Tag: langue roumaine

  • Le roumain, langue officielle en République de Moldova

    Le roumain, langue officielle en République de Moldova

    Si la justice est bien celle qui punit les fraudes, l’arrêt historique adopté jeudi par la Cour constitutionnelle de la République de Moldova sanctionne une immense fraude historique, linguistique et morale. Après avoir été saisie à deux reprises par deux députés, la Cour a décidé que la langue officielle du pays, c’est le roumain. Sa décision se fonde sur le texte de la Déclaration d’indépendance vis-à-vis de Moscou, adoptée le 27 août 1991, où les références au roumain sont explicites, et infirme, ainsi, l’article 13 de la loi fondamentale, qui fait état d’un idiome inexistant, la langue moldave.



    Le président de la Cour constitutionnelle de Chişinău, Alexandru Tănase, a expliqué : « La Cour constitutionnelle décide : 1. Dans le sens du préambule à la Constitution, la Déclaration d’indépendance de la République de Moldova fait corps commun avec la Constitution. 2. En cas de divergences entre le texte de la Déclaration d’indépendance et le texte de la Constitution, le texte constitutionnel primaire de la Déclaration d’indépendance prévaut. 3. Le présent arrêt est définitif, ne peut être soumis à aucune voie d’attaque, il entre en vigueur à la date de son adoption et sera publié au Journal officiel de la République de Moldova ».



    Près d’un siècle a dû passer pour valider une vérité linguistique évidente, et cela s’est fait avec une consommation d’énergie absurde à première vue. La Russie soviétique a breveté, peu de temps près la révolution bolchevique de 1917, les concepts de langue et de peuple moldaves, différents de la langue et du peuple roumain. L’enjeu était de justifier l’occupation des territoires roumains de l’Est, que Moscou avait annexés en 1940, suite à un ultimatum. Les irrépressibles nostalgies soviétiques et la roumanophobie non censurée de beaucoup de députés de gauche de l’époque expliquent pourquoi le mensonge s’est perpétué dans la Constitution de 1994.



    A Bucarest, la classe politique a salué à l’unisson la décision prise par les juges de Chişinău. Le président Traian Băsescu : « C’est un acte de justice par rapport à l’acte d’indépendance de la République de Moldova, un acte de justice vis-à-vis de l’histoire des citoyens de la République de Moldova et un acte de justice vis-à-vis de ceux de la République de Moldova qui se sentent Roumains. Ses implications sont extrêmement profondes. Dans l’Union européenne, il y aura deux Etats avec le roumain pour langue officielle. La République de Moldova a un avantage immense parce qu’elle pourra bénéficier de la documentation qui a permis l’entrée de la Roumanie dans l’Union et de la législation de la Roumanie telle qu’elle est ».



    A son tour, le premier ministre Victor Ponta a estimé que l’arrêt de la Cour complète les bonnes nouvelles que les ressortissants de la République de Moldova ont reçues quand l’accord d’association à l’UE a été paraphé. (trad.: Ligia Mihaiescu)

  • Constantin Chiriac, récital à New York et Montréal

    Constantin Chiriac, récital à New York et Montréal

    Le 31 août, les Roumains du pays et du monde fêtent la Journée de la langue roumaine, instituée en 2013. A cette occasion, l’Institut culturel roumain de New York invite le public à découvrir l’acteur Constantin Chiriac, directeur du Théâtre national « Radu Stanca » et du Festival international de théâtre de cette ville — le troisième grand festival des arts du spectacle organisé en Europe.



    Entre le 29 août et le 1er septembre, Constantin Chiriac fait une tournée de récitals à New York et Montréal, pour promouvoir la langue roumaine en Amérique du Nord. Son récital est conçu en deux parties, l’une religieuse, l’autre laïque. Le premier est prévu le 29 août et il sera accueilli par l’Eglise orthodoxe Sainte Marie de New York.



    Constantin Chiriac : « Je me réjouis de retourner à l’Eglise Sainte Marie de Qeens, à l’inauguration de laquelle j’ai participé, il y a pas mal d’années, avec un spectacle monté pour cette occasion et consacré à notre grand poète national Mihai Eminescu. C’est une grande église, qui peut accueillir un millier de personnes, c’est pourquoi j’ai suggéré que mon récital de cette année s’y déroule. J’aurai un spectacle de poésie religieuse, un spectacle qui présente l’être humain face à la divinité et face au passage dans l’au-delà, ses doutes, ses joies, ses espoirs. Ce spectacle réunit des poèmes de grands poètes de la littérature roumaine et universelle, entre autres Eminescu, Arghezi, Blaga, Shakespeare et Rilke. C’est là un beau dialogue de la poésie roumaine avec la poésie du monde ».



    La seconde partie du récital sera accueillie par la salle des fêtes de l’Eglise Sainte Marie. Constantin Chiriac : « Il s’agit d’un dialogue entre le poète Mihai Eminescu et le narrateur Ion Creangă, deux grandes personnalités, génies de ce peuple, liés par une amitié tout à fait spéciale. Avant ’89, en fouillant les archives de la Bibliothèque universitaire de Iaşi, j’ai découvert des lettres de Mihai Eminescu, que j’ai utilisées à l’époque pour un spectacle. Cela n’a pas été facile, car c’était avant la chute du régime communiste. C’est la professeure Zoe Dumitrescu Buşulenga, membre de l’Académie roumaine, qui m’a aidé et j’ai présenté ce récital devant de grandes personnalités. Ce récital, je l’ai repris par la suite. Au moment où j’ai découvert, toujours avant ’89, la lettre de Ion Creangă, que j’ai intégrée à ce récital-dialogue, j’ai été choqué de constater à quel point elle était véhémente et véritablement nationale. En la réécoutant aujourd’hui, nous nous rendons compte combien elle est actuelle et troublante par rapport à la destinée de ce peuple ».



    Constantin Chiriac cite un fragment de la lettre que Ion Creangă adressait à Mihai Eminescu : « Cher Monsieur et frère Eminescu, en tant qu’homme du peuple, je ne puis m’empêcher de verser des larmes pour le malheur qui s’est abattu sur l’avenir de ce peuple. Oui, nos hommes d’Etat ont des yeux et ils ne voient pas ? Ils ont des oreilles et n’entendent pas ? C’est au peuple de tirer les marrons du feu. S’il savait, le bœuf, quelle vile main le mène à l’abattoir ! Mais il ne le sait pas, pauvre bête. Il souffre et se tait ».



    Le récital prévu au Canada aura deux représentations et il sera présenté à l’occasion des Journées de la langue roumaine, organisées par 8 associations roumaines de la Grande Région de Montréal. Le premier spectacle aura lieu le 31 août, dans la Grande salle du Centre communautaire, le second, le 1er septembre, à l’Eglise Saint Elie.



    L’acteur Constantin Chiriac nous parle de sa mission: « J’estime que la fête de la langue roumaine devrait être conçue comme un dialogue. Et moi, je me suis donné pour tâche de créer un tel dialogue — notamment dans les universités où je dois me rendre à titre personnel. Là, j’essaierai, dans la mesure du possible, de réciter des poèmes roumains traduits dans d’autres langues, car il est important que la poésie roumaine soit entendue dans des versions accessibles à un public plus large, il est important que la langue roumaine, si belle, si sonore et si poétique, entre en dialogue avec les langues les plus parlées dans le monde. »



    Entre 2004-2007, Constantin Chiriac a été vice-président de l’Association « Sibiu — capitale culturelle européenne 2007 ». Depuis 2010, il est membre du comité de sélection des villes candidates au titre de « Capitale européenne de la culture ». (trad. : Dominique)

  • Leçon 72 – Les dérivations

    Leçon 72 – Les dérivations

    Lecţia şaptezeci şi doi



    Dominique : Bună ziua.


    Ioana : Bună dimineaţa.


    Alexandru : Bună seara.


    Valentina : Bună.


    Bun venit, dragi prieteni. Ne bucurăm că sunteţi cu noi (Nous nous réjouissons que vous soyez avec nous) pentru că vă iubim. (parce que nous vous aimons).



    Le verbe a iubi — « aimer » nous a fait faire le tour du monde. Nous sommes passés par la voix pronominale et nous avons également appris quelques verbes de plus. Or, ces verbes sont autant de portes ouvertes sur d’autres connaissances, avant tout lexicales. Car, bien souvent, en roumain tout comme en français, on peut obtenir le nom de l’action en partant du verbe:


    a iubi (aimer) — iubire (amour)


    a gândi (penser) — gândire (pensée, réflexion)


    a trăi (vivre) — trăire (vécu, émotion)


    a vorbi (parler) — vorbire (parole, langage)


    a privi (regarder) — privire (regard)


    Tous les verbes roumains ne finissent pas en —i. Ils peuvent également finir en —a ou en —e. Ils ne finissent jamais en –o et –u et jamais par une consonne.


    a mânca (manger) — mâncare (nourriture, plat)


    ceva de mâncare — quelque chose à manger


    a visa (rêver) — visare (rêverie)


    a plăcea (plaire) — plăcere (plaisir)


    cu plăcere — avec plaisir Un bilet, până la Bucureşti, vă rog.


    Un billet pour Bucarest, s’il vous plaît.


    – Biletul dumneavoastră. Voici votre billet.


    – Mulţumesc. Merci.


    – Cu plăcere. Avec plaisir, l’équivalent de “Je vous en prie”


    – Cu multă plăcere. Avec beaucoup de plaisir.


    Nous avons déjà utilisé cette formule, à présent nous savons d’où elle vient.



    Certains de ces mots dérivés des verbes peuvent vous être bien utiles: vous les retrouverez dans les gares et les aéroports ainsi que dans les espaces publics.


    a sosi (arriver) — sosire (arrivée, l’arrivée)


    a pleca (partir) — plecare (départ)


    – La ce oră este plecarea ? Le départ est à quelle heure ?


    La 3 fix. A 3 heures pile.


    – La ce oră este sosirea ? L’arrivée est à quelle heure ?


    La ora 5. A 5 heures. Drum bun ! Bon voyage !


    a intra (entrer) — intrare (entrée)


    a ieşi (sortir) — ieşire (sortie)


    a trece (passer) — trecere (passage)



    La série des dérivations est très intéressante. Revenons, un instant, au mot iubire — amour.


    En roumain, iubire a un synonyme


    dragoste


    lui aussi d’origine slave et qui désigne un amour plus concret. Ce mot vient à son tour de


    drag — cher


    Dragi prieteni — chers amis — voilà une formule que vous connaissez bien.


    C’est toujours par une forme de ce mot que nous commençons une lettre ou un message:


    Dragă Valentina, (Chère Valentina)


    Eu sunt la Paris (Je suis à Paris) şi mă gândesc la tine (et je pense à toi) cu… bucurie… (avec… joie…) Parisul este un oraş foarte frumos. (Paris est une très belle ville.) Îmi place Sena… (J’aime la Seine.) Îmi plac Arcul de Triumf şi Turnul Eiffel… (J’aime l’Arc de Triomphe et la Tour Eiffel). Ador catedrala Notre Dame… (J’adore la cathédrale Notre Dame…) Este minunat! (C’est merveilleux). Aş vrea… (Je voudrais) aş vrea să fii aici, cu mine. (je voudrais que tu sois là, avec moi.)


    Pe curând, (A bientôt)


    Alexandru


    La même forme — dragă — est utilisée quand la lettre est adressée à un homme:


    Valentina: Dragă Alexandru, (Cher Alexandru) te-ai îndrăgostit (tu es tombé amoureux) de… Paris. (de… Paris.)


    a se îndrăgosti — s’éprendre, tomber amoureux/amoureuse


    Si l’on ajoute les adjectifs


    îndrăgostit/îndrăgostită — amoureux/amoureuse


    la famille linguistique du mot dragoste est au complet.


    Alexandru : Ce este dragostea? C’est quoi, l’amour?


    Ioana: Dragostea e o salată. L’amour est une salade.


    C’est la définition proposée par Mircea Vintilă et le groupe Pasărea Colibri (L’oiseau Colibri).



    LA REVEDERE!



    Pasărea Colibri — Mircea Vintilă — Dragostea e o salată (L’amour est une salade)