Tag: forêt

  • La forêt désormais de l’intérieur, d’Irina Teodorescu

    La forêt désormais de l’intérieur, d’Irina Teodorescu

    Née à Bucarest, mais résidant en France, Irina Teodorescu a une plume pleine de musicalité et de poésie. Elle fait ses débuts avec « La Malédiction du bandit moustachu » qui sera suivi par cinq autres volumes dont le dernier en date, « La forêt désormais de l’intérieur», publié en octobre dernier par les Éditions La Grange Batelière, le coup de cœur de la semaine de Charlotte Fromenteaud, notre collègue et libraire chez Kyralina.

  • Observer de près la faune et la flore des Carpates

    Observer de près la faune et la flore des Carpates

    Cela leur a permis de comprendre des détails cachés, de voir les animaux sauvages dans leur habitat naturel et de se réjouir de la beauté des fleurs et des plantes des Carpates. Qui plus est, il est possible de personnaliser ces tours guidés en fonction des préférences des touristes et de les compléter par des visites à différents objectifs touristiques de la zone ou chez les maîtres artisans locaux. Notre invité d’aujourd’hui, Cosmin Zgremția, organise de tels tours ciblés sur la faune et la flore depuis déjà 2014. Ayant grandi au pied des monts Făgăraș, il a toujours imaginé la forêt comme un musée en plein air. Plus tard, il a appris que la Roumanie recense 6,5 millions de forêt, soit une superficie immense, difficile de comprendre dans toute sa complexité même pour l’ingénieur sylvicole qu’il est devenu. Et c’est justement pour ces forêts si vastes que la Roumanie a fait sa renommée ces dernières années au niveau international, devenant une destination pour ceux qui souhaitent explorer la nature sauvage. Cosmin Zgremția nous parle de son métier et de sa passion : « Moi, je fais du « sylvotourisme », qui est une partie de l’éco-tourisme. Et je crois très fort dans l’importance de l’éducation pour la conservation de la nature. Pratiquement, je suis devenu guide touristique par amour de la nature et grâce à mon métier (d’ingénieur sylvicole). J’ai vite découvert que ces services auxiliaires que nous attachons à la sylviculture n’étaient pas valorisés par mes collègues sylviculteurs. En 2011, en tant que manager du fond cynégétique du Fonds de chasse de la municipalité de Brasov, j’ai décidé d’ouvrir au grand public les observatoires destinés à la chasse, pour des tours d’observation des ours. C’est ainsi qu’a commencé ma carrière dans le tourisme. Peu à peu, cela m’a beaucoup attiré. J’ai constaté que j’avais un talent pour expliquer les détails cachés de la vie des ours et de la vie de la forêt. Alors, j’ai décidé de consacrer mon activité à l’écotourisme.»

    Qu’est-ce que le sylvotourisme ? C’est le tourisme durable, en forêt, avec des activités respectueuses de la nature. En plus, tous les tours guidés organisés par Cosmin Zgremția sont ciblés sur des thématiques. En voici quelques exemples : « L’un vous fera découvrir la faune du milieu sauvage. Pratiquement, on suit sur les traces des animaux. On a 90 % de chances de voir des espèces communes et 10 % de chances de rencontrer des espèces protégées, telles l’ours, le loup ou le lynx. Un autre tour propose une exploration du milieu rural dans le cadre d’une visite thématique qui mélange les informations sur les arbres, aux informations sur les différentes espèces de plantes et aux détails sur l’identité culturelle roumaine. Un autre tour vous emmènera à un chalet. Vous serez accompagnés d’un guide naturaliste spécialisé et il y aura de nombreux arrêts. Et puis, la visite la plus populaire c’est la randonnée en forêt. C’est comme une sorte de safari, où l’on s’arrête tous les 10 mètres pour observer les plantes, les oiseaux et même les insectes. Je tente de raconter quelque chose sur chaque espèce rencontrée. J’ai aussi l’habitude d’impliquer les visiteurs. Comme ça, ils vivront l’expérience d’un véritable documentaire en plein air, dont ils sont les protagonistes. Enfin, le tour le plus spectaculaire, à mon avis, est celui dans les monts de Făgăraș. Il est plus difficile, mais il permet de voir tant des ours que des chamois en liberté. Pratiquement, à chaque sortie dans la forêt, je me sers de l’environnement pour offrir aux touristes les informations nécessaires pour éveiller leur amour de la nature et d’atteindre aussi mon objectif : celui de l’éducation à l’écologie. »

    Parmi les touristes qui optent pour ces tours d’observation de la vie sauvage des Carpates, il y a pas mal de photographes. Selon Cosmin Zgremția, ceux-ci s’intéressent notamment aux ours, aux piverts et même aux loups, dans une tentative de les surprendre en photo dans leur milieu naturel. La photographie est donc une partie importante de ces tours guidés. Cosmin Zgremția explique : « Chaque espèce peut être photographiée. Certes, il y a des périodes optimales pour observer ou pour prendre en photo un animal ou un oiseau. Par exemple, il y a très peu de chances de voir ou de photographier un ours en liberté pendant l’hiver. Par conséquent, la saison pour photographier les ours commence d’habitude le 10 avril et finit le 15 septembre, lorsque les ours ce retirent pour hiberner. Par ailleurs, pour avoir une expérience dans la nature sauvage, les visiteurs doivent se doter un minimum d’équipement de randonnée en montagne. Et là je pense aux bottes antidérapantes, pantalons chauds, 3 couches de vêtements surtout pour la poitrine et de l’abdomen, et quelque chose pour se couvrir la tête. Enfin, pour moi en tant que guide, le plus grand défi c’est d’avoir des touristes très en forme. »

    Ces tours guidés au cœur de la nature sont de plus en plus recherchés et, à chaque fois, les touristes sont premièrement surpris par les informations qu’ils reçoivent, a pu constater notre invité : « En deuxième lieu, ils sont impressionnés par l’interaction avec l’environnement sauvage, avec la forêt elle-même, par la manière dont ils se sentent connectés à la nature. En troisième lieu, ils sont impressionnés par notre relation et par la manière dont ils sont accueillis par les habitants des parages. Lors de mes tours, je tente d’intégrer mes visiteurs tant dans le milieu naturel, qu’au sein de la communauté authentique roumaine de la zone. Pratiquement, je veux leur faire découvrir l’identité de la Roumanie tant du point de vue des ressources naturelles, que d’un point de vue culturel. La plupart de nos touristes étrangers viennent de Grande Bretagne, puis de France et d’Italie. On a même reçu aussi des visiteurs d’Australie et de Nouvelle Zélande, d’Amérique du Nord aussi, notamment des Etats-Unis. »

    En fait, la plupart des touristes qui optent pour ces tours guidés en nature sont des étrangers, affirme Cosmin Zgremția, alors qu’il aimerait voir aussi davantage de Roumains venir le rejoindre et manifester un plus grand intérêt pour ce type de tourisme. D’où l’importante de l’éducation au tourisme écologique, insiste Cosmin Zgremția : « Pratiquement, la plupart des touristes que j’accueille sont des étrangers parce qu’ils sont déjà formés dans un esprit écologique, ils ont déjà reçu cette éducation. Ils réussissent à identifier les mots-clés dans la description de nos programmes et acceptent très facilement de faire une excursion dans la nature sauvage. Plus encore, les touristes étrangers font beaucoup plus de confiance aux guides touristiques. »

    Autant de tours guidés en nature, l’un plus fascinant que l’autre, à la portée des Roumains, pour découvrir la flore et la faune sauvage de leur pays. Il suffit de s’adresser aux centres nationaux d’information et de promotion touristique situés à proximité des parcs naturels ou nationaux pour obtenir les coordonnées d’un guide touristique qui vous accompagnera à la découverte de la nature. Ce sera une expérience vraiment unique comme nous l’assure notre invité. (Trad. Valentina Beleavski)

  • SUMAL, le Système d’Information Intégré pour le suivi des matériaux en bois, après deux ans d’activi

    SUMAL, le Système d’Information Intégré pour le suivi des matériaux en bois, après deux ans d’activi

    Il y a deux ans, SUMAL 2.0, – le Système d’Information intégré pour le suivi des matériaux en bois – a été mis en place en Roumanie. Le système fournit des informations sur la provenance, la circulation et la commercialisation des matériaux en bois, sur le régime des installations de stockage du bois et des installations de transformation du bois rond. Ce système a été créé comme un outil contre l’exploitation forestière illégale. Les militants écologistes et les organisations non gouvernementales ont remarqué le fait que les forêts roumaines disparaissent à un rythme alarmant et qu’en l’absence de mesures adéquates, six hectares sont défrichés toutes les heures. Selon les responsables de Bucarest, le système aurait prouvé son efficacité, car au cours des deux dernières années, il n’y a eu aucune coupe illégale de bois sur de grandes surfaces.

    Lors d’une conférence professionnelle des gestionnaires et propriétaires forestiers du département de Harghita (dans l’est de la Transylvanie), organisée fin janvier, le ministre de l’Environnement, Tanczos Barna, a déclaré que le système informatique SUMAL 2 était le système de traçabilité le plus complexe d’Europe, ayant prouvé à la fois son efficacité et son utilité dans la lutte contre les exploitations illégales de bois. Outre les éléments de traçabilité et de suivi de l’exploitation de la masse ligneuse, du transport et de la transformation du bois, le système fournit également un aperçu fidèle et à jour des activités forestières en Roumanie.

    Le ministre de l’Environnement a souligné qu’au cours des deux années de fonctionnement du système SUMAL, le plus grand défi dans le domaine forestier était de regagner la crédibilité de la Roumanie devant les institutions européennes. Cette déclaration a été faite dans le contexte où la Commission européenne a lancé une procédure d’infraction contre la Roumanie à cause des nombreuses années d’exploitation forestière illégale. Selon Agerpres, le ministre de l’Environnement, Tanczos Barna, a déclaré : « 2023 sera la première année au cours de laquelle les zones touchées, en particulier par l’exploitation forestière illégale, seront restaurées dans les sites Natura 2000 que nous avons surveillés, évalués, inventoriés et présentés à la Commission européenne et où nous commencerons les premières restaurations d’habitats forestiers. Ces engagements représenteront probablement une autre étude de cas pour l’Europe, dans la perspective de nouvelles ambitions de la Commission européenne de restaurer 30% des habitats perdus en Europe au cours des 50 à 70 dernières années. À cet égard, une nouvelle réglementation est en préparation en Europe, et je suis persuadé que la Roumanie en sera un exemple. »

    Le but de SUMAL 2.0, le système de suivi du chemin du bois des forêts aux entrepôts, est d’éliminer toute confusion liée à la quantité et au type de matériau de bois transporté. Les transporteurs doivent télécharger dans le système des photos montrant la quantité de bois quittant la forêt et de celle entrant dans les entrepôts ou dans les usines de traitement. Tout transport de masse de bois, du point de chargement au point de déchargement, peut être suivi par GPS, éliminant ainsi la possibilité que le moyen de transport, disposant d’un seul avis, puisse être utilisé à plusieurs reprises. Une autre particularité du système SUMAL est que l’on peut y voir les volumes de bois de tous les entrepôts du pays. De plus, les quantités de bois dans les entrepôts sont automatiquement mises à jour par SUMAL 2.0, éliminant ainsi la possibilité que certains volumes de masse de bois fassent l’objet de transactions illégales et disparaissent du système. (Trad. Rada Stănică)

  • La conservation des coléoptères saproxyliques des Carpates

    La conservation des coléoptères saproxyliques des Carpates



    Les Carpates constituent un des plus importants
    centres de biodiversité en Europe, grâce notamment aux grandes superficies
    boisées qu’ils abritent, mais également à la présence des forêts vierges,
    riches en arbres centenaires. Malheureusement, la manière dont la silviculture
    a été pratiquée par le passé en Roumanie n’a pas toujours eu à cœur de préserver
    le trésor que représente la biodiversité. Trop souvent, des arbres séculiers ont
    été sacrifiés sans raison, résultant des parcelles forestières homogènes,
    dépourvues de biodiversité. Aussi, certaines zones forestières se sont
    retrouvées dépourvues de vieux arbres ou du bois mort, habitat essentiel pour
    bon nombre d’espèces de coléoptères saproxyliques qui
    sont reprises pourtant sur la liste des espèces protégées par la Directive
    Habitats, comme le mentionne à bon escient sur sa page internet l’association LIFE
    ROsalia. Certes, ces espèces étaient considérées par le passé des espèces
    nuisibles, et récolter le bois mort était considéré comme le moyen privilégié
    pour s’en débarrasser. Parfois même des insecticides étaient diffusés, ce qui a
    eu pour effet de réduire gravement la capacité de résilience de la forêt. De
    nos jours, les mentalités et les pratiques sont pourtant en train de changer.

    Silviu Chiriac, le manager du projet intitulé «La conservation des coléoptères saproxyliques des Carpates» :


    « Nous sommes en
    train de nous concentrer sur 5 espèces de coléoptères, à savoir Lucanus cervus,la rosalie des Alpes ou rosalie alpine, Le Capricorne
    du chêne (Cerambyx cerdo), la Morimus funereus et, enfin, une espèce plus rare,
    le pique-prune ou le scarabée pique-prune (Osmoderma eremita). Toutes ces
    espèces dépendent du bois, du bois mort notamment. Car ce qu’elles font c’est aider
    le bois à se décomposer, elles accélèrent la décomposition du bois, pour le
    remettre plus rapidement dans le circuit de la forêt. Ces espèces contribuent à
    la bonne décomposition du bois et à la production de l’humus forestier. En l’absence
    de ces organismes saproxyliques, le bois mort survivrait en l’état bien plus
    longtemps avant de se transformer en humus forestier. Et cela empêcherait la
    forêt de se régénérer naturellement.
    »


    Un monde
    étrange et merveilleux se cache discrètement sous la coupole des forêts
    séculaires. Les êtres qui la composent ont tous un rôle bien déterminé dans le
    mécanisme bien huilé de la vie. Les coléoptères ne sont pas en reste. En leur
    absence les écosystèmes souffriraient des changements dramatiques. Leur protection
    relève de notre devoir.


    Silviu Chiriac :


    « Lorsque nous
    avons conçu notre projet et que nous avons sollicité le soutien du programme
    Life de la Commission européenne, nous sommes partis du constat que nos forêts
    sont pour la plupart dépourvues de ces vieux arbres, qui sont habituellement
    truffés de creux, à moitié morts, et dont le bois est en train de pourrir. Or,
    nous savons bien que les coléoptères ont besoin de ce type de bois, de ces creux,
    et nous nous sommes alors proposés de créer ce type d’habitat dans des arbres
    qui n’étaient pas aussi vieux, d’accélérer en quelque sorte l’action naturelle
    du temps sur les arbres, en créant des microcavités, que les coléoptères
    puissent utiliser pour pondre, et le transformer progressivement en cet habitat
    dont ils ont besoin. Nous avons aussi créé des pseudos creux, en confectionnant
    une sorte des boîtes en bois de hêtre ou de chêne, recouvertes à l’intérieur de
    mousse, de feuilles mortes, de la sciure, que nous avons accrochées aux arbres
    à une hauteur d’environ 4 mètres, pour pas que les ours s’en prennent à elles.
    Et nous espérons que d’ici quelques années, ces boîtes deviennent un habitat
    fort prisé par les coléoptères.
    »


    Mais le projet développé dans les monts
    Vrancea comprend aussi une composante de recherche scientifique. Silviu Chiriac :


    « Il faut
    étudier le mode de vie des coléoptères, parce que nos connaissances, les connaissances
    scientifiques actuelles présentent des lacunes. L’on voudrait comprendre leur
    autonomie par exemple, la distance qu’ils peuvent parcourir entre les arbres où
    existent déjà des colonies. Alors, nous avons fait l’acquisition d’émetteurs
    radios, qui ne pèsent que 0,15 grammes, les avons montés sur leur dos, et avons
    pu ainsi les suivre, durant tout l’été, pour comprendre leurs déplacements,
    leurs habitudes, les micro-habitats dont ils ont besoin. Nous allons recueillir
    ce genre de données sur une période de 4 années. À la suite de ces
    observations, nous comptons à ce que, en 2025, l’on puisse rédiger un plan
    national d’action pour la préservation de ces espèces sur tout le territoire de
    la Roumanie. D’ici là, nous allons comprendre quelles sont les approches qui
    fonctionnent le mieux, pour pouvoir les répliquer ailleurs, sur les autres
    sites Natura 2000, et au sein des aires protégées
    ».


    Le projet
    bénéficie des compétences réunies issues du Centre de recherche de l’université
    de Bucarest, de Romsilva, la régie nationale des forêts, de l’administration du
    parc naturel Putna – Vrancea, enfin de l’association pour la préservation de la
    diversité biologique. (Trad. Ionut Jugureanu).



  • Le bois mort et la gestion durable des forêts

    Le bois mort et la gestion durable des forêts

    Le Fonds mondial pour la nature
    Roumanie, en partenariat avec la Faculté de silviculture de l’université Etienne
    le Grand de Suceava, l’Institut ukrainien de recherche en silviculture P.S.
    Pasternak et l’association ukrainienne Ecosphera ont récemment lancé
    un guide de bonnes pratiques au sujet de la gestion du bois mort. C’est le
    résultat d’une recherche menée dans la zone transfrontalière entre la Roumanie
    et l’Ukraine, mettant en exergue les bénéfices du bois mort pour l’écosystème
    forestier.

    Le bois mort, soit les troncs d’arbres coupés et les bûches de plus
    de 30 cm d’épaisseur et d’une longueur de plus d’un mètre ou encore les très
    vieux arbres qui se trouvent dans un état avancé de dégradation, avaient
    pendant longtemps été considérés par les forestiers comme le principal ennemi
    de la forêt, qu’il fallait à tout prix évacuer de l’écosystème forestier. Que nenni.
    De fait, l’on sait actuellement que l’évacuation du bois mort est hautement
    nuisible à l’écosystème forestier, augmentant ses vulnérabilités et diminuant
    sa capacité à faire face au changement climatique, menant à la disparition de
    certaines espèces, appauvrissant le sol en nutriments et mettant en péril jusqu’à
    la capacité de régénération de la forêt.






    Monia
    Martini, coordinatrice du projet mené par le Fonds mondial pour la nature
    Roumanie et intitulé la promotion du bois mort pour la résilience ds forêts dans la zons transfrontalière Roumanie/Ukraine détaille les résultats du projet et l’utilité du guide de bonnes pratiques
    lancé à l’occasion à l’intention des gestionnaires des forêts : « Notre conclusion et notre principale
    recommandation est de comprendre le bois mort comme représentant la base de la
    pyramide de la chaîne trophique. Ce n’est que grâce à lui que la forêt peut
    exister. Et nous avons développé 4 pistes dans ce guide, des pistes censées
    aider les gestionnaires des forêts à identifier le bois mort, le protéger, et
    protéger la forêt. Protéger la biodiversité c’est protéger les vieux arbres,
    les arbres morts encore debout, le bois mort qui se trouve au sol, et les zones
    de vieillissement. Chacune de ces composantes remplit une fonction essentielle.
    Prenez les vieux arbres, à l’arrêt de la mort, qui constituent l’habitat des
    cafards, et dont le rôle est essentiel dans la transformation ultérieure du
    bois mort. Ensuite les arbres morts, encore debout, qui constituent un microhabitat
    adapté pour bon nombre d’espèces d’oiseaux, qui vont pouvoir nicher dans les
    creux profonds qu’ils y trouvent. Le bois mort demeure essentiel pour préserver
    la biodiversité de la forêt ».






    Mais le rôle
    essentiel que joue le bois mort pour le vivant relève du domaine même de l’intuition.
    Il aurait en effet suffi d’avoir soulevé un morceau de bois qui pourri dans la
    forêt pour constater de visu le foisonnement de vie qui s’y cache. Et les
    recherches menées par les scientifiques ne font que conforter l’intuition de
    tout un chacun.






    Monia Martini explique : « Le bois mort qui
    se trouve au sol l’enrichit en nutriments, favorise sa régénération, augmente
    la capacité de la forêt à faire face au changement climatique et fait office d’entrepôt
    naturel du CO2. Quant aux zones de vieillissement, il s’agit des groupes d’arbres
    qui occupent entre 0,1 et 0,2 hectares, et qui doivent être protégés, il faut
    les faire sortir du circuit d’exploitation. Ces zones constituent des îlots
    naturels de biodiversité, où le bois mort prospère et, avec, les espèces qui y
    vivent. Ces îlots constituent un réservoir de bois mort, ce dernier s’y trouve à
    profusion, et cela constitue une réserve naturelle pour la biodiversité,
    protégée de l’exploitation. »







    Le projet
    mené par le Fonds mondial pour la nature Roumanie avait impliqué l’utilisation
    des compétences de plus de 30 chercheurs, roumains et ukrainiens, et a réussi à
    dépasser l’impasse provoquée par la pandémie d’abord, par l’invasion russe en
    Ukraine ensuite. Pour ce faire, comme souvent, les réunions en ligne ont dû remplacer
    les réunions en présentiel, et cela jusqu’à la dernière étape du projet, qui a
    pu être tenue en présentiel. « La promotion du bois mort pour la résilience des
    forêts dans la zone transfrontalière Roumanie/Ukraine » avait bénéficié du
    soutien financier de l’UE et avait impliqué deux départements roumains, Maramures
    et Suceava, et deux oblasts ukrainiens, Ivano Frankivsk și Zakarpattia. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le rôle du bois mort dans notre écosystème

    Le rôle du bois mort dans notre écosystème

    Voici autant de questions auxquelles le projet intitulé « Promouvoir le bois mort pour augmenter la résilience des forêts dans la zone transfrontalière Roumanie-Ukraine » entend apporter des réponses, scientifiquement étayées. Mis en œuvre par le Fonds mondial pour la nature Roumanie, en collaboration avec l’Université Ștefan cel Mare, Etienne le Grand, de Suceava (ville située au nord de la Roumanie), mais aussi avec l’Institut de recherche en Sylviculture PS Pasternak-UkKRIMF et l’association Ecosphère – les deux situés en Ukraine, le projet entend faire entendre l’utilité du bois mort pour la santé et la durabilité de la forêt. En effet, les arbres morts encore sur pied (les volis) ou au sol (les hablis), semblent constituer un élément essentiel pour la vie de la forêt, car ils jouent un rôle clé dans la préservation de la forêt, pour le maintien de sa vitalité, de sa capacité de régénération, enfin pour accroître sa résilience devant les changements climatiques. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, les autorités compétentes des deux pays appréciaient le bois mort comme l’«ennemi de la forêt», s’employant à l’éliminer systématiquement. Cela avait finalement conduit à l’extinction de certaines espèces rares, présentes autrefois dans les écosystèmes forestiers, entraînant de la sorte une vulnérabilité générale de la forêt, en lien avec la diminution de sa capacité de régénération naturelle et de l’apport de nutriments dans le sol, ainsi que de sa résistance face aux changements climatiques. Et une forêt mal en point ne sera jamais une forêt productive.

    Monia Martini, la dirigeant du projet au nom du Fonds mondial pour la nature Roumanie, en charge pour déterminer la fonction du bois mort dans la préservation de l’écosystème forestier, détaille : « Il s’agit d’un projet extrêmement important, qui nous permet d’étayer et d’affiner de nouvelles thèses en matière de recherche forestière, notamment eu égard le rôle du bois mort. La recherche que l’on mène étudie dans une perspective comparative les forêts anciennes et les forêts destinées à l’exploitation forestière. Et il me semble important à ce que l’on rende publiques nos conclusions. Parce que, dans cette recherche, au-delà de nos experts et de ceux qui travaillent pour nos partenaires, nous avons fait appel à un réseau étendu d’experts externes, à un réseau transfrontalier. L’on parle des professionnels qui travaillent au quotidien dans des organisations et des institutions chargées de la gestion des forêts, dans la gestion des aires protégées, des gens qui travaillent dans les ONG et dans d’autres organisations qui ont au cœur de leur mission le développement durable. Et pour donner suite aux conclusions de cette recherche, on voudrait pouvoir organiser une meilleure gestion du bois mort, développer toute une série de bonnes pratiques en la matière, et viser en cela notamment les forêts destinées à l’exploitation, pour mieux préserver l’écosystème forestier. Mais cette recherche est pour sûr un travail de longue haleine, et le premier pas a été de pouvoir monter ce réseau étendu d’experts et de chercheurs, qui constitue au fond la cheville ouvrière de notre projet. Ensuite, dans un deuxième temps seulement, nous allons pouvoir aborder la question de fond, celle de l’importance du bois mort dans la gestion durable de la forêt ».

    C’est que le bois mort favorise la productivité des forêts, tout en préservant l’habitat, et qu’il constituant le garde-manger pour des milliers d’espèces, dont certaines en dépendent. Le bois mort aide également à conserver l’eau et l’humidité de la forêt et préserve sa durabilité. Ces éléments ressortent sans l’ombre d’un doute des conclusions préliminaires de l’étude démarrée dans le cadre du projet transfrontalier, portant sur le rôle du bois mort dans la préservation de l’écosystème forestier. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Que faire pour protéger l’ours brun de Roumanie?

    Que faire pour protéger l’ours brun de Roumanie?

    Selon WWF Roumanie, des quelques 18.000 individus de cette espèce recensés en Europe, environ 8.000 vivraient dans les Carpates, dont plus de 6.000 en Roumanie. C’est le pays qui accueille la population d’ours brun la plus importante d’Europe. Livia Cimpoeru, chargée de communication à WWF au sujet des grands carnivores, est passionnée par ces animaux majestueux. Ecoutons-la :« L’ours est une richesse naturelle de la Roumanie. On ne peut pas ignorer cela et je crois que tout le monde est d’accord qu’il faudrait protéger les ressources naturelles, car elles sont en train de disparaître. Il faut assumer la responsabilité de nos actions, car ce que l’on consomme ou ce que l’on fait affecte le bien-être et la viabilité des ressources. »

    Seulement, voilà, le développement des réseaux routiers, le déboisement légal ou illégal qui va jusqu’à une surexploitation des forêts, la cueillette des champignons et des fruits de bois, tout cela a fait que l’ours brun, animal omnivore, sorte peu à peu des forêts et se dirige vers les endroits peuplés, où la nourriture est plus accessible. Les ours deviennent alors une menace et certains considèrent qu’il faudrait les tuer. Mais de l’avis de Livia Cimpoeru et de WWF Roumanie, un équilibre homme-nature est parfaitement possible :« Nous pourrons assurer cet équilibre seulement au moment où nous comprendrons, en tant que nation ou peuple qui occupe cet espace géographique béni, d’une biodiversité extraordinaire, que nous sommes les seuls, je répète, les seuls à pouvoir protéger ces richesses. Tant que nous rejetons la faute sur les ours, sur les loups ou sur d’autres animaux pour les conflits hommes-fauves, cela n’avancera pas. L’ours est un animal sauvage, il ne possède pas les notions de bien et de mal, il ne peut pas prendre des décisions réfléchies, mettre en place des politiques et ainsi de suite. C’est nous l’espèce pensante, celle qui peut trouver des solutions intelligentes à ces désagréments ou conflits. Nos activités ont un impact évident sur les ours et la grande majorité des conflits homme-ours sont générés pas les hommes. »

    Au sein de l’Union européenne, les ours sont protégés par la Directive habitats, qui interdit leur chasse à des fins récréatives. Toutefois, plusieurs pays, dont la Roumanie, citent couramment l’article 16 de cette directive pour justifier la chasse des animaux considérés comme dangereux pour l’homme. La récente affaire « Arthur », du nom d’un ours mâle âgé de 17 ans, considéré comme le plus grand exemplaire de l’espèce en Roumanie et peut-être en Europe, a fait le tour du monde. En Roumanie, beaucoup disent que cela montre tout simplement la gestion défaillante des autorités, qui peinent à protéger ces mammifères.

    Arthur aurait été tué durant une partie de chasse aux trophées, organisée grâce à une dérogation délivrée pour la chasse d’une femelle soupçonnée d’avoir attaqué plusieurs fermes. Quelles solutions pour arrêter de telles pratiques ? Livia Cimpoeru :« Nous, à WWF Roumanie, on demande depuis 2009 l’amélioration de la législation relative au déménagement ou à la « récolte » des ours – c’est le terme technique utilisé pour dire la chasse. Depuis qu’on a commencé à délivrer ces dérogations, en 2017, si ma mémoire est bonne, les ordres ne disent pas clairement ce qu’il faut faire avec les carcasses des ours, qui est impliqué dans le processus de « récolte » ou de déménagement, quelle est la destination finale ou qui est le bénéficiaire de l’animal tué. En 2019, nous avons réclamé que seul le personnel technique des associations de chasse soit impliqué dans les actions de « récolte », pour écarter ainsi les soupçons de chasse aux trophées qui ne dit pas son nom. Le cas de l’ours Arthur est très parlant en ce sens. On ne comprend pas pourquoi on ne met pas en place des équipes d’intervention rapide, qui pourraient agir dans de telles situations. Avant de tuer un ours, voyons s’il y a d’autres solutions qui peuvent se montrer efficaces. Ces équipes d’intervention devraient être actives partout où il y a une population d’ours importante. A présent, non seulement nous n’avons pas de recensement fiable de la population de palmipèdes de Roumanie, mais nous ne connaissons même pas le nombre exact de la population habituée. On utilise ce terme pour désigner les ours qui, à cause de la négligence des hommes, ont peu à peu associé les humains à leur source de nourriture et qui se rendent souvent dans les endroits habités. »

    Tout récemment, en réponse au scandale « Arthur », le ministère de l’environnement de Bucarest a annoncé avoir modifié la loi relative à la chasse des ours qui représentent une menace pour les communautés. Si, avant, il y avait un délai de 60 jours entre la date d’issue de la dérogation de chasse et son application et il n’y avait pas de mention concernant le chasseur, à présent le délai a été réduit à 15 jours et seul le personnel technique de l’association ayant reçu la dérogation peut la mettre en application. Une bonne décision, mais loin d’être suffisante, estime Livia Cimpoeru :« Au-delà de ces mesures censées impressionner et calmer l’opinion publique, il faudrait mettre en place bien d’autres, pour qu’une coexistence harmonieuse soit possible avec les ours sur le long terme. Je pense notamment au soutien financier accordé aux fermiers et aux paysans qui vivent dans les zones fréquentées par les ours. Il faudrait que ces gens puissent installer des barrières électriques et se munir de chiens de garde pour protéger leurs maisons et leurs élevages. Nous étions très contents lorsque l’année dernière par l’ancien-ministre Alexe avait annoncé que le ministère allait financer ces mesures de prévention, mais cela ne s’est pas concrétisé et on ne comprend pas pourquoi. »

    Word Wide Fund Roumanie soutient, par ailleurs, que le ministère de l’environnement dispose de suffisamment de données pour lancer une cartographie des zones à risque. Ces cartes pourraient ensuite être mises à la disposition des spécialistes, des administrations locales et de la population, pour que les zones les plus dangereuses soient identifiées et connues. L’ONG est également impliquée dans un projet international financé par des fonds européens. Euro Large Carnivores vise justement à améliorer la coexistence entre hommes et animaux à travers la coopération transfrontalière et la communication. Beaucoup d’idées existent, c’est sûr, mais il faudra de la volonté politique pour les mettre en application. (Trad. Elena Diaconu)

  • Une journée à Arad

    Une journée à Arad

    Notre guide, Casiana Alexandra Răduţ, conseillère touristique au Centre national d’information et de promotion touristique, nous apprend que la ville du même nom, le chef-lieu du département d’Arad, a une histoire très intéressante.



    « Nous l’avons surnommée la Ville des palais parce que nous avons beaucoup de beaux palais. En même temps, notre ville dispose d’un patrimoine important de style Sécession – une quarantaine de bâtiments protégés. Je voudrais en mentionner quelques-uns, que nous présentons dans le cadre de nos visites : le Palais Neuman, le Palais administratif, le Palais culturel, le Palais Földes, qui est aussi le premier bâtiment de style Sécession de la ville d’Arad, le Palais Bohus et le Palais Szantay. Parmi ceux-ci, le Palais Földes est un bâtiment emblématique à Arad. Il a été conçu par l’architecte Emil Tabacovici, qui a également eu un apport important dans la construction de Novi Sad dans la seconde partie de sa vie. C’est un palais dédié à la famille des pharmaciens Földes. On peut remarquer sur la façade les éléments de style Sécession ainsi que de nombreux archétypes utilisés à l’époque. Par exemple, Hippocrate et la déesse Hygée, qui étaient les symboles de la santé. À l’intérieur, il y a une pharmacie qui fonctionne encore aujourd’hui. Le mobilier est fabriqué à Arad, il a été conservé et il est connu des amateurs de meubles classiques, plus précisément des meubles Lengyel. »



    Et parce que notre guide a mentionné le Palais administratif, sachez qu’il a été construit entre 1872-1874 en style Renaissance, et abrite présentement l’Hôtel de ville. Il a une tour de 54 m. Il y a beaucoup d’endroits à visiter et de bâtiments à voir, mais de tous, Casiana Alexandra Răduţ, conseillère touristique au Centre national d’organisation et de promotion touristique, invite les touristes à visiter le Palais culturel, que ce soit lors de visites organisées ou individuelles.



    « Il se trouve juste derrière l’Hôtel de ville d’Arad et c’est un bâtiment éclectique, mais avec de nombreux éléments Sécession. Actuellement, c’est le siège de la Philharmonie d’Arad, la première philharmonie organisée en Roumanie. Les spécialistes sont d’avis que l’acoustique est très similaire ou même meilleure que celle de Vienne. Le Musée d’histoire partage le même bâtiment. Dans la région d’Arad, il y a des découvertes depuis l’époque dacique jusqu’à la Grande Union des Principautés roumaines de 1918. Arad a joué un rôle très important dans l’Union des Principautés roumaines. Tous les politiciens de l’époque se sont réunis à Arad afin de rédiger la déclaration qui allait être prononcée à Alba Iulia. »



    Dans la ville d’Arad, il y a aussi une citadelle avec une très belle histoire. La cité est de type Vauban et elle a été construite à l’époque de Marie-Thérèse d’Autriche. Actuellement, c’est une unité militaire et elle compte parmi les derniers bastions de ce type où il y a une unité militaire depuis sa conception et jusqu’à nos jours. Son activité n’a donc pas été interrompue depuis près de 200 ans. La citadelle est incluse dans les visites touristiques, précise Casiana Alexandra Răduţ, conseillère touristique au Centre national de formation et de promotion touristique.



    « Pour une visite d’une journée, je vous propose un tour de la ville, des palais et des églises. Vous découvrirez qu’Arad est une ville multiculturelle, et cette multiculturalité est également visible par les lieux de culte qui existent et qui témoignent de la présence de ces nationalités qui ont vécu paisiblement dans cette ville au fil du temps. Je mentionnerais la cathédrale Saint Antoine de Padoue, l’Eglise luthérienne, l’ancienne Cathédrale orthodoxe, la Synagogue néologue et l’Église serbe. Dans ce même tour, les vacanciers peuvent visiter, à deux kilomètres de la ville, la Forêt de Ceala, qui fait partie du Parc national Lunca Mureşului et qui est une oasis de tranquillité. »



    La Cathédrale Saint Antoine de Padoue est catholique, sise en plein centre-ville. Construite entre 1902 et 1904, elle est en style éclectique – avec des éléments baroques, classiques et Renaissance. Sur la même avenue principale, un autre édifice intéressant attire le regard ; c’est l’Eglise rouge, appartenant au culte évangélique luthérien, bâtie en 1905. Son nom lui vient de son matériau de construction — la brique rouge. Si on continue, on arrivera à la nouvelle et imposante Cathédrale orthodoxe, consacrée à la Sainte Trinité, finalisée en 2018, avec une très belle peinture à lintérieur.



    Dans le comté d’Arad, il y a 43 églises en bois, certaines vieilles de plus de 250 ans. 24 sont bien conservées et ont récemment été incluses dans le circuit national. La visite de ces églises pourra se faire dans le cadre du programme « Tourisme d’une journée », proposé par le Conseil départemental d’Arad.



    Pour terminer votre journée à Arad, ne manquez pas de faire une belle promenade au bord de la rivière Mureş, pleine de verdure – une activité que les gens de l’endroit apprécient. Histoire de respirer et de vivre quelques instants au rythme de la ville. Vous verrez que les gens sont très détendus ; comptez-vous parmi eux.


    (Trad. : Ligia)

  • Le bois mort

    Le bois mort

    On a longtemps cru que le « bois mort » présent dans les forêts nuisait aux écosystèmes, raison pour laquelle il en était systématiquement retiré. Les spécialistes pensent maintenant que c’était une erreur, et une recherche étudiant le phénomène est en cours à la frontière roumano-ukrainienne. Intitulé « Promouvoir le bois mort pour accroître la résilience des forêts dans la zone transfrontalière Roumanie-Ukraine », le projet est mis en œuvre par le Fonds mondial pour la nature Roumanie, en collaboration avec l’Université Ștefan cel Mare de Suceava (ville située dans le nord de la Roumanie), mais aussi avec l’Institut de recherche en Sylviculture PS Pasternak-UkKRIMF et l’association Ecosphera – les deux derniers organismes originaires d’Ukraine. Les conclusions à ce jour sont que le bois mort, qu’il s’agisse d’arbres morts encore sur pied ou au sol (chablis), représente un élément essentiel pour la vie de la forêt, et joue un rôle clé dans la préservation de cette dernière, pour le maintien de sa vitalité, de sa capacité de régénération, enfin pour accroître sa résilience devant les changements climatiques.

    Par ailleurs, la présence du bois mort sert les intérêts des communautés locales, en préservant des écosystèmes essentiels. Radu Melu, expert du Fonds mondial pour la nature Roumanie, explique :« Le bois mort est essentiel au secteur forestier, tout d’abord parce que sa présence favorise la productivité de la forêt. Ce bois mort nous offre toute une gamme de nutriments, de la matière organique issue de ce bois, et qui constitue une excellente base de croissance pour les jeunes pousses et pour les nouvelles générations. Dans la forêt, la richesse du sol provient du bois. Si nous extrayons toujours tout le bois de la forêt, et ne laissons rien se décomposer sur place, à terme nous pourrions avoir des problèmes. Et, si vous me permettez un parallèle avec l’agriculture, pensez que dans l’agriculture, lorsque vous continuez à récolter et à récolter sur le même sol, à un moment donné vous constatez qu’il a été appauvri, et qu’il faudrait compenser cela avec des engrais : soit avec des engrais naturels, soit avec des engrais chimiques. Nous avons donc besoin qu’une partie du bois demeure et se décompose dans le sol même de la forêt, tout comme les feuilles, les branches et d’autres composants organiques. Le bois mort fournit par ailleurs de la nourriture et un micro-habitat à des milliers d’espèces particulières. Il existe toute une série d’espèces qui ne pourraient pas survivre dans la forêt en l’absence du bois mort, et leur disparition éventuelle aurait des effets sur la capacité de résilience de la forêt dans son ensemble. L’on a aussi remarqué des zones avec un excès d’humidité et d’autres qui sont trop sèches. Et là, le bois aide à maintenir un très bon équilibre. Le bois mort, le bois semi-pourri y maintient le taux d’humidité dans des valeurs raisonnables. C’est exactement ce dont les jeunes pousses ont besoin. Il y a aussi des plantes qui poussent sur du bois mort, et qui ne poussent que de la sorte. De plus, il fournit de la nourriture et un cadre de vie à différentes espèces forestières, qui vivent dans ses creux, qui vivent dans les arbres. Elles ont besoin de ce bois mort pour se développer, voire pour exister tout simplement. Le bois mort constitue également l’habitat d’hibernation d’élection pour nombre d’espèces. Voyez-vous, nous avons tout intérêt à préserver le statut et le maintien de ce type de bois au sein de la forêt. Il y est à sa place ».

    La gestion du bois mort est un concept de conservation relativement nouveau pour la Roumanie et l’Ukraine. Promu depuis les années 2000, il est le plus souvent ignoré par la pratique, dans la gestion de la forêt. En effet, durant des décennies, les autorités compétentes des deux pays considéraient le bois mort comme l’« ennemi de la forêt », s’employant à l’éliminer systématiquement. Cela avait finalement conduit à l’extinction de certaines espèces rares, présentes autrefois dans les écosystèmes forestiers, entraînant de la sorte une vulnérabilité générale de la forêt, en lien avec la diminution de sa capacité de régénération naturelle et de l’apport de nutriments dans le sol ainsi que de sa résistance face au changement climatique. Et une forêt mal en point ne sera jamais une forêt productive. Cătălin Roibu, expert de l’Université Ștefan cel Mare de Suceava, étaye ces propos : « Le bois mort n’est pas un concept abstrait ou farfelu, mais quelque chose de très concret. « Bois mort – forêt vivante », n’est pas juste un slogan, mais la conclusion des spécialistes au niveau européen et mondial. Parce que le bois mort constitue le garde-manger et l’abri de nombreuses espèces. Certaines même, reprises sur la liste rouge, sont des espèces menacées au niveau européen. En même temps, c’est le bois mort qui régule et garde sous contrôle tous les paramètres qui assurent la santé de la forêt. Pour ce qui est de notre projet, nous avons constitué un réseau de superficies d’échantillonnage. 20 superficies circulaires, placées au hasard, dans la forêt. A proprement parler, l’ordinateur nous a désigné ces 20 cercles de test dans la forêt naturelle, et puis il avait choisi, toujours au hasard, 20 autres superficies de test dans la forêt aménagée, là où une gestion forestière est de mise. Le même mécanisme pour localiser les surfaces qui feront l’objet des études, le même protocole, a encore été appliqué en Ukraine. »

    Démolir le mythe du bois mort nocif, et qui devrait être retiré des forêts, cela peut être entrepris grâce à la coopération et à la recherche transfrontalières, mises en place entre la Roumanie et l’Ukraine. Le changement de cap dans la gestion du bois mort et, par voie de conséquence, de la forêt, constitue un élément essentiel pour la préservation d’écosystèmes forestiers sains, et pour la préservation de la durabilité des services écosystémiques qu’ils fournissent, affirment de concert les développeurs du projet, financé par ailleurs par l’Union européenne. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Des bois aménagés en parcs sous la houlette des autorités locales

    Des bois aménagés en parcs sous la houlette des autorités locales

    L’annonce du ministère a été faite récemment, lors de la conférence régionale « Les forêts de Bucarest, vision et stratégie », au beau milieu d’une des forêts bien connues des bucarestois, la forêt de Băneasa, située à quelques encablures au nord de la capitale roumaine. L’initiative du ministère entend répondre de la sorte aux requêtes réitérées par les municipalités, qui voudraient bien se voir attribuer la gestion de ce que l’on appelle les « poumons verts » de leurs villes.

    Une fois ce changement de régime acté, les autorités locales entendent utiliser des fonds locaux, gouvernementaux, voire européens pour y aménager des pistes cyclables ou de jogging ou bien des chemins de randonné, rendant ces paradis verts plus accessibles aux citadins. Bucarest et ses environs comptent huit aires protégées, pour une superficie totale de 14.000 hectares : le lac et la forêt Cernica, le lac et la forêt Snagov, les forêts de Băneasa, Grădiştea, Căldăruşani et Dridu, et encore la zone protégée de Scroviştea.

    A ces aires protégées, situées à proximité de la ville, s’ajoute le Parc naturel Văcăreşti, situé dans Bucarest même. Cet écosystème qui s’étend sur une superficie de 190 hectares est formé de marais et de petites mares d’eau, entourés de roseaux, de saules et de peupliers. Le parc Văcăreşti est protégé depuis 2016, et c’est de loin l’endroit le plus sauvage de la capitale, forcément convoité par les ornithologues. En effet, plus de 140 espèces d’oiseaux ont élu domicile dans cet oasis, des rapaces et jusqu’aux oiseaux nocturnes, en passant par plusieurs espèces d’oiseaux d’eau.

    Mais revenons à la forêt de Băneasa, si aimée par les bucarestois et qui s’est retrouvée, ces trois dernières décennies, dans le collimateur des développeurs immobiliers. Elle s’étend sur 1.343 hectares, dont 63% se trouvent en propriété privée. Au mois de mai dernier, suite à l’action introduite par cinq associations de défense de l’environnement, le tribunal de Bucarest a suspendu le permis d’environnement du plan local d’urbanisme du 1er arrondissement de la capitale, qui permettait aux développeurs immobiliers de construire des pans entiers du parc Herestrău et de la forêt Băneasa. Cette décision de justice sera de fait renforcée par l’initiative du ministère de l’Environnement, qui verra changer le statut du bois de Băneasa, de forêt où l’exploitation du bois est permise en forêt-parc, soit quelques 470 hectares strictement protégés. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Les attractions dans le Parc naturel Apuseni

    Les attractions dans le Parc naturel Apuseni

    D’une superficie de 75 milles hectares, le Parc naturel Apuseni couvre pratiquement la plus grande superficie karstique des montagnes homonymes et de Roumanie. Une fois sur place, les visiteurs peuvent faire des randonnées, pratiquer du tourisme aussi bien d’aventure que culturel, et d’autres activités. A tout cela s’ajoutent une excellente cuisine du terroir et des offres d’hébergement des plus diverses pour faire de vos vacances des moments inoubliables au cœur de la nature. Pour mieux explorer le parc Apuseni, directeur Alin Moş explique :
    « Le parc s’étend sur trois départements – Bihor, Cluj et Alba, et couvre pratiquement le relief karstique le plus vaste des Monts Apuseni et de Roumanie. La région occupe une grande partie des Monts de Bihor et elle est connue dans le monde entier pour ses formations karstiques dont la plus importante reste la grotte de Scărişoara. Celle-ci a la particularité d’abriter le plus grand glacier souterrain de Roumanie et certainement l’un des plus grands d’Europe. »

    Désignée dans un premier temps par la Régie Nationale des forêts à organiser des événements pour célébrer la Journée européenne des réserves naturelles, l’Administration du Parc naturel Apuseni a dû changer le programme des manifestations en raison de la pandémie. Pourtant, elle a continué à transmettre chaque semaine, des documents sur des thèmes précis tels l’eau, l’air, les paysages, les traditions et la biodiversité. Et puis, le 24 mai dernier, le Jour des réserves naturelles européennes, elle a lancé une carte interactive du parc. Certains endroits spectaculaires longeant les trajets balisés ont été mis en valeur par les rangers du Parc qui y ont aménagé des endroits où les touristes puissent mieux profiter de la beauté de la nature. Certains troncs d’arbres ont été transformés en bancs entourés de panneaux avec des informations explicatives.

    Une démarche censée permettre aux visiteurs d’entrer en contact avec la nature, selon le directeur administratif du Parc, Alin Moş :« Toutes ces informations se retrouvent sur les panneaux touristiques mis en place dans des lieux spécialement aménagés afin de permettre aux visiteurs de se connecter à la nature. Sur chaque panneau, en plus du nom de l’endroit et de sa description, il y aura un message censé rendre la connexion avec la nature encore plus facile. En voici quelques exemples : « laisse tes pensées s’écouler au fil de l’eau et reste seul avec la nature ! ». Ou bien, un autre message, affiché dans un endroit spécialement aménagé pour accueillir une ou deux personnes entre les racines d’un grand hêtre, dit « reste dans les bras du vieil arbre et laisse-le te raconter l’histoire de la forêt ».

    A l’heure où l’on parle, 39 endroits ont été déjà aménagés, mais leur nombre dépassera une centaine. Le Parc naturel Apuseni attend ses visiteurs pour des vacances écolo. Gabriel Bonaciu imagine de telles activités pour des séjours allant de 5 à 7 jours. Il nous invite à regarder les choses du point de vue de celui qui décide de passer ses vacances dans le Parc naturel Apuseni. « Le parcours des randonnés faciles vers Belvederile Padișului traverse des près alpins. Puis, des paysages à couper le souffle s’étalent devant les touristes qui gagnent les sommets des montagnes. Nous organisons aussi des excursions d’aventure dans les Gorges de Galbena et aux Cités de Ponor. Ce sont des circuits réservés aux personnes en pleine forme, car on y trouve des tronçons de via ferrata et des zones plutôt difficiles. Mais ceux qui nous rejoignent sont impressionnés par la nature sauvage et les chutes d’eau bruyantes, tout comme par les glaciers cachés depuis des millénaires sous les montagnes boisées. »

    Un tel glacier peut être admiré dans la grotte appelée Le Feu Vivant (Focul viu), située à près de 1200 m d’altitude. Cette association paradoxale entre un glacier et un feu s’explique par le fait que les rayons du soleil se reflètent dans les groupes de stalagmites de la grotte, créant l’illusion de la lumière d’un feu. Ces randonnées en montagne sont aussi une bonne occasion de découvrir la cuisine locale et d’autres attractions culturelles de la zone. Gabriel Bonaciu, organisateur d’activités éco-touristiques dans le Parc naturel d’Apuseni, nous donne plus de détails : « Sur la via ferrata de l’itinéraire de Pietrele Negre (Les pierres noires), près du village de loisirs de Vârtop, nous présentons aux touristes des paysages magnifiques depuis les rochers abruptes. Les via ferrata sont une attraction touristique recherchée par ceux qui aiment l’alpinisme sur des trajets aménagés et par tous ceux qui souhaitent admirer la nature en toute sécurité, depuis les points les plus hauts. Puis, les randonnées à vélo emmènent les touristes vers des chutes d’eau et des sommets aux panoramas uniques, en empruntant des sentiers, en traversant des clairières et des forêts – un véritable régal pour les yeux et pour tous les sens. Chaque randonnée inclut des arrêts pour goûter à la cuisine locale, des plats offerts par les habitants de du coin. De même, des tours en kayak sont organisés sur les lacs de retenue des monts Apuseni, à Valea Drăganului ou à Fântânele. Les programmes comportent aussi des visites aux monastères orthodoxes en bois, vieux de plusieurs centaines d’années, l’occasion pour les touristes d’apprendre davantage sur l’histoire des lieux, sur la culture traditionnelle roumaine ou bien sur les techniques utilisées jadis dans la construction des édifices religieux. Par exemple, au département de Bihor, dans le village de Fânațe (commune de Câmpani), on peut voir une église en bois dont les murs extérieurs sont couverts de terre, d’après une technique traditionnelle, alors qu’à intérieur, sur les murs en bois, l’on a peint des scènes religieuses d’une très grande valeur artistique.»

    Avant de finir notre balade à travers les merveilleuses montagnes d’Apuseni, précisons aussi que la première proposition de créer ce Parc naturel a été formulée en 1928 par le savant et explorateur roumain Emil Racoviţă. Pourtant, c’est à peine en l’an 2000, que le Parc Naturel d’Apuseni a vu officiellement le jour. En 2009, la Commission européenne l’a qualifié de destination européenne d’excellence, le rajoutant au projet EDEN. Celui-ci vise à accroître la visibilité des destinations non-traditionnelles, à mettre en valeur la diversité et la qualité de l’offre touristique européenne, ainsi qu’à soutenir le tourisme durable. (Trad. Ioana Stăncescu, Valentina Beleavski)

  • Pétition pour sauver les forêts séculaires de Iasi

    Pétition pour sauver les forêts séculaires de Iasi

    « Sauvez les bois séculaires de Iasi », c’est le slogan d’une pétition initiée par les activistes environnementaux du département de Iasi pour protéger la forêt de Bârnova des coupes illégales. Cette dernière est gérée par la régie d’Etat Romsilva qui déroule actuellement des travaux d’exploitation du bois et les activistes environnementaux, les biologistes et les passionnés de nature tirent la sonnette d’alarme sur les conséquences que la récolte des arbres séculaires a sur la biodiversité. Il s’agit d’un site protégé Natura 2000 d’une grande valeur scientifique et du paysage qui accueille plus de 116 espèces d’oiseaux rares : aigle royal, aigle pomarin, autour des palombes, martin pêcheur d’Europe, hibou, picidé, faucon émerillon, faucon pèlerin.

    La flore de cet espace naturel protégé est également diversifiée, composée d’arbres, d’arbustes et de fleurs. Mihai Diac, initiateur de la pétition, a déclaré : « C’est une forêt très ancienne. Elle s’étalait sur une superficie énorme entre les villes de Roman, Vaslui et Iasi. Ce qui reste désormais, ce sont deux forêts plus importantes : celle de Bârnova – Repedea et la Forêt Frumusica. Le site s’étale sur quelque 12 mille hectares et la forêt est un peu plus grande. Pour les habitants de la ville de Iasi, cela a une très grande valeur. C’est un bois très ancien puisque certains arbres sont vieux de 100 à 300 ans. On y trouve aussi des plantes et des animaux, des oiseaux qui transitent la forêt ou bien qui y construisent leurs nids, des espèces de chauves-souris sous les branches des arbres anciens, ainsi que toute une série d’espèces d’insectes. Il y a aussi de nombreuses espèces de plantes, par exemple l’orchidée appelée « le sabot de Vénus », qui est d’ailleurs un monument de la nature. Donc il s’agit d’une forêt avec une diversité biologique à part, située à proximité d’une ville de plus de 400 mille habitants, donc d’un espace qui peut facilement devenir une destination de loisirs. Les citadins bénéficient enfin de cet endroit, qui attire des cyclistes, des coureurs et des passionnés de randonnée… Et pourtant, les coupes d’arbres ont commencé il y a 6 ou 7 ans. Au début, elles ont visé les endroits isolés. Il s’agissait d’une ou deux opérations par an. Mais peu à peu, les coupes ont progressé. L’année dernière, j’ai constaté que des arbres très très anciens ont été coupés. J’ai pu compter sur un de ces arbres pas moins de 250 anneaux, donc il s’agissait d’un arbre de plus de 250 ans. Je me suis rendu compte que les choses n’allaient pas s’arrêter et j’ai vu qu’il s’agissait de plusieurs exploitations forestières. Ce fut un véritable signal d’alarme pour moi et pour la communauté en ligne que j’avais créée l’année dernière. »

    La pétition qui vise à sauver la forêt de Bârnova et à la transformer en une barrière naturelle censée protéger une des villes les plus polluées de Roumanie, Iasi, a recensé plus de 8000 signatures.

  • La Forêt Baneasa deviendra une zone protégée

    La Forêt Baneasa deviendra une zone protégée

    Les activistes environnementalistes et les habitants des quartiers avoisinants ont déploré cette situation, vu notamment le fait que cette superficie boisée est un des quelques espaces qui constituent le poumon vert de la capitale roumaine. Rappelons-le, la Forêt Baneasa fait partie de ce qu’était au Moyen Age la Forêt Vlasiei, qui entourait Bucarest. Des restes de ces bois existent toujours : il s’agit des forets Pustnicu, Snagov, Comana, Baneasa etc. Cette dernière se trouve dans une partie de très grande valeur du point de vue immobilier, puisque le nord de la capitale roumaine est connu pour ses quartiers de luxe.

    Le propriétaire d’une partie de la forêt Baneasa est l’Etat roumain qui la gère par le biais de la Régie nationale des forêts Romsilva. Et c’est Romsilva qui selon la presse roumaine a fait ces coupes, dans le cadre de travaux d’aménagements forestiers. Pourtant les activistes environnementaux accusent les sylviculteurs d’avoir abattu plutôt des arbres sains et trop peu d’arbres secs ou malades. Ce qui plus est, des lots de cette forêt ont été cédés à des propriétaires privés dans le cadre d’un processus de restitution des propriétés confisquées par le régime communiste. L’avenir de ces arbres demeure donc incertain, car la pression des investisseurs dans l’immobilier est immense. Des projets de routes d’accès traversant la forêt sont apparus par le passé, vivement critiqués par les ONGs d’environnement.

    Face à cette situation, le ministre de l’Environnement, Costel Alexe, a réagi et affirmé qu’il fallait absolument changer le statut de la forêt afin d’interdire l’exploitation du bois. Ecoutons le ministre Alexe : « Dans la Forêt Baneasa, la plupart de la superficie est composée de forêts de protection et de production et à présent, le rapport de la Garde forestière et du Corps de contrôle du ministre ont découvert le fait que les travaux d’aménagement effectués étaient conformes aux programmations en vigueur pour la fin décembre. Nous ressentons tous l’absence des espaces verts autour des grandes villes de Roumanie et il me semble tout à fait normal que de telles forêts demeurent des véritables poumons verts des grandes villes, comme c’est le cas de la Forêt Baneasa, poumon vert de la capitale roumaine. Je mentionnerais le fait que sur les 1343 hectares que compte actuellement la Forêt Baneasa, 63% appartiennent à des propriétaires privés et seulement 37% appartiennent à l’Etat, et sont gérés par Romsilva. Nous avons pensé aux moyens de redonner à la Forêt Baneasa le rôle que celle-ci devrait avoir normalement, celui de forêt de protection, et évidemment celui de poumon vert de la capitale. A partir du mois de mars, la Forêt Baneasa changera de statut : tous les 374 hectares appartenant à l’Etat, des forêts dites de production, seront transformés en forêt de protection. Cette superficie sera une forêt-parc à l’intérieur de laquelle toute coupe d’arbres sains sera interdite. Il sera possible de faire uniquement des travaux de nettoyage. A présent, j’annonce à tous les bucarestois que la Forêt Baneasa redeviendra ce qu’elle devrait être, c’est-à-dire le poumon vert de la capitale. »

    Le ministre de l’Environnement affirme que les superficies appartenant à des propriétaires privés devraient être soumises à des régimes similaires et que ceux-ci devraient recevoir des compensations en cas d’interdictions. Le ministre a également annoncé son intention d’inclure dans la zone de protection les forêts Andronache, Snagov et Rosu situées toutes aux alentours de Bucarest. Pour que les bucarestois puissent vivre dans un environnement sain, la capitale roumaine devrait être entourée par plus de 100 mille hectares de forêt, affirment les activistes environnementaux. A présent, la ville est entourée par seulement 18 mille hectares.

    La Forêt Baneasa, située à une dizaine de km de la capitale, est l’espace vert le plus étendu de tout le territoire administratif de Bucarest. Et le besoin d’arbres à même d’absorber la pollution est immense à Bucarest. La ville est située au beau milieu d’une plaine poussiéreuse et compte parmi les villes avec le trafic routier le plus dense d’Europe. C’est pourquoi la création d’une ceinture forestière encerclant la capitale roumaine est extrêmement importante.

  • Mouvements sociaux en Roumanie

    Mouvements sociaux en Roumanie

    Environ 200 gardes forestiers roumains ont
    protesté mardi, à Bucarest, en raison de l’augmentation des agressions à l’encontre
    du personnel forestier. Ils ont réclamé que le statut du personnel forestier,
    acte normatif qui renforce l’autorité des gardes forestiers, soit modifié de
    toute urgence. Le président de la Chambre des députés, Marcel Ciolacu, a promis
    que le problème sera résolu dans trois semaines, car le projet de loi a déjà
    été approuvé en commission et il sera bientôt soumis au vote du Parlement.


    Le président de la Fédération des gardes
    forestiers SILVA, Silviu Geană, détaille le contenu du projet de loi : « Le projet de modification
    du statut du personnel forestier comprend l’obligation d’équiper
    le personnel responsable de surveiller les forêts avec des armes, létales ou
    non létales, selon le cas. Le personnel forestier bénéficiera aussi de moyens
    de transport, de communication et d’autres moyens de défense encore. Dans le
    même temps, les salaires atteindront un niveau correct et, tout aussi
    important, l’âge de départ à la retraite sera réduit pour le personnel qui patrouille
    dans les forêts. »




    La recrudescence des attaques sur les gardes
    forestiers est le résultat d’une campagne menée par certains facteurs politiques
    et groupes d’intérêts. Le but étant de les dénigrer, de diminuer leur autorité quand
    à la surveillance des forêts et de les discréditer en présentant une réalité faussée.
    C’est ce que soutiennent les protestataires. Six gardes forestiers ont été tués ces
    dernières années en Roumanie par les voleurs de bois. En dehors de ces meurtres,
    plus de 650 gardes forestiers ont été agressés, battus, menacés de mort par des
    délinquants surpris en train de couper ou de voler du bois. Gheorghe Mihăilescu, le directeur général de Romsilva, la Régie nationale des Forêts, a précisé qu’une autre
    mesure est envisagée : la création d’équipes mixtes pour surveiller les
    forêts. Des accords de collaboration ont déjà été conclus ans ce sens avec la
    Police, la Gendarmerie ou les Services départementaux d’urgence.


    Une
    autre protestation, souterraine cette fois-ci, continue dans la Vallée de la rivière Jiu (centre-ouest de la Roumanie). Plus de 100
    mineurs des exploitations carbonifères de Paroşeni et d’Uricani protestent pour
    réclamer des solutions compensatoires, comme à l’accoutumé dans le domaine
    minier dans le cas de licenciements. Un programme de fermeture et
    d’écologisation est appliqué aux deux mines depuis décembre 2017. La principale
    installation de ventilation devrait s’arrêter de fonctionner en 2020, pour
    passer ensuite à la fermeture des rampes des puits de mine et des connexions entre
    les installations souterraines et celles en surface. Les discussions avec les
    autorités locales n’ont, pour le moment, abouti à aucune solution. (Trad. Elena
    Diaconu)

  • Une campagne pour protéger la forêt

    Une campagne pour protéger la forêt

    Ces dernières années, les organisations de
    protection de l’environnement se sont investies, de plus en plus, à identifier
    et à signaler les cas de coupes illégales de forêts. Suite aux investigations entreprises,
    les écologistes tirent de nouveau la sonnette d’alarme : même des forêts de
    réserves naturelles, celles de parcs nationaux, sont exploitées, et les
    autorités n’exercent aucun contrôle sur la gestion durable de ces dernières.


    Depuis
    plus de 10 ans, Greenpeace Roumanie mène une campagne nationale pour la
    protection et l’administration durable des forêts. Le Rapport sur les coupes
    illégales dans les forêts de Roumanie en 2017 a été lancé à l’automne dernier.
    12.487 cas de coupes illégales ont été identifiées au niveau national, soit une
    moyenne de 34 par jour, 32% de plus que durant l’année antérieure. Et c’est
    toujours l’année dernière que les représentants de Greenpeace, d’autres ONGs
    d’environnement partenaires et des spécialistes en la matière ont réussi à
    bloquer une proposition législative qui aurait permis des défrichements dans
    les forêts de Roumanie ayant la plus grande valeur : les forêts vierges et
    quasi-vierges. Le coordinateur de la campagne Greenpeace Roumanie pour les forêts,
    Cristian Găluşcă, explique :« L’année
    dernière n’a pas été des meilleures pour les forêts roumaines, loin s’en faut.
    Nous avons eu des discussions avec le ministère de l’Environnement pour
    améliorer le SUMAL, un système informatique intégré de suivi du matériel
    ligneux, l’Inspecteur de la forêt, le Radar de la forêt, la transparence, en
    général, en matière d’exploitation des forêts. En févier, nous nous sommes
    heurtés à une initiative législative qui permettait des interventions
    ultérieures dans les forêts bénéficiant de tous les types de protection, même
    dans les forêts séculaires, celles à protection intégrale. Cette loi aurait
    donc permis aux maires de défricher et de faire sortir du fonds forestier même
    la forêt ayant la plus grande valeur qui existe en Roumanie. Heureusement,
    après un mois et demi de contestation de notre part et de la part de nos
    collègues, cette loi n’est pas passée. En revanche, la loi qui prévoit la
    création de l’Agence pour les aires protégées est passée, elle. La Roumanie dispose
    d’environ un million d’hectares d’aires protégées. Jusqu’à l’année dernière,
    elles étaient gérées par Romsilva, par des agents privés et par des ONGs, à
    hauteur d’un tiers par chacune de ces entités. Toutefois, nous avons des
    problèmes d’exploitation des forêts dans certaines aires protégées. On fait
    comme dans une forêt normale, on ne tient pas compte que ce sont des aires
    protégées. On intervient par excès dans les zones tampon, là où il ne faudrait
    faire que des travaux de conservation, et en aucun cas des coupes primaires et d’autres
    coupes… De ce fait, nous nous attendons à toute sorte d’abus de la part de
    cette agence… »


    Et parce
    que le ministère des Eaux et des Forêts n’a pas continué à développer et à
    améliorer les instruments numériques, tels que le Radar de la forêt ou
    l’Inspecteur de la forêt, pour rendre le contrôle des activités sylvicoles plus
    efficace, les spécialistes de Greenpeace ont mis à la disposition des citoyens
    un nouvel instrument. Il leur permet de s’investir activement dans la lutte
    pour la protection des forêts. Ils ont lancé une application pour téléphones
    portables, Forest Guardians, pour identifier les coupes illégales et les
    rapporter à l’autorité. Jusqu’ici, plus de 11.000 citoyens ont téléchargé
    l’application et ont assuré un suivi de 30.000 ha de forêts environ.