ont été perdus, croyait-on, à jamais dans lincendie du Musée national dart.



    Récemment, ce dernier a pourtant accueilli le vernissage de lexposition intitulée « Laboratoire 2. 1989. La restauration des toiles criblées de balles », censée remettre les toiles restaurées ces dernières années dans le circuit muséal. Avec nous, les commissaires de lexposition, Sorina Gheorghiță et Ioan Sfrijan, nous racontent lhistoire dun événement auquel lon aurait préféré ne jamais assister.

    Sorina Gheorghiță : « Lincendie avait détruit presque entièrement latelier de restauration du musée. Malgré cela, dès janvier 1990, nous avons commencé les travaux de restauration de certaines œuvres affectées par le désastre. Ces œuvres proviennent de la galerie dart européen et de la galerie dart roumain de notre pinacothèque. De cette dernière, nous avons réussi à restaurer 47 toiles, dont une trentaine provient de la galerie dart européen. Dautres toiles appartenant à la même galerie ont été restaurées dans des ateliers spécialisés à létranger. »



    Parmi les œuvres restaurées et exposées à loccasion, lon compte des toiles signées par bon nombre de maîtres roumains, tels Andreescu, Grigorescu, Henția et Mirea. Sorina Gheorghiță : « Ces œuvres faisaient partie de lexposition permanente de notre pinacothèque, et ont donc été les premières à avoir souffert des dégâts. Après la réouverture du musée, certaines de ces œuvres, affectées par lincendie, ont été retirées. Cela a été une bonne occasion de mettre en lumière des toiles moins connues du public, et préservées dans les réserves du musée, dont notamment « Safta florăreasa », « Safta la fleuriste » et « lAutoportrait », deux toiles de Ion Andreescu, ainsi quune autre œuvre dAndreescu, intitulée « Drumul mare », « La grande route ». Des toiles de Nicolae Grigorescu, qui faisaient à lépoque partie de lexposition permanente du musée, telles « Vânatul », en français « Le gibier», « Buchetul de flori », « Le bouquet de fleurs » et « Țiganca din Ghergani », « La gitane de Ghergani », ont aussi été affectées par lincendie. Tout comme « Lorica », toile de Ștefan Luchian, des œuvres de Sava Henția, ou encore une esquisse préparatoire de George Demetrescu Mirea pour lune de ses œuvres monumentales. »



    Pourtant, et en dépit de tous les efforts, certaines toiles ont été perdues à jamais. Sorina Gheorghiță : « Parmi les toiles les plus abîmées il y a lesquisse de Mirea et le Paysage dAndreescu. LAutoportrait dAndreescu a aussi énormément souffert. Dans latelier de restauration, détruit par lincendie de 1989, lAutoportrait de Theodor Aman, œuvre de grandes dimensions et dune grande complexité, a été définitivement perdu. Cette dernière, tout comme deux autres œuvres affectées durant ces événements ne pourront malheureusement pas être restaurées, parce que les principes de restauration en vigueur ne permettent pas de combler une partie aussi importante de ces toiles par des techniques de restauration. »



    Lactuelle exposition met, certes, en lumière les œuvres restaurées, mais raconte également le travail laborieux des restaurateurs roumains et étrangers, qui la rendue possible.

    Nous avons questionné Sorina Gheorghiță au sujet des causes du désastre souffert par la Pinacothèque nationale en 1989: « Certaines toiles ont été sciemment vandalisées. On leur a carrément tiré dessus. Lon a tiré sur les portraits, des balles ont transpercé les toiles au niveau de la gorge ou de la poitrine du modèle. Je ne pense pas quelles soient des balles perdues, mais plutôt dune action de destruction concertée. Cétait le cas de la peinture intitulé « Safta florăreasa », « Safta la fleuriste ». Et cest pourquoi elle tient la tête daffiche, étant devenue limage de notre exposition. Mais il y a eu aussi des balles perdues qui ont fait elles aussi des ravages. », explique Sorina Gheorghiţă.



    Ioan Sfrijan raconte, lui, le désastre provoqué par lincendie qui a embrasé latelier de restauration de la pinacothèque lors des événements de décembre 1989. Ioan Sfrijan :« Lon a tiré à coups de canon sur cette partie du bâtiment de la pinacothèque. Ils ont aussi utilisé un accélérateur, pour être sûrs que lincendie provoqué produise un désastre. Latelier de restauration se trouvait dans une salle de laile qui donnait sur la rue Știrbei, et il a été très abîmé. Beaucoup dœuvres du peintre Theodor Aman ont été détruites, car une exposition Aman était en préparation à lépoque. Lon avait tiré sur son célèbre Autoportrait, puis aussi sur la toile intitulée « Bărbat cu medalii turcești », « Lhomme aux médailles turques », qui napparaît pas dans lexposition actuelle. A lépoque, la pinacothèque était en train de préparer une exposition thématique intitulée « Le portrait dans la peinture européenne », pour la galerie dart européen, et là aussi les dégâts ont été terribles. En tout, pas moins de 39 toiles ont brûlé dans latelier de restauration. »



    En fin de compte, 47 tableaux exposés à la Galerie dart roumain et 30 qui appartenaient à la Galerie dart européen ont finalement été rendus au circuit public, après restauration, à loccasion de lexposition actuelle. Dautres toiles de maîtres sont passées en revanche au passif dune révolution qui, en dépit de ses zones dombre, a sonné le glas des 45 années de dictature communiste, et marqué la renaissance des libertés publiques en Roumanie. (Trad. Ionuţ Jugureanu)


  • Ancien et nouveau au Musée national d’histoire de Roumanie

    Ancien et nouveau au Musée national d’histoire de Roumanie

    Posons le cadre de notre visite culturelle du jour : dans le vieux centre de Bucarest, on s’approche d’un imposant bâtiment de style néoclassique aux influences françaises. Construit au début du 20-e siècle pour abriter le Palais des postes et des télégraphes, il accueille aujourd’hui le Musée national d’histoire de Roumanie. A l’intérieur, en plus d’une exposition permanente qui vous donnera quelques clés de compréhension de l’histoire roumaine, vous pouvez visiter une exposition surprenante et même émouvante, qui met ensemble le très ancien et le moderne : NeoNlitic 2.

    Pour en parler, nous avons tout d’abord invité au micro l’un des deux initiateurs et organisateurs du projet, l’artiste Daniel Loagăr, de l’Association Wood Be Nice : « Le concept NeoNlitic, l’idée a la base de l’exposition, est parti d’une exploration personnelle. Je lisais sur Picasso qui est allé vers le cubisme après avoir visité une exposition de masques africains et ibériques. Nous avons alors pensé que nous aurions nous aussi, peut-être, des sources d’inspiration dans notre histoire qui attendaient d’être montrées au public. Nous sommes remontés loin dans le temps, jusqu’au néolithique. On connaît Cucuteni, la céramique de Cucuteni, on connaît Hamangia par la figurine du penseur de Hamangia, mais il y a plein d’autres choses qu’on ne connaît pas. Nous proposons alors cette période comme source d’inspiration, aux artistes et à nous-mêmes. NeoNlitic est cette année à sa deuxième édition et est devenu international. La première édition s’est déroulée en Roumanie avec des artistes roumains et a exploré les cultures de Hamangia et de Cucuteni. Cette année, nous avons suivi les traces de la culture de Cucuteni en Ukraine, où elle est appelé Trypillia, et celles de la culture de Hamangia en Bulgarie, dans sa période tardive. Nous nous sommes également intéressés à la culture de Varna. Une des raisons de choisir la période néolithique comme source d’inspiration est notre conviction que cette période est celle du début de l’homme moderne et même du début de l’art dans le monde. »

    La culture de Cucuteni-Trypillia a donné naissance à l’une des plus anciennes civilisations d’Europe (5e et 4e millénaires avant notre ère). Elle est nommée d’après deux villages, dont l’un près de Iași, dans le nord-est de la Roumanie, où ont été découverts, en 1884, les premiers vestiges archéologiques, et l’autre en Ukraine. La culture de Cucuteni-Trypillia s’étendait sur une partie des territoires de la Roumanie, de la République de Moldavie et de l’Ukraine actuelles. La culture de Hamangia est une culture du néolithique moyen (4e et 2e millénaires avant notre ère) qui prend son nom d’un ancien village de la région de Dobroudja, dans le sud-est de la Roumanie. La culture de Hamangia s’est développée dans l’actuelle province de Dobroudja et, dans sa période tardive, dans le nord-est de la Bulgarie.

    L’autre co-organisateur de l’exposition NeoNlitic, l’artiste Andrei Cornea, de l’Association Wood Be Nice, nous a parlé des artistes étrangers qui ont pris part à cette édition du projet et des œuvres d’art contemporain exposées au Musée d’histoire de Roumanie : « Cette année, pour la deuxième édition de NeoNlitic, nous avons travaillé avec 16 artistes de Bulgarie, d’Ukraine et de Roumanie. Les artistes roumains restent les plus nombreux. L’expo comprend des œuvres utilisant des techniques mixtes, de la sculpture, du mapping vidéo, des installations, du collage, de la peinture, de la linogravure. Notre invitation a constitué un défi pour les artistes, mais qu’ils ont relevé. Il y en a qui se sont surpassés, si je fais un parallèle avec la première édition de 2018. Nous avons essayé des techniques nouvelles, les artistes ont fait des œuvres qui les sortaient de leur zone de confort, bref, c’est un succès. En plus, le public a bien accueilli les deux éditions. Cette année, le projet a eu un caractère itinérant et s’est finalisé avec une expo dans chacun des trois pays. Nous avons démarré en Bulgarie, au Musée régional d’histoire de Varna, début octobre. Ensuite nous sommes allés à Tchernivtsi, en Ukraine, à la Galerie Vernissage. La troisième et dernière expo du projet, pour cette année du moins, est celle du Musée national d’histoire de Roumanie, à Bucarest, du 14 au 28 novembre. »

    Andreea Bîrzu, muséographe au Musée d’histoire de Roumanie, décrivait le projet comme une opportunité pour le Musée de s’ouvrir vers un public plus jeune. Quant à l’implication du Musée dans NeoNlitic, écoutons Andreea Bîrzu : « C’était un honneur et une grande joie de travailler avec l’association Wood Be Nice sur ce projet. Le Musée national d’histoire de Roumanie présente, dans l’exposition NeoNlitic, 20 artefacts chalcolithiques – des figures anthropomorphes et de la céramique appartenant aux cultures de Gumelnița et de Cucuteni. Ce sont des pièces d’une grande valeur historique et esthétique. Nous avons choisi de les présenter en pensant que ça montrera bien l’influence de l’art préhistorique sur l’art contemporain – notamment sur les œuvres présentées dans l’exposition. »

    Gumelnița est une culture néolithique située, historiquement, vers le début du 5e millénaire avant notre ère. Sa répartition géographique comprend la Munténie (au sud de la Roumanie, près de la rive gauche du Danube, sur le territoire de l’ancienne culture de Boian), la Dobroudja (où s’était épanouie la culture de Hamangia), ainsi que le Boudjak en Ukraine, au nord du Delta du Danube. Au sud, elle occupait la plupart du territoire de la Bulgarie d’aujourd’hui, jusqu’au nord de la Grèce. Pour finir, l’artiste Daniel Loagăr nous a partagé quelques-unes des difficultés rencontrées pour organiser un projet international durant une période faite de règles et de restrictions dues à la crise sanitaire : « Nous avons conçu cette deuxième édition de NeoNlitic avant la pandémie. Mais elle s’est déroulée en plein pendant, ce qui a considérablement compliqué la tâche. Nous aurions dû finaliser le projet en juin-juillet, mais en raison du confinement nous avons demandé une prolongation de l’Association du Fonds culturel national, un de nos financeurs. Au-delà de ça, nous avons travaillé avec des artistes de trois pays différents, qui parlent trois langues différentes. Sans rappeler que deux de ces pays utilisent l’alphabet cyrillique, ce qui a rendu les choses quelques peu difficiles pour nous. »

    Si vous n’avez pas déjà visité l’exposition NeoNlitic dans une des trois villes où elle a voyagé, nous vous proposons de vous rendre sur la page Facebook NeoNlitic (https://www.facebook.com/NeoNlitic/ – vous trouverez l’adresse sur notre site internet). Vous pourrez y voir des images et des vidéos, qui montrent cette rencontre entre l’ancien et le nouveau, et juger par vous mêmes de son intérêt. (Trad. Elena Diaconu)

  • Rosenthal – un artiste de la révolution

    Rosenthal – un artiste de la révolution

    Le Musée national dart de Roumanie (MNAR), qui siège dans lancien Palais royal de Bucarest, consacre lexposition temporaire « Rosenthal – Un artiste de la révolution » au peintre du 19e siècle Constantin Daniel Rosenthal, dont le vernissage a eu lieu récemment. Cristina Verona Tobi, directrice par intérim du Musée, avec des détails sur ce moment spécial :



    « Cette année, le Musée national des beaux-arts de la Roumanie célèbre le 70e anniversaire de louverture de sa première galerie, et bien sûr, nous ne pouvions pas manquer de marquer cet événement. Il sagit du 200e anniversaire de la naissance de lartiste Constantin Daniel Rosenthal – celui qui nous a légué la célèbre œuvre « La Roumanie révolutionnaire ». Au fil des ans, le Musée national dart a non seulement organisé les expositions dart les plus importantes du pays, il a toujours établi une relation importante entre lart, dune part, et lévolution de la vie sociale, politique et culturelle, de lautre. Nous avons une pensée rétrospective pour les moments les plus importants de notre histoire en tant que peuple, pour la révolution de 1848 – fondée sur dimportantes valeurs libérales et sur des idées novatrices – et qui a apporté lidée de modernisation. Il sagit donc dune exposition extrêmement importante, car nous portons à lattention du public des éléments de nouveauté, des œuvres qui nont jamais été exposées auparavant. Cest une invitation pour nous tous, pour le grand public, pour le public informé, et surtout pour le jeune public. Cest une invitation à embrasser le passé ensemble pour regarder et déchiffrer lavenir. »



    La commissaire de lexposition, Monica Enache, responsable de la section dart roumain moderne du MNAR, a parlé, elle, des nouveautés que cette exposition apporte dans le monde de lart :



    « Notons quil sagit de la deuxième exposition monographique réalisée en Roumanie, après celle de 1970 – qui ne comprenait cependant que 11 œuvres et nétait accompagnée daucun catalogue. A noter que le catalogue qui accompagne cette exposition rassemble toutes les œuvres de lartiste que nous avons réussi à identifier à ce jour, dans le pays et surtout à létranger, dans les collections publiques, mais aussi dans les collections privées. Voilà déjà une première. Certaines, comme vous le verrez si vous consultez le catalogue, sont complètement inconnues et évidemment inédites. Nous avons inclus dans ce volume une deuxième première : toutes les lettres encore conservées aujourdhui en Roumanie, certaines dentre elles à la Bibliothèque nationale et une autre partie à la Bibliothèque de lAcadémie roumaine, lettres que Rosenthal avait adressées à ses amis – à lhomme politique et publiciste C. A. Rosetti et au Dr. Adolf Gruno. Lexposition présente, à première vue, les caractéristiques dune exposition monographique. Au-delà de cette composante scientifique, de recomposition de lœuvre de Rosenthal, qui na pas été suffisamment étudiée jusquà présent, il en existe une seconde – celle de son activisme révolutionnaire, assumé pleinement et sans hésitation. Je vous invite à réfléchir un peu à cette dimension de la personnalité du peintre et à savoir à quel point nous sommes aujourdhui prêts à assumer des causes communes et à militer pour leur réalisation. Ensuite, portons un regard en arrière, sur les personnalités et les moments décisifs de notre histoire récente ou lointaine, en essayant de les libérer sous les couches successives de contenu de propagande qui leur ont été attribués. Pouvons-nous encore déchiffrer et retrouver leur vrai sens ? »



    Pour Monica Enache, commissaire de lexposition consacrée au peintre Constantin Daniel Rosenthal, cet événement ouvre à nouveau les portes du Musée national dart de Roumanie.



    « Moi je dirais que je vois ça effectivement comme une réouverture du Musée… Cette fois-ci, jai beaucoup travaillé chez moi, ce qui ma aidée à me munir dune documentation bien plus en profondeur, plus substantielle et plus appliquée. Bref, à chaque mal, Dieu donne son remède. Pour moi, cette exposition doit parler au public, car je suis sûre que tout citoyen de ce pays a dû voir, au moins une fois dans sa vie, le tableau « La Roumanie révolutionnaire ». Il mest impossible de croire le contraire et cest le pari que je fais quand je dis que cette expo intéressera du moins le public bucarestois, puisquon na plus de touristes. Personnellement, jaimerais montrer aussi les parties moins connues de la vie et de lœuvre de Rosenthal, car, en fin de compte, son activité politique passe devant son activité artistique, et je pèse mes mots. Mais nous devons dire la vérité et je recommanderais la lecture des lettres incluses dans le catalogue de lexposition : elles sont éloquentes, sans elles on ne comprendrait rien. »



    Dans une lettre du 26 juillet 1848, adressée à C.A. Rosetti, un des dirigeants de la révolution de cette année-là en Valachie et militant pour lunion des Principautés roumaines, le peintre Constantin Daniel Rosenthal, Juif dorigine, écrivait: « Il y a tant de gens raisonnables dans notre pays et tant demportements à endiguer. Hélas ! Pourquoi ne suis-je le plus fort, ne serait-ce que lespace dun instant ? Vous nallez pas croire combien je souffre pour votre cause. Je naurais jamais cru être à ce point valaque. »


    (Trad. : Ligia Mihăiescu, Ileana Ţăroi)


  • Exposition Vatra Luminoasa – le modèle des cités-jardins à Bucarest

    Exposition Vatra Luminoasa – le modèle des cités-jardins à Bucarest

    En ce mois de novembre, l’ICR de Paris accueille une exposition consacrée au quartier bucarestois de Vatra Luminoasa, l’âtre éclairé. Imaginé selon le modèle des cités- jardins par les architectes roumains Ioan Hanciu et Nicolae Aprihăneanu, ce quartier est un des plus pittoresques de la capitale roumaine. Jérémy Vercken, commissaire de l’exposition et arrière petit-fils de Ioan Hanciu est au micro de Ioana Stancescu.

  • Le musée de l’ambre – et non seulement

    Le musée de l’ambre – et non seulement

    L’ambre de Colţi, que le géologue Oscar Helm a appelé « rumanit », est vieux de 40 à 60 millions d’années (alors que le fameux ambre de la Baltique est plus jeune de quelque 40.000 ans). L’ambre noir est devenu un symbole de la Roumanie après avoir été présenté en 1867 à la Grande Exposition Universelle de Paris – en même temps que le célèbre trésor « La poule aux poussins d’or » de Pietroasele. La Roumanie y remportait la médaille d’or. Ce type d’ambre est à retrouver également sur l’île de Sakhaline, dans l’Extrême-Orient russe. Les visiteurs du musée de Colţi peuvent admirer de magnifiques morceaux d’ambre, environ 300 au total, dont les nuances vont depuis le jaune translucide au noir opaque.

    Le musée détient le deuxième plus grand morceau d’ambre au monde, qui pèse près de 2 kilos. (Le plus grand, pesant 3,45 kilos, est exposé au Musée départemental de Buzău.) Au Musée de l’ambre de Colţi on peut également admirer des bijoux – bagues, boucles d’oreille, pendentifs, colliers – ainsi que des outils utilisés pour extraire et travailler l’ambre (tours en bois, marteaux, lampes de mineur, pioches). S’y ajoutent les collections de cristaux de roche et de paléo-faune appartenant au patrimoine du Musée départemental de Buzău, ainsi que le fémur d’un mammouth ayant vécu sur le territoire du département de Buzău il y a 2 millions et demi d’années. Daniel Costache, manager du Musée départemental de Buzău, explique. Le Musée de l’ambre de Colţi est le seul de Roumanie à accueillir une collection de « rumanit ». Pourtant, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas uniquement un musée de l’ambre et réserve aux visiteurs de nombreuses surprises. Entre autres, une salle consacrée à la Grotte « Fundul Peşterii », un monument d’art préhistorique unique en Roumanie. Cette grotte garde les traces d’une présence humaine dès l’Ȃge du bronze moyen. Une autre salle abrite la collection de paléo-faune du Musée départemental de Buzău. Il s’agit de mandibules et de fémurs de mammouths. Au premier étage, il y a 3 salles dont la première accueille une partie de la collection de cristaux de roche du Musée départemental de Buzău. Dans la salle située au milieu est exposée la collection d’ambre. La troisième salle est un très bel espace réservé aux outils utilisés pour extraire, transporter et travailler l’ambre.

    Durant cette période de pandémie, le musée a pris des mesures de protection pour les visiteurs : distanciation physique, produits et tapis désinfectants, surchaussures jetables. Daniel Costache, manager du Musée départemental de Buzău précise que les objets exposés sont le résultat des recherches entreprises par le musée ou proviennent de donations. Je dois dire que les visiteurs qui viennent à Colţi, au sommet de la montagne, y trouvent un musée moderne, bien ancré dans les réalités du 21e siècle et qui met en valeur son patrimoine d’une manière unique. Pour la première fois depuis sa création, le musée dispose d’une boutique de souvenirs. Ça vaut la peine de quitter la route nationale 10, qui relie Buzău à Braşov, pour faire un détour de 6 km et visiter le Musée de Colţi.Un musée pas comme les autres – estime Daniel Costache. Le Musée de l’ambre de Colţi est unique – et cela pour plusieurs raisons. C’est le seul musée de l’ambre de Roumanie et nous avons mis en place des techniques très moderne de présentation des objets. Il s’agit avant tout d’une vitrine interactive tactile. Le visiteur peut déplacer les objets exposés, les voir sous des angles différents, les agrandir à l’aide d’une caméra ultra HD 4 K. Derrière, sur un écran, sont projetées des informations qui viennent compléter les étiquettes classiques. Dans une des salles, nous avons reconstitué l’intérieur d’une grotte. Là aussi, nous utilisons des techniques modernes de présentation. Retrouver tout cela dans un musée situé pratiquement au sommet de la montagne est une bien agréable surprise.

    Une des pièces importantes de la collection du Musée de l’Ambre de Colţi est un ensemble de bijoux ayant appartenu à Elena Ceauşescu. Offerts à l’épouse du dictateur Nicolae Ceauşescu, ils ont été récupérés et réintégrés à la collection. Les a-t-elle portés ou non ? Les muséographes ne sauraient le dire. (Trad. : Dominique)

  • L’exposition « Delectatio Morosa », accueillie par la Galerie 1001 Arts

    L’exposition « Delectatio Morosa », accueillie par la Galerie 1001 Arts

    Notre imagination quotidienne et nos peurs sont au cœur de la troisième exposition de peinture, qui fait partie du projet curatorial 3A2G4N – 3 jeunes artistes sur lAvenue de la Victoire. Lexposition a été ouverte du 6 au 20 août, à la galerie 1001 Arts, située 91-93 Avenue de la Victoire. Le jeune artiste qui y a exposé ses toiles sappelle Theodor Grigoraș. Selon lui, cette exposition, intitulée ” Delectatio Morosa” parle du plaisir de se délecter de sa propre imagination.


    Lhistoire du projet a des racines profondes. Des racines qui ont grandi et se sont développées au cours des 10 dernières années. En déambulant sur l Avenue de la Victoire, la plus ancienne artère de Bucarest, on constate que, dans un passage commercial assez animé, il y a un espace dédié à lart. Et pas nimporte quel type dart. Cristian Cojanu, initiateur et coordinateur de ce projet curatorial nous a parlé des débuts de celui-ci: «Ce projet est la continuation dun travail de près de 10 ans, par le biais duquel nous avons découvert et lancé de jeunes artistes. Pour une description plus précise je dirais quil sadresse aux jeunes artistes frais émoulus de lUniversité dart qui font lexpérience des deux premières années de rencontre avec la réalité. Pendant leurs études supérieures, ils ont à leur disposition un atelier et du matériel de travail. Tôt après, ils découvrent que le prix des matériels et le montant du loyer pour latelier ne sont pas du tout négligeables. Et ils se rendent compte que pour exposer leurs ouvrages ils doivent se démener. Ceux qui ne le font pas – plus de la moitié dentre eux, je crois – finissent par délaisser le pinceau.”


    Cristi Cojanu nous a également expliqué dans quelles circonstances a été déniché cet endroit. Vers la fin 2017, les espaces situés au rez-de-chaussée des immeubles de cette zone très fréquentée de la capitale étaient déserts et dans un piètre état. Il y avait partout des affiches vitrine « A vendre » ou « A louer ». Alors, lAssociation 1001 Arts a recherché les propriétaires et commencé petit à petit à organiser des événements culturels. À la suggestion de Cristi Cojanu, ils ont jeté les bases dun projet baptisé «Projet de réhabilitation culturelle de lAvenue de la Victoire». Sitôt dit sitôt fait: ils ont organisé 20 événements en 2 mois, qui ont réuni entre 5 000 et 10 000 visiteurs. Entre temps, les choses ont progressé. Bien sûr, la pandémie les a obligés à réviser leurs plans. Cristian Cojanu explique: «Nous avions prévu un calendrier dexpositions extraordinaire, qui aurait dû commencer en février, mars. Nous aurions réussi à obtenir du financement et à organiser des expositions à létranger. Tous ces projets sont tombés à leau, évidemment. En revanche, nous sommes parvenus à mener à bien ces trois expositions estivales: lexposition dAndrei Grigore, lexposition dOtto Constantin – Quelle nostalgie, quel tourment – et celle de Theodor Grigoraș – Delactatio Morosa. 90% de ces ouvrages ont été réalisés pendant les mois de confinement et donc tous sont liés à la période que nous traversons. “


    Notre interlocuteur nous a également parlé des événements envisagés dans un proche avenir par lAssociation 1001 Arts et par la Fondation pour la Culture et les Arts, qui la rejointe dans le projet déroulé cet été. Il y aura, à lautomne, la suite de lexposition de groupe sur le thème “Bestiaire”. Commencée en 2016 et accueillie par le même espace du centre ville, elle nous fait part des craintes des artistes. Le concept proprement-dit remonte loin dans lhistoire de lhumanité. Ce qui est particulièrement intéressant cest la comparaison que lon peut établir entre les ouvrages exposés lors des différentes éditions de lévénement et qui portent la signature de générations dartistes éloignées dans le temps. La conclusion générale cest que les peurs des artistes dun certain âge sont liées plutôt à la religion, à la pauvreté ou aux régimes totalitaires, alors que les jeunes appréhendent surtout les choses qui ont trait à lenvironnement, à lintelligence artificielle. Ils craignent aussi que les humains ne perdent de vue lessence, le sens même de lexistence. Reste à savoir quelles craintes lexposition de cet automne va révéler aux visiteurs, car “2020 est une année très fertile de ce point de vue”, a conclu Cristian Cojanu, notre interlocuteur.


  • 26.07.2020

    26.07.2020

    Covid-19 en Roumanie
    – Dimanche a été le cinquième jour consécutif avec plus de 1.000 nouveaux cas
    d’infection au nouveau coronavirus en Roumanie. Le bilan actuel est de 44.798
    malades de Covid-19, depuis le début de la pandémie, dont plus de 25.643 ont
    guéri. Plus de 6.662 patients sont hospitalisés actuellement, dont 351 sont en
    soins intensifs. 22 nouveaux décès font monter ce bilan tragique à 2.187 morts. Le Groupe de communication
    stratégique précise que les laboratoires spécialisés ont effectué 1.102.901
    tests de dépistage de l’infection au SARS-CoV-2, à l’échelle nationale. A l’étranger,
    5.329 Roumains ont été dépistés positifs au nouveau coronavirus, principalement
    en Allemagne et en Italie, et 123 d’entre eux en ont perdu la vie. Dans ce
    contexte, Chypre a décidé de ne plus accepté des touristes roumains sur son
    territoire. Les Roumains qui se rendent sur l’île pour d’autres raisons que le
    tourisme seront placés en isolement pour une période de 14 jours. La Grèce a
    rendu obligatoire le test de dépistage de la Covid-19 aussi pour les
    ressortissants roumains qui s’y rendent par avion ; jusqu’à présent, le
    test de dépistage était obligatoire uniquement pour ceux qui y allaient par
    voie routière. Le test doit être effectué au maximum 72 heures avant l’entrée
    dans ce pays, avec la possibilité l’effectuer aussi à l’arrivée sur les aéroports
    hellènes. L’Autriche a elle aussi introduit de nouvelles conditions d’accès des
    personnes en provenance de Roumanie. La période de validité du test de
    dépistage du coronavirus a été réduite à 72 heures, au lieu de 4 jours
    antérieurement, tandis que la période d’isolement a baissé de 14 jours à 10
    jours. Ces mesures resteront en vigueur au moins jusqu’au 30
    septembre. Enfin, l’Italie a également changé les règles d’accès sur son
    territoire pour les ressortissants roumains et bulgares, qui devront observer
    14 jours de quarantaine.


    Covid-19 dans le monde
    – Dans le monde, le nombre de nouveaux cas d’infection atteint de nouveaux
    records. Selon le site worldometers.info, le bilan mondial actuel est de plus de 16 millions de
    personnes infectées et de 648.000 décès. Les statistiques montrent une évolution quasi exponentielle: 5
    millions, c’est-à-dire plus d’un tiers
    des cas de COVID-19 dépistés depuis le début de la pandémie, ont été
    enregistrés depuis le 1-er juillet, en moins d’un mois. Les Etats-Unis continuent
    d’être le pays le plus touché, avec plus de 1.000 morts en 24 heures
    enregistrés pour le quatrième jour de suite et un bilan total de plus de
    149.000 décès et de plus de 4,3 millions de malades.










    Frontières
    – La Police aux frontières de Roumanie informe que, ce samedi, quelque 96.900
    personnes (des ressortissants roumains et étrangers) et plus de 32.100 moyens
    de transports ont transité les points frontaliers. Environ 54.500 personnes et
    17.900 moyens de transports sont entrés en Roumanie, tandis que 42.400
    personnes et 14.200 moyens de transports sont sortis du pays. Ce sont les 11
    points de passage terrestre frontalier avec la Hongrie qui ont été les plus
    fréquentés. La Police aux frontières de Roumanie informe que la circulation s’y
    déroule sans temps d’attente supplémentaires. Toutes les informations utiles
    sont accessibles sur le site http://www.politiadefrontiera.ro/traficonline.


    Exposition
    – La photographe roumaine Felicia Simion participe avec quatre de ses créations
    de la collection « Etnografii/Ethnographies » à la deuxième édition
    de l’exposition « Visage(s) d’Europe », organisée par la filiale de
    Paris du Réseau des Instituts culturels nationaux d’Europe EUNIC. Les ouvrages
    de 13 artistes photographes, originaires de 13 pays, sont exposés au cœur de la
    capitale française, sur la Place du Châtelet, jusqu’au 6 septembre. Originaire
    de Bucarest, Felicia Simion est diplômée du Département Photographie et Vidéo
    de l’Université nationale d’Arts de la capitale roumaine et elle a fait un
    master en ethnologie et anthropologie culturelle à l’Université de Bucarest.
    Ses créations ont été incluses dans des expositions collectives et
    individuelles, en Europe et aux Etats-Unis. Le projet « Etnografii/Ethnographies »
    se propose de créer des archives visuelles des coutumes et du folklore de la
    Roumanie rurale contemporaine, dans le contexte du dépeuplement des campagnes
    et de la migration. Le projet « Visage(s) d’Europe », d’EUNIC Paris
    met ensemble des créations de photographes d’Autriche, Belgique, Bulgarie,
    Espagne, Estonie, Italie, Lituanie, Luxembourg, Pologne, Portugal, Roumanie,
    Suède et Turquie.








    Météo – La moitié ouest de la Roumanie
    est sous une alerte jaune à forte instabilité météo, en vigueur jusqu’à cette
    nuit. Des pluies torrentielles sont
    accompagnées de chutes de grêle et de phénomènes orageux. Pour
    le reste du territoire, le beau temps est au rendez-vous, avec des températures
    très élevées dans l’est et le sud-est. Les maximales
    d’aujourd’hui vont de
    24° à 34°. A Bucarest, il y avait 28° à midi.

  • Visages d’enfant

    Visages d’enfant


    L’Athénée roumain domine le centre-ville de Bucarest. C’est
    un des plus beaux bâtiments de la capitale roumaine, sis dans un quartier dont
    l’architecture rappelle le charme du Petit Paris. Sur le côté gauche de l’Athénée,
    une petite ruelle recèle une galerie d’art dont le style moderne fait contraste
    avec le reste de la zone : une grande vitrine à l’intérieur d’un mur en métal,
    accompagné d’une sculpture moderne qui attire les regards des passants curieux.
    C’est la galerie d’art Rotenberg-Uzunov, un coin de modernité dans un quartier chargé
    d’histoire.






    Une fois à intérieur, les contrastes frappent à nouveau.
    Derrière le mur en métal, on retrouve d’autres murs remplis de portraits d’enfants
    signés au début du 20e siècle par le peintre Bob Gheorghe Bulgaru. On plonge
    tout de suite dans un univers délicat et pur, celui de l’enfance.






    Le collectionneur Eduard Uzunov nous en dit davantage : « On
    y retrouve des portraits d’enfants peints avec un talent spécial par Bob Gheorghe
    Bulgaru, un artiste qui a vécu entre 1907 et 1938. Il avait l’habitude de
    peindre devant le restaurant Capsa – un établissement fameux – des visages d’enfants
    et des paysages. Cette exposition réunit 25 œuvres, y compris un autoportrait
    et un paysage très spécial de Bucarest. Bob Bulgaru aimait peindre des visages
    d’enfants. En tant que collectionneur d’art, cela m’a inspiré et m’a déterminé
    à acheter ses tracvaux, surtout lorsque mes filles étaient petites et que les visages
    d’enfants m’impressionnaient beaucoup. Nous avons lancé cette exposition au
    mois de juin, pour célébrer la Journée de l’enfance, surtout après la période
    de confinement. Elle est dédiée à mes filles Marie-Rose et Ivonne Uzunov. »






    Pour la critique d’art, Bob Bulgaru était le peintre de
    la pureté des portraits d’enfants. Cette exposition est donc une immersion dans
    le monde de l’enfance avec les différentes étapes de son innocence et de sa beauté.
    Le talent de dessinateur de l’artiste est mis en valeur, tout comme son talent
    de peintre, qui impressionne surtout par les couleurs choisies pour illustrer
    chaque personnage et par les jeux d’ombre et de lumière.






    Bob Bulgaru s’est éteint à 31 ans seulement des suites d’une
    leucémie. Son nom a été en quelque sorte oublié, pour refaire surface de temps
    en temps dans des expositions comme celle de cet été à Bucarest. C’est dire que
    périodiquement, chaque génération tente de récupérer l’enfance perdue et c’est
    à ce moment-là qu’elle redécouvre les superbes portraits d’enfants réalisés par
    Bob Bulgaru. (Trad. Valentina Beleavski)



  • Blasons exposés au Musée de la ville de Bucarest

    Blasons exposés au Musée de la ville de Bucarest

    Le Musée de la ville de Bucarest, dont le siège central se trouve dans lune des plus anciennes résidences aristocratiques de la capitale roumaine, recèle entre autres des collections d’objets extrêmement précieux, dont certains ont appartenu à différentes familles de boyards. Ces objets, qui suscitent l’intérêt du public sont périodiquement présentés lors d’expositions à thème. Tel est le cas de l’exposition Elites et blasons du vieux Bucarest”.


    Du 18 février au 10 mai, les Bucarestois peuvent admirer, au Palais Sutu, maints objets portant des blasons de l’élite aristocratique roumaine de la deuxième moitié du XIXe siècle et du premier quart du XXe. Parmi elles, les familles Sutu, Cantacuzène, Ghika, Mavrocordato, Filipesco, Stourdza, la famille princière Cuza et la famille royale de Roumanie. Dana Nicula, commissaire d’exposition, nous parle de cette initiative: « Les objectifs de notre démarche visent à recomposer, à l’aide des armoiries, l’univers des familles nobles de Bucarest. Le public est ainsi familiarisé avec des notions telles que blason, emblème ou généalogie. Un accent particulier est mis sur le lien spécial qui existe entre le blason et son possesseur. Le fait de décorer d’armoiries les maisons, les monuments funéraires ou les objets d’usage quotidien était l‘apanage des rois et des nobles ».


    Comme le siège central du Musée de la ville de Bucarest se trouve au Palais Sutu, il est tout à faut naturel que l’on mette au premier plan cette famille noble qui a fait construire le palais au début du XIXe siècle. On y retrouvera donc nombre d’objets portant les armoiries des Sutu. Parmi eux, des objets en cristal ou en porcelaine. Dana Nicula: « Il y a par exemple un service de table en porcelaine de Sèvres, armorié, un autre en cristal de Bohème portant le blason de la famille Sutu, des verres en cristal à monogramme gravé, surmonté de la couronne princière. Le blason de cette famille est également gravé sur le fronton du palais et au dessus du miroir en cristal que l’on peut admirer dans le hall du musée. La gravure héraldique sur le fronton du palais a été exécutée sur ordre de Costache Suţu, premier gentilhomme de la chambre du prince régnant. Parmi les objets exposés figurent aussi un plateau en porcelaine de Sèvres portant l’emblème des Mavrocordato, à savoir un phénix sortant des flammes. Le blason de la famille Stourdza, soit l’auroch de Moldavie et un lion rampant portant la couronne royale, peut être admiré sur un service de table. Ces mêmes armoiries ont été utilisées par le prince Michel Stourdza. Deux assiettes en porcelaine fine ayant appartenu à la famille Cantacuzène sont armoriées, portant, au centre, le mot Zamora”. Pourquoi ce nom? Eh bien, Gheorghe Grigore Cantacuzino (Cantacuzène), surnommé le Nabab, a fait construire un palais imposant entre 1907 et 1911, daprès les plans de architecte Ion Berindei. Le palais a été dressé sur son domaine situé à Buşteni et connu sous le nom de Zamora. »


    Si vous êtes de passage dans la capitale roumaine, ne manquez pas de vous rendre au Musée de la ville, qui accueille, jusqu’ à la première décade du mois de mai, l’exposition Elites et blasons du vieux Bucarest». (Trad. Mariana Tudose)

  • L’histoire à la portée de tous – L’exposition « The Dracula Investigation »

    L’histoire à la portée de tous – L’exposition « The Dracula Investigation »

    De double origine, hollandaise et roumaine, ils ont grandi à Sighișoara, renommée ville médiévale transylvaine, au centre de la Roumanie. Ils sont passionnés d’histoire et c’est de là qu’est partie la décision d’enrichir l’offre culturelle de leur ville natale. Même si Sighișoara se trouve déjà sur toutes les cartes touristiques, on peut toujours mieux faire. C’est ainsi qu’une exposition inédite a vu le jour, une invitation dans le monde fascinant de Vlad Țepeș, connu aussi sous le nom de Vlad l’Empaleur. Vlad Țepeș est né en 1431, à Sighișoara, d’un père prince de Valachie, Vlad II ou bien Vlad Dracul. Vlad II rejoint l’Ordre du dragon, qui visait à protéger les intérêts de la chrétienté de l’Empire ottoman, d’où son surnom de « Dracul », le Dragon. Son fils, Vlad Țepeș, sera désigné du même nom, transformé par les étrangers en Drăculea ou Dracula. L’appellation est rendue célèbre bien plus tard, par Bram Stoker, dans le roman homonyme. Vlad Țepeș a lui aussi été prince de Valachie, à trois reprises, en 1448, de 1456 à 1462 et en 1476. C’est autour de cette personnalité historique que les huit frères ont construit une exposition.

    « The Dracula Investigation » / « L’Investigation Dracula » présente l’histoire de Vlad Țepeș au-delà des légendes. Une personne sensible, un enfant traumatisé, Vlad Dracula – le fils, le frère, le guerrier.Un des huit frères, Timon, 26 ans, raconte pour Radio Roumanie comment a commencé le projet :
    « Ca fait longtemps que nous voyons tous ces jeunes qui partent de Sighișoara. Il y a peu d’opportunités ici et très peu de monde démarre de nouveaux projets ou crée des activités pour les touristes. Les gens qui visitent la ville disent qu’il n’y a rien à faire outre les 2-3 heures de promenade dans la ville médiévale. C’est comme ça que nous nous sommes dit qu’il y avait sûrement des possibilités. C’était un long processus, nous n’étions pas toujours d’accord, mais, jusqu’à présent, c’est une réussite. Au début, par exemple, nous pensions faire nous-même la scénographie de l’exposition. C’est ainsi que nous avons rencontré Silvia, car nous savons que nous ne pouvons pas tout faire ou bien que d’autres peuvent faire certaines choses mieux que nous. Et maintenant nous pensons déjà à des projets futurs. »

    Silvia dont parle Timon est la scénographe Silvia Ioana Horobeanu. Elle nous raconte comment elle s’est jointe au projet : « Au départ, Timon m’a contacté et m’a parlé de leur initiative. J’ai trouvé ça intéressant qu’ils voulaient raconter notre histoire d’une façon innovante. Je leur ai proposé une version moderne et minimaliste, car je crois que la simplicité est primordiale quand ont veut raconter des faits historiques. Au départ, j’ai eu l’idée de faire des projections ou d’utiliser l’animation. Après, j’ai pensé aux jeux d’ombres et de lumières, pour arriver ensuite à l’idée de transparence. »

    Petit à petit l’exposition a pris forme et aujourd’hui elle utilise toutes ces techniques, les projections, l’animation, les ombres chinoises et les sculptures. C’est Vlad lui-même qui guide le visiteur à travers les cinq pièces et qui raconte l’histoire de sa vie. La technologie est mise au service de l’histoire, pour créer une expérience immersive et interactive pour le visiteur. Le résultat final a aussi à voir avec l’âge des entrepreneurs. Lemre, le frère cadet de Timon, explique : « J’aime beaucoup tout ce qui est médiéval, j’aime l’histoire. Nous savions qu’il y avait du potentiel, sans savoir exactement quoi faire. Nous réfléchissions autour de Sighișoara, où nous avons grandi, et dont le centre-ville est inscrit au patrimoine de l’UNESCO. Or, dès qu’on entend parler de la Transylvanie, on pense à Vlad Țepeș, à Dracula. Or d’habitude les gens ne connaissent pas la vraie histoire, mais plutôt les contes avec des vampires. Nous avons décidé de raconter la vérité, car elle est aussi intéressante. Mais il fallait rendre la réalité attrayante, unique pour les gens qui visitent l’exposition. »

    C’est vrai que la mise en scène de « L’Investigation Dracula » interpelle. La scénographe Silvia Ioana Horobeanu parle d’un élément de décor un peu particulier : « Je voulais créer une certaine sensation pour les visiteurs. Toute la narration de l’exposition se déroule à l’extérieur. Nous avons alors décidé d’introduire dans cet espace fermé, entièrement blanc, un élément de l’extérieur. Nous pensions aussi au son, avoir comme un son extérieur, mais diffuser ça dans les enceintes semblait artificiel. En plus, on voulait que les gens ressentent une sensation physique. C’est là qu’est apparue l’idée du gravier. Les garçons m’ont détesté, ils en ont porté des seaux et des seaux. Mais, au final, ils étaient contents : ils ont vu que c’était cohérent avec le projet. »

    D’autres jeunes artistes roumains ont travaillé aux côtés de Silvia Ioana Horobeanu, des écrivains, des sculpteurs, et ensemble ils ont créé un parcours d’exposition qui dure 20 minutes. Les huit frères sont ouverts aux critiques : ils ont placé deux urnes à la sortie de l’expo et encouragent les visiteurs à y déposer un billet avec leurs impressions. Une urne accueille les avis positifs, l’autre – les avis négatifs. D’ailleurs, un écriteau « Satisfait ou remboursé » est affiché au même endroit.Plusieurs lieux de Roumanie évoquent la figure historique de Vlad Țepeș : la Vieille cour royale de Bucarest ou le Château des princes à Târgovişte. Voilà que l’exposition « L’Investigation Dracula » de Sighișoara peut venir s’inscrire dans un itinéraire qui retrace la vie du plus célèbre prince roumain. (Trad. Elena Diaconu)

  • 1989 – Images d’une année charnière

    1989 – Images d’une année charnière

    Deux cents ans après le
    bouleversement politique et social qu’a été la Révolution française, un autre
    séisme, lui aussi politique et social, est venu secouer le monde. A une échelle
    géographique largement supérieure à celle de 1789. En 1989, tous les pays du bloc communiste européen mené par l’Union soviétique ont brisé
    leurs chaînes, se libérant de leurs régimes dits « socialistes »
    respectifs. Tout au long de cette année charnière de l’histoire européenne et
    mondiale, la Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, la RDA, la Bulgarie et la
    Roumanie ont fait tomber des régimes politiques qui sembler installés pour
    l’éternité. Pourquoi ce bouleversement s’est-il produit dans tous ces pays au
    cours d’une même année ? Y a-t-il eu des signes avant-coureurs de la
    chute ? La suite des événements a-t-elle confirmé les espoirs du
    début ? Quelle image gardons-nous de cette année-là, trente ans plus
    tard ? Des questions inspirées par l’exposition « 1989, l’année où
    l’Europe s’est retrouvée. Le voyage d’un photographe,
    Edward Serotta », ouverte à Bucarest. Des réponses par Raluca Alexandrescu, maître de conférences à la Faculté de sciences politiques de l’Université de Bucarest, Andrei Popov, directeur adjoint et
    chargé de presse du Forum culturel autrichien à Bucarest, et Stilyan Deyanov, attaché de presse à l’antenne de Bucarest de l’Institut
    français de Roumanie.