Tag: guerre

  • La paix de Buftea-Bucarest – un traité à plusieurs visages

    La paix de Buftea-Bucarest – un traité à plusieurs visages

    La campagne militaire de la Roumanie dans les années 1916-1917 s’est achevée par la paix de Buftea-Bucarest, conclue en mai 1918. Après l’installation du régime soviétique, dans la foulée de la révolution bolchevique de Russie, le nouveau pouvoir en place à Saint-Pétersbourg dénonça le caractère impérialiste de la guerre et décida de conclure la paix. Restée seule sur le front de l’Est, la Roumanie se vit contrainte de réclamer elle aussi la paix. Une paix aux lourdes conditions imposées par le vainqueur. En sortant de la guerre, la Russie porta un coup dur à la Roumanie, son geste étant perçu comme une trahison en ces temps-là.



    L’armée roumaine, décimée par le typhus exanthématique, était dans l’impossibilité de repousser à elle seule l’offensive allemande. A cela s’ajoutait l’anarchie semée par les soldats russes, lesquels, acquis aux idées du bolchevisme, entendaient propager cette idéologie partout. Ceci étant, la paix apparaissait comme la dernière solution possible pour sauver ce qui pouvait encore l’être.



    Sorin Cristescu, qui enseigne l’histoire à l’Université « Spiru Haret » de Bucarest, détaille le contexte européen dans lequel s’étaient produites la sortie de guerre de la Russie et la signature des deux traité de paix consécutifs : « La sortie de guerre de la Russie, suite à la victoire du coup d’Etat bolchevik du 7 novembre 1917, a donné le coup d’envoi des pourparlers de paix, comme prévu. Exilé en Suisse, Lénine allait rentrer en Russie grâce à l’aide des Allemands. Il y arriva après avoir traversé la Suède et la Finlande. Il voulait justement organiser un coup d’Etat pour s’emparer du pouvoir et conclure une paix séparée, de sorte que les Allemands puissent se déplacer de Russie en France et gagner la guerre. Le 3 mars 1918 furent scellées la paix de Brest-Litovsk et celle de Buftea-Bucarest. Le 7 mai, la paix avec la Roumanie allait être signée, au Palais de Cotroceni, à Bucarest. Une paix asservissante, amputant le pays de sa frontière montagneuse, qui revenait à l’Empire d’Autriche-Hongrie, et de la province de Dobroudja, qui devenait condominium germano-bulgare. En outre, les gisements de pétrole faisaient l’objet d’une concession pour une période de 90 ans. »



    Aux termes de la paix de Buftea-Bucarest, la Roumanie se voyait contrainte de céder à la Bulgarie le sud de la Dobroudja, également connu sous le nom de « Quadrilatère » et même une partie du nord de cette province qui n’avait jamais appartenu au pays voisin. Par ailleurs, l’Autriche-Hongrie allait s’emparer du contrôle des défilés des Carpates. Une petite concession était pourtant faite à Bucarest, même si elle n’était pas consignée dans le traité. Il s’agit du fait que les Puissances centrales acceptaient l’union de la Bessarabie avec la Roumanie, et ce en vertu d’un calcul élémentaire: éviter l’hostilité que les Roumains auraient pu éprouver à leur égard, en raison des pertes territoriales qu’ils devaient subir et de la concession d’exploitation de leurs ressources naturelles.



    Le Traité a été ratifié par le Parlement roumain durant l’été 1918, mais il n’a jamais été promulgué par le Roi Ferdinand Ier de Roumanie. Heureusement, les termes du traité ont été valables uniquement six mois parce qu’à la fin octobre 1918, le gouvernement du premier ministre Alexandru Marghiloman a déclaré qu’ils n’étaient pas valables et la Roumanie a recommencé les hostilités.



    Malgré les apparences, affirme Sorin Cristescu, le traité de paix de Bucarest a été positif pour la Roumanie : « Mais il faut mentionner que même si ses conditions étaient injustes, la paix de Buftea-Bucarest est une importante victoire diplomatique de l’Entente, constatée en tant que telle par le Parlement allemand. A l’époque, dans le législatif de Berlin, on disait « à partir de maintenant, personne ne pourra s’assoir à la table des négociations avec nous ». Tout le monde a constaté que les Puissances centrales, leurs leaders en fait, n’étaient qu’une bande de malfaiteurs, qui pillaient les vaincus, et dès lors les diplomates des Puissances centrales n’ont jamais pu s’assoir à la table des négociations avec ceux d’un autre pays. Les Etats-Unis étaient également entrés dans la guerre et la politique américaine affirme que l’adversaire ne pourra jamais être un partenaire de négociations, que l’adversaire n’est que l’auteur d’une infraction de droit commun qui doit absolument être déféré à la Justice. L’idée que les leaders des Puissances centrales pourraient négocier quelque chose avec quelqu’un fut définitivement abandonnée. Evidemment qu’en France des affiches sont apparues illustrant la paix faite par les Puissances centrales avec des titres tels « Ils veulent la paix ? Oui, mais d’abord il faut les vaincre ! » « Vaincre d’abord ! » Certes, les conditions de la paix ont été désastreuses pour nous, mais la défaite diplomatique et la perte de crédibilité de la diplomatie allemande a été de beaucoup plus dramatique. »



    Sorin Cristescu affirme que la perte de la crédibilité allemande avait commencé même avant la fin de la guerre : « Elle a eu lieu en 1918. Mais en 1914, les quotidiens du monde publiaient à la Une la réponse donnée par le chancelier allemand Bethman-Hollweg à la déclaration de guerre du Royaume-Uni : « Vous déclarez la guerre pour un bout de papier ? ». Alors l’opinion publique a réagi affirmant que pour la diplomatie allemande, les traités internationaux n’étaient que des bouts de papier sans aucune valeur. Le traité qui garantissait la neutralité de la Belgique avait été signé en 1831 par les représentants de l’Angleterre, de la France et de la Prusse. Le 12 décembre, après la conquête de Bucarest, le 6 décembre 1916, les Puissances centrales ont envoyé à l’Entente une offre de paix pas tout à fait détaillée. La réponse est venue quelques jours plus tard. L’Entente disait que l’offre était faite par des personnes qui comptaient gagner la guerre en trois mois. Mais voilà qu’après deux années, les mêmes gens se rendaient compte que leurs objectifs étaient impossibles à atteindre. Les deux traités de paix, ceux de Brest-Litovsk et de Bucarest, ont carrément éliminé la diplomatie allemande de toute formule de négociation ».



    A la fin de la première conflagration mondiale, la Roumanie a compté parmi les pays à avoir gagné la guerre. Le traité de Buftea-Bucarest n’est devenu qu’un mauvais souvenir, qui n’a pourtant jamais été effacé de la mémoire collective. (trad. : Mariana Tudose)

  • A la Une de la presse roumaine 11.10.2016

    A la Une de la presse roumaine 11.10.2016

    Un vent froid souffle sur les Unes des principaux journaux roumains, qui s’attardent tous sur l’escalade des violences en Syrie et craignent l’éclatement d’une « guerre globale » sur la toile de fond des tensions exacerbées entre les Etats-Unis et la Fédération russe. Dans le même temps, la polémique enfle au sujet de la modification de la loi roumaine de l’Education qui se montre plus permissive avec les plagiats. Enfin, les journalistes font découvrir au public le premier « village multinational », situé dans le centre du pays.





  • Un siècle depuis la bataille de Turtucaia

    Un siècle depuis la bataille de Turtucaia

    Le 27 août 1916, la Roumanie déclarait la guerre à l’Autriche-Hongrie et entrait dans la première Guerre mondiale. Alliée de l’Allemagne, la Bulgarie, en guerre depuis 1915, envoyait déployait immédiatement son armée contre la ville de Turtucaia, une ville sise sur la rive sud du Danube, opposée à la ville d’Oltenita, située à 70 km SE de Bucarest. Turtucaia était la principale base d’opérations de l’armée roumaine dans le sud du Danube. Ce territoire est devenu partie du Royaume de Roumanie après la Paix de Bucarest de 1913 qui a mis fin à la seconde guerre balkanique.



    La bataille de Turtucaia s’est déroulée du 1er au 6 septembre 1916 et s’est terminée par la première grande défaite de l’histoire de l’armée roumaine. Jugée comme une véritable débâcle, la défaite de Turtucaia a engendré l’écroulement de tout le plan d’opérations mis au point par l’Etat major de l’armée roumaine. Les effectifs de l’armée roumaine, dont la mission était principalement défensive, s’élevaient à 39 mille soldats, alors que ceux des armées bulgare et allemande arrivaient au total à 55 mille hommes. 6 mille militaires roumains ont été tués et blessés, tandis que les pertes des armées allemande et bulgare se sont élevées à 7700 hommes. Mais 28 mille soldats et officiers roumains sont devenus prisonniers.



    La bataille de Turtucaia a fait couler beaucoup d’encre et elle a fait l’objet de nombreuses analyses. L’historien Sorin Cristescu de l’Université « Spiru Haret » de Bucarest pense que deux aspects sont essentiels pour l’armée roumaine: les préparatifs faits par l’armée roumaine et ses conséquences sur le moral des Roumains : « La bataille de Turtucaia illustre deux aspects importants. D’un côté, elle a montré les carences de l’armée roumaine. Certes, le pays a mobilisé 800 mille hommes, mais l’armée ne disposait que de 500 mille fusils. Entre 1914 et 1916, quelque 120 mille fusils Lebel ont été importés de France. Mais sur le demi-million de fusils disponibles, 100 mille dataient depuis la guerre de 1877. Durant la guerre de 1913, sur 460 mille soldats roumains à avoir traversé le Danube, seuls 300 mille avaient des fusils. Même cas de figure à Turtucaia. L’armée manquait de munitions, manquait d’armes et ses canons avaient été placés incorrectement, donc leur tir n’a eu aucun effet sur l’ennemi ».



    La formation du personnel et la dotation mises à part, la force morale d’une armée peut gagner une guerre. Sorin Cristescu affirme que le moral a joué un rôle décisif dans la défaite de Turtucaia et surtout pour la suite de la guerre : « Le désastre militaire a été doublé par un désastre moral. Le 6 septembre 1916, Bucarest était déjà dépassé par l’immense nombre de blessés de guerre. A cela est venu s’ajouter la rumeur que depuis Turtucaia, les troupes allemandes et bulgares allaient se diriger directement vers la Capitale. La panique s’est installée et elle s’est reflétée aussi au niveau du commandement de l’armée. Les opérations en Transylvanie, qui allaient bon train ont été arrêtées et un repli a été organisé à Flamanda, dans la plaine roumaine. Certains Roumains ont refusé de tomber en proie à la frayeur générale. Le célèbre journaliste et rédacteur en chef du journal Adevarul, Constantin Mille, a publié un éditorial dans lequel il disait que dans une guerre il y a avait des hauts et des bas. Qu’après une belle victoire dans le nord, où l’offensive roumaine avait gagné du terrain, la Roumanie a perdu une bataille dans le sud. Que l’une compensait l’autre. Il ne fallait pas penser sous l’empire de la panique, puisque les Bulgares et les Allemands ne pouvaient pas arriver du coup à Bucarest. Mille disait qu’il fallait rester calmes et ne pas paniquer après la première défaite. Et pourtant, les conséquences psychologiques du désastre de Turtucaia ont été immenses. »



    Turtucaia a produit d’immenses traumas dans la conscience publique des Roumains. Sorin Cristescu a identifié la mauvaise organisation de l’armée roumaine comme principal coupable de cet échec retentissant. La légèreté avec laquelle la Roumanie est entrée en guerre mais aussi le niveau social et économique de sa population, formée surtout de paysans, ont joué des rôles cruciaux dans les événements d’il y a un siècle : « Turtucaia a été décrite par le poète George Topîrceanu, l’homme politique Gheorghe Bratianu et d’autres. Ce fut un moment tragique qui a montré que l’armée roumaine n’était pas préparée. Pourquoi ? Parce que c’était l’armée d’un pays de paysans, qui étaient en 1908 les plus pauvres d’Europe, selon l’historien Nicolae Iorga. Parmi les principales causes du désastre, le manque de munitions a été décisif. Chaque soldat disposait d’une ration de 100 cartouches et les usines de munitions produisaient tout au plus une cartouche par jour pour chaque soldat. Cela signifie que la ration suivante de cartouches arrivait au soldat après une centaine de jours. Et nous savons déjà que le 100e jour de la guerre, Bucarest est tombé sans aucun combat, car abandonné le 6 décembre 1916. Il était impossible de ravitailler les troupes de Turtucaia. Puis les canons et les mitrailleuses n’arrivaient pas à frapper l’ennemi qui a réussi à se mettre à l’abri du tir roumain. Il était clair que l’armée roumaine a subi une défaite rapide et désastreuse. »



    Après avoir perdu la bataille, les 28 mille prisonniers roumains ont vécu deux années de cauchemar dans les camps bulgares. Leurs mémoires, et notamment celles du poète George Topîrceanu, récemment republiées, sont autant de pages émouvantes pleines d’exemples de dignité, de désespoir et d’humiliation qui s’achèvent sur la joie de la libération et de la victoire de 1918, l’année de la paix en Europe. (trad. : Alex Diaconescu, Ileana Taroi)

  • Le centenaire de l’entrée de la Roumanie dans la première conflagration mondiale

    Le centenaire de l’entrée de la Roumanie dans la première conflagration mondiale

    Le 27 août 1916, au bout de deux années de neutralité, la Roumanie entrait dans la Grande Guerre, aux côtés de l’Entente, sous la pression de la France, son allié principal et traditionnel, et de la situation sur le front, après la bataille de Verdun et l’offensive de l’armée russe. Sa devise était « Maintenant ou jamais » et si elle avait accepté d’y prendre part, c’était parce qu’elle s’était vu promettre qu’une fois achevée la guerre, les territoires habités par les Roumains de l’Empire austro-hongrois allaient rejoindre le Royaume de Roumanie. Il y a une double explication à l’attentisme manifesté au sujet de son entrée en guerre. La première, c’était la volonté du roi Carol Ier que la Roumanie s’engage dans cette guerre du côté de l’Allemagne, ce à quoi la classe politique de ces temps-là se refusa. La seconde relève de la méfiance de l’armée roumaine à l’égard de l’alliance avec la Russie, compte tenu de son expérience malheureuse lors de la guerre de 1877-1878.

    En deux ans de conflit, elle allait perdre 535.700 soldats, tombés au champ d’honneur, blessés ou portés disparus, soit 71% des effectifs de l’armée qu’elle avait déployée. Elle fut d’ailleurs 4e au classement noir des pays à avoir subi des pertes humaines les plus importantes après l’Autriche – Hongrie (90% des effectifs), la Russie (76%) et la France (73%). Cela sans compter la mort de 300.000 civils, dont 250 médecins et 1.000 infirmiers militaires fauchés par le typhus. En échange de cet immense sacrifice en vies humaines, le pays allait rentrer en possession de certains de ses territoires, ce qui permit la création de la Grande Roumanie.

    L’histoire de la Première Guerre Mondiale a elle aussi connu des changements, qui n’ont pas été sans influer sur sa perception collective. Au lendemain de la guerre, l’attention fut focalisée sur les victimes et leurs descendants, sur les invalides et les survivants. C’était l’époque de la perception moins triomphaliste de l’histoire. Le souvenir des atrocités, encore vivant, mettait son empreinte sur la reconstruction psychologique et matérielle du tissu social. Au fil du temps, l’histoire devient militante. Les idéologies politiques relèguent au second plan la dimension humaine, au détriment du patriotisme et de l’intérêt national.

    Les tragédies de la Grande Guerre ne seront donc plus perçues comme des drames de l’humanité, mais comme autant de sacrifices pour la patrie. La Roumanie a elle aussi traversé ces étapes, le tout culminant par le régime communiste, qui a gravement altéré les significations des événements d’il y a cent ans. De l’avis de Răzvan Pârâianu, qui enseigne l’histoire à l’Université Petru Maior de Târgu Mureş, l’entrée de la Roumanie dans la Grande Guerre doit être considérée par le truchement du mental collectif et du vécu des gens de cette époque-là. « On ne saurait regarder le passé d’un œil innocent. La signification des mots les plus banals était toute autre. D’aucuns y voient un certain relativisme. En réalité, il s’agit du fait que notre intelligence à nous des idées de nation, de peuple, diffère de celle qu’en avaient nos parents, nos grands – parents ou nos arrière-grands-parents. Le sociologue français Bernard Paqueteau, qui s’est rendu en Roumanie dans les années 1990, est l’auteur d’un article sur ce qu’il appelle « le congélateur des idées fausses ». A cette même époque, le journaliste Robert Kaplan écrivait « Les fantômes des Balkans ». Dans son article, Paqueteau réagissait contre l’opinion selon laquelle le régime communiste aurait mis dans un frigo les fantômes du passé pour les congeler. Et comme il arriva qu’après 1989 quelqu’un ait débranché le réfrigérateur, les revenants se seraient mis à hanter les sociétés. Paqueteau affirme nettement que les fantômes ne sont pas les mêmes et qu’il n’y a pas eu de frigo. Le régime communiste a complètement dénaturé non seulement la sémantique, mais aussi et surtout la société elle-même, celle qui saisit le sens des mots. »

    On dit que la force du sens des mots est si grande qu’elle devient décisive dans la formation des opinions. Răzvan Pârâianu pense que l’historien doit proposer des interprétations plausibles de la Première Guerre Mondiale, sans se laisser influencer par les idéologies : « Nous ne pouvons pas analyser avec innocence la première conflagration mondiale, puisqu’un abîme se creuse entre les années 1916 et 2016 du point de vue du sens attribué aux mots et aux actes. L’histoire conceptuelle de Reinhard Koselleck révèle que la sémantique n’est pas étrangère aux mutations qui s’opèrent dans la société, aux changements qu’apporte la vie politique. Il ne s’agit pas d’un changement immédiat. Les significations prennent du retard par rapport aux changements. L’historien néerlandais Frank Ankersmit affirme, lui, que le langage narratif n’est pas un langage – objet. Ce qu’il veut dire par là, c’est que l’archéologue qui trouve de vieux objets les déterre, mais l’objet reste un objet. Nous ne travaillons pas qu’avec des objets. Nous travaillons aussi avec des significations, avec le rôle que ces objets ont dû jouer en leurs temps. Si on imagine qu’au 3e millénaire, un archéologue creusera et trouvera une bouteille, il pourrait croire que nous buvions du vin de cette bouteille-là. Mails elle pouvait tout aussi bien être une lampe. Ou elle aurait pu être utilisée comme cocktail Molotov. Ce serait lamentable de confondre une lampe avec un cocktail Molotov parce que la forme est la même, mais les rôles sont complètement différents. »

    La lecture de la presse, des journaux, des lettres et des journaux personnels des années de la Première guerre mondiale indique un esprit qui a accompagné le départ de centaines de milliers de Roumains sur une voie inconnue, différente de celle à laquelle nous sommes habitués. Pour beaucoup d’entre eux, ce fut un lieu de non-retour. A la fin de la guerre, la Grande Roumanie a récompensé leur sacrifice, un que les êtres chers ont tenu pour trop grand. (trad. Mariana Tudose)

  • 28.08.2016 (mise à jour)

    28.08.2016 (mise à jour)

    Centenaire — Une cérémonie à l’occasion du centenaire de l’entrée de la Roumanie dans la Grande Guerre a été organisée dimanche à la Tombe du Soldat inconnu, à Bucarest. Le président, Klaus Iohannis, a rendu hommage, à cette occasion, à tous les héros ayant fait le sacrifice suprême pour la création de l’Etat roumain moderne et a appelé ses concitoyens à contribuer à la construction d’une Roumanie puissante et digne. Plus que jamais, il est temps maintenant que la Roumanie contribue au renforcement de la construction européenne en proposant un projet de pays moderne et substantiel, a précisé le chef de l’Etat roumain, qui a également saluant la mémoire des quelque 800 mille victimes militaires et civiles de la guerre, sur ces terres.



    Pour la Roumanie, la première guerre mondiale a été un tournant historique ayant mené à la Grande Union des provinces roumaines, le 1er décembre 1918. Il y a 100 ans, le 27 août 1916, la Roumanie déclarait la guerre à l’Autriche-Hongrie. L’armée allait franchir les Carpates pour pénétrer en Transylvanie, province historique roumaine intégrée, à l’époque, dans le Royaume de Hongrie. Lundi, toujours dans la capitale, sont prévus un débat sur le rôle de la Roumanie dans la première conflagration mondiale, un exercice et un concert de musique militaires.



    Séisme — Le gouvernement roumain se réunit lundi pour convenir du soutien à apporter aux Roumains blessés ou touchés par le séisme survenu la semaine dernière au centre de l’Italie. Les ministères de l’Emploi et des Affaires étrangères proposeront un paquet de mesures en ce sens. Pour sa part, la ministre chargée de la relation avec les Roumains de la diaspora, Maria Ligor, se trouve en Italie pour évaluer la situation directement sur le terrain. 11 Roumains figurent sur la liste des 291 victimes recensées jusqu’à présent. Les dépouilles de 5 ressortissants roumains décédés dans le sinistre seront rapatriées lundi. Une cellule de soutien psychologique a été créée pour venir en aide aux familles des victimes.



    Moldova — Après sa visite, jeudi dernier, à Chisinau, le premier ministre roumain, Dacian Ciolos, se dit persuadé que toutes les forces politiques, y compris pro-russes, appuient la poursuite du parcours européen et démocratique de la République de Moldova. Dans un entretien à Radio Roumanie, Dacian Ciolos a dit que Bucarest entend aider les autorités moldaves à négocier un nouvel accord de prêt avec le FMI et à explorer les opportunités existantes pour décrocher des fonds communautaires. La Roumanie vient d’accorder à la Moldova ex-soviétique un prêt à taux d’intérêt préférentiel, dont la première tranche d’une soixantaine de millions d’euros a été versée mercredi dernier.



    Météo — Le temps se réchauffe de manière déterminée en Roumanie, avec un ciel dégagé sur presque l’ensemble du territoire. Le sud-est fait exception où des épisodes orageux sont attendus, avec des pluies abondantes, avec des quantités d’eau allant jusqu’à 20 litres au mètre carré, et qui amèneront aussi de la grêle. Les maximales doivent s’encadrer entre 27 et 34 degrés.

  • A la Une de la presse roumaine 24.08.2016

    A la Une de la presse roumaine 24.08.2016

    C’est plutôt l’actualité internationale qui occupe la presse roumaine en ligne ce mercredi. Sous la loupe des journalistes roumains aujourd’hui : la cyber–guerre contre les terroristes et « la décision qui peut changer l’Europe telle que nous la connaissons » ou encore « l’effet inattendu du Brexit, qui épouvante l’UE» et le tremblement de terre survenu ce mercredi matin en Italie.



  • La bataille de Verdun et l’entrée  de la Roumanie dans la première guerre mondiale

    La bataille de Verdun et l’entrée de la Roumanie dans la première guerre mondiale

    Surnommée « la mère de toutes les batailles », « labattoir du monde » ou « la grande boucherie », la bataille de Verdun a été le plus grand carnage de la Première Guerre mondiale. Les avis des historiens et des mémorialistes sont partagés quant au nombre de morts et de blessés, mais tout le monde est daccord quil sest agit de centaines de milliers de victimes.





    Pour le moral des Français et pour le sort de la guerre, limportance des fortifications de Verdun était immense. La ténacité de larmée allemande, acharnée contre larmée française, a cédé devant la résistance inouïe de celle-ci. Des les rangs de larmée française a jailli lexhortation mobilisatrice « Ils ne passeront pas ». Une exhortation a été adoptée, sous une forme légèrement modifiée, par larmée roumaine lors des combats de Mărăşeşti, Mărăşti et Oituz, pendant lété 1917: « Par ici on ne passe pas».







    La bataille dil y a un siècle a été décisive pour la Roumanie aussi, puisquelle a déterminé lentrée de notre pays, qui était resté encore neutre, dans la Grande guerre. Alliée des puissances centrales depuis 1883, la Roumanie avait proclamé sa neutralité en 1914, au début de la guerre. La Roumanie navait pas honoré son alliance avec lAllemagne et lAutriche-Hongrie en raison du fait que les droits nationaux des Roumains nétaient pas respectés dans les territoires sous domination austro-hongroise. Pourtant, les relations économiques de la Roumanie avec les Puissances Centrales se sont poursuivies, le pétrole et les produits alimentaires roumain ravitaillant les armées des celles-ci.





    On laissa à la Russie linitiative dattirer la Roumanie du côté de lEntente. Moscou considérait pourtant comme exagérées les prétentions de la Roumanie concernant lamélioration des droits des Roumains vivant au-delà des frontières du pays.





    La bataille de Verdun fut le moment décisif qui obligea la Roumanie à prendre une décision historique. La France chavirait, sa résistance était mise à rude épreuve à Verdun et il fallait affaiblir loffensive allemande. La stratégie des militaires français était douvrir un nouveau front à lEst, pour que des troupes allemandes y soient déployées en faisant baisser la pression sur Verdun. Et la Roumanie devait consentir à sy engager. Lidée devait pourtant être présentée dans les termes diplomatiques de la persuasion et de la négociation. Lun des premiers à assumer cette tâche a été le nouvel ambassadeur de France à Bucarest.





    Lhistorien Sergiu Iosipescu de lInstitut dEtudes politiques de défense et dhistoire militaire, explique : « Le 5 juillet 1916, à la veille de son départ pour Bucarest, le comte de Saint Aulaire présentait au président français le message envoyé par le premier ministre Ion Brătianu au représentant de la Roumanie à Paris, Lahovary. Brătianu promettait lentrée de la Roumanie en guerre dans 5-6 semaines si pendant ce laps de temps les munitions demandées commençaient à arriver. Le fait le plus remarquable est peut-être la prédiction du général Lyautey, protecteur du comte de Saint Aulaire, pour le départ de celui-ci en Roumanie : « Jai réfléchi à votre situation, comte. Très sincèrement, je crois que je dois vous féliciter. Jai reçu la carte de lEurope Centrale et Orientale et jai constaté que la Roumanie sagrandira et surtout, elle profiterait davantage suite à une défaite des Puissance centrales que si la Russie était vaincue. Lopinion publique roumaine, suffisamment puissante pour porter un Hohenzollern de lAlliance avec lAllemagne à la neutralité, le portera aussi de la neutralité à lengagement. La Roumanie suivra le geste de lItalie, la balance penchera tôt ou tard en faveur de lentrée en guerre. »




    Pour convaincre la Roumanie de sortir de sa neutralité, lEntente lui a lancé une offre plus que généreuse: semparer des territoires de lEmpire de lAutriche-Hongrie habités par les Roumains parallèlement à une série de promesses quant aux garanties pour laprès-guerre. Nempêche: lambition de la France de voir la Roumanie rangée du côté de lEntente devait surmonter quelques difficultés. Primo, labsence dune armée capable de mener une guerre dune telle envergure. Secondo, il convient de mentionner le fait que les adeptes dune alliance avec les Grandes puissances centrales étaient pour la plupart des personnages influents dans la vie publique roumaine. La difficulté de vaincre les germanophiles se reflétait également dans la presse de lépoque et dans sa façon de présenter la bataille de Verdun et la guerre en général.





    De lavis de lhistorien Alexandru Madgearu de lInstitut des études politiques de défense et de lhistoire militaire, à lépoque, la presse roumaine reflétait les réalités de la guerre compte tenu des sympathies francophiles ou germanophiles, selon le cas : «Lorientation politique des journaux influait sur leur façon de rédiger les commentaires et les news. Des publications telles Adevarul ou Universul étaient évidemment francophiles, tandis que tout le monde savait que le journal Minerva appartenait depuis septembre 1914 à un consortium allemand. Cela nexcluait pas ses tentatives davoir une approche objective. Mais, au fur et à mesure que le temps passait, Minerva perdait de son objectivité comme on pourrait le constater à feuilleter les numéros 24 et 26 parus en juillet 1916. A titre dexemple, dans son numéro 24, le journal écrivait que loffensive franco-anglaise ne facilitait pas la tâche des troupes françaises sur le champ de bataille de Verdun. Mais le soir même, le journal Adevarul citait le général Joffre affirmer que la victoire des alliés était certaine à 100%. Le 26 juillet, au 5ème jour de loffensive commune franco-anglaise, Minerva affirmait dans ses pages que loffensive de lEntente avait échoué et que les pertes dans les rangs des troupes françaises et anglaises étaient immenses. Pourtant, le jour même, un quotidien comme Universul publiait des informations encore plus détaillées et des sous-titres informatifs, tandis que dans son édition du 26 juillet, Adevarul se penchait sur les inexactitudes des communiqués officiels allemands».





    Sur fond de guerre, le choix que la Roumanie a dû faire fut extrêmement difficile. Pourtant, le gouvernement visionnaire de Ion I.C. Bratianu a décidé du sort dun pays qui sest engagé sur le front de bataille pour payer avec du sang les quelques petites victoires enregistrées.

  • Radio Donau

    Radio Donau

    La propagande de guerre a été un des moyens les plus importants de rehausser le moral de l’armée et de la population civile, de justifier les décisions et les actions d’un régime politique. Tant les démocraties que les régimes totalitaires ont utilisé la propagande par la radio et exercé leur contrôle sur l’information diffusée sur les ondes. La chaîne Radio Donau a été créée pour diffuser des informations du monde allemand vers l’espace de l’Europe Centrale et du sud-est. La rédaction était à Vienne, alors que les émetteurs se trouvaient dans les montagnes de la Bohème. L’émission en langue roumaine de Radio Donau commençait en juin 1940, le programme étant assuré par une rédaction formée de quelques traducteurs.



    Après le 23 août 1944, lorsque la Roumanie a tourné les armes contre l’Allemagne nazie, un gouvernement roumain de la Légion de l’Archange Michel fut formé à Vienne avec le leader du mouvement d’extrême droite, Horia Sima, en tant que premier ministre. Ses messages envers les Roumains étaient transmis par le biais de la section roumaine de Radio Donau, une chaîne qui allait fermer définitivement en mai 1945.



    En 1942, Iustin Liuba, originaire de la ville de Timisoara, dans l’ouest de la Roumanie, partait faire des études à Dresde. Il s’est installé en 1944 à Vienne et dans une interview accordée en 1998 au Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, il se souvenait que cette radio employait des étudiants roumains de la capitale autrichienne: « Une petite équipe d’environ trois Roumains traduisaient des commentaires écrits en langue allemande de deux ou trois minutes maximum. La plus grande partie de leur activité se réduisait aux infos. Le bulletin informatif était fourni par le Commandement suprême allemand qui annonçait par exemple : « Nos sous-marins ont coulé dans l’Atlantique Nord 50 milles tonnes de navires marchands et de cargos alliés. Trois heures plus tard, l’émission s’interrompait à nouveau et le public apprenait que « nos sous-marins ont coulé 80 mille tonnes de navires dans l’Atlantique central ». Ces infos étaient traduites dans plusieurs langues car la section roumaine n’était qu’une section parmi d’autres. Radio Donau émettait aussi en tchèque, slovaque, hongrois, serbo-croate, ainsi qu’en japonais et italien, les langues de l’Axe donc. »



    Les programmes étaient brefs, 15 minutes environ, et étaient uniquement des bulletins d’informations concis. Iustin Liuba se rappelait aussi les programmes de Radio Donau et de la manière dont l’équipe travaillait: « On faisait des enregistrements, qui étaient ensuite rediffusés à différentes heures. Mais de toute façon il n’y avait pas beaucoup d’heures d’émission. Certains textes étaient diffusés en direct, et d’autres étaient enregistrés, pas sur bande magnétique, parce qu’elle n’existait pas à l’époque, mais sur des disques en vinyle, similaires aux disques de gramophone. Mais le désavantage, c’était qu’en cas d’erreur, il fallait tout simplement jeter la plaque et recommencer depuis le début. C’était donc assez compliqué. C’étaient les services secrets allemands qui fournissaient à Radio Donau les plus récentes informations provenant de Roumanie. La source n’était pas citée, mais on disait seulement « par des sources dignes de confiance ». D’habitude c’était l’agence « Deutsche Nachrichten Agentur », DENA, qui transmettait les nouvelles. Une équipe d’Allemands de Roumanie, Saxons ou Souabes qui parlaient tant le roumain que l’allemand, qui était évidemment leur langue maternelle surveillaient que les textes soient traduits conformément à l’original et que les infos soient lues correctement ».



    Après l’acte du 23 août 1944, quand le chef de l’Etat, le maréchal Ion Antonescu, a été arrêté et la Roumanie est passée au camp des Alliés, les chefs de la Garde de fer ont formé « un gouvernement national » à Vienne et des dissensions sont apparues entre ce cabinet dont Horia Sima était le chef et les autres Roumains de la ville. Radio Donau a été le média par lequel le gouvernement de Sima a parlé aux Roumains. Iustin Liuba se rappelle des rivalités de l’époque: « Un gouvernement national fut créé à Vienne. Il existait une rivalité entre Horia Sima, le commandant des légionnaires de l’Archange Michel, et le général Ion Gheorghe, l’ex-ambassadeur du maréchal Ion Antonescu, le général Ion Gheorghe, qui ne faisait pas partie du mouvement de l’Archange Michel. Le général Ion Gheorghe représentait l’armée, la tradition anticommuniste du peuple roumain, alors que Horia Sima était le représentant d’une organisation politique d’extrême droite. Le général Ion Gheorghe a été professeur à l’Ecole de guerre de Bucarest, étant spécialisé en chars de combat. Il disait souvent « Nous menons la guerre contre les Soviétiques, mais nous ne voulons pas non plus être dirigés par les légionnaires de l’Archange Michel. Le peuple roumain par le biais de son armée a réduit au silence le mouvement de la Légion de l’Archange Michel qui s’était révolté contre l’ordre de l’Etat ». Cette friction entre le général Ion Gheorghe et Horia Sima se déroulait à Vienne et les Allemands ne savaient pas à qui confier la direction de ce nouveau gouvernement, censé organiser une sorte de résistance contre l’armée soviétique qui avançait à grands pas. »



    Iustin Liuba se rappelle également de la rencontre tendue entre Horia Sima et les étudiants roumains de Vienne en vue de la création d’une soi-disant « armée nationale de libération » : « Nous, on n’aimait pas le fait que ce gouvernement national ait adopté l’idéologie du mouvement de la Légion de l’Archange Michel parce que finalement les Allemands ont décidé d’installer Horia Sima à la tête du gouvernement. Et ils ont écarté le général Ion Gheorghe qui était quand même sympathisé par les jeunes Roumains de Vienne parce qu’il symbolisait l’armée roumaine anticommuniste. Les Allemands ont favorisé Horia Sima et ils l’ont prié de parler aux étudiants, de les recruter dans l’armée nationale. Ce fut un échec total puisqu’il n’y a eu aucune inscription. Seules deux ou trois jeunes filles de la Faculté de Médecine ont signé le papier parce qu’elles disaient « Nous sommes médecins, nous pouvons travailler dans un hôpital ». Les autres étudiants n’ont pas signé les demandes d’inscription. Horia Sima a pris les papiers, il les a arrachés, les a jetés sur terre et a dit : « J’ai honte de vous, vous ne vous rendez pas compte de ce que vous faites ? » Et nous avons dit : « Nous sommes désolés ». C’est à cela que s’est réduite notre rencontre avec Horia Sima qui est parti en claquant la porte. »



    Notons aussi que la dernière mission de combat de l’armée roumaine durant la seconde guerre mondiale a visé la destruction des émetteurs de Radio Donau. C’est par cette mission accomplie avec succès que s’est achevée la participation de la Roumanie sur le front de la Seconde guerre mondiale. (trad.: Mariana Tudose, Alex Diaconescu)

  • La cité de Brăila

    La cité de Brăila

    Sise dans le sud-est de la Roumanie, sur la rive gauche du Danube, la ville de Brăila a été depuis les temps les plus reculés un important port dans cette zone de l’Europe. La localité est sur le territoire historique de la Valachie et a été disputée, au cours de l’histoire, par les Roumains, les Ottomans et les Russes. Une preuve de l’importance stratégique de Brăila, au moins pour les deux empires, c’est aussi le fait que les Ottomans ont commencé à construire là une citadelle en 1540.



    L’historien Ionel Cândea, directeur du Musée « Carol Ier » de Brăila et auteur de l’album monographique intitulé « la Cité de Brăila. Historique. Reconstitution. Valorisation », connaît bien l’histoire de la citadelle: « Elle a été élevée après novembre ou décembre 1540. Un rapport polonais d’octobre 1540 fait état du commencement des travaux à la cité de Brăila, et dans un autre document, conçu six années plus tard — en fait une lettre – le sultan Soliman le Magnifique ordonne au prince de la Valachie, Mircea Ciobanul, de transporter à la cité les grumes et les hommes nécessaires pour parachever la construction de la cité. Elle est donc élevée par les Ottomans qui ont utilisé la main d’œuvre autochtone pour la bâtir. Elle a été démolie suite à un ordre impérial russe, l’ordre du tsar de Russie donné en 1829-1830. 3000 hommes à tout faire ont été amenés pour la démolir. Ils sont venus des comtés de Gorj, Dolj, Dâmboviţa et d’autres. »



    Jusqu’à sa démolition, dans les années 1830-1831, la cité a subi de nombreux sièges et a changé plusieurs fois d’aspect. Au XVIe s, elle a subi trois attaques : celle du voïvode Jean le Cruel (de 1574) et celles de 1594 et 1595 lorsque Michel le Brave réussit à la libérer pour peu de temps. Mais les Turcs reviennent dans la cité et reconstruisent ses murailles détruites. Puis, en 1659, Mihnea III l’a attaquée de nouveau, au moment de sa révolte contre les Turcs. Au XVIIIe, la cité a été consolidée : elle s’est vu ajouter un fossé et une palissade qui entourait l’agglomération civile.



    Les confrontations les plus dures pour s’emparer de la cité de Brăila ont été menées entre les empires russe et ottoman. Ionel Cândea : « Au XVIIIe s, Brăila a connu de nombreux sièges, l’un d’entre eux ayant lieu en 1711. C’est alors que les armées réunies d’un général russe envoyé par Pierre le Grand avec celle du traître Thomas Cantacuzène — boyard roumain, commandant de l’armée valaque qui est passé du côté des Russes dans le conflit de 1711 — ont marché sur Brăila, en passant par Măxineni. Il y avait là-bas un monastère similaire à une cité, construit par Matei Basarab. Ce monastère-là a abrité pour une nuit l’armée de 55.000 soldats qui se sont ensuite rués sur Brăila. Au moment où le commandant de la cité remettait les clefs au général russe vainqueur, ce dernier recevait la lettre de Pierre le Grand qui lui disait de quitter les lieux, car les Ottomans avaient vaincu les Russes à Stănileşti, et ces derniers devaient se retirer vite. »



    Même si aujourd’hui la cité de Brăila n’existe plus, récemment, des vestiges importants ont été découverts — la nouvelle poudrière et les souterrains militaires — vestiges ayant à leur tour une histoire. Ionel Cândea explique : « En mars 1810, les Russes étaient déjà maîtres de la cité suite à une guerre de 1806, et un des officiers russes a enfreint le règlement et il est entré avec les éperons dans la poudrière. Bien entendu, la cité a été secouée par une explosion extraordinaire qui a fait plus de 300 morts et qui a pu être entendue jusqu’à proximité de Iaşi. Puis, lorsque les Turcs sont de nouveau entrés dans la cité, en 1812, une nouvelle poudrière s’est avérée nécessaire. La chance a fait que cette nouvelle poudrière soit conservée ; nous souhaitons proposer aux pouvoirs publics que ces vestiges ou restes de la cité soient mis en valeur. »



    En décembre 2014, un chemin d’accès spectaculaire des barils de poudre vers l’intérieur et l’extérieur de la cité a été découvert, à proximité de l’un des derniers bastions. Ce chemin passait sous les tombes de l’archevêché de Brăila. Plusieurs couloirs souterrains attenants à la cité ont également été découverts, sous le jardin public. A l’occasion, constat a été fait que le réseau de galeries souterraines de la ville s’étendait sur plusieurs dizaines de km, qu’il était particulièrement ramifié, pourvu de bouches d’aération et réalisé en briques de bonne qualité. (trad.: Ligia Mihăiescu)

  • 19.11.2015

    19.11.2015

    Libération — Plusieurs cérémonies à la mémoire des soldats roumains ayant participé à la libération de la Tchécoslovaquie pendant la Deuxième Guerre Mondiale se déroulent ce jeudi à Zvolen, en Slovaquie. C’est ici que se trouve le plus grand cimetière de l’étranger de l’Armée roumaine recensant plus de 10.000 tombes des militaires roumains. Le président roumain, Klaus Iohannis et son homologue slovaque, Andrej Kiska, déposeront des couronnes de fleurs et remettront des décorations à plusieurs vétérans de guerre. Mercredi, à Bratislava, Iohannis a déclaré que la Roumanie et la Slovaquie n’étaient pas des destinations visées par les réfugiés. A son tour, le président slovaque Andrej Kiska a affirmé que, tout en restant solidaires, les pays devraient prendre des mesures afin que des attentats comme celui de Paris ne se répètent plus. Le chef de l’Etat roumain a également rencontré le premier ministre Robert Fico et des représentants des jeunes professionnels roumains qui travaillent à Bratislava.



    Gouvernement – A Bucarest, le nouveau gouvernement du technocrate Dacian Ciolos entame son activité par l’adoption de plusieurs actes normatifs à caractère administratif. L’équipe de l’ancien commissaire européen chargé de l’Agriculture est dominée par des technocrates sans appartenance politique, avec de l’expérience dans le secteur privé, dans les institutions européennes et dans la société civile. Rappelons que le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, a désigné Dacian Cioloş après la démission, en début du mois, du premier ministre social-démocrate Victor Ponta, sur la toile de fond d’amples protestations de rue. Mardi, le cabinet Ciolos a reçu le vote d’investiture.



    Incendie – 45 personnes grièvement blessées lors de l’incendie qui s’est déclaré le 30 octobre dans le club Colectiv de la capitale roumaine sont toujours hospitalisées à Bucarest. Sur ce total, 12 patients sont dans un état critique et très grave, tandis que les autres sont stables. 30 autres blessés ont été transférés dans des hôpitaux de l’étranger. 56 personnes ont jusqu’ici perdu la vie et le bilan est susceptible de s’alourdir encore.



    Gaudeamus – La Foire internationale du livre Gaudeamus, organisée par Radio Roumanie à Bucarest en est à son deuxième jour. Sous le slogan « La foire du livre la plus lue de la radio la plus écoutée », elle est ouverte jusqu’à dimanche et accueille plus de 300 maisons d’édition et 700 événements. L’invité d’honneur de cette année est le GADIF — Groupe des ambassades, délégations et institutions francophones en Roumanie.



    Tennis – Le joueur roumain de tennis Florin Mergea et son compère de double, l’Indien Rohan Bopanna, rencontre aujourd’hui la paire italienne Simone Bolelli- Fabio Fognini au Tournoi des champions de Londres. Mergea et Bopanna ont déjà obtenu la qualification pour les demi — finales, par la victoire contre les jumeaux américains Bob et Mike Bryan et respectivement contre la paire formée de l’Australien John Peers et du Britannique Jamie Murray. Par ailleurs, la paire Horia Tecau/ Jean Julien Roger s’est qualifiée pour les demi – finales après avoir battu mercredi soir le couple croato – brésilien, Ivan Dodig/Marcelo Melo. Cest pour la première fois que la Roumanie est représentée par deux sportifs à ce Tournoi des champions, qui réunit les huit meilleurs joueurs de la saison 2015 et les huit meilleurs couples masculins de la compétition de double.

  • La guerre de Transnistrie

    La guerre de Transnistrie

    Les réformes lancées, vers la moitié des années 1980, par le leader soviétique Mikhaïl Gorbatchev et connues sous le nom de perestroïka et de glasnost, n’ont pas du tout profité à l’URSS. Son démantèlement, survenu en 1991, a confirmé la faillite du système fondé en 1917 par la révolution bolchevique de Lénine. Pourtant, la dissolution de l’URSS allait ouvrir la porte à des conflits armés, car, même si le régime communiste semblait avoir écarté de force la possibilité de résoudre les dissensions par la voie militaire, en fait, ces dernières avaient été gelées.



    L’effondrement du régime soviétique a également amené à repenser la manière dont la Russie, principale héritière de l’URSS, puisse maintenir son influence sur les anciennes républiques unionales. Un des moyens permettant d’atteindre ce but a été l’encouragement des mouvements séparatistes. Les premières sur la liste du Kremlin ont été la Géorgie et la Moldavie, l’Ukraine étant considérée comme un Etat fidèle à Moscou. En Géorgie, les républiques fantômes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie se sont autoproclamées indépendantes dès 1990, tandis qu’en Moldavie ont vu le jour la République nistréenne, ou la Transnistrie, et la Gagaouzie.



    Tous ces territoires sont sujets du droit international de la Géorgie et de la Moldavie, car ils ne sont reconnus par aucun autre Etat. C’est la proclamation de la République moldave nistréenne, le 2 septembre 1990, survenue après la déclaration de souveraineté adoptée par la République de Moldova, le 23 juin de la même année, qui allait ouvrir la voie au séparatisme. Selon le recensement de 1989, les Moldaves représentaient à l’époque 39,9% de la population de la Transnistrie, avant les Ukrainiens (28,3%), les Russes (25,4%) et les Bulgares (1,9%). Bien que la République de Moldova ait reçu le statut de membre de l’ONU, le 2 mars 1992, son président Mircea Snegur allait autoriser l’intervention militaire contre les rebelles qui avaient investi des bureaux de la police, loyaux à Chişinău et situés sur la rive est du Dniestr et à Tiraspol.



    Avec l’aide de la 14e armée russe, les rebelles ont renforcé leur contrôle sur la majeure partie de la zone disputée. Se trouvant dans une situation d’infériorité, l’armée moldave n’a pas réussi, jusqu’à ce jour, à reprendre le contrôle de la Transnistrie, en dépit des médiations menées ces 25 dernières années.


    Mircea Druc a été le premier ministre de la République de Moldova du 25 mai 1990 au 28 mai 1991. Au moment du déclenchement du conflit, il comptait parmi les leaders du Front Populaire Chrétien-Démocrate, en opposition. A son avis, la guerre de Transnistrie était inévitable. « A mon sens, on ne pouvait pas éviter la guerre russo-moldave sur le Dniestr de 1992. La malchance des habitants de la Bessarabie et de ceux de la rive gauche du Dniestr a été une assez banale : la présence de l’arsenal et des dépôts d’armes que l’armée soviétique avait évacués des pays de l’ex-camp socialiste. C’est dans ces endroits qu’a été placé l’armement déployé auparavant en Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, Bulgarie, bref dans les pays où l’armée rouge avait été stationnée. Selon les calculs les plus simples, la région accueillait de l’armement estimé à plus de 4 milliards de dollars. Ce fut en 1989 et 1990, au beau milieu de la Perestroïka de Gorbatchev, que le conflit entre Tiraspol et Chisinau s’est déclenché puisque les gérants du complexe militaire-industriel de Tiraspol ainsi que d’autres forces anti-Gorbatchev et anti-Perestroïka ne pouvaient pas admettre que l’URSS allait disparaître. Ces forces refusaient d’accepter une vérité simple : tous les empires disparaissent à un certain moment. Jusqu’en août 1991, ces forces ont milité pour sauver l’Union Soviétique, qui était pour eux une garantie du bien-être et du bonheur. Mais la tatie est décédée et la chute s’est produite en août 1991. L’Union Soviétique est disparue de jure le 8 décembre 1991, après la signature par les trois présidents – russe, biélorusse et ukrainien – de l’acte de dissolution.»



    Mircea Druc estime que la guerre a eu aussi une forte motivation économique, tout aussi importante que celle géostratégique : «Quelque chose de banal s’est produit. Plusieurs clans au pouvoir à Chisinau avaient un seul problème : comment partager l’héritage soviétique, son complexe agricole et industriel. Il s’agissait donc de la richesse des kolkhozes et des sovkhozes et de tout le patrimoine constitué pendant 50 ans, avec la sueur du peuple habitant entre les rivières Prut et Dniestr. En Transnistrie, ils se disaient qu’ils n’allaient pas laisser les 4 milliards de dollars dans les mains des Moldaves imbéciles ni des Roumains fascistes. Ils n’aimaient ni Eltsine ni les responsables de Moscou qui avaient dit que tout ce qui se trouvait sur le territoire l’une ex-république soviétique devenait la propriété de la république en question. A Tiraspol, ils se sont demandés « On fait quoi ? ». « Nous n’allons pas permettre, disaient-ils, que cette richesse soit partagée. Et c’est ainsi que Tiraspol a commencé à s’opposer à Chisinau. Si ce trésor, cette source de d’enrichissement n’avait pas existé, la guerre entre Chisinau et Tiraspol n’aurait pas eu lieu, tout comme l’intervention de cette troisième force, dont moi je pressentais l’existence. Pourquoi les troupes soviétiques n’ont pas traité les Roumains de Bessarabie (République de Moldova – n.red.) comme ils ont traité les « aristocrates » baltes ? Parce qu’à mon avis, ils se sont rendu compte que les Roumains étaient beaucoup plus impulsifs et que le conflit était inévitable. Mais lorsque la possibilité est apparue de donner à Mircea Snegur, le premier président moldave, tout ce patrimoine de 4 milliards, ils ont dit Non. A Moscou, les démocrates de Eltsine eux-mêmes ont décidé d’intervenir, y compris par le biais de la 14e armée. Et à la fin on a appris que tout cet arsenal avait été vendu et que l’argent avait été géré par Alexandre Routskoï, vice-président russe, et Viktor Tchernomyrdine, premier ministre de la Fédération de Russie dans les années ‘90. Aujourd’hui, 23 ans plus tard, il n’y a plus rien à partager. »



    Les combats entre l’armée moldave et les rebelles séparatistes de Transnistrie ont fait environ 600 morts des deux côtés. En 1992, suite à une convention relative au règlement pacifique du conflit armé signé par la République de Moldova et la Fédération de Russie, le statu quo sur le terrain a été maintenu, et la guerre s’est transformée en ce que les analystes appellent « un conflit gelé ». (trad. Mariana Tudose , Alex Diaconescu)

  • Les chars de combat de l’armée roumaine d’hier et d’aujourd’hui

    Les chars de combat de l’armée roumaine d’hier et d’aujourd’hui

    Le monde sortait épuisé de la première guerre mondiale, après un conflit de 4 ans qui avait sérieusement bouleversé ses convictions et aspirations. L’expérience de la première ligne et les pertes subies ont marqué le destin de toute une génération. Ce fut dans les plaines de la mort de Flandres qu’est apparu un nouveau véhicule de combat qui allait devenir une composante obligatoire de toute armée de terre : le char de combat. Les armées française, anglaise et allemande ont été les premières à utiliser les chars sur le théâtre d’opérations. Elles furent suivies par l’armée américaine qui utilisa pour la première fois des chars de fabrication française en 1917. Les premiers chars de combat apparaissent dans l’inventaire de l’armée roumaine dans les années 1930. Jusque là, l’armement lourd était formé presque exclusivement de canons, dont la plupart étaient fabriqués en Tchécoslovaquie. C’est d’ailleurs de ce pays qu’ont été importés en Roumanie les premiers chars de combat.



    En 1937 l’armée roumaine se dotait de 35 chars du type AH – IV, de 3 tonnes et demi chacun. En fait ce véhicule n’était qu’une chenillette dotée d’une mitrailleuse lourde du type ZB. Ce fut également en 1937 que la Roumanie a commandé 126 chars fabriqués par la société tchécoslovaque Skoda, des chars S 2a plus puissants de 10,5 tonnes. Ces véhicules étaient armés de canons de 37 mm et de mitrailleuses de calibre 7,62 mm.



    L’Etat roumain a également tenté de négocier avec l’entreprise française Renault l’ouverture d’une ligne d’assemblage en Roumanie de ses célèbres chars de combat. Malgré l’échec des discussions, la Roumanie a acheté 200 chars Renault R 35 qui sont entrés en service de l’armée roumaine en 1939. Au début de la Seconde guerre mondiale la Roumanie possédait aussi des chars Renault FT-17 de l’année 1919, que l’armée utilisait encore pour des missions d’instruction, sécurité et patrouille. C’est avec ce genre de véhicules que la Roumanie est entrée dans la première guerre mondiale. Durant le conflit, des blindés de fabrication allemande allaient s’ajouter à l’arsenal de l’armée roumaine.



    Le pays fut occupé par l’armée soviétique en 1945 et la Roumanie a intégré le système militaire du Pacte de Varsovie, l’alliance des Etats communistes sous la tutelle de l’Union Soviétique. Dans le cadre du Pacte, l’armement de fabrication soviétique était dominant. Le mythique char T 34, la vedette incontestable de la Seconde guerre mondiale, allait faire partie de toutes les armées communistes, y compris de l’armée roumaine. Les premiers chars de conception et de fabrication roumaine n’allaient intégrer l’armée roumaine qu’au milieu des années 1970.



    Le premier projet d’un char de combat roumain a commencé en 1972 dans le cadre d’un projet stratégique de la doctrine de défense nationale. Une des raisons pour laquelle la direction politique de la Roumanie a accéléré l’industrialisation a été la production d’équipement militaire, y compris de véhicules blindés. Le premier char roumain était un véhicule de dimensions moyennes, propulsé par un moteur de 500 CV. Son nom de code était TR, une abréviation de « Tanc românesc »/« Char roumain ».



    L’usine de chars fut ouverte en 1977, à Mârşa, dans le comté de Sibiu dans le centre de la Roumanie. Ensuite toute la production et les spécialistes furent déplacés à l’entreprise « 23 Août » de Bucarest. En 1976 voyait le jour le premier modèle expérimental TR 77, qui n’a pas été produit en série. Après plusieurs tests, en 1979, le char TR 77 – 580, la version autochtone du char soviétique T 55, sortait des portes des usines d’armement roumaines. Celles-ci pouvaient produire jusqu’à 210 unités par an. A compter de 1983, les autorités ont décidé d’accroître la production jusqu’à 500 chars par année. 406 chars TR-77-580 ont été produits avant le lancement d’un nouveau modèle, en 1983. Avec un poids de 42 tonnes et un moteur de 580 CV, le TR-77-580, premier char de conception et de fabrication roumaine, pouvait rouler à une vitesse de 50 km/h pour une autonomie de 380 kilomètres. Le véhicule était doté d’un système de contrôle de tir électrique et hydraulique et d’un blindage qui allait jusqu’à 200 mm. Le char était pourvu d’un canon du calibre 100 mm avec une cadence du tir de 6 coups par minute et de deux mitrailleuses. Son équipage était formé de 4 personnes.



    Un autre modèle de char moyen roumain, avec des performances supérieures fut lancé en 1982, c’était le TR 85 – 800. Parmi les améliorations au modèle précédent mentionnons le moteur qui développait 800 CV. La production était d’une centaine de machines par an. Enfin, le char le plus performant de conception roumaine, le TR 125, sortait en 1987. Pesant une cinquantaine de tonnes, muni d’équipements électroniques et d’un moteur plus puissant, de 900 CV, le char était manié par un équipage de 3 personnes. C’était en fait une copie du célèbre char de combat soviétique T 72, dont une trentaine d’unités avaient intégré l’armée roumaine à la fin des années ’70 et le début des années ’80. Pourtant, sa production de série n’a jamais démarré. Les prototypes ont été conservés, après une rigoureuse série de tests.



    Après la chute du communisme en décembre 1989, la Roumanie s’est orientée vers l’Occident et vers l’OTAN. Afin de rendre son arsenal compatible avec celui de l’Alliance Atlantique, l’armée roumaine a démarré un ample processus de modernisation et de réforme. La mise à jour des chars de combat a commencé en 1994. Rebaptisé Bizonul/Le Bison, le char TR – 85 a été doté d’équipements numériques produits par des compagnies occidentales, notamment françaises. Sur les environ 300 chars TR 85 dont dispose à l’heure actuelle l’armée roumaine, une cinquantaine sont des Bisons.



    Grâce à ce programme, l’armée roumaine s’est vu doter d’un char de combat qui n’a rien à envier aux machines modernes de combat en service actuellement. En témoignent les résultats exceptionnels obtenus par les tankistes roumains lors d’un exercice roumano-américain déroulé l’année dernière en Allemagne. A l’heure actuelle, les responsables du domaine de la défense ont le choix entre la modernisation de chars ou l’achat de chars de combat de fabrication occidentale.

  • Anniversaires européens

    Anniversaires européens


    Gdansk, la grande ville-port à la mer Baltiquerappelant la conflagration, le 1er septembre 1939, lorsque lAllemagne nazie envahissait la Pologne, a accueilli, jeudi, de nombreux dirigeants européens, rassemblés pour transmettre un message dunité continentale.


    Tous partagent le point de vue du président polonais, Bronislaw Komorowski, qui a rappelé que la guerre avait été déclenchée par la complicité des régimes totalitaires nazi et bolchevik et que, pour les Européens de lEst, la fin des combats, le 9 mai 1945, navait pas été synonyme de liberté, mais dinstauration du communisme et du Rideau de fer sur la moitié du continent. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a dit que lEurope menait aujourdhui une politique différente de celle des années 30 – 40 et que peu de leaders assisteraient à la parade organisée à Moscou, refusant de cautionner ainsi la nouvelle poussée expansionniste russe en Ukraine.


    Le président roumain, Klaus Iohannis, sest également rendu à Gdansk ; pour notre pays, le 9 mai a une signification multiple. Cest, avant tout, le Jour de lindépendance dEtat. En 1877, le ministre des Affaires étrangères, Mihail Kogălniceanu, proclamait au Parlement la séparation davec le pouvoir suzerain de lépoque, lEmpire ottoman. Après cinq siècles de domination turque, les liens de Bucarest avec la Sublime Porte étaient déjà devenus plutôt formels et se résumaient au paiement dun tribut symbolique.


    Les Turcs nont toutefois pas toléré le fait de rendre cette rupture officielle et ont tenté de la sanctionner par la voie des armes. Défendue sur les champs de bataille et consacrée au Congrès de paix de Berlin, lindépendance est devenue la pierre de touche de la Roumanie moderne, que les rois Carol Ier et Ferdinand, de la famille allemande de Hohenzollern, allaient édifier. La dynastie, elle-même installée sur le trône de Bucarest un jour de mai, le 10 mai 1866, allait lier son destin aussi à la victoire des Nations unies sur lAllemagne nazie.


    Les historiens avancent que la décision du dernier roi de Roumanie, Michel, actuellement nonagénaire, de sortir, en août 1944, la Roumanie de lalliance avec Hitler et de la ramener aux côtés de ses alliés traditionnels, les Anglo-américains, a écourté la deuxième guerre mondiale en Europe dau moins six mois. Pourtant, la paix sest traduite, pour les Roumains aussi, par linstauration de la dictature la plus longévive et la plus sanglante des dictatures que nous ayons connues. Condamnés par le communisme à la terreur, à lhumiliation et à la pauvreté, ils peuvent maintenant, grâce à la révolution de 1989 et à ladhésion à lUnion européenne, en 2007, célébrer la Journée de lEurope comme leur propre fête.


    Cela renvoie aussi aux premières années de laprès-guerre, lorsque le besoin dune nouvelle politique, économique et de sécurité se faisait sentir, une politique censée générer plus de confiance entre les Etats du continent. Le 9 mai 1950, le ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, a appelé les anciens belligérants occidentaux à créer le premier Marché commun, par la mise ensemble de leurs productions de charbon et dacier, fondement de leurs industries militaires. De cet embryon allait naître le Club des 28 de nos jours, lUnion européenne, avec un demi-milliard dhabitants, un des principaux acteurs économiques et politiques de la planète. (trad.: Ligia Mihăiescu)


  • 07.05.2015

    07.05.2015

    Commémoration — Le président roumain, Klaus Iohannis, participe aujourd’hui en Pologne aux commémorations consacrées aux 70 ans écoulés depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Aux côtés du président polonais, Bronislaw Komorowski, du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, du président du Conseil européen Donald Tusk et d’autres leaders politiques du monde, le chef de l’Etat roumain participera ce soir à une cérémonie à Gdansk, la ville ou est né le mouvement syndical Solidarnosc. L’événement organisé en Pologne réunira la quasi-totalité des leaders européens. Ils ont choisi de boycotter ainsi le défilé militaire qui se tiendra samedi sur la Place Rouge à Moscou, en raison de l’implication de la Russie dans le conflit en Ukraine, note la BBC.



    Diplomatie — Le ministre roumain des Affaires étrangères, Bogdan Aurescu, doit s’entretenir aujourd’hui à Budapest avec son homologue hongrois Péter Szijjártó sur les problèmes des minorités nationales, sur la situation en Ukraine et sur la coopération au sein de l’OTAN. M Aurescu a précisé qu’un des plus importants points à l’agenda de sa visite était le Protocole du comité spécialisé roumano-hongrois de coopération dans le domaine des minorités nationales. M Aurescu a exprimé son inquiétude face au sort des Roumains de Hongrie, dont l’identité culturelle est menacée, note l’agence Agerpres. Bogdan Aurescu avait rencontré Péter Szijjártó en décembre, à l’occasion de la réunion du conseil des ministres de l’OSCE à Bâle. Le chef de la diplomatie hongroise avait précisé que la Hongrie accordait une importance stratégique au développement des relations avec Bucarest. La Roumanie accueille une importante communauté magyare et constitue le deuxième plus important marché d’exportation pour la Hongrie. En marge de cette visite Bogdan Aurescu rencontrera les représentants de la communauté roumaine de Hongrie.



    Sommet — 17 pays d’Europe centrale et du sud-est participent lundi et mardi prochains à un Sommet régional consacré à la sécurité cybernétique qui se tiendra à Bucarest. L’évènement, organisé par le ministère roumain de la Société de linformation et par le Département américain du Commerce, réunira des entreprises et des responsables gouvernementaux ainsi que des experts dans le domaine de la sécurité cybernétique. L’agenda du Sommet prévoit des sujets tels les menaces et les vulnérabilités cybernétiques, l’identification des opportunités de coopération internationale et régionale et l’échange de bonnes pratiques dans le domaine.



    Navire marchand — Le navire du géant danois du transport maritime Maersk, battant pavillon des Îles Marshall, qui avait été intercepté le 28 avril par lIran, est libre de quitter le pays, a indiqué jeudi lOrganisation iranienne des ports, cité par l’AFP. Mercredi le ministère iranien des Affaires étrangères a indiqué que les 24 membres déquipage du cargo étaient “libres” et bénéficiaient d’aide consulaire. Le 29 avril, le ministère des Affaires étrangères de Bucarest a annoncé que quatre marins roumains se trouvaient à bord du porte conteneurs intercepté par des bateaux de guerre suite à un litige commercial.



    Défense — Le ministre roumain de la Défense, Mircea Dusa, a rencontré aujourd’hui à Bucarest le lieutenant-général Marshall Webb, chef du commandement de l’OTAN pour les opérations spéciales. Le ministre roumain a souligné la très bonne coopération entre les forces speciales roumaines et les structures similaires de l’OTAN, à l’occasion des exercices, mais aussi dans le cadre des missions sur les théâtres d’opérations. A son tour, le général Webb a expliqué que Bucarest était un leader régional dans le domaine des forces spéciales. Le général Webb a participé en Roumanie à un exercice de planification des opérations spéciales.



    Tennis — La joueuse roumaine de tennis, Irina Begu affrontera aujourd’hui dans les quarts de finale de l’Open de Madrid la Tchèque Petra Kvitova, tête de série n° 4. Irina Begu, 37e au classement WTA, avait vaincu Barbara Strycova, également de la République tchèque. C’est la première rencontre entre Irina Begu et Petra Kvitova. Dans l’épreuve de double, le Roumain Florin Mergea et l’Indien Rohan Bopanna se sont qualifiés dans les quarts de finale de la compétition, après la victoire face au double français Nicolas Mahut/Edouard Roger-Vasselin.

  • A la Une de la presse roumaine 12.03.2015

    A la Une de la presse roumaine 12.03.2015

    La plupart des Roumains nont pas de plan de gestion pour leurs finances personnelles, constate la presse. Elle nous dit aussi à combien se monte le panier daliments sains le moins cher dune famille de 4 personnes et que le prix de lessence augmente en Roumanie sur la toile de fond de lappréciation du dollar américain. Dans lactualité internationale, cest toujours une question de finances qui attire lattention de la presse roumaine: la Grèce demande à lAllemagne des compensations de guerre.